TF1 - Décideurs en Région

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DÉVELOPPER ET
MANAGER / 05
Recrutement :
les nouveaux outils
changent la donne
DOSSIER / 08
La consommation
collaborative
à l’heure de la
maturité
FINANCER POUR
INNOVER / 14
Une ordonnance
novatrice pour
le crowdfunding
Hiver 2014 / 2015
# 19
ILE-DE-FRANCE
Entretien
TF1 :
un métier en pleine
transformation
© TF1
Philippe Denery ,
Directeur général adjoint
Finances du groupe TF1
SOMMAIRE
04 LES RÉGIONS INNOVENT SUR…
DECIDEURSENREGION.FR
INNOVER EN ILE-DE-FRANCE
DÉVELOPPER ET MANAGER
TF1 :
05 Recrutement : les nouveaux outils
changent la donne
07 Les EPL : une solution pour les collectivités
DOSSIER
08 La consommation collaborative à
l’heure de la maturité
12 Face à la vague collaborative,
penser au service client
13 Covoiturage : BlaBlaCar, zoom sur un cas
emblématique
FINANCER POUR INNOVER
14 Une ordonnance novatrice pour le
crowdfunding
PAROLE D'EXPERTS
16 L’innovation fiscale, au cœur de l’avenir
économique ?
17 L’insolite, un levier d’innovation pour
l’entreprise
SOLUTION
18 Sécuriser les paiements en ligne
grâce à SP Plus
À VOS CÔTÉS
19 En lançant son fonds de soutien,
la CEIDF ouvre de nouvelles
perspectives aux PME franciliennes
RETROUVEZ TOUTE L’ACTUALITÉ
DES ACTEURS ÉCONOMIQUES QUI
INNOVENT SUR LEUR TERRITOIRE :
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un métier en pleine
transformation
Pour les spécialistes de la gestion financière, un groupe
de médias n’est pas une entreprise comme les autres.
Directeur général adjoint Finances du groupe TF1,
Philippe Denery nous dévoile les spécificités et les
perspectives du groupe TF1 dans un contexte en pleine
évolution.
DÉCI DEU R S EN R ÉG ION : Le
groupe TF1 possède une myriade
d’activités. N’est-ce pas difficile
d’assurer la gestion financière
d’un périmètre aussi large et
hétérogène ?
Philippe Denery : Notre principal
défi est de préserver la cohérence
d ’u n g ro u p e o ù s e t ro u ve nt
des activités très diverses abritées
par des entités ayant elles-mêmes
des tailles fort variables. Cette
cohérence doit être assurée
par des outils, des méthodes et
des pratiques adaptées à
l’ensemble des métiers. Elle se
structure à travers des expertises
métiers et des fonctions supports,
comme la Direction financière
notamment. Nous avons ainsi un
outil commun : la solution informatique de gestion et de maintenance SAP. Il est présent dans tous
les métiers du Groupe. Nous
avons également des méthodes et
des règles partagées dans
le domaine financier comme il y
en a dans d’autres fonctions
supports telles que les Ressources
humaines. De même, les systèmes
d’information que nous avons mis
en place depuis plusieurs années
permettent de porter de façon
transverse des dossiers communs ;
un exemple, l’émission musicale
The Voice. Diffusée sur TF1, l’émission pour ra ainsi trouver un
prolongement dans une tournée
Hiver 2014 / 2015
musicale chez TF1 Entreprises, et
la création d’une boîte de jeu chez
TF1 Games.
Une entreprise de médias a-t-elle
des spécificités à prendre en
compte lorsqu’on se trouve à la
tête de sa Direction financière ?
Le secteur de la télévision possède
de fortes particularités. À commencer par un rapport au temps spécifique : nous sommes là dans
le court terme, à la différence
d ’a u t r e s s e c t e u r s . D a n s l e
domaine de la distribution
de l’eau ou de l’électricité, on a
une visibilité à un horizon de 15 à
20 ans. Dans les télécoms, les
cycles sont plus courts, la visibilité
est de deux à trois ans. Elle n’est
plus que d’une quinzaine de jours
dans un média télévisé. Au début
d’un mois, nous ne savons pas
quel sera précisément le bilan
publicitaire à la fin du même mois.
Autre particularité : c’est un bien
gratuit, il faut donc avoir à l’esprit
que le consommateur n’est pas le
payeur ! Ce modèle est également
atypique parce que fondé avant
tout sur des coûts fixes et des
engagements pris sur le long
terme (les droits de la Coupe du
monde de football 2014 ont été
par exemple acquis en 2005) alors
que les revenus ne sont, eux, au
contraire, générés que sur du
court terme.
2 www.decideursenregion.fr
TF1 : UNE FORTE
PRÉSENCE
ÉCONOMIQUE
ET UNE ACTIVITÉ
TRÈS DIVERSIFIÉE
© TF1
Le groupe TF1 regroupe
environ 2 700 collaborateurs
autour de nombreuses
activités et en premier lieu la
télévision gratuite (TF1, TMC,
NT1, HD1). L’entreprise est
aussi présente notamment
dans la télévision payante,
les jeux de société,
les vidéos, les spectacles,
le publishing, la distribution
de licences ou encore des
activités « consommateurs »
comme le téléshopping.
Le chiffre d’affaires du
groupe a dépassé en 2013
les deux milliards d’euros.
Il faut être imaginatif et réaliste :
dans ce cadre, les évolutions
seront créatrices de valeur.
Quels sont les critères prioritaires lorsque vous choisissez un
programme ?
La dimension artistique est bien
évidemment présente, mais notre
métier est plus technique qu’il n’y
paraît, avec de nombreuses règles
qui font qu’on va lancer ou non un
programme. En termes financiers,
nous ne sommes pas si éloignés
que cela des autres secteurs
d’activités : un business plan doit
présenter les revenus attendus.
Pour des événements comme la
Coupe du monde de football, les
différents scénarios possibles ou
l’évaluation des retombées en
termes d’image sont étudiés.
Mais nous avons, là encore, des
spécificités, à commencer par la
gestion du risque, là où, dans
d’autres métiers, savoir-faire ou
industrialisation d’un processus
permettent de le réduire. Un
« risque métier » qui va même
au-delà de ce que nous faisons
nous-mêmes ; ainsi la contrep r o g ra m m a t i o n d e s a u t r e s
chaînes impacte évidemment
l’audience que nous produisons.
Philippe Denery,
Directeur général
adjoint Finances
du groupe TF1
Quelles sont vos priorités de
développement pour les années
qui viennent ?
Notre métier est en pleine transformation. Dans cinq ans, les contenus
seront consommés différemment.
Les supports que sont la tablette,
l’ordinateur ou le téléphone mobile
progressent. Face à cela, nous allons
chercher à maîtriser les contenus et
leur développement, à travers leur
production, tout particulièrement
dans l’information et le divertissement. Et puis nous allons travailler
au développement des technologies digitales. Elles peuvent avoir un
champ d’application très large.
Pourquoi ne pas imaginer que
quelqu’un visionnant un programme
sur sa tablette reçoive des publicités
adaptées à son profil et se voit
proposer des programmes en lien
avec ses centres d’intérêt ? Il faut être
imaginatif et réaliste : dans ce cadre,
les évolutions seront créatrices de
valeur.
Hiver 2014 / 2015
3 www.decideursenregion.fr
« Les mêmes valeurs que
la Caisse d’Epargne »
« Vous êtes la banque de tous les
Français, nous sommes la chaîne
de tous les Français, résume
Philippe Denery. La Caisse
d’Epargne et TF1 portent les
mêmes valeurs. C’est important
pour nous d’avoir une banque de
proximité qui ressemble à nos
clients. »
« Les services proposés à TF1 par
la Caisse d’Epargne concernent
des dossiers classiques comme le
financement ou la rémunération
des liquidités, explique Christine
Bellin-Musialowski, Responsable
financement, trésorerie,
communication financière et
relations investisseurs de TF1.
