215 L'approche interprétative dans la traduction vers une langue étrangère. Mikyung CHOI Université Nationale de Séoul Messieurs les professeurs, chers collègues et étudiants, c'est un honneur pour moi de pouvoir m'adresser à vous, et si je me suis permise de m'exprimer ici, c'est parce que cela nous donnera l'occasion de parler de la traduction, qui suscite un intérêt croissant et que je pourrai recueillir votre opinion. Ma conférence ne sera qu'un aperçu général sur la théorie interprétative et sur quelques traductions que j'ai effectuées vers le français. Vos remarques et commentaires seront, bien entendu, les bienvenus au cours de cet exposé. 1. Introduction ll. Diverses approches de la traduction 2. L'approche linguistique 3. Le discours impressionniste 4. Les approches traductologiques 3.5. La traduction comme transplantation de la langue et de la culture de départ 2H; Mikyung CHOI :3.6. La théorie interprétative III. La théorie interprétative 1. La compréhension 2. La déverbalisation 3. La réexpression IV. La traduction vers une langue étrangère V. Conclusion 1. Introduction Aujourd'hui, les échanges entre les pays se multiplient et on a de plus en plus recours à la traduction. Les littératures étrangères ainsi que les quantités d'infonnations que nous recevons nous arrivent grâce à la traduction. L'opération traduis ante regroupe sous son nom la traduction orale, technique, littéraire, automatique ou encore pédagogique. Impliquée dans beaucoup de domaines, elle doit se plier à l'exigence de chaque genre ou chaque texte. On ne peut pas traduire un texte économique destiné aux étudiants en licence de la même manière qu'un livre pour enfants. Le traducteur assume donc une tâche délicate qui demande de mobiliser, bien entendu, ses connaissances en langues, mais de tenir compte d'autres éléments qui entrent en jeu, et sur lesquels L'approche interprétative dans la traduction 217 nous reviendrons plus loin. Le traducteur est quelqu'un qui est chargé de la communication, il lui faut bien des qualités : l'intelligence, la curiosité intellectuelle, la capacité de compréhension, d'analyse, de raisonnement, la sensibilité, etc. Dans notre exposé, nous ferons une rapide présentation des discours sur la traduction, de la théorie interprétative et enfin de la traduction vers la langue étrangère, laquelle implique en général la collaboration d'un réviseur autochtone. n. Diverses approches de la traduction 1. L'approche linguistique Les linguistes ont tendance à considérer la traduction comme un acte de comparaison linguistique : d'où l'expression comme : je traduis le français, le coréen, etc. L'objet de la traduction est la langue. Paradoxalement, c'est la recherche sur la traduction assistée par ordinateur ou encore la traduction automatique qui a poussé à réfléchir sur l'activité traduisante. Car. les logiciels élaborés au début n'arrivaient pas à échapper au problème de la polysémie à cause de l'insuffisance des données entrées. La machine, en effet, a produit des traductions du type «My expensi ve friend» pour «Mon cher ami». L'ordinateur traduit au niveau de la langue ou de la parole, non à celui du discours. 218 Mikyung CHOI Les linguistes comme Georges Mounin ou Jean-René Ladrniral prétendent que la traduction est impossible parce qu'il n'existe pas de correspondances parfaites entre les langues. On peut avoir à traduire un texte écrit dans une langue riche au vocabulaire d'un domaine donné dans une autre qui ne l'est pas. Le vide lexical ferait obstacle à la traduction. Citons ici un passage de Mounin : On imagine aisément que la culture sociale, dont les nominations ne reposent pas même sur des objets concrets, démontre encore mieux l'imperméabilité des civilisations : comment, dit Nida, traduire frère et soeur en maya, lorsque cette langue n'a pas de mots pour l'extension de ces notions chez nous, mais des termes distincts pour fr«e pIus jeune, et fr«e plus âgé? Comment, d'une façon générale, traduire les termes indiquant la parenté, pour des civilisations dont la famille n'a pas du tout la même structure que la nôtre?1) li nous faut rappeler que ce n'est qu'un faux argument, parce que nous pouvons trouver des tours d'expression pour expliquer les faits de culture, ou recourir à l'emprunt, à la néologie, etc. li est utile lX>ur l'apprentissage linguistique de 1. Les problèmes théorique...;; de la traduction, pp.65-67, Gallimard, 1953, Paris L'approche interprétative dans la traduction 219 trouver les correspondances de chaque mot et de chaque expression, mais cette approche devrait élargir son champ, puisque même dans la linguistique moderne, le courant interactif fait des recherches en tenant compte des éléments extra-linguistiques qui entrent en jeu dans l'énoncé. Dans cc sens, La stylistique com[Xlrée du français et de l'anglais de Vinay et de Oarbelnet est un outil excellent pour l'apprentissage linguistique mais il n'est pas suffisant pour résoudre les problèmes sui generis de chaque texte à traduire. 