Chapitre 24
Espaces euclidiens
Objectifs
Définir les notions de produit scalaire, d’orthogonalité, de bases orthonormales.
Définir les notions d’endomorphismes orthogonaux, de matrices orthogonales, étudier leurs propriétés.
Étudier les endomorphismes orthogonaux en dimension 1, 2 et 3.
Sommaire
I) Produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1) Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2) Orthogonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3) Bases orthonormales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
4) Projections orthogonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
5) Distance d’un vecteur à un s.e.v . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
II) Endomorphismes orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1) definition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2) Matrices orthogonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3) Espace vectoriel euclidien orienté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4) Produit mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
5) Produit vectoriel en dimension 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
III) Endomorphismes orthogonaux en dimension 1, 2 et 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1) En dimension 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2) Dans le plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3) En dimension 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
IV) Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Dans tout le chapitre, Edésigne un R-espace vectoriel.
I) Produit scalaire
1) Définitions
DÉFINITION 24.1
Un produit scalaire sur
E
est une forme bilinéaire sur
E
, généralement notée (
.|.
), qui à tout couple
de vecteurs (x,y)associe le réel (x|y), et qui vérifie :
x,yE,(x|y) = ( y|x)(symétrie).
xE,(x|x)¾0(positive).
xE, si (x|x) = 0, alors x=0(définie).
Lorsque
E
est muni d’un produit scalaire (
.|.
), on dit que (
E,
(
.|.
)) est un espace euclidien s’il est de
dimension finie, ou un espace pré-hilbertien sinon.
MPSI - COURS cFradin Patrick – http://mpsi.tuxfamily.org 1
Produit scalaire Chapitre 24 : Espaces euclidiens
Exemples:
Produit scalaire canonique de Rn:(x|y) =
n
P
i=1
xiyi.
E=C0([a;b],R)et f,gE,(f|g) = Rb
af(t)g(t)d t.
El’ensemble des fonctions continues sur Ret 2π-périodiques, on définit un produit scalaire sur Een posant :
f,gE,(f|g) = 1
2πZ2π
0
f(t)g(t)d t
Pour
x,yR2
,
ϕ
(
x,y
) =
x1y1
+
x1y2
+
x2y1
+2
x2y2
est un produit scalaire sur
R2
, mais pas
ψ
(
x,y
) =
x1y1+x1y2+x2y1+x2y2.
THÉORÈME 24.1 (Inégalité de Cauchy-Schwarz)
Ðx,yE,(x|y)2(x|x)( y|y).
Preuve
:
λR,
(
x
+
λy|x
+
λy
)
¾
0, ce qui donne en développant :
λ2
(
y|y
) + 2
λ
(
x|y
)+(
x|x
)
¾
0. Lorsque
(y|y)6=0, alors le discriminant du trinôme en λdoit être négatif ou nul, ce qui donne l’inégalité.
Lorsque (y|y) = 0, alors y=0 et l’inégalité est triviale.
THÉORÈME 24.2 (cas d’égalité)
Ðx,yE,(x|y)2= (x|x)( y|y)(x,y)est liée.
Preuve: Celle-ci est simple et laissée en exercice.
DÉFINITION 24.2 (norme euclidienne)
Soit
x
(
E,
(
.|.
)), on pose
kxk
=
p(x|x)
, c’est la norme euclidienne de
x
. Un vecteur de norme
égale à 1est dit unitaire.
Si xest non nul alors le vecteur 1
kxkxest unitaire.
Propriétés :
kxk=0x=0.
λR,kλxk=|λ|kxk.
kx+ykkxk+kyk(inégalité triangulaire).
Exemples:
Soient x,yEdeux vecteurs non nuls, montrer que kx+yk=kxk+kyk ⇐⇒ ∃ α > 0, x=αy.
E=Rn, avec le produit scalaire canonique, l’inégalité de Cauchy-Schwarz s’écrit :
n
X
i=1
xiyi!2
n
X
i=1
x2
i! n
X
i=1
y2
i!et kxk=sn
X
i=1
x2
i
E
=
C0
([
a
;
b
]
,R
)avec le produit scalaire : (
f|g
) =
Rb
af
(
t
)
g
(
t
)
d t
, l’inégalité de Cauchy-Schwarz s’écrit :
Rb
af(t)f g(t)d t2
Rb
af2Rb
ag2et kfk=qRb
af2.
Relations entre le produit scalaire et la norme :
kx+yk2=kxk2+kyk2+2(x|y).
kx+yk2+kxyk2=2(kxk2+kyk2)(théorème de la médiane ou identité du parallélogramme).
– 4(x|y) = kx+yk2kxyk2(identité de polarisation).
Dans la suite, (E,(.|.)) désigne un espace euclidien.
2) Orthogonalité
MPSI - COURS cFradin Patrick – http://mpsi.tuxfamily.org 2
Produit scalaire Chapitre 24 : Espaces euclidiens
DÉFINITION 24.3
Soient x,yE, et soient F,Gdeux s.e.v de E, on dit que :
xet ysont orthogonaux lorsque (x|y) = 0.
