SALIM LAMRANI ENRON ET LIBERALISME Aux victimes d’Enron et aux laissés pour compte du libéralisme. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … .4 I. MONDIALISATION LIBERALE, FMI ET TRANSNATIONALES..8 II. UN LOBBYING POLITIQUE TRES FRUCTUEUX… … … … … … 24 III. AU NOM DU PROFIT… … … … … … … … … … … … … … … … … … .37 IV. LE SCANDALE ENRON ET LES LIMITES DE LA PENSEE UNIQUE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ...45 CONCLUSION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … 59 BIBLIOGRAPHIE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ..63 3 INTRODUCTION Dans toute société intellectuellement libre la structure totalitaire des corporations économiques serait sujette à un vaste débat public qui mettrait à nu la nature même de ces entités. Affirmer que la composition d’une transnationale est tyrannique ne relève en rien d’une hypothèse conspiratrice mais s’agit simplement d’une analyse institutionnelle. En effet, au sein de ces immenses entreprises, les décisions sont prises en amont et sont imposées en aval, sans qu’il existe la possibilité d’une discussion honnête et démocratique à l’encontre de ces directives, décidées par une minorité et infligées à une majorité qui sera la seule à subir les conséquences de ces ordonnances. Toutes les polémiques concernant la mondialisation néolibérale, le pouvoir des transnationales et les conséquences politiques, économiques et sociales des directives imposées par les institutions financières internationales tels que le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, sont minutieusement enfermés dans un cadre idéologique dans lequel le débat peut et doit avoir lieu pour donner une apparence de démocratie. Mais en réalité, les questions portent seulement sur les détails sans remettre en cause la nature et les conséquences de ce phénomène qui, elles, portent préjudice à l’existence de la pensée unique et montrent sa dangerosité pour l’immense majorité de l’humanité. Les débats, qui peuvent être parfois acerbes, restent cependant limités idéologiquement. Tous les arguments remettant en cause l’ordre établi sortent du cadre imposé par les maîtres du monde et sont donc automatiquement censurés par la grande presse qui, elle-même, est la propriété des grands conglomérats économiques. Le but premier de toute grande entreprise est la maximisation du profit sur la période la plus courte possible et, pour arriver à atteindre cet objectif, tous les moyens sont permis, peu importent les conséquences humaines que cette fin peut entraîner. L’affaire Enron est un cas d’école.1 Ces groupes économiques et financiers disposent d’un pouvoir de décision qui dépasse tout entendement, et décident à un degré non négligeable de l’avenir de l’humanité alors qu’ils ne disposent d’aucune légitimité, hormis celle de l’argent, pour 4 contrôler la société. Le chiffre d’affaires de certains de ces géants dépasse le PIB de nombreux pays et il n’est nul besoin d’être devin pour savoir que les intérêts de ces grosses sociétés vont à l’encontre des intérêts d’une immense partie de la population mondiale. Quand les Etats-Unis évoquent « l’intérêt national » pour justifier une intervention à l’étranger, il s’agit moins de l’intérêt de leur population que de celui du monde des affaires en général et des entreprises multinationales en particulier. La presse financière telle que le Wall Street Journal ou le Financial Times peine à trouver des adjectifs adéquats pour décrire les profits faramineux de ces entreprises. Par contre, elle se garde bien d’évoquer le coût engendré par lesdits profits, un coût qui porte une estocade cinglante à tous les présupposés de la doctrine du libre marché. Curieusement, les seuls acteurs qui bénéficient largement d’une protection sociale aux Etats-Unis sont les grosses entreprises qui profitent abondamment de l’intervention de l’Etat au moyen de consistantes exonérations fiscales. Alors que les profits sont privatisés, les coûts sociaux, eux, sont aux frais du contribuable.2 Au nom du profit et de la protection des intérêts d’une minorité opulente, les institutions financières internationales imposent un modèle politique, économique et social qui a pour principal objectif de favoriser l’accumulation des richesses pour un secteur particulier de la population mondiale, qui est devenu depuis trente ans de plus en plus restreint et de plus en plus puissant. Malgré l’accroissement de la pauvreté et des inégalités dans les pays où les plans d’ajustements structurels du FMI ont été imposés aux populations locales – avec la complicité de l’élite politique qui été généreusement remercié pour les services rendus aux multinationales – les fondements et la rationalité mêmes de ces directives ne sont pas remis en cause et l’on continue à fermer les yeux devant le désastre humain qui ravage le Tiers Monde et qui touche les classes les plus défavorisées des pays riches.3 Enron, qui avant l’effondrement de World Com avait été le plus grand cataclysme économique de l’histoire des Etats-Unis, a su « éduquer » les dirigeants politiques étasuniens aussi bien les Démocrates que les Républicains grâce à un lobbying politique qui a largement porté ses fruits. A coup de millions de dollars, l’entreprise en énergie a su 5 convaincre le gouvernement des Etats-Unis d’adopter des lois qui loin de servir les intérêts des citoyens étasuniens, étaient en fait destinées à remplir les poches des dirigeants et principaux actionnaires d’Enron. Que ce soit pour l’implantation de l’usine Dabhol Power Corporation en Inde ou pour la dérégulation du système énergétique californien, Enron a su utiliser à merveille ses connections avec le monde politique afin de mettre en avant son propre agenda, qui est à des lieues des intérêts du contribuable étasunien ou du paysan indien. Là encore, le président Bush n’a pas été en reste et ses liens avec la classe dirigeante d’Enron soulèvent de nombreuses questions quant aux intérêts défendus par le leader politique le plus important du monde.4 L’effondrement de la 7ème plus importante société des Etats-Unis a clairement montré les limites du libéralisme. L’idéologie dominante promue par le FMI, qui s’était largement effritée lors des différentes crises financières qui ont touché le monde, que ce soit le Mexique en 1994, le Sud-est asiatique en 1997, la Russie en 1998, le Brésil et l’Equateur en 1999, la Turquie en 2000, l’Argentine en 2001, et de nouveau le Brésil en 2002, a clairement montré ses limites et son incohérence. Joseph Stiglitz, conseiller de Bill Clinton, numéro deux de la Banque Mondiale en 1997 et prix Nobel d’économie en 2001, affirmait que « les recettes du FMI ne permettent pas la reconstruction de pays en crise » pour la simple et bonne raison que les directives des institutions financières internationales sont les causes mêmes du désastre qui touche de nombreuses nations du Tiers Monde. Le libéralisme à outrance a également prouvé qu’il était incapable de subvenir aux besoins basiques de l’humanité. Mais étant donné que cela n’a jamais été l’objectif de la pensée dominante, il est inutile de s’en émouvoir, son but réel ayant toujours été d’engraisser les maîtres de l’univers.5 6 Notes 1 Philippe Merlant, René Passet & Jacques Robin (dir.), Sortir de l’économisme. Une alternative au capitalisme néolibéral (Paris : Editions de l’Atelier, 2003), pp. 181-209. Pour ce qui est du monopole des idées voir : Janine & Greg Brémond, « Face au monopole Lagardère. La liberté d’édition en danger », Le Monde Diplomatique, janvier 2003 : 1, 4. 2 Pierre Bourdieu, Contre-feux 2 (Paris : Raisons d’Agir, 2001), pp. 43-55 ; Frédéric F. Clairmont, « Vers un gouvernement planétaire des multinationales. Ces deux cents sociétés qui contrôlent le monde », Le Monde Diplomatique, avril 1997 : 1, 16-17 ; Ibrahim Warde, « Un Capitalisme hors de contrôle. Financiers flamboyants, contribuables brûlés », Le Monde Diplomatique, juillet 1994 : 18,19 ; Howard Zinn, « Big Government for Whom ? », The Progressive, avril 1999. www.thirdworldtraveler.com/Zinn/BigGovernmentWhom_Zinn.htlm (site consulté le 16 avril 2003). 3 Mario L. Fernandez Font, « Les investissements directs étrangers, les entreprises transnationales et la mondialisation » dans Alternatives Sud, Le Pouvoir des transnationales (Louvain-la-Neuve & Paris : Centre Tricontinental & L’Harmattan, 2002), pp. 53-67. 4 Human Rights Watch, « The Enron Corporation », 23 janvier 2002, 1. www.hrw.org/report/1999/enron/ (site consulté le 13 novembre 2002). 5 María Seoane y Telma Luzzani, « Argentina : Entrevista a Joseph Stiglitz, premio nobel de economía 2001. ‘Es falso decir que la única salida es pactar con el FMI’», Clarín, 8 juillet 2002, 1. www.rebelion.org/economia/stiglitz080702.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 7 I. MONDIALISATION LIBERALE, FMI ET TRANSNATIONALES Pour qu’il puisse garder un brin de sens, le terme « mondialisation » doit être impérativement suivi de l’adjectif « libérale ». En effet, décrire le phénomène présent en utilisant simplement le mot « mondialisation » serait une aberration sémantique et ne caractériserait en rien les processus politiques, économiques et sociaux qui se déroulent actuellement. La mondialisation se définit comme étant une intégration internationale et c’est un terme à priori positif. Or le phénomène réel, qualifié de « mondialisation » par les médias, eux-mêmes propriété des grands groupes économiques, exclut plus de 80% de la population mondiale, d’où l’importance d’ajouter l’épithète « libérale » pour que le sens originel ne soit pas détruit par les pionniers du libéralisme. Cet amalgame étymologique est un choix délibéré de la part des maîtres du monde du forum de Davos car grâce à cette construction idéologique – car c’est bien de cela qu’il s’agit – le phénomène économique qui aliène une grande partie de l’humanité a une connotation positive sémantiquement parlant. Ce terme de propagande permet de présenter le libéralisme comme étant le remède à tous les maux dont souffre la planète et de leurrer les quelques médias qui ne sont pas encore au service des puissants du monde. La mondialisation libérale a été définie par Percy Barnevik, le fondateur de l’entreprise ABB Industrial Group comme étant « la liberté de mon groupe d’entreprises d’investir là où il le désire et quand il le désire, qu’il produise ce qu’il souhaite, qu’il achète et vende là où il le souhaite, et qu’il tolère le minimum de restrictions provenant des lois du travail et des conventions sociales ». Bref, un franc euphémisme pour le message suivant : « faire du profit coûte que coûte peu importent les conséquences humaines ».1 Le libéralisme a vu le jour dans les années 50 par les économistes Friedrich Von Hayek et Milton Friedman de l’université de Chicago et a pris son essor au début des années 80. L’idée fondamentale est la prédominance des lois du marché sur toutes les autres lois de la société qui doivent diriger la vie économique de la nation. L’Etat doit réduire au minimum son rôle dans la gestion de l’économie nationale surtout en ce qui concerne la sécurité sociale pour les pauvres car les grosses entreprises jouissent d’une large protection de la part de l’Etat. En effet, après les attentats du 11 septembre 2001, les 8 compagnies aériennes ont grandement profité des subventions étatiques. L’intervention de l’Etat en faveur des entreprises est évidente. Par exemple, en 2002, George W. Bush a augmenté les barrières douanières pour protéger l’industrie sidérurgique. Que ce soit par le biais d’exemptions fiscales, de la hausse des tarifs douaniers pour limiter la concurrence, de la non ratification des traités internationaux en faveur de l’environnement (Kyoto), de la destruction des syndicats, du matraquage idéologique vantant les vertus du libre marché, ou de la suppression et la censure de toutes les pensées alternatives. Bref un dévouement sans égal aux intérêts des multinationales. La glorification de la culture de l’individualisme au détriment de la solidarité est également au cœ ur de la doctrine libérale où le but de l’existence humaine est l’enrichissement personnel aux dépens de la majorité. Pour cela, les grosses sociétés disposent d’une liberté totale pour atteindre leurs objectifs, les moyens important peu.2 Cette construction artificielle, soigneusement couvée par des boites à penser (think tanks) et des millions de dollars, est devenue la pensée unique qui régit le destin de l’humanité. En un mot, les intérêts privés, afin d’optimiser leurs profits, ont le droit de décider du sort de la population mondiale. Les dirigeants de l’univers ont réussi à imposer un système qui génère de nombreux proscrits et l’ont présenté comme étant l’unique chemin politique, économique et social qui emmènera les hommes vers le chemin de la prospérité, sans aucune alternative possible. En tout cas, nombreux ceux qui n’atteindront jamais cette voie qui est censée les conduire vers la félicité et loin des affres de l’indigence. Les chiffres accablants présentés dans les rapports annuels des Nations unies sont délicatement mis de côté par les apologistes du libéralisme à outrance, qui se gardent bien d’évoquer les effets ravageurs du phénomène économique dominant sur les populations de la terre.3 Le libéralisme comporte trois lois essentielles qui sont censées représenter la panacée pour la lutte contre la pauvreté. Tout d’abord, le libre commerce des biens et des services doit être une condition sine qua non pour la réalisation du progrès mais, là encore, le marché est sélectif car cette modalité s’applique uniquement aux pays pauvres. Un exemple : les produits en provenance de Chine doivent faire face à des tarifs 9 douaniers de 40% pour pénétrer le marché étasunien alors que les produits en provenance de la première puissance du monde ne sont taxés qu’à hauteur de 2% avant d’entrer sur le marché chinois. Les pays développés vantent l’efficacité du marché mais par contre se gardent bien d’en appliquer les règles pour eux-mêmes dans le secteur de l’agriculture par exemple où Washington aussi bien que les nations de l’Europe occidentale subventionnent abondamment l’agribusiness, créant ainsi une concurrence déloyale pour les pays du Tiers Monde tels que l’Argentine ou le Brésil qui ne