La Lettre du Rhumatologue - n° 309 - février 2005
23
Un autre travail a montré des résultats assez similaires
concernant les injections par voie sous-acromiale et égale-
ment l’intérêt d’un contrôle échographique de l’injection (4).
Cette étude a comparé la précision d’une infiltration sous-
acromiale “à l’aveugle” de 20 mg de triamcinolone (n = 20)
à celle d’une infiltration sous-acromiale sous contrôle écho-
graphique de 20 mg de triamcinolone (n = 21), effectuées par
le même opérateur. La cible de l’injection était contrôlée par
échographie, et une évaluation était réalisée 5 jours avant et
6semaines après l’injection par un observateur indépendant.
Celle-ci a démontré une amélioration significativement supé-
rieure du groupe échographie ; la localisation de l’injection
était beaucoup plus précise dans ce même groupe échogra-
phie, suggérant ainsi un lien entre précision et efficacité. Dans
le groupe “à l’aveugle” (n = 20), la localisation de l’injection
était : 7 fois dans le deltoïde, 6 fois en intra-tendineux, 3 fois
dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne, 3 fois dans la
bourse et le deltoïde, et une fois non détectée. Dans le groupe
échographie (n = 21), la localisation de l’injection était : une
fois dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne et le deltoïde,
une fois dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne et le tendon
supraspinatus, et 19 fois dans la bourse sous-acromio-
deltoïdienne.
Radiothérapie anti-inflammatoire
Cette thérapeutique, déjà décrite en 1967 (2),semble encore
être utilisée, comme en attestent des publications assez
récentes (5, 6). Toutefois, la méthodologie de ces travaux n’est
pas assez rigoureuse pour que l’on puisse conclure quant à
son intérêt et à son efficacité. Cette thérapeutique a été éva-
luée entre 1984 et 1994 chez 85 patients souffrant d’arthrose,
parmi lesquels 17 avaient une omarthrose (pour un total de
27 articulations), et suivis à long terme (4 ans en moyenne,
extrêmes de 1 à 10 ans) (5). Les patients recevaient deux séries
de 6 Gy à intervalle de 6 semaines, à raison de 3 séances par
semaine, et étaient évalués à 6 mois et à long terme. Une amé-
lioration des symptômes a été constatée chez 46 patients sur
73 (63 %), une amélioration du score de Constant étant obser-
vée pour 16 épaules douloureuses sur 27 (59 %). Un autre
travail, publié en 2001, a évalué l’efficacité d’une irradiation
de 6 Gy sur 10 épaules douloureuses (la pathologie incrimi-
née n’était pas précisée) (6). L’évaluation a été réalisée à J0,
J7, 7 semaines et à long terme, avec une amélioration de l’in-
tensité douloureuse respectivement de 72 %, 85 % et 93 %,
associée à une amélioration significative de la mobilité. Il
apparaît clairement qu’il n’est pas possible, sur les résultats
d’études avec une telle méthodologie, de recommander cette
modalité thérapeutique.
Synoviorthèses isotopiques
Elles ont été évaluées uniquement au cours des arthropathies
destructrices microcristallines (7). Trente patients (57 épaules ;
25 hommes, 5 femmes ; âge moyen de 76,1 ans ± 8 ans) ont été
classés en trois groupes :
–chondrocalcinose certaine (cristaux de pyrophosphate de
calcium et liseré caractéristique sur la radiographie) : n = 13 ;
–chondrocalcinose probable (liseré caractéristique sur la radio-
graphie) : n = 11 ;
–arthropathie métabolique (pas de chondrocalcinose) : n = 6.
Tous les patients avaient un épanchement, hémorragique dans
50 % des cas, récidivant malgré les injections de corticoïdes et
ont reçu une injection de 186Rhenium, l’objectif étant d’évaluer
la capacité à tarir cet épanchement. À 6 mois, 6 des 13 patients
du groupe 1, 3 des 11 patients du groupe 2 et un des 6 patients
du groupe 3 avaient constaté une disparition durable de l’épan-
chement. Malheureusement, ces résultats bénéfiques se sont
dégradés avec le temps, puisque, à 12 mois, ils n’étaient plus
constatés que chez respectivement zéro patient sur 13, un patient
sur 11 et un patient sur 6 patients. Ce traitement peut donc faire
partie de l’arsenal thérapeutique pour les arthropathies destruc-
trices métaboliques rebelles avec épanchements récidivants, afin
de passer un cap aigu.
Antiarthrosiques symptomatiques d’action lente
Aucune étude n’est disponible, et les omarthroses ne font pas
partie des indications actuelles de ces produits.
Injections d’acide hyaluronique
Les données sont, pour l’instant, très préliminaires, et une
étude doit débuter prochainement pour évaluer l’Hylan-20
dans l’omarthrose centrée. Deux travaux ont été publiés anté-
rieurement (8, 9). Un travail a évalué le hyaluronate de sodium
chez 62 patients (28 hommes, 34 femmes ; âge moyen de
65,4 ans) ayant une épaule douloureuse (sans précisions) (8).
Une injection de 25 mg a été réalisée chaque semaine pendant
5 semaines (soit dans l’articulation gléno-humérale, soit dans
la bourse sous-acromio-deltoïdienne), des injections supplé-
mentaires étant éventuellement effectuées en cas de persis-
tance des symptômes. La durée moyenne du traitement a été
de 8,16 ± 0,88 semaines, le nombre moyen d’injections de
6,05 ± 0,61 ampoules ; une amélioration significative a été
observée concernant la douleur au repos (75 %), la douleur à
la mobilisation (73,7 %), la douleur à la pression (78,8 %), la
mobilité et les activités quotidiennes. Un deuxième travail a
évalué l’efficacité de 3 injections de 10 mg d’acide hyaluro-
nique à 3 jours d’intervalle chez 29 patients ayant une épaule
douloureuse (dont 23 avaient une arthrose ; âge moyen de
61 ans). Une évaluation a été effectuée après chaque injection
et 11 jours après la dernière ; une amélioration significative a
été observée concernant la mobilité, l’intensité de la douleur
et la consommation d’antalgiques (9).
Techniques de rééducation
Dans l’omarthrose centrée, l’insuffisance musculaire semble glo-
bale, portant à la fois sur le sus-épineux, le sous-épineux, le del-
toïde et les rotateurs internes. Les objectifs sont donc de contrô-
ler la douleur, puis d’envisager une rééducation globale ciblée
sur les rotateurs externes, les rotateurs internes et les muscles élé-
vateurs. Toutefois, cette rééducation sera bien sûr limitée par le
degré de la raideur de l’épaule liée à l’atteinte structurale de l’ar-
ticulation ; les objectifs de ce travail rééducatif seront donc rela-
tivement modestes.