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1. GENÈSE ET PROCESSUS DE CRÉATION
Agnès Limbos (Gare centrale) et Thierry Hellin (Une Compagnie) se sont rencontrés lors de la création de La Cigogne
et le Coucou, un projet jeune public de la Cie Arts et Couleurs (2007). Elle met en scène, il est le coucou. Naît l’envie de
prolonger cette rencontre. Elle vient du théâtre d’objet, lui du théâtre de texte. Dans Axe, ils testent sur scène l’alchimie
de leurs deux univers.
Ni Agnès, 63 ans, ni Thierry, 50 ans, ne sont danseurs de formation, et jamais ils n’ont expérimenté le travail choré-
graphique. Pour cette aventure hors de leur zone de confort, ils ont demandé à Guillaume Istace, créateur sonore et
radiophonique, de les accompagner pour la musique, et à Nienke Reehorst, danseuse et assistante du chorégraphe
anversois Sidi Larbi Cherkaoui, de les coacher pour le mouvement.
Aller au-delà des « savoir-faire», prendre des risques, partir de rien, se retrouver sur un plateau vide, explorer puis
construire, danser ; prendre toutes les directions, sur toutes les musiques ; tenter, hors des normes de notre société
actuelle, de se laisser aller, tels qu’ils sont, an d’exprimer un autre reet de cette société ; avec humour et distance,
avec sérieux et vérité…
C’est parti…
Ils se retrouvent durant de courtes périodes intensives. Sur un plateau vide, ils dansent, ils dansent en ayant conscience
qu’ils ne sont pas des danseurs mais qu’ils sont mus par des pulsions. Flotte en lui un vague fantasme burlesque de
danse en tutu. Vit en elle l’envie de manipuler de grands objets du quotidien.
Ce que leurs corps ont à raconter ?
Tout et son contraire, l’intime et le public, l’amour et la haine, la vie et la mort, le subtil et le lourd, le tragique et le gro-
tesque, rapports de force et de farce...
Nienke Reehorst et Ivan Fatjo les font travailler sur les répétitions des mouvements. Ils utilisent la fatigue comme pul-
sion. L’épuisement, telle une transe, insue une régénérescence, une ressource inexplorée. Et quand l’anéantissement
pousse au sol, le corps reprend, se redresse, tente de se redresser, tente de maintenir « l’axe» .
De leurs corps bruts, imparfaits mais tellement humains sortent l’humour, les ambigüités sur l’image qu’ils donnent à voir.
Axe est né là, dans l’interaction de ces deux corps exténués. Lui, eondré, hurle : « Axe, Axe, redresse-toi ». Elle, trou-
blée, perd un équilibre, en retrouve un autre.
L’épuisement n’est plus celui du mouvement, mais celui du réel, du vrai, du monde, de la société.
Toutes ces improvisations, ces matières fabriquées sur le plateau libèrent des images, des idées, du sens et sous les
provocations musicales de Guillaume Istace (classique, rock, bruitages, textes enregistrés...), petit à petit des thèmes
s’imposent (épuisement, domination, couple, enfermement...)
Une fois le processus créatif enclenché, ils deviennent conscients, à travers le regard de leurs collaborateurs artistiques,
de ce qu’ils font, de ce que ce couple raconte.
À chaque thématique développée, un regard extérieur, qu’il vienne du théâtre, de la danse, de la musique ou du cinéma,
sera invité à brasser la matière, à faire évoluer le récit et/ou la forme.
L’écriture se veut organique et collective. Le travail se conçoit comme une accumulation de matière(s), de réexions et
de formulations avec l’idée de couches successives, chaque couche se mêlant à la suivante.
Paillettes, humour et gravité, gardant obstinément une frontière oue entre les genres.
Une forme de 25 minutes a été créée dans le cadre du Festival XS du Théâtre National de Belgique en mars 2016 et a
été présentée au Festival d’Avignon les 12, 13 et 14 juillet 2016.