1
Prévention des fausses routes en EHPAD
S. Hermabessière
Introduction :
Les troubles de la déglutition représentent une problématique importante chez les patients
âgés, plus fréquente en institution qu’à domicile. De nombreux résidents, admis dans un
contexte de dépendance et/ou de pathologies favorisant les troubles de la déglutition, feront
des fausses routes au cours ou à distance des repas. 40 à 50% des patients ayant présenté un
AVC ont des troubles de la déglutition. Chez les patients présentant un test de déglutition
perturbé, le risque d’institutionnalisation et de décès à trois mois est significativement
augmenté. Les pneumopathies d’inhalation sont également trois fois plus nombreuses en
maison de retraite qu’en ville.
Définitions :
La déglutition est le résultat complexe et coordonné d’activités volontaires et réflexes. La
fausse route correspond au passage de liquide ou d’aliments dans les voies aériennes
supérieures. Elle se traduit cliniquement par de nombreux signes plus ou moins bruyants. Ces
derniers concernent la déglutition (toux récurrente, gêne pour avaler, fuites alimentaires,
bavage, reflux d’aliments par le nez, sensations de blocages, fausses routes évidentes,
dyspnée, mastication perturbée avec stase buccale, modification de la voix au repas,
raclements de gorge), l’alimentation (allongement de la durée du repas, réduction de la prise
alimentaire, aliments délaissés, faim résiduelle, peur de boire ou de s’alimenter exprimée,
perturbation du geste alimentaire) ou l’état général du patient (asthénie, perte de poids,
déshydratation, modifications respiratoires au cours du repas, pneumopathies récidivantes,
épisodes fébriles inexpliqués, encombrement bronchique chronique, mauvais état bucco-
dentaire).
Le vieillissement physiologique entraine une altération de certains processus permettant une
déglutition de bonne qualité. On parle de « presbyphagie ». Il s’agit de la conséquence
d’altérations de fonctions (cognitives, motrices, respiratoires, sensorielles…) associées à des
altérations des structures (atrophie, perte de tonus ou d’élasticité…). On décrit deux grands
temps de déglutition : le temps oral et le temps pharyngo-laryngé. Au niveau du temps oral,
l’avancé en âge provoque une perte de force au niveau des muscles des joues et des lèvres, ce
qui va perturber la constitution du bol alimentaire. Des perturbations du flux salivaire
d’origine iatrogène ainsi qu’un mauvais état bucco-dentaire vont encore aggraver ces
anomalies. Au niveau du temps pharyngo-laryngé, il existe une diminution du péristaltisme
pharyngé ainsi que de l’élévation laryngée associée à un retard de déclenchement pharyngé et
de fermeture glottique. S’y associent une perturbation de la synchronisation avec la
respiration et des troubles de la motricité de l’œsophage (avec hypertonie du sphincter
supérieur de l’oesophage). Les personnes âgées déglutissent donc plus lentement.
Conséquences cliniques et psychologiques :
Ces anomalies de la déglutition et de la protection des voies aériennes vont avoir différentes
conséquences sur le plan clinique dont la plus fréquente est la pneumopathie d’inhalation.
Cette dernière se développe à partir de l’inhalation de germes colonisant l’oropharynx.
Environ la moitié des adultes en bonne santé inhale des petites quantités de sécrétions
oropharyngées pendant leur sommeil. L’avancée en âge n’augmente pas en soi ce risque. En
revanche, les pathologies dont la fréquence augmente avec l’âge vont favoriser les fausses
routes. Si les défenses immunitaires sont affaiblies ou si la quantité de germes est importante,