Politique budgétaire et gestion de la dette publique

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Préparation au concours d’attaché territorial
Fiche de Connaissances
Politique
budgétaire et
gestion de la
dette publique
Economie contemporaine - Avril 2011
Economie contemporaine - Politique budgétaire et gestion de la dette publique
Fiche de Connaissances
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INTRODUCTION
La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l’un des principaux leviers de
la politique économique de l’État.
Elle consiste à utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement
public, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique.
Jusqu’à la crise des années 1930, la gestion des finances publiques a eu pour principal objectif
d’assurer le financement des services publics.
Le volume des dépenses de l’État n’était alors pas considéré comme une variable susceptible
d’influencer le niveau d’activité de l’économie.
L’analyse de l’économiste britannique John Maynard Keynes a modifié cette conception en
soulignant l’impact d’une politique de relance conjoncturelle via l’augmentation des dépenses
publiques sur le niveau d’activité économique d’un pays.
Aussi, la plupart des pays développés ont mené, depuis les années 1930, des politiques de
relance budgétaire lors des périodes de récession ou de moindre croissance.
Cependant, à compter de la crise consécutive au choc pétrolier de 1973, les théoriciens
libéraux ont souligné les limites de la politique budgétaire et dénoncé, selon les
circonstances, les effets néfastes des déficits et/ou de la dette publique.
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OBJET, EFFETS ET LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
L’ACTION DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE SUR LA CONJONCTURE
Les économistes classiques limitaient les dépenses publiques à la fourniture des biens publics
et aux fonctions régaliennes de l’État.
Toute autre intervention publique était considérée comme nuisible à la bonne marche des
affaires.
Cependant, engendrant du chômage de masse, la récurrence des crises et les fluctuations
conjoncturelles ont fini par remettre en cause la nécessaire neutralité des pouvoirs publics à
l’égard de la conjoncture.
C’est durant cette période que Keynes a souligné l’intérêt d’un accroissement des dépenses
publiques pour soutenir ou relancer l’activité économique.
Selon lui, en situation de sous-emploi des facteurs de production, les dépenses publiques
pouvaient suppléer la faiblesse de la demande privée.
UN EFFET DE RELANCE
En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, les gouvernements peuvent être
tentés de mener une politique budgétaire volontariste.
Une telle politique consiste à soutenir l’activité économique à court terme, en faisant jouer le
«multiplicateur keynésien».
Définition
On appelle «multiplicateur keynésien», le mécanisme macroéconomique mis en
évidence par Keynes, qui permet de compenser la faiblesse des dépenses privées
par un accroissement des dépenses publiques.
En effet, une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui
sont :
-pour partie consommés,
-pour partie épargnés,
-pour partie récupérés par les administrations publiques sous la forme d’impôts et de
cotisations sociales.
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Or, la partie de ces revenus supplémentaires qui est consommée vient nourrir la demande
intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter leurs
investissements, leurs emplois, et distribuer des revenus supplémentaires.
Le surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet cumulatif (effet
multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité économique que les revenus sont peu
épargnés, peu imposés, et que la demande de consommation s’adresse principalement aux
entreprises nationales.
L’ampleur de l’effet stimulant de la dépense publique sur la conjoncture va dépendre également
des modalités retenues par l’État pour financer l’impulsion initiale, à savoir une augmentation
des impôts ou le recours à l’emprunt.
En cas de financement intégral par un prélèvement fiscal nouveau, le théorème de Haavelmo
dit que l’effet multiplicateur se limite à l’impulsion initiale.
Voir série ÉC19, page 4
Pour assurer à la politique budgétaire un bénéfice maximum, il vaut donc mieux recourir au
déficit budgétaire qui sera progressivement comblé de toute manière par le surcroît de rentrées
fiscales lié à la reprise de l’activité.
ð L’endettement public devient un instrument de politique de budgétaire à part entière.
La période des "Trente Glorieuses" a vu se développer l’action de régulation conjoncturelle
de la politique économique via l’instrument budgétaire, non seulement dans le but de relance
de l’activité, mais aussi pour ralentir la croissance économique qui générait, en situation de
plein emploi des facteurs de production (capital et travail), de graves tensions inflationnistes.
Cette succession de mesures budgétaires visant à relancer puis à ralentir la consommation et
l’investissement a été qualifiée de politique «stop and go», faisant des dépenses publiques
un outil de réglage de la conjoncture.
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EFFET MULTIPLICATEUR ET THÉORÈME DE HAAVELMO
Le principe du multiplicateur, dans sa version très générale, est un principe dont
l’origine est attribuée à R. Kahn. Ce dernier, dont la formation mathématique était
plus solide que celle de J.M. Keynes, a mis en évidence, en 1931, le multiplicateur
d’emploi en montrant que la création d’un nombre donné d’emplois, par exemple par
le moyen d’une politique de grands travaux, entraîne –grâce aux nouvelles dépenses–
la création en cascade d’autres emplois. L’effet multiplicateur est surtout lié au nom de
J.M. Keynes qui a su mieux mettre en évidence les relations entre l’investissement, la
production nationale et l’emploi. Un accroissement de la dépense d’investissement, en
induisant la distribution de revenus monétaires utilisés en partie pour l’acquisition de
biens de consommation (l’autre partie de ces revenus étant épargnée), engendre par
une suite d’effets de réaction en chaîne un accroissement de la production nationale
d’un volume supérieur à l’impulsion initiale. L’accroissement de la production agit
lui-même positivement sur le volume d’offre d’emplois de l’économie. À la suite de
Keynes, les économistes d’inspiration keynésienne ont cherché à montrer que l’effet
est beaucoup plus important dans le cas d’une dépense publique nouvelle que dans
le cas d’une réduction d’impôt (qui a aussi pour effet de stimuler la consommation
privée) d’un montant équivalent.
