17
Le capital humain, un moteur de croissance aux qualités diverses
Le capital humain a semblé réunir les qualités requises à un moteur de la croissance parce
qu’il est susceptible à la fois de connaître une accumulation à rendements au moins constants
mais aussi de justifier l’existence d’externalités. Il se présente également comme un
déterminant primaire de la productivité du travail et du capital.
La connaissance ne semble pas être régie par une décroissance des rendements au fur et à
mesure de son accumulation. Au contraire, un certain niveau de connaissance peut paraître
indispensable à l’acquisition de nouveaux savoirs et à leur mise en œuvre au sein de
l’entreprise. En ce sens, le capital humain est sujet à des phénomènes d’apprentissage et donc
à des rendements au moins constants. Cette qualité de la connaissance serait, en revanche,
inopérante si les propriétaires de ce capital humain étaient incapables de transmettre leur
savoir d’une génération à l’autre. Pour pallier à ce problème, les économistes ont d’abord
supposé des individus à durée de vie infinie. Moins sommaire que l’idée d’un agent
économique vivant éternellement, il est possible d’aboutir aux mêmes conclusions en
adoptant, à la suite de Lucas (1988) et Azariadis et Drazen (1990), une vision dynastique du
patrimoine culturel. Ceci revient à mettre en avant le caractère social des individus en
soulignant leur appartenance à un contexte familial et le rôle de ce tissu familial dans la
transmission du savoir. Ce legs agit comme une externalité positive dans la mesure où bien
qu’étant involontaire de la part des parents, il influe positivement sur le salaire des
générations futures et donc sur leur bien-être.
Dans son modèle de learning or doing, Lucas (1988) propose un cadre analytique alternatif à
celui de Solow (1956) dans lequel l'accumulation du capital à rendements constants permet de
justifier l'existence d'une croissance auto-entretenue. Sur le sentier de croissance équilibrée, le
taux de croissance des variables par tête est "tiré" par le taux d’accumulation du capital
humain. En d’autres termes, le capital humain est, de par la constance de ses rendements,
générateur de croissance endogène. De plus, et cela constitue la démarcation majeure de ce
courant avec la théorie solowienne, les différences dans les rendements du capital humain ou
dans le temps alloué à la scolarité entre les pays peuvent justifier une divergence persistante
entre les taux de croissance économique.
Une hypothèse d’externalité lors du développement économique permettrait, elle aussi, de
justifier l’endogénéité de la croissance. Romer (1986) et Lucas (1988) montrent, à ce propos,