Âgisme…le mal souterrain www.aqdr.org Louis Plamondon Juriste et sociologue président ASSEMBLÉE DES PRÉSIDENTS 2 ET 3 NOVEMBRE Définitions C’est dans le Dictionnaire des personnes âgées, de la retraite et du vieillissement (1984) que l’âgisme a fait son apparition officielle dans la langue française (Hummel, 2002). Dans cet ouvrage, l’âgisme est défini comme l’« attitude ou [le] comportement visant à déprécier les individus du fait de leur âge ». Une note indique que le terme âgisme s’est formé par analogie avec le terme racisme et qu’il s’emploie plus particulièrement pour désigner la discrimination dont sont victimes les personnes âgées. Selon Burchett (2005), le racisme et le sexisme représentent les préjugés basés sur ce que l’on est, alors que l’âgisme représente les préjugés sur ce que nous devenons. La race et le sexe sont déterminés à la naissance tandis que l’âge évolue tout au long de la vie. R Butler (1975), le définit comme une discrimination basée sur l’âge. Il développe sa pensée en spécifiant que l’âgisme envers les personnes âgées concerne une vision biaisée du vieillissement où un ensemble de préjugés négatifs stéréotypés sont attribués sans distinction à toute personne âgée Les propos peuvent se manifester, à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes, notamment par des paroles, des actes ou des gestes répétés, à caractère vexatoire ou méprisant. Il renvoie simplement aux stéréotypes ou aux préjugés envers les personnes âgées. Dossier Labeaume un exemple parmi d’autres Dans le contexte des déclarations du maire Labeaume sur la place des aînés à Québec et face à la volonté des organismes d'ainés de contrer l'âgisme, l'AQDR invitent les présidents à participer à un échange débat en vue d'organiser la réplique des aînés solidaires contre les propos âgistes qui tendent à discriminer les personnes âgées de Québec dans tous nos milieux. Consignes aux participants Recherchez dans le texte de Carole Beaulieu rapportant les propos du Maire Labeaume toutes les expressions qui pourraient correspondre à des propos âgistes de sa part. Dites pourquoi cela vous semble répondre aux critères de la définition proposée Bilan des groupes Âgisme et discrimination Qu'est-ce que la discrimination ? Toute personne au Québec a droit d'être traitée en pleine égalité et, par conséquent, à la protection contre la discrimination interdite dans l'exercice de l'ensemble des droits et libertés reconnus par la Charte. Il y a discrimination interdite lorsqu'un individu ou une organisation se fonde sur une « caractéristique personnelle » de quelqu'un pour lui refuser, par exemple, un emploi, un logement, l'accès à un lieu public ou l'exercice d'un autre droit reconnu par la Charte. Pour être interdite, la discrimination ne doit pas obligatoirement être directe. Elle peut aussi découler d'une règle apparemment neutre, applicable à tous, mais qui a des effets préjudiciables sur une personne à cause d'une « caractéristique personnelle » définie comme un motif de discrimination. Harcèlement selon la charte québécoise des droits de la personne Qu'est ce que le harcèlement discriminatoire ? La Charte accorde à tous une protection contre le harcèlement fondé sur les caractéristiques définies comme motifs de discrimination interdite énumérés à l'article 10 de la Charte. Sauvegarde de la dignité.Article de la charte4. Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation. Le harcèlement discriminatoire peut se manifester, à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes, notamment par des paroles, des actes ou des gestes répétés, à caractère vexatoire ou méprisant. Un seul acte grave engendrant un effet nocif continu peut aussi constituer du harcèlement. Ces conduites sont de nature à porter atteinte à la dignité ou à l'intégrité physique ou psychologique de la personne. Le harcèlement discriminatoire peut se manifester dans diverses occasions, mais lorsqu'il survient dans le cadre d'un emploi, l'employeur peut être tenu responsable des actes commis sur les lieux de travail par son personnel ou des tiers (clients, fournisseurs ou autres). Il doit donc intervenir rapidement pour corriger la situation. L'employeur peut aussi prévenir et contrer le harcèlement discriminatoire, par exemple, en adoptant une politique à cet effet et en s'assurant que le personnel en est informé. conclusion Avant d’être un symptôme de sociétés malades, l’âgisme est aussi un outil au service d’une idéologie qui peut ainsi attirer nos regards vers de faux coupables. Car les stéréotypes âgistes constituent une manière fort habile de ne pas parler d’autres sujets, un moyen pratique de masquer d’autres réalités. Après tout, tant qu’on croit que ce sont les aîné-e-s qui sont riches, on évite de se pencher sur les inégalités qui existent, quelle que soit la génération, qu’on ait 20 ou 90 ans, entre les peu nombreuses personnes riches et les assez nombreuses personnes modestes ou pauvres. Après tout, tant que l’on peut accuser les aîné-e-s d’être responsables de nos crises économiques et des difficultés des plus jeunes, on évite de se pencher sur d’autres responsabilités. Après tout, tant que ce sont les très vieilles personnes qu’on peut associer à la maladie, au handicap et à la mort, on peut continuer à se croire éternellement jeunes, rapides, performants, invulnérables… Ils sont donc bien utiles, les aîné-e-s, pour masquer et empêcher d’autres questions, d’autres réflexions, d’autres responsabilités. Jérome Pellissier