Le Rachis - Tome 3 - N° 5 Novembre 2007 17
pédiculaire “droit devant”, à un
moment où les plaques de Wilson
et de Meurig-Williams posées sur
les épineuses étaient plus qu’in-
suffisantes.
Le principe du droit devant fut peu à
peu modifié (René Louis, Argenson,
JM Fuentès, Magerl, Dick, Kluger,
W
einstein) pour être actuellement
plus oblique en dedans avec une
porte d’entrée plus haute et plus
externe.
Initialement les montages rigides
(toujours d’actualité dans le traite-
ment des tumeurs et en traumatolo-
gie) se sont complétés par les
ostéosynthèses semi-rigides (B.
Lasalle, G. Perrin, R. Cavagna, Ch.
Mazel), puis dynamiques (Gilles
Dubois, 1994).
Enmême temps Jacques Sénégas
développe l’implant inter-épineux
flottant dans les sténoses lombai-
res (1986), idée qui verra une
seconde naissance avec le X-Stop
en 2004, 18 ans plus tard.
La dynastie des déformations
rachidiennes
En 1958, Harrington, développe
un matériel de réduction par voie
postérieure des scolioses.
Eduardo Luque (1982) propose des
laçages sous-lamaires pour réduire
de manière poly-segmentaires les
déformations rachidiennes. Un
développement avec le Hartshill
System sera abandonné en raison
d’une incidence élevée de troubles
neurologiques.
La même année, Cotrel et
Dubousset, généralisent la dérota-
tion avec un matériel original qui
rendra également d’énormes servi-
ces en traumatologie pour les réduc-
tions difficiles.
En 1964, Dwyer, propose la cor-
rection des scolioses par voie anté-
rieure, suivi par Zielke en 1975 et
Kaneda en 1991 (dérotation ven-
trale). L’abord antérieur thoraco-
lombaire avait été prôné dès 1955
par Hogdson.
Les travaux de Passuti, Chopin,
Stagnara, Guillaumat, Nachemson,
Weinstein, Kostuik, Lonstein ont
permis une meilleure compréhen-
sion des problèmes sans oublier la
contribution de Roussouly et
Duval-Beaupère sur les troubles
de l’équilibre sagittal.
La cimentoplastie voit le jour en
1984 avec Galibert et Deramond.
La kyphoplastie apparaîtra quel-
ques 12 ans plus tard (1996).
Primitivement destinée au traite-
ment des hémangiomes verté-
braux, les indications de la verté-
broplastie furent élargies au traite-
ment percutané des métastases et
des tassements ostéoporotiques.
LA DERNIÈRE DÉCENNIE DU XXÈME
SIÈCLE
La chirurgie endoscopique
rachidienne
Elle débute en 1983 (Forst et
Haussmann) par la nucléotomie
par voie postérieure interlamaire
(J. Destandau) ou par voie transfo-
raminale (Mathews, 1996). Avec le
perfectionnement des endoscopes
elle sera élargie aux traitements
L5-S1 gauche en 1932 et “référé”
par Joseph S. Barr.
En 1934, Mixter et Barr présentent
une série d’observations similaires
etreconnaissent l’origine discale
des enchondromes, nodules de
Schmorl et autres dénominations
de l’époque, dans un papier resté
célèbre de la New England Surgical
Society.
Ralph B. Cloward (1908-2000),
présent lors de l’attaque de Pearl
Harbour le 7 décembre 1941, eut à
traiter les “low-back pain” des
reconstructeurs de la base ; dès
1943 il développa les PLIF (arthro-
dèse intersomatique par voie posté-
rieure), publiées en 1953 dans le
Journal of Neurosurgery.
Son intérêt pour le rachis cervical
lui fit développer une instrumenta-
tion originale pour les arthrodèses
par voie antérieure (1958). Sans
modestie il se surnommait lui-
même “le Michel-Ange” de la neu-
rochirurgie.
En 1975 Shealy, puis Mac Culloch
(1980) et Bogduk (1987) populari-
sent la thermocoagulation facet-
taire par radio-fréquence.
