PAR SYLVIE CORDESSE MAROT, PRÉSIDENTE DE LAPEG, POUR LE CA
Editorial
Eloge de la formation continue des
enseignants
Le 11 novembre 2013
CAHIERS ÉCONOMIE ET GESTION N°120 - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER / FÉVRIER 2014 - PAGE 3
Le management est
une discipline au
carrefour de nos
disciplines d’ensei-
gnement.Ce qui me frappe
toujours pendant les jour-
nées du management est
justement la juxtaposition
d’intervenants de différents
horizons : dirigeants d’en-
treprises, chercheurs, etc.
Par exemple, des chefs
d’entreprise de secteurs
très différents peuvent ap-
porter des éclairages pas-
sionnants sur leurs préoc-
cupations professionnelles.
J’ai encore en mémoire
Jean-Jacques Salaün, Di-
recteur Général d’Inditex
(groupe de Zara, Mas-
simo Dutti, etc) en octobre
dernier expliquant sa re-
cherche d’un modèle éco-
nomique performant et d’un
modèle social positif.J’ai
gardé un souvenir étonné
de l’intervention de Ber-
trand Collomb, président
d’honneur de Lafarge qui
nous expliquait en 2012 la
prodigieuse évolution des
techniques de fabrication
du béton. Ces grands té-
moins permettent de dé-
couvrir des cas d’entre-
prises de façon vivante.
UNE OUVERTURE À
L’ESPRIT CRITIQUE
La façon de raisonner des
chercheurs m’intéresse
autant que les contenus.
Par exemple, passer d’un
angle d’analyse à l’autre
sans être enfermé dans
une discipline unique appa-
raît comme une nécessité
de la recherche. Lorsqu’un
expert s’exprime en dé-
veloppant l’objet de ses
recherches, ses auditeurs
ont l’impression d’être en
contact avec la connais-
sance « en train de se fa-
briquer ».
De plus, ces conférences
bousculent souvent des
idées reçues. On peut es-
sayer d’en donner quelques
exemples bien fragmen-
taires.
Premier exemple, Bernard
Colasse (spécialiste de la
normalisation comptable et
de ses enjeux organisation-
nels, sociaux et politiques)
montre que le développe-
ment de la comptabilité
a toujours accompagné
celui du capitalisme. Il
explique que les normes
comptables en vigueur ont
joué un rôle dans la crise
des subprimes. Il démonte
l’idée que si on conçoit des
normes pour les action-
naires, les autres parties
prenantes s’y retrouve-
ront. « Il ne faut pas ensei-
Un maître qui a vraiment conscience des responsabilités qui lui sont conées doit
prendre parti sur les choses de son époque. Il ne doit pas être le magister qui vient dire
aux enfants : « j’ignore comment nous vivons, j’ignore ce que vous ferez demain. »
Henri Wallon
Le monde change, et avec lui les hommes et la France elle-même. Seul l’enseignement
français n’a pas encore changé. Cela revient à dire qu’on apprend aux enfants de ce
pays à vivre et à penser dans un monde déjà disparu.
Albert Camus
Les Journées Nationales
du Management se
déroulent depuis 3 ans
à la mi-octobre à Paris.
Ces journées sont ins-
crites dans les rendez-
vous scientiques de la
DGESCO et organisées
par le groupe économie
et gestion de l’igen.
Les rectorats doivent
proposer une liste de
professeurs de LEGT
et LP. Les adhérents de
l’APEG ont accès à ces
journées en passant par
l’association. Ils reçoi-
vent une convocation
de l’administration pour
obtenir une dispense de
cours et une couverture
en cas d’accident.
« la façon de raisonner des
chercheurs m’intéresse
autant que les contenus »
CAHIERS ÉCONOMIE ET GESTION N°120 - DÉCEMBRE 2013 / JANVIER / FÉVRIER 2014 - PAGE 4
gner ces normes de façon
neutre », afrme-t-il. « On
doit décortiquer le cadre
conceptuel sous-jacent ».
Il insiste sur la nécessité de
créer un organisme démo-
cratique rassemblant des
experts et des ignorants
pour repenser les normes
comptables dans la di-
versité et la contradiction
constructive.
Comme deuxième exemple,
je citerai quelques élé-
ments de la conférence de
Blanche Segrestin, (juriste,
professeure aux Mines Pa-
ris Tech et auteure de plu-
sieurs ouvrages sur
l’entreprise). A tra-
vers des démons-
trations détaillées
et convaincantes,
elle explique que
le droit des socié-
tés, comme celui
du travail, de même que
les règles de gestion ne
sont ni naturels, ni inva-
riants. Ils évoluent selon
l’état des connaissances
et les normes sociales.