peuvent plus suivre. Un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) de 1994 concluait que « les pays industrialisés, en violant les principes du libre commerce, coûtent aux pays en voie de développement 50 milliards par an – une somme égale à l’Aide Publique au Développement » apportée par les nations riches. Apparemment, le marché est bon pour les autres mais pas pour soi-même ce qui démontre que la doctrine est quelque peu différente de la réalité.4 Le second paramètre indispensable est la libre circulation des capitaux qui permet aux transnationales de rapatrier les richesses accumulées dans les nations où elles se sont implantées et d’utiliser les profits réalisés à des fins spéculatives. Tout cela se fait au détriment des pays pillés qui, en plus d’offrir leur économie au capital étranger, ne profitent même pas des bénéfices effectués par ledit capital qui se garde bien de réinvestir la richesse accumulée dans le pays. Et étant donné que les flux de capitaux ne sont toujours pas taxés alors cela est, techniquement parlant, parfaitement possible, les multinationales comme Enron réalisent de très bonnes affaires au dépens de la labeur des pays du Sud qui sont empêtrés dans leur retard technologique, la corruption de leurs élites véreuses qui n’ont pour préoccupation que leur enrichissement personnel, et le pillage perpétré par les pays développés. Le 24 décembre 2002, le Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a déposé une plainte devant le Conseil de Sécurité contre 29 multinationales pour avoir participé au « saccage systématique des immenses richesses » du Congo.5 Le dernier point concerne la liberté d’investissement. C’est en réalité un euphémisme pour décrire le maraudage des ressources naturelles des pays du Tiers 10 Monde, mais étant donné que ce truisme va à l’encontre de la version officielle du libéralisme, il est méticuleusement attribué aux visionnaires tiers-mondistes attardés et par conséquent ne fait pas partie du cadre idéologique – seul endroit valable pour toute discussion « objective » – préalablement dessiné par une élite, profitant à merveille des vertus du libéralisme. Le but recherché est la commercialisation non seulement des secteurs économiques vitaux des pays mais aussi des services sociaux indispensables à la survie des populations tels que l’éducation et la santé.6 Le gouvernement de Ronald Reagan a été le précurseur du libéralisme aux EtatsUnis et les réformes entreprises ont conduit à un gigantesque accroissement des inégalités au sein de la société étasunienne. De 1980 à 1990, les 10% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 16%. Les 5% les plus riches ont vu leurs revenus accroître de 23% et 1% le plus riche a augmenté son revenu de 50%. Par contre, le décile le plus pauvre a subi une baisse de 15% de son revenu déjà maigre. En 1977, le top 1% gagnait 65 fois plus que le décile le plus bas. Maintenant il gagne 115 fois plus. Les Etats-Unis est l’une des sociétés les plus inégalitaires du monde mais tous les pays qui ont appliqué les concepts néolibéraux ont connu un accroissement des inégalités et ont créé une pauvreté galopante. Les chiffres du rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ne sont pas prêts de faire la une du Wall Street Journal ou du Financial Times. Ronald Reagan a promu le libéralisme et l’ouverture des frontières aux investissements étrangers pour les autres et non pas pour les Etats-Unis. Il a lancé en effet la plus importante vague de protectionnisme depuis les années trente afin de protéger les grosses entreprises de la concurrence des multinationales étrangères, notamment japonaises.7 Le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, dont le Trésor étasunien est propriétaire à hauteur de 51%, utilisent la dette imposée aux pays du Tiers Monde pour faire avancer l’agenda des multinationales. Pourtant le but officiel est louable : « Notre rêve, un monde sans misère » dit l’emblème de la Banque Mondiale. « Le Fonds Monétaire International a pour principal objectif la promotion d’un système de commerce et de paiements internationaux plus libre, afin d’aider ses 184 pays membres à obtenir une croissance économique, un faible niveau de chômage, et des meilleures conditions de 11 vie ». Mais là encore la différence entre la doctrine et la réalité est substantielle. Signalons que les structures de ces institutions financières internationales sont loin d’être démocratiques et que les décisions ne sont pas régies par la force du vote mais par la force du dollar. En effet, les pays de la triade (Etats-Unis, Europe de l’Ouest, et le Japon) disposent de 66,48% des droits de vote. Les petites nations n’ont aucun pouvoir d’influence au sein de ces organisations contrairement aux grands pays développés qui décident de tout. Le remboursement de la dette extérieure n’est que l’expression et la continuation d’un processus systématique et historique de pillage. Les Etats-Unis et les pays industrialisés n’ont aucune intention de changer les termes de leurs rapports avec les nations pauvres car ils jouissent de relations économiques privilégiées qui leur permettent d’importer des matières premières de moins en moins chères et d’exporter des produits manufacturés au prix de plus en plus élevés. Le remboursement de la dette lui-même serait remis en question si le système doctrinal n’était pas si puissant et si performant. La dette a été contractée par les élites des pays et non pas par les populations locales qui n’ont en général que rarement profité des prêts. Ces prêts ont été octroyés par les pays riches à des taux d’intérêts très élevés, de l’ordre de 12% à 16% avec un dollar dévalué. Les pays bénéficiaires des prêts devaient ensuite rembourser avec un dollar surévalué en plus des intérêts excessifs. Il n’est pas étonnant de voir les pays « en voie de développement » englués dans un marasme politique, économique et social. Ensuite, la dégradation des termes de l’échange, la fuite des capitaux et la surévaluation du dollar finissent par achever les agonisantes économies.8 La dette est mathématiquement impayable mais c’est aussi un impossible politique, économique, social, historique, moral et juridique. Un pays comme le Brésil est obligé de contracter des prêts auprès du FMI pour simplement pouvoir rembourser les intérêts de la dette ce qui entraîne une augmentation de la dette et par conséquent des intérêts qui en découlent. Ce cycle infernal est absurde et apparemment irrationnel. Mais loin de l’être, il permet aux grosses banques internationales de faire fructifier leur argent inutilisé aux dépens des populations locales. Soulignons que la crise de la dette apparue au début des années 80 est encore une construction idéologique et non pas économique car il existe un principe capitaliste qui stipule que lors d’un prêt, le débiteur s’engage à 12 rembourser le créancier mais que celui-ci prend le risque de ne jamais revoir son argent si le redevable se trouve dans l’impossibilité de payer. Ce principe est précieusement caché par les idéologues néolibéraux en faveur du remboursement de la dette. Un autre principe est né en 1898 lors de l’intervention des Etats-Unis dans la guerre d’indépendance de Cuba. Washington a annulé la dette cubaine envers l’Espagne stipulant que celle-ci avait été contractée par les élites et non pas par le peuple, et était par conséquent illégitime. De là est né le concept de la « dette odieuse ». Le fardeau de la dette que les pays pauvres doivent supporter est un poids dénué de tout fondement juridique et donc illégitime au même titre que la dette de Cuba de 1898. De plus, la dette a déjà été remboursée plusieurs fois par les pays pauvres par le biais des exorbitants taux d’intérêts.9 Pour octroyer un prêt, le FMI impose un plan d’ajustement structurel renommé « plan de lutte contre la pauvreté » pour des questions de relations publiques. En effet, l’appellation antérieure avait une peu fameuse réputation au vu des conséquences désastreuses engendrés par lesdits plans. Un exemple : En 1991, au Pérou, le président Alberto Fujimori, a appliqué les ordres des institutions financières internationales. Du jour au lendemain, le prix de l’essence a été multiplié par 31 et celui du pain par 12. De plus, le salaire minimum a été réduit de 90% en 15 ans. Les conséquences sociales et humaines sont aisément imaginables. Le FMI et la Banque Mondiale exigent une libéralisation de l’économie et une rationalisation des dépenses publiques. Le terme de « libération de l’économie » désigne la braderie de l’économie nationale au capital étranger, c'est-à-dire la privatisation des secteurs rentables de l’économie pour que les bénéfices réalisés n’aillent plus en faveur du public mais terminent entre les mains d’investisseurs privés qui rapatrieront les profits dans leur pays d’origine, exacerbant ainsi les omniprésentes difficultés de développement des pays pauvres. Le cas d’Enron en Inde est très illustratif et sera abordé ultérieurement. Pour ce qui est de la « rationalisation des dépenses publiques », la directive imposée n’a de rationnel que le nom. Il s’agit de réduire les dépenses publiques dans des pays où la situation sociale est catastrophique et donc où les dépenses en faveur du service public sont insuffisantes. Par conséquent, réduire les dépenses sociales et mener la population au cataclysme est une « rationalisation des dépenses publiques » alors que cette décision serait complètement 13 irrationnelle si le but était de lutter contre la pauvreté. Mais l’objectif réel étant de maximiser le profit des multinationales, tout devient plus compréhensible. Le libéralisme, loin d’être un phénomène naturel et l’unique chemin économique possible, est en fait imposé par la force de l’argent et des armes au reste du monde principalement par les Etats-Unis.10 William Blum, ancien fonctionnaire du Département d’Etat des Etats-Unis soulignait que Washington n’a pas basé sa politique étrangère sur un dévouement à la démocratie mais sur la volonté de dédier les ressources naturelles de la planète aux entreprises transnationales étasuniennes, de préserver les intérêts de l’industrie militaire du pays, d’empêcher l’émergence de toute société qui pourrait servir d’exemple réussi d’une alternative au modèle capitaliste et étendre son hégémonie politique et économique sur une zone la plus vaste possible.11 De nombreux exemples viennent conforter cette thèse que ce soit au Guatemala en 1954, à Cuba en 1959 ou au Chili en 1973. Là encore le paradigme de la Guerre Froide s’effrite s’il est clairement exposé à la lumière du jour. En 1954, le gouvernement démocratiquement élu de Jacobo Arbenz a commencé à entreprendre de discrètes réformes destinées à sortir la population guatémaltèque de la misère. Une modeste réforme agraire a été lancée afin de permettre aux paysans de subvenir à leurs besoins alimentaires. Ces petites transformations de la structure économique du pays portèrent atteinte aux intérêts de la United Fruit et ce fut le branle-bas de combat à Washington. Etant donné que le gouvernement Arbenz n’avait pas encore de liens avec Moscou, les Etats-Unis ne pouvaient pas invoquer la mainmise soviétique sur la sphère d’influence étasunienne. Donc, ils se chargèrent de fabriquer ces relations en refusant de vendre des armes au Guatemala dans un premier temps alors que le pays était victime des attaques quotidiennes de la CIA, et en instaurant un embargo économique par la suite, deux actions qui obligèrent Arbenz à tendre la main aux Russes et d’accepter leur aide. La suite est connue de tous : la CIA déclencha immédiatement des activités paramilitaires et Washington s’empressa de condamner le communisme de Arbenz. L’embargo eut les effets escomptés : les privations déclenchèrent la lassitude populaire qui entraîna à son 14 tour la répression gouvernementale. Ce fut ensuite un jeu d’enfant de d’accuser Arbenz de dictateur communiste et de le renverser.12 Le cas cubain est similaire. Il est difficile d’expliquer l’hostilité étasunienne envers l’Ile socialiste sous le contexte de la Guerre Froide car d’une part, l’animosité envers la révolution cubaine a débuté avant le renouement des relations avec l’Union Soviétique et d’autre part, après la chute du camp communiste, au lieu de normaliser les relations avec Cuba, les Etats-Unis ont accentué la strangulation économique et les campagnes paramilitaires censées déstabiliser le régime. Lorsque le paradigme de la confrontation Est-Ouest a cessé d’exister, les Etats-Unis ont évoqué la nécessité de rétablir la démocratie à Cuba. Un argument qui laisse sceptique quand l’on sait que Washington a mis en place et appuyé les pires dictatures latino-américaines et qu’il continue d’apporter son soutien aux régimes tyranniques du Moyen-Orient. La véritable raison expliquant le ressentiment étasunien envers La Havane fut abordé justement par le sociologue et historien Morris Morley qui attribua cela à « la perte de pouvoir politique et économique des Etats-Unis à Cuba ». La domination économique et politique de l’Ile par les transnationales étasuniennes disparut avec la révolution de 1959.13 Le même scénario s’est déroulé au Chili en 1973 avec le renversement du gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende et l’instauration de l’une de plus sanglantes dictatures de l’hémisphère américain. La domination de l’économie chilienne par le capital étasunien était tellement importante qu’il était quasiment impossible d’entreprendre la moindre réforme sans porter atteinte aux intérêts des transnationales des Etats-Unis. Vu que toute tentative de réforme sociale et d’élévation du niveau de vie des populations étaient considérées comme étant tendancieusement communiste – un paradigme fort utile pour justifier l’opposition à toute notion d’autodétermination – il ne « fallait pas rester les bras croisés alors qu’un pays était en train de devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son propre peuple » selon les propres paroles d’Henry Kissinger. En réalité, la vraie question portait sur les intérêts économiques des Etats-Unis et non pas sur une supposée menace provenant de Moscou car le gouvernement de Allende était social-démocrate, certes, mais sûrement pas 15 communiste. Historiquement, les