Les prothèses discales lombaires
apparaissent en 1980, imaginées
par Schellnac et Buttner (ex-RDA)
et implantées pour la première fois
par Zippel en 1984.
Le disque cervical
La chirurgie par voie antérieure du
disque cervical débute aux USA
en 1955 avec Robinson et Smith
et en Europe avec Dereymaker et
Munier en 1956.
En 1957, Cauchoix, Binet et
Evrard proposent l’abord antérieur
de la jonction cervico-dorsale par
cervico-sternotomie.
En 1970, Orosco et Lovet imagi-
nent l’ostéosynthèse par plaque
antérieure vissée des lésions trauma-
tiques du rachis cervical. Jacques
Sénégas en 1972, P. Galibert et P.
Grunewald et W. Caspar perfection-
nent la technique.
Les cages de fusion apparaissent
en 1993 (G. Robert, P. Kehr,
Weidner), rapidement déclinées en
titane (Bagby et Kuslich, Harms, J.
Benézech, 1997) ou en carbone
(Ray) puis en peek avec des masse-
lottes de substituts osseux.
La recherche sur les protéines
ostéo-inductrices (BMP) et leurs
applications cliniques permettent
de diminuer les risques de pseu-
darthroses.
Après les années arthrodèses, en
1989, Brian Cummings imagine
une prothèse métal-métal (Bristol
disk), idée reprise en 1990 par
Vincent Bryan.
Les sténoses rachidiennes
1949. Henk Verbiest dans son
Hommage à Clovis Vincent précise
le rôle du canal lombaire étroit
dans la claudication neurologique
intermittente et José Aboulker en
1965 fait une revue des causes des
myélopathies cervicales d’origine
rachidienne.
La Dynastie du vissage pédicu-
laire
Raymond Roy-Camille (1927-1994)
En 1963 il introduisit le vissage
des lésions du rachis thoracique
(hernie discale dorsale, métasta-
ses) et lombaire par Regan (1994),
Rosenthal, Mario Brock, Zdeblik
(1995) et Le Huec (1996).
Associée aux techniques et voies
d’abord mini-invasives avec Mayer
(1996) et Onimus (1996) elle a
donné un nouvel essor à la chirurgie
rachidienne de la dernière décade du
20ème siècle avec le développement
également de la chirurgie per-cuta-
née (ostéosynthèses et arthrodèses
intersomatiques percutanées).
HISTOIRES PARALLELLES
Iln’est guère possible de dissocier
l’histoire de la Chirurgie en général
etcelle de la Chirurgie du Rachis
en particulier, sans y associer l’es-
sor de l’anesthésie et de l’imagerie.
L’ANESTHÉSIE
Les progrès de l’anesthésie générale
d’abord par inhalation (éther, chlo-
roforme), puis par voie veineuse, la
pratique de l’intubation endo-tra-
chéale (1914-1918) finiront par
supplanter l’anesthésie locale qui
perdurera quelque temps en neuro-
chirurgie crânienne (un assistant de
Bohler,Schneck, l’utilisait dans les
réductions de fractures rachidien-
nes). L’emploi des curares se géné-
ralisant permettra également un
plus grand confortopératoire.
L’IMAGERIE RACHIDIENNE
1970-1973 : Début de l’utilisation
du scanner (Godfrey N Hounsfield,
AM Cormack et Ambrose James)
en utilisant les travaux d’Oldendorf
(1961).
1980 : l’angiographie médullaire
(René Djindjian) et la phlébogra-
phie complètent l’approche diag-
nostique et thérapeutique (emboli-
sation des tumeurs très vasculari-
sées et des malformations vascu-
laires).
1983-1986: l’IRM rachis-médul-
laire. Le principe en est définit en
1946 par Bloch et Purcel, puis
développé par Damadian en 1971
et les premières images utilisables
en 1974 par Lauterbur. Outre les
services rendus en pathologie
tumorale, infectieuse, elle est deve-
nue indispensable en pathologie
dégénérative (Modic M, 1991).
La neuronavigation rachidienne, la
radiothérapie guidée par ordinateur
sont les acquis les plus récents,
ainsi que la fluoro-navigation.
