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●Pourquoi chercher à se connaître soi-même - si la conscience, qui rend une connaissance de soi possible,
la rend du même coup inutile et incertaine ? Si la pensée nous permet de nous connaître, elle fait aussi
reconnaître à l'homme le caractère foncièrement paradoxal de sa nature. « L'homme n'est qu'un roseau, le plus
faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. » (Pascal, Pensées). La pensée n'est pas seulement ce qui définit
l'homme, elle est aussi ce par quoi l'homme échappe à lui-même. « Par l'espace, l'univers me comprend et
m'engloutit comme un point ; par la pensée je le comprends. » Et Pascal de conclure de cette contradiction que
l'homme est à ses propres yeux « un monstre incompréhensible. »
●Pourquoi chercher à se connaître - si par la temporalité la conscience échappe à chaque instant à ce qu'elle
est ? A l'échec qui tient à la nature contradictoire de l'homme s'en ajoute un autre qui tient cette fois à la
dimension temporelle de la conscience. Là-dessus les analyses classiques de Bergson étaient utiles : « La
conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir. » (
L'Energie spirituelle) Comme la conscience traverse les dimensions de l'espace (le point, l'infini), elle arrache
sans cesse l'homme au temps présent pour le jeter vers le passé et l'avenir, ce qui rend problématique toute
connaissance. Qui suis-je donc si je peux être différent de ce que j'ai été et si je peux aussi être dans l'avenir
différent de ce que je suis ici et maintenant ?
On pouvait penser aux analyses lucides d'Yvon Belaval qui indique bien les limites de la connaissance de soi dès
qu'on prend en compte la dimension temporelle de la conscience de soi : « Il faut donc que je m'y résigne : la
connaissance que je puis avoir de moi n'est qu'une connaissance entre autres parmi celles que j'eusse pu formuler.
Elle n'est jamais achevée. Chaque fois que j'affirmerai : J'ai été ceci ou cela : Je suis ceci ou cela, le ceci ou cela ne
traduira qu'un aperçu, en grande partie arbitraire et toujours partiel, de ce que j'ai été ou de ce que je suis. Les
mots, ici, indiquent moins une constatation qu'une direction de recherche. Certes, j'étais cela mais j'étais aussi
davantage. Pas seulement cela ! Le sentiment de pouvoir-être-davantage, de pouvoir-être-autre est constitutif de la
conscience de soi. Je dépasse toujours le fait ou la formule. Il n'y a pas du soi une connaissance arrêtée. » (Yvon
Belaval, Le Souci de sincérité, 1944).
●Pourquoi chercher à se connaître soi-même - si la conscience se heurte à l'hypothèse d'un inconscient ?
On pouvait tout aussi bien utiliser les analyses de Freud pour montrer que la conscience n'est qu'une petite partie
de l'inconscient. (« L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus
petit. » (L'interprétation des rêves) De partout la conscience est débordée par les dimensions de l'inconscient (= les
pensées refoulées qui continuent à agir sur la conscience sans que celle-ci puisse ni contrôler ni connaître cette
action). Cet argument négatif pouvait permettre de renverser l'impossibilité en possibilité et trouver une raison et
une finalité originales à la connaissance de soi. La technique psychanalytique permet en effet de « transformer tout
l'inconscient pathogène en conscient » et apporter ainsi une solution aux souffrances d'origine psychique.
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corrigé bac 2014
Examen : Bac ES
Epreuve : Philosophie
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