ChristopheRegina Francis Bacon : formation et renouveau de la pensée scientifique 1) Analyse critique (notée sur 10 points) Faites le commentaire composé des 6 documents proposés, en soulignant leur intérêt et leurs limites éventuelles pour la compréhension du thème. 2) Exploitation adaptée à un niveau donné (notée sur 10 points) Rédigez un écrit de synthèse, résultant de l’analyse critique des documents et visant à la transmission d’un savoir raisonné, en mettant en évidence les notions, les connaissances et les documents ou extraits de documents que vous jugerez utiles à un enseignement d’histoire au niveau que vous aurez choisi. Document 1 : L’alchimie est omniprésente dans l’œuvre de Francis Bacon, et cela pour au moins deux raisons, qui correspondent aux deux aspects de son œuvre philosophique. D’une part, Bacon entend construire une nouvelle philosophie naturelle, pour laquelle il amasse des matériaux. Ce projet s’accomplit partiellement dans une série de petits traités comme le Phaenomena universi, le De fluxu et refluxu maris ou le De viis mortis, ou encore dans la Sylva sylvarum or a Natural History in Ten Centuries. Bacon y utilise les travaux des alchimistes comme données, éventuellement corrigées, pour alimenter ses réflexions sur les éléments, les esprits, la constitution des métaux, les sels et, d’une façon plus générale, sur tous les processus de transformation et d’amélioration des corps naturels, qu’ils soient d’origine minérale, végétale ou animale. D’autre part, Bacon veut imposer aux sciences une nouvelle méthode de recherche qui échappe aussi bien au dogmatisme de la pensée scolastique qu’aux errements d’un empirisme incapable de tirer profit des faits observés. Il s’agit alors, pour Bacon, de savoir si les travaux des alchimistes ne constituent que l’illustration de cette recherche aveugle d’artisans sans méthode qui se prennent pour des philosophes, ou si, au contraire, ils constituent la première esquisse d’une démarche scientifique qu’il convient de perfectionner. C’est surtout dans le Novum Organum que Bacon tire parti des travaux des alchimistes, puisque, dans le livre II, il s’appuie sur la transmutation en or et les usages du feu pour donner des exemples de la manière dont doivent être conduites les recherches dans « une histoire naturelle et expérimentale qui soit suffisante et de qualité » (…). Bernard JOLY, « Francis Bacon réformateur de l’alchimie : tradition alchimique et invention scientifique au début du XVIIe siècle », Revue philosophique de la France et de l'étranger, Presses Universitaires de France, 2003/1 Tome 128, p. 23-40 Document 2 : La vie de Francis Bacon - 1561 : naissance à Londres. - à 13 ans, il entre à l’Université de Cambridge. - à 16 ans, il rédige un ouvrage de réfutation d’Aristote. - 1576-1579 : il voyage en France pour « s’instruire des moeurs de ses provinces ». 1 ChristopheRegina - à 19 ans, il rédige un traité sur l’État de l’Europe. Après la mort de son père, Bacon entreprend des études de droit et devient avocat. - 1593 : il entre à la Chambre des Communes et devient le protégé du comte d’Essex, favori d’Élisabeth, puis se retourne contre lui et obtient sa condamnation. Devenu favori du roi Jacques Ier et du duc de Buckingham, il cumule alors titres et honneurs et sa fortune s’accroît considérablement. - 1618 : il est nommé grand chancelier. - 1621 : il est condamné pour corruption, perd sa charge et est rejeté de la vie publique. Il sera publiquement réhabilité, mais il meurt peu après, en 1626. Œuvres principales - The Advancement of Learning, traité « de la valeur et de l’avancement des sciences » (1605) - Instauratio magna (1620), dont la première partie est une présentation détaillée des divisions des sciences et la seconde partie, intitulée Novum Organum (ou « nouvelle logique » par opposition à celle d’Aristote), une méthode pour guider l’esprit et avancer dans les sciences. Cet ouvrage sera interprété comme une déclaration de guerre à l’aristotélisme. - La Nouvelle Atlantide (publiée après sa mort en 1627). Document 3 : L’intelligence humaine, quand elle a admis certaines doctrines, soit parce qu’elle les tient de la tradition et de la croyance publique, soit