L’ANTIBIOTHÉRAPIE ET LA
RÉÉDUCATION
Elles complètent l’arsenal théra-
peutique du chirurgien du rachis.
LA CHIRURGIE MÉDULLAIRE
Elle va devenir une technique sûre
avec le microscope opératoire (vul-
garisé par Yasargil), la coagulation
bipolaire (Greenwood 1940, Malis),
le laser (Hermann, 1988), le bistouri
ultra-sonique, l’échographie per-
opératoire. Les grands pionniers
furent Cushing (1905) Elsberg
(1911), Eiselberg (1913), Horrax
(1939), Sloof (1964).
LEFUTUR
La chirurgie du rachis est en passe
dedevenir une sur-spécialité.
Exercée par deux corporations
issues de la neurochirurgie et de
l’orthopédie, elle sera bientôt une
spécialité en soi. Les ateliers de for-
mation générés par la Société
Francophone de Neurochirurgie du
Rachis et par la Société Française
deChirurgie du Rachis, l’enseigne-
ment d’un DIU, sont autant de
garanties pour assurer l’avenir de
cette spécialité à hauts risques.
Iln’était pas inutile de rappeler ses
origines et les hommes-phares qui
ont été ses pères.
Les rapports de la médecine avec
l’argent, la gloire, les responsabili-
tés civiles ou pénales, la formation
et les guerres ont toujours été
depuis le début des zones d’ombres.
L’argent était déjà un problème
pour Mondeville qui exigeait d’être
payé sitôt le soin prodigué.
Les implications entre l’industrie
des matériels et les concepteurs
laissent à penser qu’il n’y a rien de
nouveau sous le soleil.
La gloire de soigner les grands de
son temps (Vésale fut médecin de
Charles Quint, Guy de Chauliac
des Papes d’Avignon) une tenta-
tion forte mais dangereuse en cas
d’échec. Hippocrate refusa de soi-
gner Xerxès car en cas de non-
résultat la mortdu médecin pouvait
s’en suivre.
Pétrarque traita Guy de Chauliac de
“vieillard prétentieux et impuis-
sant” quand sa divine Laure fut
emportée dans une épidémie de
peste alors qu’il avait trépané avec
succès le pape Clément VI pour des
céphalées.
On a vu des morts professionnel-
les dans certains procès récents.
Les progrès de la chirurgie suivent
les guerres, faut-il continuer les
conflits armés de par le monde
pour pouvoir sauver d’autres vies ?
Amboise Paré fut écarté de la
Faculté de Paris car il ne parlait pas
latin. Certaines carrières de notre
époque rappellent cet ostracisme
car il faut apprendre un nouveau
latin.
Combien d’idées fécondes ont été
redécouvertes plusieurs siècles
plus tard. Et si on faisait le compte
de celles qui ont été définitive-
ment perdues dans l’incendie de la
Bibliothèque d’Alexandrie et les
grands holocaustes modernes ? ■
RÉFÉRENCES
Aboulker J, Metzger J, David M, Engel Ph, Ballivet
J.Les myélopathies cervicales d’origine rachidienne.
Neurochir,1965,11 :89-198.
Aminoff MJ.Brown-Séquard and his work on the spi-
nal cord. Spine,1996,21: 113-140.
Argenson C, Lovet J, Peretti F (de), Vidal H, Frehel
M, D’Hondt. Evolution de la fixation chirurgicale des
arthrodèses lombo-sacrées. Rev Chir Orthop
1990;S1:103
Benini A. Historical Perspective: Andreas Vesalius.
Spine, 1996,21:1388-93.
Boni Th, Benini A., Dvorak J. Domenico Felice
Antonio Cotugno. Spine, 1994;19:1767-1770.
Calot JF.Sur les moyens de corriger la bosse du mal de
Pott, d’après 37 opérations et sur les moyens de la prévenir.
Archives Provinciales de Chirurgie. Paris 1897 ;6 :65-79.
Cier JF. Le syndrome de Brown-Séquard. Cah. Méd
1980,6,10 :605-608.