Pour elle, les doctrines ac-
tuelles de gouvernance ont
retourné la société ano-
nyme en arme de guerre
contre l’entreprise. L’en-
treprise doit redevenir un
vecteur d’innovation et de
croissance économique
en même temps qu’un lieu
de construction sociale et
d’épanouissement person-
nel.
Au cours de leur confé-
rence, de nombreux in-
tervenants condamnent
la vision court termiste de
l’entreprise. De plus, ils dé-
montrent qu’il n’y a pas de
projet compatible entre les
actionnaires et les salariés.
Certains afrment que le
pilotage par la valeur ac-
tionnariale conduit à la dé-
bâcle.
Ces deux journées de ren-
contre démentent le stéréo-
type du management dédié
exclusivement au service
des dirigeants d’entreprise.
Ce champ de savoirs et de
pratiques afrme une diver-
sité et montre des contra-
dictions. Ons’y interroge
avec exigence et rationa-
lité.
Ce déploiement d’analyses
donne une image noble de
cette discipline d’enseigne-
ment récente et parfois
décriée qu’est le manage-
ment. L’appétit de savoirs,
d’apprendre est stimulé.
Cette rencontre du « savoir
savant » invite à question-
ner nos pratiques pédago-
giques :
- Comment aborder en
classe des situations com-
plexes sans trop les simpli-
er ?
- Comment mettre les
élèves en situation de
construction critique de sa-
voirs et de compétences en
management ?
Cette expérience que j’ai
la chance d’avoir pu re-
nouveler depuis trois ans
me conforte dans mes
stratégies pédagogiques
en classe : j’essaie d’y in-
tervenir de façon courte,
claire, savante et sur des
« nœuds » de savoirs en
soulignant les approches
interdisciplinaires.
FAIRE VIVRE LE DROIT
À LA FORMATION
CONTINUE
Le discours ofciel pro-
clame la nécessité de la
formation tout au long de
la vie. On peut lire sur le
site education.gouv.fr à la
rubrique « formation conti-
nue » : « La formation
continue représente pour
chaque agent un droit.
Elle lui permet de déve-
lopper ses compétences
pour exercer avec plus
d’efcacité les mis-
sions qui lui sont
conées1 ». Pour-
tant les professeurs
sous utilisent leurs
droits à formation. Par
exemple, le DIF (dé-
ni par la circulaire
2011-202 du 14-11-2011)
accorde 20 heures de
droit à formation par an
cumulables sur cinq ans à
chaque professeur. D’autre
part, il ne faut pas hésiter
à négocier des journées
d’absence pour formation
au sein de son établisse-
ment. Les proviseurs com-
prennent et souvent ils sou-
tiennent nos efforts dans ce
domaine.
Certains disent que l’ensei-
gnant qui ne se cultive plus,
doit cesser d’enseigner !
Cette formulation parait
bien excessive mais nous
sommes convaincus de la
nécessité de multiplier les
ouvertures sur la recherche,
les rencontres avec les pra-
ticiens et les contacts avec
le monde professionnel,
économique et juridique.
Pour cela, L’APEG a de-
mandé à l’Inspection Gé-
nérale d’être partenaire
des Journées du manage-
ment. Elle l’est déjà des
Journées de l’économie
de Lyon. Elle organise
ses propres Journées
Pédagogiques on allie
réexion sur la théorie et
sur les pratiques en classe.
Avec l’AEEE (association
européenne de l’enseigne-
ment de l’économie), elle
met en pratique la même
démarche pour préparer
« The 20th EuropeanEco-
nomics Education Confe-
rence” les 27, 28, 29 août
2014 à Aix-en-Provence.
Nos projets sont riches et
multiples : nous souhaitons
travailler plus largement
à l’international, dévelop-
per des partenariats pour
bénécier de subventions,
créer un nouveau site plus
interactif avec blogs et fo-
rums… Nous envisageons
d’ouvrir l’adhésion aux pro-
fesseurs du LP. Pour cela,
nous avons besoin d’ad-
hérents toujours plus nom-
breux et d’un CA renforcé.
Notre conseil d’adminis-
tration a réalisé un travail
formidable cette année, en
particulier avec l’organisa-
tion des journées d’Evreux
(merci inniment Annie),
la rénovation du site grâce
aux efforts incessants de
Malika. Les journées de
l’AEEE se préparent avec
Isabelle et Richard. Nous
pouvons encore être plus
nombreux au CA pour ré-
pondre toujours davantage
aux besoins. N’hésitez pas
à nous y rejoindre.
S.C.M.
1. http://www.education.gouv.fr/cid1104/la-formation-continue-pour-les-personnels-du-ministere.html
« la formation continue
représente pour chaque
agent un droit »
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