Utilisant ces observations, Th. Haavelmo établit qu’un budget équilibré tend à exercer
aussi, dans certaines circonstances particulières, un effet multiplicateur. Un État qui
voudrait engager un budget en situation d’équilibre en augmentant ses dépenses doit
simultanément accroître ses recettes. Si les deux mouvements sont d’un montant
identique, il peut sembler que l’effet combiné des variations des dépenses et des
recettes soit nul. Il n’en est rien. Th. Haavelmo montre que, grâce au jeu des différents
multiplicateurs, un accroissement des recettes et un accroissement des dépenses
d’un même montant ne se compensent pas. L’effet bénéfique des dépenses nouvelles
l’emporte sur celui des recettes supplémentaires. Une simple augmentation du budget,
dans une situation d’équilibre, est ainsi susceptible d’entraîner une expansion de
l’économie nationale.
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UN EFFET CONTRA-CYCLIQUE
Les recettes et les dépenses publiques exercent spontanément une action contra-cyclique sur
l’activité économique, c’est-à-dire d’atténuation des aléas de la conjoncture économique.
En effet, si une grande partie des dépenses publiques, comme les dépenses de rémunération
et de retraite des fonctionnaires, sont indépendantes des variations à court terme de l’activité
économique, certaines d’entre elles sont, en revanche, mécaniquement liées à la conjoncture.
C’est notamment le cas des dépenses d’indemnisation du chômage ou des prestations sociales
versées sous condition de ressources, qui augmentent quand l’activité économique se dégrade.
On considère ainsi que l’élasticité des dépenses publiques à la conjoncture est comprise entre
0,1 et 0,3. Autrement dit, les dépenses publiques ont tendance à augmenter spontanément de
0,1 à 0,3 point lorsque la croissance ralentit d’un point.
® Lorsque l’activité économique ralentit, les dépenses publiques ont tendance à s’accélérer
tandis que les entrées de recettes ralentissent mécaniquement, ce qui provoque une
détérioration du solde budgétaire.
Dès lors, le montant des recettes fiscales diminue et le volume de dépenses publiques
augmente. La détérioration de l’activité économique provoque alors un transfert de
revenus des administrations publiques vers les ménages et les entreprises, ce qui atténue
mécaniquement l’effet du ralentissement économique sur les revenus de ces derniers.
® À l’inverse, en période de forte expansion économique, les prélèvements fiscaux et sociaux
augmentent mécaniquement, tandis que les dépenses diminuent, ce qui a tendance à freiner
la croissance de la demande intérieure.
Important
Les recettes et les dépenses publiques fonctionnent comme des «stabilisateurs
automatiques» puisqu’elles contribuent à amortir les variations conjoncturelles de
l’activité économique. Cependant, ce mécanisme de stabilisation automatique ne
fonctionne pleinement que si les ménages et les entreprises ne modifient pas leur
comportement de consommation, et si les taux d’intérêt ne sont pas affectés par la
croissance de la dépense publique en période de récession.
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LA REMISE EN CAUSE DE L’EFFICACITÉ DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
Si la politique budgétaire a été le moyen d’action privilégié sur la conjoncture après 1945
dans la plupart des pays développés, en particulier en France, elle a rapidement fait l’objet de
critiques théoriques qui vont trouver un écho croissant avec la longue période de croissance
soutenue du début des années 1970.
L’EFFET D’ÉVICTION
L’augmentation des dépenses publiques dans l’optique keynésienne venait principalement
pallier l’insuffisance de la demande privée, en cas de sous-emploi des facteurs de production.
Paradoxalement, l’application d’une politique budgétaire volontariste s’est surtout développée
après-guerre, c’est-à-dire durant une période sans chômage et marquée par des efforts de
reconstruction et donc de croissance soutenue.
Or, l’augmentation des dépenses publiques a pu avoir dans ce cadre un effet d’éviction des
investissements privés.
En effet, les besoins de financement liés à l’accroissement des dépenses publiques provoquent
généralement une hausse des emprunts de l’État et, du fait de cette demande supplémentaire
adressée aux marchés de capitaux, une hausse des taux d’intérêt. Or, cette dernière décourage
une partie des achats des consommateurs financés par l’emprunt et réduit les investissements
des entreprises lorsque leur rentabilité est insuffisante au regard du coût de financement par
l’emprunt.
ðL’efficacité du recours à la politique budgétaire dépend largement des caractéristiques de la
crise :
-si le manque de débouchés est à l’origine du ralentissement économique, le
multiplicateur keynésien jouera à plein,
-si, au contraire, la récession provient d’un déficit ou d’une inadaptation de l’offre
disponible, l’augmentation des dépenses publiques se traduira par de l’inflation.
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LA CONTRAINTE EXTÉRIEURE
Normalement, la demande supplémentaire permise par l’augmentation des dépenses publiques
doit s’adresser en priorité aux producteurs nationaux.
Or, compte tenu de l’ouverture croissante des économies, l’effet du «multiplicateur
keynésien» s’est réduit au cours des dernières décennies et profite désormais davantage
aux producteurs étrangers.
Mundell et Flemming ont montré qu’en régime de changes flexibles, l’effet stimulant du
déficit public est encore amoindri.
En effet, une partie du surcroît de demande engendré, se répercute sur les importations et
leur augmentation contribue à dégrader la balance commerciale. On parle alors de déficits
«jumeaux».
Ces déficits pourront être financés par l’entrée de capitaux étrangers, attirés par la hausse des
taux d’intérêt, conséquence de l’accroissement du besoin de financement public. Or cet afflux
de capitaux va provoquer une appréciation du taux de change et détériorer la compétitivité du
pays concernant ses exportations.
à noter
En économie ouverte, avec un taux de change flexible, une politique
budgétaire active profite surtout aux partenaires économiques du pays
plutôt qu’à l’économie nationale.
En régime de taux de change fixe, au contraire, la politique budgétaire
devient très efficace.
Partant du constat d’interdépendance croissante des économies nationales, les pays développés
ont cherché, au cours des années 1970, à renforcer la coordination de leurs politiques
économiques, mais sans pour autant parvenir, faute de volonté sur le long terme, à une action
réellement efficace.
L’UEM constitue en revanche une réponse logique et théoriquement appropriée à ce constat.
La création de l’euro instaure de facto un régime de changes fixes entre États membres de la
zone, et vise à instaurer la pleine efficacité d’une politique budgétaire nationale, la défense de
la parité de la monnaie nationale ne venant pas contrecarrer l’effort de relance.
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LA CRITIQUE DES EFFETS DE L’ACTION BUDGÉTAIRE
Les effets positifs de la politique budgétaire volontariste reposent en grande partie sur le
comportement des consommateurs.
C’est la remise en cause de ces hypothèses de comportement qui va amener les économistes
monétaristes puis les nouveaux classiques à contester les bienfaits des dépenses publiques sur
la croissance, à moyen terme et à court terme.
® J.M. Keynes supposait que les agents étaient victimes de l’illusion monétaire et établissaient
leur consommation en fonction de leur revenu courant sans tenir compte de l’inflation et de
son évolution sur la longue période.
® M. Friedman réfute cette vision en posant que les agents fixent leur consommation en fonction
de leur revenu permanent, c’est-à-dire de leur revenu moyen anticipé sur toute une vie. Une
relance budgétaire ne pourra donc exercer un effet stimulant sur la consommation qu’à
condition que les agents anticipent une hausse durable de leur revenu. Or, pour Friedman,
si cette illusion peut fonctionner à court terme, les ménages vont réaliser progressivement
qu’il s’agit d’une augmentation temporaire de leur revenu, qui sera en outre financée par
une hausse des impôts.
Ainsi, l’impulsion budgétaire se traduira par une augmentation de l’inflation.
® Robert Lucas, avec la théorie des anticipations rationnelles, viendra réfuter l’effet à court
terme d’une relance budgétaire : les agents anticiperont dans la hausse des dépenses
publiques une hausse des prélèvements.
ðUn déficit budgétaire n’a aucun effet stimulant sur la consommation, les ménages étant
conscients qu’ils auront à le financer par la suite.
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Le principe de l’équivalence Ricardienne renforce cette idée. Les effets du financement
du déficit budgétaire par l’emprunt ou l’impôt sont équivalents : les agents économiques
rationnels, prévoyant que l’État augmentera les impôts dans le futur pour rembourser sa dette,
accroissent immédiatement leur épargne pour faire face à l’augmentation des prélèvements
obligatoires à venir. La consommation est alors déprimée, ce qui annule l’effet de relance
souhaité par les pouvoirs publics comme l’aurait fait un prélèvement fiscal supplémentaire
immédiat.
Remarque
Les tests empiriques valident rarement l’équivalence Ricardienne,
mais elle semble jouer un rôle significatif pour les pays très
endettés.
principe de l’équivalence Ricardienne (revu par Barro en 1974)
Si le taux d’actualisation des ménages est le même que le taux d’intérêt sur la dette
publique, la contrainte budgétaire intertemporelle de l’État implique que lorsqu’une baisse
des impôts est financée par le déficit, la valeur actualisée des impôts futurs qu’anticipent
les ménages augmente d’un montant exactement égal à la baisse des impôts courants. En
conséquence, leur richesse ne change pas.
Voir série ÉC19, page 10
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LA THÈSE CLASSIQUE DE L’ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES
Cette thèse repose sur la compensation des dépenses et des recettes. Elle trouve ses racines dans
la conception de l’État gendarme. Les dépenses de l’État sont considérées ici comme une charge
indispensable pour assurer la protection de la population amis une charge fâcheuse car les dépenses
publiques sont improductives. La société n’obtient rien en échange si ce n’est la possibilité de
fonctionner en paix. Il s’ensuit que l’État doit limiter sa mission à la création d’un climat social propice
à la sécurité individuelle et collective. La fameuse courbe de Laffer, du nom de l’économiste américain
Arthur G. Laffer, illustre ce raisonnement.
La «courbe de Laffer» représente une relation négative entre les recettes fiscales
de l’État et le taux marginal d’imposition à partir d’un certain taux. Elle illustre l’idée
selon laquelle il existe un niveau maximal de taxation (t*) au delà duquel le produit
de l’impôt diminue et l’effet désincitatif sur l’offre de travail l’emporte sur les recettes
attendues. Deux effets contradictoires rentrent en jeu: un effet de substitution qui
incite un agent à diminuer son temps de travail, et un effet de revenu qui incite les
agents à travailler plus afin de retrouver le niveau de salaire dont il disposait avant
l’augmentation des impôts. Selon Laffer, pour des taux d’impositions élevés, l’effet de
substitution l’emporte sur l’effet de revenu.
La théorie est recevable dans le cadre de l’hypothèse ceteris paribus sous-tendant
toute théorie économique, mais les études empiriques, tentant de vérifier cette relation,
aboutissent à des résultats controversés. Il est difficile de faire une étude empirique
car d’autres facteurs entrent en jeu, comme : les besoins de l’État qui peuvent être
différents ou non constants ; la structure des prélèvements obligatoires et la façon
de les percevoir par la population ; l’histoire fiscale du pays, et le niveau habituel des
prélèvements pour ce pays ; la confiance dans l’avenir et le contexte économique
général ; le niveau de prise de risque par les investisseurs et les entrepreneurs, etc.
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POLITIQUE DISCRÉTIONNAIRE VERSUS RÈGLES DE CONDUITE
Au-delà du comportement du consommateur, l’École des Choix Publics a remis en cause
la conduite de la politique budgétaire par les hommes politiques, plus soucieux selon cette
théorie d’assurer leur réélection que d’agir pour le bien public.
