Ce déficit ne provient pas d’une explosion des dé-
penses publiques. Au contraire, on constate que la part
des dépenses de l’État dans le PIB a même tendance à
décroître. Elle est passée de 23 % au début des années
80 à 18 % en 2008, avant de remonter légèrement en
raison de la récession.
La baisse des revenus du gouvernement du Québec
représente la principale cause du déficit. Près du tiers
de ce dernier s’explique directement par les baisses
d’impôts accordées par le gouvernement québécois
entre 2003 et 2007.
B- Bien comprendre la dette
L’augmentation de la dette publique du Québec au
cours des dernières années a été causée essentielle-
ment par des investissements dans les immobilisations
(infrastructures publiques, Hydro-Québec). Cela signi-
fie aussi que le Québec possède des actifs en contre-
partie de cette dette, actifs que nous cédons aux géné-
rations futures.1
Si l’atteinte de l’équilibre entre les recettes et les dé-
penses courantes est certes à atteindre, vouloir le faire
trop rapidement comporte un coût important. La meil-
leure façon de réduire le déficit et la charge de la dette
est encore l’augmentation des revenus découlant de
l’activité économique.
2- L'austérité budgétaire risque de compro-
mettre la relance
La résilience de l’économie québécoise repose large-
ment sur l’intervention de l’État; on peut dès lors
s’interroger sur le bien fondé des mesures d’austérité
budgétaire préconisées par le gouvernement du Qué-
bec, d’autant plus que la reprise est fragile, ici comme
ailleurs.
La réduction des investissements publics dans
les infrastructures dès 2013 aura invariablement
un effet négatif sur l’économie québécoise.
Une réduction des services offerts par le gou-
vernement et du nombre d’emplois du secteur
public pourrait ralentir la reprise.
Le niveau de production de l’économie est l’élé-
Forum Autres voix…autres choix
ment le plus important du ratio dette/PIB. Con-
séquemment, avant de penser couper dans ses
dépenses, le gouvernement doit s’efforcer de
stimuler une croissance qui assure des emplois
de qualité tout en respectant notre environne-
ment.
3- Les services publics sont en danger
Depuis dix ans, le gouvernement s’est volontairement
privé de plusieurs milliards de dollars en revenus par
ses choix fiscaux. Cela explique en grande partie que
les services publics souffrent aujourd’hui d’un finan-
cement problématique.
Le cadre financier actuel prévoit une réduction
du taux de croissance des dépenses de pro-
grammes de 4,6 % en moyenne depuis 2003 à
2,2 % par an jusqu’en 2013-2014, ce qui aura
inévitablement des effets pervers sur la qualité
des services publics.
Un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite
n’est pas remplacé, ce qui a pour conséquence
de diminuer les services à la population. Beau-
coup de services de première ligne, tant en san-
té, en éducation que dans des domaines moins
connus comme l’inspection des bâtiments, ont
également vu leur qualité diminuer.
Le sous-financement entraîne la réduction de la
qualité des services et contribue à miner l’appui
de la population à leur endroit.
Le retour à l’équilibre budgétaire doit passer par une
augmentation des revenus de l’État soutenue par des
mesures progressives et non par une réduction des res-
sources consacrées aux services publics.
Toutefois, un engagement à financer les services pu-
blics adéquatement ne signifie pas qu’on ne doive pas
envisager de revoir certains choix de gestion et de fi-
nancement dans le secteur public ou qu’il n’y ait pas
de meilleures pratiques qui puissent être mises en
place.
1- Louis Gill : L’heure juste sur la dette du Québec. Juin 2010.
h t t p : / / w w w . e c o n o m i ea u t r e m e n t . o r g / I M G / p d f /
Gill_Dette_Heurejuste.pdf