Brevet de Technicien supérieur Commerce international 2ème année

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Brevet de Technicien supérieur Commerce international 1ère année
Economie générale (Durée 2 heures)
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1 Expliquez les aspects objectif et subjectif d’un prix.
2 Que signifient les phrases suivantes « Cependant, l'efficacité du système réclame que les prix
soient fiables », « C'est la raison pour laquelle il est si important que les entreprises ne puissent pas
bloquer l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché. » ?
3 Quelles autres contraintes rencontre le fonctionnement de « l’économie de marché » ?
4 Quelle institution ou quelle entité intervient pour atténuer ces contraintes ?
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A QUOI SERT LE MARCHE ?
Source : Arnaud Parienty - Alternatives Economiques n° 286 - décembre 2009
1 - Le système des prix coordonne les actions. A la base du fonctionnement d'une économie de marché, il y a
un ensemble de prix. Car, comme l'a souligné l'économiste autrichien Friedrich von Hayek, les prix sont un
moyen efficace de faire circuler les informations. Un prix représente en effet une synthèse des informations
disponibles sur un bien. Ainsi, une voiture se caractérise par son confort, sa ligne, ses performances, les
accessoires fournis, etc. Toutes ces caractéristiques sont résumées en un seul nombre: son prix, qui évolue en
fonction des nouvelles informations disponibles sur le bien considéré.
Un prix n'est pas une donnée objective. Il reflète bien sûr les coûts de production de l'entreprise, mais aussi la
valeur accordée aux produits concurrents et les goûts des consommateurs. Par exemple, un modèle de
voiture en fin de vie voit son prix baisser, simplement parce que d'autres modèles, réunissant des
caractéristiques plus attirantes, sont arrivés sur le marché.
Les prix véhiculent des informations qui sont utiles au fonctionnement des marchés parce que les
consommateurs ou les entreprises y réagissent. La baisse d'un prix, par exemple, est un signal qui incite,
dans la grande majorité des cas, les consommateurs à reporter une partie de leurs achats sur le produit moins
cher et les vendeurs à réduire leur production ou à améliorer leur offre. Cette modification des
comportements entraîne à son tour un changement dans les prix, de sorte qu'un marché est en perpétuelle
évolution.
Cependant, l'efficacité du système réclame que les prix soient fiables. Ils doivent refléter les caractéristiques
des produits, ce qui n'est pas le cas lorsque la concurrence est insuffisante (voir infra) ou lorsque la qualité de
l'information n'est pas bonne. En effet, faute d'informations pertinentes sur le bien échangé, juger du prix
proposé devient difficile. Ainsi, l'économiste américain George Akerlof a montré, il y a quarante ans, que les
acheteurs de voitures d'occasion, ne sachant pas si les voitures de deuxième main sont en bon état ou
comportent un vice caché, exigent une décote pour les acheter - une asymétrie d'information entre acheteurs
et vendeurs qui explique pourquoi une voiture ayant à peine roulé perd immédiatement une partie de sa
valeur. De ce fait, les vendeurs de bonnes voitures d'occasion sont incités à sortir du marché pour ne pas
subir cette décote. Finalement, l'intervention de l'Etat, sous forme de contrôles techniques obligatoires, est
nécessaire pour faire fonctionner le marché. De la même façon, lorsque les banques ont été suspectées, à
l'automne 2008, de détenir des titres sans valeur, le cours des actions de toutes les banques s'est effondré,
quelle que soit leur exposition réelle au risque, chacune étant considérée comme susceptible de tenir des
actifs toxiques en grande quantité. Le bon fonctionnement du marché comme vecteur d'information est donc
limité par l'asymétrie ou l'insuffisance de l'information.
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2 - La concurrence incite à l'efficacité. La concurrence est le fondement essentiel de l'efficacité du marché, car
elle contraint les entreprises à fournir les meilleurs produits au meilleur prix, faute de quoi leurs concurrents
seront préférés par les consommateurs; elle discipline les profits. Elle fournit de puissantes incitations à
réduire les prix, à investir, à prendre des risques et à innover. Le plus important est sans doute l'incitation à
innover. L'émergence de nouveaux concurrents sur un marché se traduit par une baisse des prix, et donc des
profits, car les nouveaux entrants sont contraints de proposer des prix plus bas que les entreprises en place
s'ils veulent prendre des parts de marché. C'est la raison pour laquelle il est si important que les entreprises
ne puissent pas bloquer l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché.
La pression de la concurrence incite donc à l'innovation. Des techniques de production nouvelles permettent
d'augmenter les profits, la baisse des coûts pouvant se traduire par une hausse des marges ou par une baisse
des prix qui accroît la part de marché. Surtout, comme l'a souligné en son temps l'économiste autrichien
Joseph Schumpeter, un produit vraiment nouveau met l'entreprise qui le vend en situation de monopole
temporaire. Elle peut ainsi pratiquer des prix élevés et gonfler ses profits: la domination de l’iPhone dans les
ventes de Smartphones explique à elle seule le bénéfice élevé d'Apple au 3e trimestre 2009.
La redoutable efficacité des mécanismes du marché vient aussi de ce que ce monopole est très fugace: le
succès de l'innovation appelle l'imitation et, avec elle, la baisse des volumes vendus et des marges
bénéficiaires: les propositions concurrentes du iPhone sont déjà et Apple envisage de réduire ses marges
pour garder sa part de marché. Ce mouvement perpétuel de création et de destruction des profits, à la fois
par la concurrence et par l'innovation, est, pour Joseph Schumpeter, le ressort profond de la dynamique d'un
capitalisme fondé sur l'économie de marché.
Il est également ce qui fait redouter la concurrence: la destruction créatrice est aussi celle des richesses, des
qualifications et des emplois. Les détenteurs d'une qualification rendue obsolète par le progrès technique se
trouvent ainsi dépossédés.
Cependant, le degré de concurrence est très inégal selon les marchés. De nombreux marchés sont dominés
par un petit nombre de grandes entreprises. Ce n'est pas en soi un problème. L'économiste américain
William Baumol a montré au début des années 1980 que les entreprises se conduisaient de manière efficace
dès lors que de nouveaux concurrents pouvaient entrer sur le marché et contester leur position, même si le
marché est dominé par un petit nombre d'acteurs. Enfin, il faut compter avec le progrès technique, qui peut
remettre en cause rapidement les situations qui semblaient les mieux assises. Qu'on pense au cas d'IBM,
géant hégémonique détrôné par la révolution de l'ordinateur personnel intervenue dans les années 1980.
Dans d'autres cas, la puissance des grandes firmes neutralise la concurrence. En l'absence de réglementation,
leur pouvoir de fixer des prix élevés peut leur permettre de capter une rente au détriment de leurs clients ou
de leurs fournisseurs. Les géants peuvent racheter les firmes innovantes afin de bloquer ou de retarder
l'innovation. Les entreprises peu nombreuses sur un marché peuvent aussi s'entendre pour fixer les prix en
formant un cartel.
3 - Mais le marché ne peut pas tout faire. De nombreuses décisions économiques nécessitent de se projeter
dans l'avenir: l'isolation d'une toiture dépend du montant de la taxe carbone au cours des vingt ans à venir,
produire aux Etats-Unis dépend du taux de change du dollar, etc. Les agents essayent donc d'anticiper
l'avenir.
Les économistes sont très partagés sur la façon dont les acteurs économiques alisent leurs anticipations.
Robert Lucas et les nouveaux classiques estiment que les anticipations sont rationnelles, c'est-à-dire qu'elles
intègrent forcément toute l'information pertinente disponible. John Maynard Keynes affirme, de son côté,
que des variables telles que le taux d'intérêt dans dix ans sont affectées d'une incertitude radicale: il est
impossible de le connaître ou même d'établir la probabilité d'occurrence de leur valeur future.
Or, l'impossibilité de prévoir parfaitement l'avenir peut conduire à des décisions mutuellement
incompatibles. Par exemple, si tous les constructeurs automobiles décident simultanément de bâtir de
nouvelles usines, des surcapacités de production vont apparaître.
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Si tous les ménages décident de réduire leur consommation afin d'épargner plus, la baisse des dépenses va
entraîner la chute de la production, des revenus et, finalement, de l'épargne. La présence d'incertitudes
empêche donc le marché de coordonner efficacement les décisions dans le temps long et explique les crises.
Un autre problème apparaît lorsque certains effets des activités économiques ne sont pas pris en compte
dans les prix. Par exemple, si une aciérie pollue l'air sans avoir à payer de taxe, le coût de cette pollution pour
la collectivité est négligé dans le calcul du prix de l'acier; celui-ci est donc "faux", il n'intègre pas les coûts que
la production fait subir à l'ensemble de la société. Outre ces externalités (*), le marché est également pris en
défaut lorsqu'il s'agit de produire des biens collectifs (*) : s'il est impossible d'obliger le consommateur à
payer pour l'utilisation des biens, comme dans le cas de l'éclairage public ou de la défense nationale, il est
difficile de fixer un prix.
Ces problèmes sont sérieux, car les externalités ou les biens collectifs sont nombreux. Il est en général
possible de les surmonter avec l'aide de l'Etat. Dans le cas de certaines pollutions, une taxe peut rétablit le
prix juste en accroissant le coût de production d'un montant équivalent au dommage résultant de la
pollution (mais cette solution ne s'applique pas à tous les problèmes d'environnement). Dans le cas de la
défense nationale, le financement se fait par l'impôt, la délibération politique étant censée révéler quelle
somme la société souhaite consacrer à ce bien. Il est également possible de trouver des modèles économiques
alternatifs: puisqu'il est impossible de contraindre les auditeurs à payer pour une émission de radio, au lieu
de vendre une émission à des auditeurs, l'entreprise vendra de la publicité - du "temps de cerveau disponible",
avait déclaré Patrick Le Lay, lorsqu'il dirigeait TF1 - à des annonceurs.
Enfin, lorsque les coûts de production de certains biens sont essentiellement des coûts fixes, c'est-à-dire des
coûts qui ne progressent pas avec la quantité produite, correspondant à la construction de lourdes
infrastructures (un réseau ferré ou de télécommunication, par exemple), le marché est dominé par un
"monopole naturel". Par exemple, une société de distribution d'électricité ayant pour coût principal la
construction d'un réseau: une fois celui-ci construit, le coût n'augmente pas avec le nombre d'utilisateurs. A
l'inverse, une fois le seau construit, plus il a d'utilisateurs payants, plus il est rentable. Il serait
économiquement absurde d'avoir plusieurs réseaux concurrents sillonnant le territoire. Mais un monopole
est généralement inefficace dans la mesure il a tendance à profiter de sa position pour fixer des prix
élevés. Il faut le nationaliser ou le réguler, pour obliger l'entreprise à pratiquer des prix bas et empêcher la
formation d'une rente injustifiée.
Ces dernières années, de nombreux gouvernements et la Commission européenne ont essayé de casser ces
monopoles naturels afin d'introduire de la concurrence. L'évolution technique a conduit à un certain succès
de cette démarche dans le cas du téléphone; mais l'ouverture à la concurrence pose beaucoup de problèmes
pour d'autres réseaux comme l'électricité, les chemins de fer ou la Poste). Le nombre d'entreprises est trop
faible pour garantir la concurrence, si bien que des autorités de régulation sont chargées de contrôler les prix.
Faute de connaître les coûts, elles naviguent entre des prix trop bas, qui couragent l'investissement et
mènent à des pénuries (cas de l'électricité en Californie), et des prix trop élevés, qui assurent des rentes
confortables aux opérateurs et mécontentent les consommateurs (cas de l'électricité au Royaume-Uni).
Malgré tous ses mérites, le marché ne peut donc à lui seul organiser toute l'activité économique. Son
fonctionnement doit souvent être encadré par l'Etat et d'autres formes d'organisation sont souvent
nécessaires pour assurer une coordination efficace des agents économiques.
* Externalité : effet économique sur des tiers non pris en compte par celui qui prend la décision. Une
externalité peut être positive (lorsque je me fais vacciner, je réduis les risques pour mon entourage) ou
négative (si je construis un mur élevé, je réduis l'ensoleillement pour mes voisins).
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