« Mais la Caisse d’Epargne est
aussi à nos côtés à l’occasion de
projets originaux tels que le
partenariat de l’exposition « Star
Wars Identities », ou encore lors
de notre engagement au sein de
La Place media, la plateforme de
mise aux enchères des espaces
publicitaires en ligne. Avec la
Caisse d’Epargne, nous avons face
à nous des experts qui proposent
des solutions innovantes. »
LES RÉGIONS INNOVENT
Sur decideursenregion.fr
© D.R.
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Dorian Tourin-Lebret,
Cofondateur et dirigeant de
Smart Impulse, lauréat 2014
du prix La Tribune Jeune
Entrepreneur,
dont la Caisse d’Epargne
est partenaire.
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Ile-de-France/Innover-EnRegion/
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Notre solution
permet
d’identifier la
consommation
électrique de
chaque type
d’appareil.”
Lorraine
ChampagneArdenne
Notre concept
de salle de
bain a permis
d’embaucher
100 personnes.”
Nous avons
passé le cap
des 1 000
impressions
3D réalisées.”
Raphaël Vanneste,
Directeur général de
Top Office au sujet du succès
du projet managérial
et technologique
concernant l'impression 3D.
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Nord-France-Europe/
Innover-En-Region/
Jean-Philippe Ferreira,
Directeur commercial de
Ossabois et des cellules
Aqua-logis, totalement
réalisées et pré-équipées
en usine : lavabo, baignoire,
réseaux et finitions.
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Nord France
Europe
Ile-de-France
Aquitaine
PoitouCharentes
Nous mettons
en relation les
propriétaires
de bateaux et
les locataires
potentiels.”
Nicolas Cargou,
Cofondateur de la
plateforme collaborative
sur Internet Samboat
actuellement en phase
de fort développement.
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Lorraine-ChampagneArdenne/Innover-En-Region/
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fr/Aquitaine-PoitouCharentes/Innover-EnRegion/
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DÉVELOPPER & MANAGER
Recrutement :
les nouveaux outils
changent la donne
Serious games, battles, hub carrière, applications mobiles… avec l’avènement du
recrutement 2.0(1), quelle que soit leur taille, les entreprises innovent, composant
avec les dernières technologies dédiées. Leur leitmotiv ? Soigner leur image
de recruteur afin d’attirer les meilleurs profils. Zoom sur ces nouvelles pratiques.
D
es concours de codes aux jeux de
rôle virtuels, les entreprises rivalisent d’ingéniosité afin d’attirer les
meilleurs candidats.
« Dans le recrutement, il faut distinguer les étapes de sourcing(2) et
de l’évaluation, rappelle Hymane
Ben Aoun, membre du conseil
d’administration de Syntec Conseil
en Recrutement(3). Après l’apparition
des jobboards, ces sites Internet dédiés
au recrutement, la véritable révolution
pour le sourcing a été l’avènement des
réseaux sociaux, qui nous permettent
d’identifier des compétences. » Pour
un recruteur, difficile désormais
de se passer des célèbres Viadeo,
LinkedIn… comme de Facebook et
Twitter. Selon une étude du site
d’offres d’emploi Stepstone, 81 %
des personnes en recherche d’emploi
utilisent ce canal et privilégient
Viadeo et LinkedIn, tandis que les
entreprises ont augmenté de 50 %
leur présence sur les réseaux sociaux
et que 29 % utilisent Twitter pour
recruter.
LE RECRUTEUR DOIT
TRAVAILLER SON IMAGE
« Cela a bouleversé notre métier. Grâce
aux profils, nous avons accès à pléthore
d’informations sur les candidats. Pour
autant, il faut ensuite les motiver à
venir ! Il faut travailler son image de
recruteur », complète Emmanuel
Stanislas, directeur du cabinet de
recrutement Clémentine. « Ainsi, il
Hiver 2014 / 2015
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faut avoir assez de followers pour
créer un véritable écho sur Twitter
autour de son offre. » Les entreprises
n’hésitent donc plus à multiplier
leur présence sur ces canaux. Pour
éviter de perdre de futurs potentiels
dans un tel dédale, Colas vient par
exemple de lancer un hub regroupant
ces sources (cf. encadré) « Si Twitter
n’a pas vocation à être un vecteur de
recrutement, il permet de s’adresser
à une communauté de candidats, à
condition d’y apporter du contenu et
de rentrer en interaction avec eux ! »
abonde Hymane Ben Aoun, pour qui
la nouvelle problématique RH est
la réputation. Car si les entreprises
innovent, les candidats ont également
revu leurs techniques de candidature…
DÉVELOPPER & MANAGER
MESURER RAPIDEMENT
LES COMPÉTENCES
C’est que le secteur informatique est
naturellement un des plus innovants
en la matière et organise depuis peu,
après le succès des serious games(4),
des battles (batailles). À la demande
de ses clients, la société spécialisée
en évaluation Isograd(5) organise
ces évènements où s’affrontent des
développeurs sur des exercices de
codes. Ces battles représentent à la
fois un nouveau canal et une méthode
d’évaluation différente.
D’autres solutions sont aussi proposées
pour évaluer les candidats. Diverses
plateformes en ligne se chargent
notamment d’accompagner le recruteur à cette étape cruciale. Isograd
édite ainsi un test de bureautique
équivalent à ce que peut être le TOEFL
pour l’anglais. Tests de langue, de
personnalité, de QI, la liste est longue.
« Si hier il était complexe d’évaluer un
Un exemple à la pointe :
le hub Carrière Colas
© D.R.
QUAND LE CANDIDAT
SOIGNE SA RÉPUTATION
Si Viadeo propose déjà un onglet
« recommander quelqu’un », d’autres
outils fleurissent à l’instar de Shapr.
« Cette application sur mobile permet
de se porter garant de l’expertise de
quelqu’un. Un outil de mesure de son
influence en quelque sorte », explique
Hymane Ben Aoun.
Pour aller plus loin, des sites de
cooptation ont vu le jour – allant
jusqu’à rémunérer le coopteur –,
comme MyJobCompany ou Keycoopt. Les avantages sont réels de
part et d’autre puisque, d’après
une étude Oracle, ce canal représente 33 % des candidatures qualitatives reçues par un recruteur.
« C’est intéressant pour les entreprises qui recrutent en direct », estime
Hymane Ben Aoun qui cite un autre
outil, réservé aux cadres, permettant
de comparer son salaire , Cadreo. « Ce
jobboard permet de savoir si les offres
correspondent aux salaires attendus
selon le poste, la localisation… »
Dans le même esprit, ChooseYourBoss
qui aspire à « redonner le pouvoir au
candidat », « pousse » anonymement
vers le candidat du secteur informatique les annonces qui correspondent
à son profil… sans être harcelé par
les chasseurs de tête.
La véritable
révolution pour
le sourcing a
été l’avènement
des réseaux
sociaux.”
Hymane
Ben Aoun,
membre
du conseil
d’administration
de Syntec Conseil
en Recrutement(3).
1. Le Web 2.0 est
l’évolution du Web
vers l’interactivité
alliant une
complexification
interne de la
technologie et
une simplicité
d’utilisation.
2. Le sourcing est
un terme anglais
utilisé dans
les ressources
humaines pour
désigner le fait
de trouver des
candidats.
3. Syntec
Recrutement
fait partie de la
Fédération Syntec
qui représente
100 000 entreprises
et 750 000 salariés.
4. Un serious game
est un logiciel
qui combine
une intention
sérieuse, de type
communicationnelle
par exemple,
avec des ressorts
ludiques.
5. Isograd a créé
un standard dans
l’évaluation et la
certification des
compétences sur
les outils Excel,
PowerPoint, Word…
« Ce hub n’est pas qu’une
simple déclinaison de
nos sites RH et corporate,
explique Cédric Mendes,
responsable du Recrutement.
