La classification de Maastricht des donneurs d’organes change-t-elle la définition de la mort ? Robin Cremer • « Le jugement de l’homme est tellement incertain qu’il n’arrive pas même à définir la mort » Pline l’Ancien • « Rien n’est plus sur que la mort, rien ne l’est moins que l’heure d’icelle » Ambroise Paré • « Les organes vivent ensemble et meurent séparément » Xavier Bichat Définition légale • Une personne est déclarée morte quand le médecin estime qu’elle est morte • Certificat de décès « réelle et constante » Avant 1960, la « mort cardiaque » • Signes négatifs de la vie – arrêt du cœur – arrêt de la respiration, – immobilité cadavérique • Evènement instantané • Datation a retro Affirmer la mort récente • Stimulation douloureuse • Aiguille dans le cœur • • Artériotomie radiale La phlyctène explosive – • Test à l'H²S – • avec un papier qui noircit par élimination du soufre, Le test à l'éther – • décollement cutané rempli d'air qui se rompt en provoquant une petite explosion après exposition d'une zone cutanée à une flamme injection sous cutanée d'éther qui ressort par le trou de l'aiguille si le sujet est mort. Test à la fluorescéine d’Icard – non coloration des conjonctives 1/2 h après l'injection IV • Depuis 1960 • 1959 «mort du système nerveux» – Wertheimer, Jouvet et Descartes Presse Méd 1959;67:87 • – greffe (auxiliaire) clandestine de rein de cadavre à Boston • 1951, Richard Lawler – greffe avec succès un rein de cadavre à une femme atteinte de polykystose. La malade survit six mois. • 1952 Michon, Hamburger – Greffe d’un rein de donneur vivant. 1959 «coma dépassé» – Mollaret et Goulon Rev neurol (Paris) 1959;101:3-15. – Une révélation […] de la maîtrise acquise en matière de réanimation cardiorespiratoire – Une rançon parce que la survie dans le coma dépassé impose des efforts croissants aux équipes de réanimation et impose un spectacle de plus en plus douloureux aux familles • 1947 David Hume 1967, Comité Ad-Hoc sur la Mort Cérébrale (Harvard) […] • 1967 Christian Barnard – 1ère greffe cardiaque à partir d’un donneur en mort cérébrale JAMA 1968;205:85 • Comité Ad-Hoc sur la Mort Cérébrale (Harvard) – Notre objectif est de considérer les patients dans cet état comme des personnes mortes • deux finalités assumées : – permettre de débrancher le respirateur des patients – faciliter les transplantations d'organes. Classification de Maastricht (1995) • Classe I – personnes qui font un arrêt cardiaque en dehors de tout contexte de prise en charge médicalisée et pour lesquelles le prélèvement d’organes ne pourra être envisagé que si la mise en œuvre de gestes de réanimation de qualité a été réalisée moins de trente minutes après l’arrêt cardiaque ». • Classe II – personnes qui font un arrêt cardiaque en présence de secours qualifiés, aptes à réaliser un massage cardiaque et une ventilation mécanique efficaces, mais dont la réanimation ne permettra pas une récupération hémodynamique » (« unsuccesful rescussitation »). • Classe III – personnes pour lesquelles la mort survient dans les suites d’une décision d’arrêt de traitements en réanimation • Classe IV – personnes en mort encéphalique Transplantation Proceedings 1995; 27 : 2893-4 Maastricht IV (mort cérébrale) • Etat du donneur lors de l’orientation vers le prélèvement – Mort (pas de reflexes du tronc + 2 EEG nuls ou artériographie cérébrale éteinte) • Etat du donneur lors du prélèvement – Mort (« cadavre chaud ») • Problèmes éthiques liés au prélèvement – Respect du cadavre (vrai pour tous les prélèvements) Maastricht I & II (cœur arrêté) • Etat du donneur lors de l’orientation vers le prélèvement – Échec de réanimation (30 min) – Arrêt de traitements en raison de l’inutilité d’une RCP de plus de 30 min – concurrence avec la CEC « thérapeutique » • Etat du donneur lors du prélèvement – Mort par échec de réanimation • Problèmes éthiques liés au prélèvement – Manque de temps pour rechercher une opposition éventuelle avant l’orientation vers le prélèvement Maastricht III (après LAT) • Etat du donneur lors de l’orientation vers le prélèvement – Patient pour lequel un arrêt des traitements a été décidé (Leonetti) mais n’a pas été réalisé • Etat du donneur lors du prélèvement – Mort par arrêt des traitements (quel délai après l’AT ?) • Problèmes éthiques liés au prélèvement – Antagonisme avec la démarche palliative ? – Lieu du décès (service ou bloc) – Et si le patient de meurt pas ? • Quel scenario acceptable ? A propos de trois prélèvements Maastricht 3 NEJM 2008;359:709 Dégâts irréversibles Prélèvement Arrêt permanent (RCP possible) Arrêt cardiaque Temps Arrêt irréversible (RCP inutile) « Dead donnor rule » ? • Faut-il garder la règle du donneur mort ? – Ici le patient ne meurt pas à cause de son prélèvement – mais il meurt de son prélèvement • Définition auto-réalisatrice de la mort ? • Glissement vers la mort sociale ? Syndrome de Cotard • Délire d’immortalité • Négation d’organe • Dépression gravissime