Coronaire gauche anormale
Il s’agit du type même de la cardiopathie non souf-
flante qui peut se révéler, après un intervalle libre de quel-
ques semaines, par un malaise brutal avec pâleur et ady-
namie chez un nourrisson paraissant jusque-là bien
portant [3]. En effet, en période néonatale, la pression pul-
monaire reste suffisamment élevée pour permettre une
perfusion coronaire adaptée. Dès que les résistances pul-
monaires baissent, la perfusion coronaire gauche diminue
et un infarctus antérolatéral peut survenir. Cliniquement,
cet infarctus brutal s’accompagne souvent d’un malaise
précédé de cris anormaux et accompagnés de pâleur.
L’examen clinique au décours peut être anormal (tachy-
pnée, tachycardie, bruit de galop, gros foie), mais est sou-
vent sensiblement normal. L’électrocardiogramme montre
typiquement des ondes Q de nécrose en D1, AVL et de
V4 à V6 avec courant de lésion et signe d’ischémie.
Cependant, l’ECG à cet âge est souvent sans particularité
et sa normalité n’élimine pas le diagnostic. En fait, c’est
l’échographie qui permet d’évoquer le diagnostic, mon-
trant un tableau de myocardiopathie dilatée, akinétique,
avec une petite insuffisance mitrale et des piliers mitraux
hyperéchogènes. La coronaire gauche est mal vue alors
que la coronaire droite peut être dilatée du fait du déve-
loppement d’un réseau collatéral. Les enzymes musculai-
res et la troponime sont élevés. L’enfant doit être dirigé
vers un service de réanimation chirurgicale pour une
prise en charge préopératoire active et la confirmation,
si nécessaire, du diagnostic par aortographie, ou mieux
maintenant : scanner multibarette ou IRM.
Hypertension artérielle pulmonaire
L’hypertension artérielle pulmonaire, qu’elle soit pri-
mitive ou secondaire à une cardiopathie, est source
potentielle de malaises avec cyanose, parfois pâleur et
perte de connaissance pouvant survenir à l’effort (bibe-
ron) ou aux cris (on évoque alors souvent le diagnostic
de spasmes du sanglot), ou, de façon parfois plus évoca-
trice, la nuit, au cours du sommeil. Malgré le caractère
fréquemment répétitif de ces malaises, le diagnostic
d’hypertension artérielle pulmonaire est souvent porté
avec retard [3]. On évoque, classiquement en premier
lieu, un malaise lié à un reflux gastro-œsophagien (surtout
si les incidents surviennent à l’occasion du biberon), des
spasmes du sanglot ou une hyperactivité vagale. De fait,
l’examen clinique est souvent pauvre : il s’agit aussi d’une
affection cardiaque « non soufflante », et l’éclat du 2
e
bruit pulmonaire ainsi que le petit souffle diastolique de
haute fréquence (témoin de l’insuffisance pulmonaire)
sont très inconstants chez le nourrisson. De plus, pendant
plusieurs mois au moins, les signes de décompensation
droite peuvent être absents, et on ne note ni tachycardie
importante, ni bruit de galop, ni gros foie, ni dyspnée de
repos : c’est-à-dire qu’il peut s’agir d’un diagnostic parfois
difficile, à évoquer par principe chez le nourrisson, si les
circonstances de malaises (évoqués plus haut) sont retrou-
vées et à la moindre petite anomalie de l’examen clinique
ou devant un retard staturo-pondéral avec cassure de la
courbe de croissance. L’hypertension artérielle pulmo-
naire primitive est relativement exceptionnelle mais peut
alors être familiale. Le plus souvent, l’HTAP est secon-
daire à une cardiopathie. Les shunts gauche-droit avec
égalité de pression entre la cavité gauche et droite repré-
sentent la plus fréquente des causes de l’HTAP : le canal
artério-ventriculaire complet, les très gros canaux arté-
riaux, les larges CIV, ou les retours veineux pulmonaires
anormaux totaux et dans une moindre mesure, les très
larges CIA sont les cardiopathies le plus souvent retrou-
vées à l’échographie dans ce contexte. Il peut aussi
s’agir d’un obstacle post-capillaire gênant l’écoulement
du sang veineux pulmonaire et responsable d’une HTAP
post-capillaire. Une telle situation peut se rencontrer en
cas de sténose congénitale isolée des veines pulmonaires,
de cœur triatrial, de sténose mitrale ou d’anomalie de la
compliance du ventricule gauche. Quoi qu’il en soit, c’est
l’échographie-Doppler qui fait le diagnostic, montrant
souvent un ventricule droit dilaté ou hypertrophié, avec
une courbure septale anormale en systole (plate ou
convexe de droite à gauche) témoignant d’une tendance
àl’égalisation de la pression entre les ventricules gauche
et droit (figure 1).L’enregistrement d’une fuite tricuspide
véloce (4 à 5 mm/sec) permet d’objectiver l’augmentation
de la pression systolique pulmonaire. De même, une fuite
pulmonaire véloce en protodiastole permet d’objectiver
un gradient diastolique élevé entre le ventricule droit et
l’artère pulmonaire. L’analyse échographique des lésions
associées permet de confirmer l’HTAP et d’en trouver la
cause. C’est-à-dire l’importance de la réalisation d’une
échographie cardiaque au moindre doute, devant un
malaise un peu insolite, ou récidivant sans cause retrou-
vée, chez un nourrisson (tableau 1).
Troubles du rythme paroxystique
Rythmes réciproques paroxystiques
et syndromes de Wolff. Parkinson White
Les tachycardies jonctionnelles réciproques paroxysti-
ques (TJR) représentent 70 à 80 % des tachycardies supra-
ventriculaires du nourrisson. Elles sont plus fréquentes
chez les garçons que chez les filles, et une cardiopathie
(Ebstein, double discordance, myocardiopathie, etc.) est
présente dans 10 à 15 % des cas, justifiant la pratique
systématique d’une échographie lors de la découverte
du trouble du rythme. Le mode de révélation le plus fré-
quent est l’insuffisance cardiaque (60 % des cas avant
mt pédiatrie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2009 99
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