Problème : Dans un bol : 4 bananes, 6 oranges, 7 poires. Combien de façons de choisir 10 fruits, mais au moins 1 banane, 3 oranges et 3 poires ? Remarque : Posons E = { banane, orange, poire }. Chaque choix de 10 fruit correspond à choisir 10 fois un élément de E , avec remise, et où l’ordre de choix n’est pas relevant : c.-à-d. chaque choix donne une 10-combinaison avec remise de E . Mais pas chaque 10-combinaison avec remise de E correspond à un choix de 10 fruits dans le bol. Par exemple, la 10-combinaison sans remise "choisir 10 fois une banane" ne correspond pas à un choix de 10 fruits dans le bol (il y a seulement 4 bananes dans le bol !). Donc il ne s’agit pas d’une bijection. 24 novembre 2015 1 / 40 Solution. Stratégie : (i) Prendre déjà 1 banane, 3 oranges et 3 poires. Il reste 3 bananes, 3 oranges et 4 poires dans le bol. (ii) Après il faut encore décider quel choix de 3 fruits restant à faire, parmi les 10 fruits qui restent : Il reste de chaque type au moins 3 fruits. Donc un choix de 3 fruits est dans cette situation la même chose comme une 3-combinaison avec remise de l’ensemble { banane, orange, poire }. On sait compter les 3-combinaisons sans remise d’un ensemble de 3 éléments. Réponse : C (3 + 3 − 1, 3 − 1) = C (5, 2) = 10. 24 novembre 2015 2 / 40 (iii) On peut même énumérer les dix choix de fruits, avec la notation des multi-ensembles : {b 1+3 , o 3 , p 3 }, {b 1 , o 3+3 , p 3 }, {b 1 , o 3 , p 3+3 }, {b 1+2 , o 3+1 , p 3 }, {b 1+2 , o 3 , p 3+1 }, {b 1+1 , o 3+2 , p 3 }, {b 1 , o 3+2 , p 3+1 }, {b 1+1 , o 3 , p 3+2 }, {b 1 , o 3+1 , p 3+2 }, {b 1+1 , o 3+1 , p 3+1 }. 24 novembre 2015 3 / 40 Problèmes voisins : • Combien de multi-ensembles M de taille 10, tels que {b 1 , o 3 , p 3 } ⊆ M ⊆ {b 4 , o 6 , p 7 } ? • Combien de solutions entières de l’équation X1 + X2 + X3 = 10 tels que 1 ≤ X1 ≤ 4, 3 ≤ X2 ≤ 6, 3 ≤ X3 ≤ 7 ? Même réponse : 10. 24 novembre 2015 4 / 40 • Combien de solutions entières de l’équation X1 + X2 + X3 + . . . + Xm = n tels que r1 ≤ X1 , r2 ≤ X2 , . . . , rm ≤ Xm ? • Combien de solutions entières de l’équation Y1 + Y2 + X3 + . . . + Ym = (n − (r1 + r2 + . . . + rm )) tels que chaque 0 ≤ Yi ? Les deux problèmes ont la même réponse : C (n + m − (r1 + r2 + . . . + rm ) − 1, m − 1). 24 novembre 2015 5 / 40 (1) Par une substitution Yi = Xi − ri pour chaque i, nous avons vu que les deux ensembles de solutions sont en bijection. Donc les deux problèmes ont la même réponse. La deuxième problème est "standard" : C (n + m − (r1 + r2 + . . . + rm ) − 1, m − 1). (2) Une autre formulation pour résoudre le premier problème : (i) D’abord "on donne à Xi déjà ri unités" (pour chaque i). (ii) Après il y a encore (n − (r1 + r2 + . . . + rm )) unités (indistinguables) à distribuer dans m "tiroirs" (distinguables). On peut faire ça dans C (n + m − (r1 + r2 + . . . + rm ) − 1, m − 1) de manières (par un thm. montré en classe la dernière fois). 