Universit´e Montpellier II Ann´ee universitaire 2013-2014
M1 Math´ematiques et Applications
Analyse Fonctionnelle FMMA103
Controle continu 1
Mercredi 17 novembre, 1h30
Corrig´e
Exercice 1 (3 points) On munit C([0,1],R)de la topologie de la convergence uniforme. Soit
K∈ C([0,1]2,R), et TK:C([0,1],R)→ C([0,1],R)l’application lin´eaire d´efinie par
TK(f)(x) = Z1
0
K(x, y)f(y)dy.
Montrer que si Best une partie born´ee de C([0,1],R), alors TK(B)est relativement compacte.
On utilise le th´eor`eme d’Ascoli. On doit montrer que TK(B)(x) := {TK(f)(x), f B}est
une partie born´ee de Rpour tout x[0,1], et que TK(B) est ´equicontinue.
Comme Best born´ee, supfB||f||<. Soit C= supfB||f||, et x[0,1]. Pour tout
fBon a :
|TK(f)(x)| ≤ Z1
0
|K(x, y)f(y)|dy sup
y[0,1]
|K(x, y)|sup
y[0,1]
|f(y)|
= sup
y[0,1]
|K(x, y)|||f||
Csup
y[0,1]
|K(x, y)|<.
Le terme de droite est ind´ependant de f, et il est fini puisque l’intervalle [0,1] est compact et
K(x, ·) est continue sur [0,1]. Donc TK(B)(x) est born´e.
Montrons que TK(B) est ´equicontinue. Soient fB,x0[0,1], et ε > 0. Comme [0,1]2est
compact, Kest uniform´ement continue sur [0,1]2et il existe donc η > 0 tel que pour tout xtel
que |xx0|< η, et pour tout y[0,1], on a |K(x, y)K(x0, y)| ≤ ε. Alors
|TK(f)(x)TK(f)(x0)| ≤ Z1
0
|K(x, y)K(x0, y)||f(y)|dy ε||f||Cε.
Le terme de droite est ind´ependant de f: ceci montre que TK(B) est ´equicontinue en tout point
x0[0,1].
Exercice 2 (6 points) Soit A=
n=0{tn}une partie d´enombrable de [0,1] (tp6=tqsi p6=q),
et α= (αn)une suite de nombres r´eels >0telle que P
n=0 αn<+. Pour tout f∈ C([0,1],R)
on pose ||f||A,α =P
n=0 αn|f(tn)|.
1. Montrer que || · ||A,α est une semi-norme sur C([0,1],R), et que cette semi-norme est une
norme si, et seulement si, Aest dense dans [0,1].
On v´erifie facilement que ||·||A,α est une semi-norme. Pour tout f∈ C([0,1],R), ||f||A,α = 0
si, et seulement si, fest nulle sur A. Si Aest dense dans [0,1], la continuit´e de fimplique
1
que fest la fonction nulle. La condition est donc suffisante. Inversement, si An’est pas
dense dans [0,1], il existe x[0,1] et δ > 0 tel que l’intervalle I:=]xδ, x +δ[ v´erifie
IA=. On peut construire une fonction continue f, nulle sur [0,1] \Iet telle que
f(x)>0. Une telle fonction v´erifie ||f||A,α = 0. Par contrapos´ee ceci montre que si
l’implication (||f||A,α = 0 f= 0) est v´erifi´ee, alors n´ecessairement Aest dense dans
[0,1].
2. Soit t[0,1] et δt:C([0,1],R)Rd´efinie par δt(f) = f(t).
(a) Montrer que si tA, alors δtest une forme lin´eaire continue sur C([0,1],R).
(b) On suppose t /A. Montrer que pour tout ε > 0il existe f∈ C([0,1],R)telle que
0f1,f(t)=1, et ||f||A,α ε(remarquer que pour toute partie finie Ide Ail
existe f∈ C([0,1],R)nulle sur Iet telle que 0f1,f(t)=1). En d´eduire que δt
est non continue.
(a) Soit t=tnA. L’application δtnest clairement lin´eaire. Pour tout f∈ C([0,1],R) on
a
|δtn(f)|=1
αn
αn|f(tn)| ≤ 1
αn
||f||A,α.
Donc δtnest continue.
(b) Soit t /A. Pour toute partie finie Ide Ail existe δ > 0 tel que ]tδ, t +δ[I=.
Soit fla fonction sur [0,1] qui est nulle sur [0,1]\]tδ, t +δ[, affine sur [tδ, t] et [t, t +δ],
et telle que f(t±δ) = 0 et f(t) = 1. Alors fest continue, 0 f1, et on a
||f||A,α =X
tnI
αn|f(tn)|+X
tn/I
αn|f(tn)|= 0 + X
tn/I
αn|f(tn)| ≤
X
n|tn/I
αn.
Soit ε > 0. On sait que P
n=0 αn<+. Donc il existe n0Ntel que P
n=n0+1 αnε.
On choisit la partie finie IAci-dessus telle que {t0, . . . , tn0} ⊂ I. Alors ||f||A,α ε. Si
δt´etait continue, il existerait une constante c0 telle que |δt(f)| ≤ c||f||A,α. D’apr`es ce
qui pr´ec`ede cela impliquerait 1 pour tout ε > 0, ce qui est absurde.
