▶ Analyse du sujet
Le sujet invite le candidat à s’interroger sur le rôle du progrès technique dans la croissance. Si les économistes s’accordent à lui
attribuer un rôle déterminant, d’autres facteurs sont indispensables pour permettre son émergence et sa diffusion. Le progrès
technique ne « tombe pas du ciel », il n’est pas exogène à l’activité économique, mais dépend du comportement des acteurs. Il
convient donc de nuancer et d’affiner le rôle du progrès technique.
▶ Introduction
Le progrès technique peut se définir comme un accroissement de la connaissance que les hommes ont des lois de la nature
appliquées à la production. Tous les économistes accordent au progrès technique un rôle fondamental dans la croissance
économique. Cependant, le caractère cumulatif et auto-entretenu de la croissance conduit à nuancer ce rôle. D’autres facteurs sont
nécessaires pour que le progrès technique puisse émerger et diffuser ses effets dans l’économie.
▶ Proposition de plan détaillé
I. Le progrès technique : un rôle fondamental dans la croissance.
A. La croissance s’explique par les gains de productivité et le progrès technique.
1. On remarque une très forte corrélation entre la croissance du PIB et celle de la productivité horaire (doc. 1) : les pays
qui connaissent des croissances fortes (Corée depuis les années 1970, États-Unis de 1995 à 2000, France de 1970 à 1980) ont
également des gains de productivité horaire élevés.
A contrario, le ralentissement de la croissance de certains pays à partir des années 1980 s’accompagne d’une baisse du taux de
croissance de la productivité horaire. Ainsi, la croissance économique de la France est-elle passée de 3,7 % par an en moyenne sur
la période 1970-1980 à 1,1 % sur la période 2000-2010. Dans le même temps, les gains de productivité ont connu une forte
décélération : 4,1 % sur la première période, 0,8 % sur la deuxième période.
2. On peut décomposer le rôle des facteurs de production et du progrès technique dans la croissance en assimilant le
progrès technique à la variation de la productivité globale des facteurs de production (doc. 3).
Ainsi, en France, de 1950 à 1973, le taux de croissance du PIB (5 % en moyenne par an) s’explique à plus de 50 % par la
croissance de la productivité globale des facteurs de production qui contribue pour 3,2 points à la croissance. Il en est de même en
Allemagne sur la même période. Cette étude rejoint celles de Carré, Dubois et Malinvaud en France ou celle de Denison aux
États-Unis.
3. Une croissance extensive est aussi possible. La croissance de certains pays comme la Chine aujourd’hui ou les États-Unis sur
la période 1973-1992 (doc. 2 : sur 2,4 % de croissance du PIB, 0,2 point seulement est attribuable à la productivité des facteurs de
production) s’explique principalement par les facteurs de production.
4. Néanmoins, sans progrès technique, la croissance ne peut pas être durable. En effet, une croissance qui ne repose que sur le
travail ou l’accumulation du capital, une croissance extensive, est condamnée à ralentir inexorablement en raison de la loi des
rendements décroissants.
5. Les effets d’échelle liés à la taille du marché ou les effets sectoriels liés à la mobilité professionnelle ne sont pas à
négliger, mais leur contribution à la croissance est rarement supérieure à 1 point (doc. 3).
B. Le rôle fondamental du progrès technique est reconnu par tous les économistes, qu’il s’agisse de
Robert Solow ou des théoriciens de la croissance endogène.
1. Pour Solow, le progrès technique est un résidu qui se calcule par différence entre la croissance de la production et la
contribution des facteurs de production à la croissance. Ce résidu est la mesure de notre ignorance dans l’explication de la
croissance. Le progrès technique apparaît comme exogène à la sphère économique, comme « tombé du ciel ».
2. Néanmoins, ces analyses ne sont pas satisfaisantes. Elles n’expliquent ni l’origine du progrès technique, ni l’absence de
rattrapage de certains pays pauvres par rapport aux pays avancés, ni la diversité des taux de croissance dans le temps et l’espace.
3. Pour les théoriciens de la croissance endogène, le progrès technique est certes fondamental, mais il est endogène et
s’explique par le comportement des acteurs. Pour ces théoriciens, les rendements factoriels ne sont pas, comme chez Solow,
décroissants, mais constants et les rendements d’échelle croissants (constants chez Solow).