Ainsi, afin d’éviter des comportements opportunistes de relance, il a été préconisé d’instaurer
des règles de conduite pour la politique budgétaire, à l’instar de ce qui existe pour la politique
monétaire.
4 types de mesures sont mis en avant pour améliorer la gestion des finances publiques :
-la “règle d’or” : selon laquelle le déficit ne devrait pas dépasser le niveau des
investissements publics;
-l’application de règles de comportement quant à l’usage des excédents budgétaires
provenant d’une amélioration de la conjoncture;
-l’instauration de fonds conjoncturels : elle vise à accumuler les excédents en période
d’expansion en prévision des creux de cycle pour renforcer l’impact des stabilisateurs
automatiques;
-la définition de la trajectoire de l’endettement à l’horizon d’au moins 3 mois pouvant
servir d’ancrage à la politique budgétaire de court terme.
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LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN PRATIQUE
La mise en œuvre de la politique budgétaire est soumise à plusieurs contraintes qui se sont
renforcées au fur et à mesure de l’accélération de la mondialisation de l’économie et du poids
croissant des dépenses publiques dans le PIB.
L’ampleur de ces contraintes en France, comme dans les pays développés, ne révèlent pas la
véritable marge de manœuvre des pouvoirs publics pour impulser une politique active.
LES MARGES DE MANŒUVRE DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
L’utilisation de la politique budgétaire à des fins de régulation conjoncturelle se heurte à
plusieurs difficultés pratiques :
La forte inertie des dépenses publiques limite les ressources disponibles pour la mise en
œuvre de mesures nouvelles.
L’empilement des actions reconduites automatiquement a effectivement accru l’inertie des
dépenses, ce qui reflète la composition du budget de l’État.
Ainsi, lors du vote de la loi de finances initiale au parlement, 94% des crédits sont reconduits
quasi automatiquement en un seul vote d’une année sur l’autre, ce qui limite la liberté d’action
sur le budget général à seulement 6% des dépenses de l’État.
À la suite de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), l’ensemble des crédits
seront discutés.
Remarque
La rigidité des dépenses publiques s’explique également par la part qui incombe
aux engagements passés de l’État. De fait les dépenses de fonctionnement qui
sont liées au traitement des agents de la fonction publique ainsi qu’au versement
des pensions de retraites résultent des recrutements passés de fonctionnaires et
ne peuvent être fortement réduites à court terme. Avec l’arrivée à l’âge de la
retraite d’un nombre important d’agents dans les prochaines années, ce poste
devrait même connaître une forte croissance.
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Les dépenses liées aux transferts sociaux sont relativement incompressibles.
Elles participent à la cohésion sociale mais aussi au soutien de la consommation des ménages
modestes ou touchés par les fluctuations conjoncturelles de l’activité.
Les charges qui découlent du service de la dette publique ont représenté un poste de
dépenses sans cesse croissant depuis 20 ans.
Cette rigidification des dépenses de l’État s’est effectuée au détriment des montants consacrés
aux investissements publics et aux charges d’intervention.
La procédure du vote du budget par le Parlement réduit sensiblement la réactivité des
dépenses publiques à la conjoncture économique.
Cela peut même conduire la politique budgétaire à produire ces effets en décalage avec
l’évolution du cycle qu’elle cherchait à infléchir. Ainsi, des mesures décidées en période de
ralentissement économique ne seront réellement mises en œuvre ou ne produiront leurs effets
que plusieurs mois après leur adoption, alors même que la situation conjoncturelle ne nécessite
plus un soutien public.
C’est pourquoi l’objectif contra-cyclique d’une politique budgétaire peut conduire à un effet
pro-cyclique.
à noter
Pour permettre à une action budgétaire d’agir sur la conjoncture, il faut que les
mesures adoptées soient temporaires. Or, il s’avère très délicat politiquement de
revenir sur des mesures accueillies favorablement par les agents économiques,
en particulier lorsqu’il s’agit de baisses d’impôts.
Il en résulte une certaine irréversibilité des mesures adoptées qui nuit à la
capacité de la politique budgétaire à remplir sa fonction contra-cyclique
volontariste. C’est en partie pour cette raison que les mesures annoncées par les
gouvernements impliquent des engagements financiers relativement modérés
de la part de l’État.
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SOLDE CONJONCTUREL ET SOLDE STRUCTUREL
Dans l’évolution des finances publiques, l’analyse du solde public permet de distinguer dans
le cycle d’activité :
-ce qui résulte de la position de l’économie nationale,
-ce qui reflète l’orientation de la politique budgétaire.
Le solde effectif se décompose en :
-un solde conjoncturel, c’est-à-dire issu mécaniquement du jeu des stabilisateurs
automatiques,
-un solde structurel, qui résulte d’une action volontaire des pouvoirs publics.
Pour procéder à l’analyse, l’évolution constatée du PIB est comparée à celle qui résulterait de
l’utilisation «normale» des facteurs de production.
Lorsque l’écart de croissance est positif, cela signifie que l’économie nationale a crû à un
rythme supérieur à ce que laissait entendre le PIB potentiel, et donc qu’elle se situe en phase
haute du cycle, et inversement en cas d’écart négatif.
Il en résulte du fait des stabilisateurs automatiques, un surcroît de recettes et une baisse
simultanée de prestations sociales, améliorant spontanément le solde des administrations
publiques.
C’est en retranchant cette composante conjoncturelle du solde effectif que l’on obtient le
solde structurel, censé refléter les mesures nouvelles, soit de réduction, soit d’augmentation
des dépenses ou des prélèvements, adoptées par le gouvernement au cours de l’année écoulée,
sans l’interférence du cycle des affaires.
Remarque
Cette notion de solde structurel joue un rôle de plus en plus important pour le pilotage des
finances publiques, en particulier dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance.
Les pays de la zone euro ont convenu, à la suite du Conseil européen de mars 2003, que le
respect de l’obligation de tendre vers un équilibre des finances publiques devait être apprécié
en termes structurels.
Bien que cette méthode de décomposition du solde budgétaire fournisse une grille de lecture
claire et cohérente de la politique budgétaire et de ses effets sur la conjoncture, la méthode de
calcul soulève certaines critiques :
-son estimation dépend beaucoup de la définition retenue pour la croissance potentielle,
-conçu comme un «résidu» entre le solde effectif et sa composante conjoncturelle, le
solde structurel peut inclure des facteurs qui ne sont pas entièrement dépendants de la
politique discrétionnaire.
Remarque
L’année 2000 a montré que l’accélération de la croissance pouvait générer une augmentation
plus importante des recettes fiscales, due notamment à l’imposition d’un plus grand nombre de
personnes avec pour conséquence de gonfler artificiellement la réduction du solde structurel.
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BUDGET DE L'ETAT ET DETTE PUBLIQUE EN FRANCE
Les politiques budgétaires peuvent être expansionnistes ou restrictives selon qu’elles
s’accompagnent ou non de dépenses plus ou moins fortes. Leurs implications sont donc
directement visibles dans le budget de l’État.
LE BUDGET DE L’ÉTAT FRANÇAIS
DÉFINITIONS
le budget de l’État …
… retrace l’ensemble des documents, votés par le Parlement, qui décrivent pour une année
civile toutes les ressources (recettes) et toutes les charges (dépenses) de l’État. C’est un acte
de prévision et d’autorisation de perception des impôts et de dépense des deniers publics.
Le budget est soumis aux lois de finances dont le contenu dépasse sa simple description.
les lois de finances …
… sont un ensemble de comptes dont elles décrivent les ressources et les dépenses : budget
général, budgets annexes, comptes spéciaux.
Depuis le 01/01/2006, la France s’est dotée d’une nouvelle loi financière : la LOLF(*), votée
pour la première fois en 2001, qui conserve quelques grands principes budgétaires :
-principe d’annualité :
l’autorisation de perception et le budget doivent être votés tous les ans ;
-principe d’unité :
le budget de l’État doit être retracé dans un document unique (la loi de finance) et doit
prévoir l’ensemble des recettes et charges de l’État (règle d’exhaustivité) ;
-principe d’universalité :
l’ensemble des recettes doit couvrir l’ensemble des dépenses, sans compensation entre
recettes et dépenses, ni affectation d’une recette à une dépense.
Les dépenses de l’État sont principalement des dépenses de fonctionnement, c’est-à-dire des
moyens affectés aux plus grands services publics.
Voir série ÉC19, page 16
(*)
LOLF : loi organique relative aux lois de finances
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ÉVOLUTION DES DÉPENSES DU BUDGET GÉNÉRAL PAR TITRE DE
DÉPENSES 1993 À 2004
(en milliards d’euros constants et en pourcentage du total)
Titres
Fonctionnement (civil et militaire)
Interventions économiques, sociales et
autres
Investissements civils et subventions
aux Investissements civils
Total
100,3Mds – 44,1%
135,8Mds – 47,9%
66,0Mds – 28,8%
79,3Mds – 28,0%
16,7Mds – 7,3%
13,7Mds – 4,8%
13,5Mds – 5,8%
14,9Mds – 5,2%
229,1Mds
283,6Mds
1993 (exécution)
Dette publique
Équipement militaire
31,9Mds – 14%
2004
(lois de finances
initiales)
38,9Mds – 13,0%
Source : M. BASLÉ, Le budget de l’État, coll. Repères, La découverte, 2006.
LES MOYENS AFFECTÉS AUX PLUS GRANDS
SERVICES PUBLICS FRANÇAIS EN 2003
Jeunesse, éducation nationale, recherche
Économie, finances et industrie
Intérieur, sécurité intérieure et libertés locales
Équipement, transports, logement et urbanisme,
mer et tourisme
Justice
Travail, santé, solidarité
Agriculture, alimentation, affaires rurales
Affaires étrangères
Culture et communication
Sport
Écologie et développement durable
Dépenses
(Mds d’€)
56,1
11,0
9,3
1 380 000
177 700
172 500
4,6
97 300
4,4
2,8
1,9
1,5
1,9
0,3
0,3
71 390
25 458
30 800
9 293
13 819
5 877
3 564
Effectifs
Source : M. BASLÉ, Le budget de l’État, coll. Repères, La découverte, 2006.
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les ressources budgétaires …
… sont des prélèvements obligatoires sur les stocks et les flux de richesse créée.
On distingue :
-les prélèvements fiscaux ou impositions de toute nature : impôts sur la production,
impôts sur le revenu et le patrimoine, impôt sur la consommation (TVA et taxes
indirectes) ;
-les cotisations sociales qui offrent un droit à une contrepartie (les prestations sociales).
Le total de ces ressources représentait 241,3 milliards d’euros en 2003.
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le déficit budgétaire …
… est la situation dans laquelle les recettes de l’État (hors remboursement d’emprunt)
sont inférieures à ses dépenses (hors emprunt) au cours d’une année. C’est donc un solde
négatif.
Important
Le déficit budgétaire se différencie du déficit public, car il n’englobe pas le solde des
recettes et des dépenses des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale.
Il équivaut au besoin de financement de l’État et se traduit par le montant des emprunts
nouveaux qu’il doit contracter au cours de l’année. Les lois de finances peuvent prévoir
un déficit et autoriser l’État à emprunter à hauteur de ce besoin de financement. La France
connaît un déficit budgétaire continu depuis plus de 25 ans, qui gonfle l’encours de sa dette
(montant total des emprunts).
Selon les économistes, le déficit budgétaire peut jouer différents rôles :
pour J.M. Keynes, il peut stimuler la croissance et l’emploi dans une économie en
récession,
-les libéraux, à l’instar de M. Friedman et H. Laffer, insistent sur les effets néfastes de
l’accroissement de la dette publique.
Le déficit budgétaire peut être compensé de différentes manières, notamment :
-par l’emprunt : cette solution déplace le problème dans le temps et suppose la confiance
des prêteurs ; elle a un coût puisqu’il faut payer des intérêts ;
-par le recours à des réserves préalablement accumulées à partir d’excédents budgétaires
réalisés les années antérieures ;
-par une hausse d’impôt, à supposer qu’elle n’atteigne pas le point de rupture où elle
détruit le gisement fiscal ;
-par une émission monétaire («planche à billet»), qui ne déplace pas la difficulté
dans le temps, mais en change la nature en modifiant la valeur de la monnaie. Cette
méthode n’est plus utilisée depuis longtemps dans les pays développés, elle est même
impossible dans les États qui ont confié la gestion de la monnaie à une Banque centrale
indépendante. C’est le cas des États de l’Union européenne avec la Banque Centrale
Européenne.
Le déficit primaire correspond au déficit calculé sans prendre en compte le service de la
dette, c’est-à-dire les intérêts payés et le capital remboursé pour l’année.
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QUELQUES DONNÉES CHIFFRÉES
La participation de la France à la monnaie unique européenne lui impose le respect d’une
discipline économique et budgétaire.
Les termes en ont été fixés par le traité de Maastricht en 1992 et le pacte de stabilité et de
croissance, conclu à Amsterdam en 1997 et assoupli en 2005 à Bruxelles.
Voir série ÉC19, page 20
Il s’agit d’obtenir des finances publiques saines, en évitant les déficits publics excessifs.
Le déficit public, à savoir le déficit cumulé de toutes les administrations publiques est jugé
excessif à partir d’un seuil de 3 % du produit intérieur brut qui peut, toutefois, être dépassé
dans certaines circonstances.
budget de l’État 2007
Présenté en conseil des ministres du mercredi 27/09/2006, le projet de budget 2007 prévoit
que les dépenses de l’État (à périmètre constant) s’élèveront à 268,3 milliards d’euros.
Le déficit du budget de l’État est fixé à 41,6 milliards d’euros dans le projet de loi de
finances 2007, soit 1,1 milliard de moins qu’en 2006. Le déficit des comptes publics (État,
sécurité sociale et collectivités territoriales) devrait être réduit à 2,5% du produit intérieur
brut.
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PACTE DE STABILITÉ ET DE CROISSANCE :
POUR UNE ORTHODOXIE BUDGÉTAIRE
àadopté à Amsterdam en 1997 puis assoupli en 2005
àobjectif : éviter les déficits excessifs qui impliqueraient création monétaire,
inflation et taux d’intérêt à la hausse
àstratégie de long terme de résorption des déficits et de réduction de
l’endettement
àcritères : déficit public inférieur à 3% du PIB et dette des administrations
publiques inférieure à 60% du PIB, sauf circonstances exceptionnelles
CRITÈRES DE CONVERGENCE de l’UE
fixés par le Traité de MAASTRICHCT (1992)
àdifférentiel d’inflation de 1,5% au plus avec la moyenne des 3 pays membres
ayant le plus faible taux d’inflation
àdifférentiel de taux d’intérêt nominal moyen de 2% maximum avec la moyenne
des 3 pays membres ayant le plus faible niveau de taux d’intérêt
àabsence de dévaluation de la monnaie 2 ans avant l’introduction de l’euro
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déficit budgétaire de la France
DÉFICIT DE LA FRANCE (1996-2005) EN MILLIARDS D’EUROS
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9ficit_budg%C3%A9taire
Dans tous les cas, un déficit budgétaire a un impact économique qui peut, selon certains
économistes, être un stimulant pour l’activité économique par l’intermédiaire d’une
politique de relance selon les principes du keynésianisme, ou simplement être un moindre
mal dans certaines situations de récession (l’effet de la récession est réduit).
Pour d’autres économistes, un déficit budgétaire est toujours le signe d’une mauvaise
gestion des fonds publics et à ce titre il doit être évité.
Le déficit budgétaire est également un facteur d’augmentation de la dette publique. Aussi,
des mesures européennes vont à son encontre, comme le Pacte de Stabilité et de Croissance.
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LA RELATION DETTE-BUDGET
Déficit budgétaire et dette publique sont liés.
Définition
La dette de l'État se définit comme l'ensemble des emprunts effectués par l'État,
dont l’encours (montant total des emprunts) résulte de l’accumulation des déficits
de l’État.
La dette de l’État ne doit pas être confondue avec :
-la dette extérieure,
elle est constituée de l’ensemble des engagements des agents économiques d’un pays
(particuliers, entreprises..), et non seulement de l’État, vis-à-vis de prêteurs étrangers
-la dette publique.
elle correspond à la dette de l’ensemble des administrations publiques, des collectivités
territoriales et des organismes de Sécurité sociale.
On peut distinguer la dette publique au sens de Maastricht.
la dette publique au sens de Maastricht
Elle désigne la dette brute sans déduction des avoirs des administrations publiques, en
particulier :
- les liquidités du Trésor sous forme de dépôts à la banque de France,
- les participations de l’État dans les entreprises,
- les placements en valeurs mobilières.
Elle est inférieure à la dette publique au sens de la comptabilité nationale d’environ 15
points de PIB car :
-elle est consolidée : les dettes des administrations auprès d’autres administrations sont
déduites, notamment les dépôts des collectivités locales au Trésor Public et les valeurs
du Trésor détenues par les autres administrations,
-elle s’exprime en valeur nominale : valeur faciale des titres et non valeur de marché
pour se rapprocher de la valeur de remboursement de la dette et pour éviter de réévaluer
la dette d’une année sur l’autre du fait de la variation du prix des actifs mobiliers.
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L’EFFET BOULE DE NEIGE
Définitions
Le déficit budgétaire est un flux, c’est-à-dire une grandeur économique mesurée au
cours d’une période donnée (exemple : 1 an).
