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RAPPEL DU SUJET
SUJET 2 : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
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Examen : Bac ES
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LE CORRIGÉ
I / Analyse du sujet
La question permet de mobiliser les connaissances sur la conscience, et plus largement le chapitre sur "Le sujet
". Cependant il convient d'être prudent : le problème généralement abordé en classe est celui de la possibilité de
la connaissance de soi, or ici on n'a pas affaire au très classique : « Peut-on se connaître soi-même ? », mais à une
interrogation sur les motivations qui poussent à se connaître. Là est la principale difficulté : ne pas réciter son cours car,
malgré les apparences, le problème soulevé est inédit.
La conscience peut être définie comme une connaissance (cum-scientia = avec la connaissance). Sa première forme
est la connaissance immédiate des objets extérieurs. La seconde, la connaissance par réflexion (retour sur soi). La
réflexion permet au sujet de « prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du cœur humain »
(Hegel, Esthétique). La capacité du sujet, l’homme doté de raison, de se penser lui-même en plus de penser les objets,
les choses qui l’environnent, lui permet de relever le défi de la connaissance de soi.
L'objectivité de cette connaissance ne paraît toutefois pas aussi garantie que celle des objets extérieurs. Le sujet
connaissant et l'objet connu étant une seule et même personne, la connaissance de soi est nécessairement subjective et
peut donc voir son statut de connaissance remis en cause. C'est par exemple ce que dit Kant en dissociant la
conscience de soi de la connaissance de soi.
II / Problématique du sujet
« Se connaître soi-même » c'est ce que l’homme cherche à faire spontanément, mais aussi ce que l’homme ne peut
atteindre véritablement. Poser la question : « Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? », c’est donc mettre le
candidat face au présupposé que la connaissance de soi peut être visée par l’homme sans qu’il n’y parvienne. Si on
cherche à le faire, ce n’est pas certain qu’il y ait là succès, mais on cherche quand même à le faire, d’où la question :
pourquoi ?
Cette question invite donc à s’interroger sur les causes et les raisons d'une démarche de connaissance, sans exclure
ses limites, voire son impossibilité.
Le risque principal serait de rabattre le « pourquoi » sur un « pour quoi ? », en réduisant le problème à une simple
question d' objectifs et de buts , avec un plan très limité qui se contenterait de lister les bénéfices d'une exacte
connaissance de soi.
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Le problème peut être plus justement circonscrit autour de questions telles que : Qu’est-ce qui fait que l’homme cherche
à se connaître lui-même ?
Pourquoi « chercher » à le faire ? Pourquoi est-ce si difficile alors même que l'homme possède pour cela la conscience
qui est un instrument de connaissance ?
Si je cherche quelque chose, qu’est-ce que je cherche, et qu'est-ce qui fait que ce que je cherche m'échappe ?
Puis-je parvenir à ce que je cherche ? Puis-je vraiment me connaître ? au sens de : Qu'est-ce que je peux vraiment
connaître de moi ?
Qu’est-ce qui me pousse à le faire si c’est si difficile ? Ai-je seulement le choix lorsque je me lance dans cette quête ?
Ces questions révèlent que le problème est tout autant moral (action, liberté) que psychologique (connaissance,
identité), voire social et politique. Les notions de bonheur et de liberté ne sont pas loin. Mais comme la question est
donnée aux élèves de ES, on peut s’attendre à ce qu’ils envisagent aussi ses dimensions sociales : par exemple
l’intégration ou l’émancipation de l’individu à l’égard de la société. Qui suis-je par rapport à la société ? Quelle est ma
part d’individualité ? Qu’est-ce qui me revient à moi ? Puis-je être libre ? Si je cherche à me connaître moi-même, c’est
peut-être que j’ai à y gagner la pleine possession de ma conscience en tant que sujet autonome et libre, un individu au
sens philosophique qui peut se rapporter à une universalité qu’est l’humanité sans pour autant perdre son individualité.
III / Boîte à outils
Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? – parce que c’est dans la nature de l’homme. Si l’homme
cherche à se connaître, c’est d'abord parce qu’il est conscience et conscience de soi. La conscience place
spontanément le sujet dans une démarche réflexive qui le conduit à sa propre connaissance.
On pouvait penser à Descartes. La méthode du doute est le moyen d'établir une connaissance absolument
indubitable, fondée en raison. C'est ce qu'illustre le cogito (« Je pense, donc je suis »). En démontrant que l’homme
est une res cogitans, une chose dont toute la nature est de penser, cette première vérité servira de fondement et de
critère à toutes les autres.
Dans le même ordre d'idée, on pouvait utiliser Hegel. Par la réflexion, l'homme parvient à « se contempler, se
représenter ce que la pensée peut (lui) assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien
dans ce qu'il tire de son propre fond que dans les données qu'il reçoit de l'extérieur. »
Pour Descartes ou Hegel, la connaissance de soi permet à l'homme d'aller au bout de sa nature, de se reconnaître
essentiellement comme pensée, et de prendre conscience de la différence spécifique de son être.
