L’efficacité de la politique budgétaire
© Joël Hermet - 2015
I) La politique budgétaire peut être mise en place utilement dans
certains cas
A- Sur le plan conjoncturel, en cas de récession ou de surchauffe :
Argument keynésien
Politique contra cyclique permettant de lisser les cycles
Basée sur la notion de multiplicateur (budgétaire, fiscal). Politique budgétaire plus
efficace que la politique monétaire en cas de trappe à liquidité (taux d’intérêt bas)
La demande publique prend le relais de la demande privée défaillante
Utilisée maintes fois : New Deal, les 30 glorieuses, crise de 2008 ; pour les keynésiens,
cela a permis en 2008 d’éviter une grande dépression comme dans les années 1930
B- Sur le plan structurel, pour financer des investissements publics :
Théorie de la croissance endogène (Romer)
Permet de financer les investissements en infrastructures, capital humain, R&D
Ces investissements génèrent des externalités positives et une forte croissance à long
terme
Le calcul économique privé ne permet pas de tenir compte des gains sociaux de ces
investissements ; l’Etat lui tient compte des externalités
II) … Mais elle peut aussi se révéler inefficace et dangereuse
A- Faible efficacité :
De la politique de relance : en raison de l’ouverture extérieure (multiplicateur plus faible
en économie ouverte), du comportement non keynésien des ménages (théorie du
revenu permanent, théorème d’équivalence), des délais de mise en œuvre, cas du Japon
de 1990 à nos jours
Des investissements publics : le jeu des groupes de pression fait que les secteurs aidés
sont ceux qui ont un poids politique important et pas nécessairement des retombées
(Public Choice)
B- Dangers :
Le déficit permanent : keynésianisme hémiplégique (tendance à ne faire que du déficit
et ne jamais avoir d’excédent budgétaire, même en période de haute conjoncture) ; les
règles constitutionnelles visant à limiter les déficits ne sont pas respectées (loi Gramm
Rudman Hollings aux USA, Pacte de Stabilité en zone euro)
La dette publique : accumulation des déficits budgétaires entraine une hausse de la
dette publique avec ses multiples conséquences : hausse de la charge d’intérêt, effet
boule de neige de la dette publique, crise de la dette
Une hypertrophie du secteur public : prélèvements obligatoires élevés aboutissant à une
désincitation au travail (courbe de Laffer), effet d’éviction, étatisation rampante de
l’économie, contrôle accru exercé par l'État sur les ressources produites par les citoyens.
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