Etats-Unis ont rejeté toute forme de système économique différent du capitalisme d’entreprise privé. Tous les pays qui ont tenté de suivre un chemin indépendant avec comme premier objectif l’amélioration du niveau de vie de leur population ont eu à subir la colère étasunienne, qui est allée de la subversion clandestine à l’intervention militaire directe. L’anticommunisme est une notion très ambiguë qui regroupe souvent sous sa coupe une farouche hostilité envers tout mouvement d’indépendance, de souveraineté et d’alternative politique et économique.14 La société étasunienne est dirigée par le monde des affaires qui lui-même fonctionne à partir de bases non démocratiques. Adam Smith disait dans son célèbre livre La Richesse des nations qu’une conversation entre deux hommes d’affaires finissait toujours par être une conspiration contre le public. La pensée de Smith a en grande partie été pervertie par les maîtres de l’univers. Cette personne que les adeptes du libéralisme vénèrent écrivait : « la régulation [gouvernementale] en faveur des travailleurs est toujours juste et équitable » alors qu’elle ne l’était pas quand elle « profitait aux maîtres ». Il faisait également l’éloge de l’égalité et de solidarité entre les hommes, des notions à des années lumières du concept de compétition promue par les fondamentalistes néolibéraux. Compétition qu’ils se gardent bien d’appliquer pour eux-mêmes. Les grandes entreprises ont pour principal objectif d’optimiser leur profit quelles que soient les conséquences humaines. Cela passe par un lavage de cerveau médiatique effectué par les industries de relations publiques afin de créer un public amorphe, soumis et obéissant, ayant pour principale occupation non pas une réflexion sceptique sur le déroulement du système dans lequel il vit et de son bien-fondé, mais la consommation et la satisfaction de besoins de plus en plus superficiels.15 Historiquement, les lois et la Constitution des Etats-Unis ont servi à protéger « l’opulente minorité de la majorité » pour reprendre l’expression de James Madison, l’un des pères fondateurs. John Jay, le président du Congrès Continental et premier président de la Cour Suprême, mettait en place la doctrine qui règne aux Etats-Unis depuis son origine : « ceux qui possèdent [les richesses du] pays doivent le gouverner ». Rappelons que la Constitution des Etats-Unis a été rédigée par 57 hommes tous blancs et tous très 16 riches qui ont, avant tout, pris soin de protéger leurs intérêts avec le sacro-saint droit de propriété (et non pas droit à la propriété – nuance de la plus haute importance destinée à protéger les élites du pays). Les droits des multinationales ne dérivent pas de la Constitution et de ses amendements, ni même de la législation mais ont été obtenus devant les tribunaux grâce à une armada d’avocats efficaces qui a réussi à mettre en avant les intérêts de ces entités économiques et les faire passer bien avant le l’intérêt commun public. C’est pour cela qu’aujourd’hui les multinationales dirigent le monde et, en ayant entre leurs mains le destin de l’humanité, poursuivent leurs objectifs qui sont en totale opposition avec ceux de la société civile mondiale. L’administration actuelle Bush est intimement connectée par des liens sociaux aux entreprises multinationales continuant ainsi un processus historique de servilité des autorités en faveur du monde des affaires. Les élites intellectuelles ont également toujours été soumises au pouvoir à de rares exceptions près, exceptions qui ont été soigneusement écartées par différents moyens allant de la censure à l’élimination physique.16 L’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI ou MAI en anglais), secrètement négocié par les 29 pays membres de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE), destiné à supprimer toutes les législations nationales en faveur de la régulation et laisser le champ libre aux multinationales, n’a pas pu être adopté grâce à la mobilisation internationale. Enron a été un fervent partisan de cet accord qui devait permettre la libéralisation des services publics tels que l’éducation, la santé, les services postaux, l’eau, la sécurité sociale et l’énergie. Là encore, les méthodes habituelles ont été adoptées avec l’inexistence de tout débat public jusqu’à ce que des organisations non gouvernementales étasuniennes et canadiennes ainsi que le réseau de travail du Tiers Monde n’alertent l’opinion public. Ce pacte économique international visant à favoriser les intérêts des grandes entreprises par le biais de la facilitation des mouvements de capitaux qui était négocié depuis 1995, et qui allait être adopté en avril 1998, a été mis en échec grâce à la mobilisation de la société civile. Les principes démocratiques – tant vantés par les maîtres du monde mais jamais mis en application quand leurs intérêts sont en jeu – les ont conduits à décider, sans consultation préalable, du sort de l’humanité. Apparemment les intérêts du monde des affaires passent 17 avant ceux des hommes. En tout cas, il sera difficile de faire croire à l’humanité que la mondialisation libérale, qui profite aux consortiums économiques internationaux, est un phénomène naturel et inévitable.17 18 Notes 1 Aziz Choudry, « ¡Qué bajo han caído ! La corrupción del imperialismo corporativo », Z Magazine, 2 septembre 2002, 1. www.rebelion.org/imperio/aziz040902.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 2 Michel Lainé, Les 35 mensonges du libéralisme (Paris : Albin Michel, 2002), pp. 35-57. 3 Pierre Bourdieu, Contre-feux (1998. 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Un exemple des conséquences de l’application des dogmes néolibéraux avec la Russie où le niveau de vie a brutalement chuté après l’effondrement du bloc soviétique et le retour à la « démocratie », voir Vladislav Inozemtsev, Les Leurres de l’économie de rattrapage. La fracture postindustrielle(Paris : L’Harmattan, 2001), pp. 279-303. Gabriel Kolko, « De la faillite des Dogmes. Mais exportez donc! dit le FMI », Le Monde Diplomatique, mai 1998 : 7 ; Christian De Brie, « De l’art de faire parler les statistiques. L'Afrique à l'aune du développement virtuel », Le Monde Diplomatique, octobre 1997 : 16-17 ; Christian De Brie, « Sous le choc de l'ajustement structurel. Les Européens dans la nasse de l'austérité », Le Monde Diplomatique, juillet 1996 : 1, 7 ; Michel Chossudovsky, « Au service des bailleurs de fonds », Le Monde Diplomatique, décembre 1994 : 12 ; Georges Corm, « Nouvel ordre régional, compétition économique et injustices fiscales. 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UN LOBBYING POLITIQUE TRES FRUCTUEUX Basée à Houston, au Texas, Enron qui était à la base une entreprise vendant de l’énergie sans en produire, spécialisée dans les oléoducs, a su élargir ses activités par des moyens loin d’être licites et ainsi asseoir une position prédominante au sein des grosses sociétés étasuniennes. Créée en 1985 suite à la fusion de deux entreprises de gaz, elle s’est tout de suite tournée vers le marché dérégulé où les investissements paraissaient plus rentables notamment dans le gaz et l’électricité et Enron est devenu le premier vendeur d’électricité des Etats-Unis dans les années 1990. Classée 7ème sur la liste de Fortune 500 avec un chiffre d’affaire de près de 100 milliards de dollars, Enron était également le 16ème plus grand conglomérat économique mondial par son chiffre d’affaire. L’entreprise a été créée par l’Etat, c'est-à-dire avec de l’argent public puis est ensuite devenue une entité privée dotée de vastes pouvoirs et privilèges – dont la possibilité de prendre des décisions gouvernementales – notamment en ce qui concerne la dérégulation. Ses investissements se firent non seulement en Californie grâce à la dérégulation énergétique mais aussi en Inde avec la Dabhol Power Corporation, en Amérique latine et dans de nombreux autres pays. Ses connections au monde politique s’avérèrent fort utiles.1 Will Hunton du journal anglais The Observer déclarait à propos de la société étasunienne et de son système électoral : La démocratie américaine est de plus en plus une fraude. L’argent achète les votes, l’influence et les postes. La Washington contemporaine fait de la Rome de Caligula un salon de thé pour pasteurs. Le besoin gigantesque des politiciens américains, [qui dépendent en grande partie] des donations du monde des affaires pour gagner leurs campagnes électorales, pollue maintenant le discours de la vie publique du pays, avec le business rédigeant la politique publique et corrompant tout ce qu’il touche. Et les conséquences nocives, en terme d’idées et de pratique des affaires, s’étendent jusqu’à la Grande Bretagne.2 Aux Etats-Unis, lors des périodes électorales, 0,25% des citoyens étasuniens concourent à hauteur de 80% des contributions aux campagnes politiques des candidats et les grosses entreprises participent dix fois plus aux contributions que les syndicats. Robert W. McChesney, professeur à l’université de l’Illinois déclarait que « sous le 24 néolibéralisme, tout cela est logique… .Cela renforce le manque d’à-propos de la politique électorale pour une majeure partie de la population et assure le maintien de la domination du monde des affaires ». Cela soulève des questions lourdes de conséquences quant à savoir si le gouvernement et les élites politiques sont au service des citoyens ou des puissantes entités économiques.3 Enron a su utiliser à merveille les avantages du système électoral étasunien qui permet aux particuliers de contribuer financièrement aux campagnes politiques des différents candidats. Elle a su faire un excellent usage du lobbying politique qui portera ses fruits et permettra à l’entreprise de dessiner la politique énergétique des Etats-Unis. Le pouvoir politique est dans ce cas non pas défini par l’appui populaire mais par la richesse et cela est loin de déplaire à Robert Bartley, le rédacteur en chef du très conservateur Wall Street Journal qui osera même parler « d’égalité des chances » pour expliquer le pouvoir, la richesse et influence des multinationales sur la vie politique.4 Il est difficile de trouver un seul homme politique aux Etats-Unis n’ayant pas reçu des contributions financières de la part d’Enron. L’entreprise a rassasié, à des degrés divers, la majorité des membres de la vie politique étasunienne en partant du simple membre du Congrès jusqu’à atteindre le président George W. Bush qui a été le personnage politique à recevoir les participations financières les plus larges de la part de l’entreprise énergétique. Grâce à ses dollars, Enron a su acheter une influence non négligeable qui lui a permis d’asseoir sa position, de maximiser son profit et d’agrandir ses parts de marché. Elle a également pu échapper à la surveillance et réaliser des opérations illicites en toute discrétion.5 L’influence néfaste d’Enron au sein de la Maison Blanche et du Congrès a été sans égale. Même si les Républicains ont reçu la majeure partie des contributions, les Démocrates n’ont pas été en reste. George W. Bush a largement été applaudi lorsqu’il s’est prononcé contre la criminalité financière durant son discours sur l’Etat de l’Union en début 2002. Suite à cela, le New York Times notait dans un article datant du 3 février 2002, que les membres du Congrès qui s’étaient offusqués par la chute d’Enron et ses 25 pratiques en menant des enquêtes sur les raisons du désastre « devraient simplement se regarder dans le miroir », soulignant leur hypocrisie car ils s’étaient largement servis auprès de l’entreprise. Deux membres du comité d’investigation chargé de recenser les hommes politiques ayant reçus une enveloppe financière de la part d’Enron et de la société comptable Andersen ne sont autres que le Républicain de Louisiane, Bill Tauzin, qui a reçu 289 743 dollars de la part d’Andersen pour ses campagnes depuis 1989 et le sénateur du Connecticut, Chris Dodd, qui a lui reçu 505 020 dollars de la part de la même entité. Il ne faudra pas s’étonner si l’enquête débouche sur une brise fraîche car l’ensemble du Congrès est impliqué dans l’affaire.6 La famille Bush a été intimement liée à Enron et a grandement contribué à enrichir les dirigeants de l’entreprise. George H. Bush, Le père de l’actuel président a joui très tôt de relations privilégiées avec la société énergétique pour des raisons géographiques d’abord, étant donné que celle-ci était implantée à Houston au Texas, bastion républicain par excellence. George W. Bush a reçu, selon le Wall Street Journal 1,3 millions de dollars pour sa campagne de la part de Enron (au total, les entreprises pétrolières et de gaz ont financé la campagne de Bush 13 fois plus que celle de Gore). Kenneth L. Lay, le PDG de l’entreprise et ancien économiste du Pentagone, a été le premier support financier de la campagne présidentielle de l’actuel président des EtatsUnis. Il a personnellement contribué à hauteur de 326 000 dollars au Parti Républicain. Il était surnommé par George W. Bush « Kenny Boy », ce qui montre à quel point les deux personnages étaient des amis intimes. Durant toute sa campagne présidentielle, George W. Bush a effectué ses déplacements à bord d’un avion appartenant à Enron et mis à disposition par Lay. Le président avait même interrompu sa campagne en avril 2000 pour assister à l’inauguration de la filiale Astro sur un nouveau terrain d’Enron à Houston. Après son élection, George W. Bush a nommé un ancien avocat de la société comme juge fédéral au Texas. Bref, Enron avait réussi à introduire l’administration et à en faire virtuellement partie.7 Enron a également été le plus important allié financier de George W. Bush lors de ses campagnes de gouverneur en 1994 et 1998 au Texas avec plus de 312 000 dollars 26 offerts. Durant ces deux campagnes, Bush a récolté plus de 41 millions de dollars, le plus important butin jamais recueilli par un candidat au poste de gouverneur dans toute l’histoire des Etats-Unis. La majorité de ces fonds provenaient de banques et de compagnies d’assurance, du secteur énergétique et minier, de puissants groupes immobiliers et d’avocats, du secteur pharmaceutique, et bien sûr du complexe industrialo-militaire.8 L’administration Bush était également très liée à Enron. Le Secrétaire au Trésor Paul O’Neill