ENRON ET LIBERALISME

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SALIM LAMRANI
ENRON ET
LIBERALISME
Aux victimes d’Enron et aux
laissés pour compte du libéralisme.
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … .4
I. MONDIALISATION LIBERALE, FMI ET TRANSNATIONALES..8
II. UN LOBBYING POLITIQUE TRES FRUCTUEUX… … … … … … 24
III. AU NOM DU PROFIT… … … … … … … … … … … … … … … … … … .37
IV. LE SCANDALE ENRON ET LES LIMITES DE LA PENSEE
UNIQUE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ...45
CONCLUSION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … 59
BIBLIOGRAPHIE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ..63
3
INTRODUCTION
Dans toute société intellectuellement libre la structure totalitaire des corporations
économiques serait sujette à un vaste débat public qui mettrait à nu la nature même de ces
entités. Affirmer que la composition d’une transnationale est tyrannique ne relève en rien
d’une hypothèse conspiratrice mais s’agit simplement d’une analyse institutionnelle. En
effet, au sein de ces immenses entreprises, les décisions sont prises en amont et sont
imposées en aval, sans qu’il existe la possibilité d’une discussion honnête et
démocratique à l’encontre de ces directives, décidées par une minorité et infligées à une
majorité qui sera la seule à subir les conséquences de ces ordonnances.
Toutes les polémiques concernant la mondialisation néolibérale, le pouvoir des
transnationales et les conséquences politiques, économiques et sociales des directives
imposées par les institutions financières internationales tels que le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale, sont minutieusement enfermés dans un cadre
idéologique dans lequel le débat peut et doit avoir lieu pour donner une apparence de
démocratie. Mais en réalité, les questions portent seulement sur les détails sans remettre
en cause la nature et les conséquences de ce phénomène qui, elles, portent préjudice à
l’existence de la pensée unique et montrent sa dangerosité pour l’immense majorité de
l’humanité. Les débats, qui peuvent être parfois acerbes, restent cependant limités
idéologiquement. Tous les arguments remettant en cause l’ordre établi sortent du cadre
imposé par les maîtres du monde et sont donc automatiquement censurés par la grande
presse qui, elle-même, est la propriété des grands conglomérats économiques. Le but
premier de toute grande entreprise est la maximisation du profit sur la période la plus
courte possible et, pour arriver à atteindre cet objectif, tous les moyens sont permis, peu
importent les conséquences humaines que cette fin peut entraîner. L’affaire Enron est un
cas d’école.1
Ces groupes économiques et financiers disposent d’un pouvoir de décision qui
dépasse tout entendement, et décident à un degré non négligeable de l’avenir de
l’humanité alors qu’ils ne disposent d’aucune légitimité, hormis celle de l’argent, pour
4
contrôler la société. Le chiffre d’affaires de certains de ces géants dépasse le PIB de
nombreux pays et il n’est nul besoin d’être devin pour savoir que les intérêts de ces
grosses sociétés vont à l’encontre des intérêts d’une immense partie de la population
mondiale. Quand les Etats-Unis évoquent « l’intérêt national » pour justifier une
intervention à l’étranger, il s’agit moins de l’intérêt de leur population que de celui du
monde des affaires en général et des entreprises multinationales en particulier. La presse
financière telle que le Wall Street Journal ou le Financial Times peine à trouver des
adjectifs adéquats pour décrire les profits faramineux de ces entreprises. Par contre, elle
se garde bien d’évoquer le coût engendré par lesdits profits, un coût qui porte une
estocade cinglante à tous les présupposés de la doctrine du libre marché. Curieusement,
les seuls acteurs qui bénéficient largement d’une protection sociale aux Etats-Unis sont
les grosses entreprises qui profitent abondamment de l’intervention de l’Etat au moyen de
consistantes exonérations fiscales. Alors que les profits sont privatisés, les coûts sociaux,
eux, sont aux frais du contribuable.2
Au nom du profit et de la protection des intérêts d’une minorité opulente, les
institutions financières internationales imposent un modèle politique, économique et
social qui a pour principal objectif de favoriser l’accumulation des richesses pour un
secteur particulier de la population mondiale, qui est devenu depuis trente ans de plus en
plus restreint et de plus en plus puissant. Malgré l’accroissement de la pauvreté et des
inégalités dans les pays où les plans d’ajustements structurels du FMI ont été imposés aux
populations locales – avec la complicité de l’élite politique qui été généreusement
remercié pour les services rendus aux multinationales – les fondements et la rationalité
mêmes de ces directives ne sont pas remis en cause et l’on continue à fermer les yeux
devant le désastre humain qui ravage le Tiers Monde et qui touche les classes les plus
défavorisées des pays riches.3
Enron, qui avant l’effondrement de World Com avait été le plus grand cataclysme
économique de l’histoire des Etats-Unis, a su « éduquer » les dirigeants politiques
étasuniens aussi bien les Démocrates que les Républicains grâce à un lobbying politique
qui a largement porté ses fruits. A coup de millions de dollars, l’entreprise en énergie a su
5
convaincre le gouvernement des Etats-Unis d’adopter des lois qui loin de servir les
intérêts des citoyens étasuniens, étaient en fait destinées à remplir les poches des
dirigeants et principaux actionnaires d’Enron. Que ce soit pour l’implantation de l’usine
Dabhol Power Corporation en Inde ou pour la dérégulation du système énergétique
californien, Enron a su utiliser à merveille ses connections avec le monde politique afin
de mettre en avant son propre agenda, qui est à des lieues des intérêts du contribuable
étasunien ou du paysan indien. Là encore, le président Bush n’a pas été en reste et ses
liens avec la classe dirigeante d’Enron soulèvent de nombreuses questions quant aux
intérêts défendus par le leader politique le plus important du monde.4
L’effondrement de la 7ème plus importante société des Etats-Unis a clairement
montré les limites du libéralisme. L’idéologie dominante promue par le FMI, qui s’était
largement effritée lors des différentes crises financières qui ont touché le monde, que ce
soit le Mexique en 1994, le Sud-est asiatique en 1997, la Russie en 1998, le Brésil et
l’Equateur en 1999, la Turquie en 2000, l’Argentine en 2001, et de nouveau le Brésil en
2002, a clairement montré ses limites et son incohérence. Joseph Stiglitz, conseiller de
Bill Clinton, numéro deux de la Banque Mondiale en 1997 et prix Nobel d’économie en
2001, affirmait que « les recettes du FMI ne permettent pas la reconstruction de pays en
crise » pour la simple et bonne raison que les directives des institutions financières
internationales sont les causes mêmes du désastre qui touche de nombreuses nations du
Tiers Monde. Le libéralisme à outrance a également prouvé qu’il était incapable de
subvenir aux besoins basiques de l’humanité. Mais étant donné que cela n’a jamais été
l’objectif de la pensée dominante, il est inutile de s’en émouvoir, son but réel ayant
toujours été d’engraisser les maîtres de l’univers.5
6
Notes
1
Philippe Merlant, René Passet & Jacques Robin (dir.), Sortir de l’économisme. Une alternative au
capitalisme néolibéral (Paris : Editions de l’Atelier, 2003), pp. 181-209. Pour ce qui est du monopole des
idées voir : Janine & Greg Brémond, « Face au monopole Lagardère. La liberté d’édition en danger », Le
Monde Diplomatique, janvier 2003 : 1, 4.
2
Pierre Bourdieu, Contre-feux 2 (Paris : Raisons d’Agir, 2001), pp. 43-55 ; Frédéric F. Clairmont, « Vers
un gouvernement planétaire des multinationales. Ces deux cents sociétés qui contrôlent le monde », Le
Monde Diplomatique, avril 1997 : 1, 16-17 ; Ibrahim Warde, « Un Capitalisme hors de contrôle. Financiers
flamboyants, contribuables brûlés », Le Monde Diplomatique, juillet 1994 : 18,19 ; Howard Zinn, « Big
Government
for
Whom ? »,
The
Progressive,
avril
1999.
www.thirdworldtraveler.com/Zinn/BigGovernmentWhom_Zinn.htlm (site consulté le 16 avril 2003).
3
Mario L. Fernandez Font, « Les investissements directs étrangers, les entreprises transnationales et la
mondialisation » dans Alternatives Sud, Le Pouvoir des transnationales (Louvain-la-Neuve & Paris :
Centre Tricontinental & L’Harmattan, 2002), pp. 53-67.
4
Human Rights Watch, « The Enron Corporation », 23 janvier 2002, 1. www.hrw.org/report/1999/enron/
(site consulté le 13 novembre 2002).
5
María Seoane y Telma Luzzani, « Argentina : Entrevista a Joseph Stiglitz, premio nobel de economía
2001. ‘Es falso decir que la única salida es pactar con el FMI’», Clarín, 8 juillet 2002, 1.
www.rebelion.org/economia/stiglitz080702.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
7
I. MONDIALISATION LIBERALE, FMI ET TRANSNATIONALES
Pour qu’il puisse garder un brin de sens, le terme « mondialisation » doit être
impérativement suivi de l’adjectif « libérale ». En effet, décrire le phénomène présent en
utilisant simplement le mot « mondialisation » serait une aberration sémantique et ne
caractériserait en rien les processus politiques, économiques et sociaux qui se déroulent
actuellement. La mondialisation se définit comme étant une intégration internationale et
c’est un terme à priori positif. Or le phénomène réel, qualifié de « mondialisation » par
les médias, eux-mêmes propriété des grands groupes économiques, exclut plus de 80% de
la population mondiale, d’où l’importance d’ajouter l’épithète « libérale » pour que le
sens originel ne soit pas détruit par les pionniers du libéralisme. Cet amalgame
étymologique est un choix délibéré de la part des maîtres du monde du forum de Davos
car grâce à cette construction idéologique – car c’est bien de cela qu’il s’agit – le
phénomène économique qui aliène une grande partie de l’humanité a une connotation
positive sémantiquement parlant. Ce terme de propagande permet de présenter le
libéralisme comme étant le remède à tous les maux dont souffre la planète et de leurrer
les quelques médias qui ne sont pas encore au service des puissants du monde. La
mondialisation libérale a été définie par Percy Barnevik, le fondateur de l’entreprise ABB
Industrial Group comme étant « la liberté de mon groupe d’entreprises d’investir là où il
le désire et quand il le désire, qu’il produise ce qu’il souhaite, qu’il achète et vende là où
il le souhaite, et qu’il tolère le minimum de restrictions provenant des lois du travail et
des conventions sociales ». Bref, un franc euphémisme pour le message suivant : « faire
du profit coûte que coûte peu importent les conséquences humaines ».1
Le libéralisme a vu le jour dans les années 50 par les économistes Friedrich Von
Hayek et Milton Friedman de l’université de Chicago et a pris son essor au début des
années 80. L’idée fondamentale est la prédominance des lois du marché sur toutes les
autres lois de la société qui doivent diriger la vie économique de la nation. L’Etat doit
réduire au minimum son rôle dans la gestion de l’économie nationale surtout en ce qui
concerne la sécurité sociale pour les pauvres car les grosses entreprises jouissent d’une
large protection de la part de l’Etat. En effet, après les attentats du 11 septembre 2001, les
8
compagnies aériennes ont grandement profité des subventions étatiques. L’intervention
de l’Etat en faveur des entreprises est évidente. Par exemple, en 2002, George W. Bush a
augmenté les barrières douanières pour protéger l’industrie sidérurgique. Que ce soit par
le biais d’exemptions fiscales, de la hausse des tarifs douaniers pour limiter la
concurrence, de la non ratification des traités internationaux en faveur de
l’environnement (Kyoto), de la destruction des syndicats, du matraquage idéologique
vantant les vertus du libre marché, ou de la suppression et la censure de toutes les pensées
alternatives. Bref un dévouement sans égal aux intérêts des multinationales. La
glorification de la culture de l’individualisme au détriment de la solidarité est également
au cœ ur de la doctrine libérale où le but de l’existence humaine est l’enrichissement
personnel aux dépens de la majorité. Pour cela, les grosses sociétés disposent d’une
liberté totale pour atteindre leurs objectifs, les moyens important peu.2
Cette construction artificielle, soigneusement couvée par des boites à penser
(think tanks) et des millions de dollars, est devenue la pensée unique qui régit le destin de
l’humanité. En un mot, les intérêts privés, afin d’optimiser leurs profits, ont le droit de
décider du sort de la population mondiale. Les dirigeants de l’univers ont réussi à
imposer un système qui génère de nombreux proscrits et l’ont présenté comme étant
l’unique chemin politique, économique et social qui emmènera les hommes vers le
chemin de la prospérité, sans aucune alternative possible. En tout cas, nombreux ceux qui
n’atteindront jamais cette voie qui est censée les conduire vers la félicité et loin des affres
de l’indigence. Les chiffres accablants présentés dans les rapports annuels des Nations
unies sont délicatement mis de côté par les apologistes du libéralisme à outrance, qui se
gardent bien d’évoquer les effets ravageurs du phénomène économique dominant sur les
populations de la terre.3
Le libéralisme comporte trois lois essentielles qui sont censées représenter la
panacée pour la lutte contre la pauvreté. Tout d’abord, le libre commerce des biens et des
services doit être une condition sine qua non pour la réalisation du progrès mais, là
encore, le marché est sélectif car cette modalité s’applique uniquement aux pays pauvres.
Un exemple : les produits en provenance de Chine doivent faire face à des tarifs
9
douaniers de 40% pour pénétrer le marché étasunien alors que les produits en provenance
de la première puissance du monde ne sont taxés qu’à hauteur de 2% avant d’entrer sur le
marché chinois. Les pays développés vantent l’efficacité du marché mais par contre se
gardent bien d’en appliquer les règles pour eux-mêmes dans le secteur de l’agriculture
par exemple où Washington aussi bien que les nations de l’Europe occidentale
subventionnent abondamment l’agribusiness, créant ainsi une concurrence déloyale pour
les pays du Tiers Monde tels que l’Argentine ou le Brésil qui ne peuvent plus suivre. Un
rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) de 1994
concluait que « les pays industrialisés, en violant les principes du libre commerce,
coûtent aux pays en voie de développement 50 milliards par an – une somme égale à
l’Aide Publique au Développement » apportée par les nations riches. Apparemment, le
marché est bon pour les autres mais pas pour soi-même ce qui démontre que la doctrine
est quelque peu différente de la réalité.4
Le second paramètre indispensable est la libre circulation des capitaux qui permet
aux transnationales de rapatrier les richesses accumulées dans les nations où elles se sont
implantées et d’utiliser les profits réalisés à des fins spéculatives. Tout cela se fait au
détriment des pays pillés qui, en plus d’offrir leur économie au capital étranger, ne
profitent même pas des bénéfices effectués par ledit capital qui se garde bien de réinvestir
la richesse accumulée dans le pays. Et étant donné que les flux de capitaux ne sont
toujours pas taxés alors cela est, techniquement parlant, parfaitement possible, les
multinationales comme Enron réalisent de très bonnes affaires au dépens de la labeur des
pays du Sud qui sont empêtrés dans leur retard technologique, la corruption de leurs élites
véreuses qui n’ont pour préoccupation que leur enrichissement personnel, et le pillage
perpétré par les pays développés. Le 24 décembre 2002, le Secrétaire général des Nations
unies, Kofi Annan, a déposé une plainte devant le Conseil de Sécurité contre 29
multinationales pour avoir participé au « saccage systématique des immenses richesses »
du Congo.5
Le dernier point concerne la liberté d’investissement. C’est en réalité un
euphémisme pour décrire le maraudage des ressources naturelles des pays du Tiers
10
Monde, mais étant donné que ce truisme va à l’encontre de la version officielle du
libéralisme, il est méticuleusement attribué aux visionnaires tiers-mondistes attardés et
par conséquent ne fait pas partie du cadre idéologique – seul endroit valable pour toute
discussion « objective » – préalablement dessiné par une élite, profitant à merveille des
vertus du libéralisme. Le but recherché est la commercialisation non seulement des
secteurs économiques vitaux des pays mais aussi des services sociaux indispensables à la
survie des populations tels que l’éducation et la santé.6
Le gouvernement de Ronald Reagan a été le précurseur du libéralisme aux EtatsUnis et les réformes entreprises ont conduit à un gigantesque accroissement des inégalités
au sein de la société étasunienne. De 1980 à 1990, les 10% les plus riches ont augmenté
leurs revenus de 16%. Les 5% les plus riches ont vu leurs revenus accroître de 23% et 1%
le plus riche a augmenté son revenu de 50%. Par contre, le décile le plus pauvre a subi
une baisse de 15% de son revenu déjà maigre. En 1977, le top 1% gagnait 65 fois plus
que le décile le plus bas. Maintenant il gagne 115 fois plus. Les Etats-Unis est l’une des
sociétés les plus inégalitaires du monde mais tous les pays qui ont appliqué les concepts
néolibéraux ont connu un accroissement des inégalités et ont créé une pauvreté galopante.
Les chiffres du rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) ne sont pas prêts de faire la une du Wall Street Journal ou du Financial Times.
Ronald Reagan a promu le libéralisme et l’ouverture des frontières aux investissements
étrangers pour les autres et non pas pour les Etats-Unis. Il a lancé en effet la plus
importante vague de protectionnisme depuis les années trente afin de protéger les grosses
entreprises de la concurrence des multinationales étrangères, notamment japonaises.7
Le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, dont le Trésor étasunien
est propriétaire à hauteur de 51%, utilisent la dette imposée aux pays du Tiers Monde
pour faire avancer l’agenda des multinationales. Pourtant le but officiel est louable :
« Notre rêve, un monde sans misère » dit l’emblème de la Banque Mondiale. « Le Fonds
Monétaire International a pour principal objectif la promotion d’un système de commerce
et de paiements internationaux plus libre, afin d’aider ses 184 pays membres à obtenir
une croissance économique, un faible niveau de chômage, et des meilleures conditions de
11
vie ». Mais là encore la différence entre la doctrine et la réalité est substantielle.