Cushing H. ABio-Bibliography of Andreas Vesalius.
1943. Londres. Fac-simile: 1962,Hamden.
Djindjian R. Angiography of spinal column and spi-
nal cord tumors. Georg Thieme Verlag. 1981.
Galibert P, Deramont H, Rosat P, Le Gars D. Note
préliminaire sur le traitement des angiomes verté-
braux par vertébroplastie acrylique percutanée.
Neurochirurgie 1987 ;233 :100-8.
Harrington PR. The history and development of
Harrington instrumentation. Clin Ortho Rel Res
1988;227:3-5.
Keller T. Victor Horsley’s Surgery for Cervical Caries
and Fracture. Spine 1996,21:398-401
Knoeller SM. Historyof Spinal Surgery. Spine,
2000,21:2838-43.
Kostuik JP, Errico TJ, Gleason TF. Techniques of
internal fixation for degenerative conditions of the
lumbar spine. Clin. Orthop Relat Res, 1986,203:219-
31.
Leu HJ, Hauser RK, Schreiber A. Lumbar percuta-
neous endoscopic interbody fusion. Clin Orthop Relat
Res 1997;337:58-63.
Lin P
.M. In Memorium: Ralph B. Cloward, MD.
Spine, 2001;26:2000-2001.
Louis R. Chirugie du Rachis,1982. Springer-Verlag.
Marketos SG. Hippocrates. The Father of Spine
Surgery. Spine, 1999,24:1381-87.
Marketos SG, Panagiotis A. Galen : A pioneer of
spine Research. Spine, 1999,24:2358-62.
MenardV. Traitement de la paraplégie du mal de Pott
par le drainage lateral;costotransversectomie. Revue
d’Orthopédie.Paris.1895 ;6134-46.
Mixter WJ, Barr JS. Rupture of the intervertebral
disc with involvement of the spinal canal. New Engl J
Med, 1934;211: 210-5.
Parisien RC. William Jason Mixter. Spine,
1998;23:2363-66.
Provencher MT, Abdu WA. Giovanni Alfonso
Borelli:”Father of spinal biomechanic.” Spine
2000;25:131-136.
Regan JJ, Guyer RD. Endoscopic techniques in
spine surgery. Clin Orthop, 1997:335:122-29.
Resnik DK. Evidence-based spine surgery. Spine,
2007;32:S15-19.
Robinson JS. Sciatica and the lumbar dusc syndrom.
Southern Medical Journal, 1983 ;76:232-37.
Robinson RA, Smith G. Anterolateral disk removal
and interbody fusion for cervical disk syndrome. Bull
Johns Hopkins Hosp 1955;96:223.
Roy-Camille R, Roy-Camille M, Demeuleaere C.
Ostéosynthèse du rachis dorsal, lombaire et lombo-
sacré par plaques métalliques vissées dans les pédicu-
les vertébraux et les apophyses articulaires. Presse
Médicale,1970,T 78,n° 32 :1447-48.
SandersMA. William Cheselden: Anatomist,
Surgeon, an Medical Illustrator. Spine, 1999, 24:2282-
2289.
Sicard A. Chirurgie du rachis Masson et Cie. 1959.
Steffee A.D.: A tribute to Raymond Roy-Camille.
Spine, 1994,19:2489.
Velter A, Lamothe M-J. Les outils du corps.1984.
Messidor. PARIS.
Verbiest H. Sur certaines formes de compressions de
la queue de cheval. Hommage à Clovis Vincent. 1949.
Paris. p 161-174.
Weinsten JN, Rydevik BL, Rauschning W.
Anatomic and technical considerations of pedicle
screw fixation. Clin Orthop 1992;284:34-46
Wertheimer P, David M, Sindou M, Redondo A.
Naissance et croissance de la Neurochirurgie.
Neurochirurgie,1979 :247-366
Wiltse LL. Herophilius of Alexandria. Spine,
1998,23:1904-14
Une banque de
données de plus de
800 articles
le-rachis.com
le-rachis.com
le-rachis.com
le-rachis.com
le-rachis.com
le-rachis.com