était l’ancien PDG d’Alcoa dont la filiale Vinson & Eklkins conseillait juridiquement Enron. Il est l’un des plus fervent partisan de l’abolition des impôts sur les grosses sociétés, ce qui n’a rien d’étonnant au vu de son parcours professionnel et des liens dont il dispose avec le monde des affaires. Lawrence Lindsey, la conseillère économique du président, a travaillé pour Enron dans le passé. Timothy White, le Secrétaire de l’Armée a fait partie du conseil d’administration d’Enron. Robert Zoellick, le représentant fédéral du commerce pour George W. Bush a été conseiller chez Enron. Quant à Karl Rove, l’un des personnages les plus importants à la Maison Blanche, il possédait 250 000 dollars en actions d’Enron. Le président du parti républicain est également un fervent lobbyiste d’Enron.9 Le reste de l’administration est également lié au monde des affaires. La conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, quant à elle, était une ancienne directrice de l’entreprise de Chevron. Le Vice-président, Dick Cheney a été directeur général de la société Halliburton. Le secrétaire au commerce, Don Evons, a été le PDG de l’entreprise pétrolière Tom Brown Inc. Le secrétaire de l’intérieur, Gale Norton a travaillé pour le Mountain States Legal Foundation, un think tank conservateur financé par des sociétés pétrolières et elle a également présidé la Coalition of Republican Environmental Advocates, un groupe appuyé par les entreprises BP Amoco et Ford. Le secrétaire général de la Maison Blanche, Andrew Card, et le secrétaire à l’énergie, Spencer Abraham, sont intimement liés aux constructeurs de voiture. Le fait qu’une grande partie de l’actuelle administration étasunienne soit liée aux intérêts énergétiques, 27 notamment pétroliers et que la plupart des membres aient travaillé dans des multinationales avant d’accéder à leur position actuelle est un secret de polichinelles.10 Le journaliste Larry Chin notait que « l’actuelle administration est, dans une large mesure, l’extension du conseil d’administration d’Enron. Ce gouvernement, pourrait-on dire, est Enron à la présidence, pas simplement parce que de nombreux membres du cabinet de Bush et d’autres candidats (et d’autres républicains influents) ont travaillé d’une façon ou d’une autre pour Enron, mais parce que les types sociaux présents dans la salle de conseil d’Enron et dans les importants postes gouvernementaux sont interchangeables ». Une étude réalisée par le Center for Public Integrity (CPI) révélait que les 100 fonctionnaires les plus influents du pays avaient tous, sans aucune exception, des liens très étroits avec le monde des affaires. Leur fortune moyenne oscillait entre 3,7 millions de dollars et 12 millions de dollars (la richesse des membres actuels du cabinet présidentiel variait de 9,3 millions de dollars à 27,3 millions de dollars soit 10 fois plus que celle du cabinet de Clinton) avec 34% de cette fortune provenant des grosses multinationales et 16% des entreprises juridiques liées aux multinationales.11 Cette sagacité politique a permis à Enron de ne pas payer d’impôts pendant presque une demie décennie (4 années sur 5 entre 1996 et 2000) alors qu’elle présentait des bénéfices faramineux (2 milliards de dollars de profits). Les entreprises sont censées payer 35% de leurs profits en impôts selon le code régissant la fiscalité aux Etats-Unis. Sur les cinq années, Enron a engendré un profit de 1,8 milliards de dollars et grâce à l’assistance sociale aux entreprises (corporate welfare), les impôts d’Enron ont été négatifs de 381 millions, ce qui revient à dire que l’entreprise n’a pas payé un centime malgré les profits colossaux réalisés. Un moyen très efficace d’escroquer le contribuable et de se remplir les poches avec, bien sûr, l’aide du gouvernement, et notamment des administrations Bush et Clinton. Les couches populaires ne doivent pas bénéficier de protection sociale car cela en ferait des assistés d’après la doctrine libérale. Apparemment, il en est tout autre en ce qui concerne les grosses entreprises. Selon l’idéologie dominante, le premier rôle de l’Etat est de s’occuper de la bonne santé du monde des affaires avant celle de ses citoyens. Et cela n’est pas spécifique à Enron. Si les 28 entreprises payaient 35% de leurs profits en impôts, les sommes prélevées au monde du business auraient atteint 308 milliards pour l’année 2002 aux Etats-Unis. Or, le montant récolté ne s’est élevé qu’à 136 milliards. De nombreuses autres entreprises ont échappé aux impôts grâce aux lois votées en faveur de l’évasion fiscale : En 1999, Microsoft n’a pas payé un centime d’impôts malgré des profits s’élevant à 12,3 milliards de dollars. De 1997 à 2001, General Motors a payé seulement 11,5% des impôts sur les bénéfices au lieu des 35% prévus par la législation fiscale, Ford seulement 5,7% en 2000 et 2001, World Com pas un centime lors de deux des trois dernières années précédant sa chute (1,6% sur trois ans), et IBM seulement 3,4% en 2000.12 La baisse actuelle des impôts pour les grandes sociétés n’est que la continuation d’un processus historique. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, les grosses entreprises et le public se partageaient à parts égales les charges fiscales. En 1953, en ce qui concerne l’impôt sur le revenu, les ménages payaient 59% des revenus fédéraux et les multinationales 41%. Selon les derniers chiffres du Extrait Statistique des Etats-Unis (The Statistical Abstract of the United States), les ménages contribuent à hauteur de 80% dans les revenus fédéraux alors que les multinationales ne participent qu’à hauteur de 20%. Loin de surprendre, ces chiffres ne font que refléter un truisme de l’histoire des EtatsUnis : la dévotion du gouvernement aux intérêts des grandes entreprises. De nombreux candidats présidentiels basent leur campagne sur la baisse des impôts, dénonçant le poids de la fiscalité sur les citoyens. Mais cela n’est qu’un mythe. D’une part parce que les Etasuniens font partie des personnes qui paient le moins d’impôts de toutes les démocraties industrialisées avec un taux de 29,7% du PIB contre 49,9% pour la Suède par exemple, et, d’autre part, les réformes des impôts profitent surtout au décile le plus riche de la population comme l’ont démontré les réformes de Ronald Reagan.13 Suite aux attentats du 11 septembre 2001, l’aide gouvernementale accordée pour relancer l’économie a, encore une fois, largement profité aux multinationales avec de nouvelles exemptions fiscales pour l’élite économique la plus aisée alors que le reste de la population a été oubliée. Les réductions d’impôts pour les grosses sociétés ont atteint la somme de 70 milliards de dollars desquels Enron a reçu 254 millions de dollars. La 29 sécurité sociale existe bien aux Etats-Unis mais elle ne concerne pas les chômeurs et les travailleurs précaires. Elle est seulement destinée à la oligarchie qui continue d’amasser les profits sous l’œ il bienveillant du gouvernement protecteur qui se charge de la protéger.14 Le représentant Bernie Sanders déclarait à propos des autorités gouvernementales étasuniennes : « Ils fournissent une protection sociale aux entreprises qui maltraitent les travailleurs aux Etats-Unis et qui font du mal aux communautés et à l’environnement à l’étranger comme le montre le cas de l’usine énergétique en Inde. C’est vraiment l’un [Enron] des exemples les plus affligeants de la promotion gouvernementale d’une sorte de mondialisation qui n’apporte rien de bon ».15 Deirdre Griswold de Indymedia déclarait à propos de la baisse des impôts que « le problème est que Bush et son équipe veulent une réduction fiscale pour les riches et non pas pour les travailleurs ordinaires ». Après la destruction de la sécurité sociale pour la population, l’éradication de l’influence des syndicats, et toute une série de mesures affaiblissant considérablement les droits des salariés, le monde des affaires a obtenu le privilège de ne pas payer d’impôts ou très peu. Ainsi, rien ne vient se mettre en travers de leur course vers le profit.16 Kenneth L. Lay a eu une influence considérable sur la mise en place de la politique énergétique des Etats-Unis. Le responsable de la Commission Régulatrice de l’Energie Fédérale (Federal Energy Regulatory Commission), Curtis Hebert Jr, qui s’est opposé aux directives d’Enron a été démis de ses fonctions sans autre forme de procès et remplacé par le texan Pat Wood plus enclin à suivre les instructions de l’entreprise texane. Sans doute avait-il commis l’erreur de se préoccuper de l’intérêt des citoyens étasuniens avant ceux du monde des affaires. Après avoir choisi qui présidera l’agence de contrôle censée surveiller les activités d’Enron, Kenneth L. Lay a même décidé de nommer Harvey Pitt, un ancien avocat de l’entreprise Arthur Andersen (qui falsifiera les comptes d’Enron et qui la conduira à sa chute) à la présidence de la Securities et 30 Exchange Commission. Paul Krugman du New York Times écrivait que l’influence d’Enron dans la politique énergétique des Etats-Unis dépassait tout entendement.17 Lors de l’ébauche du plan d’énergie en 2001, le Vice-président Dick Cheney s’est secrètement réuni à six reprises avec Kenneth Lay, pour étudier le dossier. Le résultat est tel qu’il est probable que le plan ait été rédigé par l’entreprise tellement les directives lui furent favorables. Les clauses du plan énergétique, alors qu’il concernait l’ensemble des citoyens étasuniens, correspondaient parfaitement aux intérêts d’Enron. La loi contenait 17 provisions qui allaient en faveur du conglomérat texan. Les intérêts du public passèrent encore une fois après ceux de l’entreprise. Un rapport, réalisé par le Républicain Henry Waxman de Los Angeles, sur les 17 concessions faites à Enron dans le plan énergétique concluait qu’« il était peu probable qu’une autre multinationale aux Etats-Unis profite autant du plan de la Maison Blanche que Enron ». Le plan donnait carte blanche à l’entreprise du Texas pour investir les secteurs énergétiques encore sous contrôle des Etats et des collectivités locales. Suite à la crise, Dick Cheney refusera de s’expliquer sur les différentes réunions indiquant qu’elles étaient d’ordre privé. La réalité semble plutôt être que les potentielles révélations sur ces meetings pourraient créer un immense cataclysme politique.18 Au Texas, Rick Perry, le successeur de George W. Bush au poste de gouverneur, avait nommé le responsable des opérations d’Enron au Mexique, directeur de l’institution chargée de la régulation énergétique de l’Etat, en violation de la loi fédérale texane pourtant assez laxiste en ce qui concerne les nominations à des postes publics. Mais il n’y avait juridiquement pas grand-chose à craindre car le président de la Cour Suprême du Texas ainsi que six de ses juges avaient reçu plus de 100 000 dollars de la part d’Enron depuis 1994, en faveur de leurs diverses campagnes électorales. C’est pour cela que sur les six procès intentés contre Enron au Texas, la justice a donné raison à l’entreprise à cinq reprises. Le gouverneur du Texas voulait également remercier Enron pour les 200 000 dollars reçus entre 1997 et juillet 2001. Enron a ainsi réussi à s’immiscer à tous les niveaux de la vie publique du pays, du simple juge fédéral jusqu’au président des Etats-Unis.19 31 Toujours au Texas, la femme du sénateur Phil Graam, Wendy Graam, qui en 1992 travaillait pour l’Etat à la Commodity Futures Trading Commission, a répondu à une demande d’Enron pour la rédaction des contrats énergétiques afin qu’il soient exempts de la surveillance étatique et de la législation sur les fraudes. Peu de temps après, elle a rejoint le conseil d’administration de l’entreprise. Le premier secrétaire au Trésor de Clinton, également originaire du Texas, a aussi largement bénéficié de la générosité financière d’Enron. En 1994, il fut remplacé par Robert Rubin dont la relation avec l’entreprise datait de l’époque où il était banquier.20 Les Républicains en général ont presque tous été sur la fiche des salaires d’Enron bien plus que les Démocrates, même si ceux-ci ne sont pas en reste. Deux exemples : Tom DeLay, Républicain du Texas a reçu plus de 50 000 dollars en contributions de campagne de la part d’Enron, s’étant distingué par son lobbying acharné en faveur de la dérégulation de l’énergie auprès du Congrès. Il s’est également farouchement opposé à la réforme sur le financement des campagnes. Du côté démocrate, Linda Robertson, qui a été un haut fonctionnaire du Trésor sous Clinton, rendait régulièrement visite aux quartiers généraux d’Enron – aux frais de l’entreprise – alors qu’elle occupait toujours sa position gouvernementale. A l’époque, Bill Clinton et le Congrès discutaient d’un projet de loi sur les contrats dérivés intéressant tout particulièrement l’entreprise texane. Elle est devenue par la suite responsable du bureau d’Enron à Washington. Il serait vraisemblablement difficile d’exagérer l’influence des grosses multinationales en général, et d’Enron en particulier dans la vie politique, économique et sociale des Etats-Unis.21 Ainsi, personne ne s’oppose à la volonté du conglomérat de Houston étant donné que dans l’éventail de choix offerts, c’est l’option la plus intéressante à tous les points de vue pour les hommes politiques (sauf en ce qui concerne l’éthique). Cependant, une rare exception à la règle vaut la peine d’être mentionnée. Graig Washington, membre de la Chambre des Représentants pour la zone de Houston, s’est opposé à l’ALENA et a voté contre sa mise en place. Ken Lay a tout de suite recruté la candidate démocrate Sheila Jackon Lee et lui a fourni 624 000 dollars pour sa campagne. La somme a fait la différence lors des élections suivantes, Sheila Jackson Lee a été élue et Graig Washington 32 a payé au prix fort son audace. Le PDG de Enron lui a fait comprendre, de cette manière, que l’on ne s’oppose pas aux intérêts du monde des affaires impunément.22 Richard Grossman, directeur du Programme sur les Multinationales, le Droit et la Démocratie (Program on Corporations, Law and Democracy), dont la mission est « d’ouvrir des actions et des conversations démocratiques qui contestent l’autorité des multinationales à gouverner » soulignait l’incroyable influence des multinationales : Dès que l’on accorde une