Pour Jacques Mistral (« Guerres et paix entre les monnaies » 2014), depuis l’entrée de la Chine
comme puissance économique mondiale, la co-existence entre changes flottants et changes fixes fait
du SMI un « non-système » monétaire international car elle s’accompagne de déséquilibres des BP de
plus en plus problématique pour la stabilité du système.
Premier inconvénient du système hybride actuel : les pays en régime de change fixe comme la Chine
adoptent = stratégie de mésalignement des monnaies = cette stratégie nécessite pour la Chine
d’acquérir des réserves de change dans la monnaie internationale, le dollar. comme le marché des
actifs en dollar est développé et profond, la Chine achète ces titres libellés en dollars aux Etats. Les
flux de capitaux se dirige donc du S vers le N. ce qui peut paraître paradoxe au regard des besoins
d’investissement des pays en développement, mais ne l’est pas lorsque l’on connaît la stratégie
chinoise de développement par les exportations et les besoins de financement de l’économie
américaine. C’est la situation de ce que l’on a appelé le Grand Arrangement (Bourguinat). Mais ces
transferts conduisent à des grandes déséquilibres financiers internationaux à partir du début des années
2000 qui vont alimenter en liquidité les marchés de capitaux nord américain jusqu’à la crise des
subprimes. La combinaison du SMI et du SFI a donc été un élément favorisant la surabondance de
liquidité aux Etats-Unis et le développement d’un cycle financier qui a abouti à une crise majeure. Le
SMI n’assure donc pas une des fonctions qui lui est assigné par le FMI, permettre la croissance
économique.
Un autre inconvénient du SMI/SFI contemporain provient des conséquences de l’ouverture des
échanges de capitaux. On assiste ainsi depuis les années 1990 à des sudden stop récurrents qui ont des
conséquences négatives sur l’économie réelle car ils entraînent bien souvent une crise du système
bancaire (Crise asiatique de 1997).
On peut signaler d’autres types de perturbations associées au fonctionnement du SMI, qui sont
davantage reliées au taux de change.
Nous avons déjà parlé du mésalignement du taux de change chinois, qui peut être interprété comme un
outil néomercantiliste. Cela rappelle les politiques de dévaluation compétitive des années 1930. Ces
manipulations du taux de change sont classées par André Cartapanis dans les guerres des monnaies
explicites. Mais il existe également des guerres des monnaies implicites. Par exemple, les QE aux
Etats-Unis ont poussé le dollar à la baisse, et donc les autres monnaies à la hausse. Le Brésil a ainsi
accusé les Etats-Unis de manipuler son taux de change pour stimuler leurs exportations (au détriment
de leurs partenaires commerciaux).
Dernier argument pour souligner les limites du SMI, les crises de change qui entrainent une volatilité
importante des devises. Une des vertus attendues du SMI post-BW est la possibilité d’utiliser un
régime de change flottant. Pour des auteurs comme M.Friedman, ce type de régime de change doit
apporter de la stabilité et mettre fin à la spéculation sur les devises. Or, force est de constater que la
volatilité n’a pas disparu et qu’elle entraîne des interventions concertées des autorités monétaires pour
pouvoir l’endiguer (dollar après 1981 ou euro après 2001).
Ces difficultés que rencontre le SMI à assurer des échanges internationaux stables et à éviter les crises
conduisent à s’interroger sur les voies de sortie de crise possibles.
2.2 Les transformations possibles du SMI
La première possibilité consiste à imaginer qu’une nation joue un rôle hégémonique. Si le SMI
contemporain fonctionne mal c’est que les Etats-unis ont perdu leur statut de puissance hégémonique
mais qu’aucun autre pays ne les remplace encore (cf la situation de l’entre deux-guerres). Auteurs :
C.Kindleberger, Arvind Subramanian. Dans ce cas de figure, il faudrait imaginer que, par exemple, la
Chine s’impose à la fois économiquement et politiquement sur la scène mondiale.
La seconde possibilité s’appuie cette fois sur une amélioration de la surveillance multilatérale et sur un
accès la liquidité plus facile en temps de crises ; C’est l’approche privilégiée par les organisations
internationales (FMI), les Etats-Unis et l’Europe . Elle nécessite de faire évoluer le FMI ; aujourd’hui
les Etats-Unis sont toujours le seul pays avec une capacité à bloquer les décisions du FMI ; les pays
émergents ne sont quasi pas représentés (la Chine a le même poids que la Belgique). cette évolution du
FMI est d’autant plus une nécessité que l’on constate la mise en place d’initiatives asiatiques qui
consistant à développer régionalement des FMI bis sous influence chinoise.
La troisième possibilité a pour point de départ le paradoxe de Triffin adapté à la période
contemporaine : la capacité des Etats-Unis à fournir la liquidité mondiale va se heurter