
La hausse des taux s’est produite. Et maintenant?
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Se pencher sur les préoccupations que cela soulève
Naturellement, le début d’un nouveau cycle de resserrement de la politique monétaire a tendance à soulever
une grande quantité de préoccupations.
Nous percevons les conséquences économiques de cette hausse de taux comme étant assez peu
importantes. Une seule hausse de taux soustrait pas plus que 0,1 % à 0,4 % à la croissance économique lors
de l’année qui suit (et nous croyons que ce chiffre est plus près du 0,1 % de manière réaliste). Les récessions
ne sont tout simplement pas provoquées par un seul relèvement de taux, ou même plusieurs hausses de
taux consécutives.
Le marché des titres d’endettement à rendement élevé a été une source d’inquiétudes pour les marchés
récemment. La présidente de la Fed Janet Yellen a abordé cet enjeu lors de la période de questions qui a
suivi l’annonce, en indiquant que la Fed évaluait le sujet soigneusement, mais elle a minimisé ces inquiétudes
en adoptant le point de vue que « plusieurs facteurs devraient contribuer à juguler les débordements ».
Nous avons depuis longtemps identifié un ensemble de risques associés aux créances dans le monde et nous
reconnaissons qu’une possible combinaison de quatre catalyseurs - les hausses des taux de la Fed, un billet
vert vigoureux, une croissance au ralenti sur les marchés émergents et la chute des cours des matières
premières et semi-ouvrées - pourraient éventuellement déclencher des problèmes. Comme tel, l’amorce de ce
cycle de resserrement de la politique monétaire des É.-U. - si elle est en soi sans grande importance en ce
sens qu’elle ne fait que de hausser légèrement les coûts des emprunts - pourrait encore mettre à jour certains
excès. Nous suivons de très près tout signe de problèmes, mais nous fonctionnons selon l’hypothèse que le
marché a déjà composé avec trois de ces problèmes en puissance depuis la période estivale, compte tenu à
quel point cette hausse avait été annoncée à l’avance.
Un autre sujet de préoccupation est que le cycle économique pourrait approcher de sa fin. Chose
intéressante à noter, les graphiques à points montrent qu’il y a une nouvelle mais petite cohorte de
participants qui semblent penser que 2018 pourrait marquer la fin du cycle de resserrement (nous
assumons en raison des inquiétudes que le cycle économique actuel prendrait alors fin). Deux
participants de la Fed voient désormais des taux des fonds fédéraux au jour le jour à 2,125 % et 2,5 % à
la fin de 2018. La prévision la plus basse précédemment était de 2,875 %. Notre propre perception est
que le cycle économique a, dans les faits, atteint sa maturité, soulevant le risque d’un recul des marchés
au cours de plusieurs des prochaines années. Cependant, nous ne pouvons voir ce virage se produire
actuellement.
En conclusion
Notre principal message est que la Fed a réussi à relever les taux sans trop perturber les marchés. En effet, le
contenu des communications associées à cette décision est aussi positif que ce à quoi on pourrait s’attendre
pour les investisseurs ; une évaluation positive de l’économie en lien avec des politiques des autorités
monétaires assez prêtes à faire des compromis (du moins par rapport à ses attentes). Selon notre vision des
choses, il fort peu probable que la Fed relève les taux lors de sa prochaine réunion le 27 janvier prochain. Les
graphiques dont se sert la Fed suggèrent qu’elle a un modèle pour chaque deuxième réunion qui est notre
hypothèse par défaut. Comme telle, la réunion du 16 mars méritera que l’on y porte plus attention. Cela dit,
nous croyons qu’il y a une assez bonne chance que ce resserrement sera espacé encore plus que cela selon
l’évolution de la situation économique et financière.
Les interprétations du marché ont été prises d’assaut à plusieurs reprises, mais elles se précisent
(correctement) ces jours-ci pour se traduire en une interprétation positive pour les éléments d’actif comportant
un risque. Le dollar est légèrement plus élevé, les rendements obligataires sont en hausse et les cours
boursiers sont en remontée aux É.-U.
Un resserrement de la politique monétaire de la Fed à moyen terme devrait théoriquement relever les
taux d’intérêt pour tout un éventail d’instruments financiers à revenu fixe, quoique nous soyons d’avis que
toute hausse devrait être modeste en raison des autres puissantes forces baissières en jeu qui
demeurent présentes. Les marchés boursiers n’ont jamais aimé dans la passé les cycles de resserrement
des politiques monétaires, mais ils ont toutefois été en mesure de poursuivre leur progression à la
hausse en moyenne lors de ces cycles.