chartre à une multinationale – les multinationales obtiennent leur chartre dans les Etats – dès leur propre conception, la forme multinationale est dotée de certains droits et privilèges. Elles peuvent influencer les élections, influencer le développement des idées, rédiger les lois, et influencer le débat public. Elles peuvent faire ce que Enron a fait – transformer la pensée au niveau fédéral en ce qui concerne l’énergie et museler le public au niveau local et étatique.23 En dix années, Enron a consacré près de 10 millions de dollars pour acheter des hommes politiques qui, eux, se sont généreusement chargés des intérêts du conglomérat texan. Kenneth Lay contribua à lui seul à hauteur de 882 580 dollars dont 793 110 dollars en faveur des Républicains. Il y 25 ans, Richard Barnett et Ronald Muller avertissaient dans leur livre Global Reach que « les hommes à la tête des multinationales sont les premiers dans l’histoire à disposer de l’organisation, la technologie et l’idéologie à pouvoir transformer le monde en une unité intégrée ». La démocratie étasunienne et le droit à la liberté d’expression sont en grande partie déterminés par le montant inscrit sur le chèque qui, lui, permet d’ouvrir toutes les portes vers la prospérité et la poursuite du bonheur. Après tout, comme l’a souligné le Sénateur Mitch, « l’argent, c’est la liberté d’expression ».24 33 Notes 1 Tom Frank, « Déréglementation et trafics d’influence. Enron aux mille et une escroqueries », Le Monde Diplomatique, février 2002 : 24 ; Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocraty », New Unionist, 18 février 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Robert Sheer, « Connect the Enron Dots to Bush », Los Angeles Times, 11 décembre 2001, 2. www.zmag.org/sheerenron.htm (site consulté le 13 novembre 2002); Ruth Conniff, « Interview With Richard Grossman. Enron and the Economy », The Progressive, 5 mars 2002, 3. www.zmag.org/content/Economy/grossman_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Serge Halimi, « Un Scandale presque légal. Enron, symbole d’un système », Le Monde Diplomatique, 8 mars 2002. www.monde-diplomatique.fr (site consulté le 13 novembre 2002). 2 Will Hutton, « Greed is the Creed », The Observer, 13 janvier www.zmag.org/content/Economy/hutton0115.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 2002, 1. 3 Noam Chomsky, Profit Over People. Neoliberalism and Global Order (New York, Toronto, Londres : Seven Stories Press, 1999), p. 11 ; Business Week, « … And Campaign-Finance Shenanigans », 28 janvier 2002, éditorial. 4 Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocraty », New Unionist, 18 février 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 5 Mark Thomas, « Enron », New Statesman, 29 avril www.zmag.org/content/Economy/thomasenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 2002, 1. 6 Frédéric Hastings & Jean-Philippe Lacour, « Le Congrès cherche à élucider l’affaire Enron », La Tribune, 25 janvier 2002 ; Thierry Arnaud, « Enron sous le feu croisé des créanciers et du Congrès », La Tribune, 14 décembre 2001 ; Tom Turnipseed, « Sheriff Bush Wages War Against Evil to Cover Corporate Corruption of Government », Z Magazine, 6 février 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/sheriff_bush.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 7 Financial Times, « City Briefing : Bush Details Enron Contacts », 24 mai 2002 ; Financial Times, « White House Had More Contact With Enron Than First Thought – Senator », 24 mai 2002 ; Business Week, « Eight Questions for Bush about Enron », 14 janvier 2002 ; Business Week, « Time for Bush to Tell All about Enron », 28 janvier 2002 ; Business Week, « Why Bush Can’t Help Enron », 3 décembre 2001 ; Business Week, « The Fallout for Bush and Congress », 28 janvier 2002 ; Center for Responsive Politics, « Enron : Other Money in Politics Stats », 24 janvier 2002, 1. www.opensecrets.org/news/enron/enron_other.asp (site consulté le 28 janvier 2003) ; Robert Sheer, « La conexión Enron-Bush », Los Angeles Times, 11 décembre 2001, 2. www.zmag.org/Spanish/0402sheer.htm (site consulté le 13 novembre 2002° ; Michael Moore, « George W. in the Garden of Gethsemane », Z Magazine, 30 janvier 2002, 1. www.zmag.org/content/economy/moore_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; The Progressive, « A Cynical Energy Plan », Third World Traveler, juin 2001. www.thirdworldtraveler.com/energy/Cynical_Energy_Plan.html (site consulté le 19 novembre 2002) ; Lloyd Hart, « Greg Palast on Globalization », Z Magazine, 8 mars 2002, 7. www.zmag.org/content/GlobalEconomics/hart_palast_globalization.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Larry Everest & Leonard Innes, « The Rise and the Fall of Enron. 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Voir également : International Herald Tribune, « Americas Business Brief », 7 janvier 2002. 10 Greg Guma, « Oil and Empire : The Battle for El Dorado », Third World Traveler, pas de date, 8. www.thirdworldtraveler.com/Oil_watch/Oil_Empire_LGM.html (site consulté le 15 novembre 2002). 11 Larry Chin, « Enron : Ultimate Agent of the American Empire », Online Journal, 20 février 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/ChinEnron1.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la fortune des membres de l’administration voir : Juan Gelman, « Lástimas », Página 12, 8 février 2002, 1. www.rebelion.org/internacional/gelman080202.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 12 Pour ce qui concerne les évasions fiscales voir : Robert S. McIntyre, « Your Federal Tax Dollars at Work », The American Prospect Magazine, 20 mai 2002, 1-2. www.thirdworldtraveler.com/Corporate_Welfare/Tax_Dollars_At_Work.html (site consulté le 19 novembre 2002) ; John Balzar, « Enron : A Scandal So Good That It hurts », Los Angeles Times, 23 janvier 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/times0122.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Les Echos, « Enron a échappé aux impôts durant des années », 14 février 2002 ; David Cay Johnson, « Tax Moves By enron Said to Mystify the I.R.S. », New York Times, 13 février 2003 ; David Cay Johnson, « U.S. Tax Report Is ‘Eye-popping’», International Herald Tribune, 14 février 2003. 13 Ben Bagdikian, « The 50-Year Swindle », The Progressive, avril 2002, www.thirdworldtraveler.com/Bagdikian/50_Year_Swindle.html (site consulté le 15 février 2002). 1, 3. 14 Tom Turnipseed, « Paying Back Big Energy Evil-Doers », Z Magazine, 7 novembre 2001, 1. www.zmag.org/turnippayback.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Edmund L. Andrews, « Bush Tax Cut Gets Backing of Nominee », New York Times, 29 janvier 2003 ; New York Times, « Enron Unit Indicted Over Tax Appraisals », 7 décembre 2002. 15 John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002) 2002, 6. 16 Deirdre Griswold, « As Economic Storm Gathers : CEO’s & Bush Meet in Secret », Independent Media Center, 16 janvier 2001, 2. www.indymedia.org/print.php3?article_id=18510 (site consulté le 19 novembre 2002). 17 Paul Krugman, « Crony Capitalism, U.S.A. », New York Times, www.zmag.org/content/Economy/krugman0115.cfm ; Michael Moore, op.cit., 1. 15 janvier 2002, 1. 18 Brian Knowlton, « Cheney Bars Giving Congress Data That Might Cite Enron », International Herald Tribune, 28 janvier 2002 ; Thierry Arnaud, « La Maison Blanche prête à l’affrontement sur l’affaire Enron », La Tribune, 1 février 2002 ; La Tribune, « La Maison Blanche se retrouve face à la justice dans l’affaire Enron », 25 février 2002 ; Ritt Goldstein, « Si scrive ‘oil’, ma si legge ‘sicurezza nazionale’», Il Manifesto, 13 novembre 2002 : 18 ; Saul Landau, « The Enron Sysrem Works Well, For Some People », Z Magazine, 13 mars 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/landau-enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Jim Hightower, « Enron Shorts », Z Magazine, 5 février 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/hightower_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour le rapport voir : Robert Sheer, « Enron Got its Money’s Worth Look no Further Than the National Energy Plan », Los Angeles Times, 25 janvier 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/sheer0125.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 19 Andrew Gumbel, « Scandal America. The Scandal That has Left the Credibility of American Politics in Shreds », The Independent, 25 janvier 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/Gumbel0125.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la somme reçue par Rick Perry, voir : Saul Landau, « Il sistema Enron funziona bene, per alcuni », Z Magazine, 13 mars 2002, 1. www.zmag.org/Italy/landau-enron.htm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour les procès intentés contre Enron, voir : Jim Hightower, op. cit., 1. 35 20 Greg Guma, « Enron, We Hardly Knew Ye », Toward Freedom, 13 janvier 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/gumaenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Robert Sheer, « Enron Flew Under the Radar », 12 février 2002. Los Angeles Times, www.zmag.org/content/Economy/sheer_enron_police.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 21 Thierry Arnaud, « Le Congrès veut réformer le financement électoral », La Tribune, 15 février 2002 ; Darren Puscas, « A Guide to the Enron Collapse : A Few Points for a Clearer Understanding », Polaris Institute, 4 février 2002, 3. www.polarisinstitute.org (site consulté le 13 novembre 2002). 22 John Nichols, op.cit., 6. 23 Ruth Conniff, « Interview With Richard Grossman. Enron and the Economy », The Progressive, 5 mars 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grossman_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 24 William Pfaff, « The American Problem Is Domination of Politics by Money », International Herald Tribune, 24 janvier 2002 ; Center for Responsive Politics, « Top Enron Individual Donors, 1989-2001 », 24 janvier 2002. www.opensecrets.org/news/enron/enron_indiv.asp (site consulté le 28 janvier 2003) ; Serge Halimi, « Un Scandale presque légal. Enron, symbole d’un système », Le Monde Diplomatique, 8 mars 2002. www.monde-diplomatique.fr (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la citation du sénateur Mitch voir Ariana Huffington, « Enron : Cooking the Books and Buying Protection », Third World Traveler, pas de date, 1. www.thirdworldtraveler.com/Political_Corruption/Enron_BuyingProtection.html (site consulté le 15 novembre 2002) ; John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars 2002, 1. www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002). 36 III. AU NOM DU PROFIT En plus du gouvernement, l’appareil de sécurité nationale est également lié aux multinationales. Ainsi, le PDG de Enron, Kenneth Lay, était un fonctionnaire du Pentagone durant la guerre du Vietnam. Frank Wisner Jr., membre du comité de direction d’Enron depuis le 27 octobre 1997, est très lié à la CIA étant lui-même le fils de l’ancien député-directeur de l’agence Frank Wisner Sr., impliqué dans le renversement de Mossadegh en Iran en 1953 et de Arbenz au Guatemala en 1954. Il fait également partie du conglomérat d’assurance Groupe International Américain (American International Group), dont les liens avec la CIA sont notoires. Il a également été respectivement soussecrétaire de la Défense, sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires de Sécurité Internationale et ambassadeur sous Clinton. Enron, au même titre que de nombreuses autres multinationales telles que la United Fruit, s’est servi des services secrets étasuniens pour promouvoir sa propre politique, contrôler les ressources énergétiques mondiales, obtenir des informations sur différentes régions du monde, maintenir sa position dominante sur le marché et éliminer toute opposition à son hégémonie comme dans le cas de l’Inde abordé ci-dessous.1 La dérégulation effectuée en Californie dans le domaine électrique censée réduire les coûts, rendre les entreprises plus compétitives et bien sûr, améliorer la rentabilité, a donné lieu à l’une des plus vastes escroqueries jamais effectuée sur le dos du contribuable californien. Clinton avait bien fixé un seuil de prix à ne pas dépasser pour l’électricité de la Californie mais dès que George W. Bush a pris ses fonctions, il a supprimé cette directive. Le président Bush, sur conseil de Lay, a empêché la Commission Fédérale de Régulation d’Energie de venir en aide à la Californie, quand celle-ci commençait à rencontrer quelques difficultés, à la grande joie du conglomérat texan. Enron en est ressorti avec des profits ahurissants réalisés aux dépens de la population californienne. La pénurie d’électricité en Californie a été complètement fabriquée par les producteurs privés d’énergie tels que Enron. Après avoir délibérément omis de ravitailler l’Etat de la côte ouest, le jeu de l’offre et de la demande a rempli son rôle et le prix de l’électricité a explosé, permettant ainsi à Enron de faire de juteuses affaires. Les ventes sont passées de 37 12 milliards de dollars au premier trimestre 2000 à 48,4 milliards de dollars au premier trimestre 2001 soit un chiffre multiplié par quatre en un an. Ces chiffres délibérément gonflés ont été impunément extorqués aux citoyens californiens.2 Le rôle d’Enron en Inde est l’un des rares à avoir été sujet d’un rapport complet de l’organisation internationale des droits de l’homme Human Rights Watch qui, d’habitude, ne s’immisce jamais dans le débat de savoir si les directives du FMI sont adaptées aux besoins des populations locales. Rendu public le 23 janvier 2002, le rapport soulignait que « dans un monde interconnecté où de très grosses entreprises transnationales influentes se font concurrence pour les ressources limitées et les nouveaux marchés, les droits de l’homme et le commerce sont de plus en plus entrelacés ». Le rapport ajoutait : De nombreuses entreprises d’énergie ont investi dans des pays fermés et répressifs – soutenant que leur investissement contribuerait à développer l’économie locale et ainsi améliorerait la situation des droits de l’homme. Mais dans ce cas, Enron a investi dans un pays démocratique – et les violations des droits de l’homme se sont accrues. Enron n’a pas amélioré la situation