CORRIGÉ
141
LA DÉMONSTRATION • SUJET 20
Le sujet La culture
La raison et le réel La politique
La morale Sujets d’oral
Ainsi l’auteur porte un jugement de valeur sur la scientificité d’une
discipline : elle ne dépend pas seulement de la véracité du résultat, mais de
la méthode employée pour l’obtenir. Si l’on oublie celle-ci, le résultat risque
de perdre sa scientificité. Mais en quoi, une fois le résultat obtenu scientifi-
quement, la science est-elle menacée ?
2. L’instruction sans la pratique scientifique reste
insuffisante pour se préserver de la croyance
A. L’instruction n’est pas l’esprit scientifique
Une science désigne une discipline prétendant détenir des connaissances
exactes, objectives (indépendamment de nos idées ou représentations sub-
jectives). Une loi scientifique établit une relation permanente et universelle
de cause à effet entre des phénomènes. Mais l’histoire de la science n’est
pas l’histoire de la connaissance : elle avance grâce aux erreurs qu’elle fait
puis elle les rectifie. Par exemple le système de Ptolémée (faux, mais scien-
tifique à son époque) n’empêchait pas de faire des prédictions sur les
éclipses ou autres phénomènes cosmiques, même s’il a fallu attendre
Copernic pour passer du géocentrisme à l’héliocentrisme.
En ce sens, l’intelligence d’un homme ne se calcule pas aux nombres de
connaissances accumulées, à la quantité de résultats appris (il s’agirait
plus ici de ce que l’on appelle un singe savant), mais à son « esprit scienti-
fique ». Celui-ci permet d’avoir une « méfiance instinctive pour les
aberrations de la pensée », c’est-à-dire des productions intellectuelles,
théoriques, qui ne s’arrêtent pas à des idées toutes faites, fausses, de
simples opinions, autrement dit à ne pas « recevoir » certaines idées, à ne
pas accepter certaines « idées reçues » ! L’esprit scientifique, proche de
l’esprit philosophique tel que le définit la tradition socratique, consiste à ne
pas figer sa pensée, mais à continuer à questionner toute affirmation tant
qu’elle n’est pas démontrée, c’est-à-dire tant qu’elle n’est pas accompa-
gnée de la méthode qui a permis de l’établir. Comment s’acquiert cet esprit
scientifique qui évite de se fourvoyer ? Par « un long exercice », c’est-à-dire
par la répétition de la méthode qui a permis d’atteindre le résultat : en
science pour Nietzsche, le processus (la recherche) est aussi important que
le produit (la découverte).
B. L’éducation ne doit pas être que la transmission
d’une somme de connaissances
Il en résulte que l’esprit scientifique, l’intelligence, est bien plus la capacité à
comprendre les choses, une compétence transférable à tout objet, qu’une
somme de savoirs, de théories déjà digérées qui ne peuvent servir à
comprendre d’autres choses. En ce sens, Montaigne affirme qu’en matière
LivreSansTitre1.book Page 141 Mercredi, 30. juillet 2008 2:19 14
© H A T I E R