Cette solution qui réhabilite le
principe de “portail unique”
est née d’un véritable besoin.
Nos candidats se dispersent
au gré des nouveaux usages
tandis que Colas propose
des contenus intéressants
sur LinkedIn, Facebook,
le fil Twitter @ColasRH...
Pour Colas, ce hub est une
opportunité de développer
une marque employeur
innovante. L’avenir du
recrutement étant le mobile
candidat, aujourd’hui l’on peut même
organiser un entretien téléphonique
dans la langue voulue ! » souligne
Emmanuel Stanislas.
Autre outil, easyRECrue est une
plateforme vidéo qui permet de
vérifier en amont de l’entretien
réel, l’expérience, les prétentions…
Le candidat doit en effet répondre
en temps limité via Webcam.
RÉVOLUTION MOBILE
Si McKinsey organise une barbecue
party, L’Oréal un serious game, la plupart des recruteurs privilégient encore des canaux plus classiques. Pour
78 % d’entre eux, les sites d’emploi
sont leur mode de recherche favori, devant les salons et les réseaux
sociaux. Pour preuve, les sites
d’annonces gratuits Vivastreet et
Leboncoin qui ont acquis une place
de leaders, avec des fréquentations
toujours croissantes sur leurs versions mobiles. Du fait de l’utilisation de plus en plus fréquente des
smartphones, la forme de ces sites
est en voie de mutation. L’application
JobAroundMe en est l’illustration :
Hiver 2014 / 2015
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comme les réseaux sociaux,
notre hub a été pensé 100 %
mobile. Il permet d’y postuler
sans télécharger un CV. Notre
solution “aspire” toutes les
données carrière de LinkedIn
et recompose votre CV. C’est
une garantie d’équité entre
candidatures mobile et PC.
À l’avenir, ces profils en ligne
vont encore s’enrichir, avec
des certifications de diplômes,
des recommandations…
À l’heure où tout est
disponible sur le Web,
l’exigence de transparence
et de véracité de l’information
va devenir cruciale pour
l’employeur », conclut-il.
elle donne la possibilité de trouver
les offres les plus proches en temps
réel. Cette version mobile est particulièrement utile sur le marché
non-cadre.
D’une manière générale, le domaine
est en mutation rapide.
Les serious games,
une méthode
éprouvée : exemple
Les Coéquipiers, développé par
Décathlon, permet aux joueurs de
découvrir tous les métiers du groupe
et répond à des problématiques RH.
DÉVELOPPER & MANAGER
Les EPL : une solution
pour les collectivités
Les EPL sont
attachées au
territoire, en
ont une bonne
connaissance
et peuvent
intervenir à
une échelle
cohérente.”
Hélène Le Rai,
Responsable du
département
Aménagement et
développement
économique
à la Fédération
des EPL.
Les collectivités territoriales doivent
faire face à une tendance au désengagement de l’État en matière
d’ingénierie publique. Après l’arrêt
en 2012 de l’assistance à maîtrise
d’ouvrage apportée par les Directions
départementales du territoire (DDT)
via les Directions départementales
de l’équipement (DDE), l’Assistance
technique fournie par l’État pour
des raisons de solidarité et d’aménagement du territoire (ATESAT) a
été supprimée le 1er janvier 2014.
d’un Groupement d’intérêt économique (GIE), qui ont été regroupées
sous une seule bannière, Loire-Atlantique Développement, afin d’assister
les collectivités dans leurs projets.
Cette offre globale à l’échelle
du département permet de répondre à tous les besoins en matière d’ingénierie.
Autre initiative en Vendée, où le
conseil général a mis en place, dès
2012, un outil d’ingénierie publique
pour pallier la disparition annoncée
de l’ATESAT, l’Agence de services
aux collectivités locales. Cet organisme intervient autant pour les
opérations d’aménagement et de
construction que pour tout autre
projet d’intérêt général.
VERS DES EPL
INTERCOMMUNAUTAIRES ?
L’échelle du département est aujourd’hui privilégiée pour l’organisation d’un service d’ingénierie
territoriale. Toutefois, comme le
précise Hélène Le Rai, « l’avenir
de ce maillon étant en question,
on peut supputer une reprise en
main par les intercommunalités
de l’ingénierie publique, avec la
création de SEM ou de SPL intercommunautaires, permettant de
mutualiser des équipes pluridisciplinaires au bénéfice de plusieurs
intercommunalités. » Parallèlement,
l’élargissement de la gamme des
EPL à la SEM à opération unique
peut mener à d’autres réflexions.
RÉORGANISATION
DE L’INGÉNIERIE PUBLIQUE,
L’INTERVENTION DES EPL
Les collectivités peuvent se tourner
vers le secteur privé pour lui confier
des prestations d’assistance à la
maîtrise d’ouvrage et de maîtrise
d’œuvre. Toutefois, elles n’en ont
pas forcément les moyens.
Une autre solution tend à se développer, via les Entreprises publiques
locales (EPL), avec les Sociétés d’économie mixte (SEM) ou les Sociétés
publiques locales (SPL). Bon compromis entre le secteur public et le
secteur privé, « elles sont attachées au
territoire, en ont une bonne connaissance et peuvent intervenir à une
échelle cohérente », note Hélène Le
Rai, Responsable du département
Aménagement et développement
économique à la Fédération des
EPL. Autre valeur ajoutée et non
négligeable, ce sont des entreprises
qui facturent au coût réel.
EPL, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre
DES EXPÉRIENCES
À L’ÉCHELLE DU DÉPARTEMENT
En Loire-Atlantique, ce sont par
exemple trois structures, une SEM,
une SPL et le CAUE 44 (Conseil
d’architecte, d’urbanisme et de
l’environnement) dont certaines
fonctions sont mutualisées au sein
L’ingénierie recouvre la maîtrise d’ouvrage : conseil en amont et études
diverses (diagnostics, analyses, dessins…) pour aller jusqu’à la maîtrise
d’œuvre qui comprend la réalisation des travaux, la conduite des chantiers
et le contrôle de l’exécution. L’ingénierie publique désigne quant à elle
toutes ces prestations quand elles concernent des réalisations destinées
à un usage public : voirie, éclairage, constructions publiques…
Le cœur de métier des EPL relève de la maîtrise d’ouvrage et elles sont
dans ce cadre pourvoyeurs d’affaires pour la maîtrise d’œuvre. © Jesussanz
© D.R.
Face à une tendance au désengagement des services de l’État en matière
d’ingénierie publique, les Entreprises publiques locales (EPL)
apportent des solutions innovantes aux collectivités territoriales.
Hiver 2014 / 2015
7 www.decideursenregion.fr
DOSSIER
© Esenkartal/Thinkstock
P. 12 : Face à la vague
collaborative,
penser au
service client
Hiver 2014 / 2015
8 www.decideursenregion.fr
P. 13 : Covoiturage :
BlaBlaCar, zoom
sur un cas
emblématique
DOSSIER
C
CONSOMMATION
COLLABORATIVE : DE
QUOI PARLE-T-ON ?
La consommation
collaborative désigne
un modèle économique
où l’usage prédomine
sur la propriété. L’usage
d’un bien ou d’un service
est ainsi augmenté
par le partage,
l’échange, la vente
ou la location. Cette
optimisation de l’usage
est principalement
permise par l’échange
d’informations via
Internet et par l’essor
des échanges en ligne.
’est un signe qui ne trompe pas.
Depuis un peu plus d’un an, les
entreprises traditionnelles multiplient les initiatives en direction de
l’économie collaborative. « Elles se
mobilisent en rachetant des start-up,
en nouant des partenariats mais
également en lançant de nouveaux
services », indique Louis-David
Benyayer, consultant, chercheur et
cofondateur de Without Model, qui
s’est donné la mission de contribuer
à généraliser les modèles économiques ouverts, collaboratifs et
responsables.