24 novembre 2015 6 / 40 Problème : • Combien de solutions entières de l’équation X1 + X2 + X3 = 19, tels que 3 ≤ X1 ≤ 6, 7 ≤ X2 ≤ 11 et −2 ≤ X3 ≤ 4 ? • Ce problème est similaire au problème de ranger 19 objets (considérés indistingables) dans trois tiroirs (distinguables) de tailles restraints, et au moins un certain nombre d’objets par tiroir. (Sauf ..) • Ce problème est très similaire au problème traité de choisir un certain nombre des fruits de plusieurs types dans un bol de quanités restraints. C’est que avant nous étions un peu chanceux avec la solution. Dans ce cas on verra les complications générales. 24 novembre 2015 7 / 40 Première réduction : par un substitution X1 = Y1 − 3, X2 = Y2 − 7, X3 = Y3 + 2 et l’observation que 19 − (3 + 7 − 2) = 11 on trouve une équation avec le même nombre de solutions. • Combien de solutions entières de l’équation Y1 + Y2 + Y3 = 11, tels que 0 ≤ Y1 ≤ 3, 0 ≤ Y2 ≤ 4 et 0 ≤ Y3 ≤ 6 ? Il suffit de compter ces solutions. 24 novembre 2015 8 / 40 Soit U l’ensemble de solutions entières de l’équation Y1 + Y2 + Y3 = 11, où chaque Yi ∈ N. U1 ⊆ U le sous-ensemble de solutions où Y1 ≥ 4 ; U2 ⊆ U le sous-ensemble de solutions où Y2 ≥ 5 ; U3 ⊆ U le sous-ensemble de solutions où Y1 ≥ 7. Alors U1 ∩ U2 est le sous-ensemble de solutions où Y1 ≥ 4 et Y2 ≥ 5 ; U1 ∩ U3 est le sous-ensemble de solutions où Y1 ≥ 4 et Y3 ≥ 7 ; U2 ∩ U3 est le sous-ensemble de solutions où Y2 ≥ 5 et Y3 ≥ 7 ; U1 ∩ U2 ∩ U3 est le sous-ensemble de solutions où Y1 ≥ 4, Y2 ≥ 5 et Y3 ≥ 7. Pour chaque ensemble on sait déjà comment compter la taille ! 24 novembre 2015 9 / 40 |U| = C (11 + 3 − 1, 3 − 1) = 78; |U1 | = C (11 + 3 − 4 − 1, 3 − 1) = C (9, 2) = 36; |U2 | = C (11 + 3 − 5 − 1, 3 − 1) = C (8, 2) = 28; |U3 | = C (11 + 3 − 7 − 1, 3 − 1) = C (6, 2) = 15; |U1 ∩ U2 | = C (11 + 3 − (4 + 5) − 1, 3 − 1) = C (4, 2) = 6; |U1 ∩ U3 | = C (11 + 3 − (4 + 7) − 1, 3 − 1) = C (2, 2) = 1; |U2 ∩ U3 | = 0; |U1 ∩ U2 ∩ U3 | = 0. 24 novembre 2015 10 / 40 Nous cherchons les solutions qui ne sont ni dans Y1 , ni dans Y2 , ni dans Y3 . Nous voulons compter, par le principe d’inclusion-exclusion : |U − (U1 ∪ U2 ∪ U3 )| = |U| − |U1 ∪ U2 ∪ U3 | = = |U|−(|U1 |+|U2 |+|U3 |)+(|U1 ∩U2 |+|U1 ∩U3 |+|U2 ∩U3 |)−(|U1 ∩U2 ∩U3 |) = 78 − (36 + 28 + 15) + (6 + 1 + 0) − 0 = 6 La réponse est 6. 