La dette est un stock, à savoir une grandeur économique mesurée à un moment
donné.
Ces 2 données, bien que différentes, sont liées :
-le flux du déficit budgétaire vient alimenter l’encours de dette, qui en retour agit sur le
niveau de déficit par l’augmentation des intérêts versés, qui sont une charge budgétaire ;
-la succession des déficits favorise l’apparition de nouveaux déficits. En effet, en
gonflant la dette, elle provoque un effet «boule de neige».
La dette des administrations publiques s’accroît, ainsi, selon un processus autoentretenu, la charge d’intérêt qu’elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc
à accroître encore l’endettement de l’État, et la charge des intérêts.
® La dette s'accroît (nouveaux emprunts) quand il y a un déficit budgétaire important.
® La dette diminue (remboursements d’emprunt) quand il y a un excédent ou un déficit
budgétaire peu important (plus de remboursements en capital que d’emprunts nouveaux).
ðIl est préférable pour un pays endetté d’avoir un niveau de taux d’intérêt relativement
bas afin d’alléger les charges de sa dette.
Remarque
Les États disposaient d’un autre moyen pour alléger, voire faire disparaître la
dette publique : la création monétaire.
L’émission de monnaie évitant la contraction d’emprunts, la dette pouvait certes
être enrayée mais le prix à payer dans le pays n’était autre que l’inflation et la
dévaluation de la monnaie. Cette méthode est rendue impossible par l’Union
Européenne car la Banque Centrale Européenne contrôle désormais la création
monétaire.
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ÉVOLUTION DE LA DETTE FRANÇAISE
Le poids de la dette a plus que triplé en un peu moins de 30 ans. La dette française est
relativement faible jusqu’en 1980 : elle reste à 20 % environ. Elle reprend son ascension
jusqu’à 59 % en 1997 où elle connaît un nouveau palier. Enfin, elle s’accroît de 59 % en 2002
à 66 % fin 2005
Voir série ÉC19, page 25
Le ratio dette brute/PIB n’atteint pas un niveau «hors-normes» en France. Il faut se souvenir
qu’il atteignait 100% fin XIXème siècle, 124% en 1920 et même 156% en 1939.
La France a donc connu des dettes beaucoup plus élevées dans le passé.
Il convient néanmoins de noter que la situation est malgré tout différente car elle ne résulte
plus de guerres et ne s’inscrit pas davantage dans des contextes de tension comme par le passé.
Dans la plupart des pays de l’Union Européenne, la dette publique provient pour plus de 80%
des administrations centrales ; institutions sociales et collectivités locales étant peu endettées.
La situation est quelque peu différente pour la France où les dépenses de sécurité sociale
représentent 1/3 de la dette.
État
Administrations locales
Organismes divers de l’administration centrale
Sécurité sociale
Année 2003
18 %
19 %
33 %
33 %
Sources : Insee, Eurostat
Répartition de la dette publique en France
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TABLEAU DE L’ÉVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE FRANÇAISE
Année
Dette publique
en % du PIB
Déficit public
en milliards
d’euros
Déficit public en
% du PIB
1970
1974
1978
1979
1980
1981
1982
1985
1986
1990
1992
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006 (estimation)
2007 (estimation)
21 %
21 %
20,8 %
22 %
25,3 %
30,3 %
30,9 %
35,3 %
39,8 %
48,9 %
55,1 %
57,6 %
58,5 %
58,7 %
58,2 %
56,7 %
56,3 %
58,2 %
62,4 %
64,4 %
66,6 %
64,6 %
63,6 %
-4,5
+0,3
+0,7
-10
-14,4
-21,4
-25,2
-24
-48,8
-63,1
-65,5
-49,8
-37,8
-34,6
-23,6
-21,1
-23,2
-48,8
-66,6
-60,6
-49,3
-42,6
-
-1,3 %
+0,1 %
+0,2 %
-2 %
-2,5 %
-2,9 %
-3,1 %
-2,3 %
-4,4 %
-5,5 %
-5,5 %
-4,1 %
-3 %
-2,6 %
-1,7 %
-1,5 %
-1,5 %
-3,2 %
-4,2 %
-3,7 %
-2,9 %
-2,7 %
-
Dette publique
en milliards
d’euros
72,8
82,8
92,2
110,1
145,5
227,7
249,3
363,6
440,1
564,8
657,9
707,2
742,5
778
795,3
817,2
842,5
901,8
994,5
1069,2
1138,4
1152
1180
Sources : Insee, Eurostat
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LA SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE EN DEBAT
La dette n’a pas que des effets négatifs. En effet, elle permet le financement d’investissements
qui sont susceptibles d’augmenter la production future et favorise la cohésion sociale.
Ainsi, un endettement zéro est exclu. Une dette est dite «soutenable» si son niveau peut être
couvert à l’avenir par des surplus budgétaires, et ceci sans que des ajustements budgétaires
démesurés soient mis en œuvre.
Attention !
La soutenabilité doit être différenciée de la solvabilité en ceci qu’elle ne permet
pas le recours à des ajustements budgétaires que la solvabilité n’exclut pas.
La question de la soutenabilité de la dette est souvent plus liée à son évolution à long terme
qu’à son niveau actuel.
Une question se pose désormais : la dette de la France est-elle soutenable ?
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LE RAPPORT PÉBEREAU
«Des finances publiques au service de notre avenir - Rompre avec la
facilité de la dette publique»
Ce rapport, publié le 14/12/2005, pointe le fait que la dette de la France augmente
inexorablement depuis plus de 25 ans. Elle a été multipliée par 5 depuis 1980 et elle atteind 1
117 milliards d’euros fin 2005, soit 66% du PIB.
La situation apparaît donc aujourd’hui très préoccupante. Elle l’est d’autant plus que sa
dégradation permanente depuis 10 ans distingue nettement la France de ses partenaires.
