Il faut tenir compte de l`effort physique des travailleurs lorsqu`on

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Montréal, juin 2010
Il faut tenir compte de l’effort physique des travailleurs lorsqu’on évalue les
risques d’exposition au toluène (solvant)
Les travailleurs qui fournissent un effort physique en étant exposés à des vapeurs de toluène
présentent des concentrations significativement plus élevées de ce solvant dans le sang et l’urine. Il est
donc nécessaire de prendre en compte l’effort physique (charge de travail) lorsqu’on évalue les risques
pour la santé encourus par les travailleurs exposés au toluène. C’est ce que démontre une étude de
Robert Tardif et de son équipe de l’IRSPUM, publiée en 2009 dans le Journal of Occupational and
Environmental Hygiene.
L’étude portait sur le devenir dans l’organisme humain, à des degrés divers d’effort physique, de deux
produits chimiques volatils qui peuvent être inhalés par les travailleurs : le toluène et le n-hexane, des
solvants communément utilisés dans l’industrie. Le toluène est utilisé dans les domaines de l’imprimerie,
de la colle et de la peinture. Lorsqu’absorbé en des quantités excessives par l’humain, le toluène affecte
le système nerveux central. Il peut occasionner des troubles de la vision et, chez la femme, des troubles
de la fonction reproductrice et des fausses-couches. Le n-Hexane est un solvant utilisé dans l’industrie de
la colle et de la chaussure. Ce dernier peut provoquer des dommages au système nerveux central, de
maladies des nerfs périphériques et des risques d’irritation des yeux.
Les résultats de cette étude démontrent que l’intensité de l’effort physique fourni durant le travail
affecte considérablement le devenir du toluène dans l’organisme. Après un effort équivalent à 50 watts
(intensité moyenne), sur une période correspondant à un quart de travail normal, on trouvait 2,8 fois
plus de toluène dans le sang et 2 fois plus dans l’urine des sujets, qu’après un période similaire au repos
*pour une concentration dans l’air de toluène équivalente à la valeur limite d’exposition recommandée
aux États-Unis et au Québec ]. Par contre, en ce qui concerne le n-Hexane, les résultats de cette même
étude montrent que l’effort physique avait un effet négligeable sur l’absorption de ce produit estimée
par la mesure d’indicateurs biologiques d’exposition.
« Les résultats de notre étude montrent qu’il est nécessaire, lorsqu’on interprète des indicateurs
biologiques d’exposition au toluène et à d’autres solvants, de prendre en compte l’effort physique fourni
par les travailleurs au moment où ils sont exposés à cette substance. Une valeur limite d’exposition
professionnelle, définie pour des travailleurs au repos ou dont la charge de travail est faible, peut
s’avérer inadéquate pour certains solvants, lorsque les travailleurs exposés à la même substance
fournissent un effort physique plus important. Plus généralement, il est souhaitable de déterminer pour
quelles substances chimiques l’activité physique joue un rôle et comment l’intensité du travail physique
affecte le devenir de telles substances dans l’organisme », commente Robert Tardif.
L’article faisant état de cette étude a été nommé article de l’année 2009 par la Society of Toxicology aux
État-Unis (Occupational and Public Health Specialty Section).
Partenaires de recherche : Cette étude a été financée par l’Agence française de sécurité sanitaire de
l’environnement et du travail (Afsset) et par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du
travail (IRSST)
À propos de l'étude : The Effect of Workload on Biological Monitoring of Occupational Exposure to
Toluene and N-Hexane: Contribution of Physiologically Based Toxicokinetic Modeling
Auteurs : Irène Sari-Minodier, Ginette Truchon, Ginette Charest-Tardif, Anick Bérubé et Robert Tardif
Liens utiles: www.irsst.qc.ca
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