Signalons que les structures de ces institutions financières internationales sont loin d’être
démocratiques et que les décisions ne sont pas régies par la force du vote mais par la
force du dollar. En effet, les pays de la triade (Etats-Unis, Europe de l’Ouest, et le Japon)
disposent de 66,48% des droits de vote. Les petites nations n’ont aucun pouvoir
d’influence au sein de ces organisations contrairement aux grands pays développés qui
décident de tout. Le remboursement de la dette extérieure n’est que l’expression et la
continuation d’un processus systématique et historique de pillage. Les Etats-Unis et les
pays industrialisés n’ont aucune intention de changer les termes de leurs rapports avec les
nations pauvres car ils jouissent de relations économiques privilégiées qui leur permettent
d’importer des matières premières de moins en moins chères et d’exporter des produits
manufacturés au prix de plus en plus élevés. Le remboursement de la dette lui-même
serait remis en question si le système doctrinal n’était pas si puissant et si performant. La
dette a été contractée par les élites des pays et non pas par les populations locales qui
n’ont en général que rarement profité des prêts. Ces prêts ont été octroyés par les pays
riches à des taux d’intérêts très élevés, de l’ordre de 12% à 16% avec un dollar dévalué.
Les pays bénéficiaires des prêts devaient ensuite rembourser avec un dollar surévalué en
plus des intérêts excessifs. Il n’est pas étonnant de voir les pays « en voie de
développement » englués dans un marasme politique, économique et social. Ensuite, la
dégradation des termes de l’échange, la fuite des capitaux et la surévaluation du dollar
finissent par achever les agonisantes économies.8
La dette est mathématiquement impayable mais c’est aussi un impossible
politique, économique, social, historique, moral et juridique. Un pays comme le Brésil est
obligé de contracter des prêts auprès du FMI pour simplement pouvoir rembourser les
intérêts de la dette ce qui entraîne une augmentation de la dette et par conséquent des
intérêts qui en découlent. Ce cycle infernal est absurde et apparemment irrationnel. Mais
loin de l’être, il permet aux grosses banques internationales de faire fructifier leur argent
inutilisé aux dépens des populations locales. Soulignons que la crise de la dette apparue
au début des années 80 est encore une construction idéologique et non pas économique
car il existe un principe capitaliste qui stipule que lors d’un prêt, le débiteur s’engage à
12
rembourser le créancier mais que celui-ci prend le risque de ne jamais revoir son argent si
le redevable se trouve dans l’impossibilité de payer. Ce principe est précieusement caché
par les idéologues néolibéraux en faveur du remboursement de la dette. Un autre principe
est né en 1898 lors de l’intervention des Etats-Unis dans la guerre d’indépendance de
Cuba. Washington a annulé la dette cubaine envers l’Espagne stipulant que celle-ci avait
été contractée par les élites et non pas par le peuple, et était par conséquent illégitime. De
là est né le concept de la « dette odieuse ». Le fardeau de la dette que les pays pauvres
doivent supporter est un poids dénué de tout fondement juridique et donc illégitime au
même titre que la dette de Cuba de 1898. De plus, la dette a déjà été remboursée plusieurs
fois par les pays pauvres par le biais des exorbitants taux d’intérêts.9
Pour octroyer un prêt, le FMI impose un plan d’ajustement structurel renommé
« plan de lutte contre la pauvreté » pour des questions de relations publiques. En effet,
l’appellation antérieure avait une peu fameuse réputation au vu des conséquences
désastreuses engendrés par lesdits plans. Un exemple : En 1991, au Pérou, le président
Alberto Fujimori, a appliqué les ordres des institutions financières internationales. Du
jour au lendemain, le prix de l’essence a été multiplié par 31 et celui du pain par 12. De
plus, le salaire minimum a été réduit de 90% en 15 ans. Les conséquences sociales et
humaines sont aisément imaginables. Le FMI et la Banque Mondiale exigent une
libéralisation de l’économie et une rationalisation des dépenses publiques. Le terme de
« libération de l’économie » désigne la braderie de l’économie nationale au capital
étranger, c'est-à-dire la privatisation des secteurs rentables de l’économie pour que les
bénéfices réalisés n’aillent plus en faveur du public mais terminent entre les mains
d’investisseurs privés qui rapatrieront les profits dans leur pays d’origine, exacerbant
ainsi les omniprésentes difficultés de développement des pays pauvres. Le cas d’Enron en
Inde est très illustratif et sera abordé ultérieurement. Pour ce qui est de la « rationalisation
des dépenses publiques », la directive imposée n’a de rationnel que le nom. Il s’agit de
réduire les dépenses publiques dans des pays où la situation sociale est catastrophique et
donc où les dépenses en faveur du service public sont insuffisantes. Par conséquent,
réduire les dépenses sociales et mener la population au cataclysme
est une
« rationalisation des dépenses publiques » alors que cette décision serait complètement
13
irrationnelle si le but était de lutter contre la pauvreté. Mais l’objectif réel étant de
maximiser le profit des multinationales, tout devient plus compréhensible. Le libéralisme,
loin d’être un phénomène naturel et l’unique chemin économique possible, est en fait
imposé par la force de l’argent et des armes au reste du monde principalement par les
Etats-Unis.10
William Blum, ancien fonctionnaire du Département d’Etat des Etats-Unis
soulignait que Washington n’a pas basé sa politique étrangère sur un dévouement à la
démocratie mais sur la volonté de dédier les ressources naturelles de la planète aux
entreprises transnationales étasuniennes, de préserver les intérêts de l’industrie militaire
du pays, d’empêcher l’émergence de toute société qui pourrait servir d’exemple réussi
d’une alternative au modèle capitaliste et étendre son hégémonie politique et économique
sur une zone la plus vaste possible.11
De nombreux exemples viennent conforter cette thèse que ce soit au Guatemala en
1954, à Cuba en 1959 ou au Chili en 1973. Là encore le paradigme de la Guerre Froide
s’effrite s’il est clairement exposé à la lumière du jour. En 1954, le gouvernement
démocratiquement élu de Jacobo Arbenz a commencé à entreprendre de discrètes
réformes destinées à sortir la population guatémaltèque de la misère. Une modeste
réforme agraire a été lancée afin de permettre aux paysans de subvenir à leurs besoins
alimentaires. Ces petites transformations de la structure économique du pays portèrent
atteinte aux intérêts de la United Fruit et ce fut le branle-bas de combat à Washington.
Etant donné que le gouvernement Arbenz n’avait pas encore de liens avec Moscou, les
Etats-Unis ne pouvaient pas invoquer la mainmise soviétique sur la sphère d’influence
étasunienne. Donc, ils se chargèrent de fabriquer ces relations en refusant de vendre des
armes au Guatemala dans un premier temps alors que le pays était victime des attaques
quotidiennes de la CIA, et en instaurant un embargo économique par la suite, deux
actions qui obligèrent Arbenz à tendre la main aux Russes et d’accepter leur aide. La
suite est connue de tous : la CIA déclencha immédiatement des activités paramilitaires et
Washington s’empressa de condamner le communisme de Arbenz. L’embargo eut les
effets escomptés : les privations déclenchèrent la lassitude populaire qui entraîna à son
14
tour la répression gouvernementale. Ce fut ensuite un jeu d’enfant de d’accuser Arbenz
de dictateur communiste et de le renverser.12
Le cas cubain est similaire. Il est difficile d’expliquer l’hostilité étasunienne
envers l’Ile socialiste sous le contexte de la Guerre Froide car d’une part, l’animosité
envers la révolution cubaine a débuté avant le renouement des relations avec l’Union
Soviétique et d’autre part, après la chute du camp communiste, au lieu de normaliser les
relations avec Cuba, les Etats-Unis ont accentué la strangulation économique et les
campagnes paramilitaires censées déstabiliser le régime. Lorsque le paradigme de la
confrontation Est-Ouest a cessé d’exister, les Etats-Unis ont évoqué la nécessité de
rétablir la démocratie à Cuba. Un argument qui laisse sceptique quand l’on sait que
Washington a mis en place et appuyé les pires dictatures latino-américaines et qu’il
continue d’apporter son soutien aux régimes tyranniques du Moyen-Orient. La véritable
raison expliquant le ressentiment étasunien envers La Havane fut abordé justement par le
sociologue et historien Morris Morley qui attribua cela à « la perte de pouvoir politique et
économique des Etats-Unis à Cuba ». La domination économique et politique de l’Ile par
les transnationales étasuniennes disparut avec la révolution de 1959.13
Le même scénario s’est déroulé au Chili en 1973 avec le renversement du
gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende et l’instauration de l’une de
plus sanglantes dictatures de l’hémisphère américain. La domination de l’économie
chilienne par le capital étasunien était tellement importante qu’il était quasiment
impossible d’entreprendre la moindre réforme sans porter atteinte aux intérêts des
transnationales des Etats-Unis. Vu que toute tentative de réforme sociale et d’élévation
du niveau de vie des populations étaient considérées comme étant tendancieusement
communiste – un paradigme fort utile pour justifier l’opposition à toute notion
d’autodétermination – il ne « fallait pas rester les bras croisés alors qu’un pays était en
train de devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son propre peuple » selon les
propres paroles d’Henry Kissinger. En réalité, la vraie question portait sur les intérêts
économiques des Etats-Unis et non pas sur une supposée menace provenant de Moscou
car le gouvernement de Allende était social-démocrate, certes, mais sûrement pas
15
communiste. Historiquement, les Etats-Unis ont rejeté toute forme de système
économique différent du capitalisme d’entreprise privé. Tous les pays qui ont tenté de
suivre un chemin indépendant avec comme premier objectif l’amélioration du niveau de
vie de leur population ont eu à subir la colère étasunienne, qui est allée de la subversion
clandestine à l’intervention militaire directe. L’anticommunisme est une notion très
ambiguë qui regroupe souvent sous sa coupe une farouche hostilité envers tout
mouvement d’indépendance, de souveraineté et d’alternative politique et économique.14
La société étasunienne est dirigée par le monde des affaires qui lui-même
fonctionne à partir de bases non démocratiques. Adam Smith disait dans son célèbre livre
La Richesse des nations qu’une conversation entre deux hommes d’affaires finissait
toujours par être une conspiration contre le public. La pensée de Smith a en grande partie
été pervertie par les maîtres de l’univers. Cette personne que les adeptes du libéralisme
vénèrent écrivait : « la régulation [gouvernementale] en faveur des travailleurs est
toujours juste et équitable » alors qu’elle ne l’était pas quand elle « profitait aux
maîtres ». Il faisait également l’éloge de l’égalité et de solidarité entre les hommes, des
notions à des années lumières du concept de compétition promue par les fondamentalistes
néolibéraux. Compétition qu’ils se gardent bien d’appliquer pour eux-mêmes. Les
grandes entreprises ont pour principal objectif d’optimiser leur profit quelles que soient
les conséquences humaines. Cela passe par un lavage de cerveau médiatique effectué par
les industries de relations publiques afin de créer un public amorphe, soumis et obéissant,
ayant pour principale occupation non pas une réflexion sceptique sur le déroulement du
système dans lequel il vit et de son bien-fondé, mais la consommation et la satisfaction de
besoins de plus en plus superficiels.15
Historiquement, les lois et la Constitution des Etats-Unis ont servi à protéger
« l’opulente minorité de la majorité » pour reprendre l’expression de James Madison, l’un
des pères fondateurs. John Jay, le président du Congrès Continental et premier président
de la Cour Suprême, mettait en place la doctrine qui règne aux Etats-Unis depuis son
origine : « ceux qui possèdent [les richesses du] pays doivent le gouverner ». Rappelons
que la Constitution des Etats-Unis a été rédigée par 57 hommes tous blancs et tous très
16
riches qui ont, avant tout, pris soin de protéger leurs intérêts avec le sacro-saint droit de
propriété (et non pas droit à la propriété – nuance de la plus haute importance destinée à
protéger les élites du pays). Les droits des multinationales ne dérivent pas de la
Constitution et de ses amendements, ni même de la législation mais ont été obtenus
devant les tribunaux grâce à une armada d’avocats efficaces qui a réussi à mettre en avant
les intérêts de ces entités économiques et les faire passer bien avant le l’intérêt commun
public. C’est pour cela qu’aujourd’hui les multinationales dirigent le monde et, en ayant
entre leurs mains le destin de l’humanité, poursuivent leurs objectifs qui sont en totale
opposition avec ceux de la société civile mondiale. L’administration actuelle Bush est
intimement connectée par des liens sociaux aux entreprises multinationales continuant
ainsi un processus historique de servilité des autorités en faveur du monde des affaires.
Les élites intellectuelles ont également toujours été soumises au pouvoir à de rares
exceptions près, exceptions qui ont été soigneusement écartées par différents moyens
allant de la censure à l’élimination physique.16
L’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI ou MAI en anglais), secrètement
négocié par les 29 pays membres de l’Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique (OCDE), destiné à supprimer toutes les législations
nationales en faveur de la régulation et laisser le champ libre aux multinationales, n’a pas
pu être adopté grâce à la mobilisation internationale. Enron a été un fervent partisan de
cet accord qui devait permettre la libéralisation des services publics tels que l’éducation,
la santé, les services postaux, l’eau, la sécurité sociale et l’énergie. Là encore, les
méthodes habituelles ont été adoptées avec l’inexistence de tout débat public jusqu’à ce
que des organisations non gouvernementales étasuniennes et canadiennes ainsi que le
réseau de travail du Tiers Monde n’alertent l’opinion public. Ce pacte économique
international visant à favoriser les intérêts des grandes entreprises par le biais de la
facilitation des mouvements de capitaux qui était négocié depuis 1995, et qui allait être
adopté en avril 1998, a été mis en échec grâce à la mobilisation de la société civile. Les
principes démocratiques – tant vantés par les maîtres du monde mais jamais mis en
application quand leurs intérêts sont en jeu – les ont conduits à décider, sans consultation
préalable, du sort de l’humanité. Apparemment les intérêts du monde des affaires passent
17
avant ceux des hommes. En tout cas, il sera difficile de faire croire à l’humanité que la
mondialisation libérale, qui profite aux consortiums économiques internationaux, est un
phénomène naturel et inévitable.17
18
Notes
1
Aziz Choudry, « ¡Qué bajo han caído ! La corrupción del imperialismo corporativo », Z Magazine, 2
septembre 2002, 1. www.rebelion.org/imperio/aziz040902.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
2
Michel Lainé, Les 35 mensonges du libéralisme (Paris : Albin Michel, 2002), pp. 35-57.
3
Pierre Bourdieu, Contre-feux (1998. Paris : Raisons d’Agir, 2002), pp. 34-50 ; Susan George, « A short
History of Neoliberalism : Twenty Years of Elite Economics and Emerging Opportunities for the Structural
Change », Millenium Round, 24 mars 1999. www.millenium-round.org (site consulté le 12 novembre
2001) ;
4
Pierre Bourdieu, op. cit., pp. 108-19.Pour les tarifs douaniers voir : Alex Jones & Greg Palast, « Los
disturbios del FMI », Pimienta Negra, 23 mars 2002, 4. www.rebelion.org/internacional/palast230302.htm
(site consulté le 19 novembre 2002). Eduardo Galeano, « Contra Trofeos », La Jornada, 2.
www.rebelion.org/cultura/galeano020302.htm (site consulté le 19 novembre 2002). Pour le rapport des
Nations unies voir Noam Chomsky, « Market Democracy in a Neoliberal Order : Doctrines and Reality », Z
Magazine, mai 1997, 19-20. www.zmag.org/chomsky/articles/z9709-davie-1.html (site consulté le 13
juillet 2002). Pour une discussion sur le protectionnisme des pays développés voir Eric Toussaint & Peter
Drucker (dir), IMF/World Bank/WTO, Notebooks for Study and Research (Amsterdam : International
Institute for Research and Education, 1995).
5
Gérard Lafay, Comprendre la mondialisation (4ème édition. Paris : Economica, 2002), pp. 37-66. Pour le
Congo voir : Rebelión, « La ONU denuncia el saqueo de Congo por empresas multinacionales apoyadas en
dirigentes políticos sin escrúpulos », 22 octobre 2002, 1. www.rebelion.org/africa/congo221002.htm (site
consulté le 19 novembre 2002).
6
David Barsamian, « Free Trade for Whom ? An Interview with Kristin Dawkins», Z Magazine, novembre
1998, 1. www.thirdworldtraveler.com/Economics/FreeTradeforWhom.html (site consulté le 16 avril
2003) ; Paul R. Krugman, La Mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du libre-échange (Paris :
La Découverte, 2000), pp. 99-125.
7
Susan George, op. cit.
8
Pour le pouvoir de vote des pays de la triade voir : Damien Millet & Eric Toussaint, 50 Questions, 50
Réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale (Paris, Bruxelles : CADTM & Syllepse, 2002), p. 80.
Susan George & Fabrizio Sabelli, Crédits sans frontières. La religion séculaire de la Banque Mondiale
(Paris : La Découverte, 1994), pp. 28-67 ; Jean-Yves Moisseron & Marc Raffinet (dir.), Dette et Pauvreté.
Solvabilité et allègement de la dette des pays à faible revenu Paris
(
: Economica, 1999), pp. 51-78 ; Benoît
de La Chapelle Bizot, La Dette des pays en développement (1982-2000). Vers une nouvelle gouvernance
financière internationale ? (Paris : La Documentation Française, 2001), pp. 17-54 ; Fidel Castro, Jeffrey
Elliot & Mervin Dymally, Nada podrá detener la marcha de la historia (La Havane : Edítora Política,
1985), pp. 157-67 ; Gladys Cecilia Hernandez Pedraza, « La Dette externe du Tiers Monde. Nouvelles
initiatives ou vieilles recettes ? » dans Alternatives Sud, Raisons et déraisons de la dette (Louvain-laNeuve & Paris : Centre Tricontinental & L’Harmattan, 2002), pp. 25-53 ; Bruno Lautier, « La Banque
Mondiale et sa lutte contre la pauvreté, sous la morale, la politique » dans Christine Vershuur & Fenneke
Reysoo, Genre, mondialisation et pauvreté (Paris : L’Harmattan, 2002), pp. 139-48. Pour la citation du
FMI et de la Banque Mondiale voir : Fernando López D’Alesandro, « Una historia de incapaces y
ladrones » Rebelión, 8 septembre 2002, 1. www.rebelion.org/argentina/dalesandro080902.htm (site
consulté le 19 novembre 2002) ; Alex Jones & Greg Palast, « Los disturbios del FMI », Pimienta Negra, 23
mars 2002, 3. www.rebelion.org/internacional/palast230302.htm (site consulté le 19 novembre 2002) ;
Ignacio
Ramonet,
« El
Otro
eje
del
mal »,
Rebelión,
18
mars
2002.
www.rebelion.org/internacional/ramonet180302.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
9
Noam Chomsky & David Barsamian, Propaganda and the Public Mind (Cambridge, Massachussetts :
South End Press, 2001), pp. 125-26 ; Smaïl Goumeziane, Le Virus de la pauvreté (Condé-sur-Noireau :
19
Editions Corlet, 1998), pp. 95-131 ; Susan George, L'Effet boomerang. Choc en retour de la dette du TiersMonde (Paris : La Découverte, 1992) ; Eric Toussaint, « Sortir du cycle infernal de la dette », Le Monde
Diplomatique, octobre 1997 : 16-17 ; Michel Chossudovsky, « Faillites du système libéral. Sous la coupe
de la dette », Le Monde Diplomatique, juillet 1995 : 24 ; Susan George, « Le sommet de Rio-de-Janeiro. La
dette se paie en nature! », Le Monde Diplomatique, juin 1992 : II-VI ; George Corm, « Pétrodollars,
endettement et reconquête des pays pauvres. Les habits neufs de la domination néocoloniale », Le Monde
Diplomatique, avril 1992 : 16-17 ; André Postal-Vinay, « Emprise de l'affairisme sur les financements
français », Le Monde Diplomatique, janvier 1992 : 25 ; Doreya Awny, « Les plus chocantes disparités de
richesse. La dette arabe: 208 milliards de dollars », Le Monde Diplomatique, septembre 1990 : 19 ; Bernard
Cassen, « L'Amérique latine face à la dette », Le Monde Diplomatique, septembre 1990 : 30 ; Michel
Goldschmidt, « Cumul des échecs, pouvoirs inertes. Il serait si simple de régler la dette du tiers-monde »,
Le Monde Diplomatique, novembre 1989 : 19 ; Arnaud Comelet, « D’autres ambitions, d’autres moyens
pour restaurer les économies du Tiers-Monde. Échange dette-nature: d'une pierre deux coups », Le Monde
Diplomatique, Septembre 1989 : 20 ; Elmar Altvater ; « Dans les chaînes d’un système économique
périmé. Cette vaine gesticulation des créanciers », Le Monde Diplomatique, juillet 1989 : 24 ; Frédéric F.
Clairmont ; « Guerre économique, endettement du Tiers-Monde, crise à l’Est. Le commerce international
est privé de ressorts », Le Monde Diplomatique, juillet 1988 : 18, 19 ; Maurice Serpette, « De la dette à la
relance », Le Monde Diplomatique, juillet 1988 : 20 ; François Bicaba, « Un dessein pour l'Afrique », Le
Monde Diplomatique, juillet 1988 : 21 ; Frédéric F. Clairmont ; « Quand la crise économique menace la
démocratie. L’endettement des pays pauvres. L'art et la manière de convertir une dette en pactole », Le
Monde Diplomatique, décembre 1987 : 8 ; Claire Brisset & Boudewijn Mohr, « Quand la crise économique
menace la démocratie. Quand le tiers-monde subventionne le développement des pays riches », Le Monde
Diplomatique, décembre 1987 : 8, 9 ; Ignacy Sachs, « Echec du plan Cruzado, moratoire sur la dette,
maintien des inégalités. La démocratie brésilienne à la recherche d'une politique économique », Le Monde
Diplomatique, juin 1987 : 8, 9 ; Ignacy Sachs, « Comment payer une dette de 110 milliards de dollars? »,
Le Monde Diplomatique, juin 1987 : 8 ; Bernard Cassen, « Une dette qui n’en finit pas d’être renégociée.
Les effets du contre-choc pétrolier au Venezuela », Le Monde Diplomatique, octobre 1986 : 22 ; Frédéric F.
Clairmont & John Cavanagh, « 240 milliards de dollars, et sans intérêts...Comment le Tiers-Monde finance
les pays riches », Le Monde Diplomatique, septembre 1986 : 14 ; Richard W. Lombardi, « La Banque des
règlements internationaux dernier bastion de l'orthodoxie financière? », Le Monde Diplomatique, septembre
1986 : 15 ; Bernard Morel, « La stratégie financière du Japon dans le Tiers-Monde. Des crédits pour l'accès
aux matières premières », Le Monde Diplomatique, mai 1986 : 14 ; Gérard De Bernis & Jacques Léonard,
« Le fardeau de la dette africaine. Une ruineuse course aux crédits extérieurs », Le Monde Diplomatique,
avril 1986 : 15-16 ; Amadaou Kane, « Le fardeau de la dette africaine. Les insuffisances du plan Baker »,
Le Monde Diplomatique, avril 1986 : 16 ; Jean Coussy & Philippe Hugon, « Le fardeau de la dette
africaine. Trois pays, trois types de contraintes », Le Monde Diplomatique, avril 1986 : 17 ; Susan George,
« Le fardeau de la dette africaine. Pour un "remboursement créateur" », Le Monde Diplomatique, avril
1986 : 17 ; Yves Mamou, « Seuil d’urgence dans la crise de l’endettement. Les modestes ambitions du plan
Baker », Le Monde Diplomatique, mars 1986 : 15 ; Danièle Gervais, « Seuil d’urgence dans la crise de
l’endettement. Les grandes banques commerciales dans la logique du système », Le Monde Diplomatique,
mars 1986 : 16 ; Danièle Gervais, « Une solution de pis-aller », Le Monde Diplomatique, mars 1986 : 16 ;
Françoise Barthélémy, « Dette et démocratie. Vents de révolte en Amérique latine », Le Monde
Diplomatique, octobre 1985 : 1, 16 ; Carlos Gabetta, « Dette et démocratie. L'Argentine et le plan astral »,
Le Monde Diplomatique, octobre 1985 : 17 ; Jean-Pierre Boris, « le Pérou entre la violence et le FMI. La
tentation populiste de M. Alan Garcia », Le Monde Diplomatique, septembre 1985 : 5 ; Françoise
Barthélémy, « Une bête à abattre: le "tiers-mondisme". L'argent gaspillé de la dette », Le Monde
Diplomatique, mai 1985 : 21 ; Philippe Norel, « Vers un marché de la dette? Comment les banques tentent
de protéger leurs créances sur le tiers-monde », Le Monde Diplomatique, mai 1985 : 9 ; Gilles Couture,
« La responsabilité des banques américaines dans le surendettement du tiers-monde », Le Monde
Diplomatique, février 1985 : 28 ; Angelos Angelopoulos, « Le Tiers-Monde et les banques. Propositions
pour résoudre la crise du surendettement international », Le Monde Diplomatique, août 1984 : 21 ; Julia
Juruna, « La crise de l’endettement international. Le sursaut collectif de pays latino-américains met le
Fonds monétaire en désarroi », Le Monde Diplomatique, juillet 1984 : 29 ; Claude Julien, « Endettement
International et démocratie. Le tiers-monde face aux banques », Le Monde Diplomatique, mai 1984 : 1, 1617.
20
10
Pour les chiffres sur le Pérou voir Damien Millet & Eric Toussaint, 50 Questions, 50 Réponses sur la
dette, le FMI et la Banque Mondiale(Paris, Bruxelles : CADTM & Syllepse, 2002), p. 95. Gérald M. Meier
& Joseph E. Stiglitz, Aux Frontières de l’économie du développement. Le futur en perspective(Paris :
Editions ESKA & Banque Mondiale, 2002), pp. 321-399 ; Jean-Marie Harribey & Michel Löwy (dir.),
Capital contre nature (Paris : Presses Universitaires de France, 2003), 203-14 ; David Reed (dir.),
Ajustement structurel, environnement et développement durable (Paris : L’harmattan, 1999), pp. 3-21 ;
Helena Norberg-Hodge, Quand le développement crée la pauvreté. L’exemple de Ladakh (Paris : Fayard,
2002), pp. 201-33 ; Antoine Cazorla & Anne-Marie Drai, Sous-développement et Tiers-Mondes. Une
approche historique et théorique (Paris : Viubet, 1992), pp. 159-84 ; Michel Chossudovsky, Guerre et
Mondialisation. A Qui profite le 11 septembre (Paris : Le Serpent à Plumes, 2002), pp. 27-30 ; Serge
d’Agostino, La Mondialisation (Rosny : Bréal, 2002), pp. 77-84. Un exemple des conséquences de
l’application des dogmes néolibéraux avec la Russie où le niveau de vie a brutalement chuté après
l’effondrement du bloc soviétique et le retour à la « démocratie », voir Vladislav Inozemtsev, Les Leurres
de l’économie de rattrapage. La fracture postindustrielle(Paris : L’Harmattan, 2001), pp. 279-303. Gabriel
Kolko, « De la faillite des Dogmes. Mais exportez donc! dit le FMI », Le Monde Diplomatique, mai 1998 :
7 ; Christian De Brie, « De l’art de faire parler les statistiques. L'Afrique à l'aune du développement
virtuel », Le Monde Diplomatique, octobre 1997 : 16-17 ; Christian De Brie, « Sous le choc de l'ajustement
structurel. Les Européens dans la nasse de l'austérité », Le Monde Diplomatique, juillet 1996 : 1, 7 ; Michel
Chossudovsky, « Au service des bailleurs de fonds », Le Monde Diplomatique, décembre 1994 : 12 ;
Georges Corm, « Nouvel ordre régional, compétition économique et injustices fiscales. A quand
l'ajustement structurel du secteur privé dans le monde arabe? », Le Monde Diplomatique, décembre 1994 :
20-21 ; Michel Chossudovsky, « Comment reconstruire la société rwandaise. Les fruits empoisonnés de
l'ajustement structurel », Le Monde Diplomatique, novembre 1994 : 21 ; Walden Bello & Shea
Cunningham, « Comment soummettre les pays du Sud au lois du marché. De l'ajustement structurel en ses
implacables desseins », Le Monde Diplomatique, septembre 1994 : 8-9 ; Michel Chossudovsky, « De
l’ajustement structurel à la ‘lutte contre la pauvreté’. Les ruineux entêtements du Fonds monétaire
international », Le Monde Diplomatique, septembre 1992 : 28-29 ; Michel Chossudovsky, « Toutepuissance des institutions financières internationales. Comment éviter la mondialisation de la pauvreté? »,
Le Monde Diplomatique, septembre 1991 : 4-5 ; Jacques Decornoy, « Pour sortir des impasses et briser les
meurtrières illusions. Un développement humain qui libérerait les pauvres », Le Monde Diplomatique,
juillet 1991 : 22-23 ; Achille Mbembe, « Régimes en crise, pauvreté et insubordination généralisée.
L'Afrique noire va imploser », Le Monde Diplomatique, avril 1990 : 10-11 ; Jacques Decornoy, « Quand le
fardeau de l’ajustement structurel fait obstacle au développement », Le Monde Diplomatique, novembre
1989 : 18-19 ; Abedayo Adedeji, « D’autres ambitions, d’autres moyens pour restaurer les économies du
Tiers-Monde. Oui à l'ajustement structurel, s'il sert l'Afrique », Le Monde Diplomatique, septembre 1989 :
21 ; Christian Comeliau, « Crise de la théorie du développement. Une seule politique: l'ajustement
structurel », Le Monde Diplomatique, février 1989 : 28 ; Alain Gresh, « Solutions libérales, projets
utopiques et démocratie. L'art subtil d'accommoder la crise », Le Monde Diplomatique, juillet 1988 : 2021 ; Richard Jolly & Dennis Caillaux, « Quand un souci d’efficacité à court terme devient contre-productif.
Sacrifier l'humain au redressement financier: un pseudo-réalisme qui coûte cher », Le Monde Diplomatique,
janvier 1987 : 14 ; Philippe Norel, « Contestation d’un modèle. Le Fonds monétaire sous le feu de la
critique », Le Monde Diplomatique, janvier1987 : 14 ; Richard Jolly & Dennis Caillaux, « Pour une autre
conception de l'"ajustement" », Le Monde Diplomatique, janvier1987 : 15.
11
William Blum, « A Brief History of U.S. Intervention : 1945 to the Present » Third World Traveler, Juin
1999, 1. www.thirdworldtraveler.com/Blum/US_Interventions_WBlumZ.htlm (site consulté le 16 avril
2003)
12
Pierre Vayssière, L’Amérique latine de 1890 à nos jours (1996. Paris : Hachette, 1999), pp. 138-39 ;
Olivier Dabène, La Région Amérique latine. Interdépendance et changement politique(Paris : Presses de
Sciences Po, 1997), pp. 108-09, 252 ; Alain Rouquié, L’Etat militaire en Amérique latine (Paris : Seuil,
1982), p. 433 ; Alain Rouquié, Guerres et paix en Amérique centrale (Paris : Seuil, 1992), pp. 74, 80-83,
158 ; Maurice Lemoine, Les 100 portes de l’Amérique latine (Paris : Editions de l’Atelier, 1997), pp. 23141 ; Maurice Lemoine, Amérique centrale. Les naufragés d’Esquipulas (Nantes : L’Atalante, 2002), pp. 3338 ; Howard Zinn, A People’s History of the United States (1980. New York : Harper Collins, 1999), p.
439.
21
13
Morris H. Morley, Imperial State and Revolution : The United States and Cuba, 1952-1986 (Cambridge :
Cambridge University Press, 1987), p.2 ; Thomas G. Paterson, Contesting Castro. The United States and
the Triumph of the Cuban Revolution (New York : Oxford University Press, 1994), p. 258 ; Robert Merle,
Moncada : premier combat de Fidel Castro (Paris : Robert Laffon, 1965), pp. 7-8 ; Bradley E Ayers, The
War That Never Was : An Insider’s Account of CIA Covert Operations Against Cuba (Indianapolis, New
York : The Bobbs-Merrill Co., 1976), p. 231 ; Jane Franklin, Cuba and the United States. A Chronological
History (Melbourne, New York : Ocean Press, 1997), p. 23 ; Noam Chomsky, World Orders, Old and New
(Londres : Pluto Press, 1994), p. 67 ; Noam Chomsky, Latin America : From Colonization to Globalization
(Melbourne New York : Ocean Press, 1999), p. 21 ; Julien Claude. « Les mécomptes de Washington à
Cuba ». Le Monde Diplomatique, novembre 1994 : 29 ; Jane Franklin, « From Neocolony to State of Siege.
The History of US Policy Toward Cuba », Resist newsletter, juillet/août 2001, 3.
http://ourworld.compuserve.com/homepages/JBFranklins/resist/htm (site consulté le 14 octobre 2002).
14
Pour la citation de Henry Kissinger, voir : Eduardo Galeano, Patas Arriba, La escuela del mundo al
revès (1998. Madrid : Siglo XXI de España Editores, 2002), p. 321 ; Antonia García Castro, La Mort lente
des disparus au Chili sous la négociation civils-militaires (1973-2002) (Paris : Maisonneuve & Larose,
2002), pp. 25-41 ; Marie-Noëlle Sarget, Histoire du Chili (Paris : L’Harmattan, 1996), pp. 215-256 ;
Dominique Rizet & Rémi Bellon, Le Dossier Pinochet (Neuilly-sur-Seine : Michel Laffont, 2002), pp.2549 ; Pierre Grenier, Des Tyrannosaures dans le paradis. La ruée des transnationales sur la Patagonie
chilienne (Nantes : L’Atalante, 2003), pp. 15-49.
15
Adam Smith, La Richesse des nations cité dans Alan Woods, « Cambio de marea », Rebelión, 14 août
2002, 1. www.rebelion.org/economia/alanwoods140802.htm (site consulté le 19 novembre 2002). Voir
également François Dermange, Le Dieu du marché. Ethique, économie et théologie dans l’œuvre d’Adam
Smith (Genève : Laba &Fides, 2003), pp. 52-65. Pour la citation entre guillemets de Smith voir Noam
Chomsky, Profit Over People. Neoliberalism and Global Order (New York, Toronto, Londres : Seven
Stories Press, 1999), p. 39.
16
Pour la citation de James Madison voir Noam Chomsky, The Common Good (1998. Canada : Odonian
Press, 2001), p. 7. Pour la citation de John Jay voir Noam Chomsky, Profit Over People. Neoliberalism and
Global Order (New York, Toronto, Londres : Seven Stories Press, 1999), p. 11 ; G. William Domhoff,
Who Rules America Now ? (New York : Touchstone Books, 1983), pp. 116, 146 ; Larry Chin, « Enron :
Ultimate Agent of the American Empire », Online Journal, 20 février 2002, 1.
www.zmag.org/content/Economy/ChinEnron1.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
17
Alain Damasio & Karen Bastien, Une Autre mondialisation en mouvement (Paris : Mango Document,
2002), pp. 52-53 ; Centre Europe – Tiers Monde, AMI : Accord Multilatéral sur l’Investissement.
Attention ! Un accord peut en cacher un autre (Genève : CETIM, 1998) ; John Nichols, « Enron’s Global
Crusade », The Nation, 4 mars 2002, 1. www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site
consulté le 15 novembre 2002) ; Noam Chomsky, « Hordes of Vigilentes & Popular Elements Defeat MAI,
For Now », Z Magazine, juillet 1998. www.zmag.org/chomsky/articles/z9807-mai.htm (site consulté le 13
juillet 2002) ; Noam Chomsky, « Domestic Constituencies », Z Magazine, mai 1998, 4-14.
www.zmag.org/chomsky/articles/z9805-domestic.html (site consulté le 13 juillet 2002) ; Western
Governors’ Association, « Multilateral Agreement on Investment : Potential Effects on State & Local
Government », pas de date. www.westerngov.org/publicat/maiweb.htm (site consulté le 24 avril 2003) ;
Anup Shah, « Multilateral Agreement on Investment », Free Trade and Globalization, 20 décembre 2000.
www.globalissues.org/traderelated:MAI.asp (site consulté le 24 avril 2003) ; Michael Peel & Francesco
Guerrera, « OECD Gets Rating and a Warning », Financial Times, 13 août 2001.
www.globalpolicy.org/sociecon/bwi-wto/0813oecd.htm (site consulté le 24 avril 2003) ; Michelle SforzaRoderick, Scott nova & Mark Weisbrot, « A Concise Guide to the Multilateral Agreement on Investment
Supporters’ and Opponents’ Views », The Preamble Center for Public Policy, pas de date.
www.globalpolicy.org/socecon/global/mai.htm (site consulté le 24 avril 2003) ; David Crane, « Let’s
Develop Humane Global Investing », The Toronto Star, 11 avril 1998. www.globalpolicy.org/socecon/bwiwto/crane.htm (site consulté le 24 avril 2003) ; Andrea Durbin & Mark Vallianatos, « Transnational
Corporate Bill of Rights – Negociations for a Multilateral Agreement on Investment (MAI) », Friends of
22
the Earth-US, avril 1997. www.globalpolicy.org/socecon/bwi-wto/mail.html (site consulté le 24 avril
2003).
23
II. UN LOBBYING POLITIQUE TRES FRUCTUEUX
Basée à Houston, au Texas, Enron qui était à la base une entreprise vendant de
l’énergie sans en produire, spécialisée dans les oléoducs, a su élargir ses activités par des
moyens loin d’être licites et ainsi asseoir une position prédominante au sein des grosses
sociétés étasuniennes. Créée en 1985 suite à la fusion de deux entreprises de gaz, elle
s’est tout de suite tournée vers le marché dérégulé où les investissements paraissaient
plus rentables notamment dans le gaz et l’électricité et Enron est devenu le premier
vendeur d’électricité des Etats-Unis dans les années 1990. Classée 7ème sur la liste de
Fortune 500 avec un chiffre d’affaire de près de 100 milliards de dollars, Enron était
également le 16ème plus grand conglomérat économique mondial par son chiffre d’affaire.
L’entreprise a été créée par l’Etat, c'est-à-dire avec de l’argent public puis est ensuite
devenue une entité privée dotée de vastes pouvoirs et privilèges – dont la possibilité de
prendre des décisions gouvernementales – notamment en ce qui concerne la dérégulation.
Ses investissements se firent non seulement en Californie grâce à la dérégulation
énergétique mais aussi en Inde avec la Dabhol Power Corporation, en Amérique latine et
dans de nombreux autres pays. Ses connections au monde politique s’avérèrent fort
utiles.1
Will Hunton du journal anglais The Observer déclarait à propos de la société
étasunienne et de son système électoral :
La démocratie américaine est de plus en plus une fraude. L’argent achète les votes, l’influence et
les postes. La Washington contemporaine fait de la Rome de Caligula un salon de thé pour
pasteurs. Le besoin gigantesque des politiciens américains, [qui dépendent en grande partie] des
donations du monde des affaires pour gagner leurs campagnes électorales, pollue maintenant le
discours de la vie publique du pays, avec le business rédigeant la politique publique et corrompant
tout ce qu’il touche. Et les conséquences nocives, en terme d’idées et de pratique des affaires,
s’étendent jusqu’à la Grande Bretagne.2
Aux Etats-Unis, lors des périodes électorales, 0,25% des citoyens étasuniens
concourent à hauteur de 80% des contributions aux campagnes politiques des candidats et
les grosses entreprises participent dix fois plus aux contributions que les syndicats.
Robert W. McChesney, professeur à l’université de l’Illinois déclarait que « sous le
24
néolibéralisme, tout cela est logique… .Cela renforce le manque d’à-propos de la
politique électorale pour une majeure partie de la population et assure le maintien de la
domination du monde des affaires ». Cela soulève des questions lourdes de conséquences
quant à savoir si le gouvernement et les élites politiques sont au service des citoyens ou
des puissantes entités économiques.3
Enron a su utiliser à merveille les avantages du système électoral étasunien qui
permet aux particuliers de contribuer financièrement aux campagnes politiques des
différents candidats. Elle a su faire un excellent usage du lobbying politique qui portera
ses fruits et permettra à l’entreprise de dessiner la politique énergétique des Etats-Unis.
Le pouvoir politique est dans ce cas non pas défini par l’appui populaire mais par la
richesse et cela est loin de déplaire à Robert Bartley, le rédacteur en chef du très
conservateur Wall Street Journal qui osera même parler « d’égalité des chances » pour
expliquer le pouvoir, la richesse et influence des multinationales sur la vie politique.4
Il est difficile de trouver un seul homme politique aux Etats-Unis n’ayant pas reçu
des contributions financières de la part d’Enron. L’entreprise a rassasié, à des degrés
divers, la majorité des membres de la vie politique étasunienne en partant du simple
membre du Congrès jusqu’à atteindre le président George W. Bush qui a été le
personnage politique à recevoir les participations financières les plus larges de la part de
l’entreprise énergétique. Grâce à ses dollars, Enron a su acheter une influence non
négligeable qui lui a permis d’asseoir sa position, de maximiser son profit et d’agrandir
ses parts de marché. Elle a également pu échapper à la surveillance et réaliser des
opérations illicites en toute discrétion.5
L’influence néfaste d’Enron au sein de la Maison Blanche et du Congrès a été
sans égale. Même si les Républicains ont reçu la majeure partie des contributions, les
Démocrates n’ont pas été en reste. George W. Bush a largement été applaudi lorsqu’il
s’est prononcé contre la criminalité financière durant son discours sur l’Etat de l’Union
en début 2002. Suite à cela, le New York Times notait dans un article datant du 3 février
2002, que les membres du Congrès qui s’étaient offusqués par la chute d’Enron et ses
25
pratiques en menant des enquêtes sur les raisons du désastre « devraient simplement se
regarder dans le miroir », soulignant leur hypocrisie car ils s’étaient largement servis
auprès de l’entreprise. Deux membres du comité d’investigation chargé de recenser les
hommes politiques ayant reçus une enveloppe financière de la part d’Enron et de la
société comptable Andersen ne sont autres que le Républicain de Louisiane, Bill Tauzin,
qui a reçu 289 743 dollars de la part d’Andersen pour ses campagnes depuis 1989 et le
sénateur du Connecticut, Chris Dodd, qui a lui reçu 505 020 dollars de la part de la même
entité. Il ne faudra pas s’étonner si l’enquête débouche sur une brise fraîche car
l’ensemble du Congrès est impliqué dans l’affaire.6
La famille Bush a été intimement liée à Enron et a grandement contribué à
enrichir les dirigeants de l’entreprise. George H. Bush, Le père de l’actuel président a
joui très tôt de relations privilégiées avec la société énergétique pour des raisons
géographiques d’abord, étant donné que celle-ci était implantée à Houston au Texas,
bastion républicain par excellence. George W. Bush a reçu, selon le Wall Street Journal
1,3 millions de dollars pour sa campagne de la part de Enron (au total, les entreprises
pétrolières et de gaz ont financé la campagne de Bush 13 fois plus que celle de Gore).
Kenneth L. Lay, le PDG de l’entreprise et ancien économiste du Pentagone, a été le
premier support financier de la campagne présidentielle de l’actuel président des EtatsUnis. Il a personnellement contribué à hauteur de 326 000 dollars au Parti Républicain. Il
était surnommé par George W. Bush « Kenny Boy », ce qui montre à quel point les deux
personnages étaient des amis intimes. Durant toute sa campagne présidentielle, George
W. Bush a effectué ses déplacements à bord d’un avion appartenant à Enron et mis à
disposition par Lay. Le président avait même interrompu sa campagne en avril 2000 pour
assister à l’inauguration de la filiale Astro sur un nouveau terrain d’Enron à Houston.
Après son élection, George W. Bush a nommé un ancien avocat de la société comme juge
fédéral au Texas. Bref, Enron avait réussi à introduire l’administration et à en faire
virtuellement partie.7
Enron a également été le plus important allié financier de George W. Bush lors de
ses campagnes de gouverneur en 1994 et 1998 au Texas avec plus de 312 000 dollars
26
offerts. Durant ces deux campagnes, Bush a récolté plus de 41 millions de dollars, le plus
important butin jamais recueilli par un candidat au poste de gouverneur dans toute
l’histoire des Etats-Unis. La majorité de ces fonds provenaient de banques et de
compagnies d’assurance, du secteur énergétique et minier, de puissants groupes
immobiliers et d’avocats, du secteur pharmaceutique, et bien sûr du complexe
industrialo-militaire.8
L’administration Bush était également très liée à Enron. Le Secrétaire au Trésor
Paul O’Neill était l’ancien PDG d’Alcoa dont la filiale Vinson & Eklkins conseillait
juridiquement Enron. Il est l’un des plus fervent partisan de l’abolition des impôts sur les
grosses sociétés, ce qui n’a rien d’étonnant au vu de son parcours professionnel et des
liens dont il dispose avec le monde des affaires. Lawrence Lindsey, la conseillère
économique du président, a travaillé pour Enron dans le passé. Timothy White, le
Secrétaire de l’Armée a fait partie du conseil d’administration d’Enron. Robert Zoellick,
le représentant fédéral du commerce pour George W. Bush a été conseiller chez Enron.
Quant à Karl Rove, l’un des personnages les plus importants à la Maison Blanche, il
possédait 250 000 dollars en actions d’Enron. Le président du parti républicain est
également un fervent lobbyiste d’Enron.9
Le reste de l’administration est également lié au monde des affaires. La
conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, quant à elle, était une ancienne
directrice de l’entreprise de Chevron. Le Vice-président, Dick Cheney a été directeur
général de la société Halliburton. Le secrétaire au commerce, Don Evons, a été le PDG de
l’entreprise pétrolière Tom Brown Inc. Le secrétaire de l’intérieur, Gale Norton a
travaillé pour le Mountain States Legal Foundation, un think tank conservateur financé
par des sociétés pétrolières et elle a également présidé la Coalition of Republican
Environmental Advocates, un groupe appuyé par les entreprises BP Amoco et Ford. Le
secrétaire général de la Maison Blanche, Andrew Card, et le secrétaire à l’énergie,
Spencer Abraham, sont intimement liés aux constructeurs de voiture. Le fait qu’une
grande partie de l’actuelle administration étasunienne soit liée aux intérêts énergétiques,
27
notamment pétroliers et que la plupart des membres aient travaillé dans des
multinationales avant d’accéder à leur position actuelle est un secret de polichinelles.10
Le journaliste Larry Chin notait que « l’actuelle administration est, dans une large
mesure, l’extension du conseil d’administration d’Enron. Ce gouvernement, pourrait-on
dire, est Enron à la présidence, pas simplement parce que de nombreux membres du
cabinet de Bush et d’autres candidats (et d’autres républicains influents) ont travaillé
d’une façon ou d’une autre pour Enron, mais parce que les types sociaux présents dans la
salle de conseil d’Enron et dans les importants postes gouvernementaux sont
interchangeables ». Une étude réalisée par le Center for Public Integrity (CPI) révélait
que les 100 fonctionnaires les plus influents du pays avaient tous, sans aucune exception,
des liens très étroits avec le monde des affaires. Leur fortune moyenne oscillait entre 3,7
millions de dollars et 12 millions de dollars (la richesse des membres actuels du cabinet
présidentiel variait de 9,3 millions de dollars à 27,3 millions de dollars soit 10 fois plus
que celle du cabinet de Clinton) avec 34% de cette fortune provenant des grosses
multinationales et 16% des entreprises juridiques liées aux multinationales.11
Cette sagacité politique a permis à Enron de ne pas payer d’impôts pendant
presque une demie décennie (4 années sur 5 entre 1996 et 2000) alors qu’elle présentait
des bénéfices faramineux (2 milliards de dollars de profits). Les entreprises sont censées
payer 35% de leurs profits en impôts selon le code régissant la fiscalité aux Etats-Unis.
Sur les cinq années, Enron a engendré un profit de 1,8 milliards de dollars et grâce à
l’assistance sociale aux entreprises (corporate welfare), les impôts d’Enron ont été
négatifs de 381 millions, ce qui revient à dire que l’entreprise n’a pas payé un centime
malgré les profits colossaux réalisés. Un moyen très efficace d’escroquer le contribuable
et de se remplir les poches avec, bien sûr, l’aide du gouvernement, et notamment des
administrations Bush et Clinton. Les couches populaires ne doivent pas bénéficier de
protection sociale car cela en ferait des assistés d’après la doctrine libérale.
Apparemment, il en est tout autre en ce qui concerne les grosses entreprises. Selon
l’idéologie dominante, le premier rôle de l’Etat est de s’occuper de la bonne santé du
monde des affaires avant celle de ses citoyens. Et cela n’est pas spécifique à Enron. Si les
28
entreprises payaient 35% de leurs profits en impôts, les sommes prélevées au monde du
business auraient atteint 308 milliards pour l’année 2002 aux Etats-Unis. Or, le montant
récolté ne s’est élevé qu’à 136 milliards. De nombreuses autres entreprises ont échappé
aux impôts grâce aux lois votées en faveur de l’évasion fiscale : En 1999, Microsoft n’a
pas payé un centime d’impôts malgré des profits s’élevant à 12,3 milliards de dollars. De
1997 à 2001, General Motors a payé seulement 11,5% des impôts sur les bénéfices au
lieu des 35% prévus par la législation fiscale, Ford seulement 5,7% en 2000 et 2001,
World Com pas un centime lors de deux des trois dernières années précédant sa chute
(1,6% sur trois ans), et IBM seulement 3,4% en 2000.12
La baisse actuelle des impôts pour les grandes sociétés n’est que la continuation
d’un processus historique. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, les grosses
entreprises et le public se partageaient à parts égales les charges fiscales. En 1953, en ce
qui concerne l’impôt sur le revenu, les ménages payaient 59% des revenus fédéraux et les
multinationales 41%. Selon les derniers chiffres du Extrait Statistique des Etats-Unis (The
Statistical Abstract of the United States), les ménages contribuent à hauteur de 80% dans
les revenus fédéraux alors que les multinationales ne participent qu’à hauteur de 20%.
Loin de surprendre, ces chiffres ne font que refléter un truisme de l’histoire des EtatsUnis : la dévotion du gouvernement aux intérêts des grandes entreprises. De nombreux
candidats présidentiels basent leur campagne sur la baisse des impôts, dénonçant le poids
de la fiscalité sur les citoyens. Mais cela n’est qu’un mythe. D’une part parce que les
Etasuniens font partie des personnes qui paient le moins d’impôts de toutes les
démocraties industrialisées avec un taux de 29,7% du PIB contre 49,9% pour la Suède
par exemple, et, d’autre part, les réformes des impôts profitent surtout au décile le plus
riche de la population comme l’ont démontré les réformes de Ronald Reagan.13
Suite aux attentats du 11 septembre 2001, l’aide gouvernementale accordée pour
relancer l’économie a, encore une fois, largement profité aux multinationales avec de
nouvelles exemptions fiscales pour l’élite économique la plus aisée alors que le reste de
la population a été oubliée. Les réductions d’impôts pour les grosses sociétés ont atteint
la somme de 70 milliards de dollars desquels Enron a reçu 254 millions de dollars. La
29
sécurité sociale existe bien aux Etats-Unis mais elle ne concerne pas les chômeurs et les
travailleurs précaires. Elle est seulement destinée à la oligarchie qui continue d’amasser
les profits sous l’œ il bienveillant du gouvernement protecteur qui se charge de la
protéger.14
Le représentant Bernie Sanders déclarait à propos des autorités gouvernementales
étasuniennes : « Ils fournissent une protection sociale aux entreprises qui maltraitent les
travailleurs aux Etats-Unis et qui font du mal aux communautés et à l’environnement à
l’étranger comme le montre le cas de l’usine énergétique en Inde. C’est vraiment l’un
[Enron] des exemples les plus affligeants de la promotion gouvernementale d’une sorte
de mondialisation qui n’apporte rien de bon ».15
Deirdre Griswold de Indymedia déclarait à propos de la baisse des impôts que « le
problème est que Bush et son équipe veulent une réduction fiscale pour les riches et non
pas pour les travailleurs ordinaires ». Après la destruction de la sécurité sociale pour la
population, l’éradication de l’influence des syndicats, et toute une série de mesures
affaiblissant considérablement les droits des salariés, le monde des affaires a obtenu le
privilège de ne pas payer d’impôts ou très peu. Ainsi, rien ne vient se mettre en travers de
leur course vers le profit.16
Kenneth L. Lay a eu une influence considérable sur la mise en place de la
politique énergétique des Etats-Unis. Le responsable de la Commission Régulatrice de
l’Energie Fédérale (Federal Energy Regulatory Commission), Curtis Hebert Jr, qui s’est
opposé aux directives d’Enron a été démis de ses fonctions sans autre forme de procès et
remplacé par le texan Pat Wood plus enclin à suivre les instructions de l’entreprise
texane. Sans doute avait-il commis l’erreur de se préoccuper de l’intérêt des citoyens
étasuniens avant ceux du monde des affaires. Après avoir choisi qui présidera l’agence de
contrôle censée surveiller les activités d’Enron, Kenneth L. Lay a même décidé de
nommer Harvey Pitt, un ancien avocat de l’entreprise Arthur Andersen (qui falsifiera les
comptes d’Enron et qui la conduira à sa chute) à la présidence de la Securities et
30
Exchange Commission. Paul Krugman du New York Times écrivait que l’influence
d’Enron dans la politique énergétique des Etats-Unis dépassait tout entendement.17
Lors de l’ébauche du plan d’énergie en 2001, le Vice-président Dick Cheney s’est
secrètement réuni à six reprises avec Kenneth Lay, pour étudier le dossier. Le résultat est
tel qu’il est probable que le plan ait été rédigé par l’entreprise tellement les directives lui
furent favorables. Les clauses du plan énergétique, alors qu’il concernait l’ensemble des
citoyens étasuniens, correspondaient parfaitement aux intérêts d’Enron. La loi contenait
17 provisions qui allaient en faveur du conglomérat texan. Les intérêts du public
passèrent encore une fois après ceux de l’entreprise. Un rapport, réalisé par le
Républicain Henry Waxman de Los Angeles, sur les 17 concessions faites à Enron dans
le plan énergétique concluait qu’« il était peu probable qu’une autre multinationale aux
Etats-Unis profite autant du plan de la Maison Blanche que Enron ». Le plan donnait
carte blanche à l’entreprise du Texas pour investir les secteurs énergétiques encore sous
contrôle des Etats et des collectivités locales. Suite à la crise, Dick Cheney refusera de
s’expliquer sur les différentes réunions indiquant qu’elles étaient d’ordre privé. La réalité
semble plutôt être que les potentielles révélations sur ces meetings pourraient créer un
immense cataclysme politique.18
Au Texas, Rick Perry, le successeur de George W. Bush au poste de gouverneur,
avait nommé le responsable des opérations d’Enron au Mexique, directeur de l’institution
chargée de la régulation énergétique de l’Etat, en violation de la loi fédérale texane
pourtant assez laxiste en ce qui concerne les nominations à des postes publics. Mais il n’y
avait juridiquement pas grand-chose à craindre car le président de la Cour Suprême du
Texas ainsi que six de ses juges avaient reçu plus de 100 000 dollars de la part d’Enron
depuis 1994, en faveur de leurs diverses campagnes électorales. C’est pour cela que sur
les six procès intentés contre Enron au Texas, la justice a donné raison à l’entreprise à
cinq reprises. Le gouverneur du Texas voulait également remercier Enron pour les
200 000 dollars reçus entre 1997 et juillet 2001. Enron a ainsi réussi à s’immiscer à tous
les niveaux de la vie publique du pays, du simple juge fédéral jusqu’au président des
Etats-Unis.19
31
Toujours au Texas, la femme du sénateur Phil Graam, Wendy Graam, qui en 1992
travaillait pour l’Etat à la Commodity Futures Trading Commission, a répondu à une
demande d’Enron pour la rédaction des contrats énergétiques afin qu’il soient exempts de
la surveillance étatique et de la législation sur les fraudes. Peu de temps après, elle a
rejoint le conseil d’administration de l’entreprise. Le premier secrétaire au Trésor de
Clinton, également originaire du Texas, a aussi largement bénéficié de la générosité
financière d’Enron. En 1994, il fut remplacé par Robert Rubin dont la relation avec
l’entreprise datait de l’époque où il était banquier.20
Les Républicains en général ont presque tous été sur la fiche des salaires d’Enron
bien plus que les Démocrates, même si ceux-ci ne sont pas en reste. Deux exemples :
Tom DeLay, Républicain du Texas a reçu plus de 50 000 dollars en contributions de
campagne de la part d’Enron, s’étant distingué par son lobbying acharné en faveur de la
dérégulation de l’énergie auprès du Congrès. Il s’est également farouchement opposé à la
réforme sur le financement des campagnes. Du côté démocrate, Linda Robertson, qui a
été un haut fonctionnaire du Trésor sous Clinton, rendait régulièrement visite aux
quartiers généraux d’Enron – aux frais de l’entreprise – alors qu’elle occupait toujours sa
position gouvernementale. A l’époque, Bill Clinton et le Congrès discutaient d’un projet
de loi sur les contrats dérivés intéressant tout particulièrement l’entreprise texane. Elle est
devenue par la suite responsable du bureau d’Enron à Washington. Il serait
vraisemblablement difficile d’exagérer l’influence des grosses multinationales en général,
et d’Enron en particulier dans la vie politique, économique et sociale des Etats-Unis.21
Ainsi, personne ne s’oppose à la volonté du conglomérat de Houston étant donné
que dans l’éventail de choix offerts, c’est l’option la plus intéressante à tous les points de
vue pour les hommes politiques (sauf en ce qui concerne l’éthique). Cependant, une rare
exception à la règle vaut la peine d’être mentionnée. Graig Washington, membre de la
Chambre des Représentants pour la zone de Houston, s’est opposé à l’ALENA et a voté
contre sa mise en place. Ken Lay a tout de suite recruté la candidate démocrate Sheila
Jackon Lee et lui a fourni 624 000 dollars pour sa campagne. La somme a fait la
différence lors des élections suivantes, Sheila Jackson Lee a été élue et Graig Washington
32
a payé au prix fort son audace. Le PDG de Enron lui a fait comprendre, de cette manière,
que l’on ne s’oppose pas aux intérêts du monde des affaires impunément.22
Richard Grossman, directeur du Programme sur les Multinationales, le Droit et la
Démocratie (Program on Corporations, Law and Democracy), dont la mission est
« d’ouvrir des actions et des conversations démocratiques qui contestent l’autorité des
multinationales à gouverner » soulignait l’incroyable influence des multinationales :
Dès que l’on accorde une chartre à une multinationale – les multinationales obtiennent leur chartre
dans les Etats – dès leur propre conception, la forme multinationale est dotée de certains droits et
privilèges. Elles peuvent influencer les élections, influencer le développement des idées, rédiger
les lois, et influencer le débat public. Elles peuvent faire ce que Enron a fait – transformer la
pensée au niveau fédéral en ce qui concerne l’énergie et museler le public au niveau local et
étatique.23
En dix années, Enron a consacré près de 10 millions de dollars pour acheter des
hommes politiques qui, eux, se sont généreusement chargés des intérêts du conglomérat
texan. Kenneth Lay contribua à lui seul à hauteur de 882 580 dollars dont 793 110 dollars
en faveur des Républicains. Il y 25 ans, Richard Barnett et Ronald Muller avertissaient
dans leur livre Global Reach que « les hommes à la tête des multinationales sont les
premiers dans l’histoire à disposer de l’organisation, la technologie et l’idéologie à
pouvoir transformer le monde en une unité intégrée ». La démocratie étasunienne et le
droit à la liberté d’expression sont en grande partie déterminés par le montant inscrit sur
le chèque qui, lui, permet d’ouvrir toutes les portes vers la prospérité et la poursuite du
bonheur. Après tout, comme l’a souligné le Sénateur Mitch, « l’argent, c’est la liberté
d’expression ».24
33
Notes
1
Tom Frank, « Déréglementation et trafics d’influence. Enron aux mille et une escroqueries », Le Monde
Diplomatique, février 2002 : 24 ; Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocraty », New Unionist, 18
février 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ;
Robert Sheer, « Connect the Enron Dots to Bush », Los Angeles Times, 11 décembre 2001, 2.
www.zmag.org/sheerenron.htm (site consulté le 13 novembre 2002); Ruth Conniff, « Interview With
Richard Grossman. Enron and the Economy », The Progressive, 5 mars 2002, 3.
www.zmag.org/content/Economy/grossman_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Serge Halimi,
« Un Scandale presque légal. Enron, symbole d’un système », Le Monde Diplomatique, 8 mars 2002.
www.monde-diplomatique.fr (site consulté le 13 novembre 2002).
2
Will Hutton, « Greed is the Creed », The Observer, 13 janvier
www.zmag.org/content/Economy/hutton0115.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
2002,
1.
3
Noam Chomsky, Profit Over People. Neoliberalism and Global Order (New York, Toronto, Londres :
Seven Stories Press, 1999), p. 11 ; Business Week, « … And Campaign-Finance Shenanigans », 28 janvier
2002, éditorial.
4
Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocraty », New Unionist, 18 février 2002, 2.
www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
5
Mark
Thomas,
« Enron »,
New
Statesman,
29
avril
www.zmag.org/content/Economy/thomasenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
2002,
1.
6
Frédéric Hastings & Jean-Philippe Lacour, « Le Congrès cherche à élucider l’affaire Enron », La Tribune,
25 janvier 2002 ; Thierry Arnaud, « Enron sous le feu croisé des créanciers et du Congrès », La Tribune, 14
décembre 2001 ; Tom Turnipseed, « Sheriff Bush Wages War Against Evil to Cover Corporate Corruption
of Government », Z Magazine, 6 février 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/sheriff_bush.cfm (site
consulté le 13 novembre 2002).
7
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« White House Had More Contact With Enron Than First Thought – Senator », 24 mai 2002 ; Business
Week, « Eight Questions for Bush about Enron », 14 janvier 2002 ; Business Week, « Time for Bush to Tell
All about Enron », 28 janvier 2002 ; Business Week, « Why Bush Can’t Help Enron », 3 décembre 2001 ;
Business Week, « The Fallout for Bush and Congress », 28 janvier 2002 ; Center for Responsive Politics,
« Enron :
Other
Money
in
Politics
Stats »,
24
janvier
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1.
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1-2.
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8
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www.thirdworldtraveler.com/Political/EmptyBlueSuit.html (site consulté le 15 novembre 2002).
34
9
Michael Moore, op. cit., 2. Voir également : International Herald Tribune, « Americas Business Brief »,
7 janvier 2002.
10
Greg Guma, « Oil and Empire : The Battle for El Dorado », Third World Traveler, pas de date, 8.
www.thirdworldtraveler.com/Oil_watch/Oil_Empire_LGM.html (site consulté le 15 novembre 2002).
11
Larry Chin, « Enron : Ultimate Agent of the American Empire », Online Journal, 20 février 2002, 2.
www.zmag.org/content/Economy/ChinEnron1.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la fortune des
membres de l’administration voir : Juan Gelman, « Lástimas », Página 12, 8 février 2002, 1.
www.rebelion.org/internacional/gelman080202.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
12
Pour ce qui concerne les évasions fiscales voir : Robert S. McIntyre, « Your Federal Tax Dollars at
Work »,
The
American
Prospect
Magazine,
20
mai
2002,
1-2.
www.thirdworldtraveler.com/Corporate_Welfare/Tax_Dollars_At_Work.html (site consulté le 19
novembre 2002) ; John Balzar, « Enron : A Scandal So Good That It hurts », Los Angeles Times, 23 janvier
2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/times0122.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Les Echos,
« Enron a échappé aux impôts durant des années », 14 février 2002 ; David Cay Johnson, « Tax Moves By
enron Said to Mystify the I.R.S. », New York Times, 13 février 2003 ; David Cay Johnson, « U.S. Tax
Report Is ‘Eye-popping’», International Herald Tribune, 14 février 2003.
13
Ben Bagdikian, « The 50-Year Swindle », The Progressive, avril 2002,
www.thirdworldtraveler.com/Bagdikian/50_Year_Swindle.html (site consulté le 15 février 2002).
1,
3.
14
Tom Turnipseed, « Paying Back Big Energy Evil-Doers », Z Magazine, 7 novembre 2001, 1.
www.zmag.org/turnippayback.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Edmund L. Andrews, « Bush Tax
Cut Gets Backing of Nominee », New York Times, 29 janvier 2003 ; New York Times, « Enron Unit
Indicted Over Tax Appraisals », 7 décembre 2002.
15
John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars
www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002)
2002,
6.
16
Deirdre Griswold, « As Economic Storm Gathers : CEO’s & Bush Meet in Secret », Independent Media
Center, 16 janvier 2001, 2. www.indymedia.org/print.php3?article_id=18510 (site consulté le 19 novembre
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17
Paul Krugman, « Crony Capitalism, U.S.A. », New York Times,
www.zmag.org/content/Economy/krugman0115.cfm ; Michael Moore, op.cit., 1.
15
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2002,
1.
18
Brian Knowlton, « Cheney Bars Giving Congress Data That Might Cite Enron », International Herald
Tribune, 28 janvier 2002 ; Thierry Arnaud, « La Maison Blanche prête à l’affrontement sur l’affaire
Enron », La Tribune, 1 février 2002 ; La Tribune, « La Maison Blanche se retrouve face à la justice dans
l’affaire Enron », 25 février 2002 ; Ritt Goldstein, « Si scrive ‘oil’, ma si legge ‘sicurezza nazionale’», Il
Manifesto, 13 novembre 2002 : 18 ; Saul Landau, « The Enron Sysrem Works Well, For Some People », Z
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www.zmag.org/content/Economy/hightower_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002). Pour le
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Andrew Gumbel, « Scandal America. The Scandal That has Left the Credibility of American Politics in
Shreds », The Independent, 25 janvier 2002, 1. www.zmag.org/content/Economy/Gumbel0125.cfm (site
consulté le 13 novembre 2002). Pour la somme reçue par Rick Perry, voir : Saul Landau, « Il sistema Enron
funziona bene, per alcuni », Z Magazine, 13 mars 2002, 1. www.zmag.org/Italy/landau-enron.htm (site
consulté le 13 novembre 2002). Pour les procès intentés contre Enron, voir : Jim Hightower, op. cit., 1.
35
20
Greg Guma, « Enron, We Hardly Knew Ye », Toward Freedom, 13 janvier 2002, 2.
www.zmag.org/content/Economy/gumaenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Robert Sheer,
« Enron
Flew
Under
the
Radar »,
12
février
2002.
Los
Angeles
Times,
www.zmag.org/content/Economy/sheer_enron_police.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
21
Thierry Arnaud, « Le Congrès veut réformer le financement électoral », La Tribune, 15 février 2002 ;
Darren Puscas, « A Guide to the Enron Collapse : A Few Points for a Clearer Understanding », Polaris
Institute, 4 février 2002, 3. www.polarisinstitute.org (site consulté le 13 novembre 2002).
22
John Nichols, op.cit., 6.
23
Ruth Conniff, « Interview With Richard Grossman. Enron and the Economy », The Progressive, 5 mars
2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/grossman_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
24
William Pfaff, « The American Problem Is Domination of Politics by Money », International Herald
Tribune, 24 janvier 2002 ; Center for Responsive Politics, « Top Enron Individual Donors, 1989-2001 », 24
janvier 2002. www.opensecrets.org/news/enron/enron_indiv.asp (site consulté le 28 janvier 2003) ; Serge
Halimi, « Un Scandale presque légal. Enron, symbole d’un système », Le Monde Diplomatique, 8 mars
2002. www.monde-diplomatique.fr (site consulté le 13 novembre 2002). Pour la citation du sénateur Mitch
voir Ariana Huffington, « Enron : Cooking the Books and Buying Protection », Third World Traveler, pas
de date, 1. www.thirdworldtraveler.com/Political_Corruption/Enron_BuyingProtection.html (site consulté
le 15 novembre 2002) ; John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars 2002, 1.
www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002).
36
III. AU NOM DU PROFIT
En plus du gouvernement, l’appareil de sécurité nationale est également lié aux
multinationales. Ainsi, le PDG de Enron, Kenneth Lay, était un fonctionnaire du
Pentagone durant la guerre du Vietnam. Frank Wisner Jr., membre du comité de direction
d’Enron depuis le 27 octobre 1997, est très lié à la CIA étant lui-même le fils de l’ancien
député-directeur de l’agence Frank Wisner Sr., impliqué dans le renversement de
Mossadegh en Iran en 1953 et de Arbenz au Guatemala en 1954. Il fait également partie
du conglomérat d’assurance Groupe International Américain (American International
Group), dont les liens avec la CIA sont notoires. Il a également été respectivement soussecrétaire de la Défense, sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires de Sécurité
Internationale et ambassadeur sous Clinton. Enron, au même titre que de nombreuses
autres multinationales telles que la United Fruit, s’est servi des services secrets
étasuniens pour promouvoir sa propre politique, contrôler les ressources énergétiques
mondiales, obtenir des informations sur différentes régions du monde, maintenir sa
position dominante sur le marché et éliminer toute opposition à son hégémonie comme
dans le cas de l’Inde abordé ci-dessous.1
La dérégulation effectuée en Californie dans le domaine électrique censée réduire
les coûts, rendre les entreprises plus compétitives et bien sûr, améliorer la rentabilité, a
donné lieu à l’une des plus vastes escroqueries jamais effectuée sur le dos du contribuable
californien. Clinton avait bien fixé un seuil de prix à ne pas dépasser pour l’électricité de
la Californie mais dès que George W. Bush a pris ses fonctions, il a supprimé cette
directive. Le président Bush, sur conseil de Lay, a empêché la Commission Fédérale de
Régulation d’Energie de venir en aide à la Californie, quand celle-ci commençait à
rencontrer quelques difficultés, à la grande joie du conglomérat texan. Enron en est
ressorti avec des profits ahurissants réalisés aux dépens de la population californienne. La
pénurie d’électricité en Californie a été complètement fabriquée par les producteurs
privés d’énergie tels que Enron. Après avoir délibérément omis de ravitailler l’Etat de la
côte ouest, le jeu de l’offre et de la demande a rempli son rôle et le prix de l’électricité a
explosé, permettant ainsi à Enron de faire de juteuses affaires. Les ventes sont passées de
37
12 milliards de dollars au premier trimestre 2000 à 48,4 milliards de dollars au premier
trimestre 2001 soit un chiffre multiplié par quatre en un an. Ces chiffres délibérément
gonflés ont été impunément extorqués aux citoyens californiens.2
Le rôle d’Enron en Inde est l’un des rares à avoir été sujet d’un rapport complet de
l’organisation internationale des droits de l’homme Human Rights Watch qui, d’habitude,
ne s’immisce jamais dans le débat de savoir si les directives du FMI sont adaptées aux
besoins des populations locales. Rendu public le 23 janvier 2002, le rapport soulignait
que « dans un monde interconnecté où de très grosses entreprises transnationales
influentes se font concurrence pour les ressources limitées et les nouveaux marchés, les
droits de l’homme et le commerce sont de plus en plus entrelacés ». Le rapport ajoutait :
De nombreuses entreprises d’énergie ont investi dans des pays fermés et répressifs – soutenant que
leur investissement contribuerait à développer l’économie locale et ainsi améliorerait la situation
des droits de l’homme. Mais dans ce cas, Enron a investi dans un pays démocratique – et les
violations des droits de l’homme se sont accrues. Enron n’a pas amélioré la situation des droits de
l’homme, elle a rendu les choses plus difficiles.3
L’investissement de la Dabhol Power Corporation représente le plus important
investissement de l’histoire de l’Inde. En 1992, le gouvernement indien, forcé d’accepter
les mesures des institutions financières internationales, fut contraint de libéraliser son
économie et de privatiser notamment son secteur énergétique. La même année, le
gouvernement de l’Etat de Maharashtra annonçait que Enron allait construire la plus
importante usine énergétique du monde sur son territoire, de 2000 mégawatts pour un
prix de 30 milliards de dollars. La Dabhol Power Corporation, une joint venture
composée de trois multinationales étasuniennes : Enron, General Electric et Bechtel, était
la propriété à 80% du conglomérat texan jusqu’en novembre 1998 où l’Etat de
Maharashtra a racheté 30% de l’entreprise, laissant ainsi 50% à Enron.4
L’accord a été adopté de façon accélérée malgré les sérieuses réservations émises
par d’éminents économistes indiens et internationaux qui l’ont qualifié comme étant la
fraude la plus massive de l’histoire du pays. En effet, l’électricité produite par Enron etait
deux fois plus chère que celle produite par son concurrent le plus proche et sept fois plus
38
élevé que le prix de l’électricité le moins cher de l’Etat de Maharashtra. Le manque de
transparence du contrat a vivement été condamné par la presse nationale, les partis
d’opposition, les syndicats et une grande partie de l’élite universitaire ainsi que de
nombreuses organisations non gouvernementales. Son coût faramineux pour les finances
du pays et son impact néfaste sur l’environnement ont même amené la coalition
gouvernementale élue en 1995 à suspendre momentanément le projet qu’elle a dénoncé
comme étant un pillage des ressources du pays au moyen de la libéralisation économique.
La Banque Mondiale, elle-même, a déclarée le projet comme étant « économiquement
non viable ». Les soupçons de corruption se sont avérés justifiés alors que Enron tentait
d’expliquer les pots-de-vin par sa volonté « d’éduquer » les autorités locales à hauteur de
20 millions de dollars. De plus, la vie des habitants locaux a été fortement affectée avec
des expropriations abusives, la dévastation d’importants sites naturels, la pollution de
l’eau, la destruction de l’économie poissonneuse, et le monopole énergétique d’Enron
dans la région qui a conduit à une sévère augmentation des prix de l’électricité, entraînant
ainsi de désastreuses privations pour les fragiles populations locales.5
Les nombreux opposants au projet ont été victimes d’une sévère répression de la
part de la police locale et de groupes de sécurité engagés par Enron afin de museler le
mécontentement populaire. Des détentions arbitraires se sont succédées et des cas de
tortures sur les leaders syndicaux et des militants écologiques ont même été reportés. Des
arrestations massives ont été perpétrés dans les villages entourant le site et largement
affectés par l’implantation du projet énergétique. En mars 1998, plus de 3 000
arrestations injustes avaient été recensées. Le droit à la liberté d’expression a été
supprimé et les assemblées citoyennes ont été interdites. Enron a également contacté
financièrement les responsables des forces de police locaux pour la protection de ses
intérêts et d’innombrables abus ont été commis avec notamment des arrestations en
pleine nuit des dirigeants des groupes d’opposition. Amnesty International a également
condamné les agissements de Enron.6
L’entreprise texane a largement bénéficié de son implantation en Inde en faisant
un incroyable profit de 32% de retour sur investissement atteignant une somme allant de
39
12 à 14 milliards de dollars. L’importance des bénéfices réalisés suggère qu’un coût
économique et social important a été payé par les populations locales et le
gouvernement.7
En République Dominicaine, la privatisation de l’électricité imposée par les
institutions financières internationales a lourdement affecté la population locale. Enron,
après avoir pris possession du marché de l’électricité dans l’île, a fortement augmenté les
prix qui sont soudainement devenus inaccessibles pour les modestes revenus de la
majorité des Dominicains. Etant donné l’insolvabilité de ses clients, Enron a tout
bonnement interrompu les services électriques pour tous ceux qui se trouvaient dans
l’impossibilité de payer. Cette privatisation dévastatrice pour les populations locales a été
prescrite par le FMI – sous la menace de cesser tous les prêts au pays – afin « d’améliorer
le niveau de vie des habitants ».8
En Argentine, les réformes néolibérales qui ont conduit le pays au cataclysme en
décembre 2001 ont permis à Enron de réaliser de lucratives affaires. Le réseau des eaux
de la capitale Buenos Aires a été bradé à l’entreprise de Houston. Les mêmes mesures se
sont répétées avec la hausse du prix de l’eau qui s’est corrélé avec l’augmentation des
privations des Argentins confrontés à des tarifs insoutenables pour leurs revenus. Le
résultat pour Enron a été la réalisation d’intéressants gains. Par contre, le peuple argentin
s’est un peu plus enfoncé dans sa misère dans laquelle il se morfondait déjà depuis les
années 80, période où a débuté, sous la dictature militaire, la liquidation de l’économie
nationale en faveur du capital étranger. Un important gazoduc allant de l’Argentine au
Chili a également été vendu à Azurex, une filiale de Enron grâce à l’intervention
personnelle de l’actuel président des Etats-Unis auprès des autorités politiques argentines.
Quand l’on sait que le gaz représente 48% de l’utilisation d’énergie des Argentins, les
conséquences sont aisément imaginables.9
En Bolivie, l’extension d’un gazoduc a été confiée à Enron dans des conditions
douteuses que le gouvernement local est en train d’étudier. Le tracé du pipeline traverse
des régions écologiquement sensibles ainsi que des territoires indigènes protégés. En
40
janvier 2000, un désastre écologique s’est produit avec la fuite d’un pipeline de pétrole et
des milliers de barils se sont déversés dans le fleuve Desaguadero avec des conséquences
catastrophiques pour la faune et la flore de la région. Cet incident a entraîné de nombreux
troubles au sein de la population bolivienne. Selon le journaliste bolivien, Gabriel Tabera,
« le contrat signé avec Enron constitue le meilleur modèle montrant comment une
transnationale peut piller impunément un pays pauvre ». En effet, le prix du carburant est
quatre fois plus cher depuis sa privatisation et le chômage a augmenté dans tous les
secteurs investis par le capital étranger.10
Au Mozambique, le président Bill Clinton est intervenu personnellement en 1995
dans la négociation de la construction d’un pipeline vers l’Afrique du Sud. Selon le
ministre des ressources naturelles, John Kachamila, l’administration démocrate a
explicitement menacé de représailles le pays si celui-ci n’acceptait pas de signer le
contrat proposé par Enron. Les autorités du Mozambique durent acquiescer et signer alors
que d’autres entreprises proposaient des contrats plus intéressants pour le pays.
Kachamila déclarait que les diplomates étasuniens l’avaient « forcé à signer un accord
qui n’était pas bon pour le Mozambique » ajoutant à propos de Mike McKinley,
l’ambassadeur des Etats-Unis au Mozambique, qu’il « n’était pas un diplomate neutre.
C’était comme s’il travaillait pour Enron ».11
En Croatie, Enron a signé un contrat obligeant le pays à lui acheter de l’électricité
à un prix étant le plus élevé d’Europe et à une quantité prédéterminée pour les vingt
prochaines années, quelles que soient les nécessités futures du pays. Le contrat fut signé
sous l’ère Clinton par le gouvernement de Tuðman et Enron avait promis à la Croatie
l’entrée à l’Organisation Mondiale du Commerce. Le nouveau gouvernement a essayé de
rompre le contrat sans succès et les Croates sont donc obligés d’acheter de l’électricité à
Enron à un prix qui est 90% plus cher que celui du marché européen et ce pour les deux
prochaines décennies. En août 2001, Enron a annoncé une augmentation des tarifs de
25% qui a été mise en vigueur en octobre. Avec un tel poids attachés aux pieds, les
Croates ne sont malheureusement pas prêts d’accéder au chemin du développement.12
41
Pour échapper aux impôts engendrés par ces prodigieux profits réalisés aux
dépens des personnes, de l’environnement et du développement durable, Enron a tissé un
réseau allant 2 800 à 3 500 filiales, dont 881 se trouvaient dans des paradis fiscaux aux
Bahamas et dans le Iles Cayman. Ces paradis fiscaux servaient à occulter les pertes et les
dettes, favorisaient une substantielle évasion fiscale et boostaient ainsi les profits. Ce
stratagème permettait à Enron d’améliorer son standing international ce qui lui facilitait
l’obtention de crédits et d’accroître son expansion mondiale. Mais cela n’allait pas
durer.13
42
Notes
1
Larry Everest & Leonard Innes, « The Rise and the Fall of Enron. Global Capitalism as Usual », Z
Magazine, mars 2002, 1-3. www.zmag.org/ZMag/articles/march02everest-innes.htm (site consulté le 13
novembre 2002)
2
Richard A. Oppel Jr, « California Says Files Reveal Effort to Limit Energy Output », New York Times, 4
mars 2003 ; Richard A. Oppel Jr, « Panel Finds Manipulation by Energy Companies », New York Times, 27
mars 2003 ; Neela Banerjee, « The Markerts : Market Place ; Many Questions Remain About Energy
Trading Practices, Despite the Lessons of Enron’s Collapse », New York Times, 6 février 2003 ; Richard A.
Oppel & John M. Broder, « Judge Rejects California Electricity Refund », New York Times, 13 décembre
2002 ; Jean-Baptiste Su, « Enron avait organisé la pénurie d’énergie en Californie », La Tribune, 24 mai
2002 ; La Tribune, « Enron aurait caché des profits pendant la crise californienne », 24 juin 2002 ; Les
Echos, « Enron soupçonné d’avoir manipulé les matières premières », 13 mars 2002 ; Les Echos,
« Energie : Enron aurait caché 1,5 milliard de dollars de profits pendant la crise de l’énergie, 24 juin 2002 ;
Business Week, « The Lesson of Enron : Regulation Isn’t a Dirty Word », 24 décembre 2001 ; Elisabeth R.
Smith, « Energy Trade Enron Shines in Shortages », International Herald Tribune, 31 mars 2001 ;
Financial Times, « Review & Outlook : Those Hideous, Awful Enron Memos », 15 mai 2002 ; Lloyd Hart,
« Greg
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www.zmag.org/content/GlobalEconomics/hart_palast_globalization.cfm (site consulté le 13 novembre
2002) ; The Progressive, « A Cynical Energy Plan », Third World Traveler, juin 2001, 2.
www.thirdworldtraveler.com/energy/Cynical_Energy_Plan.html (site consulté le 19 novembre 2002).
Nathaniel J. Graham, « Meritocracy or Plutocracy », New Unionist, 18 février 2002, 2.
www.zmag.org/content/Economy/grahamenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
3
Human Rights Watch, « The Enron Corporation », 23 janvier 2002, 1. www.hrw.org/report/1999/enron/
(site consulté le 13 novembre 2002).
4
Vijay Prashad, « The Parochial Coverage of Enron », Z Magazine, 14 février 2002, 2.
www.zmag.org/Sustainers/content/2002-02/14prashad.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
5
John Elliot, « Indian State Asks Enron to Revise Power Deal », International Herald Tribune, 12
décembre 2002 ; Greg Guma, « Enron, We Hardly Knew Ye », Toward Freedom, 13 janvier 2002, 3.
www.zmag.org/content/Economy/gumaenron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Arundhati Roy,
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Banque Mondiale voir John Nichols, « Enron’s Global Crusade », The Nation, 4 mars 2002, 5.
www.thenation.com/doc.mhtml?i=20020304&s=nichols (site consulté le 15 novembre 2002).
6
Arundhati Roy, « The Reincarnation of Rumpelstiltskin », Outlook, pas de date, 8-12.
www.zmag.org/roy.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Arvind Ganesan, « Corporation
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www.thirdworldtraveler.com/Transnational_corps/Corporate_crackdown.html (site consulté le 15
novembre 2002). Voir aussi, Eduardo Tamayo, « Y las transnacionales ¿quién las controla ? », AlaiAmlatina, 12 août 2002. www.rebelion.org/economia/tamayo120802.htm (site consulté le 19 novembre
2002).
7
Norman Solomon, « American Journalism : A Class Act », Z Magazine, 28 février 2002, 2.
www.zmag.org/Sustainers/content/2002-02/28solomon.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Vijay
Prashad, op.cit., 2 ; Business Week, « A Power Play India Can’t Afford to Lose », 31 janvier 2001 ; Saritha
Rai, « Enron Plant in Dabhol Mired in Arbitration », International Herald Tribune, 24 avril 2003.
8
Robert Weissman, « Las Enron del mundo en desarrollo », Washington Post, 25 septembre 2002, 2.
www.rebelion.org/economia/enron280902.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
43
9
Anne-Sylvaine Chassany, « Les résultats de JP Morgan Chase torpillés par Enron et l’Argentine », Les
Echos, « JP Morgan Chase a souffert du dossier Enron et de la débâcle en Argentine », 17 janvier 2002 ; La
Tribune, 17 janvier 2002 ; Andy Pollack, « Enron’s Operations In Argentina », Z Magazine, 7 février 2002.
www.zmag.org/content/GlobalEconomics/enron_argentina.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Alex
Jones & Greg Palast, « Los disturbios del FMI », Pimienta Negra, 23 mars 2002, 2.
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Back
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7
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1.
www.zmag.org/turnippayback.htm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Fernando López D’Alesandro,
« Una
historia
de
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y
ladrones »
Rebelión,
8
septembre
2002,
1.
www.rebelion.org/argentina/dalesandro080902.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
10
Nadia Martinez & Mark Engler, « Exporting Enron », Z Magazine, 18 juin 2002, 1.
www.zmag.org/content/Economy:engler_enron.cfm (site consulté le 13 novembre 2002) ; Gabriel Tabera,
« Las Transnacionales saquean Bolivia », Econoticias Bolivia, 18 septembre 2002, 1.
www.rebelion.org/economia/bolivia180902.htm (site consulté le 19 novembre 2002). La Vinchuca,
« Bolivia : Otro derrame de petroleo de transredes (Enron y Shell) », Rebelión, 22 août 2000.
www.rebelion.org/ecologia/derrame220800.hm (site consulté le 19 novembre 2002).
11
Greg Guma, op. cit., 2.
12
Drazen Simlesa, « Croatia. Small Country. Great Plunder », Z Magazine, 8 juillet 2002, 2.
www.zmag.org/content/GlobalEconomics/simlesa_croatia.cfm (site consulté le 13 novembre 2002).
13
David Barboza, « Despine Denial, Enron Papers Show Big Profit on Price Bets », New York Times, 12
décembre 2002 ; Robert Sheer, « Enron Got its Money’s Worth Look no Further Than the National Energy
Plan », Los Angeles Times, 25 janvier 2002, 2. www.zmag.org/content/Economy/sheer0125.cfm (site
consulté le 13 novembre 2002) ; David Moberg, « Business as Usual in the Disinformation Economy », In
These Times, 4 mars 2002, 1. www.thirworldtraveler.com/Corporations/BusinessAsUsual.html (site
consulté le 15 novembre 2002).