Castorama, SNCF, Intermarché,
Boulanger… : les grands noms intégrant ce secteur à leurs réflexions
stratégiques ne manquent pas. Ils
illustrent le sérieux avec lequel la
planète économique considère
désormais ce modèle de consommation et son potentiel en termes de
production de richesses. « Personne
ne peut, désormais, échapper à un
tel bouleversement économique »,
souligne Diouldé Chartier, associée
fondatrice de D’cap Research,
agence d’études et de conseil en
innovation.
Une économie
du partage est née
Louer sa machine à laver ou sa
voiture, troquer un service contre
un autre, vendre ses collections de
DVD… Comment, à partir d’actes
d’échanges aussi simples, a pu se
constituer une « économie du partage » désormais si respectée ? Une
conjonction de facteurs l’explique.
C’est tout d’abord la rencontre
entre une aspiration d’une partie
croissante de la population et les
nouvelles opportunités offertes par
les outils numériques. Cette logique
Hiver 2014 / 2015
© D.R.
Les plateformes Web de consommation collaborative ont permis
en quelques années l’émergence de jeunes entreprises qui n’ont
désormais rien à envier à leurs aînées de l’économie traditionnelle.
Un phénomène qui doit autant à des aspirations sociétales qu’à un
intérêt économique partagé.
La consommation collaborative n’est
pas une idée
fragile ou une
tendance à
court terme,
mais une force
économique
et culturelle
puissante.”
Rachel
Botsman ,
figure parmi les
théoriciens de
la consommation
collaborative.
Elle a publié
en 2010, avec
Roo Rogers
un ouvrage qui
a fait date :
What’s Mine Is
Yours: The Rise
of Collaborative
Consumption (ce
qui est à moi est
à vous :
la montée de la
consommation
collaborative).
9 www.decideursenregion.fr
d’échanges, accordant une place
prépondérante aux expériences
et aux services, au détriment des
objets eux-mêmes (voitures, CD…), a
été portée notamment par la génération Y, née entre les années 1980
et le milieu des années 1990. Une
génération « connectée » et familière des communautés virtuelles,
et pour laquelle l’acte d’achat n’est
plus une évidence. C’est donc avec
un certain enthousiasme qu’elle a
adopté des pratiques collaboratives
qui ont fleuri progressivement
sur le Web, par l’intermédiaire
de plateformes d’échanges nées à
partir de la deuxième moitié des
années 2000.
Certains de leurs aînés avaient pu
initier le mouvement, souvent portés par des idéaux et une aspiration
au partage sans visée lucrative. Des
universitaires américains avaient
ainsi lancé, voici quelques dizaines
d’années, des systèmes de partage
d’appartements. En France, la
communauté d’Emmaüs peut aussi
apparaître comme un ancêtre de
la consommation collaborative. Le
passage à une autre échelle allait
être rendu possible par le Web,
étendant ainsi la consommation
collaborative à des cercles plus
larges.
Des modes de consommation
alternatifs
Pour expliquer la croissance de
l’économie collaborative, l’importance du fait sociétal n’est pas à
négliger. C’est aussi parce que
la société aspirait, au cœur des
années 2000, à des modes de
consommation alternatifs, à une
DOSSIER
Consommation collaborative
plus grande prise en compte de la
notion de durabilité, que la croissance du secteur allait être possible.
« L’économie collaborative peut
permettre de reprendre le contrôle
de sa vie et de ne pas consommer
en se laissant guider par ses seules
habitudes. Elle donne la possibilité
d’agir selon son libre arbitre, estime
Magali Boisseau, fondatrice de
BedyCasa, plateforme en ligne
de logements chez l’habitant. Ces
pratiques peuvent même aller plus
loin en créant du lien social. Nous
avons parmi nos hébergeurs des
chômeurs ou des femmes au foyer
qui, au-delà de l’aspect financier,
se sentent responsables et investis
d’une mission. C’est une façon pour
eux de reprendre contact avec la
société. »
Une réponse efficace
Dans le même temps, des raisons
plus pragmatiques à l’émergence
de la consommation collaborative
se sont surimposées, permettant
une croissance d’autant plus rapide.
« Il n’y a pas que des raisons idéalistes qui expliquent l’adhésion à
cette économie, indique Louis-David
Benyayer. Elle apporte souvent tout
simplement une réponse efficace en
termes de praticité ou d’existence
d’offres. Et puis certains perçoivent
le bénéfice qu’ils auront à monétiser une partie de leur actif, qu’il
s’agisse de leur voiture ou de leur
appartement. »
De ce point de vue, la crise économique a, depuis 2008, favorisé
l’émergence de cette nouvelle façon
de consommer. Ceux recherchant
un service y trouvent une manière
de faire des économies, ceux proposant une prestation ont ainsi le
moyen d’augmenter leurs rentrées
d’argent. « Dans certains cas, cela
peut même devenir une économie
parallèle avec des particuliers qui
deviennent des quasi-professionnels
de la location d’appartements ou
du covoiturage », relève Louis-David
Benyayer.
On touche là à l’un des défis ma-
LES 10 PREMIERS ACTEURS DU E-COMMERCE
COLLABORATIF EN FRANCE
Visiteurs uniques
moyens par mois
De nombreux signes
de maturité
Pas encore à l’âge adulte, cette
nouvelle économie ne donne pas
moins de nombreux signes de maturité. Le temps où une multitude
de jeunes entrepreneurs lançaient
à moindre frais une plateforme
collaborative semble révolu. C’est
Les Français ayant recours
aux pratiques collaboratives :
4 caractéristiques communes*
Quelles que soient leurs divergences de motivations
et de pratiques, les Français ayant recours aux pratiques
collaboratives révèlent des caractéristiques communes,
qui les distinguent des autres consommateurs.
Objet
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1 221 000
Ÿˆ¹ˆT¨®˜K/
ӡũƧT¨¨s/ƭ˜p/¨
965 000
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796 000
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644 000
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551 000
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515 000
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456 000
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300 000
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227 000
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200 000
ŶTss/¨œ*Ҵˆ œTˆӍœ”/
Source : Fédération e-commerce et vente à distance. Moyenne établie sur le premier trimestre 2014.
jeurs de l’économie collaborative
pour les années qui viennent :
poursuivant sa croissance, elle
devra définir de façon encore plus
claire les règles qui la régissent.
« Elle a pour elle la puissance, l’envergure, mais elle manque encore de
structuration, souligne Diouldé
Chartier. Elle n’est pas totalement
“normée”. Les acteurs qui animent
la consommation collaborative
devront également se pencher
encore plus sur les questions de la
responsabilité et de l’engagement.
Les consommateurs doivent connaître
précisément le partage des rôles
en cas de service défectueux. »
¨ s/œӐ
Une volonté de rencontrer
régulièrement de nouvelles
personnes.
Une propension
à la découverte,
à l’expérience…
Une préoccupation relative à
l’évolution de la société : futur
de la planète.
Une volonté et un
plaisir à faire durer
les objets.
Hiver 2014 / 2015 10 www.decideursenregion.fr
DOSSIER
Consommation collaborative
LES PRATIQUES COLLABORATIVES EN FRANCE*
La nécessaire préservation
de l’éthique initiale
Progressant à pas de géant ces dernières années, les acteurs de l’économie collaborative empruntent
désormais beaucoup aux méthodes
de l’économie traditionnelle. C’est
là l’un des signes de leur maturité
économique.
Autre signe de leur progression,
caractéristique des secteurs économiques alternatifs touchés par
une forte croissance : les débats
qui parcourent cette économie
du partage au sujet de la nécessaire préservation de son éthique
initiale. En 2011, le passage du
service d’hébergement temporaire
CouchSurfing du statut d’organisation à but non lucratif à celui de
société commerciale a suscité un
REDISTRIBUER SES BIENS À D’AUTRES PARTICULIERS
Vendre ses biens à d’autres particuliers
52 %*
Échanger / troquer
11 %
ACHETER
Participer à des achats groupés
23 %
SE DÉPLACER
Faire du covoiturage
8%
TRANSFORMER SES BIENS EN SERVICE
Louer ses biens à d’autres particuliers
6%
S’ALIMENTER
Adhérer à une AMAP
6%
(Association pour le maintien d’une agriculture paysanne)
* Source : « Les Français et les pratiques collaboratives ». Étude IPSOS-ADEME réalisée en 2012 sur un échantillon de
4 500 interviews d’individus âgés de 15 à 75 ans représentatifs de la société française. Le total est supérieur à 100 %
du fait de la pratique multiple des individus.
1+1=3
c’est la formule mathématique
de la corévolution. La collaboration
à deux ou à plusieurs apporte plus
que la somme des parties. […]
Une société collaborative, c’est une
société plus humaine.
certain émoi parmi leurs utilisateurs. L’un des défis à venir pour
les entreprises collaboratives est
bien là : parvenir à trouver un
équilibre entre développement
de leur croissance économique et
respect de l’esprit communautaire
de leur activité. Q
Anne-sophie
Novel et
Stéphane Riot ,
dans Vive la
corévolution
(2012), un
des premiers
ouvrages en
français portant
sur l’économie
collaborative.
© D.R.
à présent une phase de consolidation qui est à l’œuvre. Des leaders
émergent, des sociétés n’ayant pas
réussi à atteindre la taille critique
disparaissent.
De là découle actuellement une
véritable course de vitesse entre
acteurs d’un même secteur, afin
de prendre la main sur le marché.
L’enjeu est de taille : la plateforme
proposant l’offre la plus large étant
aussi celle qui attirera le maximum
de nouveaux utilisateurs, il n’y
aura quasiment de place viable
que pour le numéro un.
En conséquence, la notoriété des
marques de l’économie collaborative est essentielle pour ses
acteurs. D’où la part importante
des budgets dédiés à la communication – avec des campagnes
mettant régulièrement en avant
les particuliers eux-mêmes.
Cette volonté d’expansion passe
également par la multiplication des outils visant à rassurer
les consommateurs quant à la
fiabilité des services proposés.
« Transactions sécurisées, notation
des utilisateurs : plusieurs systèmes
sont mis en place pour générer de
la confiance », résume Louis-David
Benyayer.
Hiver 2014 / 2015 11 www.decideursenregion.fr
DOSSIER
La consommation collaborative
Face à la vague collaborative,
penser au service client
Est-ce le cas de la SNCF qui se lance
dans le covoiturage avec iDVroom ?
On pourrait l’analyser ainsi. Mais cette
initiative traduit également quelque
chose de plus fondamental. L’entreprise est là dans une approche plus
large : elle sort du transport ferroviaire pur (logique de « produit », de
branche) pour s’inscrire dans la mobilité (logique fonctionnelle, d’usage).
Elle a compris ce qu’expriment les
consommateurs à travers l’économie
collaborative : ils recherchent des
solutions efficaces à leurs besoins. Les
entreprises traditionnelles ne doivent
donc plus proposer des produits mais
bien des solutions. La SNCF vendait
des kilomètres de train ? Elle offre
désormais de la mobilité, qui passe
par le train, mais aussi le taxi, le bus, le
covoiturage…
Les entreprises doivent donc avant
tout analyser les nouvelles attentes
des clients…
Oui, quand le consommateur fait du
Les entreprises traditionnelles
ne doivent donc plus proposer
des produits mais des solutions.”
covoiturage, il nous dit que ce qui
compte pour lui, c’est de se déplacer
d’une manière qui optimise le rapport
« effets utiles/coûts », ce qui n’est
pas toujours le cas avec l’achat d’une
voiture neuve. C’est un signal qui
doit inciter les entreprises à accélérer
l’ « orientation client ». Elles pensaient
« produit », elles doivent désormais se
tourner vers le client pour lui rendre
véritablement service par l’offre de
solutions intégrées. Et cela ne passe
pas forcément par la mise en place
d’un modèle de consommation collaborative qui, souvent, ne correspond
pas à la culture de ces organisations.
Fondamentalement, il s’agit de réussir
le passage d’un capitalisme industriel
à un capitalisme « serviciel ».
Est-ce que, sur le terrain, les entreprises commencent à passer de ces
notions théoriques à la pratique ?
Le pli est progressivement pris. Citons
par exemple le cas de Renault qui
vient de s’associer à Bolloré pour produire ses Bluecar et travailler sur les
systèmes d’autopartage. L’idée n’est
plus de proposer aux consommateurs
l’achat d’une voiture, mais de bénéficier de l’usage d’une automobile en
payant une mensualité pour l’accès
à la flotte, son entretien, l’énergie et
l’assurance.
Philippe Moati,
est professeur
d’économie
à l’université
Paris-Diderot et
codirecteur
de l’Observatoire
Société et
Consommation
(ObSoCo).
Il est notamment
l’auteur de
La nouvelle
révolution
commerciale.
Il est une
personnalité
associée
au Conseil
économique,
social et
environnemental.
DES SERVICES COLLABORATIFS POUR LES PROFESSIONNELS
Les entreprises traditionnelles peuvent être,
elles-mêmes, consommatrices de services
collaboratifs. « On observe de telles pratiques
dans les relations entre TPE, note Philippe
Moati. La plus visible est le partage d’espaces
de coworking. » Certains usages sont déjà
opérationnels, comme l’embauche d’un
cadre en temps partagé. D’autres émergent :
« on constate une propension croissante
des entreprises à exploiter la disposition des
consommateurs à collaborer et à participer,
notamment à travers le crowdsourcing,
la co-innovation ou le co-design. »
© RamCreativ
DÉCIDEURS EN RÉGION : Les entreprises traditionnelles peuvent-elles
être impactées par le développement de l’économie collaborative ?
Philippe Moati : Cela peut être le
cas dans certains secteurs (hôtellerie, taxis...). Mais est-ce que ces
entreprises doivent réagir en développant elles-mêmes des activités
de consommation collaborative ?
La réponse varie. On voit mal, par
exemple, un groupe hôtelier lancer
des locations entre particuliers. Ceci
étant, certaines sociétés peuvent estimer que, si elles mettent en place de
telles activités, elles pourront bloquer
le marché et dissuader l’entrée de
nouveaux acteurs.
© D.R.
Pour Philippe Moati, dans le contexte du développement de l’économie collaborative,
les entreprises traditionnelles doivent désormais penser prioritairement au service client
plus qu’au produit lui-même.
Hiver 2014 / 2015 12 www.decideursenregion.fr
DOSSIER
La consommation collaborative
Covoiturage : BlaBlaCar
zoom sur un cas emblématique
Plus de 90 % des annonces françaises de covoiturage passent par BlaBlaCar, cette plateforme
communautaire qui vise désormais la place de numéro 1 mondial du secteur. Une rencontre
avec Laure Wagner, sa porte-parole, permet de cerner les points clés de cette réussite.
Leader mondial
Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas
là : « Nous devons poursuivre notre
croissance et conquérir d’autres marchés, avec pour objectif de devenir
le leader mondial », indique Laure
Wagner. C’est en ce sens que l’entreprise a effectué une impressionnante
levée de fonds en juillet dernier :
100 millions de dollars soit 73 millions
d’euros. « Cela doit nous permettre de
conquérir le monde. » Une nouvelle
étape a été franchie en septembre
avec l’implantation de BlaBlaCar
en Turquie.
Pour lancer son activité dans de
nouveaux pays, l’entreprise privilégie
des opérations de croissance externe.
Quand elle le peut, elle rachète des
structures ayant déjà déployé une plateforme de covoiturage. Cela a été le
Nous devons
poursuivre
notre
croissance
et conquérir
d’autres
marchés.”
© BlaBlaCar / David Lefevre
Pour Laure Wagner, porte-parole de
BlaBlaCar, l’expression résume bien
la loi qui s’impose parmi les sites
de consommation collaborative.
