Les socialistes doivent admettre ce fait cruel : la révolution numérique détruira plus d'emplois qu'elle
ne va en créer. Et sans doute plus que les révolutions précédentes, du fait d'une robotisation
exponentielle de la production, des échanges et des services.
Face à cela, nous devons tourner le dos aux recettes du passé. Il importe de prendre en considération
les nouveaux rapports de forces que crée cette révolution.
1) la remise en cause du périmètre de l'Etat impose une prise de conscience : les GAFA se jouent des
frontières, ils proposent des services gratuits, ne paient pas d'impôts. Ils régulent parfois eux-mêmes
internet, comme lorsque Google a de sa propre initiative décidé de déréférencer les sites faisant
l'apologie de Daesh. Cette révolution dans la révolution numérique est à l'oeuvre, la contraindre est
vain, il s'agit maintenant de trouver les bonnes régulations pour permettre notamment aux acteurs
européens de se créer, d'émerger et d'exister.
2) la révolution numérique s'accompagne d'une remise en cause du modèle économique que nous
connaissons depuis le 19ème siècle : le salariat. 50% des jeunes de la génération Y veulent créer leur
entreprise. Ils récusent le modèle vertical et rigide des grandes entreprises. Faire de la France un
pays innovant suppose de prendre en compte cette réalité, ce qui implique de repenser le TRAVAIL,
avant même de vouloir adapter le Code du Travail.
3) nous devons admettre que la disparition d'emplois salariés de manière massive oblige à
réorganiser la société. Dans la révolution numérique, ce sont les "opportunités" qui comptent, plus
que les "promesses". Chacun peut, accompagné, créer sa propre activé. A côté de l'activité servant à
procurer un revenu, se joue l'économie collaborative ou du partage : j'échange mon appartement, je
loue ma voiture quand je ne l'utilise pas, je participe au marché de 2ème vie pour les objets dont je
ne me sers plus, j'adhère à une AMAP, je travaille dans un jardin partagé, je milite dans une
association liée à mon domaine d'activité... Cette réorganisation du temps d'activité entre temps de
travail et temps d'épanouissement ou d'accomplissement doit être encouragée.
4) La disparition des emplois salariés doit nous encourager à repenser le modèle courant en matière
de temps de travail. Nous devons en finir avec cette lune que la croissance créera de l'emploi. Ce
n'est plus vrai. Deux modèles s'offrent à nous : revenu universel pour chaque citoyen et une taxation
progressive des revenus salariés à proportion du temps travaillé ou la réduction stricte du temps de
travail pour que le plus grand nombre accède à un revenu et participer ensuite à l'économie
collaborative.
5) la révolution numérique et l'émergence de l'économie du partage interrogent la notion de
"propriété". Pour louer sa voiture, échanger son appartement, il faut en être propriétaire. La
question pour les jeunes générations est celle de l'accès à la propriété de ces biens qui permettent
de participer à l'économie collaborative. Un nouveau champ d'exploration pour les socialistes pour
lutter contre les inégalités.