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Pourquoi chercher à se connaître soi-même - si la conscience, qui rend une connaissance de soi possible,
la rend du même coup inutile et incertaine ? Si la pensée nous permet de nous connaître, elle fait aussi
reconnaître à l'homme le caractère foncièrement paradoxal de sa nature. « L'homme n'est qu'un roseau, le plus
faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. » (Pascal, Pensées). La pensée n'est pas seulement ce qui définit
l'homme, elle est aussi ce par quoi l'homme échappe à lui-même. « Par l'espace, l'univers me comprend et
m'engloutit comme un point ; par la pensée je le comprends. » Et Pascal de conclure de cette contradiction que
l'homme est à ses propres yeux « un monstre incompréhensible. »
Pourquoi chercher à se connaître - si par la temporalité la conscience échappe à chaque instant à ce qu'elle
est ? A l'échec qui tient à la nature contradictoire de l'homme s'en ajoute un autre qui tient cette fois à la
dimension temporelle de la conscience. Là-dessus les analyses classiques de Bergson étaient utiles : « La
conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir. » (
L'Energie spirituelle) Comme la conscience traverse les dimensions de l'espace (le point, l'infini), elle arrache
sans cesse l'homme au temps présent pour le jeter vers le passé et l'avenir, ce qui rend problématique toute
connaissance. Qui suis-je donc si je peux être différent de ce que j'ai été et si je peux aussi être dans l'avenir
différent de ce que je suis ici et maintenant ?
On pouvait penser aux analyses lucides d'Yvon Belaval qui indique bien les limites de la connaissance de soi dès
qu'on prend en compte la dimension temporelle de la conscience de soi : « Il faut donc que je m'y résigne : la
connaissance que je puis avoir de moi n'est qu'une connaissance entre autres parmi celles que j'eusse pu formuler.
Elle n'est jamais achevée. Chaque fois que j'affirmerai : J'ai été ceci ou cela : Je suis ceci ou cela, le ceci ou cela ne
traduira qu'un aperçu, en grande partie arbitraire et toujours partiel, de ce que j'ai été ou de ce que je suis. Les
mots, ici, indiquent moins une constatation qu'une direction de recherche. Certes, j'étais cela mais j'étais aussi
davantage. Pas seulement cela ! Le sentiment de pouvoir-être-davantage, de pouvoir-être-autre est constitutif de la
conscience de soi. Je dépasse toujours le fait ou la formule. Il n'y a pas du soi une connaissance arrêtée. » (Yvon
Belaval, Le Souci de sincérité, 1944).
Pourquoi chercher à se connaître soi-même - si la conscience se heurte à l'hypothèse d'un inconscient ?
On pouvait tout aussi bien utiliser les analyses de Freud pour montrer que la conscience n'est qu'une petite partie
de l'inconscient. (« L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus
petit. » (L'interprétation des rêves) De partout la conscience est débordée par les dimensions de l'inconscient (= les
pensées refoulées qui continuent à agir sur la conscience sans que celle-ci puisse ni contrôler ni connaître cette
action). Cet argument négatif pouvait permettre de renverser l'impossibilité en possibilité et trouver une raison et
une finalité originales à la connaissance de soi. La technique psychanalytique permet en effet de « transformer tout
l'inconscient pathogène en conscient » et apporter ainsi une solution aux souffrances d'origine psychique.
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Pourquoi donc chercher à se connaître soi-même ? – parce que ma raison me dit que j’ai tout à y gagner. Ici
apparaît la dimension complémentaire des buts (pour quoi ?). Entamer une psychanalyse c’est ainsi chercher à se
connaître parce qu’on a des raisons de le faire (par exemple : on va mal) et parce qu'on vise quelque chose de
précis (aller mieux). Tout cela relève bien de la démarche consciente, volontariste envisagée pour ce sujet : j’ai tout
à y gagner. J’y ai intérêt, c’est rationnel, j’ai des raisons de le faire, j’ai des buts clairement définis.
Pourquoi chercher à me connaître - parce que la connaissance de ce que je suis et de ce qui me convient
est indispensable à mon bonheur et à ma liberté. Ici les analyses classiques d'Epicure étaient bienvenues.
Epicure montre en effet que le bonheur réside dans la maîtrise de ses désirs. Cette maîtrise passe par la
connaissance de soi qui seule permet au sujet de choisir parmi ses désirs ceux susceptibles de le rendre vraiment
heureux.
On pouvait aussi prolonger l'exemple de la psychanalyse : si la technique freudienne ne change pas foncièrement
l'individu, elle lui permet de s'accommoder de ses déterminismes psychiques, ce faisant elle lui permet de vivre
mieux en dépit des limitations de son être.
Pourquoi chercher à se connaître soi-même – si la connaissance de soi n’a aucune autre fin qu’elle-même.
La distinction « fin/moyen » pouvait enfin être utilisée pour montrer qu’il n’y a pas à entrevoir dans la connaissance
de soi autre chose qu'une fin en soi. Même sans entrer dans une conception technique et instrumentale du genre :
« Si je cherche à me connaître, cela va m’apporter quelque chose, je vais y gagner quelque chose », et par
exemple le bonheur, même si la connaissance de soi n'est jamais assurée, chercher à se connaître a du sens.
Sans rien viser d'autre qu’elle-même, la connaissance de soi reste quand même synonyme d'humanité et de
liberté. Chercher à se connaître, c'est chercher à être un homme, et cela inclut nécessairement le rapport
aux autres. Ainsi on dépasse l'enfermement égoïste, voire solipsiste, du problème pour prendre en compte ses
dimensions sociales et politiques.
On pouvait penser aux analyses de Spinoza. La connaissance produit des idées adéquates, et les idées adéquates
permettent aux individus d'augmenter leur puissance d'exister en étant cause adéquate de leurs actes. De ce point
de vue, la connaissance de soi permet à chacun de se lier plus utilement aux autres, parce que se connaître, c'est
d'abord se connaître comme homme et connaître que « rien n'est plus utile à l'homme que l'homme ».
Ainsi définie, la connaissance de soi apparaît comme une tâche infinie mais son devoir est pour chacun la plus
haute source de joie possible.
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