■Intervention
L’intervention a généralement lieu
sous sédation ou de préférence
sous anesthésie générale : l’utilisa-
tion longue durée d’une échogra-
phie transœsophagienne (ETO),
surtout, est désagréable pour le
patient,d’où l’anesthésie générale.
Aux États-Unis, on préfère actuel-
lement l’échographie intravascu-
laire. En Europe, cette solution est
financièrement impossible car le
coût de la sonde à usage unique
(2.500 à 3.000 euros) dépasse lar-
gement celui d’une anesthésie.
Le défaut, les bords et les struc-
tures cardiaques font l’objet d’une
évaluation échographique appro-
fondie. La taille du DSA est mesu-
rée à la naissance ;certains centres
déterminent la taille de la prothèse
à implanter sur la base de cette me-
sure. Mais partout dans le monde,
la grande majorité préfère procé-
der à une mesure par ballon : un
ballon très plastique est glissé sur
un fil de guidage, puis gonflé jus-
qu’à ce qu’il obture complètement
le DSA (figure 3). Le DSA crée
alors une encoche dans le ballon,
qui peut ensuite être mesurée par
échographie ou radioscopie. L’uti-
lisation du ballon permet également
d’évaluer la solidité des parois.Sur
la base de toutes ces données, le
cardiologue interventionnel choi-
sit le type de prothèse et sa taille.
Sous guidage fluoroscopique et
ETO, il déploie d’abord le disque
auriculaire gauche dans l’oreillette
gauche, puis le disque auriculaire
droit (figures 4 et 5). Avant la
libération de la prothèse,la position
et la stabilité sont d’abord contrô-
lées au moyen d’une légère traction
et poussée sous fluoroscopie et
ETO. Une échographie doppler en
couleur permet de vérifier le shunt
résiduel, une éventuelle obstruc-
tion du système ou un retour vei-
neux pulmonaire et une insuffisan-
ce des valves atrio-ventriculaires.
Si la prothèse est mal positionnée,
elle peut être retirée totalement.
Dès que la position est optimale,la
prothèse peut être libérée.Le grand
risque d’embolisation de ce type de
prothèse concerne les premières
heures après l’intervention et les
patients sortent généralement de
l’hôpital de six à 24 heures après
l’intervention.
Un à 2 mg d’aspirine/kg/jour et
une prophylaxie de l’endocardite
sont encore administrées pendant
six mois après la pose de la pro-
thèse. Passé ce délai, toute médi-
cation et prévention peuvent être
arrêtées.
Ces dernières années,la technique
a été perfectionnée de manière
considérable et les complications
telles que l’embolie pulmonaire,la
formation de thrombus ou l’embo-
lisation de la prothèse sont par
conséquent devenues extrême-
ment rares.
Les prothèses actuelles ne consti-
tuent pas une contre-indication à
la résonance magnétique mais les
images des abords de la prothèse
ne seront cependant pas optima-
les. La reconversion électrique du
patient doit être effectuée avec la
prudence requise car l’électrochoc
peut parfois provoquer une dislo-
cation de la prothèse peu après la
mise en place.
Les fabricants maintiennent ces
prothèses à un prix élevé (envi-
ron 3.500 euros). L’hospitalisa-
tion brève et non intensive en cas
d’obturation percutanée est tou-
tefois financièrement intéres-
sante. En Belgique, le coût total
d’une fermeture chirurgicale et
d’une fermeture percutanée d’un
DSA est donc comparable. La fer-
meture percutanée est toutefois
beaucoup moins douloureuse et
inconfortable pour le patient et lui
évite les cicatrices de sternotomie
ou de thoracotomie.Par ailleurs,le
patient peut reprendre ses activi-
tés quotidiennes beaucoup plus
rapidement.
■Fermeture percutanée
d’un FOP
Un FOP peut être obturé de manière
semblable.Étant donné que l’ouver-
ture est nettement plus petite et
possède presque toujours de
bons bords, les prothèses utili-
sables pour une obturation per-
cutanée sont bien plus nombreu-
ses.Comme ces prothèses peuvent
être utilisées chez des patients
souffrant de thrombophilie, une
prothèse avec le moins de maté-
riau possible (qui pourrait entraî-
ner la formation de thrombus) est
recherchée. Actuellement,des pro-
thèses sont testées qui,à terme,ne
laissent aucune trace de matériau
étranger. Après la fermeture du
FOP, de l’acide acétylsalicylique et
du clodiprogel sont prescrits pen-
dant six mois.
■Fermeture percutanée
d’une fenestration
auriculaire
Chez certains patients, une fenes-
tration auriculaire est réalisée entre
les oreillettes gauche et droite, ce
qui permet une dérivation limitée
et bénéfique (par exemple, après
une circulation de Fontan, après
une intervention au niveau du
cœur droit ou en cas d’hyperten-
sion artérielle pulmonaire). Après
un certain temps, cette fenestra-
tion peut devenir ‘superflue’ ou
‘néfaste’, de sorte qu’une ferme-
ture est indiquée. Pour obturer de
telles fenestrations,de plus petites
prothèses DSA ou des occludeurs
spécialement conçus à cet effet
peuvent être utilisés.