3. On consid`ere deux semi-normes || · ||A,α et || · ||A00.
(a) On suppose que A=A0, et qu’il existe c2>0tel que || · ||A,α0c2|| · ||A,α. Montrer
que pour tout ε > 0et tout entier q, il existe nqtel que
α0
q|f(tq)| ≤ c2(
n
X
p=0
αp|f(tp)|+ε).
Par un choix convenable de la fonction f, en d´eduire que α0
qc2αq.
(b) Montrer que || · ||A,α et || · ||A00sont ´equivalentes si, et seulement si, A=A0et il
existe deux constantes c1,c2>0telles que c1αnα0
nc2αnpour tout n.
(a) L’in´egalit´e est ´evidente si fest la fonction nulle. Supposons f6= 0. D’apr`es l’hypoth`ese,
quels que soient les entiers qet net f∈ C([0,1],R) on a
α0
q|f(tq)| ≤ ||f||A,α0c2||f||A,α =c2(
n
X
p=0
αp|f(tp)|+
X
p=n+1
αp|f(tp)|)
c2(
n
X
p=0
αp|f(tp)|+||f||
X
p=n+1
αp).
2
Soit ε > 0. Il existe un entier nq, tel que P
p=n+1 αpε/||f||. Avec cet entier
on obtient l’in´egalit´e demand´ee. Comme dans la question 2 (b) il existe une fonction f
continue sur [0,1], nulle sur I={t0, . . . , tq1, tq+1, . . . , tn}, et telle que f(tq) = 1. Injectant
cette fonction dans l’in´egalit´e on trouve α0
qc2(αq+ε). Ceci ´etant vrai pour tout ε > 0,
on a α0
qc2αq.
(b) Supposons que || · ||A,α et || · ||A00sont ´equivalentes : il existe deux constantes c1,
c2>0 telles que c1|| · ||A,α || · ||A00c2|| · ||A,α. Pour tout t[0,1], la forme lin´eaire δt
est continue pour || · ||A,α si, et seulement si, elle est continue pour || · ||A00. La question 2
implique alors que A=A0, et avec la question 3 (a) ceci montre que α0
nc2αnpour tout
entier n. En raisonnant de mˆeme `a partir de l’in´egalit´e c1|| · ||A,α || · ||A,α0, on d´eduit
c1αnα0
nc2αnpour tout n. La r´eciproque est ´evidente.
Exercice 3 (3 points) Soit Xun espace localement convexe.
1. Montrer que tout sous-espace vectoriel E6=Xest d’int´erieur vide.
2. En d´eduire qu’un espace de Fechet de dimension infinie ne peut pas admettre de base
(alg´ebrique) d´enombrable. (Utiliser le th´eor`eme de Baire.)
Notons {|| · ||i}iIune famille de semi-normes d´efinissant la topologie de X.
1. Montrons la contrapos´ee. Supposons que Eun sous-espace vectoriel de Xd’int´erieur
non vide. Alors Econtient une boule BJ(x, r) (xE,JIfini, r > 0). Puisque Eest
un espace vectoriel, Econtient aussi la boule BJ(0, r) = BJ(x, r)x. Or pour tout yX,
r
2
y
||y||JBJ(0, r). Par lin´earit´e, Econtient donc y. D’o`u E=X.
2. Supposons le contraire. Soit {ek}kNune base d´enombrable de X, et Ek= Vect({en, n =
0,1, . . . , k}). On a X=kNEk, et Ek, de dimension finie donc distinct de X, est d’int´erieur
vide (question 1). D’apr`es le cours, tout espace localement convexe de dimension finie est
normable. Donc Ekest un ferm´e de X, isomorphe `a Kk+1, et Xest une partie maigre. Comme
Xest un espace de Fechet, le th´eor`eme de Baire implique que Xest d’inerieur vide, ce qui est
impossible.
Exercice 4 (3 points) On rappelle que l’espace C(R)muni de la famille de semi-normes
||f||K,l = supxK,αl|f(α)(x)|est un espace de Fechet, o`u l’on note f(α)la d´eriv´ee α-i`eme de
fet Kun compact de R.
Soit Kun compact de R, et DK={f∈ C(R)| {xR|f(x)6= 0} ⊂ K}.
1. Montrer que DKest un sous-espace ferm´e de C(R).
2. Montrer que DKmuni de la topologie induite par C(R)est un espace de Fechet. (justifiez
votre r´eponse de mani`ere d´etailee).
1. Soit (ϕn) une suite de DKqui converge vers ϕdans C(R). On doit montrer que ϕ∈ DK.
Pour tout αN,ϕ(α)
nconverge uniform´ement vers ϕ(α)sur tout compact Cde R. En particulier,
soit pun point hors de K,C={p}, et α= 0. Pour tout ε > 0 et nassez grand on a
|ϕ(p)| ≤ |ϕ(p)ϕn(p)|+|ϕn(p)|≤|ϕ(p)ϕn(p)| ≤ ε.
Donc ϕ(p) = 0, ce qui implique ϕ∈ DK.
2. C’est un r´esultat du cours : tout sous-espace ferm´e d’un espace de Fechet est un espace
de Fechet pour la topologie induite. Remontrons-le ici. Soit (ϕn) une suite de Cauchy de DK.
Alors (ϕn) est aussi une suite de Cauchy de C(R). Comme C(R) est un espace de Fechet,
(ϕn) converge. Soit ϕsa limite. Alors ϕ∈ DK=DK(DKest ferm´e). Donc (ϕn) converge vers
ϕdans DK.
3
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !