contrôler la société. Le chiffre d’affaires de certains de ces géants dépasse le PIB de
nombreux pays et il n’est nul besoin d’être devin pour savoir que les intérêts de ces
grosses sociétés vont à l’encontre des intérêts d’une immense partie de la population
mondiale. Quand les Etats-Unis évoquent « l’intérêt national » pour justifier une
intervention à l’étranger, il s’agit moins de l’intérêt de leur population que de celui du
monde des affaires en général et des entreprises multinationales en particulier. La presse
financière telle que le Wall Street Journal ou le Financial Times peine à trouver des
adjectifs adéquats pour décrire les profits faramineux de ces entreprises. Par contre, elle
se garde bien d’évoquer le coût engendré par lesdits profits, un coût qui porte une
estocade cinglante à tous les présupposés de la doctrine du libre marché. Curieusement,
les seuls acteurs qui bénéficient largement d’une protection sociale aux Etats-Unis sont
les grosses entreprises qui profitent abondamment de l’intervention de l’Etat au moyen de
consistantes exonérations fiscales. Alors que les profits sont privatisés, les coûts sociaux,
eux, sont aux frais du contribuable.2
Au nom du profit et de la protection des intérêts d’une minorité opulente, les
institutions financières internationales imposent un modèle politique, économique et
social qui a pour principal objectif de favoriser l’accumulation des richesses pour un
secteur particulier de la population mondiale, qui est devenu depuis trente ans de plus en
plus restreint et de plus en plus puissant. Malgré l’accroissement de la pauvreté et des
inégalités dans les pays où les plans d’ajustements structurels du FMI ont été imposés aux
populations locales – avec la complicité de l’élite politique qui été généreusement
remercié pour les services rendus aux multinationales – les fondements et la rationalité
mêmes de ces directives ne sont pas remis en cause et l’on continue à fermer les yeux
devant le désastre humain qui ravage le Tiers Monde et qui touche les classes les plus
défavorisées des pays riches.3
Enron, qui avant l’effondrement de World Com avait été le plus grand cataclysme
économique de l’histoire des Etats-Unis, a su « éduquer » les dirigeants politiques
étasuniens aussi bien les Démocrates que les Républicains grâce à un lobbying politique
qui a largement porté ses fruits. A coup de millions de dollars, l’entreprise en énergie a su