« À terme, sur un secteur donné, on
observe souvent que l’un des acteurs
concentre 90 % du marché, les autres
se partagent les 10 % restants. » Ce
qui implique une course de vitesse
pour s’imposer et devenir le leader.
Dans ce challenge, son entreprise
a, jusqu’alors, excellé. BlaBlaCar, qui
met en relation des conducteurs
ayant des places libres et des passagers cherchant à effectuer un trajet
précis, est aujourd’hui le premier
site européen de covoiturage. Créée
en 2006 par Frédéric Mazella sous
le nom de Covoiturage.fr, la start-up
est perçue comme l’une des belles
réussites de l’économie collaborative.
© D.R.
Le gagnant emporte tout
Laure Wagner,
porte-parole de
BlaBlaCar
cas en Italie, Pologne ou Russie. Elles
deviennent les têtes de pont de la
conquête de ces nouveaux marchés.
Des têtes de pont des plus utiles,
disposant d’une bonne connaissance
des spécificités du pays et des habitudes de consommation. Ces atouts
en main, BlaBlaCar lance alors de
vastes campagnes publicitaires sur
le Web pour travailler sa notoriété et
asseoir son développement.
Objectif N° 1 :
croissance des utilisateurs
Les ambitions de la plateforme ont
toutefois un coût : la structure est
aujourd’hui déficitaire – ses revenus
proviennent de la commission de
11 % prélevée sur chaque transaction.
« Nous faisons le choix pour l’instant
de la non-rentabilité pour nous étendre
à l’international le plus tôt possible.
C’est seulement dans une phase
ultérieure que nous nous pencherons
sur notre rentabilité », indique Laure
Wagner. L’essentiel est aujourd’hui,
pour BlaBlaCar, de prendre sa place.
Hiver 2014 / 2015 13 www.decideursenregion.fr
Les seules courbes de croissance
qu’elle livre sont donc, pour l’instant,
celles du nombre d’utilisateurs de ses
services. Et elles ont de quoi impressionner : la progression a été de
100 % par an entre 2009 et 2013.
Elle devrait être de 200 % en 2014.
La confiance
comme clé du succès
Le succès de BlaBlaCar repose
notamment sur la confiance.
De nombreuses fonctionnalités
ont progressivement été mises
en place en ce sens : le portrait
des usagers, la vérification
des coordonnées ou un système
d’évaluation approfondi.
Le covoiturage,
un acte citoyen
Le covoiturage, c’est économique,
convivial et… écologique. Diminuer
le nombre de voitures sur les routes,
c’est réduire les embouteillages et
les accidents. Il en découle aussi une
diminution de la pollution et de la
consommation d’énergie.
© Wavebreakmedia Ltd
FINANCER POUR INNOVER
Une ordonnance novatrice
pour le crowdfunding
Le 30 mai 2014, le gouvernement a rendu une ordonnance encadrant le crowdfunding,
technique de financement participatif qui fait appel, via des plateformes en ligne, aux
dons, prêts et prises de participation du public. Complétée par un décret en date du
16 septembre et applicable à partir du 1er octobre, cette réglementation était attendue
par l’ensemble de la profession. Voici ses points clés.
L
e crowdfunding, littéralement « financement par la foule»,
est en plein essor. Dans le monde, les fonds collectés à
ce titre ont atteint 5,1 milliards de dollars en 2013, en
croissance de 100 % par rapport à 2012(1). En France, les
montants en jeu sont encore assez limités, mais la
progression est spectaculaire. Les financements
participatifs ont ainsi doublé en un an, avec 66 millions
d’euros collectés au premier semestre 2014, contre
33 millions en 2013 sur la même période(2).
Les plateformes de prêts en ligne (Babyloan, Prêt de chez
moi…) représentent 56 % de cette collecte, devant les
plateformes de dons (Agir&Co, Arizuka…), avec 29 % des
fonds drainés, le reste (15 %) étant réalisé par les
plateformes d’investissement au capital (Anaxago,
SmartAngels...). Sur ce marché émergent, le statut des
opérateurs et de leurs pratiques souffrait de nombreuses
incertitudes juridiques. Aussi l’ordonnance du 30 mai
2014 apporte-t-elle une nécessaire clarification.
LA CAISSE D’EPARGNE
ET LE CROWDFUNDING
La Caisse d’Epargne commence
à intégrer ces modes de financement
à son action en faveur du
développement. Le principe consiste
à amener un porteur de projet
à compléter son apport personnel par
les fonds versés par les internautes,
afin de pouvoir lui faire crédit. Dans ce
cadre, la Caisse d’Epargne Loire Centre
a ainsi un projet d’accord avec une
plateforme de financement participatif.
Hiver 2014 / 2015 14 www.decideursenregion.fr
Autorisation des prêts entre particuliers
L’ESSOR
DU CROWDFUNDING
Création de statuts régulés
Fonds collectés
© Cienpies Design
Première mesure d’importance : l’ordonnance met en
place une dérogation au monopole bancaire en
autorisant le prêt de particuliers à des personnes morales
(entreprises, associations…), pourvu que les premiers
agissent à des fins non professionnelles ou commerciales.
Il faut également que le prêt soit consenti dans le cadre
du financement participatif de projets déterminés,
n’excède pas le taux d’usure et respecte un plafond fixé
par décret, celui-ci devrait s’établir à 1 000 euros par
particulier et à un million d’euros par projet.
Cette disposition est une grande première, qui devrait
accélérer la croissance du secteur. D’autant qu’elle
s’accompagne d’une simplification des formalités pour
les particuliers prêteurs.
(en France)
Deuxième innovation majeure : la création de statuts
régulés pour les plateformes de crowdfunding. Les
opérateurs de prêts participatifs en ligne seront ainsi
tenus d’adopter le nouveau statut d’Intermédiaire en
financement participatif (IFP), avec à la clé diverses
obligations. En particulier l’inscription au registre des
intermédiaires financiers (ORIAS) ainsi que le respect
de règles de bonne conduite et de transparence.
Les plateformes de dons en ligne pourront également
opter pour ce statut, sans qu’il soit ici obligatoire.
Quant aux plateformes proposant une entrée au
capital de start-up et de PME (equity crowdfunding),
elles devront prendre la forme, instituée par
l ’o r d o n n a n c e d u 3 0 m a i , d e C o n s e i l l e r e n
investissements participatifs (CIP).
Un statut soumis aux règles de bonne conduite et de
transparence proches de celles applicables aux
sociétés d’investissement, dont le respect sera
contrôlé par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
1er semestre 2013
33 millions €
Les collectivités territoriales
s’emparent progressivement du
crowdfunding. On recense deux
usages principaux : soutenir les
projets portés par leurs habitants
et récolter des fonds pour financer
leurs propres projets.
1er semestre 2014
66,4 millions €
X2
en 1 an
Sources : Financement
Participatif France.
Une réglementation pionnière
Si elle spécifie les obligations professionnelles des
CIP, l’ordonnance place peu de barrières à l’entrée.
Les CIP ne seront pas tenus à un minimum de fonds
propres : ils devront seulement présenter des moyens
dédiés suffisants et des compétences spécifiques. Par
ailleurs, les entreprises levant des fonds en crowdfunding
ne seront pas obligées de publier de prospectus visé
par l’AMF, à la condition que la levée ne dépasse pas
un certain seuil précisé par décret.
Enfin l’equity crowdfunding ne sera pas l’apanage des
CIP. Il sera également ouvert aux établissements de
crédit, aux entreprises d’investissement et d’assurance.
Avec cette ordonnance, dont la conception a
largement associé les professionnels du financement
participatif, la France est l’un des premiers pays à se
doter d’une réglementation en la matière.
Prochaine étape, pour les French crowdfunders :
étendre ce corpus de règles au sein de l’Union
européenne, afin de faire émerger des champions
continentaux face à Kickstarter, Lending Club et autres
géants américains.