parce qu’elles lui plaisent, veut que tout leur soit subordonné et s’accorde avec elles. La force des objections et le grand nombre des difficultés devraient l’emporter ; mais elle ne les regarde pas, ou elle les dédaigne, ou bien elle les écarte et les rejette par une distinction, au grand détriment de la vérité ; mais il faut bien que l’autorité de ces préjugés demeure inviolable. On montrait un jour à une personne des tableaux suspendus dans un temple et offerts par des hommes qui avaient échappé au naufrage, puis on lui demandait avec instance si elle ne reconnaissait pas la providence des dieux : « Mais, dit-elle avec raison, où sont donc les portraits de ceux qui ont fait des vœux et qui ont péri ? » (…) L’esprit de l’homme est principalement touché par les choses qui se présentent et le frappent toutes ensemble et subitement : l’imagination d’ordinaire en est remplie et comme enflée ; quant au reste, par une opération secrète, il le suppose et l’imagine semblable à ce petit nombre d’objets qui l’assiègent ; mais quand il faut passer à ces expériences lointaines et d’une autre nature par lesquelles les axiomes s’éprouvent comme au feu, l’esprit est lent et inhabile, s’il n’est forcé par de dures lois et par un pouvoir violent. L’esprit humain marche toujours : il ne peut ni s’arrêter, ni se reposer ; il va sans cesse en avant, mais en vain. On ne peut concevoir de limites à l’univers ; il y a toujours quelque chose au delà. Mais cette impuissance de la pensée entraîne de plus grands dommages dans la recherche des causes : en effet, il y a certainement des universaux très réels dans la nature, et ils n’ont véritablement aucune cause ; mais l’esprit de l’homme, qui ne connaît point le repos, cherche des raisons encore plus claires ; toutefois, tandis qu’il court après les raisons éloignées, il retombe sur les causes les plus prochaines, qui sont les causes finales : or, ces causes existent en nous bien plutôt que dans l’univers ; et voilà la source où vient se corrompre la philosophie. Mais c’est le fait d'un ignorant et d’un mauvais philosophe de chercher une cause aux vérités les plus générales et de n’en pas chercher aux vérités secondaires et subordonnées. (…) Mais les plus grands embarras et les plus grandes erreurs de l’esprit humain ont pour cause la stupeur, l’incompétence et les égarements des sens ; ce qui les frappe de près l’emporte sur ce qui ne les atteint que de loin, et qui souvent devrait être préféré. La réflexion finit où s'arrête la 2 ChristopheRegina vue ; quant aux choses invisibles, on ne les observe pas. Ainsi échappe à l’homme toute opération des esprits renfermés dans les corps palpables. Nous ignorons de même ces transformations subtiles qui ont lieu dans les parties d’objets plus grossiers, changements que l’on appelle d’ordinaire des altérations, et qui sont en réalité des mouvements locaux dans les infiniment petits et cependant, si ces deux sortes de mystères ne sont étudiés et mis en lumière, on ne peut exécuter rien de grand dans la nature. (…) L'expérience seule fonde la connaissance, à condition qu'elle soit menée de façon raisonnable, en évitant de se jeter au hasard dans des routes incertaines et de procéder à des tentatives vaines et superficielles. L'expérimentation doit être menée avec méthode, en s'enquérant d'abord de tout ce qui a été écrit sur la matière, et en s'éclairant de toutes les observations antérieures. Tous les faits particuliers doivent être passés au crible, comparés les uns aux autres. La route n'est ni rectiligne ni plane ; elle monte aux axiomes et redescend à la pratique, l'un corrigeant l'autre. Quand ces préceptes seront passés dans l'usage, alors la lumière de la connaissance brillera pour les hommes. F. BACON, Novum Organum (1620), trad. français d'B. Burnouf, Extraits du Novum Organum de Bacon, Paris. 1850, p. 7-10. Document 4 : La réforme du savoir selon Francis Bacon, Two books of the proficience and advancement of learning human and divine, Londres, T. Homes, 16051. Les parties du savoir humain correspondent respectivement aux trois parties de l’entendement de l’homme, qui est le siège du savoir : l’histoire correspond à sa mémoire, la poésie à son imagination, et la philosophie à sa raison. Le savoir sacré admet la même distribution si bien qu’entrent aussi dans la théologie l’histoire de l’Église et les paraboles qui constituent la poésie sacrée, et aussi la sainte doctrine c’est à dire l’enseignement moral. L’histoire de la nature est de trois sortes : il y a l’histoire de la nature dans son cours ordinaire, l’histoire de la nature errante ou divergente, et celle de la nature transformée ou forgée – c’est à dire respectivement l’histoire des créatures, l’histoire des merveilles et l’histoire des arts. La seconde est utile pour deux raisons : la première est qu’elle permet de corriger le caractère partiel et partial des axiomes et des opinions, qui sont d’ordinaire constitués à partir seulement des exemples courants et familiers ; la seconde est que, des merveilles de la nature, part le chemin le plus court et la compréhension la plus brève menant aux merveilles de l’art. Car c’est tout simplement en suivant, ou pour ainsi dire en pourchassant la nature dans ses égarements, que l’on se rend capable de la conduire par la suite au même endroit. (…) Il serait bon de diviser la philosophie naturelle en deux, la mine et le fourneau, et de faire pour les philosophes de la nature deux professions ou deux emplois : certains seraient mineurs, et d’autres forgerons. Il doit y avoir deux parties dans la philosophie naturelle, la recherche des causes et la production des effets ; ou encore la philosophie spéculative et la philosophie opératoire, ou enfin la science naturelle et la prudence naturelle. 1 Sous la forme de deux longues lettres adressées au roi d’Angleterre Jacques Ier, Francis Bacon (1561-1626) propose une double réforme du savoir et des conduites de savoir : il faut à la fois que les sciences s’ouvrent à l’idée de « progrès » et que se constitue une communauté scientifique internationale, seule capable, par la pérennité de son institution, d’installer la connaissance humaine dans le processus continu d’un développement historique. L’ouvrage reçut, lors de sa parution, un accueil que l’auteur jugea décevant. Ainsi, pour se faire plus largement entendre des lettrés de son temps, Bacon envisagea-t-il, dès 1608, de faire traduire son livre en latin. Le projet aboutit en fait à une traduction doublée d’une révision, en l’espèce des neuf livres qui composent le De dignitate et augmentis scientiarum de 1623. 3 ChristopheRegina De même que nous avons divisé la philosophie naturelle en recherche des causes et production des effets, de même nous subdiviserons cette partie qui traite de la recherche des causes suivant la division traditionnelle et bien fondée des causes : d’une part, la physique, qui recherche et travaille ce qui a trait aux causes matérielles et efficientes ; d’autre part, la métaphysique, qui traite des causes formelles et finales. La physique se situe à une distance égale de l’histoire naturelle et de la métaphysique. Car l’histoire naturelle a pour tâche de décrire les choses dans leur variété ; la physique celle de décrire les causes, en tant qu’elles changent et sont particulières ; et la métaphysique celle de décrire les causes immuables et permanentes. Il n’est pas possible ni pertinent de chercher l’ensemble des formes de ces sons qui font les mots, lesquels, par composition et transposition des lettres, sont en nombre infini. Mais d’un autre côté on comprend aisément qu’on recherche la forme de ces sons ou de ces voix qui font les lettres simples, ce qui, une fois acquis, permet d’induire et de rendre manifeste les formes de tous les mots, lesquels sont constitués et composés de sons. De même, s’occuper de rechercher la forme d’un lion, d’un chêne, de l’or est une vaine entreprise, alors que rechercher les formes de la sensibilité, du mouvement volontaire, du mouvement végétatif, des couleurs, de la gravité et de la légèreté, de la densité et de toutes les autres qualités et natures qui, comme les lettres de l’alphabet, sont en nombre limité et desquelles sont faites les essences (dont la matière est le substrat) de toutes créatures ; rechercher les vraies formes de ces éléments est l’objet de cette partie de la métaphysique que nous définissons à présent. L’utilité de cette partie de la métaphysique est excellente à deux égards. Premièrement, c’est le devoir de toute connaissance, et sa vertu fondamentale, que de condenser l’étendue infinie de l’expérience des choses individuelles aussi loin que le permettra l’appréhension du vrai et d’apporter ainsi un remède à la doléance exprimée par la formule : « la vie est courte et l’art est long ». Ce devoir est accompli en unifiant les notions et les concepts des sciences. Car les savoirs sont comme des pyramides, dont l’histoire constitue la base. Ainsi l’histoire naturelle est la base de la philosophie naturelle. Le plan juste au-dessus de cette base est la physique, et le plan juste au-dessous du sommet est la Métaphysique. Quant au point du sommet, et la loi condensée de la nature, nous ne savons pas si la recherche humaine peut y atteindre. Qui en vient à connaître une forme connaît la plus grande possibilité de sur-imprimer cette nature sur n’importe quelle variété de matière, et se trouve ainsi moins entravé dans son opération, tant en ce qui concerne la matière, qui est la base, qu’en ce qui concerne l’efficient, qui est la condition. Francis BACON, Du progrès et de la promotion des savoirs divin et humain, Paris, Gallimard, Tel, 1991 (1605), p.86-117. Document 5 : Giambattista Vico, La science nouvelle, 1744. Nous voyons dans le Timée de Platon que, grâce à la méthode de la synthèse, l'école italique de Pythagore avait, porté fort loin la science des mathématiques. Un temps de Socrate et de Platon, Athènes resplendissait de tous les arts qui ornent l’esprit humain : elle excellait dans la poésie, dans l’éloquence, dans l’histoire, dans la musique, dans la métallurgie, la peinture, la sculpture et l’architecture. Ce fut ensuit le tour d’Aristote à inventer le syllogisme, méthode qui explique l'universel par le particulier, plutôt qu'elle ne rassemble les particularités pour en former des généralités ; ce fut le tour de Zénon, auteur du sorite, de cette méthode qui correspond à celle de nos philosophes modernes, et qui tend à augmenter la subtilité de l'esprit 4 ChristopheRegina humain, sans ajouter à sa pénétration. Ces deux philosophes n'ont apporté aucun bienfait réel au genre humain, et c'est avec raison que dans son Novum Organum, Le grand philosophe politique Bacon de Verulam rendit hommage à la méthode de l’induction. Les Anglais l'ont ensuite appliquée à la philosophie expérimentale. Giambattista Vico, La science nouvelle, Jules Renouard, Paris, 1844, p. 165. Document 6 : Induction et médecine Portrait de Thomas Sydenham (1624-1689) par Mary Beale (s.d.) National Portrait Gallery (Royaume-Uni) (…) Le médecin qui étudie avec le plus de soin et d'application les phénomènes des maladies devait être nécessairement le plus capable de connaître les véritables indications curatives. Voilà la méthode à laquelle je me livrai entièrement, bien persuadé que, si je suivais la nature, quand même je marcherais dans des routes inconnues jusqu'alors et abandonnées, je ne m'écarterais jamais en rien du droit chemin. Me gouvernant donc par cette règle, je m'appliquai à observer exactement les fièvres ; et, après m'être donné, pendant quelques années, bien des peines, des fatigues et des inquiétudes, je découvris enfin une méthode pour les guérir (…) Depuis lors, ayant observé de nouvelles espèces de fièvres qui m'étaient inconnues auparavant, et qui se succédaient continuellement les unes aux autres, je résolus de joindre ensemble, avec le plus de soin qu'il me serait possible, tout ce qui regardait cette matière, ou qui en dépendait, afin de suppléer à l'exiguïté de mon premier ouvrage par une histoire plus exacte et plus complète de ces maladies. Lorsque je méditais ce dessein, et que j'étais entièrement occupé à chercher une méthode propre à guérir toutes sortes de fièvres, eu égard aux divers changements que la nature y opère, et aux divers remèdes qu'il faut employer, je reconnus bientôt qu'au lieu de la reconnaissance que j'avais sujet d'attendre, je n'essuierais que des reproches, et que les uns m'accuseraient de ne suivre d'autre règle que mes propres idées, et les autres de n'en suivre absolument aucune. (…) Nonobstant