Une injection sans risque ne
nuit pas à la personne qui la
reçoit, n’expose l’agent de santé à
aucun risque, et n’entraîne pas de
déchets dangereux pour la commu-
nauté ». Telle en est la définition.
Tous les pays sont concernés,
certains plus que d’autres, car la
préférence pour les injections est
très ancrée chez certains soi-
gnants et entre dans des schémas
économiques et culturels.
Utilisées depuis de nombreuses
années en médecine préventive
(leur nombre se réduit grâce aux
nouvelles formes de vaccins as-
sociés) et curative, les injections
servent à introduire une sub-
stance dans l’organisme à travers
la peau. Or, dès qu’il s’agit d’in-
troduire un produit à l’aide d’une
seringue et d’une aiguille, il y a
risque infectieux.
Dès que cela s’avère possible, l’in-
dustrie pharmaceutique met au
point des alternatives, notamment
pour les soins de santé primaire.
Mais les injections sont encore né-
cessaires dans le cas de maladies
graves et en milieu hospitalier
essentiellement. Elles sont parfois
une preuve de la prise effective du
médicament. Le risque infectieux
est dû à la méconnaissance des
dangers que comportent ces pra-
tiques et à l’absence d’infrastruc-
tures d’élimination pour les se-
ringues et les aiguilles.
Des principes d’hygiène
La transmission d’agents patho-
gènes présents dans le sang par le
biais d’injections est connue de-
puis 1917. Une flambée de palu-
disme s’était déclarée chez des sol-
dats britanniques qui avaient subi
un traitement antisyphilitique par
injection. Depuis, on a pu consta-
ter des infections croisées par des
virus. Quand une injection est mal
faite, elle peut aussi entraîner des
abcès, une septicémie, voire aug-
menter le risque de paralysie
lorsque les patients sont infectés
par le virus de la poliomyélite
(OMS). Les injections à risque
sont pratique courante dans les
pays en voie de développement,
où, toujours d’après l’OMS, jus-
qu’à 50 % des injections sont faites
avec des seringues et aiguilles
réutilisées. Ces pratiques sont
souvent le fait de manque de ma-
tériels, mais elles sont aussi liées
à des incitations financières : ainsi,
au Pakistan (Luby SP et al. Epide-
miol. Infect. 1997 ; 119 : 349-56), le
tarif du soignant est plus élevé
quand l’administration du médi-
cament est sous forme d’injection.
Quand la technologie
se heurte à l’économie
La technologie des injections a
considérablement évolué depuis
ses débuts, au XVIIIesiècle, en
passant des seringues en verre,
qui doivent être stérilisées après
chaque usage, à des seringues
jetables en matière plastique des-
tinées à être éliminées dès la pre-
mière utilisation. Selon les pays,
les ressources économiques et les
mentalités autorisent plus ou
moins le profit par la revente ou
interdisent le gaspillage. Les bud-
gets de santé ne peuvent répondre
qu’à des besoins immédiats au dé-
triment du risque de contamina-
tions de maladies chroniques et
graves dont l’imputation à des in-
jections mal faites est de plus en
plus reconnue. Mais le problème
est complexe. Si les pays indus-
trialisés limitent ces risques en
disposant de médicaments pris
différemment, c’est que les popu-
lations ont toujours émis une cer-
taine réserve face aux “piqûres”.
Pour les pays en développement,
outre le côté économique, il s’agit
aujourd’hui de faite comprendre
que ce qui était miraculeux hier
peut se faire autrement avec au-
tant d’efficacité.
A.-L. P.
8
Hygiène
Sécurité des injections,
une priorité pour l’infirmière
D’après l’OMS, 12 milliards d’injections sont effectuées
annuellement dans le monde. 95 % d’entre elles sont
à but thérapeutique, le reste étant des injections
vaccinales. Toute injection comporte des risques, dont
les plus fréquents sont les hépatites.
Qu’est-ce qu’une
injection sans risque ?
La première opération est le
lavage des mains.
La surface cutanée qui doit
recevoir l’injection doit être pro-
pre et le médicament doit être
prélevé dans un flacon stérile.
La seringue et l’aiguille doi-
vent être stériles.
Après l’administration, les ma-
tériels piquants ou coupants
doivent être déposés dans un
conteneur de sécurité en vue
d’une élimination appropriée.
Si ces règles ne sont pas res-
pectées, les injections sont dan-
gereuses et peuvent exposer à
des infections les personnes qui
les reçoivent, les agents de santé
ou la communauté. Parmi les
pratiques à risque, la réutilisation
de seringues ou d’aiguilles d’un
patient à l’autre sans stérilisation
est associée à un risque élevé
de transmission d’agents patho-
gènes véhiculés dans le sang.
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