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Comme nous avons déjà vu, les polynômes x−1et x+ 1 sont irréductibles sur Z,Z/2Zet
Z/3Z. De plus, les polynômes x2+x+1 et x2−x+ 1 sont irréductibles sur Z/2Zet sur Zcar
ils sont primitifs, leur degré est 2 et ils n’ont pas de racines modulo 2. Il reste à examiner si
x2+x+ 1 et x2−x+ 1 sont irréductibles sur Z/3Z. La réponse est non, parce que 1 est une
racine (double) du premier polynôme et −1est une racine (double) du deuxième polynôme.
Plus précisément, on a que
x2+x+ 1 ≡(x−1)2(mod 3) et x2−x+ 1 ≡(x+ 1)2(mod 3).
Donc la factorisation de x6−1sur Z/3Zest x6−1 = (x−1)3(x+ 1)3.
Exercice 3.
(a) (ex. 13, p. 312) Montrez que le polynôme x3+nx + 2 est irréductible dans Z[x]pour
tous les entiers n∈Z\ {1,−3,−5}.
(b) (ex. 12, p. 312) Montrez que le polynôme x2+y2−1est irréductible dans Q[x, y].
Solution. (a) Le polynôme x3+nx + 2 est primitif et non-constant, donc il est irréductible
dans Z[x]si et seulement si il est irréductible dans Q[x]. De plus, puisque son degré est 3, il
est irréductible dans Q[x]si et seulement si il a une racine α=Q. Si on écrit une telle racine
hypothétique comme α=a/b avec a∈Z,b∈Net gcd(a, b) = 1., alors a|2et b|1. Donc, les
seules possibilités sont α=±1et α=±2. Or, 1 est une racine s-si n=−3, -1 est une racine
s-si n= 1, 2 est une racine s-si n=−5, et -2 est une racine s-si n=−3.
(b) On va donner trois solutions. Dans toutes les solutions, on utilise le fait que Q[x, y] =
A[x], où A=Q[y].
Première solution : Soit Pl’idéal de Aengendré par y−1. Tout d’abord, y−1est
irréductible dans Aet donc Pest premier. On a que x2+y2−1 = x2+a1(y)x+a0(y)
avec a1(y) = 0 et a2(y) = y2−1. Puisque a0(y), a1(y)∈Pet a0(y)/∈P2, alors le critère
d’Eisenstein implique que x2+y2−1est irréductible dans A[y] = Q[x, y].
Deuxière solution : Le polynôme y2+ 1 est irréductible dans Acar il a degré 2 et pas de
racines dans Q. Alors, si Qest l’idéal de Aengendré par y2+ 1,Qsera premier. Donc, c’est
suffisant de montrer que x2+y2−1est irréductible dans (A/Q)[x]. C’est facile à voir que
A/Q ∼
=Q(i).
(1)
(Par exemple, ceci découle en considérant le morphisme ϕ:A→Q(i), envoyant f(y)àa+bi,
où a+by est le reste de la division de f(y)par y2+ 1.). Or, observons que x2+y2−1≡x−2
(mod Q). Donc pour montrer que x2+y2−1est irréductible dans Q[x, y], il suffit de montrer
que x2−2est irréductible dans (Q(i))[x]. Puisque x2−2a degré 2 et Q(i)est un corps, x2−2
est irréductible sur Q(i)s-si il n’a pas de racines dans Q(i). Les seules racines de x2−2sur
C⊃Q(i)sont ±√2, qui n’appartiennent pas à Q(i). Donc, x2+y2−1est irréductible dans
Q[x, y].
Troisième solution : On fixe y=y0∈Z\ {−1,0,1}, pour que x2+y2
0−1>0pour
tout x∈R. En particulier, le polynôme x2+y2
0−1n’a pas de racines sur Q. Puisque
son degré est 2, il est irréductible sur Q. Alors, soit p(x, y0)soit q(x, y0)sont constants
comme polynômes de x, pour tout y0∈Z\ {−1,0,1}. Par la suite, il existe un ensemble
infini Y⊂Z\ {−1,0,1}tel que soit p(x, y0)est constant pour tout y∈Y, soit q(x, y0)est
constant pour tout y0∈Y. Sans perde de généralité, on peut supposer qu’on est au premier
cas. On écrit p(x, y) = ck(y)xk+··· +c1(y)x+c0(y), où c0(y), . . . , ck(y)∈Q[y]. Puisque