2. Le discours impressionniste C'est ce qu'exprime dans une préface ou dans une postface, le traducteur pour faire part de la difficulté qu'il a dû sunnonter au cours de la traduction, de ses sentiments, de ses repentirs, etc. Ce sont aussi les comptes rendus de lecture d'une traduction, lesquels ne relèvent pas d'une évaluation scientifique ; malheureusement, les rares titres ou études qui existent en Corée en la matière en feraient partie. Les auteurs citent les exemples de mau vruses traductions de leurs collègues, ou livrent quelques astuces du genre telle expression idiomatique anglaise devrait être rendue en coréen de telle manière ; le style de cet auteur devrait être plus épuré. Ou encore, ils se contentent de comparer les traductions existantes d'une oeuvre à d'autres, etc. 220 Mikyung CHOI Ce discours ne relève pas traductologie, car une traductologie digne de ce nom doit traiter des traductions réussies, pour étudier l'opération elle-même, les choix que le traducteur fait dans telle ou telle situation. L'évaluation cl'une traduction, tâche délicate, doit se faire sur des bases définies du point de vue traductologiques, non en se fondant sur des impressions de lecture ou des jugements de valeur. 3. L'approche traductologique 3.1. La traduction comme transplantation de la langue et de la culture de départ Dans l'optique de traducteurs et théoriciens de la traduction comme Antoine Bermann, Henri Meschonnic, Walter Benjamin, la traduction est considérée comme une opération par laquelle on confronte une langue et une culture à d'autres. Pour que la traduction soit réussie, il faut laisser le maximum de choses de la langue et la culture de départ, ce qui finit par produire des traduction illisibles pour le lecteur. Voici à titre d'exemple un passage de la Bible traduit par Meschonnic : Et ce fut toute la terre Et paroles Et ce fut langue une unes dans leur voyage vers l'orient L'approche Interprétative dans la traduction Et ils trouvèrent une vallée 2'21 au pays de Chin'ar et là ils s'établirent2J Le lecteur-n'oublions pas que, s'il recourt à une traduction, c'est qu'il ne connaît pas la langue de départ-attend un minimum de confort de lecture. L'effet d'étrangeté doit se produire par le contenu et le sens que dégage le texte, non de la façon d'agencer les mots. 3.2. La théorie interprétative A la différence des autres modes, cette théorie de sens met l'accent sur la phase de compréhension et considère que la traduction relève de la communication. La traduction est une opération qui consiste à comprendre le sens d'un texte, et à réexprimer par écrit le sens déverbalisé. Cette théorie essaie d'expliquer le processus de la traduction et ce qui se passe dans la tête du traducteur, pour forger une méthodologie efficace. Les inventeurs et défenseurs de la théorie sont Danica Seleskovitch, Marianne Lederer, Fortunato Israël de l'Ecole supérieure d'interprètes et de traducteurs de Paris ill. 3.2.1. La compréhension C'est la phase la plus importante selon la théorie interprétative : c'est là que doivent être mobilisées 2. Les tours de babel, essais sur la traduction, 1985 222 Mikyung CHOI les connaissances non seulement linguistiques mais extra-linguistiques. Le traducteur exploite son bagage cognitif, son savoir partagé, ses expériences. Pour comprendre par exemple, un passage relevé dans une publicité rKmr le nouveau train Thalys, TGV mis en service récemment, la connaissance linguistique du traducteur ne suffit pas : Paris - Bruxelles. 2heures. Comme quoi Bruxelles est à un champignon de Paris. Bruxelles - Paris. 2heures. Décidément Paris est à un chou de Bruxelles. Dans ces quatre lignes, il n'y pas de mots inconnus. Mais, pour lxmvoir comprendre, il faut comprendre les jeux de mots autour de «champignon de Paris», et «chou de Bruxelles». Le contexte textuel et extra-textuel permet aussi de saisir le sens. Dans l'interprétation, la situation est un facteur important pour la compréhension. Pour comprendre l'exemple suivant, il faut non seulement mobiliser des connaissances acquises, mais aussi connaître le contexte dans lequel se situe le discours : Triste tango pour les bleus. L'approche interprétative dans la traduction 2'23 Ce titre qui a fait la une d'un quotidien sportif parisien évoque une défaite de l'équipe de foot de France en Argentine. Au lendemain du match, tous les Fmnçais qui s'intéressent au foot ont tout de suite compris le message. Tandis que pour le traducteur éloigné du moment et du lieu de son énonciation, cette phrase peut poser des difficultés. Pour la compréhension correcte, le traducteur doit se documenter, étudier le thème, consulter des dictionnaires, des spécialistes, etc. La documentation est tout aussi importante pour les textes littéïdÏres. Dans La maison Nucingen de Balzac, nous avons, par exemple, de longs passages sur les opérations financières ; dans Conrad, nous rencontrons de très nombreux termes de la marine. 