24 novembre 2015 11 / 40 En fait, c’est plus facile ici de simplement énumérer les solutions dans le problème original ! Mais notre méthode est général, et s’applique toujours dans les situations semblables. • L’ensemble des solutions entières (X1 , X2 , X3 ) ∈ Z3 de l’équation X1 + X2 + X3 = 19, tels que 3 ≤ X1 ≤ 6, 7 ≤ X2 ≤ 11 et −2 ≤ X3 ≤ 4 est {(6, 11, 2), (5, 11, 3), (6, 10, 3), (6, 9, 4), (5, 10, 4), (4, 11, 4)}. Il y en a six, en effet ! 24 novembre 2015 12 / 40 Nous allons encore une fois expliquer pourquoi le nombre de façons de mettre n unités (indistinguable) dans m tiroirs (distinct) est C (n + m − 1, n). Mais de façon moins technique. Voici quelques rangements de 4 unités dans 6 tiroirs : t1 xxx x t2 t3 t4 x x x xxx x x xxx t5 x t6 x xxx On peut écrire aussi : xxx ||||x |, x |x |x |x ||, |||xxx |x |, |xxx ||x ||, |||x ||xxx 24 novembre 2015 13 / 40 Les rangements de 4 unités dans 6 tiroirs sont donc en bijection avec les mots de longeurs 9, avec 4 x’s et 5 = 6 − 1 |’s. Des mots comme x|x|x|x|| ou |||||xxxx. Un tel mot est donné si on donne les 4 endroits des x , parmi les 9 positions possibles : Il y a C (9, 4) de tels choix. En général : • Le nombre de façons de mettre n unités (indistinguable) dans m tiroirs (distinct) est égal • au nombre de mots de longueur n + m − 1 en utilisant n x’s et m − 1 |’s. Ce nombre est C (n + m − 1, n). 24 novembre 2015 14 / 40 Rappel de calcul différentiel : Soit f : R → R la fonction polynomiale f (x ) = a0 + a1 x + a2 x 2 + . . . + ai x i + . . . + an x n . Sa fonction dérivée f 0 : R → R est f 0 (x ) = a1 + 2a2 x + . . . + iai x i−1 + . . . + nan x n−1 . Puis f 00 : R → R : f 00 (x ) = 2a2 + 3 · 2 · a3 x + . . . + i · (i − 1)ai x i−2 + . . . + n · (n − 1)an x n−2 et cetera. Remarquons : f (0) = a0 , f 0 (0) = a1 , f 00 (0) = 2a2 , f 000 (0) = 3!a3 , . . ., f (i) (0) = i!ai , f (n) (0) = n!an , et f (m) (0) = 0 si m > n. 24 novembre 2015 15 / 40 (i) Donc le coefficient ai = f i! . Nous retrouvons la formule de Taylor pour les fonctions polynomiales. • Si f (x ) est une fonction polynomiale de degré n alors f (x ) = f (0) + f 0 (0)x + f (i) i f (n) n f 00 (0) f 000 (0) + + ... + x + ... + x . 2! 3! i! n! 24 novembre 2015 16 / 40 Considérons la fonction polynomiale f (x ) = (x + 1)n . On peut développer et écrire comme f (x ) = a0 + a1 x + a2 x 2 + . . . + ai x i + . . . + an x n . Les coefficients sont ? 24 novembre 2015 17 / 40 On a f (x ) = (x + 1)n f 0 (x ) = n(x + 1)n−1 f 00 (x ) = n(n − 1)(x + 1)n−2 f 000 (x ) = n(n − 1)(n − 2)(x + 1)n−3 ··· f (i) (x ) = n(n − 1)(n − 2) · · · (n − i + 1)(x + 1)n−i Donc f (i) (0) = n(n − 1)(n − 2) · · · (n − i + 1) et le coefficient de x i est ai = n(n − 1)(n − 2) · · · (n − i + 1) f (i) (0) = = C (n, i). i! i! 24 novembre 2015 18 / 40 Conclusion, la règle (ou le binomium) de Pascal : (x +1)n = C (n, 0)+C (n, 1)x +C (n, 2)x 2 +. . .