Fet Gsont orthogonaux lorsque xF,yG,(x|y) = 0.
On appelle
orthogonal de A
(une partie de
E
), l’ensemble des vecteurs de
E
orthogonaux à tous les
vecteurs de
A
, notation :
A
=
{xE/yA,
(
x|y
) = 0
}
. On remarquera que dire que
F
et
G
sont
orthogonaux équivaut à FG, ou encore GF.
Le seul vecteur orthogonal à tous les autres est le vecteur nul, i.e.
E
=
{
0
}
, car le produit scalaire est
défini.
THÉORÈME 24.3 (de Pythagore)
ÐDeux vecteurs xet ysont orthogonaux ssi kx+yk2=kxk2+kyk2.
THÉORÈME 24.4
ÐSi Fest un s.e.v de E, alors Fest un s.e.v de Een somme directe avec F.
Preuve
: Pour
yE
, on pose
fy
:
ER
définie par
fy
(
x
)=(
x|y
), alors
fy
est une forme linéaire sur
E
, et il est facile
de voir que
F
=
T
yF
ker
(
fy
), ce qui prouve que
F
est un s.e.v de
E
. Si
xFF
, alors on doit avoir (
x|x
) = 0,
d’où x=0.
Propriétés :
Si FG, alors GF.
F(F).
(F+G)=FG.
THÉORÈME 24.5
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Si dim(E) = net si Fest un s.e.v de Ede dimension p, alors dim(F) = np, on a donc :
E=FF.
Preuve: On sait que dim(FF)n, d’où dim(F)np.
Soit
f
:
ERp
l’application définie par
f
(
x
) = ((
e1|x
)
,...,
(
ep|x
))
B
= (
e1, .. ., ep
)désigne une base de
F
,
alors il est facile de voir que
f
est linéaire et que
ker
(
f
) =
F
. D’après le théorème du rang, on a
n
=
dim
(
F
)+
rg
(
f
)
dim(F) + p, ce qui donne dim(F)¾np, et donc dim(F) = np.
Quelques conséquences :
(F)=F.
(FG)=F+G.
THÉORÈME 24.6
Ð
Ð
Ð
Soit
f
:
ER
une forme linéaire, alors il existe un unique vecteur
aE
tel que
xE,f
(
x
) =
(a|x).
Preuve
: Pour l’existence : si
f
est nulle alors on peut prendre
a
=0. Si
f
est non nulle, alors
ker
(
f
)est un hyperplan
de
E
, donc
ker
(
f
)
=
Vect [u]
est une droite vectorielle. Posons
f
(
u
) =
λ
et prenons
a
=
λ
kuk2u
. Il est facile de vérifier
que pour tout xE,f(x) = (a|x).
Si best un autre vecteur qui convient, alors xE,(ab|x) = 0, donc ab=0.
MPSI - COURS cFradin Patrick – http://mpsi.tuxfamily.org 3
Produit scalaire Chapitre 24 : Espaces euclidiens
3) Bases orthonormales
DÉFINITION 24.4
Une famille (
x1,. .. , xp
)de
E
est dite orthonormale lorsque
i,j
[[1
..p
]]
,
(
ei|ej
) =
δi j
. Cette famille
est dite orthogonale lorsque i,j[[1..p]],i6=j=(ei|ej) = 0.
THÉORÈME 24.7
Ð
Ð
Ð
Une famille orthogonale ne contenant pas le vecteur nul est libre. En particulier, une famille
orthonormale est libre.
Preuve
: Soit (
e1, .. ., ep
)une famille orthogonale ne contenant pas le vecteur nul, si
p
P
k=1
λkek
=0, alors soit
i
[[1
..p
]],
on a (ei|
p
P
k=1
λkek) =
p
P
k=1
λk(ei|ek) = λikeik2=0, ce qui entraîne λi=0.
Cas particulier
: si
dim
(
E
) =
n
, alors une famille orthonormale de
n
vecteurs est une base de
E
, on dit
que l’on a une
base orthonormale
(b.o.n en abrégé). Par exemple, la base canonique que
Rn
est une base
orthonormale pour le produit scalaire canonique.
THÉORÈME 24.8
Ð
Ð
Ð
Ð
Si (e1,. .., ep)est une famille orthogonale, alors : k
p
P
k=1
eik2=
p
P
i=1keik2.
Preuve: En effet, on a k
p
P
i=1
eik2=
p
P
i,j=1
(ei|ej) =
p
P
i=1keik2.
THÉORÈME 24.9 (coordonnées dans une b.o.n)
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Soit B= (e1,. .., en)une b.o.n de E, alors x,yE:
x=
n
X
i=1
(x|ei)ei(x|y) =
n
X
i=1
xiyikxk2=
n
X
i=1
x2
i
avec xi= (x|ei)et yi= ( y|ei).
Preuve
: Soit
CoordB
(
x
)=(
λ1,...,λn
), on a (
x|ek
)=(
n
P
i=1
λiei|ek
) =
n
P
i=1
λi
(
ei|ek
) =
λk
. Pour les deux autres points, il
suffit de développer le produit scalaire.
THÉORÈME 24.10
ÐIl existe toujours des bases orthonormales.