Une opportunité
pour les
collectivités
(1) Source : cabinet
Massolution.
(2) Source :
Baromètre
1er semestre 2014
du crowdfunding
de Financement
Participatif France.
Dans le premier cas, les collectivités s’impliquent
pour faire émerger des initiatives locales. Dans ce
sens, le soutien au financement participatif prend
la dimension d’un service public. C’est ce qu’a
fait par exemple Rennes Métropole en lançant
en 2012 la Novosphère, réseau social de l’innovation. Ce dispositif vise à mettre en lumière des
projets locaux innovants en les labellisant. Parmi
ces derniers on compte plusieurs plateformes de
crowdfunding : Y Project, destinée à financer des
projets d’entreprises économiquement viables,
We Do Good, pour les projets orientés vers le
développement durable ou l’économie collaborative, ou encore Octopousse.
Faire appel à l’investissement citoyen
Dans le second cas, le crowdfunding est une alternative aux modes de financements classiques.
Ce dispositif démontre tout son intérêt dans les
domaines des énergies renouvelables et de la
conservation du patrimoine.
En Poitou-Charentes, la ville d’Esnandes a ainsi
initié, fin 2011, un concept de financement participatif pour permettre aux citoyens de devenir des
acteurs directs du développement des énergies
renouvelables dans leur commune. Cela a permis de récolter une partie des fonds nécessaires
(5 000 euros, sous forme de prêt) à la pose de
panneaux solaires photovoltaïques sur la toiture
des bâtiments des services techniques.
Autre exemple : à Ladevèze-Rivière, petite commune du Gers, une campagne de crowdfunding
a été lancée en début d’année pour financer une
partie des travaux de restauration de l’église
Saint-Laurent. L’objectif (atteint) était de récolter
4 000 euros destinés notamment à la réfection
des lustres.
Hiver 2014 / 2015 15 www.decideursenregion.fr
PAROLES D’EXPERT
L’innovation fiscale,
au cœur de l’avenir économique ?
Dans Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty soutient que la mise en place
d’un impôt mondial sur le capital représente la solution d’avenir, notamment
pour faire face à la montée des inégalités. Le point.
© D.R.
D
es revenus du patrimoine qui augmentent plus vite que
ceux du travail : voilà pour Thomas Piketty la cause de
l’accroissement durable des inégalités au sein des
sociétés. Et la question serait plus que jamais d’actualité :
l’auteur estime que le XXIe siècle est marqué par
« le grand retour des patrimoines », retour qui n’est pas
sans rappeler les situations rencontrées dans les pays
industrialisés au XIXe siècle et à la Belle Époque.
Un renouvellement du regard
Son ouvrage, Le capital au XXIe siècle, se veut avant tout
un livre d’histoire. Histoire du patrimoine, du capital,
des inégalités, des revenus. L’observation de leurs
dynamiques, sondées dans une vingtaine de pays,
sur plus de deux siècles, est le résultat d’un travail
scientifique mené par Thomas Piketty et son équipe
durant une quinzaine d’années. Il permet de porter
un regard renouvelé et de remettre en perspective le
monde d’aujourd’hui pour mieux le comprendre.
Quels enseignements en tirer ? Que le XXe siècle aurait
été une parenthèse moins inégalitaire, durant laquelle
les deux guerres mondiales ont fait table rase d’une
grande partie des patrimoines. Les Trente Glorieuses ont
été un temps de « rattrapage économique » où la forte
croissance de 5 % par an et l’inflation élevée ont permis
à la classe moyenne de se constituer un patrimoine.
Une utopie utile
Mais depuis 30 ans, une tendance à la concentration
croissante des patrimoines s’observe, la faible
croissance actuelle des sociétés occidentales confortant
cette tendance. Pour l’économiste, « le passé dévore
l’avenir ».
Face à ce constat, Thomas Piketty propose une « utopie
utile ». Il appelle de ses vœux la mise en place d’un
« impôt progressif annuel sur le capital ». L’auteur
évoque des barèmes d’imposition allant de 0,1 à 0,5 %
par an sur les patrimoines inférieurs à 1 million d’euros
et « pouvant monter jusqu’à 5 à 10 % par an pour
les fortunes de plusieurs centaines de millions ou de
plusieurs milliards ». Cette taxation aurait vocation à
se déployer à l’échelle mondiale, ou déjà européenne.
Ce qui ne serait pas le moindre des défis à relever,
comme le reconnaît l’économiste. Il est néanmoins
important que la réflexion soit ouverte sur ces sujets
même si « la recherche en sciences sociales n’a pas
vocation […] à se substituer au débat public, démocratique
et contradictoire ».
La bonne solution
est l’impôt progressif
annuel sur le capital.”
Thomas Piketty
est un économiste français, directeur d’études à l’École
des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est
un spécialiste de l’étude des inégalités économiques et
auteur de nombreux ouvrages. Sa dernière publication,
Le capital au XXIe siècle (Le Seuil, 2013), a rencontré un
grand succès dans le monde et suscité de nombreux
débats, notamment outre-Atlantique.
Hiver 2014 / 2015 16 www.decideursenregion.fr
ӡlj/sˆǐQˆœǁTp/¨¨Àҭs/œ˜/¹/®œ
du patrimoine augmentent plus vite
que ceux du travail.
1 % à 1,5 % :
taux de croissance annuel moyen
prévisionnel dans les pays
développés au XXIe siècle.
4%à5%:
rendement annuel moyen
du capital au XXIe siècle.
L’insolite,
un levier d’innovation
pour l’entreprise
2 exemples
insolites
et innovants
Comment un chef d’entreprise
peut-il innover en se basant sur
votre modèle ?
Un chef d’entreprise peut choisir
d’être à l’écoute des tendances et il
produit alors du nouveau dans la tendance du moment. Il peut aussi choisir de s’appuyer sur la R&D, d’avoir
recours à une technologie innovante,
et alors il produit une innovation
Mbappe,
est enseignantchercheur,
professeur
de créativité
à « Novancia
Business School »
(école de la CCI
Paris Ile-deFrance). Elle a
reçu en 2009
le Grand Prix
de la Réflexion
impertinente
sur l’innovation
du CNAM.
Son ouvrage :
L’insolite :
moteur
d’innovation.
Être hors
tendance pour
être fort, Dunod,
Collection
Stratégies et
Management,
2013, 216 pages.
Pourquoi les entreprises qui font
le choix de l’innovation insolite
résistent-elles mieux à la crise ?
Parce qu’elles sont hors des modes
et des tendances, et riches de leur
logique propre. Cela leur permet de
se différencier et de cibler des niches
de marché, faiblement concurrentielles. Pour l’entreprise c’est une
force, voire une arme compétitive,
car en cassant les codes habituels
de consommation, elle peut cibler
des populations atypiques, proposer de nouvelles expériences et
répondre à un besoin très spécifique ou inédit. De plus, elles sont
moins coûteuses puisque la créativité qui les sous-tend tient plus
à un regard nouveau porté qu’à
une hypertechnicité. En période de
crise, les sociétés créatrices d’insolite misent sur l’émotionnel, la praticité, la référence à des valeurs... En
cela, l’originalité peut constituer un
atout anticrise. Mais n’oublions pas
qu’une innovation ne sera réussie
que si elle arrive sur le marché au
bon moment et au bon endroit.
Hiver 2014 / 2015 17 www.decideursenregion.fr
> L’idée conformiste :
une poignée de porte
s’ouvre avec les mains
> LE PRODUIT INSOLITE :
un système d’ouverture
des portes sans les mains
> Une entreprise :
Ulna (Monaco)
© D.R.
Comment naissent ces innovations
insolites ?
Elles sont toujours le résultat
d’une association à la fois hardie
et réussie entre une offre et un
contexte d’utilisation ou d’activité. En liant deux plans inattendus,
et à première vue inconciliables,
on se place sur un troisième plan
qui devient innovant. L’originalité,
l’inattendu naissent du contraste
généré par la mise en présence
de deux systèmes de référence.
sophistiquée et/ou simplificatrice.