+C (n, i)x i +. . .+C (n, n)x n . Ou une variation : (x +y )n = C (n, 0)y n +C (n, 1)xy n−1 +C (n, 2)x 2 y n−2 +. . .+C (n, i)x i y n−i + + . . . + C (n, n)x n y 0 . ou (x + y )n = n X C (n, i)x i y n−i . i=0 (Preuve : Substituer x y pour x et puis multiplier pas y n .) 24 novembre 2015 19 / 40 "Pourquoi" C (n, i) est le coefficient de x i y n−i ? Explication en termes d’un comptage. Dans l’expansion (x + y )n = (x + y )(x + y )(x + y )(x + y )(x + y )(x + y )(x + y ) . . . (x + y ) on a des contributions 1 · x i y n−i si on choisit i fois un x dans un terme (x + y ) (et donc automatiquement n − i fois un y ). Il y a C (n, i) de tels choix. Donc C (n, i) est le coefficient de x i y n−i . 24 novembre 2015 20 / 40 Nous pouvons maintenant obtenir des formules impliquant les C (m, n)’s en utilisant le calcul différentiel. (x +y )n = C (n, 0)y n +C (n, 1)xy n−1 +C (n, 2)x 2 y n−2 +. . .+C (n, i)x i y n−i + + . . . + C (n, n)x n y 0 . Substitutions de x = y = 1 : 2n = C (n, 0) + C (n, 1) + C (n, 2) + . . . + C (n, i) + . . . + C (n, n). Substitutions de x = −1, y = 1 : 0 = C (n, 0) − C (n, 1) + C (n, 2) + . . . + (−1)i C (n, i) + . . . + (−1)n C (n, n). 24 novembre 2015 21 / 40 L’identité de Pascal est conséquence de (x + 1)n+1 = (x + 1)n (x + 1). Et l’identité de Vandermonde de (x + 1)n+m = (x + 1)n (x + 1)m . Vous voyez pourquoi ? 24 novembre 2015 22 / 40 • Quel est le coefficient de x 12 y 13 dans l’expansion de (2x − 3y )25 ? D’abord (2x − 3y )25 = 25 X C (25, i)(2x )i (−3y )25−i i=0 = 25 X C (25, i)2i (−3)25−i x i y 25−i . i=0 25! 212 313 . Réponse : C (25, 12)212 (−3)13 = − 12!13! 24 novembre 2015 23 / 40 Considérons l’expansion de (t + t 2 + t 3 + t 4 )(t 3 + t 4 + t 5 + t 6 )(t 3 + t 4 + t 5 + t 6 + t 7 ) C’est quoi le coefficient de t 10 . Réponse : On a des contributions de 1 · t r1 +r2 +r3 chaque fois que 1 ≤ r1 ≤ 4, 3 ≤ r2 ≤ 6, 3 ≤ r3 ≤ 7 et r1 + r2 + r3 = 10. Le nombre des soultions de ces équations ? nous venons de calculer 10. 24 novembre 2015 24 / 40 Considérons l’expansion de (bt + b 2 t 2 + b 3 t 3 + b 4 t 4 )(o 3 t 3 + o 4 t 4 + o 5 t 5 + o 6 t 6 )× ×(p 3 t 3 + p 4 t 4 + p 5 t 5 + p 6 t 6 + p 7 t 7 ) comme polynôme en t. Le coefficient de t 10 est un polynôme en b, o, p. Quel ? Réponse : b4o3p3 + b1o6p3 + b1o3p6+ +b 3 o 4 p 3 + b 3 o 3 p 4 + +b 2 o 5 p 3 + b 1 o 5 p 4 + +b 2 o 3 p 5 + b 1 o 4 p 5 + +b 2 o 4 p 4 . Explication ? 