■Foramen ovale
perméable et infarctus
cérébral inexpliqué
Depuis quelques années, un lien
est établi entre la présence d’un
foramen ovale perméable (FOP) et
un infarctus cérébral inexpliqué.Le
FOP permet à des thrombus vei-
neux d’emboliser à travers l’ou-
verture et de pénétrer ainsi dans la
circulation systémique. Ces embo-
les peuvent rejoindre la circulation
cérébrale et provoquer un infarc-
tus cérébral ou accident ischémi-
que transitoire (AIT).
Le FOP touche environ 25 à 30 %
de la population (figure 6). Chez
les patients faisant un infarctus
cérébral inexpliqué, cette préva-
lence atteint 50 à 70 %. Certaines
caractéristiques du FOP semblent
indiquer une prédisposition :ouver-
ture « au repos » supérieure à 2 mm,
taille du shunt D<G lors de l’écho-
graphie de contraste, longueur du
tunnel dans le FOP,présence d’une
valve d’Eustache proéminente qui
dirige le sang contre le septum
interauriculaire et présence d’un
anévrisme du septum interauri-
culaire.
De manière générale,on considère
aujourd’hui que la présence d’un
FOP, avec ou sans les caractéris-
tiques spécifiques précitées,consti-
tue un facteur de prédisposition au
développement d’une embolisa-
tion paradoxale et d’un infarctus
cérébral inexpliqué. Ce lien est
manifeste chez les patients de
moins de 55 ans. À mesure que les
patients vieillissent, les thrombis
artériels deviennent également
une cause importante d’infarctus
cérébral ‘inexpliqué’.
Le risque de récidive d’un infarc-
tus cérébral (ou AIT) chez un patient
présentant un FOP et un anévris-
me du septum interauriculaire est
de 20 % (15 % en cas d’infarctus
cérébral seul) après quatre ans.Un
traitement médical avec une dose
relativement élevée d’aspirine (au
moins 300 mg) ou de dérivé de
coumarine peut réduire ce risque
mais pas le neutraliser. D’autre
part, les patients sous coumarine
courent un risque accru d’hémor-
ragie, actuellement estimé à 1 %
par an.
Rien d’étonnant à ce que la ferme-
ture percutanée du FOP ait suscité
de l’intérêt. Lorsque le foramen
ovale est fermé, le risque d’embo-
lisation paradoxale disparaît. À ce
jour,cependant,aucune étude pros-
pective randomisée ne l’a encore
démontré clairement :il s’avère très
difficile de recruter un nombre suf-
fisant de patients pour la branche
placebo ou médicamenteuse de
telles études.
En fonction de l’expertise,il existe
un risque très faible de compli-
cations lors d’une intervention
d’obturation. En outre, l’efficacité
avoisine les 95 % et celle-ci est défi-
nie comme l’absence de shunt
D<G six mois après la fermeture.
Une importante méta-analyse réali-
sée en 2002 a conclu que la fré-
quence de récidive d’un infarctus
cérébral après une obturation per-
cutanée se situait entre 0 et 5 % au
cours de la première année,contre
4 à 12 % en cas de traitement médi-
camenteux.La fermeture d’un FOP
parmi cette population spécifique
de patients constitue donc un
avantage. Actuellement, le choix
de procéder ou non à une ferme-
ture percutanée est déterminé par
les critères d’élaboration de bon-
nes pratiques cliniques.
■Foramen ovale
perméable
et migraine
La migraine est un mal de tête très
fréquent au sein de la population
globale. Son incidence est estimée
à 10 à 12 %, avec une proportion
homme/femme de un sur trois. La
migraine peut affecter gravement
la qualité de vie et représente à ce
jour l’une des maladies les plus
invalidantes au niveau mondial.
Par ailleurs, la migraine est une
maladie très complexe, les crises
pouvant être déclenchées par des
facteurs génétiques, environne-
mentaux, liés au mode de vie et
d’autres encore non identifiés.
Des études épidémiologiques mon-
trent que la prévalence du FOP est
plus élevée chez les patients migrai-
6eAtelier International de Cardiologie Interventionnelle Pédiatrique - Milan, 29-31 mars 2007
22
■
L’agenda Pédiatrie N° 53
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Décembre 2007
C
OMPTES RENDUS
Suite de la page 20
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Figure 3 :
Image fluoroscopique de la mesure par ballon
d’un DSA.Via la veine cave inférieure, un fil de guidage est
amené jusqu’à la veine pulmonaire gauche ;il permet de faire
glisser un ballon afin de déterminer la taille du DSA et la so-
lidité de ses bords. L’encoche du ballon est mesurée prin-
cipalement par échographie.
Figure 4A :
Une gaine est glissée sur le fil jusqu’à l’oreillette
gauche.L’Amplatzer est ensuite glissé dans la gaine en posi-
tion étirée.
Figure 4B :
Ouverture progressive de l’Amplatzer lors de
son extrusion de la gaine :le fil de Nitinol retrouve sa forme
initiale.
Figure 5 :
L’occludeur Amplatzer se déploie sur le DSA ;la
prothèse est encore attachée à un fil mais est prête à être
libérée.
Figure 6 :
Échographie transœsophagienne avec visuali-
sation d’un petit foramen ovale perméable à hauteur du sep-
tum auriculaire.
A
B