La concurrence monopolistique - Espace d`authentification univ

Chapitre 3
LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE
Jusque dans les années 1920, la théorie traditionnelle des prix reposait essentiellement
sur deux modèles explicatifs :
1. la concurrence pure et parfaite
2. le monopole
La théorie du duopole existait depuis le milieu du XIXesiècle, mais était considérée
comme un jeu intellectuel plutôt que comme modèle censé décrire le monde réel.
Mais progressivement, une certaine insatisfaction apparut car il devenait clair que le modèle
de concurrence n’était pas adapté à la description du comportement des entrepreneurs en ce
sens qu’il avait des dicultés à décrire des situations empiriques évidentes.
Un des aspects des critiques adressées à la théorie traditionnelle était son incapacité de rendre
compte de la diérenciation des produits, du rôle de la publicité, etc.
Par une coïncidence dont l’histoire de l’économie n’est pas avare, deux «jeunes économistes»
ont écrit séparément et publié la même année deux ouvrages développant un modèle de mar-
ché où de nombreuses entreprises sont confrontées à des
courbes de demande individuelles décroissantes .
Il s’agit de :
Joan Robinson (1904-1983) universitaire anglaise de Cambridge (GB), qui publie en 1933
The Economics of Imperfect Competition (Traduction française : Dunod, 1975, sous le
titre L’économie de la concurrence imparfaite)
Edward Chamberlin universitaire américain de Harvard qui se trouve à Cambridge (USA),
qui publie la même année The Theory of monopolistic Competition.
tNous développerons dans ce qui suit le modèle de Chamberlin.
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3.1 Définition
On dit qu’un marché est en concurrence monopolistique lorsqu’il comprend un
grand nombre de vendeurs dont les produits sont diérenciés mais fortement
substituables face à un grand nombre d’acheteurs.
Si l’on excepte l’élément de diérenciation du produit, les autres hypothèses de la CPP
sont vérifiées. En particulier, il n’y a pas d’entrave à l’entrée ou à la sortie du marché.
concurrence monopolistique
biens différenciés biens substituables
pouvoir de monopole concurrence
3.1.1 La diérenciation des produits
Produits diérenciés
C’est un ensemble de produits qui répondent à un même type de besoin mais qui ne
sont pas absolument homogènes.
Parmi les éléments de diérenciation, Chamberlin cite :
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la diérenciation basée sur les caractéristiques du produit lui-même.
différenciation
qualité
dessin
couleur
emballage
présentation
marques
noms commerciaux
brevets
La diérenciation basée sur les conditions de vente :
différenciation
proximité
standing de l'établissement
qualité du service
efficacité
courtoisie
amabilité
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Dans nos économies, il existe peu de biens manufacturés qui ne soient pas
délibérément diérenciés par les entrepreneurs de ceux du concurrent.
Les exceptions notables relèvent le plus souvent du domaine des matières premières
industrielles : produits agricoles ou produits de base (métaux, minerais, acide nitrique,
soude, etc.)
3.2 La notion d’industrie et de groupe de produits
La diérenciation des produits crée des dicultés lorsqu’on passe d’une analyse individuelle
à une analyse de marché : il est en eet impossible d’additionner des ores hétérogènes
pour obtenir une demande et une ore de marché. Chamberlin introduit pour résoudre cette
réelle diculté la notion de groupe de produits et d’industrie produisant ce groupe de pro-
duit.
Groupe de produits
appartiennent à un même groupe de produits des biens qui sont de proches substituts
économiques.
1. on parle de substituts techniques lorsque deux biens répondent à un même be-
soin ;
2. on parle de substituts économiques lorsque deux biens répondent à un même
besoin et qu’ils ont des prix similaires.
Exemple : une Renault « Espace » et une « Peugeot 807 » sont considérés comme des substi-
tuts, mais une « Fiat 500 » et une « Mercedes classe C » ne le seront pas.
On dit que des produits appartiennent à un même groupe lorsque leurs demandes in-
dividuelles révélent des élasticités-prix croisées très fortes à l’égard des autres produits
du groupe. En bref, toute variation du prix d’un produit du groupe modifie non seule-
ment sa demande mais a un impact sur la demande qui s’adresse aux autres produits
du groupe.
C’est l eet de report d’un produit sur l’autre.
3.3 La demande en concurrence monopolistique
Du fait de la diérenciation des produits au sein d’un groupe de produits, la demande qui
s’adresse à chaque entreprise de l’industrie lui est spécifique. Pourtant, la forte substituabi-
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lité entre les produits d’un même groupe font que les prix pratiqués par les concurrents ont
une influence forte sur cette demande.
On peut donc écrire :
qi=Di¡p1,p2, ..., pi,..., pn¢
qdésigne un même bien (diérencié)
i: indice de l’entreprise, ivarie de 1 à n
pi: prix pratiqué par l’entreprise i.
A partir de cette relation, on peut construire les deux courbes de demande caractéristiques
d’une entreprise du groupe.
Supposons que l’industrie soit en équilibre en t0pour une certaine structure de prix
¡p1,p2, ..., pi,..., pn¢.
Demande eective
On appelle courbe de demande eective de l’entreprise nla courbe
de demande qui s’adresse à elle lorsque l’ensemble des concurrents
modifient leurs prix dans la même proportion ou, ce qui revient au même, lorsque
les rapports de prix restent constants.
On peut la formaliser de la façon suivante :
qn=Dn¡p1,p2, ..., pi,..., pn¢
i=1,...,n1, d pn
pn
=dpi
pi
Demande préférentielle
La demande préférentielle de l’entreprise nest la demande qui s’adresse à elle
lorsqu aucun des concurrents ne modifie son prix .
On peut la formaliser de la façon suivante :
qn=Dn¡p1,p2, ..., pi,..., pn¢
i=1,...,n1, d pi=0
On représente ces deux courbes de demande de la façon suivante :
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