24 novembre 2015 25 / 40 Exemple d’application de l’algèbre linéaire. Rappelons la suite de Fibonacci : F (0) = 0, F (1) = 1 et si n ≥ 1 il y a une récurrence F (n + 1) = F (n − 1) + F (n). Considérons la multiplication matricielle : 0 1 1 1 0 1 1 1 ! F (n − 1) F (n) ! = ! a b ! = b a+b ! F (n) F (n − 1) + F (n) : ! ! = F (n) . F (n + 1) 24 novembre 2015 26 / 40 0 1 1 1 !n 0 1 ! = 0 1 1 1 = 0 1 1 1 0 1 = 1 1 = ... !n ! F (0) F (1) !n−1 !n−2 !1 = 0 1 1 1 = F (n) F (n + 1) F (1) F (2) ! F (2) F (3) ! ! F (n − 1) F (n) ! 24 novembre 2015 27 / 40 Nous avons obtenu : 0 1 1 1 !n ! 0 1 = F (n) F (n + 1) Conclusion : F (n) F (n + 1) est la deuxiême colonne de 0 1 1 1 ! ! !n . Est-ce que ça aide ? 24 novembre 2015 28 / 40 L’équation X 2 = X + 1 a deux solutions : α1 = √ α2 − α1 = 5. 0 1 1 1 ! 0 1 1 1 1 αi ! ! = 1 1 α1 α2 1 1 α1 α2 0 1 1 1 ! = αi 1 + αi ! ! 1 1 α1 α2 = !−1 = 1 1 α1 α2 ! = αi αi2 ! √ 1− 5 2 et α2 = ! 1 αi = αi √ 1+ 5 2 . On a ! ! α1 0 . 0 α2 √ √ ! α2 / √5 −1/√ 5 −α1 / 5 1/ 5 α1 0 0 α2 ! 1 1 α1 α2 !−1 . Nous avons diagonalisé la matrice, les αi sont les valeurs propres,.... 24 novembre 2015 29 / 40 Maintenant calculer la n-ième puissance devient plus facile : 0 1 1 1 !n ! = 1 1 α1 α2 α1 0 0 α2 ! = 1 1 α1 α2 α1n 0 0 α2n !n ! 1 1 α1 α2 1 1 α1 α2 !−1 !−1 . L’idée pourquoi ça fonctionne : (PAP −1 )4 = (PAP −1 )(PAP −1 )(PAP −1 )(PAP −1 ) = PA(P −1 P)A(P −1 P)A(P −1 P)AP −1 = PAAAAP −1 = PA4 P −1 . 24 novembre 2015 30 / 40 0 1 1 1 !n 0 1 ! = = = = = = ! α1n 0 0 α2n ! !−1 ! 1 1 0 α1 α2 1 ! ! √ √ ! ! α2 / √5 −1/√ 5 1 1 α1n 0 0 n 0 α2 α1 α2 1 −α1 / 5 1/ 5 ! ! ! √ 1 1 α1n 0 −1/√ 5 α1 α2 0 α2n 1/ 5 ! ! √ 1 1 −α1n /√ 5 α1 α2 α2n / 5 √ ! √ −α1n /√5 + α2n / 5√ −α1n+1 / 5 + α2n+1 / 5 1 1 α1 α2 F (n) F (n + 1) ! 24 novembre 2015 31 / 40 Conclusion : 1 −α1n + α2n √ =√ F (n) = 5 5 √ !n 1+ 5 1 −√ 2 5 √ !n 1− 5 2 Avec un ordinateur j’ai calculé la partie droite pour n = 30, il donnait environ : 832039.9882 J’ai aussi calculé que F (30) = 832040. Pour n = 29 : environ 514228.9932. Et F (29) = 514229. Pour n = 28 : envrion 317810.9958. Et F (28) = 317811. 24 novembre 2015 32 / 40 Nous avons vu que la récurrence nous donnait une matrice. Nous avons vu que F (n) est un coefficient d’une n-ième puissance de cette matrice. Nous étions capable de diagonaliser cette matrice ; calculer les puissances devenait facile. Cette méthode fonctionne aussi pour autres récurrences de type linéaire. L’algèbre linéaire enseigne comment diagonaliser une matrice, et quoi faire si la matrice n’est pas diagonalisable. On peut comprendre comment ça fonctionne dans notre cas, et puis éliminer l’algèbre