Après avoir montré en lui le réformateur, il restait à faire connaître
le philosophe : c'est l'objet de la troisième partie, et nous avons pu
rassembler, sur les questions les plus importantes de la
métaphysique, de la psychologie et de la morale, un assez grand
nombre d'opinions, qui permettent de rendre à Bacon sa place
parmi les docteurs de l'école. Il était impossible de passer sous
silence les travaux et les découvertes scientifiques de Roger Bacon.
Si ses ouvrages eussent été imprimés, nous eussions laissé à
d'autres plus compétents cette œuvre difficile; mais, placé entre ces
deux alternatives ou de tracer une ébauche imparfaite, ou de
négliger des renseignements qui courent risque de rester longtemps
inconnus, nous avons cru devoir prendre plutôt conseil des devoirs
du biographe que des inquiétudes de l'amour-propre. La cinquième
partie se compose tout entière d'extraits et d'analyses. Pour justifier
l'exposition de doctrines enfouies clans de vieux manuscrits, il
aurait fallu prodiguer les notes au bas de chaque page; nous avons
préféré les réunir à la fin de l'ouvrage, où elles forment comme un
résumé des œuvres les plus importantes de Roger Bacon.
Cet essai n'a pas de conclusion ; il est purement historique, et nous
nous sommes astreint à ne joindre aux idées et aux opinions de
Roger Bacon que les explications nécessaires pour les faire
comprendre. Nous ne croyons pourtant pas, avec un savant
écrivain, que la finesse de l'esprit consiste peut-être à s'abstenir de
conclure. Cette étude n'a pas pour but un jugement sur Roger
Bacon, mais une exposition assez fidèle pour permettre à ceux dont
ce nom éveille la curiosité, de le juger en connaissance de cause;
elle ne se propose pas non plus d'exalter ou de rabaisser le moyen
âge, mais de faire entendre sur cette époque la voix d'un témoin
éclairé qui l'a vue de près et n'a pas eu à s'en louer. On peut différer
d'avis sur la justesse des accusations dont il poursuit son siècle, les
condamner comme l'expression d'une vanité déçue et d'un orgueil
indocile, ou bien les attribuer à une sagacité qui devance l'avenir et