44
IV. LE SCANDALE ENRON ET LES LIMITES DE LA PENSEE
UNIQUE
Considérée par le secrétaire au Trésor, Paul O’Neill comme étant « le génie du
capitalisme », faisant partie de la liste des « meilleures entreprises mondiales » selon le
magazine Global Finance, qualifiée d’« entreprise la plus innovatrice de l’année par la
revue Fortune, symbole par excellence de la nouvelle économie tant glorifiée, étoile de la
nouvelle économie de l’information, Enron a cependant constitué l’une des plus grosses
faillites de l’histoire économique des Etats-Unis. Enron, qui a suivi à la lettre les
directives du FMI, s’est spectaculairement effondrée le 2 décembre 2001, montrant les
limites du libéralisme à outrance et les périls de la dérégulation sans frontières. Le
scandale aurait été d’autant plus important auprès de la conscience populaire si la
« guerre contre le terrorisme » n’avait pas été au centre de tous les débats. La confiance
des idéologues du marché a lourdement été ébranlée par ce choc sans précédents et les
autres scandales tels que Andersen, Merrill Lynch, Global Crossing Qwest
Communications International, Adelphia Communications, Dynegy, Tyco, Imclone,
Worldcom et Xerox, n’allaient pas arranger la situation.1
Robert Weissman du Washington Post déclarait :
Wall Street le comprend. Le Congrès aussi. Même le président Bush a saisi. Mais pas le Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale. L’ère du fondamentalisme du marché est révolue.
La marchandisation, la dérégulation et la privatisation, et les opportunités pour la manipulation du
marché qui permet une régulation inadéquate – tous ces éléments centraux dans la grandeur et la
décadence d’Enron – ont été discréditées aux Etats-Unis. Et dans les pays en voie de
développement, où leurs effet sont été extrêmement dévastateurs, sont l’objet de l’opprobre
publique généralisée.2
Le coup de tonnerre eut lieu au début du mois de décembre 2001 avec la chute du
fleuron et du symbole du capitalisme victorieux. La valeur marchande de Enron est
passée de 80 milliards de dollars à seulement 220 millions et son action en bourse a chuté
d’une valeur initiale de 90 dollars à moins de 68 cents à la fin du mois de février 2002
pour atteindre 26 cents. En un an, sa valeur boursière a été divisée par 350. La passion
pour les marchés libres et dérégulés a pris un sérieux coup démentant ainsi tous les
propos, à la limite de la vénération, des journalistes financiers qui s’extasiaient devant le
45
modèle Enron. La crise couvait depuis un bon moment : en 2000, Robert Rubin, l’ancien
ministre des finances de Clinton devenu patron de la banque Citigroup intervint
personnellement afin que les agences de notation ne stigmatisent pas la multinationale
texane.3
La spéculation boursière est à l’origine de l’effondrement de l’économie réelle et
de la chute de Enron. En 1971, 90% de toutes les transactions financières étaient liées à
l’économie réelle alors que seulement 10% étaient destinées à la spéculation. En 1990,
les chiffres se sont inversés avec plus de 90% des transactions financières étant devenues
purement spéculatives. En 1995, la spéculation a atteint 95% des transactions financières.
Le 5 décembre 1996, même Alan Greenspan s’inquiétait de l’« exubérance irrationnelle
des marchés ». La règle qui veut que le prix d’une action soit déterminé par les profits a
entraîné une fraude massive. Le trucage des comptes de l’entreprise effectué par la
société de consultants Arthur Andersen (qui coulera à son tour), à la fois l’entreprise de
certification des comptes et conseiller de Enron –qui a prodigieusement exagéré les
profits de Enron occultant ses dettes – servait à augmenter la valeur boursière de l’action
du conglomérat de Houston au profit, entre autres, du conseil d’administration qui
possédait un conséquent portefeuille boursier. Cependant, cette pratique est loin d’être
spécifique à Enron car toutes les multinationales cherchent à maximiser leur profit en
réduisant les coûts, en embellissant leur bilan annuel pour ainsi augmenter leur cotation
en bourse – ce qui permet d’attirer les investisseurs et le capital – augmantant la
puissance de l’entreprise, et par conséquents ses profits. Les valeurs boursières atteignent
de cette manière des sommets aberrants, sans commune mesure avec l’économie réelle
jusqu’à l’explosion de la bulle financière. Rappelons que la valeur actuelle de l’indice du
Dow Jones est fortement enflée et n’a aucune relation avec les bénéfices réels des
entreprises qui le composent.4
Selon le Financial Post, les profits des entreprises étasuniennes ont été exagérés
de 130 milliards de dollars soit de 27%. Le journal s’est basé sur une étude réalisée par
Centre for Economic and Business Research Ltd. Selon ce rapport, le Dow Jones devrait
se situer aux alentours de 6 500 points et non pas à 10 000 comme il se trouve
46
actuellement. D’après un rapport de Business Week, les investisseurs ont perdu 200
milliards de dollars comme conséquence directe de l’échec de 783 audits sur des
entreprises qui ont exagéré leurs profits, et ces incidents ont doublé entre 1997 et 2000.5
Les marchés financiers fonctionnent sur des périodes très courtes et les entreprises
sont obligées de suivre la cadence. Pour augmenter la valeur de l’action, les entreprises
licencient, et diminuent le coût de la main-d’œ uvre. Elles réduisent également les
investissements, les budgets de recherche et délocalisent très souvent leur production
entière ou une partie de celle-ci à l’étranger. Enron avait effectué toutes ces
circonvolutions et il ne lui restait plus qu’à trafiquer ses comptes pour gonfler
artificiellement ses profits et ainsi sa valeur boursière. Mais tout cela s’effondra au mois
décembre 2001 blessant à mort le Nouveau Paradigme Economique qui consistait à
laisser le marché fonctionner selon le bon vouloir de sa main invisible qui du coup est
devenu aveuglante.6
« La falsification et la fraude détruisent le capitalisme et la liberté de marché, et,
plus largement, les fondements de notre société » déclarait devant le Sénat, le président
de la banque centrale étasunienne, Alan Greenspan, ajoutant que la lutte contre la
« criminalité d’entreprise » devait être une « priorité essentielle ». Il oubliait sans doute
que, déjà en 1985, il avait cautionné par deux lettres la solvabilité, au prix de 20 000
dollars chacune, l’entreprise Lincoln Savings & Loans de Charles Keating assurant
qu’elle « ne posait pas de risque de perte aux fonds de garantie des caisses d’épargne
dans l’avenir prévisible ». La caisse d’épargne s’est effondrée quelques semaines plus
tard laissant derrière elle un déficit de 3 milliards de dollars.7
Arthur Levitt, directeur de l’agence fiscale fédérale Securities & Exchange
Commission, avait commencé à prendre des mesures destinées à empêcher les entreprises
de comptabilité (Certified Public Accountants) d’être en même temps consultantes auprès
des sociétés dont elles étudiaient les comptes, afin de réduire le risque de fraude. Mais la
machine de l’association représentant les intérêts des sociétés de comptabilité, la
American Institute of Certified Public Accountants, s’est tout de suite mise en marche
47
auprès du Congrès pour faire obstacle au projet. Peu de temps après, Arthur Levitt reçut
du courrier de la part de 46 membres du Congrès le menaçant de réduire le budget de son
agence s’il persistait dans la voie qu’il avait entreprise. Arthur Levitt n’eut d’autres
solutions que de céder. Parmi les congressistes étaient présents les Républicains Billy
Tauzin et Dick Armey qui dirigent l’enquête sur Enron ainsi que les Démocrates Charles
Schumer et Robert Torricelli, précisément les personnes qui avaient reçu les plus
importantes contributions de la part de Enron.8
Depuis 1989, la société Arthur Andersen avait contribué à hauteur de 5 millions
de dollars aux différentes campagnes électorales. Plus de la moitié des membres de la
Chambre des représentants avait touché de l’argent de la part de Andersen ainsi que 94
des 100 sénateurs. Si les Démocrates n’ont pas été oubliés, les Républicains, cependant,
ont été les premiers récipiendaires. Andersen a été le cinquième plus gros donateur à la
campagne présidentielle de George W. Bush avec près de 146 000 dollars. Ces
contributions lui ont permis de pouvoir continuer tranquillement son chemin, falsifiant les
comptes de plusieurs entreprises, escroquant ainsi des milliers d’actionnaires et de
salariés.9
Tous les administrateurs du groupe Enron étaient impliqués dans la fraude aussi
bien les dirigeants que les auditeurs du groupe et le conseil. Enron avait ainsi exagéré ses
profits en moyenne de plus de 600 millions de dollars durant les dernières années
précédant sa chute et plus d’un milliard pour la dernière année. Entre 1999 et 2000, les
profits totaux de Enron augmentèrent de 151,3% selon les rapports d’audit. Au premier
trimestre 2001, Enron a reporté une hausse de 281% de ses revenus et un accroissement
de 20% de ses rentes nettes. Lorsque le pot aux roses fut découvert, Enron et Andersen
s’empressèrent de se débarrasser des milliers de documents liés aux comptes du
conglomérat texan en violation avec les directives du Congrès.10
Les 20 000 employés et anciens employés de l’entreprise texane ont tout perdu.
Les 4 000 personnes travaillant à Houston furent non seulement licenciées avec
simplement 4 500 dollars de dédommagements, mais en plus elles perdirent toute leur
48
épargne de retraite qu’elles avaient placée en bourse en achetant des actions. Comme 80
millions d’Etasuniens, elles étaient titulaires d’un portefeuille boursier destiné à la
constitution d’une retraite. Lorsque le scandale éclata et que le court de l’action chuta
vertigineusement, ils ne purent même pas vendre leurs actions dès le début de la crise
dans l’espoir de récupérer une partie de leurs investissements car le règlement interne le
leur interdisait. Cependant, la direction de l’entreprise s’est échappée avec des dizaines
de millions de dollars ayant pu se débarrasser de leurs actions avant le début du scandale.
Kenneth Lay, le PDG du groupe, a reçu à lui seul 49 millions de dollars plus les 34
millions de dollars qu’il a réalisé en vendant ses titres. A cela s’ajoutaient diverses primes
permettant à Kenneth Lay de disposer d’un total de 150 millions de dollars. Jeffrey
Skilling, le prédécesseur de Lay qui avait démissionné en juillet 2001 a, quant à lui,
touché 26 millions de dollars pour l’année 2001 alors qu’il avait touché 69 millions
l’année précédente. Le sort des employés ne préoccupa pas la presse qui préféra se
focaliser sur le suicide d’un ancien dirigeant. Malgré la mise en examen de quelques
cadres, les vrais responsables sont à l’abri de la justice.11
Le Représentant Bernie Sanders dénonçait les pratiques commises par le monde
des affaires déclarant :
Il y a un cancer qui dévore le cœ ur de l’Amérique des affaires et son nom est ‘l’avidité’. Il est de
plus en plus évident que de nombreuses grosses entreprises feront n’importe quoi, [que ce soit]
légal ou non, pour engraisser le paquet de compensation pour leur PDG qui est déjà énorme.
Comme nous l’avons vu ces dernières années, ces entreprises n’hésitent pas à mentir sur leurs
déclarations financières, à tricher ou à se délocaliser à l’étranger pour éviter de payer leur juste
part d’impôts, réduire les pensions et la protection sociale de leurs employés et jeter des
travailleurs fidèles à la rue en délocalisant en Chine. En même temps, nombreuses sont celles qui
font la queue pour obtenir les milliards de l’assistance sociale la part du gouvernement fédéral.12
Après le déclenchement du scandale, « Kenny Boy » est subitement devenu « M.
Lay » pour le président George W. Bush qui cherchait à se distancer à tout prix de cette
relation compromettante. Il alla même jusqu’à dire que Kenneth Lay s’était opposé à lui
lors des élections législatives de 1994 où il aurait appuyé la candidate démocrate, Ann
Richard, contre lui. En réalité, Bush avait reçu trois fois plus d’argent que Richard pour
ces élections.13
49
Dans un discours effectué devant un parterre de chefs d’entreprise, le président
des Etats-Unis déclarait, dans un sursaut d’éthique sans doute, que « les principes et les
règles de base qui font fonctionner le capitalisme : des livres de comptabilité véridiques,
des personnes honnêtes et des lois bien appliquées contre la fraude et la corruption. Tout
investissement est un acte de foi et la foi se gagne avec l’intégrité. A long terme, il n’y a
pas de capitalisme sans conscience, il n’y a pas de richesses sans caractère ». De curieux
propos de la part de la personne qui a été la première à profiter des comptes d’Enron, qui
n’a eu de cesse d’avancer l’agenda de l’entreprise texane et qui a été impliqué dans un
scandale en 1990. En effet, le 22 juin 1990, à l’aube de la guerre du golfe, il a vendu ses
212 140 actions de la Harken Energy Corporation du Texas dont il faisait partie du
conseil d’administration pour un montant de 848 560 dollars. Harken avait un projet de
perforation à Bahreïn, qui s’est effondré avec l’invasion du Koweït par l’Irak. George W.
Bush a vendu ses actions moins trente jours après que son père, George H. Bush, alors
président des Etats-Unis, ait reçu de la part du Conseil National de Sécurité un
mémorandum secret l’avisant d’un probable déclenchement des hostilités entre le Koweït
et l’Irak. Moins de deux mois plus tard, la guerre éclata et Harken fit état de pertes
s’élevant à 23 millions de dollars ce qui entraîna la chute du cours des actions de moitié.
George W. Bush avait exactement eu le même comportement que les dirigeants de Enron,
en faisant usage d’information privilégiée. De plus, la brigade financière spécialement
créée contre la corruption a à sa tête le secrétaire adjoint à la justice Larry Thomson, qui a
lui-même été administrateur d’une société impliquée dans des pratiques illégales entre
juin 1997 et mai 2001. Et comme questionnera sarcastiquement le Center for Responsive
Politics : « Que se passe t-il quand Washington lance une enquête sur l’un de ses plus
gros contributeurs de campagne ? ».14
De plus, le Ministre de la justice, John Ashcroft, s’est retiré de l’enquête car ses
liens avec l’entreprise étaient trop compromettants, ayant reçu de nombreuses
contributions. Il a également ajouté qu’il ne se soumettrait à aucune directive judiciaire et
qu’il ne coopérerait pas avec les enquêteurs. En effet, il a reçu de la part du géant de
l’énergie un total de 57 499 dollars pour sa vaine campagne sénatoriale de 2000 dont
25 000 dollars remis personnellement par Kenneth Lay. Le Ministre de la justice était
50
tellement impliqué que le président lui-même est monté au créneau pour le défendre,
réaffirmant pleinement son choix et ratifiant publiquement le Ministre à son poste.15
Le membre du gouvernement qui a été le plus impliqué est le secrétaire aux
Armées, Tom White, qui a travaillé durant onze ans pour Enron où il a été vice-président
de la filiale de services fournissant de l’énergie aux entreprises. Il avait alors caché 500
millions de dollars de pertes en 2000 et affiché un bénéfice de 105 millions de dollars, lui
permettant ainsi d’empocher 30 millions de dollars grâce aux bonus attachés à sa
performance. Après avoir été interrogé par le Sénat, il a nié les faits et continue
tranquillement sa carrière politique.16
L’écrivain Thomas Frank remarquait :
Enron était le chéri hors pair de tous ceux qui croyaient les marchés libres étaient le summum de
l’existence. Son naufrage est une bonne occasion de s’asseoir et de faire le point sur l’Etat
dérégulé et privatisé dans lequel nous avons été si impitoyablement précipité durant la dernière
décennie. Et voilà à quoi cela ressemble : le conseil d’administration prenant la poudre
d’escampette avec des centaines de milliers de dollars alors que les employés perdent leur travail,
les investisseurs perdent des millions et les clients doivent s’attendre à de nouvelles pannes de
courant. Réalisations de bénéfices excessifs, politiciens corrompus. Des bulles financières qui
éclatent au bout du compte. Les travailleurs jetés à la rue. Voilà ce que le marché réalise s’il est
livré à lui-même.17
Loin de représenter une exception, les pratiques de Enron sont largement
répandues dans le monde des affaires. Elles sont profondément ancrées dans l’essence
même du capitalisme étasunien où la glorification du profit conduit à tous les excès
possibles et imaginables. Obliger les employés à acheter des actions de l’entreprise alors
que les dirigeants prennent soin de diversifier leur portefeuille boursier et de s’en
débarrasser quand les choses se gâtent, ne date pas de Enron. Le spécialiste en la matière
est Coca-cola dont les actions ont baissé de 31% en trois ans jusqu’à fin novembre 2001.
Les employés ont perdu une bonne partie de leur retraite. Par contre, le PDG M. Douglas
Invester est parti avec 17 millions de dollars, de quoi largement assurer ses vieux jours
contrairement à ses employés. Et il n’est pas le seul à se remplir les poches. Sanford
Weill de Citigroup a quitté la banque avec 482 millions de dollars réalisés entre 1998 et
2000 grâce à l’incroyable clause dont il disposait sur son contrat. En effet, à chaque fois
51
qu’il vendait ses actions, l’entreprise lui en offrait de nouvelles gratuitement. En ce qui
concerne les enquêtes effectuées par le commissaire aux comptes quant à la solvabilité de
l’entreprise, il suffit de payer la même entreprise pour des travaux de consultant créant
ainsi en son sein un conflit d’intérêt. Ainsi, l’entreprise fermera les yeux sur les
éventuelles anomalies comptables rencontrées. L’expert en la matière est l’entreprise
Rayton. Ce géant militaire a ainsi payé 3 millions de dollars à l’entreprise comptable
Pricewaterhouse-Coopers pour les audits réalisés et 48 millions de dollars pour ses
services de consultant. Le crime en col blanc, contrairement au crime de la rue, n’est pas
une priorité du gouvernement qui se retrouve lui-même souvent impliqué dans les
transgressions commises par le monde des affaires.18
Les grandes sociétés ont même réussi à pénétrer les groupes qui leur sont a priori
opposés. L’association Transparency International se définit comme étant « la principale
organisation non gouvernementale du monde dans le combat contre la corruption ».