linéaire après avoir compris ! Voici le résultat : 24 novembre 2015 33 / 40 Soit a0 , a1 , a2 , a3 , . . . une suite de nombres (entiers, ou réels, ou complexes) qui satisfait la récurrence an = c1 an−1 + c2 an−2 pour n ≥ 1. Ici c1 , c2 sont deux nombres fixés. Supposons c2 6= 0. Une récurrence linéaire de deux étapes. Il y a deux cas à considérer : 24 novembre 2015 34 / 40 Cas 1 : Supposons l’équation x 2 = c1 x + c2 a deux solutions différentes, disons r1 et r2 (possiblement des nombres complexes). Parce que r1 6= r2 , il y a deux nombres (possiblement complexes), disons z1 , z2 , tels que z1 + z2 = a0 z1 r1 + z2 r2 = a1 Alors on a la formule générale : an = z1 r1n + z2 r2n . 24 novembre 2015 35 / 40 Cas 2 : Supposons l’équation x 2 = c1 x + c2 = 0 a une seule solution, disons r (possiblement un nombre complexe). Nous avons supposé c2 6= 0, donc r 6= 0. Une seule solution si c12 + 4c2 = 0 et r = c1 /2. Donc rc1 + 2c2 = 0. Il y a deux nombres (possiblement complexes), disons z1 , z2 tels que 0r ). z1 = a0 et z1 r + z2 r = a1 (en fait z2 = a1 −a r Alors on a la formule générale : an = z1 r n + z2 nr n . Vous voyez, l’algèbre linéaire a disparu. 24 novembre 2015 36 / 40 Preuve du cas 1, avec deux solutions : ri2 = c1 ri + c2 , pour i = 1, 2. Montrons par induction que P(n) := ”an = z1 r1n + z2 r2n ” est vraie pour chaque n ∈ N. Début : n = 0, 1 : z1 r10 + z2 r20 = z1 + z2 = a0 et z1 r11 + z2 r21 = z1 r1 + z2 r2 = a1 par construction de z1 , z2 . Étape d’induction (généreuse). Soit n ≥ 1 et supposons an = z1 r1n + z2 r2n et an−1 = z1 r1n−1 + z2 r2n−1 . Alors z1 r1n+1 + z2 r2n+1 = z1 r1n−1 r12 + z2 r2n−1 r22 = z1 r1n−1 (c1 r1 + c2 ) + z2 r2n−1 (c1 r2 + c2 ) = c1 (z1 r1n + z2 r2n ) + c2 (z1 r1n−1 + z2 r2n−1 ) = c1 an + c2 an−1 (hyp. d’induction) = an+1 (récurrence des ai ) On conclut par induction. 24 novembre 2015 37 / 40 Preuve du cas 2) avec une seule solution : r 2 = c1 r + c2 . Montrons par induction que P(n) := ”an = z1 r n + nz2 r n ” est vraie pour chaque n ∈ N. Début : n = 0, 1 : z1 r 0 + 0 · z2 r 0 = z1 = a0 et z1 r 1 + 1 · z2 r 1 = a1 , par construction de z1 , z2 . Étape d’induction (généreuse). Soit n ≥ 1 et supposons an = z1 r1n + nz2 r2n et an−1 = z1 r1n−1 + (n − 1)z2 r2n−1 . Alors z1 r n+1 + (n + 1)z2 r n+1 = z1 r n−1 r 2 + (n + 1)z2 r n−1 r 2 = z1 r n−1 (c1 r + c2 ) + (n + 1)z2 r n−1 (c1 r + c2 ) = c1 (z1 r n + nz2 r n ) + c2 (z1 r n−1 + (n − 1)z2 r n−1 ) + +z2 r n−1 (rc1 + 2c2 ) = c1 an + c2 an−1 (hyp d’ind., rc1 + 2c2 = 0) = an+1 (récurrence des ai ) On conclut par induction. 24 novembre 2015 38 / 40 24 novembre 2015 39 / 40 24 novembre 2015 40 / 40