3.3.2. La déverbalisation C'est l'état non verbal du sens qui se dégage VIa la phase de compréhension. Plus grande est la compréhension, plus le sens se trouve facilement déverbalisé. 3.2.3. La réexpression Le traducteur doit réexprimer le sens dé verbalisé dans la langue d'arrivée. Dans la phase de reverbalisation, il faut respecter le génie de la langue d'arrivée, en créant des équivalences, c'est - 224 Mikyung CHOI à - dire «des discours et des textes présentant une identité de sens, quelles que soient les divergences de structures grammaticales ou de choix lexicaux»3). Parfois il faut expliciter ce qui est implicite, et vice versa. C'est ainsi que l'on arrive à rendre par équivalence le texte de départ. Toutefois, passeront telles quelles certaines correspondances comme les chiffres, les énumérations, les titres de films déjà traduits et couramment utilisés, etc. C'est en voulant rester absolument fidèle à la langue de l'auteur que, paradoxalement, on le trahit. Parce que dans une traduction confuse, sorte de traduction littérale, on n'arrive pas à reproduire le même effet que l'auteur a voulu produire sur son lecteur. Nous savons par expérience que moins on est préparé au travail de traduction, plus on s'attache aux mots, et plus on traduit à coup de dictionnaire, la fidélité au discours s'en trouve atteinte. Lorsqu'on traduit vers sa langue maternelle, ce qui est le plus souvent le cas, le traducteur doit savoir bien manier sa langue maternelle. Cela va de soi dans le cas des traductions littéraires. Le problème se pose d'une façon particulière lorsqu'il s'agit d'une traduction vers la langue étrangère, ce qui am ve assez souvent pour des langues dites rares. 3. Marianne Lederer, La. traduction aujourd'hui, p. 214, Hachette, 1994 L'approche interprétative dans la traduction 225 IV. La traduction en B Les traducteurs qui ont comme langue maternelle l'une des langues de grande diffusion et qUI maîtrisent également une langue de petite diffusion sont très peu nombreux. Il revient sou vent, dans ces conditions, aux traducteurs qui ont pour langue maternelle une de ces langues rares de traduire vers les langues de grande diffusion, c'est-à-dire de traduire vers leur langue B. Pour éviter toute ambiguïté, il convient de préciser ici ce que nous appelons «langues rares». Cette notion, complètement indépendante du nombre des locuteurs d'une langue, est fonction de la quantité des échanges - et de leur déséquilibre - entre une langue de grande diffusion internationale et une autre de moindre diffusion. Le coréen est une «langue rare~~ en France, et il est vraisemblable qu'on peut qualifier de même le japonais, et même, bien qu'à un moindre degré le chinois. Ce déséquilibre, qui ne reflète qu'un état des échanges à un moment donné, est en général en évolution, mais la disponibilité de traducteurs des «langues rares» vers les langues de grande diffusion n'accompagne le développement des échanges commerciaux, économiques, politiques, culturels, etc. qu'avec un décalage de nombreuses années. L'essor économique de pays de «langues rares», notamment en Asie, multiplie leurs contacts avec le 226 Mikyung CHOI reste du monde. De nos jours, la traduction en B va bien au-delà de l'interprétation de liaison. Des traducteurs fonnés commencent à arriver plus nombreux sur le marché du travail. Il leur arrive d'effectuer des traductions littéraires, où la préoccupation n'est pas seulement de «faire passer» le sens - qui est la mission première de la traduction technique - mais aussi de faire droit au style, ou plus exactement à la dimension poétique du texte, au sens où Jakobson utilise ce mot. Or, la traduction en B est très peu étudiée. Nous partons du pnnClpe que la traduction littéraire a tout à gagner à adopter la théorie interprétative. Celle-ci rejette toute méthode fondée sur la recherche de correspondances linguistiques. Le traducteur doit procéder, après une appréhension du sens, à une refonnulation dans la langue d'arrivée, libre de toute «pression», du moins dans un premier temps, exercée par les mots et les phrases de la langue de départ. C'est cette théorie du sens qui légitime, en un sens, le rôle du réviseur dans la traduction littéraire en B, chargé de compenser l'insuffisance du traducteur au mveau de la réexpression : le réviseur, parce qu'il ignore en général la langue de départ, se trouve à l'abri de la tentation des calques qui guettent le traducteur. C'est ce principe de la fidélité au sens, en tennes de