des droits de l’homme, elle a rendu les choses plus difficiles.3 L’investissement de la Dabhol Power Corporation représente le plus important investissement de l’histoire de l’Inde. En 1992, le gouvernement indien, forcé d’accepter les mesures des institutions financières internationales, fut contraint de libéraliser son économie et de privatiser notamment son secteur énergétique. La même année, le gouvernement de l’Etat de Maharashtra annonçait que Enron allait construire la plus importante usine énergétique du monde sur son territoire, de 2000 mégawatts pour un prix de 30 milliards de dollars. La Dabhol Power Corporation, une joint venture composée de trois multinationales étasuniennes : Enron, General Electric et Bechtel, était la propriété à 80% du conglomérat texan jusqu’en novembre 1998 où l’Etat de Maharashtra a racheté 30% de l’entreprise, laissant ainsi 50% à Enron.4 L’accord a été adopté de façon accélérée malgré les sérieuses réservations émises par d’éminents économistes indiens et internationaux qui l’ont qualifié comme étant la fraude la plus massive de l’histoire du pays. En effet, l’électricité produite par Enron etait deux fois plus chère que celle produite par son concurrent le plus proche et sept fois plus 38 élevé que le prix de l’électricité le moins cher de l’Etat de Maharashtra. Le manque de transparence du contrat a vivement été condamné par la presse nationale, les partis d’opposition, les syndicats et une grande partie de l’élite universitaire ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales. Son coût faramineux pour les finances du pays et son impact néfaste sur l’environnement ont même amené la coalition gouvernementale élue en 1995 à suspendre momentanément le projet qu’elle a dénoncé comme étant un pillage des ressources du pays au moyen de la libéralisation économique. La Banque Mondiale, elle-même, a déclarée le projet comme étant « économiquement non viable ». Les soupçons de corruption se sont avérés justifiés alors que Enron tentait d’expliquer les pots-de-vin par sa volonté « d’éduquer » les autorités locales à hauteur de 20 millions de dollars. De plus, la vie des habitants locaux a été fortement affectée avec des expropriations abusives, la dévastation d’importants sites naturels, la pollution de l’eau, la destruction de l’économie poissonneuse, et le monopole énergétique d’Enron dans la région qui a conduit à une sévère augmentation des prix de l’électricité, entraînant ainsi de désastreuses privations pour les fragiles populations locales.5 Les nombreux opposants au projet ont été victimes d’une sévère répression de la part de la police locale et de groupes de sécurité engagés par Enron afin de museler le mécontentement populaire. Des détentions arbitraires se sont succédées et des cas de tortures sur les leaders syndicaux et des militants écologiques ont même été reportés. Des arrestations massives ont été perpétrés dans les villages entourant le site et largement affectés par l’implantation du projet énergétique. En mars 1998, plus de 3 000 arrestations injustes avaient été recensées. Le droit à la liberté d’expression a été supprimé et les assemblées citoyennes ont été interdites. Enron a également contacté financièrement les responsables des forces de police locaux pour la protection de ses intérêts et d’innombrables abus ont été commis avec notamment des arrestations en pleine nuit des dirigeants des groupes d’opposition. Amnesty International a également condamné les agissements de Enron.6 L’entreprise texane a largement bénéficié de son implantation en Inde en faisant un incroyable profit de 32% de retour sur investissement atteignant une somme allant de 39 12 à 14 milliards de dollars. L’importance des bénéfices réalisés suggère qu’un coût économique et social important a été payé par les populations locales et le gouvernement.7 En République Dominicaine, la privatisation de l’électricité imposée par les institutions financières internationales a lourdement affecté la population locale. Enron, après avoir pris possession du marché de l’électricité dans l’île, a fortement augmenté les prix qui sont soudainement devenus inaccessibles pour les modestes revenus de la majorité des Dominicains. Etant donné l’insolvabilité de ses clients, Enron a tout bonnement interrompu les services électriques pour tous ceux qui se trouvaient dans l’impossibilité de payer. Cette privatisation dévastatrice pour les populations locales a été prescrite par le FMI – sous la menace de cesser tous les prêts au pays – afin « d’améliorer le niveau de vie des habitants ».8 En Argentine, les réformes néolibérales qui ont conduit le pays au cataclysme en décembre 2001 ont permis à Enron de réaliser de lucratives affaires. Le réseau des eaux de la capitale Buenos Aires a été bradé à l’entreprise de Houston. Les mêmes mesures se sont répétées avec la hausse du prix de l’eau qui s’est corrélé avec l’augmentation des privations des Argentins confrontés à des tarifs insoutenables pour leurs revenus. Le résultat pour Enron a été la réalisation d’intéressants gains. Par contre, le peuple argentin s’est un peu plus enfoncé dans sa misère dans laquelle il se morfondait déjà depuis les années 80, période où a débuté, sous la dictature militaire, la liquidation de l’économie nationale en faveur du capital étranger. Un important gazoduc allant de l’Argentine au Chili a également été vendu à Azurex, une filiale de Enron grâce à l’intervention personnelle de l’actuel président des Etats-Unis auprès des autorités politiques argentines. Quand l’on sait que le gaz représente 48% de l’utilisation d’énergie des Argentins, les conséquences sont aisément imaginables.9 En Bolivie, l’extension d’un gazoduc a été confiée à Enron dans des conditions douteuses que le gouvernement local est en train d’étudier. Le tracé du pipeline traverse des régions écologiquement sensibles ainsi que des territoires indigènes protégés. En 40 janvier 2000, un désastre écologique s’est produit avec la fuite d’un pipeline de pétrole et des milliers de barils se sont déversés dans le fleuve Desaguadero avec des conséquences catastrophiques pour la faune et la flore de la région. Cet incident a entraîné de nombreux troubles au sein de la population bolivienne. Selon le journaliste bolivien, Gabriel Tabera, « le contrat signé avec Enron constitue le meilleur modèle montrant comment une transnationale peut piller impunément un pays pauvre ». En effet, le prix du carburant est quatre fois plus cher depuis sa privatisation et le chômage a augmenté dans tous les secteurs investis par le capital étranger.10 Au Mozambique, le président Bill Clinton est intervenu personnellement en 1995 dans la négociation de la construction d’un pipeline vers l’Afrique du Sud. Selon le ministre des ressources naturelles, John Kachamila, l’administration démocrate a explicitement menacé de représailles le pays si celui-ci n’acceptait pas de signer le contrat proposé par Enron. Les autorités du Mozambique durent acquiescer et signer alors que d’autres entreprises proposaient des contrats plus intéressants pour le pays. Kachamila déclarait que les diplomates étasuniens l’avaient « forcé à signer un accord qui n’était pas bon pour le Mozambique » ajoutant à propos de Mike McKinley, l’ambassadeur des Etats-Unis au Mozambique, qu’il « n’était pas un diplomate neutre. C’était comme s’il travaillait pour Enron ».11 En Croatie, Enron a signé un contrat obligeant le pays à lui acheter de l’électricité à un prix étant le plus élevé d’Europe et à une quantité prédéterminée pour les vingt prochaines années, quelles que soient les nécessités futures du pays. Le contrat fut signé sous l’ère Clinton par le gouvernement de Tuðman et Enron avait promis à la Croatie l’entrée à l’Organisation Mondiale du Commerce. Le nouveau gouvernement a essayé de rompre le contrat sans succès et les Croates sont donc obligés d’acheter de l’électricité à Enron à un prix qui est 90% plus cher que celui du marché européen et ce pour les deux prochaines décennies. En août 2001, Enron a annoncé une augmentation des tarifs de 25% qui a été mise en vigueur en octobre. Avec un tel poids attachés aux pieds, les Croates ne sont malheureusement pas prêts d’accéder au chemin du développement.12 41 Pour échapper aux impôts engendrés par ces prodigieux profits réalisés aux dépens des personnes, de l’environnement et du développement durable, Enron a tissé un réseau allant 2 800 à 3 500 filiales, dont 881 se trouvaient dans des paradis fiscaux aux Bahamas et dans le Iles Cayman. Ces paradis fiscaux servaient à occulter les pertes et les dettes, favorisaient une substantielle évasion fiscale et boostaient ainsi les profits. Ce stratagème permettait à Enron d’améliorer son standing international ce qui lui facilitait l’obtention de crédits et d’accroître son expansion mondiale. Mais cela n’allait pas durer.13 42 Notes 1 Larry Everest & Leonard Innes, « The Rise and the Fall of Enron. Global Capitalism as Usual », Z Magazine, mars 2002, 1-3. www.zmag.org/ZMag/articles/march02everest-innes.htm (site consulté le 13 novembre 2002) 2 Richard A. Oppel Jr, « California Says Files Reveal Effort to Limit Energy Output », New York Times, 4 mars 2003 ; Richard A. Oppel Jr, « Panel Finds Manipulation by Energy Companies », New York Times, 27 mars 2003 ; Neela Banerjee, « The Markerts : Market Place ; Many Questions Remain About Energy Trading Practices, Despite the Lessons of Enron’s Collapse », New York Times, 6 février 2003 ; Richard A. Oppel & John M. Broder, « Judge Rejects California Electricity Refund », New York Times, 13 décembre 2002 ; Jean-Baptiste Su, « Enron avait organisé la pénurie d’énergie en Californie », La Tribune, 24 mai 2002 ; La Tribune, « Enron aurait caché des profits pendant la crise californienne », 24 juin 2002 ; Les Echos, « Enron soupçonné d’avoir manipulé les matières premières », 13 mars 2002 ; Les Echos, « Energie : Enron aurait caché 1,5 milliard de dollars de profits pendant la crise de l’énergie, 24 juin 2002 ; Business Week, « The Lesson of Enron : Regulation Isn’t a Dirty Word », 24 décembre 2001 ; Elisabeth R. Smith, « Energy Trade Enron Shines in Shortages », International Herald Tribune, 31 mars 2001 ; Financial Times, « Review & Outlook : Those Hideous, Awful Enron Memos », 15 mai 2002 ; Lloyd Hart, « Greg Palast on Globalization », Z Magazine, 8 mars 2002, 6-7. www.zmag.org/content/GlobalEconomics/hart_palast_globalization.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; The Progressive, « A Cynical Energy Plan », Third World Traveler, juin 2001, 2. www.thirdworldtraveler.com/energy/Cynical_Energy_Plan.html (site consulté le 19 novembre 2002). Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocracy », New Unionist, 18 février 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 3 Human Rights Watch, « The Enron Corporation », 23 janvier 2002, 1. www.hrw.org/report/1999/enron/ (site consulté le 13 novembre 2002). 4 Vijay Prashad, « The Parochial Coverage of Enron », Z Magazine, 14 février 2002, 2. www.zmag.org/Sustainers/content/2002-02/14prashad.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 5 John Elliot, « Indian State Asks Enron to Revise Power Deal », International Herald Tribune, 12 décembre 2002 ; Greg Guma, « Enron, We Hardly Knew Ye », Toward Freedom, 13 janvier 2002, 3. www.zmag.org/content/Economy/gumaenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Arundhati Roy, « Shall We Leave It to the Experts ? », The Nation, 12 février 2002, 3. www.zmag.org/content/Economy/roy_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la citation de la Banque Mondiale voir John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars 2002, 5. www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002). 6 Arundhati Roy, « The Reincarnation of Rumpelstiltskin », Outlook, pas de date, 8-12. www.zmag.org/roy.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Arvind Ganesan, « Corporation Crackdowns : Business Backs Brutality », Dollars and Sense, mai/juin 1999, 1. www.thirdworldtraveler.com/Transnational_corps/Corporate_crackdown.html (site consulté le 15 novembre 2002). Voir aussi, Eduardo Tamayo, « Y las transnacionales ¿quién las controla ? », AlaiAmlatina, 12 août 2002. www.rebelion.org/economia/tamayo120802.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 7 Norman Solomon, « American Journalism : A Class Act », Z Magazine, 28 février 2002, 2. www.zmag.org/Sustainers/content/2002-02/28solomon.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Vijay Prashad, op.cit., 2 ; Business Week, « A Power Play India Can’t Afford to Lose », 31 janvier 2001 ; Saritha Rai, « Enron Plant in Dabhol Mired in Arbitration », International Herald Tribune, 24 avril 2003. 8 Robert Weissman, « Las Enron del mundo en desarrollo », Washington Post, 25 septembre 2002, 2. www.rebelion.org/economia/enron280902.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 43 9 Anne-Sylvaine Chassany, « Les résultats de JP Morgan Chase torpillés par Enron et l’Argentine », Les Echos, « JP Morgan Chase a souffert du dossier Enron et de la débâcle en Argentine », 17 janvier 2002 ; La Tribune, 17 janvier 2002 ; Andy Pollack, « Enron’s Operations In Argentina », Z Magazine, 7 février 2002. www.zmag.org/content/GlobalEconomics/enron_argentina.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Alex Jones & Greg Palast, « Los disturbios del FMI », Pimienta Negra, 23 mars 2002, 2. www.rebelion.org/internacional/palast230302.htm (site consulté le 19 novembre 2002) ; Tom Turnipseed, « Paying Back Big Energy Evil-Doers », Z Magazine, 7 novembre 2001, 1. www.zmag.org/turnippayback.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Fernando López D’Alesandro, « Una historia de incapaces y ladrones » Rebelión, 8 septembre 2002, 1. www.rebelion.org/argentina/dalesandro080902.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 10 Nadia Martinez & Mark Engler, « Exporting Enron », Z Magazine, 18 juin 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy:engler_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Gabriel Tabera, « Las Transnacionales saquean Bolivia », Econoticias Bolivia, 18 septembre 2002, 1. www.rebelion.org/economia/bolivia180902.htm (site consulté le 19 novembre 2002). La Vinchuca, « Bolivia : Otro derrame de petroleo de transredes (Enron y Shell) », Rebelión, 22 août 2000. www.rebelion.org/ecologia/derrame220800.hm (site consulté le 19 novembre 2002). 