Proposition de corrigé pour le commentaire littéraire

Proposition de corrigé pour le commentaire littéraire du texte de Claude Roy
Les points essentiels qui se dégagent de la lecture et d’un repérage immédiat
Les souvenirs pour échapper à la douleur
Un récit de réveil avec des étapes, notamment un élément déclencheur, le bruit de l’eau d’un robinet
Les tentatives mémorielles constituent un bloc dans le poème, strophes 3-4-5
Le travail de la mémoire pour essayer de reprendre conscience après l’anesthésie
L’auteur-narrateur est son propre thème
Le thème de l’eau est très riche et imagé
Les tentatives mémorielles sont fondées sur des sensations et elles sont décrites
Le texte a des pauses mais pas de ponctuation, il faut les prendre en compte
Il y a des strophes, mais des vers de longueur variable, au rythme difficile à saisir
Parcours de lecture, ou axes de lecture, pour un commentaire organisé du texte : schéma à
reclasser, et à étoffer par la rédaction, les transitions, l’insertion des exemples
Le récit d’un réveil douloureux et difficile
les imparfaits de tentative, de description : v 1, comparaison du v 2
qualificatifs négatifs du réveil « mauvais », « forcé », « poisseux »
la répétition du verbe essayer, à différentes formes de la conjugaison, sens de cette
énonciation
les « veilleurs » « dans la brume », « du dedans » = les tentatives du cerveau pour accéder à
la conscience, le cerveau qui conserve le corps et le fait émerger à la conscience, les
adjectifs « Entêté » et « patient »
l’image de lenfermement du v 4
l’évocation de l’anesthésie et de l’hôpital, l’évocation allusive de cet environnement :
ambivalence du mot « veilleurs », métaphore filée des « chimistes du sommeil » et du
« sable », contre lesquels les « veilleurs » agissent en catimini, puisqu’ils parlent « tout bas »
la construction du poème qui montre une victoire temporaire aux strophes 3-4-5, victoire
marquée par le vers 26 « Oui je me souvenais », et victoire annulée par le vers 27 « Mais les
chimistes »
la construction des vers du poème, dont les coupures marquent comme des hésitations, des
reprises de souffle, ou des bribes de souvenirs qui se rattachent mal les uns aux autres
la phrase inachevée du vers 3 « mes veilleurs dans la brume », sans verbe (sans sujet ?)
montrent une triple identité : le corps, les « veilleurs » pas encore identifiés, et le JE
différent du corps : l’être entier du poète n’est pas encore reconstitué dans les vers 3-4 : le
sommeil est une sorte de petite mort
ce qui permet de mieux comprendre la question répétée aux vers 8 et 27 « l’eau quand tu
étais entier ? »
l’opposition entre le bruit déclencheur « de l’eau du robinet », bruit intégré à un
environnement de douleur, et les images d’une nature vaste, vivante, libre, de l’eau vive
le titre même du poème « Souvenir de réanimation »,montre qu’il s’agit d’une réécriture
tardive, comme si un mois après il restait des difficultés à faire revivre ce souvenir
la fonction même de cette tentative est importante : le souvenir est une épreuve qu’on a
cu, et qu’on est encore vivant, puisqu’on trouve les sensations qui permettent d’en parler
Le souvenir de l’eau vive, accumulation de sensations réinterprétées et remises en forme, pour
montrer l’eau d’autrefois
le lien entre l’eau du robinet est immédiatement montré comme un flexe : à la différence
du vers 3, où veilleurs n’est rien, ni sujet, ni complément, aux vers 5-6 le bruit de l’eau du
robinet entraîner immédiatement la réaction de « un de mes veilleurs du dedans », comme si
un stimulus avait déclenché un processus
c’est aussi le déclenchement du processus de la création poétique
les strophes 3-4-5 montrent une eau vivante
vocabulaire des sensations, la vue « jour clair », l’eau que le vent « rebrousse », les
« espaces d’écume », le « remue-ménage », les couleurs « de plomb » et ‘d’asphalte », et
même l’image de l’eau qui « crible » l’eau
vocabulaire des sensations, l’ouïe, le « froissement doux », le « chuchotis », les
« vociférations », les « frissons de rire », les « tambours de la chaleur » désignant le tonnerre
vocabulaire du toucher, un jour « sans vent », l’évocation du toucher de l’eau sur la berge,
puisque ce mouvement est qualifié de « froissement doux », les vociférations « mouillées »,
les « frisons » de rire, « la chaleur »
toutes ces sensations se confondent et constituent un réseau bizarre, mais très riche, soit
parce que la mémoire est incertaine, soit plutôt parce que le souvenir recrée la complexité du
monde vivant et des émotions
en effet, il y a aussi des émotions qui sont attribuées à ces « voix de l’eau », soit que leau
elle-même soit capable de ressentir des émotions, soit qu’elle en inspire au poète : vers 10,
« sans se presser », qui caractérise plutôt le plaisir à voir couler l’eau, le chuchotis étonné »,
qui signifierait plutôt que le poète croit entendre parler la nature, ou ses éléments, entre eux,
les « vociférations » même marquant un état d’esprit, la colère, le cri, comme le « rire » au
vers suivant
ces voix sont dites des « paroles différentes » dans la strophe 6, et l’adjectif indéfini « toutes
les voix » laisse entendre, après trois exemples, qu’il y en a d’autres
le point commun à toutes ces évocations est l’impression de mouvement, paradoxalement
capté par un corps immobile et un cerveau en partie incapable de souvenir, car endormi
les rythmes mêmes de ces souvenirs constituent une sorte de respiration du poème, et les
différentes longueurs des vers doivent être prises comme un exemple de la variété vivante de
cette nature
l’image des « sacs remplis de sable » tout en rappelant que le souvenir est incomplet, donc
que la victoire est incomplète, montre un élément totalement opposé à l’eau, la terre, les sacs
de sable étant très différents du sable procuré par le marchand qui endort les enfants, même
si l’image est implicite : c’est avec des sacs de sable qu’on endigue les inondations, un
boudin de sable dans un sac est une arme, les grands cops » montrent une volonté
destructrice (bien qu’il s’agisse du travail bénéfique des anesthésistes et des decins), et
cet élément est désagréable, il arrête les souvenirs
la reprise de l’image du robinet, au vers 24 rappelle bien cet échec, en rappelant le lieu réel
de cette évocation
mais la strophe finale, plus courte et qui répète le champ lexical de la tentative, a pour but de
faire comprendre l’essentiel : les sensations sont vivantes
et d’un point de vue poétique, cette dernière strophe permet de comprendre la fonction de la
poésie : remplacer le trivial (un robinet dans une chambre d’hôpital) par le rêve ou l’idéal (la
beauté, la puissance de la nature)
Proposition de conclusion
Donc, pour échapper à l’univers de la douleur, le poète se réfugie dans ses souvenirs, les écrit, fait
de l’écriture poétique un moyen de renaître, puisque les souvenirs ne sont pas morts.
Le texte est, pour le lecteur, une occasion de procéder à une sorte d’imitation.
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