
urgence d’un scanner puis d’une PL. De nombreuses
autres pathologies peuvent se révéler par une céphalée en
coup de tonnerre : dissection artérielle, thrombose vei-
neuse cérébrale, nécrose hypophysaire, anévrisme non
rompu (50 % des patients victimes d’une hémorragie
méningée par rupture d’anévrisme décrivent, lors des
jours ou mois qui précèdent, une céphalée sentinelle à
type de céphalée en coup de tonnerre), hypotension du
LCR, méningite, ou encore angiopathie cérébrale aiguë
idiopathique ou secondaire [14-16]. L’exploration d’une
céphalée en coup de tonnerre doit donc être complétée en
hospitalisation par la pratique d’une IRM cérébrale
(thrombose veineuse, hypophyse), avec injection de pro-
duit de contraste si la céphalée après son apparition
explosive prend un caractère postural (hypotension du
LCR) et avec coupes cervicales axiales (dissection). Un
écho-Doppler cervical recherche une dissection des artè-
res cervicales. Une angiographie doit être systématique-
ment pratiquée tout d’abord de manière non invasive (par
ARM ou angioscanner) à la recherche d’un anévrisme non
rompu, mais aussi d’arguments en faveur d’une dissection
ou d’une thrombose veineuse à la phase très précoce.
Dans les rares cas où tous les examens précédents sont
normaux et a fortiori si la céphalée persiste, une artério-
graphie intra-artérielle conventionnelle est nécessaire à la
recherche d’une dissection vertébrale ou d’une angiopa-
thie cérébrale aiguë.
Céphalées lors des hématomes et infarctus cérébraux
Les céphalées sont fréquentes lors des hématomes et
des infarctus cérébraux mais sont le plus souvent au
second plan du tableau clinique dominé par les signes
neurologiques focaux et parfois les troubles de cons-
cience. Cependant, certaines topographies peuvent don-
ner des signes focaux discrets. Ainsi, les hématomes et les
infarctus œdémateux du cervelet peuvent se manifester
par une céphalée aiguë intense avec vomissements abon-
dants, sans syndrome cérébelleux très net. Le diagnostic
repose sur la pratique du scanner cérébral en urgence qui
permettra de reconnaître aisément l’hyperdensité d’un
hématome mais plus difficilement l’ischémie qui peut ne
se manifester au début que par une compression du 4
e
ventricule. Ces patients doivent être transférés en neuro-
chirurgie.
Dissections artérielles
La céphalée est de loin le symptôme le plus fréquent de
dissection (75 % des cas) et comporte souvent une com-
posante cervicale (douleur latérocervicale des dissections
carotidiennes, douleur rétro-auriculaire des dissections
vertébrales). Elle est souvent associée à d’autres signes
locaux déjà mentionnés. Elle constitue le symptôme inau-
gural dans 33 à 86 % des cas avant l’apparition éventuelle
de signes d’ischémie rétinienne ou cérébrale. Le diagnos-
tic repose sur l’écho-Doppler cervical complété par l’IRM
avec ARM. L’angiographie par voie artérielle reste souvent
nécessaire au diagnostic des dissections vertébrales.
Encéphalopathie hypertensive
Elle est responsable d’une céphalée aiguë brutale ou
rapidement progressive avec élévation majeure de la pres-
sion artérielle (plus de 240/120 mmHg). La céphalée peut
précéder les autres signes d’encéphalopathie : troubles
visuels bilatéraux et crises comitiales. Le fond d’œil mon-
trant des signes de rétinopathie hypertensive est l’examen-
clé, mais le diagnostic différentiel avec un œdème papil-
laire de stase peut être difficile. Le traitement consiste à
faire baisser la pression artérielle.
Hypotension du LCR
Les hypotensions du LCR iatrogènes sont souvent
d’apparition rapide voire brutale dans les heures qui sui-
vent le geste en cause. Les céphalées par hypotension du
LCR secondaires à une brèche durale iatrogène (ponction
lombaire, péridurale, rachianesthésie, infiltration) appa-
raissent de manière brusque ou rapide, le plus souvent
quelques heures après le geste. Si le patient consulte en
urgence en rapportant clairement la réalisation d’un tel
geste dans les jours qui précèdent, ces céphalées ne
posent pas de problème diagnostique. Ceci les oppose aux
formes spontanées qui demeurent souvent méconnues
[17]. Leur installation est le plus souvent progressive sur
quelques jours, mais peut également être rapide et même
explosive, notamment après un effort. Qu’il s’agisse d’une
forme iatrogène ou spontanée, le diagnostic est évoqué
devant une céphalée posturale, qui apparaît dès la mise en
position debout ou assise, et disparaît très rapidement en
décubitus [18]. La céphalée peut s’associer à d’autres
manifestations : cervicalgies, acouphènes, baisse d’acuité
auditive, nausées, vomissements, diplopie horizontale par
paralysie d’un ou des deux VI. En cas de survenue spon-
tanée de ce syndrome, le diagnostic clinique sera
confirmé par l’IRM cérébrale qui montre un réhaussement
intense des méninges après injection de produit de
contraste, un déplacement craniocaudal des structures
nerveuses (descente des amygdales cérébelleuses dans le
trou occipital) et parfois un aspect collabé des ventricules.
L’hypotension du LCS peut parfois se compliquer d’un
hématome sous-dural qui peut aggraver les céphalées et
leur faire perdre leur caractère strictement postural. Le
traitement consiste en la réalisation d’un blood-patch,
qu’il s’agisse d’une hypotension du LCS iatrogène ou
spontanée. Ce geste sera réalisé au mieux lors d’une
courte hospitalisation de type hôpital de jour. L’opérateur
injecte du sang (prélevé stérilement au patient) jusqu’à
provoquer une douleur lombaire franche (le plus souvent
autour de 30 ml) en péridural au niveau lombaire. Le
patient doit ensuite rester allongé 2 heures puis peut se
mettre debout. En cas d’échec, un second blood-patch est
proposé. Dans les formes spontanées, une recherche de
brèche sera entreprise en hospitalisation après échec de
Urgences
mt, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2005
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