11 Greg Guma, op. cit., 2. 12 Drazen Simlesa, « Croatia. Small Country. Great Plunder », Z Magazine, 8 juillet 2002, 2. www.zmag.org/content/GlobalEconomics/simlesa_croatia.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). 13 David Barboza, « Despine Denial, Enron Papers Show Big Profit on Price Bets », New York Times, 12 décembre 2002 ; Robert Sheer, « Enron Got its Money’s Worth Look no Further Than the National Energy Plan », Los Angeles Times, 25 janvier 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/sheer0125.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; David Moberg, « Business as Usual in the Disinformation Economy », In These Times, 4 mars 2002, 1. www.thirworldtraveler.com/Corporations/BusinessAsUsual.html (site consulté le 15 novembre 2002). 44 IV. LE SCANDALE ENRON ET LES LIMITES DE LA PENSEE UNIQUE Considérée par le secrétaire au Trésor, Paul O’Neill comme étant « le génie du capitalisme », faisant partie de la liste des « meilleures entreprises mondiales » selon le magazine Global Finance, qualifiée d’« entreprise la plus innovatrice de l’année par la revue Fortune, symbole par excellence de la nouvelle économie tant glorifiée, étoile de la nouvelle économie de l’information, Enron a cependant constitué l’une des plus grosses faillites de l’histoire économique des Etats-Unis. Enron, qui a suivi à la lettre les directives du FMI, s’est spectaculairement effondrée le 2 décembre 2001, montrant les limites du libéralisme à outrance et les périls de la dérégulation sans frontières. Le scandale aurait été d’autant plus important auprès de la conscience populaire si la « guerre contre le terrorisme » n’avait pas été au centre de tous les débats. La confiance des idéologues du marché a lourdement été ébranlée par ce choc sans précédents et les autres scandales tels que Andersen, Merrill Lynch, Global Crossing Qwest Communications International, Adelphia Communications, Dynegy, Tyco, Imclone, Worldcom et Xerox, n’allaient pas arranger la situation.1 Robert Weissman du Washington Post déclarait : Wall Street le comprend. Le Congrès aussi. Même le président Bush a saisi. Mais pas le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. L’ère du fondamentalisme du marché est révolue. La marchandisation, la dérégulation et la privatisation, et les opportunités pour la manipulation du marché qui permet une régulation inadéquate – tous ces éléments centraux dans la grandeur et la décadence d’Enron – ont été discréditées aux Etats-Unis. Et dans les pays en voie de développement, où leurs effet sont été extrêmement dévastateurs, sont l’objet de l’opprobre publique généralisée.2 Le coup de tonnerre eut lieu au début du mois de décembre 2001 avec la chute du fleuron et du symbole du capitalisme victorieux. La valeur marchande de Enron est passée de 80 milliards de dollars à seulement 220 millions et son action en bourse a chuté d’une valeur initiale de 90 dollars à moins de 68 cents à la fin du mois de février 2002 pour atteindre 26 cents. En un an, sa valeur boursière a été divisée par 350. La passion pour les marchés libres et dérégulés a pris un sérieux coup démentant ainsi tous les propos, à la limite de la vénération, des journalistes financiers qui s’extasiaient devant le 45 modèle Enron. La crise couvait depuis un bon moment : en 2000, Robert Rubin, l’ancien ministre des finances de Clinton devenu patron de la banque Citigroup intervint personnellement afin que les agences de notation ne stigmatisent pas la multinationale texane.3 La spéculation boursière est à l’origine de l’effondrement de l’économie réelle et de la chute de Enron. En 1971, 90% de toutes les transactions financières étaient liées à l’économie réelle alors que seulement 10% étaient destinées à la spéculation. En 1990, les chiffres se sont inversés avec plus de 90% des transactions financières étant devenues purement spéculatives. En 1995, la spéculation a atteint 95% des transactions financières. Le 5 décembre 1996, même Alan Greenspan s’inquiétait de l’« exubérance irrationnelle des marchés ». La règle qui veut que le prix d’une action soit déterminé par les profits a entraîné une fraude massive. Le trucage des comptes de l’entreprise effectué par la société de consultants Arthur Andersen (qui coulera à son tour), à la fois l’entreprise de certification des comptes et conseiller de Enron –qui a prodigieusement exagéré les profits de Enron occultant ses dettes – servait à augmenter la valeur boursière de l’action du conglomérat de Houston au profit, entre autres, du conseil d’administration qui possédait un conséquent portefeuille boursier. Cependant, cette pratique est loin d’être spécifique à Enron car toutes les multinationales cherchent à maximiser leur profit en réduisant les coûts, en embellissant leur bilan annuel pour ainsi augmenter leur cotation en bourse – ce qui permet d’attirer les investisseurs et le capital – augmantant la puissance de l’entreprise, et par conséquents ses profits. Les valeurs boursières atteignent de cette manière des sommets aberrants, sans commune mesure avec l’économie réelle jusqu’à l’explosion de la bulle financière. Rappelons que la valeur actuelle de l’indice du Dow Jones est fortement enflée et n’a aucune relation avec les bénéfices réels des entreprises qui le composent.4 Selon le Financial Post, les profits des entreprises étasuniennes ont été exagérés de 130 milliards de dollars soit de 27%. Le journal s’est basé sur une étude réalisée par Centre for Economic and Business Research Ltd. Selon ce rapport, le Dow Jones devrait se situer aux alentours de 6 500 points et non pas à 10 000 comme il se trouve 46 actuellement. D’après un rapport de Business Week, les investisseurs ont perdu 200 milliards de dollars comme conséquence directe de l’échec de 783 audits sur des entreprises qui ont exagéré leurs profits, et ces incidents ont doublé entre 1997 et 2000.5 Les marchés financiers fonctionnent sur des périodes très courtes et les entreprises sont obligées de suivre la cadence. Pour augmenter la valeur de l’action, les entreprises licencient, et diminuent le coût de la main-d’œ uvre. Elles réduisent également les investissements, les budgets de recherche et délocalisent très souvent leur production entière ou une partie de celle-ci à l’étranger. Enron avait effectué toutes ces circonvolutions et il ne lui restait plus qu’à trafiquer ses comptes pour gonfler artificiellement ses profits et ainsi sa valeur boursière. Mais tout cela s’effondra au mois décembre 2001 blessant à mort le Nouveau Paradigme Economique qui consistait à laisser le marché fonctionner selon le bon vouloir de sa main invisible qui du coup est devenu aveuglante.6 « La falsification et la fraude détruisent le capitalisme et la liberté de marché, et, plus largement, les fondements de notre société » déclarait devant le Sénat, le président de la banque centrale étasunienne, Alan Greenspan, ajoutant que la lutte contre la « criminalité d’entreprise » devait être une « priorité essentielle ». Il oubliait sans doute que, déjà en 1985, il avait cautionné par deux lettres la solvabilité, au prix de 20 000 dollars chacune, l’entreprise Lincoln Savings & Loans de Charles Keating assurant qu’elle « ne posait pas de risque de perte aux fonds de garantie des caisses d’épargne dans l’avenir prévisible ». La caisse d’épargne s’est effondrée quelques semaines plus tard laissant derrière elle un déficit de 3 milliards de dollars.7 Arthur Levitt, directeur de l’agence fiscale fédérale Securities & Exchange Commission, avait commencé à prendre des mesures destinées à empêcher les entreprises de comptabilité (Certified Public Accountants) d’être en même temps consultantes auprès des sociétés dont elles étudiaient les comptes, afin de réduire le risque de fraude. Mais la machine de l’association représentant les intérêts des sociétés de comptabilité, la American Institute of Certified Public Accountants, s’est tout de suite mise en marche 47 auprès du Congrès pour faire obstacle au projet. Peu de temps après, Arthur Levitt reçut du courrier de la part de 46 membres du Congrès le menaçant de réduire le budget de son agence s’il persistait dans la voie qu’il avait entreprise. Arthur Levitt n’eut d’autres solutions que de céder. Parmi les congressistes étaient présents les Républicains Billy Tauzin et Dick Armey qui dirigent l’enquête sur Enron ainsi que les Démocrates Charles Schumer et Robert Torricelli, précisément les personnes qui avaient reçu les plus importantes contributions de la part de Enron.8 Depuis 1989, la société Arthur Andersen avait contribué à hauteur de 5 millions de dollars aux différentes campagnes électorales. Plus de la moitié des membres de la Chambre des représentants avait touché de l’argent de la part de Andersen ainsi que 94 des 100 sénateurs. Si les Démocrates n’ont pas été oubliés, les Républicains, cependant, ont été les premiers récipiendaires. Andersen a été le cinquième plus gros donateur à la campagne présidentielle de George W. Bush avec près de 146 000 dollars. Ces contributions lui ont permis de pouvoir continuer tranquillement son chemin, falsifiant les comptes de plusieurs entreprises, escroquant ainsi des milliers d’actionnaires et de salariés.9 Tous les administrateurs du groupe Enron étaient impliqués dans la fraude aussi bien les dirigeants que les auditeurs du groupe et le conseil. Enron avait ainsi exagéré ses profits en moyenne de plus de 600 millions de dollars durant les dernières années précédant sa chute et plus d’un milliard pour la dernière année. Entre 1999 et 2000, les profits totaux de Enron augmentèrent de 151,3% selon les rapports d’audit. Au premier trimestre 2001, Enron a reporté une hausse de 281% de ses revenus et un accroissement de 20% de ses rentes nettes. Lorsque le pot aux roses fut découvert, Enron et Andersen s’empressèrent de se débarrasser des milliers de documents liés aux comptes du conglomérat texan en violation avec les directives du Congrès.10 Les 20 000 employés et anciens employés de l’entreprise texane ont tout perdu. Les 4 000 personnes travaillant à Houston furent non seulement licenciées avec simplement 4 500 dollars de dédommagements, mais en plus elles perdirent toute leur 48 épargne de retraite qu’elles avaient placée en bourse en achetant des actions. Comme 80 millions d’Etasuniens, elles étaient titulaires d’un portefeuille boursier destiné à la constitution d’une retraite. Lorsque le scandale éclata et que le court de l’action chuta vertigineusement, ils ne purent même pas vendre leurs actions dès le début de la crise dans l’espoir de récupérer une partie de leurs investissements car le règlement interne le leur interdisait. Cependant, la direction de l’entreprise s’est échappée avec des dizaines de millions de dollars ayant pu se débarrasser de leurs actions avant le début du scandale. Kenneth Lay, le PDG du groupe, a reçu à lui seul 49 millions de dollars plus les 34 millions de dollars qu’il a réalisé en vendant ses titres. A cela s’ajoutaient diverses primes permettant à Kenneth Lay de disposer d’un total de 150 millions de dollars. Jeffrey Skilling, le prédécesseur de Lay qui avait démissionné en juillet 2001 a, quant à lui, touché 26 millions de dollars pour l’année 2001 alors qu’il avait touché 69 millions l’année précédente. Le sort des employés ne préoccupa pas la presse qui préféra se focaliser sur le suicide d’un ancien dirigeant. Malgré la mise en examen de quelques cadres, les vrais responsables sont à l’abri de la justice.11 Le Représentant Bernie Sanders dénonçait les pratiques commises par le monde des affaires déclarant : Il y a un cancer qui dévore le cœ ur de l’Amérique des affaires et son nom est ‘l’avidité’. Il est de plus en plus évident que de nombreuses grosses entreprises feront n’importe quoi, [que ce soit] légal ou non, pour engraisser le paquet de compensation pour leur PDG qui est déjà énorme. Comme nous l’avons vu ces dernières années, ces entreprises n’hésitent pas à mentir sur leurs déclarations financières, à tricher ou à se délocaliser à l’étranger pour éviter de payer leur juste part d’impôts, réduire les pensions et la protection sociale de leurs employés et jeter des travailleurs fidèles à la rue en délocalisant en Chine. En même temps, nombreuses sont celles qui font la queue pour obtenir les milliards de l’assistance sociale la part du gouvernement fédéral.12 Après le déclenchement du scandale, « Kenny Boy » est subitement devenu « M. Lay » pour le président George W. Bush qui cherchait à se distancer à tout prix de cette relation compromettante. Il alla même jusqu’à dire que Kenneth Lay s’était opposé à lui lors des élections législatives de 1994 où il aurait appuyé la candidate démocrate, Ann Richard, contre lui. En réalité, Bush avait reçu trois fois plus d’argent que Richard pour ces élections.13 49 Dans un discours effectué devant un parterre de chefs d’entreprise, le président des Etats-Unis déclarait, dans un sursaut d’éthique sans doute, que « les principes et les règles de base qui font fonctionner le capitalisme : des livres de comptabilité véridiques, des personnes honnêtes et des lois bien appliquées contre la fraude et la corruption. Tout investissement est un acte de foi et la foi se gagne avec l’intégrité. A long terme, il n’y a pas de capitalisme sans conscience, il n’y a pas de richesses sans caractère ». De curieux propos de la part de la personne qui a été la première à profiter des comptes d’Enron, qui n’a eu de cesse d’avancer l’agenda de l’entreprise texane et qui a été impliqué dans un scandale en 1990. En effet, le 22 juin 1990, à l’aube de la guerre du golfe, il a vendu ses 212 140 actions de la Harken Energy Corporation du Texas dont il faisait partie du conseil d’administration pour un montant de 848 560 dollars. Harken avait un projet de perforation à Bahreïn, qui s’est effondré avec l’invasion du Koweït par l’Irak. George W. Bush a vendu ses actions moins trente jours après que son père, George H. Bush, alors président des Etats-Unis, ait reçu de la part du Conseil National de Sécurité un mémorandum secret l’avisant d’un