Cependant cette organisation a été financée par… Enron et Anderson et de nombreux
autres consortiums économiques qui ont été impliqués dans des scandales financiers.
Moyennant finance, Transparency International se chargeait de distribuer des bonnes
notes aux entreprises dont les pratiques douteuses étaient récurrentes.19
« Si vous voulez savoir où va nous mener la mondialisation économique
applaudie par l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale, George W. Bush et Tony Blair, jetez
un coup d’œ il à Enron. La mondialisation a créé un no man’s land international où le
monde des affaires survit en s’engageant dans des pratiques financières qu’aucun Etatnation responsable ne tolérerait », disait Tony Benn, l’ancien Ministre britannique de
l’industrie. « Quand vous permettez aux multinationales de rédiger leurs propres lois sur
le marché mondial, ce qui a été le cas ces dernières années, vous ferez face à des abus
inimaginables ».20
De la même manière, James Petras, professeur d’éthique politique à l’Université
de Binghamton de New York stigmatisait les maux du système :
52
La concentration du pouvoir économique et le contrôle que les grosses sociétés exercent sur le
système politique signifie que les dirigeants des consortiums rédigent la législation et dictent les
règles qui leur donnent les mains libres pour commettre des fraudes à grande échelle et obtenir des
énormes profits à court terme avant que leurs entreprises ne s’effondrent. Le cas de Enron et de El
Paso Oil, et leur rôle dominant dans la mise en place de la politique énergétique de Bush et de
Cheney, est emblématique de cette relation symbiotique, de la même forme que les liens de
Clinton avec Wall Street conduirent à la dérégulation des secteurs financiers et bancaires.21
Les conséquences de ces scandales financiers sont retombées sur l’économie des
Etats-Unis avec une diminution massive des investissements étrangers. De janvier à
février 2002, une fuite de capitaux de 78 milliards a été orchestrée due à la perte de
confiance des investisseurs et seulement 14 milliards ont été investis dans des actions et
des bons étasuniens. Cela a entraîné une baisse du dollar et a augmenté le déficit déjà
conséquent des Etats-Unis. Les chiffres annuels avancés par les entreprises ont perdu
toute leur légitimité face aux fraudes massives des géants de l’économie étasunienne et
mondiale. Loin d’être une épreuve difficile passagère, la crise que traverse actuellement
la première puissance du monde est très grave et de nombreux dogmes mercatiques
devront être sérieusement revus.22
53
Notes
1
April Witt & Peter Behr, « Losses, Conflicts Threaten Survival », Washington Post, 31 juillet 2002 :
A01 ; Peter Behr & April Witt, « Hidden Debts, Deals Scuttle Last Chance », Washington Post, 1 août
2002 : A01 ; Business Week, « Enron : A Powerful Blow to Market Fundamentalists », 4 février 2002 ;
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« Enron déstabilise les Bourses mondiales », 4 décembre 2001 ; Les Echos, « La chute d’Icare », 10
décembre 2001 ; Les Echos, « EnronOnline : les concurrents sont prêts à prendre la relève », 10 décembre
2001 ; Les Echos, « Enron : La Chute du fleuron de l’énergie mondiale », 10 janvier 2002 ; Henri Guaino,
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1.
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2
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www.rebelion.org/economia/enron280902.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
3
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« Enron Europe organise son opération de sauvetage », La Tribune, 3 décembre 2001 ; Thierry Arnaud,
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officines qui notent les Etats », Le Monde Diplomatique, février 1997 : 24-25.
54
4
Peter Behr & April Witt, « Visionary’s Dream Led to Risky Business », Washington Post, 28 juillet
2002 : A01 ; Eric Leser, « Bulles boursières et escroqueries jalonnent l’histoire de la finance », Le Monde,
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Dominique Mariette, « Andersen supprime 7 000 emplois aux Etats-Unis », La Tribune, 9 avril 2002 ;
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29 août 2002 ; Dominique Mariette, « Andersen jugé coupable, aux Etats-Unis, d’entrave à la justice », La
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14 mai 2002 ; Jean-Philippe Lacour, « Le scénario catastrophe d’un procès pénal menace Andersen », La
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« Enron’s Accounting Binge Chronicled », International Herald Tribune, 7 mars 2003 ; Eric Pfanner,
« Accounting for Enron : Global Ripple Effects », International Herald Tribune, 17 janvier 2002 ; Noam
Chomsky, Profit Over People. Neoliberalism and Global Order (New York, Toronto, Londres : Seven
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après le Krach de 1929. Dow Jones, plus dure sera la chute », Le Monde Diplomatique, Octobre 1999 : 26 ;
Gavin
Keeney,
« Bestia
Negra »,
Counterpunch,
26
mai
2002,
2.
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(site consulté le 19 novembre 2002) ; Edward Herman, « The Corporate Abuse-reform cycle », Z
Magazine, 29 juin 2002, 4. www.zmag.org/Sustainers/content/2002-06/29herman.cfm (site consulté le 13
novembre 2002.
5
Peter Morton, « Corporations Overstated Profit. If True, Dow Should Be Trading Near Half of Current
Mark », The Financial Post, 11 février 2002. www.zmag.org/content/Economy/MortonEnron.cfm (site
consulté le 13 novembre 2002) ; David Moberg, « Business as Usual in the Disinformation Economy », In
These Times, 4 mars 2002, 2. www.thirworldtraveler.com/Corporations/BusinessAsUsual.html (site
consulté le 15 novembre 2002).
6
Les Echos, « Enron, le champion des opérations frauduleuses », 27 juin 2002 ; Les Echos, « Enron : les
enquêteurs mettent en lumière un plan complexe pour gonfler les comptes », 4 février 2002 ; Les Echos,
« Scandale Enron : Andersen a détruit des documents sur ordre de ses avocats », 15 janvier 2002 ; Les
Echos, « Scandale Enron : Arthur Andersen se trouve gravement mis en cause », 15 janvier 2002 ; Les
Echos, « L’affaire Enron-Andersen bouscule la profession comptable », 22 janvier 2002 ; Les Echos,
« Affaire Enron : Andersen cherche à transiger », 22 février 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany, « L’assurance
américaine touchée par l’onde de choc de la faillite d’Enron », La Tribune, 7 décembre 2001 ; JeanPhilippe Lacour, « Anderson défend l’audit d’Enron », La Tribune, 13 décembre 2001 ; Pascal Boulard,
« La saga Enron », La Tribune, 14 août 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany, « Les banques d’affaires se
défaussent dans le dossier Enron », La Tribune, 1 août 2002 ; Akram Belkaïd-Ellyas ; « Citigroup et J.P.
Morgan paient leurs liens avec Enron », La Tribune, 24 juillet 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany,
« L’université de Californie débusque plusieurs montages financiers qu’elle estime frauduleux », La
Tribune, 11 avril 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany, « Autopsie bancaire du scandale Enron », La Tribune,
10 avril 2002 ; Dominique Mariette, « Tornade à l’horizon », La Tribune, 10 avril 2002 ; Jean-Philippe
Lacour, « Les banques à leur tour sous la menace de l’affaire Enron », La Tribune, 8 avril 2002 ; AnneSylvaine Chassany, « Les poids lourd financiers minés par des conflits d’intérêts internes », La Tribune, 28
mars 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany & Andrea Morawsky, « Unicredito porte plainte contre JP Morgan et
Citigroup », La Tribune, 12 février 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany, « JP Morgan Chase fait son mea culpa
après la faillite d’Enron », La Tribune, 7 février 2002 ; Anne-Sylvaine Chassany, « Enquête sur les banques
d’affaires dans le dossier Enron », La Tribune, 4 mars 2002 ; Jean-Philippe Lacour, « Les banques
d’affaires, prochaines cibles probables », La Tribune, 28 mars 2002 ; Jean-Philippe Lacour, « Action
55
collective contre neuf banques liées au scandale Enron », La Tribune, 9 avril 2002 ; Anne-Sylvaine
Chassany, « Les banques américaines tentent de classer le dossier Enron », La Tribune, 25 février 2003 ;
Patrice Bertrand, « JP Morgan Chase dans le collimateur de la Fed pour ses liens avec Enron », La Tribune,
25 février 2002 ; Olivier Provost, « Bienvenue au club », La Tribune, 12 décembre 2001 ; Anne-Sylvaine
Chassany, « L’onde de choc de la faillite d’Enron s’étend à la France », La Tribune, 5 décembre 2001 ;
Anne-Sylvaine Chassany & Dominique Mariette, « Les banques d’affaires à l’épreuve d’Enron », La
Tribune, 4 décembre 2001 ; Anne-Sylvaine Chassany, « Enron menace les banques d’un sinistre majeur »,
La Tribune, 3à novembre 2001 ; Grégoire Biseau & Nicolas Cori, « Les Sept péchés de la finance »,
Libération, 10 juillet 2002 ; Business Week, « The Reluctant Reformer », 25 mars 2002 ; Ernest Hamsag,
« Pourquoi faut-il taxer les marchés financiers ? », Attac, pas de date, 3. www.attac.org/indexfr/index.html
(site consulté le 13 novembre 2002).
7
Pour la citation de Alan Greenspan, voir l’éditorial de Le Monde, 19 juillet 2002 ; Ibrahim Warde, « Un
Capitalisme hors de contrôle. La dérive des nouveaux produits financiers », Le Monde Diplomatique, juillet
94 : 20-21 ; William Greider, « Crimes in the Suites », The Nation, 4 février 2002, 4.
www.thirdworldtraveler.com/Greider/Crime_In_Suites.html (site consulté le 15 novembre 2002). Voir
également Fabrice Rousselot, « La Fonte accélérée des fonds de pension », Libération, 10 juillet 2002.
8
Carmelo Ruiz Marrero, « Historias de conflictos de intereses », Masiosare, 31 juillet 2002, 1-2.
www.rebelion.org/imperio/marrero310702.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
9
Center for Responsive Politics, « Enron and Andersen : Contributions to Congressional Committees », 24
janvier 2002. www.opensecrets.org/news/enron/enron_cmtes.asp (site consulté le 28 janvier 2003) ; Center
for Responsive Politics, « Andersen : Other Money in Politics Stats », 24 janvier 2002.
www.opensecrets.org/news/enron/andersen_other.asp (site consulté le 28 janvier 2003) ; Center for
Responsive Politics, « Arthur Andersen : The Enron Scandal’s Other Big Donor », 16 janvier 2002.
www.opensecrets.org/alerts/v6/alertv6_38.asp (site consulté le 28 janvier 2003).
10
April Witt & Peter Behr, « Dream Job Turns Into a Nightmare », Washington Post, 29 juillet 2002 :
A01 ; Eric Leser, « Les Administrateurs d’Enron, eux aussi, savaient… », Le Monde, 9 juillet 2002 ; Laure
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suicide d’un ancien dirigeant relance le scandale Enron », La Tribune, 28 janvier 2001 ; Pierre-Alexandre
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14
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16
Le Monde « Tom White interrogé par le Sénat », 20 juillet 2002.
17
Darren Puscas, op. cit., 3.
18
Ralph Nader évoquait la possibilité d’interdire aux firmes d’audit de fournir des prestations de
consultants aux entreprises dont elle contrôle les comptes pour une durée de trois ans pour éviter ainsi les
conflits d’intérêts pouvant mener à des abus similaires à ceux d’Enron : Ralph Nader, « After Enron », The
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22
27
juin
2002,
2002,
3.
1.
Ibid. Voir également : Les Echos, « Après Enron, Wall Street met en doute la sincérité des comptes des
entreprises », 31 janvier 2002 ; Les Echos, « Wall Street doute de plus en plus de la fiabilité des comptes
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58
CONCLUSION
Enron est le symbole par excellence de l’échec du libéralisme comme modèle
économique viable. Une doctrine économique mondiale instable dans son application,
obsédée par le profit à court terme, a montré son incapacité à subvenir aux besoins du
développement humain. Le système économique et politique des Etats-Unis traverse une
grave crise qui ébranle les fondements même de l’idéologie dominante. En effet,
l’application du néolibéralisme au niveau mondial a été synonyme d’une régression des
conditions de vie de la population mondiale la plus défavorisée. Le phénomène est plus
frappant dans les pays pauvres – erronément nommés « pays en voie de développement »
car vue l’ordre économique international, il leur est impossible de progresser
économiquement et socialement et dont la plupart ont connu un sous-développement
chronique lors des vingt dernières années – où les inégalités et la misère se sont
considérablement accrues d’abord en Amérique latine dans les années 80 et dans les pays
de l’ex-bloc soviétique au début des années 90. Le niveau de vie de ces régions du monde
s’est largement dégradé ce qui explique le désastre humain, politique, économique et
social qui tourmente le continent latino-américain qui a été le premier laboratoire des
expériences néolibérales.
Le scandale Enron a vite été éclipsé d’abord par l’extrême choc des odieux actes
du 11 septembre 2001 et ensuite par le problème iraquien évoqué par les Etats-Unis. En
effet, chaque fois que des tensions intérieures commencent à émerger, un ennemi étranger
est mis en avant pour rallier la population derrière un objectif commun et la politique
étrangère devient beaucoup plus agressive. Et l’Irak du dictateur Saddam Hussein tombait
à pic alors que les Etasuniens commençaient à se désintéresser et à se lasser de la
situation en Afghanistan dont l’agression avait été planifiée depuis longtemps. Ce
principe n’est pas spécifique à l’administration Bush. En effet, lors du scandale
Lewinsky, William Clinton a bombardé l’Irak pour détourner l’attention de l’opinion
étasunienne.1
59
Malgré la puissance de l’économie étasunienne, celle-ci reste très fragile et
inadaptée aux besoins de sa population alors qu’elle favorise grandement les consortiums
économiques. Les problèmes récurrents de l’économie des Etats-Unis risquent de
déboucher sur une grave crise politique qui est pour l’instant retardée par la situation
internationale. William Greider du journal The Nation résumait parfaitement la doctrine
défendue par le Consensus de Washington, qui a maintes fois montré ses limites et son
irrationalité : « l’idéologie du marché a produit le meilleur gouvernement que l’argent
puisse acheter. Le pillage n’est pas prêt de cesser tant que la démocratie sera à vendre ».2
Le système libéral a clairement montré son vrai visage. Il s’agit d’un second
colonialisme, principalement économique des pays ravagés du Tiers-Monde où leurs
richesses sont extorquées par les grands monopoles des pays développés. Les principaux
besoins de l’humanité doivent être une fois pour toutes adressés car il en va de sa survie.
Jamais le monde n’a aucune tant de richesses et, de manière paradoxale, tant de misère.
Jamais les inégalités, non seulement entre les pays du Premier Monde et les pays sousdéveloppés, mais aussi au sein même des pays riches, n’auront été aussi frappantes. Les
institutions financières internationales censées promouvoir la stabilité économique et le
développement durable, ont au contraire enfoncé les économies mondiales et celles des
pays du Sud en particulier dans une instabilité chronique, et laissé les populations
embourbées dans leur marasme duquel elles ne sont malheureusement pas prêtes de
sortir.
Actuellement, on estime que 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2
dollars par jour, parmi lesquelles 1,2 milliard disposent de moins de 1 dollar par jour.
36 000 enfants meurent chaque jour de maladies aisément curables selon l’UNICEF et 40
millions de personnes meurent de faim et de maladies bénignes chaque année. En 2015,
345 millions de personnes vivront dans l’extrême pauvreté selon les prévisions très
conservatrices de la Banque Mondiale. Tant que de tels chiffres seront avancés par les
organismes internationaux, il sera difficile de parler de modèle économique efficace pour
le développement humain comme le prétend le FMI et la Banque Mondiale. Cependant,
nul ne peut nier qu’il est extrêmement efficace en ce qui concerne le développement des
60
comptes en banque des maîtres de l’univers. En effet, les 7 plus grosses fortunes du
monde dépassent le PIB total des 49 pays les moins avancés.3
Hugo Chavez, président du Venezuela, et leader de la lutte contre le
néolibéralisme en Amérique latine déclarait : « De quel développement parlons-nous ?
Parlons-nous du modèle néolibéral qui fait que dix-sept personnes meurent de faim
chaque minute ? Est-ce soutenable ou insoutenable ? Le néolibéralisme est coupable des
désastres de notre monde. Nous n’éteignons pas l’incendie et nous laissons les pyromanes
tranquilles ». Il sera difficile de lui donner tort.4
61
Notes
1
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2002, 2. www.rebelion.org/chomsky/chom240202.htm (site consulté le 19 novembre 2002).
2
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www.thirdworldtraveler.com/Greider/Crime_In_Suites.html (site consulté le 15 novembre 2002).
3
Damien Millet & Eric Toussaint, 50 Questions, 50 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale
(Paris, Bruxelles : CADTM & Syllepse, 2002), pp. 30-33.
4
Ibid, p. 67 ; Le Monde, 4 septembre 2002.
62
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