cognition et d'émotion ou d'effet, qui doit guider le L'approche interprétative dans la traduction 2Z7 traducteur. La révision peut aller d'une simple lecture jusqu'à une véritable réécriture, l'objectif étant de faire que le texte atteigne son public et produise sur lui l'effet recherché. Une fois la révision effectuée, le traducteur devra à son tour réviser le texte. Par ces allers retours, le double handicap (du traducteur en matière d'expression en B, du réviseur en compréhension de la langue d'origine) peut être compensé. Dans la traduction en B avec réviseur, il y a plusieurs allers retours du texte entre le traducteur et le réviseur, et do ne un nécessaire dialogue entre eux. Ce dialogue peut-être une façon dl extérioriser le dialogue intérieur auquel se livre le traducteur solitaire qui travaille en A. Maintenant, nous nous proposons quelques exemples relevés dans nos essais de traduction. 1. Dans une nouvelle de Kim Youehung, nous rencontrons l'expression «tourner et retourner sur un coussin d'or», (voir annexe pour le texte coréen). La traduction littérale aurait été : «elle pouvait s'asseoir sur un coussin d'or». Par équivalence, nous avons rendu ce passage ainsi Elle se pomponnait, soignait ses vêtements, n'avait plus de soucis à se faire pour manger ... en somme, elle roulait sur l'or. 4l 4. Hwang Sun-Won, Une averse, traduit par Choi 228 Mikyung CHOI C'est la fidélité d'effet à la langue d'arrivée qUl nous a fait choisir cette expression. Parce que le coussin d'or ne veut rien dire en français. 2. Dans la traduction vers le français, les faits culturels coréens, les pratiques traditionnelles, les noms des mets, de vêtements, etc. nous posent des problèmes pour trouver des expressions appropriées. Cette fois-ci, il s'agit d'une pratique ancestrale, Danji, qui demande aux femmes de trancher leur annulaire pour venir aux secours de parents malades, en signe de dévouement profond. Nous avons dû insérer un ajout explicatif - le passage souligné pour le lecteur francophone qui ignore cette pratique aujourd'hui disparue. Le jeune mari n'y échappa pas. Après dix jours de fièvre, il mourut. Son épouse avait tout essayé pour le sauver : elle s'était même coupé un doigt, suivant les conseils des vieux, pour lui donner à boire du sang frais. 5) Mikyung et Jean-Noël Juttet, Revue de Corée, Commission nationale coréenne pour l'UNESCO, vol. 28, n.1, 1996 5. Hwang Sun-Won, Une veuve, pollO, traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, Zulma, 1995, Paris L'approche interprétative dans la traduction 229 3. Pour les expressions imagées, il st agit de garder leur effet de sens, non d'utiliser les composants linguistiques qui les constituent. Voici un exemple: Son autre peur, c'était sa femme. Avoir peur de sa femme est chose pour le moins étrange. Mais, chez lui, c'est elle qui portait la culotte. Haut~ comme trois pommes, elle menait son~ant de mgrL par le bout du nez. 6J Les passages soulignés sont rendus par des expressions idiomatiques en français, bien que les composants de ces expressions ne soient pas les mêmes qu'en coréen. 4. Un passage nous a contraint à créer une onomatopée à l'exemple du coréen. Il s'agit d'un pique-chignon de jade, pinyo en coréen, qui, en tombant fait «pinyo pinyo». Nous avons rendu cette onomatopée en nous fondant sur le mot épingle : Tandis que Hyangdan essayait d'attraper les cordes, l'épingle de jade que Tchunhyang avait dans ses cheveux , tomba : «'pinngle, 'pinngle» fit-elle sur les cailloux du ruisseau en contrebas, tout comme ferait 6. Hwang Sun-Won, La Petite Ourse, traduit par Choi Mikyunl! et je8n- Noël Juttet, Zulma, 1997. Paris. 230 Mikyung CHOI une épingle de corail et rebondissant sur un plateau de jade... Non, cette allure, cette grâce n'étaient pas de quelqu'un de ce bas monde.?) V. Conclusion Les problèmes qui se posent sont de tout ordre et les solutions «n'ont de réponse que dans l'appréciation de chaque occurrence, en fonction du lecteur type qu'on se représente». Faute du temps, nous n'avons pas pu montrer la dynamique du processus de la traduction, faite d'échanges entre le traducteur et le réviseur, dont le rôle, bien au-delà du simple polissage linguistique, est d'interpréter un texte, c'est-à-dire de comprendre et de réexprimer un vouloir dire. Le traducteur ne doit pas oublier qu'il n'a pas à livrer l'oeuvre littéraire traduite toute expliquée, toute dévoilée. Les stratégies de production du sens mises en oeuvre par l'auteur doivent être respectées dans le texte traduit. L'activité du traducteur consiste, ainsi que nous le rappelle Valéry Larbaud, à peser inlassablement les mots et les expressions de l'auteur et ceux de la langue dans laquelle il traduit. 7. Chapitre premier, Le Chant de Tchunhyang, traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, 1997.