probable déclenchement des hostilités entre le Koweït et l’Irak. Moins de deux mois plus tard, la guerre éclata et Harken fit état de pertes s’élevant à 23 millions de dollars ce qui entraîna la chute du cours des actions de moitié. George W. Bush avait exactement eu le même comportement que les dirigeants de Enron, en faisant usage d’information privilégiée. De plus, la brigade financière spécialement créée contre la corruption a à sa tête le secrétaire adjoint à la justice Larry Thomson, qui a lui-même été administrateur d’une société impliquée dans des pratiques illégales entre juin 1997 et mai 2001. Et comme questionnera sarcastiquement le Center for Responsive Politics : « Que se passe t-il quand Washington lance une enquête sur l’un de ses plus gros contributeurs de campagne ? ».14 De plus, le Ministre de la justice, John Ashcroft, s’est retiré de l’enquête car ses liens avec l’entreprise étaient trop compromettants, ayant reçu de nombreuses contributions. Il a également ajouté qu’il ne se soumettrait à aucune directive judiciaire et qu’il ne coopérerait pas avec les enquêteurs. En effet, il a reçu de la part du géant de l’énergie un total de 57 499 dollars pour sa vaine campagne sénatoriale de 2000 dont 25 000 dollars remis personnellement par Kenneth Lay. Le Ministre de la justice était 50 tellement impliqué que le président lui-même est monté au créneau pour le défendre, réaffirmant pleinement son choix et ratifiant publiquement le Ministre à son poste.15 Le membre du gouvernement qui a été le plus impliqué est le secrétaire aux Armées, Tom White, qui a travaillé durant onze ans pour Enron où il a été vice-président de la filiale de services fournissant de l’énergie aux entreprises. Il avait alors caché 500 millions de dollars de pertes en 2000 et affiché un bénéfice de 105 millions de dollars, lui permettant ainsi d’empocher 30 millions de dollars grâce aux bonus attachés à sa performance. Après avoir été interrogé par le Sénat, il a nié les faits et continue tranquillement sa carrière politique.16 L’écrivain Thomas Frank remarquait : Enron était le chéri hors pair de tous ceux qui croyaient les marchés libres étaient le summum de l’existence. Son naufrage est une bonne occasion de s’asseoir et de faire le point sur l’Etat dérégulé et privatisé dans lequel nous avons été si impitoyablement précipité durant la dernière décennie. Et voilà à quoi cela ressemble : le conseil d’administration prenant la poudre d’escampette avec des centaines de milliers de dollars alors que les employés perdent leur travail, les investisseurs perdent des millions et les clients doivent s’attendre à de nouvelles pannes de courant. Réalisations de bénéfices excessifs, politiciens corrompus. Des bulles financières qui éclatent au bout du compte. Les travailleurs jetés à la rue. Voilà ce que le marché réalise s’il est livré à lui-même.17 Loin de représenter une exception, les pratiques de Enron sont largement répandues dans le monde des affaires. Elles sont profondément ancrées dans l’essence même du capitalisme étasunien où la glorification du profit conduit à tous les excès possibles et imaginables. Obliger les employés à acheter des actions de l’entreprise alors que les dirigeants prennent soin de diversifier leur portefeuille boursier et de s’en débarrasser quand les choses se gâtent, ne date pas de Enron. Le spécialiste en la matière est Coca-cola dont les actions ont baissé de 31% en trois ans jusqu’à fin novembre 2001. Les employés ont perdu une bonne partie de leur retraite. Par contre, le PDG M. Douglas Invester est parti avec 17 millions de dollars, de quoi largement assurer ses vieux jours contrairement à ses employés. Et il n’est pas le seul à se remplir les poches. Sanford Weill de Citigroup a quitté la banque avec 482 millions de dollars réalisés entre 1998 et 2000 grâce à l’incroyable clause dont il disposait sur son contrat. En effet, à chaque fois 51 qu’il vendait ses actions, l’entreprise lui en offrait de nouvelles gratuitement. En ce qui concerne les enquêtes effectuées par le commissaire aux comptes quant à la solvabilité de l’entreprise, il suffit de payer la même entreprise pour des travaux de consultant créant ainsi en son sein un conflit d’intérêt. Ainsi, l’entreprise fermera les yeux sur les éventuelles anomalies comptables rencontrées. L’expert en la matière est l’entreprise Rayton. Ce géant militaire a ainsi payé 3 millions de dollars à l’entreprise comptable Pricewaterhouse-Coopers pour les audits réalisés et 48 millions de dollars pour ses services de consultant. Le crime en col blanc, contrairement au crime de la rue, n’est pas une priorité du gouvernement qui se retrouve lui-même souvent impliqué dans les transgressions commises par le monde des affaires.18 Les grandes sociétés ont même réussi à pénétrer les groupes qui leur sont a priori opposés. L’association Transparency International se définit comme étant « la principale organisation non gouvernementale du monde dans le combat contre la corruption ». Cependant cette organisation a été financée par… Enron et Anderson et de nombreux autres consortiums économiques qui ont été impliqués dans des scandales financiers. Moyennant finance, Transparency International se chargeait de distribuer des bonnes notes aux entreprises dont les pratiques douteuses étaient récurrentes.19 « Si vous voulez savoir où va nous mener la mondialisation économique applaudie par l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale, George W. Bush et Tony Blair, jetez un coup d’œ il à Enron. La mondialisation a créé un no man’s land international où le monde des affaires survit en s’engageant dans des pratiques financières qu’aucun Etatnation responsable ne tolérerait », disait Tony Benn, l’ancien Ministre britannique de l’industrie. « Quand vous permettez aux multinationales de rédiger leurs propres lois sur le marché mondial, ce qui a été le cas ces dernières années, vous ferez face à des abus inimaginables ».20 De la même manière, James Petras, professeur d’éthique politique à l’Université de Binghamton de New York stigmatisait les maux du système : 52 La concentration du pouvoir économique et le contrôle que les grosses sociétés exercent sur le système politique signifie que les dirigeants des consortiums rédigent la législation et dictent les règles qui leur donnent les mains libres pour commettre des fraudes à grande échelle et obtenir des énormes profits à court terme avant que leurs entreprises ne s’effondrent. Le cas de Enron et de El Paso Oil, et leur rôle dominant dans la mise en place de la politique énergétique de Bush et de Cheney, est emblématique de cette relation symbiotique, de la même forme que les liens de Clinton avec Wall Street conduirent à la dérégulation des secteurs financiers et bancaires.21 Les conséquences de ces scandales financiers sont retombées sur l’économie des Etats-Unis avec une diminution massive des investissements étrangers. De janvier à février 2002, une fuite de capitaux de 78 milliards a été orchestrée due à la perte de confiance des investisseurs et seulement 14 milliards ont été investis dans des actions et des bons étasuniens. Cela a entraîné une baisse du dollar et a augmenté le déficit déjà conséquent des Etats-Unis. Les chiffres annuels avancés par les entreprises ont perdu toute leur légitimité face aux fraudes massives des géants de l’économie étasunienne et mondiale. Loin d’être une épreuve difficile passagère, la crise que traverse actuellement la première puissance du monde est très grave et de nombreux dogmes mercatiques devront être sérieusement revus.22 53 Notes 1 April Witt & Peter Behr, « Losses, Conflicts Threaten Survival », Washington Post, 31 juillet 2002 : A01 ; Peter Behr & April Witt, « Hidden Debts, Deals Scuttle Last Chance », Washington Post, 1 août 2002 : A01 ; Business Week, « Enron : A Powerful Blow to Market Fundamentalists », 4 février 2002 ; Business Week, « Enron Is No ‘Tribute to American Capitalism’», 15 janvier 2002 ; Business Week, « The Fall of Enron », 17 décembre 2001 ; Business Week, « The Enron Debacle », 12 novembre 2001 ; Business Week, « Enron in Perfect Insight », 19 décembre 2001 ; La Tribune, « AOL Time Warner frappé par l’Enronite », 19 juillet 2002 ; Le Monde, « Manipulations. 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Une doctrine économique mondiale instable dans son application, obsédée par le profit à court terme, a montré son incapacité à subvenir aux besoins du développement humain. Le système économique et politique des Etats-Unis traverse une grave crise qui ébranle les fondements même de l’idéologie dominante. En effet, l’application du néolibéralisme au niveau mondial a été synonyme d’une régression des conditions de vie de la population mondiale la plus défavorisée. Le phénomène est plus frappant dans les pays pauvres – erronément nommés « pays en voie de développement » car vue l’ordre économique international, il leur est impossible de progresser économiquement et socialement et dont la plupart ont connu un sous-développement chronique lors des vingt dernières années – où les inégalités et la misère se sont considérablement accrues d’abord en Amérique latine dans les années 80 et dans les pays de l’ex-bloc soviétique au début des années 90. Le niveau de vie de ces régions du monde s’est largement dégradé ce qui explique le désastre humain, politique, économique et social qui tourmente le continent latino-américain qui a été le premier laboratoire des expériences néolibérales. Le scandale Enron a vite été éclipsé d’abord par l’extrême choc des odieux actes du 11 septembre 2001 et ensuite par le problème iraquien évoqué par les Etats-Unis. En effet, chaque fois que des tensions intérieures commencent à émerger, un ennemi étranger est mis en avant pour rallier la population derrière un objectif commun et la politique étrangère devient beaucoup plus agressive. Et l’Irak du dictateur Saddam Hussein tombait à pic alors que les Etasuniens commençaient à se désintéresser et à se lasser de la situation en Afghanistan dont l’agression avait été planifiée depuis longtemps. Ce principe n’est pas spécifique à l’administration Bush. En effet, lors du scandale Lewinsky, William Clinton a bombardé l’Irak pour détourner l’attention de l’opinion étasunienne.1 59 Malgré la puissance de l’économie étasunienne, celle-ci reste très fragile et inadaptée aux besoins de sa population alors qu’elle favorise grandement les consortiums économiques. Les problèmes récurrents de l’économie des Etats-Unis risquent de déboucher sur une grave crise politique qui est pour l’instant retardée par la situation internationale. William Greider du journal The Nation résumait parfaitement la doctrine défendue par le Consensus de Washington, qui a maintes fois montré ses limites et son irrationalité : « l’idéologie du marché a produit le meilleur gouvernement que l’argent puisse acheter. Le pillage n’est pas prêt de cesser tant que la démocratie sera à vendre ».2 Le système libéral a clairement montré son vrai visage. Il s’agit d’un second colonialisme, principalement économique des pays ravagés du Tiers-Monde où leurs richesses sont extorquées par les grands monopoles des pays développés. Les principaux besoins de l’humanité doivent être une fois pour toutes adressés car il en va de sa survie. Jamais le monde n’a aucune tant de richesses et, de manière paradoxale, tant de misère. Jamais les inégalités, non seulement entre les pays du Premier Monde et les pays sousdéveloppés, mais aussi au sein même des pays riches, n’auront été aussi frappantes. Les institutions financières internationales censées promouvoir la stabilité économique et le développement durable, ont au contraire enfoncé les économies mondiales et celles des pays du Sud en particulier dans une instabilité chronique, et laissé les populations embourbées dans leur marasme duquel elles ne sont malheureusement pas prêtes de sortir. Actuellement, on estime que 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour, parmi lesquelles 1,2 milliard disposent de moins de 1 dollar par jour. 36 000 enfants meurent chaque jour de maladies aisément curables selon l’UNICEF et 40 millions de personnes meurent de faim et de maladies bénignes chaque année. En 2015, 345 millions de personnes vivront dans l’extrême pauvreté selon les prévisions très conservatrices de la Banque Mondiale. Tant que de tels chiffres seront avancés par les organismes internationaux, il sera difficile de parler de modèle économique efficace pour le développement humain comme le prétend le FMI et la Banque Mondiale. Cependant, nul ne peut nier qu’il est extrêmement efficace en ce qui concerne le développement des 60 comptes en banque des maîtres de l’univers. En effet, les 7 plus grosses fortunes du monde dépassent le PIB total des 49 pays les moins avancés.3 Hugo Chavez, président du Venezuela, et leader de la lutte contre le néolibéralisme en Amérique latine déclarait : « De quel développement parlons-nous ? Parlons-nous du modèle néolibéral qui fait que dix-sept personnes meurent de faim chaque minute ? Est-ce soutenable ou insoutenable ? Le néolibéralisme est coupable des désastres de notre monde. Nous n’éteignons pas l’incendie et nous laissons les pyromanes tranquilles ». Il sera difficile de lui donner tort.4 61 Notes 1 Carlos Fresneda, « George Bush necesita urgentemente una nueva acción militar », El Mundo, 24 février 2002, 2. www.rebelion.org/chomsky/chom240202.htm (site consulté le 19 novembre 2002). 2 William Greider, « Crimes in the Suites », The Nation, 4 février 2002, www.thirdworldtraveler.com/Greider/Crime_In_Suites.html (site consulté le 15 novembre 2002). 3 Damien Millet & Eric Toussaint, 50 Questions, 50 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale (Paris, Bruxelles : CADTM & Syllepse, 2002), pp. 30-33. 4 Ibid, p. 67 ; Le Monde, 4 septembre 2002. 62 4. BIBLIOGRAPHIE SOURCES PRIMAIRES ARTICLES INTERNET -Enron Press Release. « Enron Enters Into Settlement on procedural Dispute With Dynegy ». Enron, 3 janvier 2002. (Site consulté le 7 janvier 2003), www.enron.com/corp/pressroom/releases/2002/ene/010302Releaseltr.html -_____. « Wholesale Trading Auction Proceeding as Planned ». Enron, 10 janvier 2002. 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