La France est en effet le pays d’Europe dont le ratio de dette publique s’est le plus accru ces 10
dernières années. La plupart des pays ont pris conscience de l’enjeu et ont entrepris de réduire
leur dette financière. La France doit en faire de même, sa dette n’est plus soutenable.
Un premier pan d’action devrait être le déficit des administrations publiques qui s’endettent
pour financer des dépenses de plus en plus importantes (53,5% du PIB), alors même que
la France a un taux de prélèvements obligatoires des plus élevés parmi les grands pays
industrialisés.
Le rapport développe également l’idée selon laquelle la dette n’est pas le résultat d’un effort
structuré pour la croissance et la préparation de l’avenir car l’effort en matière de recherche et
d’enseignement supérieur a stagné et les investissements publics ont diminué.
Ainsi, une large partie de la dette aurait été utilisée pour financer les dépenses courantes de
l’État. Les administrations publiques se sont appauvries en s’endettant ; leur patrimoine net au
sens de l’INSEE ayant été divisé par 3 entre 1980 et 2002.
Selon le rapport, la société française attendrait à chaque problème une réponse en termes de
dépense supplémentaire
La France aurait besoin de plus en plus de dépenses, la démographie en étant le facteur clé en
termes de prestations sociales de retraite ou d’assurance maladie aux vues du vieillissement
de la population.
Cependant, les administrations publiques ne peuvent pas compter sur une augmentation
significative des prélèvements obligatoires. Ceux-ci se situent à un niveau très élevé par
rapport aux autres pays industrialisés (44% du PIB contre 39,5% pour la zone euro et 35 %
pour le G7).
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L’endettement n’ayant jusqu’à présent pas fourni la croissance, il est illusoire de croire, selon
le rapport, qu’il va le faire par le futur. De plus, la poursuite des tendances actuelles conduirait
à des taux d’endettement public astronomiques, d’autant plus que la dette publique s’expose à
une augmentation des taux d’intérêts.
Le service de la dette est désormais le 2ème poste de dépense de l’État : une augmentation de
1,5% des taux porterait le service de la dette à 33 milliards d’euros en 2010 et aurait pour effet
de freiner la croissance.
Suite à ce rapport, le gouvernement De Villepin s’est fixé l’objectif du retour à l’équilibre des
comptes publics et d’une dette publique sous la barre des 60% du PIB en 2010. Ce «Programme
de stabilité 2007-2009» repose sur 3 piliers :
-une maîtrise renforcée de la dépense publique avec, à partir de 2007, la stabilisation
en valeur (inflation comprise) des dépenses du budget de l’État,
-le «relèvement» de la croissance potentielle de l’économie qui permettrait de
dégager des marges de manœuvre structurelles et de diminuer le poids des dépenses
et du déficit public dans le PIB, les surplus de recettes dégagées grâce à la croissance
allant au désendettement,
-la cession d’actifs «non stratégiques» et l’affectation des recettes prioritairement
au désendettement.
(exemple : la privatisation des concessions autoroutières amorcée à l’automne 2005)
La dette publique française est donc de moins en moins soutenable. Cependant, des voies
s’élèvent pour infléchir le débat et la compréhension des enjeux de la dette dans un sens
inverse.
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FAUT-IL RÉDUIRE LA DETTE PUBLIQUE ?
J. Creel et H. Sterdinyak, Faut-il réduire la dette publique ?, 2006.
Les auteurs J.Creel et H. Sterdinyak commencent par faire remarquer le caractère non original
de la dette publique française : la hausse de longue période se retrouve dans la quasi-totalité des
pays de l’OCDE, bien qu’un peu plus accentuée dans le cas de la France, qui part de plus bas.
Ils soulignent également la richesse des administrations publiques (malgré leur dette) en termes
d’actifs physiques, d’infrastructures qui représentaient 4 fois le PIB de la France en 1993, 5,2
fois en 2003.
La dette apparaît désirée : les agents privés désirent détenir de la dette publique pour des
raisons de liquidité et de sécurité.
Pour Creel et Sterdinyak, le rapport Pébereau s’inscrit dans une conception dépensière et
démagogique des pouvoirs publics qui utiliseraient les finances uniquement pour satisfaire
leur électorat et qui ne prendraient pas les mesures adéquates en période de bonne
conjoncture.
Le déficit public, du fait de l’effet d’éviction, serait une cause autonome de déséquilibre
macroéconomique. Or, un tel scénario ne s’observe que très rarement. En effet, de 2002 à
2005, malgré le gonflement des déficits publics, les taux d’intérêt de court et de long terme
ont été au plus bas en Europe comme aux États-Unis et au Japon.
Les 2 auteurs critiquent également l’argument selon lequel les charges d’intérêt seraient une
dépense anti-redistributive puisqu’elles sont versées aux plus riches qui épargnent.
En cas de recours aux prélèvements pour financer le déficit, l’État peut demander aux ménages
les plus riches de payer un impôt sur le revenu et le patrimoine.
ðLa dette publique est plus la conséquence de la situation macroéconomique que sa cause.
En période de pessimisme des acteurs, il peut être intéressant de faire baisser les taux d’intérêt
pour relancer l’activité. Malheureusement, une telle mesure ne relance pas forcément l’optimisme
et est inapplicable dans la zone euro. Dans ce cas là, le remède est la relance budgétaire qui ne
produit pas d’éviction puisque les taux d’intérêt sont très bas. Ainsi, la dette a 2 causes :
- la demande déprimée,
- les taux d’intérêt trop élevés.
Le rapport Pébereau soulignait la mauvaise gestion des finances et proposait de ne pas
ajouter des dépenses sans en déduire d’autres de moindre utilité.
Cependant, les dépenses publiques sont souvent demandées par les français, qui souhaitent
une école, une justice, une police, des infrastructures de qualité, des dépenses de santé
gratuites, etc.
Le déficit public a été nécessaire pour soutenir l’activité. Sans lui, celle-ci aurait été plus
faible.
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