les travaux des autres, j'ai toujours cru que j'aurais à me reprocher d'avoir vécu inutilement, si ayant pratiqué, comme j'ai fait, la médecine, je ne contribuais pas, du moins de quelque petite chose, à l'avancement de cet art. C'est pourquoi, après de longues et sérieuses 5 ChristopheRegina réflexions, et des observations faites avec beaucoup de soin durant plusieurs années, j'ai résolu, en premier lieu, de publier mon sentiment touchant les moyens de perfectionner l'art de guérir, et ensuite, de donner un échantillon de ce que j'ai exécuté dans cette matière. Or, je pense que, pour l'avancement de la médecine, il est nécessaire : 1° d'avoir une histoire ou description de toutes les maladies, la plus exacte et la plus fidèle qu'il est possible 2° d'avoir une méthode sûre et constante pour les traiter. Il est aisé de décrire superficiellement les maladies ; mais de le faire d'une manière exempte des défauts que le célèbre Vérulam2 reprochait aux écrivains de l'histoire naturelle, c'est tout autre chose. « On ne saurait disconvenir », dit ce grand homme, « que nous n'ayons une histoire naturelle très ample, pleine d'une agréable variété, et même de recherches curieuses. Néanmoins, si on en retranche les fables, les citations d'auteurs, les disputes inutiles, enfin, l'érudition étrangère et les ornements (choses qui sont plus propres à des entretiens de table et à des conversations de savants qu'à former des philosophies), il se trouvera qu'une belle histoire sera réduite à fort peu de chose et qu'elle sera bien éloignée de celle dont je me forme l'idée ». (…) Quant à l'histoire des maladies, si on examine la chose avec attention, on verra facilement que, pour en donner une bonne, il est nécessaire de porter ses vues beaucoup plus loin qu'on ne croit communément. Voici quelques-unes des choses qu'on doit observer. En premier lieu, il faut réduire toutes les maladies à des espèces précises et déterminées, avec le même soin et la même exactitude que les botanistes ont fait dans leurs traités sur les plantes. Car, il se trouve des maladies qui, étant du même genre et de même nom, et, outre cela, semblables en quelques symptômes, sont néanmoins d'une nature bien différente, et demandent aussi un traitement différent. On sait que le nom de chardon est commun à plusieurs espèces de plantes. Ce serait néanmoins être un botaniste peu exact que de donner seulement une description générale de cette plante, et de la distinguer par là des autres, sans s'embarrasser de marquer les signes propres et particuliers qui en caractérisent et distinguent chaque espèce. De même il ne suffit pas à un écrivain de marquer seulement les phénomènes communs d'une maladie qui a plusieurs espèces : car, quoique la même variété ne se trouve pas dans toutes les maladies, j'espère néanmoins montrer clairement dans cet ouvrage qu'il en est plusieurs dont les auteurs traitent sous un même nom, sans aucune distinction d'espèces, et qui sont cependant d'une nature très différente. (…) La principale raison, à mon avis, pour laquelle nous n'avons pas eu jusqu'à présent une histoire plus exacte des maladies, c'est que la plupart des auteurs ne les ont regardées que comme des productions confuses et irrégulières d'une nature affaiblie et déconcertée ; et qu'ainsi, on aurait cru perdre son temps et sa peine en travaillant à les décrire exactement Mais, pour revenir à notre sujet, je dis que les plus petites circonstances d'une maladie peuvent fournir aussi sûrement au médecin des indications curatives qu'elles lui fournissent un diagnostic. C'est pourquoi j'ai pensé plusieurs fois que si je connaissais parfaitement l'histoire de chaque maladie, je serais toujours en état de la guérir, parce que ces différents phénomènes me montreraient la véritable route que je devrais tenir, et qu'étant soigneusement comparés ensemble, ils me conduiraient comme par la main aux indications les plus véritables qui se tirent du fond de la nature, et non pas des erreurs de l'imagination. Thomas SYDENHAM, Médecine pratique de Thomas Sydenham, traduite par A.-F. Jault, Paris, Gautret, 1838, p. 6-13. 2 Francis Bacon 6 ChristopheRegina Annexes : Programme de 5e : Programme de 2nde : 7