Dans le cas d’une innovation insolite, l’entreprise propose des produits ou services hors tendance et
s’attache à introduire de nouveaux
usages. Bien sûr, on ne s’attend
pas à voir toutes les entreprises
L’originalité
peut constituer s’attaquer au marché du chocolat à inhaler ! Les produits et serun atout
vices insolites ne s’adressent pas
anticrise.”
à la grande consommation mais à
Anne Brunetdes marchés « de niche ».
© D.R.
DÉCIDEURS EN RÉGION : Comment définir l’innovation insolite ?
Anne Brunet-Mbappe : Il s’agit
de produits, de services, voire de
modes de management extrêmement originaux à tel point qu’ils
étonnent, parfois dérangent, mais
aussi séduisent et qui interpellent
toujours par la rupture qu’ils introduisent. Ces innovations qui créent
une rupture particulière avec nos
codes habituels implicites sont pérennes. Le fait d’être hors normes,
à l’écart des tendances permet de
se différencier et d’atteindre un
marché.
© D.R.
Emballages comestibles, taxi pour enfant, bijoux végétaux…
Anne Brunet-Mbappe présente pour la première fois un
modèle théorique de l’originalité entrepreneuriale dans son
ouvrage L’insolite : moteur d’innovation. Une ode à un véritable
levier de compétitivité.
> L’idée conformiste :
une maison est construite
par des professionnels
> LE PRODUIT INSOLITE :
maison livrée prête à finir
> Une entreprise :
Mikit (Isère)
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SP Plus est une solution de paiement en ligne sécurisé. Il
s’agit d’une interface de paiement enrichie de services
performants, qui répond aux besoins des bailleurs, mais
aussi des commerçants, des artisans, des associations ou
des collectivités locales, disponible 24 h sur 24. L’outil de
gestion de caisse permet de consulter en temps réel le
détail des transactions et de surveiller au mieux son activité.
Comment ça marche ?
Pour y souscrire, il faut s’adresser à un Chargé d’affaires de
la Caisse d’Epargne. La solution SP Plus est compatible
Open Source, et donc s’adapte à 95 % des systèmes informatiques. Sa mise en place technique se fait rapidement et
simplement. Cette plateforme de paiement offre une
double sécurité : la norme PCI DSS constitue le premier
niveau et, plus spécifiquement, le 3D-Secure permet
d’authentifier la carte de paiement. Le client internaute
reçoit alors un SMS avec un code qu’il doit ensuite saisir
pour finaliser la transaction.
Les bénéfices
Les plus …
L’abonné dispose d’un outil d’administration souple d’utilisation, à l’ergonomie intuitive, qui lui fait gagner du temps.
Il offre à son client une solution de paiement simple, sûre,
accessible en quelques clics et sans frais. De multiples
fonctionnalités et services y sont associés pour faciliter la
gestion : différents moyens de paiement, choix de la
langue, mise en œuvre 3D-Secure, etc. La gamme SP Plus
propose également une offre complète de modalités de
paiement par carte bleue. Enfin, grâce au service de
contrôle des risques, l’abonné a la possibilité de paramétrer
le système pour éviter les paiements suspects.
La solution Je Paie En Ligne vous permet d’utiliser ce
service même si vous ne disposez pas d’un site Internet.
Je Paie En Ligne,
“une solution clés en main”
Carole Charrier,
Responsable
des offres
e-commerce
de BPCE –
réseau Caisse
d’Epargne.
Hiver 2014 / 2015 18 www.decideursenregion.fr
“Si vous n’avez pas de site web,
l’offre Je Paie En Ligne est faite
pour vous. Cette solution clés en
main fait partie de la gamme SP
Plus. Il s’agit d’une page de
paiement sur Internet mise à
disposition par la Caisse d’Epargne
et qui permet d’encaisser des
paiements en ligne via un
formulaire. Le client n’a aucun
développement à faire et doit
seulement se tourner vers un
Chargé d’affaires pour y souscrire.”
CAISSE D’EPARGNE ILE-DE-FRANCE… À VOS CÔTÉS
En lançant son fonds de
soutien, la CEIDF ouvre
de nouvelles perspectives
aux PME franciliennes
© happydancing
La Caisse d’Epargne Ile-de-France (CEIDF), première
banque régionale du groupe BPCE, renforce son
engagement auprès des entrepreneurs et lance
son fonds de soutien aux PME franciliennes, Caisse
d’Epargne Ile-de-France Capital Investissement (CEIDF
Capital Investissement).
A
cteur majeur du financement de
l’économie francilienne, la Caisse
d’Epargne Ile- de-France, avec
9,8 milliards de crédits engagés en
2013 (+ 12 % par rapport à 2012),
poursuit son engagement auprès des
entreprises en créant sa structure de
capital investissement. Forte de ses 29
centres d’affaires répartis dans toute
l’Ile-de-France et de 200 commerciaux
au service de près de 11 500 clients,
entreprises et institutionnels, la Caisse
d’Epargne Ile-de-France est au contact
des réalités quotidiennes de tous les
Répondre aux besoins locaux
La création de cette nouvelle structure de Capital Investissement répond
très concrètement aux besoins locaux
d’apport en capitaux afin de soutenir
le développement des entreprises.
CEIDF Capital Investissement a
vocation à investir jusqu’à 100 millions
d’euros à travers des participations
minoritaires au sein de PME franciliennes réalisant un chiffre d’affaires
compris entre 2 et 100 millions
d’euros. Les tickets d’investissement
CEIDF Capital Investissement a vocation
à investir jusqu’à 100 millions d’euros.”
acteurs économiques franciliens.
Aujourd’hui, la Caisse d’Epargne
Ile-de-France souhaite consolider son
activité auprès des entreprises,
notamment les PME, dont le siège
social – ou l’activité principale – est
situé en Ile-de-France et qui ont
besoin d’apports en capitaux pour
dynamiser leur croissance et ainsi
favoriser l’emploi.
en capital ou en obligations convertibles se situeront entre 250 000 et
1 million d’euros. Ils pourront être
portés à 2 millions d’euros dans le cas
de réinvestissements. Le cas échéant,
certaines participations pourront faire
l’objet de co-investissements avec le
groupe BPCE, la puissance de celui-ci
permettant d’intervenir sur des
montants beaucoup plus importants.
Fidèle aux principes des Caisses
d’Epargne, CEIDF Capital Investissement se distinguera en investissant à
long terme et a vocation à accompagner les entreprises dans la durée.
Financer les étapes de la
croissance des entreprises
Les prises de participations minoritaires serviront ainsi à financer les
nouvelles étapes de la croissance des
entreprises concernées (conquête de
nouveaux marchés, développement à
l’international, commercialisation de
nouveaux produits/services...) ou à
assurer la transmission ou la réorganisation du capital. La Caisse d’Epargne
Ile-de-France crée cet instrument
régional de capital investissement
avec le concours de trois entités du
Groupe BPCE : Natixis, Alliance Entreprendre et Caisse Epargne Capital. Par
le lancement de ce fonds, la Caisse
d’Epargne Ile-de-France démontre à
nouveau son implication dans l’économie régionale à l’instar de ce qu’elle a
accompli en participant à la création
de fonds de revitalisation dédiés à la
sauvegarde de l’emploi.
Décideurs en Région est publié par BPCE - Société anonyme à Directoire et Conseil de surveillance au capital de 155 742 320 euros. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès-France - 75201 Paris cedex 13. RCS
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Delphine Schmidt. Conception-réalisation : Verbe. Impression : Editions de l’Epargne. EDEP 05.2014.18774 ISSN : 2114-2890
Hiver 2014 / 2015 19 www.decideursenregion.fr
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- Photo : Cormac Hanley.
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