Preuve: Par récurrence sur n=dim(E): pour n=1, on a E=Vecte1, une b.o.n de Eest (e0
1)avec e0
1=e1
ke1k.
Supposons le théorème vrai au rang
n
1 (
n¾
1), et soit
e1
un vecteur unitaire de
E
, soit
F
=
Vect e1
, alors
F
est un s.e.v de dimension
n
1, soit (
e2, .. ., en
)une b.o.n de
F
, il est facile de voir que (
e1,e2, .. ., en
)est une b.o.n de
E.
4) Projections orthogonales
MPSI - COURS cFradin Patrick – http://mpsi.tuxfamily.org 4
Produit scalaire Chapitre 24 : Espaces euclidiens
DÉFINITION 24.5
Soit
p∈ L
(
E
)une projection (
pp
=
p
), on dit que
p
est une projection orthogonale lorsque
ker
(
p
) =
ker
(
pid
)
. Si
F
est un s.e.v de
E
, la projection orthogonale sur
F
, notée
pF
, est la
projection sur Fparallèlement à F.
Si Fest un s.e.v de E, alors la projection orthogonale sur Fest id pF.
THÉORÈME 24.11
Ð
Ð
Ð
Ð
Si Fest un s.e.v de E, et si (e1, ... , ep)est une b.o.n de F, alors : xE,pF(x) =
p
P
i=1
(x|ei)ei.
Preuve
: Soit (
ep+1, .. ., en
)une b.o.n de
F
, alors
B
= (
e1, .. ., en
)est une b.o.n de
E
, donc
x
=
n
P
i=1
(
x|ei
)
ei
, ce qui
donne
x
=
p
P
i=1
(
x|ei
)
ei
+
n
P
i=p+1
(
x|ei
)
ei
, la première somme désigne un vecteur de
F
, et la seconde un vecteur de
F
,
donc pF(x) =
p
P
i=1
(x|ei)ei.
Exemple
: Si
D
=
Vect [u]
est une droite vectorielle, alors (
e1
=
u
kuk
)est une b.o.n de
D
, donc
xE,pD
(
x
)=(
x|e1
)
e1
,
c’est à dire : pD(x) = (x|u)
kuk2.u.
THÉORÈME 24.12 (procédé d’orthonormalisation de Schmidt 1)
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Soit (e1,. .., en)une base de E, alors il existe une unique b.o.n (v1,. .. , vn)de Etelle que :
i[[1..n]],¨Vecte1, .. ., ei=Vect v1,. . . , vi
(ei|vi)>0.
Preuve: On pose v1=e1
ke1k, on a bien Vect e1=Vect v1et (e1|v1)>0.
Supposons les vecteurs
v1,. . . , vi
construits et vérifiant les conditions, on pose
e0
i+1
=
pF
i
(
ei+1
)
Fi
=
Vect v1,. . . , vi
=
Vect e1, .. ., ei
, ce qui donne
e0
i+1
=
ei+1i
P
k=1
(
ei+1|vk
)
vk
, ce vecteur
e0
i+1
est non nul et dans
Fi+1
, on pose ensuite
vi+1
=
e0
i+1
ke0
i+1k
, il est facile de voir que
Vect e1, .. ., ei+1
=
Vect v1,. . . , vi+1
. D’autre part, (
ei+1|vi+1
) = (
e0
i+1|vi+1
) =
ke0
i+1k>0.
On remarque qu’à chaque étape, il y a deux choix pour
vi
, mais la condition (
ei|vi
)
>
0 élimine une des deux
possibilités, ce qui entraîne l’unicité, car on doit prendre e0
i+1dans Fi+1F
iqui est une droite vectorielle.
Exercice
: Soit
E
=
R3
, muni du produit scalaire canonique, on pose
v1
= (1
,
1
,
0),
v2
= (1
,
0
,
1)et
v3
= (0
,
1
,
1).
Appliquer la méthode de Schmidt à la base (v1,v2,v3).
Réponse
: On pose
e1
=
v1
kv1k
=
1
p2
(1
,
1
,
0), puis
e0
2
=
v2
(
v2|e1
)
·e1
= (
1
2,1
2,
1)et
e2
=
e0
2
ke0
2k
=
1
p6
(1
,
1
,
2).
Enfin, e0
3=v3(v3|e1)·e1(v3|e2)·e2=2
3(1,1,1)et e3=e0
3
ke0
3k=1
p3(1,1,1).
5) Distance d’un vecteur à un s.e.v
Soit
F
un s.e.v de
E
et soit
xE
, pour tout vecteur
yF
, on a
kxyk2
=
k
(
pF
(
x
)
y
) +
pF
(
x
)
k2
=
kpF
(
x
)
yk2
+
kpF
(
x
)
k2
, on voit donc que
yE,kxyk2¾kpF
(
x
)
k2
, et que cette valeur est un
minimum atteint uniquement pour y=pF(x), d’où le théorème :
1. SCHMIDT Erhard (1876 – 1959) : mathématicien allemand.
MPSI - COURS cFradin Patrick – http://mpsi.tuxfamily.org 5
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !