Quatrième Dialogue Euro Méditerranéen de Management Public

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Quatrième Dialogue Euro Méditerranéen de Management Public
ENA, Rabat Maroc, 13 et 14 octobre 2011
« La perception de l’approche géomarketing par certains les
établissements publics : cas de la province de Khouribga.
»
M. Driss BAAKIL
Membre de l’Equipe de Recherche en Politique de Communication.
Faculté Polydisciplinaire de Khouribga
Université Hassan 1er de Settat
Royaume du Maroc
Courriel de la correspondance : [email protected]
1
Introduction :
Le marketing est une discipline très dynamique qui ne cesse d’évoluer dans le temps et
dans l’espace pour s’élargir à d’autres champs d’application et pour conquérir d’autres
champs d’investigation. Ce qui a fait éclore plusieurs concepts et champs disciplinaires
dérivés tels que celui du géomarketing ou du marketing territorial.
En effet, le géomarketing n’est pas un simple mariage réussi entre deux
disciplines différentes : la géographie et le marketing ; mais, il est plutôt une incorporation
d’une part, par le marketing de préoccupations et de pratiques géographiques et d’autre part,
par la géographie qui emprunte des instruments de recherche et d’analyse de nature
marketing. Autrement dit, le marketing territorial permet de répondre à un grand nombre de
questions posées dans les problématiques du marketer et dans celles du géographe. Les
applications et les dimensions spatiales et temporelles du géomarketing sont nombreuses et
variées par leurs usagers.
Bien que ce terme soit apparu dans les années 80, l’utilisation de cette technique de
traitement des données statistiques et géographiques du marché par les opérateurs privés et
publics, demeure encore relativement faible surtout dans certains pays en développement,
notamment le Royaume du Maroc.
Ainsi, parmi les usagers de ces techniques et méthodes géomarketing, les
établissements publics pour faciliter leurs activités stratégiques et desservir le citoyen
institutionnel et particulier. Nous pouvons souligner dans le même sens que le découpage
communal marocain vise en principe, à rapprocher l’administration du citoyen, consacrer la
pratique démocratique et élargir le domaine du développement local. Son élaboration
s’annonce comme une tâche qui nécessite la mobilisation de multiples potentialités, avec la
mise à contribution des efforts de l’administration, des élus à tous les niveaux, ainsi que de
l’ensemble des acteurs économiques et sociaux.
A cet effet, nous proposons de voir la perception de certaines entités publiques dans la
province de Khouribga de leur espace territorial afin de le promouvoir auprès des citoyens,
des visiteurs et des investisseurs (les citoyens-électeurs, les touristes nationaux et étrangers,
les investisseurs locaux, nationaux et internationaux). Dans le cadre de ce modeste travail de
recherche, nous essayerons de répondre aux questions suivantes :
* En quoi consiste le géomarketing ?.
2
* Est-ce que cette nouvelle approche marketing est-il applicable au Maroc et plus précisément
dans la Province de KHOURIBGA par les opérateurs publics?
* Quelle est la vision géomarketing que ces responsables publics locaux ont-il de leur
province?.
Pour répondre à ces questionnements, nous essayerons dans un premier lieu de
présenter un aperçu général sur le géomarketing et dans un deuxième lieu, nous allons traiter
la perception de certains opérateurs publics de leur province afin de la promouvoir à travers
des actions marketing d’attractivité, de satisfaction et de fidélisation de sa clientèle-visée
(touristes, hommes d’affaires, citoyens marocains, etc). Ce qui nous conduit à utiliser un
guide d’entretien comme instrument d’enquête dans le but de comprendre les stratégies
adoptées par certains établissements publics avec l’utilisation des techniques géomarketing et
ceci afin de promouvoir la province de Khouribga. Il est à souligner que cette région du
Royaume abrite le plus grand gisement en minerais de phosphates dans le monde.
I- Aperçu général sur le géomarketing:
Afin de comprendre les fondements de base du géomarketing, il nous parait nécessaire
dans un premier volet, de définir le concept et d’étudier ses origines et ses évolutions récentes
ainsi que de présenter ses raisons d’être. Le deuxième volet sera consacré pour analyser les
principes, la démarche et les outils du géomarketing.
I-1- Définition, origine et raisons d’être du géomarketing :
I-1-1- Définition :
D’après la littérature dans le domaine du géomarketing ou du marketing territorial, il y
a plusieurs tentatives d’identification de la notion du géomarketing. Au-delà d’un essai d’une
citation des différentes définitions de ce vocable, nous contentons de présenter quelques
définitions qui sont comme suit :
-
« le géomarketing se définit comme une méthode de fédération et de
traitement des données basées sur leurs dimensions géographiques. Le
géomarketing va techniquement se situer à la jonction de données ayant une
composante géographique, de fonds de cartes et de logiciels de gestion de
données ayant été plus ou moins analysées. »1.
1
Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, « Le géomarketing : au service de la démarche marketing. »,
Edition DUNOD 2004, p : 6
3
-
« le géomarketing peut être brièvement défini comme l’ensemble formé par
les données, le système informatique de traitement et les méthodes appliquées
par un analyste, qui concourent à produire des informations d’aide à la
décision sous forme de représentations spatiales liées à la cartographie, plutôt
que sous forme de graphiques ou de tableaux. »2.
-
« Le géomarketing est d’abord une technique de segmentation spatiale d’un
marché, technique intimement liée à l’existence de banques de données
informatisées et permettant une réponse ‘’sur mesure’’ à tout problème
rencontré par une entreprise lors de la recherche d’informations pertinentes et
fiables sur son marché réel ou potentiel. »3.
En fait, le géomarketing n’est donc pas uniquement une rencontre de deux disciplines :
la géographie et le marketing ; mais plutôt, une « annexion » par le marketing de
préoccupations et de pratiques géographiques comme illustré dans la figure si dessous.4
Le géomarketing : Confusion entre la géographie et le marketing
Par ailleurs, cette nouvelle technique n’a pas été, à notre sens, élaborée par les
géographes et que rares sont parmi eux qui actuellement l’utilisent fréquement. Mais, c’est
plutôt, les marketers qui sont les plus utilisateurs des outils et techniques de la géographie et
de la cartographie pour élaborer leurs stratégies.
Certes, certaines recherches dans le domaine du marketing territorial sont peu connues
dans le monde des affaires. Toutefois, les utilisateurs du géomarketing ont redécouvert par la
suite et que dernièrement, la nécessité de prendre en compte les diversités spatiales des
2
Philippe LATOUR et Jacques LE FLOC’H, « Géomarketing : principes, méthodes et applications. », Editions
d’organisation 2001, p :14.
3
B. MERENNE-SCHOUMAKER,« Le géomarketing : introduction critique. », http://hdl.handle.net/2268/72247
4
B. MERENNE-SCHOUMAKER, Idem.
4
comportements de la cible (consommateurs, concurrents, distributeurs, etc) pour prendre des
décisions managériales.
Ainsi, le marketing territorial est devenu un champ d’investigation et d’application de
la géographie privilégié par les économistes qu’ils pourraient sans aucun doute très fortement
enrichir ces dernières années. C’est un domaine pluridisciplinaire qui consiste à mettre en
relation trois discipline, avec leurs techniques de recherche sur le comportement humain : la
cartographie, la géographie et le marketing.
Ce qui nous ramènera à étudier la genèse de cette discipline et ses évolutions récentes
que nous traiterons ci-après.
I-1-2- Origines et évolutions du géomarketing :
C’est vrai que les premiers outils de gestion de données cartographiques ont vu le jour
dans les années 50 à travers l’utilisation de grandes machines utilisant des systèmes de
traitement très complexes. Mais avec l’avènement des ordinateurs (Personnel computers) et
encore des logiciels dés les années 80 ont résolu en quelques sortes, les lourdeurs de
manipulations de programmes cartographiques et topographiques. Ce qui a ouvert
progressivement le champ à d’autres spécialistes d’exploiter ces précieuses données à des fins
économiques et commerciales.
En revanche, les applications de cartographie informatisées sont, restées dans la
pratique, limitées jusqu’à ces dernières années avec la production de cartes destinées à
réponse aux besoins du cadastre, des entreprises des travaux publics, des géologues,
métrologues, etc. L’utilisation de ses techniques de traitement de données statistiques,
cartographiques et topographiques pour des fins hors du champ géographique demeure encore
très timide. Ce n’est que récemment que nous avons constaté un intérêt particulier pour ce
domaine permettant l’accès à l’analyse géographique pour les spécialistes en marketing.
En terme d’évolution de la pratique du marketing territorial, certains auteurs affirment
qu’ « aujourd’hui, les applications du géomarketing se sont multipliées enrichies par des bases
de données plus fiables et appuyées de réflexions approfondies et plus structurées sur la façon
de valoriser l’information élémentaire de ces bases. Les possibilités considérables offertes par
le géomarketing débouchent sur l’émergence d’un marketing personnalisé, source
d’innovation stratégique pour les entreprises. On passe ainsi du géomarketing à un marketing
spatial, dans la mesure où l’information élémentaire est enrichie et valorisée devenant une
source précieuse en terme d’aide à la décision. L’acquisition et la mise à jour de données
5
géographiques en relation avec l’utilisation de logiciels de cartographie constituent le cœur du
géomarketing. »5.
Ainsi, la divulgation des outils de traitement graphique
informatisés et,
principalement depuis une décennie, l’apparition de la micro-informatique, a permis la mise
en œuvre de nombreuses solutions non seulement de production de carte géographique, mais
également d’analyse. Les approches scientifiques d’analyse de l’espace ont été testées grâce à
ces outils qui sont véritablement capables d’expérimentation, dans les domaines et pas
seulement dans ceux de la recherche fondamentale ou de disciplines comme l’hydrologie, la
géologie, etc.
Il est à souligner que la diffusion d’informations cartographiques auprès du grand
public s’est accélérée en début des années 2000 grâce à la prolifération de sites Internet. Ces
derniers proposent des services de localisation de magasins, de calculs d’itinéraires, de
découverte touristique, etc. Ce qui a permis un accès facile de plusieurs usagers du Net des
Web mapping à des fins diverses.
En outre, il est possible de mettre en place dans les voitures, même à un coût encore
un peu élevé, des systèmes sophistiqués de navigation embarquée connus notamment sous
l’appellation de GPS 6 . La technologie WAP permettra, sur téléphone mobile, d’aider une
personne qui a perdu son chemin à le retrouver ou de s’orienter vers sa direction ou encore
d’atteindre sa destination spatiale.
Cependant, c’est sans aucun doute le domaine du marketing qui est le plus dynamique,
est l’un des plus gros investissements en nouvelles technologies. Parfois, ses praticiens n’ont,
à ce jour, que très peu utilisé les applications de la géographie. D’ailleurs, le simple accès à la
cartographie est insuffisant, l’objectif étant de traiter prioritairement la signification de
l’information traitée relative notamment, aux besoins exprimés ou ressentis par le client-cible
et à l’analyse des comportements d’individus ou groupes d’individus dans l’espace.
I-1-3- Raisons d’être du géomarketing :
A l’origine du concept, une idée élémentaire du marketing géographique pourrait
expliquer la raison d’être de ce type du marketing (appelé aussi le marketing territorial) à
5
Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, « Le géomarketing : au service de la démarche marketing. »,
Edition DUNOD 2004, p : 6-7.
6
Global Positioning System : est le système composé d’émetteurs terrestres ou satellites et de récepteurs
individuels permettant la détermination du point de l’espace à partir duquel la requête de positionnement est
effectuée.
6
savoir : la situation géographique des individus et des organisations joue un rôle essentiel
dans la dimension spatiale et dans la façon dont les Hommes vient et conduisent leurs affaires.
Le géomarketing trouve des applications dans la plupart des champs disciplinaires comme la
géographie, le management public, le marketing, etc.
De manière générale, si le géomarketing sert avant tout à cibler les opérations
marketing et à analyser les ventes, il permet aussi de visualiser les zones d’influence d’un
point de vente, de l’impact d’une campagne de communication, etc. C’est un outil
décisionnel, de synthèse qui, à l’aide de tableaux de bords cartographiques, fournit des
résultats par département, par région ou par pays en donnant des indications sur les taux de
pénétration, le déploiement des infrastructures ou l’évolution d’un service offert ou encore
d’une action électorale.
Par ailleurs, le marketing territorial permet aussi de décrire et de gérer une couverture
radio (téléphone mobile, télévision, radio messagerie…), un Plan d’Occupation du Sol (POS)
pour l’aménagement, l’urbanisation ou la gestion foncière publique, les infrastructures réseau
(eau, électricité, téléphone, routes), des flottes de véhicules (taxis, bus, camions), un
patrimoine immobilier ou mobilier, les zones d’impact d’une source de pollution, etc.
En marketing vente, le monde habituel de prise en considération de la localisation
consiste usuellement à qualifier les types de consommateurs de part leur appartenance à un
groupe spatial, tels que :
•
Les urbains, les ruraux, les rurbains,
•
Les grandes régions d’appartenance des consommateurs, ceux du Sud, du Nord, du
littoral méditerranéen ou de la côte atlantique,
•
Les consommateurs de la zone de chalandise,
•
Les comportements d’évasion vers les périphéries.
Ces distinctions qui permettent de faire le lien entre des consommations et des
localisations restent sommaires de la part de leur imprécision, mais elles sont pertinentes dans
leur principe. L’objectif consiste à progresser dans la segmentation pour mettre en valeur la
variété des comportements dont on admet habituellement qu’ils ont un rapport avec les
classements socioéconomiques classiques : âges, classes socio-professionnelle), etc.
On admettra que cette approche perfectionne considérablement les techniques de ciblage des
consommateurs. Ce qui a permis le développement des démarches d’observation et d’analyse
7
marketing 7. Le comportement des consommateurs tend vers un accroissement de la mobilité
individuelle. Ceci a des conséquences sur les méthodes d’analyse et de diagnostic concernant
les implantations commerciales. Ces méthodes permettent d’observer l’existence ou non d’un
potentiel ou de corrélation entre la distance des déplacements humains et le lieu de résidence.
Dans ce sens, les comportements, une fois localisés, vont révéler des faits observables
par la cartographie. Par exemple, la « zone de chalandise », qui exprime l’espace où se
trouvent les clients et les prospects d’un lieu commercial, prend en compte l’activité des
populations qui se trouvent dans son espace. La zone de chalandise n’est d’ailleurs pas le seul
espace d’observation, il en existe de nombreux autres que nous résumerons par l’expression
« espace de diffusion ». Ainsi, tout espace, considéré du point de vue du comportement ou de
la localisation d’individus, se caractérise de façon objective et mesurable. Ce qui nous conduit
vers plusieurs motifs que le géomarketer recherche dans cette logique, notamment :
- la connaissance géographique des espaces économiques afin d’avoir une meilleure
appréhension des réalités et des opportunités de marché. Ce qui permettra de comprendre le
comportement spatial du consommateur et par là, se préparer pour agir efficacement en
l’influençant en faveur de l’offre de l’entreprise.
- les études de zones de chalandise (zone d’attraction commerciale d’un point de vente,
études de localisation commerciales, optimisation des moyens du marketing direct …) sont
devenues cruciales dans une stratégie marketing. Ce qui permettra à l’entreprise de prendre la
bonne décision de localisation commerciale de ses points de vente ou d’implantation de ses
sites industriels.
- la demande et l’offre varient en fonction de l’espace d’échange entre les deux parties
concernées surtout avec la mobilité croissante des consommateurs. L’espace est donc une
dimension importante en marketing face aux marchés pour localiser ses différents
intervenants.
- l’espace présente un coût que les différents acteurs doivent prendre en considération
dans leurs décisions stratégiques et opérationnelles. Ce qui montre l’importance de la
logistique, du transport et de la distribution dans la gestion de la relation entre les différents
opérateurs économiques (le consommateur, le producteur, le distributeur, le transporteur, etc).
7
Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, « Le géomarketing : au service de la démarche marketing. »,
Edition DUNOD 2004, p : 156.
8
- la tendance vers le ciblage pointu du marché, voire même la personnalisation de l’offre,
a poussé les décideurs économiques à passer à la segmentation géographique comme stratégie
de positionnement par rapport aux entités rivales. Cela conduit vers la mise en œuvre des
stratégies spatiales en fonction de la clientèle et de la concurrence.
Dans ce contexte, le géomarketing va faciliter la connaissance du client, de ses besoins, ses
préférences, son environnement et bien sûr de sa localisation, afin de construire une relation8
plus personnalisée avec lui.
Il est à noter que le géomarketing est une discipline qui utilise au sein de l'analyse
marketing la géolocalisation (information géographique) dans le processus de planification et de
mise en œuvre des activités de marketing. Il peut être utilisé dans tous les aspects du marketing
mix (le Produit, Prix, Promotion, Place) ou (ciblage géographique). Les segments du marché
peuvent également en corrélation avec l'emplacement, et cela peut être utile dans le marketing
ciblé (la segmentation).
L’incidence de la localisation se fait sentir dans différents types d’espaces qui se
côtoient, se chevauchent et se superposent, et se distinguent par les types d’activités humaines
qui les caractérisent. Ces différents espaces sont habituellement classés9 en :
- Espace démographique : qui s’intéresse à la localisation et aux transformations dans le
temps des nombres d’individus présents : ceci s’exprime par exemple par « les concentrations
de population » qui déterminent les « zones urbaines », les « zones rurales » et les « bassins
d’emplois » ;
8
Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, « Le géomarketing : au service de la démarche marketing. »,
Edition DUNOD 2004, p : 169.
9
http://www.slideshare.net/Articque/philippe-latour-géomarketing/page 6
9
- Espace économique et marketing : qui concerne la production, la distribution et la
consommation des produits et des richesses. Les opérations commerciales et d’échange
entrent bien entendu dans cette dimension ;
- Espace sociologique : pour interpréter et évaluer l’organisation, les échanges et les
rapports sociaux des groupes en présence : « les zones touristiques », « les banlieues », « les
lieux de villégiature », etc. ...
- Espace géographique : qui intègre les positionnements des frontières administratives ou
naturelles, des habitations, de la topographie du terrain.
Ces différents espaces sont imbriqués et jouent chacun un rôle significatif dans les
rapports à la consommation qu’ont les individus qui y sont localisés. Le lien entre ces espaces,
est assuré par la cartographie grâce à sa dimension unificatrice.
I-2- Principes, démarches et outils du géomarketing :
I-2-1- Principes du géomarketing
Le marketing territorial essaie de répondre à un grand nombre de questions posées par le
marketer. Le principe du géomarketing consiste à distribuer les données relatives aux
populations dans un espace géographique et à observer la représentation obtenue. Le
géomarketing consiste donc, à traiter les données marketing, distribuées dans l’espace et à
confronter les résultats avec des données sociologiques, démographiques, économiques,
topographiques, comportementales par rapport à ce même espace territoire étudié. Cela est
réalisé à travers l’utilisation des outils statistiques et topologiques en relation avec la
distribution d’informations dans l’espace.
En fait, deux grandes fonctions essentielles consistent dans l’usage du géomarketing :
d’une part la gestion d’une variété de situations étudiées qui se produisent sur l’espace et
d’autre part la compréhension des phénomènes économiques ou sociologiques ou encore
politiques qui se produisent sur cet espace.
La gestion de situations : présentes dans un espace consiste à suivre les changements
intervenant périodiquement en tel ou tel lieu, à telle ou telle fréquence, pour tel ou tel
élément de cet espace. Ces variables sont gérées sur des bases cartographiques. Il s’agit,
10
par exemple, un réseau ferroviaire, la distribution électrique, le ramassage des déchets
ménagers par camion, etc.
La compréhension de phénomènes : qui se produisent dans l’espace passe par l’usage de
la géographie pour les observer et les analyser. IL s’agit de mettre en relation des
informations qui, lorsqu’elles sont placées dans l’espace géographique, présentent des
liens de causes à effets dépendant strictement de la localisation. Les phénomènes sont
observables et prévisibles grâce aux liens entre différents éléments physiques. On peut
citer à titre d’exemple : la prévision de récoltes céréalières, les flux routiers, les études
d’urbanisme, les changements démographiques, l’observation des zones de chalandise,
l’analyse d’optimisation de la logistique de distribution, etc.…
Trop fréquemment les décideurs économiques, sociaux ou politiques ignorent la
dimension spatiale de façon délibérée, faute de pouvoir la maîtriser techniquement et de
disposer de moyens suffisamment fiables pour en quantifier l’apport. Or, la localisation a
toujours été prise en compte dans les démarches du management public, du marketing et des
élections. Toutefois, en l’absence d’outils pratiques d’observation et de mesure, l’incidence de
ce facteur sur le comportement de la cible est trop souvent simplifiée de façon abusive.
I- 2-2- Démarche géomarketing :
L’intégration du géomarketing doit être réalisée en tenant compte de ce contexte
nouveau sur la base d’une démarche structurée. Sept étapes clés sont à suivre pour la mise en
place d’une démarche géomarketing. La figure10 suivante met en évidence les sept étapes
successives d’une démarche géomarketing :
10
Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, Op cite, p : 195.
11
Les approches d’analyse généralement utilisées en marketing territorial reposent sur une
transposition directe des traitements classiques de données par tableau croisé, elles s’attachent
à une géographie supposée « réelle » constituée d’objets (les communes, les départements,…).
Un des principes fondamentaux de l’analyse spatiales consistera donc d’abord, à
décomposer l’ensemble des formes territoriales qu’elles soient simples ou complexes, par le
moyen d’un fractionnement en unités isotropes, puis, à traiter ces unités ainsi que leur contenu
qualificatif et quantitatif par des lois mathématiques applicables aux raisonnements dans
l’espace.
Le principe de déduction dans les domaines de la géographie et de l’économie est
généralement négligé au profit de considérations inductives qui tendent à créer une loi dès
qu’un événement est avéré dans une situation particulière. En effet, il est tentant en
géomarketing de procéder par généralisation et extrapolation à partir de quelques indices ou
méthodes considérés comme satisfaisants. La loi de la distance parcourue par une personne
depuis un point donné est satisfaisante, car elle paraît expliquer totalement un phénomène et
résoudre, du même coup, le problème du comportement des consommateurs dans un espace
donné. En réalité, l’analyse des phénomènes réduite à cette seule loi rend cette rationalisation
totalement inadéquate comme le prouve l’analyse spatiale.
Le géomarketing va associer des variables socio-économiques classiques (relativement
faciles d’accès grâce aux bases de données institutionnelles) à des variables locales
(spécificités du territoire, équipement commercial, comportement d’achat des ménages, flux
domicile-travail…), puis les coupler avec les banques de données internes de l’entreprise sur
les clients et les prospects. Ce triple cheminement permet alors de cibler les clientèles avec
une grande précision et une grande finesse.
La démarche géomarketing se développe selon plusieurs axes 11 qu’on peut les
regroupées en trois éléments d’utilisation courante dans les décisions marketing comme
indiquée le schéma ci-dessous:
11
SOPHIE CALVAT ET JULIE FALGUIERE, LE GEOMARKETING, 2008, PAGE 4
12
Par ailleurs, l’approche de prévision sur laquelle repose le géomarketing se fait par
l’analyse de phénomènes liés à la distribution et à l’évolution historique des populations dites
« stock » et en « flux » dans l’espace, pour simplifier l’habitat et les déplacements. Ce sera
l’approche des théories de l’économie spatiale ou de la sociologie appliquée : telle zone de
territoire apparaît rassembler des dominantes de telle catégorie de population, telle agrégation
de densités représente une catégorie particulière de population distincte d’une autre. Ainsi, la
mobilité des individus varie en fonction des densités et peut être corrélée à la taille des zones
de chalandises etc.…
Sans s’opposer, les notions de « stock » et de « flux » de la population par rapport à
l’espace géographique sont bien distinctes en marketing territorial. En fait, l’idée de base de
cette distinction consiste comme suit :
•
La première prend en compte la population statique observable au lieu connu de
l’adresse de référence.
•
La seconde considère la population dans sa mobilité en utilisant les données
quantitatives de déplacements : les mouvements déclarés entre communes (domicile
travail, domicile loisirs…).
Considérées en historiques, les notions de stocks et de flux mesureront par exemple les
évolutions des populations dans des zones données et les origines et destinations des
migrations entre zones. La prévision peut également faire appel à la méthode comparative : Si
l’observation de la consommation d’un produit donné a révélé une corrélation forte entre les
ventes réalisées et la présence dans l’espace d’une catégorie de comportement, il faudra alors,
13
rechercher quels sont les autres espaces qui présentent des caractéristiques de comportement
similaires et dans lesquels le produit n’est pas présent pour des raisons diverses.
I-2-3- Les outils du géomarketing :
Le géomarketing est basé sur l’application d’un Système d’Information
Géographique (SIG), qui permet de mettre en valeur des données usuellement utilisées en
marketing, comme l’âge, le sexe pour les individus, le nombre d’enfants et le type
d’habitation pour les ménages, le secteur d’activité et le chiffre d’affaires pour les entreprises,
etc. Avec une information propre au géomarketing, l’utilisateur peut choisir le positionnement
géographique le plus propice selon la nature de sa cible. Cela conduit l’utilisateur des outils
du marketing territorial à faire représenter une information spatiale en terme de carte qui est
plus lisibles qu’un tableaux ou graphiques chiffrés. Les différentes variables statistiques
(quantitatives et qualitatives) sur le marché peuvent être cartographiées (la spatialisation des
données collectées avec une exploitation géolocalisée). Les bases de données peuvent être
alimentées par des sources d’information spatiales d’origine nationale (les enquêtes, les
recherches ou les études effectuées, etc) ou/et d’origine internationale (les grands organismes
internationaux). Le traitement de ces données se fait d’une manière technique basée
essentiellement sur le système informatique avec l’utilisation de logiciels spécialisés en
passant de la CAO (Cartographie assistée par Ordinateur) aux SIG (Système d’Information
Géographique) que nous développerons ci-après
En effet, un Système d’Information Géographique (SIG) est un outil informatique qui
permet de traiter des données alphanumériques dans le but de produire des plans et des cartes
mettant en valeur des informations liées à la performance commerciale de l’entreprise.
L’utilisation des équipements informatiques et de logiciels spécialisés constitue la
composante d’un SIG permettant d’afficher des cartes et d’effectuer des opérations de
traitement sur des données purement cartographique ou/et économiques. La représentation du
territoire cartographié est généralement en deux dimensions, même si une représentation en
3D12 est possible ; et plus intéressant encore, il est envisageable de réaliser une animation
adaptées aux variations temporelles sur un territoire donné grâce au SIG. Ce qui démontre sa
flexibilité et l’intérêt qu’il peut susciter pour une entreprise soucieuse de développer une
véritable stratégie commerciale efficace, la mettre en œuvre et en mesurer les effets. La
gestion et l’organisation de l’information géographique référencées grâce à la mise en place
12
En trois Dimensions.
14
d’un SIG deviennent un enjeu capital dans la compétitivité et la performance des entreprises
modernes.
Il est à préciser aussi que l’outil de base du marketing territorial est la banque de
données qui rassemble des informations spatiaux parfois même les plus fins possibles :
départements, quartiers, îlots, rues, ruelles, etc. Les informations collectées essentiellement
d’organismes officiels de statistiques ou sur demande d’un cabinet spécialisé peuvent fournir
des
données
assez
intéressantes
sur
les
caractéristiques
démographiques,
socio-
professionnelles, la nature des logements et leurs localisation, les équipements des ménages,
etc. Mais, rarement ces bases de données peuvent être explicatives des comportements et des
attitudes des consommateurs, l’élément clé et la source de la pertinence d’une décision
marketing. Certes, la mise en place de ces banques de données géographiques, d’une manière
systématique et structurée, est lourde et représente un investissement matérielles et humains
considérables. Le recours à des sources officiels d’information ou certains sites totalement ou
partiellement mais reconnus pour la fiabilité de leurs sources peuvent devenir des fournisseurs
d’informations géographiques qui alimentera le système d’information marketing en cas de
besoin. Il n’est pas nécessaire d’acquérir la totalité des fichiers existants dans les différentes
bases de données spatiales en vente. Mais, l’achat de ces données pourra être progressif en
fonction des opérations marketing dans le cadre des objectifs stratégiques assignés. Il ne sera
donc pas utile d’effectuer des mises à jour importantes et coûteuses de la base de données
interne de l’entreprise.
En plus, grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication, en
particulier l’Internet, de nombreux sites proposent parfois même à titre gratis (Webmapping),
des cartographies illustrés par des images à plusieurs dimensions destinées à de multiples
usages depuis le positionnement de magasins jusqu’aux services d’itinéraires. La présence de
logiciels ‘’open source’’ (littéralement « code ouvert ») permet d’avoir des logiciels
disponibles gratuitement. Parfois, il est inutile de payer des coûts démesurés pour afficher des
cartes ou des données en plus de l'apport essentiel de Google Maps. Dans certains cas, c'est
essentiel d'acheter des cartes alors qu'elles sont disponibles gratuitement sur le Net car les
volumes ou la confidentialité l'exigent. Mais la plupart du temps, la cartographie disponible
sur Internet suffit sans être obliger de passer régulièrement à la mise à jour.
15
Les systèmes d’information géographique 13 sont conçus pour afficher des données
selon un choix de représentations dont le plus simple est le point. La forme et la couleur des
points sont déterminées par l’utilisateur qui peut les associer à des critères spécifiques. Ce
mode de représentation par point est le plus élémentaire en géomarketing. Il permet
d’identifier visuellement une concentration lorsque le nombre de données est restreint par
rapport au territoire étudié. A cette représentation peuvent être associés des textes ou des
valeurs qui apportent une information supplémentaire sur l’espace ou la cible étudiée. Mais,
c’est mieux de pousser le raisonnement à l’extrême en associant d’autres informations sur les
éléments déjà cité (l’espace et la cible) et non pas de se contenter d’apporter un examen visuel
de ces représentations exprimées en des formes, des volumes et des couleurs. Telle démarche
simpliste de déduction pourra fausser le jugement de l’observateur et de l’éviter d’argumenter
subjectivement les résultats obtenus de ces cartes.
C’est vrai que l’analyse en géomarketing n’a pas besoin d’être cartographe pour
comprendre qu’un élément naturel (comme un fleuve) ou artificiel (autoroute) peut être
interprété comme un obstacle ou au contraire moyen explicatif du comportement ou mobilité
humaine dans l’espace. Toutefois, il devra être suffisamment familiarisé avec l’usage, la
lecture et l’interprétation des cartes pour prendre en compte ces informations géographiques
dans son analyse marketing. Il est appelé à utiliser la cartographie pour localiser les
phénomènes étudiés dans l’espace choisi. L’explication de la variation de ces phénomènes
peut tenir à une topographie14 particulière (éloignement, proximité, obstacle, etc). Mais, il doit
nécessairement recourir à d’autres caractéristiques socio-économiques de la cible. Ce qui n’a
rien avoir avec la simple interprétation illustrative et schématique de la cartographie.
II- La perception du géomarketing par certains établissements publics :
II-1- la pratique des techniques et des méthodes géomarketing au Maroc :
II-1-1- La situation de la pratique du géomarketing au Maroc15 :
Les données du Recensement Général de la Population au Maroc en 2004 ont plusieurs
qualités essentielles qui en font un fondement de l'approche géomarketing dans le pays. Elles
permettent en premier lieu de couvrir l'intégralité du Royaume en plus de leur fiabilité. Pour
13
www.master-geomarketing.com
14
Carte topographique est la représentation cartographique du terrain naturel et des éléments artificiels à la
surface de la terre.
15
Faute de publication illustrant cette situation, nous sommes recourus aux informations obtenues de l’entretien
qu’il a eu la journaliste Racha Kissa du journal Le Matin du 23 Juin 2010 avec M. Olivier Lamy, le DG d'
Almageo, «Le géomarketing évolue effectivement très vite est systématise la réflexion des responsables de
l'économie».
16
faire fonctionner des études basées sur des cartes, des données et de la programmation, il faut
que ces trois éléments soient présents.
En effet et en matière de cartographie, il existe de nombreux opérateurs qui ont
développé des offres complètes et précises. L'ensemble des voies du Maroc nécessaire au
positionnement des adresses est désormais cartographié avec fidélité. Mais, on peut noter que
si les noms des voies sont présents, les numéros qui permettent de positionner plus
précisément ne le sont pas toujours. A titre d’exemple, on pourra positionner une adresse sur
le boulevard Mohamed Zerktouni à Casablanca mais on ne saura pas systématiquement si elle
est au début, au milieu ou à la fin. Toutefois, on peut raisonner et analyser ces données et
obtenir des résultats probants puisque là où le positionnement précis est indispensable (une
liste de points de vente par exemple), on pourra géocoder « à la main ».
En examinant maintenant les données du RGPH 2004 : exhaustives, fiables et de large
couverture, on remarque toutefois qu'elles sont diffusées au niveau communal ou des
arrondissements dans les grandes villes. L'économie marocaine exprime un besoin de finesse
accrue. Il serait avantageux de disposer d'une meilleure précision spatiale: des données au
niveau de quartiers suffisamment larges pour respecter la confidentialité mais suffisamment
fines pour autoriser des analyses géomarketing locales. Les entreprises, mais aussi les
consommateurs finaux, auraient à y gagner car la connaissance des marchés serait nettement
plus fine et l'offre plus adaptée.
Concernant les listes d'entreprises, une nouvelle limitation existe : les établissements
importants sont bien référencés mais il existe une carence au niveau des PME.
En conclusion, que ce soit au niveau du RGPH, des données entreprises ou des cartes,
la situation est encore améliorable. Mais elle permet des études déjà précises et efficaces.
Par ailleurs, les fournisseurs privés, et le Royaume, améliorent sans cesse leurs offres.
Il est à ajouter que les données concernant les déplacements qui sont de plus en plus
disponibles. Ce n'est pas encore le cas au Maroc (on sait qui habite dans ce quartier mais pas
qui se déplace sur cette route …). Enfin, la 3D, la cartographie en trois dimensions, est un
apport intéressant pour les analystes au Maroc. Il n'est pas évident qu'elle permette des
analyses plus approfondies mais elle offre des visualisations plus vivantes et plus
convaincantes que difficile d’en trouver d’une manière plus large.
17
II-1-2- Le découpage communal du Royaume16 :
A l’instar des différents pays qui font l’objet de découpages territoriaux nombreux et
variés, le découpage administratif actuel du Maroc comporte : 16 régions divisées en 17
wilayas qui sont subdivisées à leur tour en 71 provinces et préfectures couvrant 1547
communes, soit 249 urbaines et 1298 rurales.
Afin de résoudre le problème lié au développement disproportionné des grandes villes,
l'État marocain a, au début des années quatre-vingt, subdivisé l'espace urbain en plusieurs
provinces dont la coordination administrative est assurée par la wilaya, alors que la
représentation de la population est assurée par la communauté urbaine. La formule de la
wilaya a été appliquée à Casablanca en 1982 avant d'être étendue aux grandes villes du pays
au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix (Rabat, Salé, Fès, Meknès, Marrakech,
Oujda, Tétouan, Agadir ainsi que Laâyoune). Le Maroc qui ne comptait que 17 provinces en
1959 en compte aujourd'hui 71 et 17 wilayas. Pour le Maroc, le Sahara occidental est
désormais «intégré» au découpage administratif du territoire national.
Cela étant dit, le Maroc compte quatre régions géographiques naturelles: les montagnes
du Rif au nord-est, la côte atlantique à l'ouest avec ses villes importantes (Agadir, Essaouira,
Safi, Casablanca, Rabat, Tanger, etc.), à l'est les montagnes du Moyen Atlas et du Haut Atlas,
ainsi que au sud-ouest les terres sahariennes.
Il est à souligner que le découpage communal de la province de Khouribga17 comme les
autres régions du pays vise à rapprocher l’administration du citoyen, consacrer la pratique
16
http://www.tiznit.org/carte_maroc.htm
18
démocratique et élargir le domaine du développement local. Son élaboration s’annonce
comme une tâche qui nécessite la mobilisation de multiples potentialités, avec la mise à
contribution des efforts de l’administration, des élus à tous les niveaux, ainsi que de
l’ensemble des acteurs économiques et sociaux.
II-2- La perception géomarketing par certains établissements publics :
Nous avons procédé à des entretiens avec les responsables de certains établissements
publics dans la province de Khouribga afin de connaître leur perception de l’importance du
géomarketing dans leur prise de décision.
Avant de présenter les informations collectées à cette occasion, nous avons constaté
que malheureusement une grande partie de ces responsables n’ont pas une idée claire sur cette
nouvelle approche managériale encore moins de l’avoir déjà utilisé dans leurs décisions
stratégiques. Ce qui nous a poussé à leur poser des questions portant sur leurs activités et les
stratégies adoptées pour promouvoir la province selon leurs secteurs d’activité. Afin de
concentrer nos efforts sur ces résultats obtenus des différents entretiens, nous avons retenu ici
que quelques organismes publics de la province, présentés comme suit :
II-2-1- La chambre de commerce, d’industrie et de services de Khouribga
D’après un entretien avec M. le Directeur de CCIS de Khouribga, nous avons constaté
qu’il n’y avait pas aucun recours à la démarche ou aux techniques du marketing territorial
afin de promouvoir la province sur le plan économique par cet établissement public. D’après
ce responsable, les raisons poussant les investisseurs à choisir de s'implanter dans la province
de Khouribga peuvent se résumer dans le fait que c’est une région qui abrite l’un des plus
grands chantiers miniers dans le monde, Khouribga se présente comme une opportunité idéale
pour entreprendre. Elle représente de nombreuses opportunités de sous-traitance et
d’externalisation et un marché de 500.000 consommateurs.
Par ailleurs, les plans d’aménagements en cours de réalisation prévoient une réserve
foncière industrielle de 400 ha dans les principales communes de la province de Khouribga.
La CCIS de Khouribga aménage avec des partenaires (ministère de l’industrie et du
commerce, conseil provincial de Khouribga, commune urbaine de Khouribga, le Groupe Al
Omrane) de la Zone d'Activités de Khouribga. Le projet sera réalisé sur une surface acquise
par le Conseil Provincial de Khouribga d'environ 11 ha, terrain qui, aménagé, comprendra 174
17
SOURCE : LA PROVINCE DE KOURIBGA
19
lots à céder aux investisseurs désirant s’implanter à Khouribga. Le coût global du projet est de
l'ordre de : 20.447.000 dhs.
II-2-2- La province de Khouribga :
La province de Khouribga est l’une des
provinces de la région de Chaouia-
Ouardigha au Maroc. D’après l’entretien avec certains responsables de la Province, une étude
réalisée par le bureau « Ernest & Young » a montré que le développement futur de la province
doit se faire à travers une offre d’infrastructure complète et compétitive dans le cadre d’une
Plateforme Industrielle Intégrée (P2I). La province de Khouribga dispose de tous les
potentiels pour accueillir une P2I et attirer les investisseurs et des touristes. Le recours à
l’échelle centrale du Ministère du tutelle (Ministère de l’intérieur) de la cartographie est
important pour l’aménagement du territoire sur lequel se situe la province. Cela se fait
notamment à travers la réalisation des différents projets économiques et sociaux, la maîtrise
du découpage administratif des différentes communes rurales ainsi que pour toutes les
activités administratives (préparation des actions électorales, la gestion des affaires publiques
locales, etc).
Par contre, la perception du citoyen local comme un client dans la logique du
marketing des services publics demeure quasiment absente. Ce qui montre encore la non
utilisation du géomarketing afin d’expliquer la mobilité et le comportement humain dans la
région.
II-2-3- Le Holding d’Aménagement Al Omrane :
Le Holding d’Aménagement Al Omrane fait appel à un SIG afin d’organiser entre
autres, des informations sur le cadastre, l’urbanisme et le patrimoine foncier public. Son
recours à des cartographie entre dans le cadre de ses activités d’aménagement du territoire
local mais conçu à l’échelle nationale (construction d'ensembles résidentiels de faible densité,
développement d'une offre immobilière moyen gamme pour combler le manque de l’offre
privée). Le géomarketing en tant que technique et démarche n’est nullement utilisé par cet
organisme pour la prise de ses décisions stratégiques en matière d’habitat. Il joue le rôle de
l’instrument public au service de la politique gouvernementale en la matière dans la province.
20
II-2-4- l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) :
Sous sa nouvelle nomenclature l’Office Chérifien des Phosphates, société anonyme
(OCP SA) opère dans le domaine de l’industrie du phosphate et de ses produits dérivés. Avec
des parts de marché de phosphate et de ses produits dérivés à l’échelle internationale
dépassant 30,7% en 2009, le Groupe se définit comme leader mondial dans son secteur
d’activité. Le groupe OCP s'est engagé à Khouribga dans une série de projets de
développement socio-économique, culturel et sportif, qui sont de nature à donner un nouvel
élan à la dynamique que connaît actuellement la province.
L’utilisation du marketing territorial est loin d’être une préoccupation stratégique du
Groupe bien qu’il est consommateur de la cartographie afin de localiser les différents
gisements phosphatés encours d’exploitation ou potentiellement exploitables.
CONCLUSION GENERALE
Le développement des systèmes de gestion des bases de données, associé aux
remarquables progrès de la cartographie informatique, permet aujourd’hui de traiter
conjointement une grande quantité de données commerciales, géographiques et socioéconomiques. C’est ainsi que le géomarketing qui est défini comme une méthode de
fédération et d’analyse des données à travers leur dimension géographique, constitue un outil
d’aide à la décision pour mettre en œuvre et contrôler la stratégie économique, sociale et
politique en fonction des caractéristiques de chaque espace.
Le marketing territorial est rentré dans une ère où les décideurs économiques, sociaux et
même politiques l’intègrent de plus en plus dans leurs démarches. Certes, ses apports sont
démontrés plus dans le domaine des affaires privées plus que publiques.
A l’instar de toute nouvelle technique, le géomarketing a l’avantage d’être un outil
moderne efficace de compréhension et de communication qui ne cesse de prendre de
l’importance et de l’ampleur facilitant la prise de décision marketing en utilisant des données
spatiales. Ce qui permettra une maîtrise de la dimension géographique du comportement et le
profil de la cible (consommateur, concurrence, distributeur, etc) et la compréhension de sa
localisation pour une meilleure implantation des points de vente et segmentation efficace du
marché desservi. Il permet aussi de visualiser de manière simple et immédiate sur un espace
géographique donné des situations qui peuvent être complexes sans l’aide de cet instrument
d’analyse et d’interprétation à travers le couplage des cartes et des données.
21
Par contre, certains observateurs et chercheurs lui reproche la non fiabilité d’une
grande partie de ses sources d’informations et les risques d’induire en erreur par des
interprétations systématique et mécanique du comportement ou de la mobilité humaine dans
l’espace territoire étudié. Dans ce sens, les pratiques commerciales et les habitudes de
consommation sont loin d’être expliquées par une lecture purement cartographique ou
topographique des données statistiques obtenues, mais, pas l’utilisation d’autres informations
supplémentaires que le géomarketing ne peut donner à lui seul.
Au-delà de ces apports et limites, nous pensons que le géomarketing va connaître une
accélération dans son développement dans plusieurs pays, notamment au Maroc. Cela
s’explique par l’importance croissante de la dimension spatiale dans les prises de décision
marketing. Le poids de la géographie dans l’analyse des comportements et la nécessité de
connaître les territoires et les lieux d’implantation du producteur ou du consommateur ou
encore du distributeur dans la stratégie commerciale ne sont pas à prouver.
Le développement territorial devient donc un processus collectif où tous les acteurs
publics et privés sont impliqués en vue de la satisfaction des besoins de la clientèle
territoriale. Les collectivités locales et les autres établissements publics doivent appliquer les
méthodes modernes de management public comme le cas du géomarketing afin de pousser
vers une attractivité positive des différents opérateurs économiques nationaux et
internationaux en les invitant à s’installer, s’implanter et de s’épanouir dans leurs régions.
En fait et du côté privé côté, le Maroc présente un grand potentiel et dynamise
économique qui lui ouvre la voie vers le développement de plusieurs techniques managériale
afin de permettre aux entreprises nationaux de mieux servir leurs clientèles aussi bien
domestiques que celles étrangères. Ses entités économiques sont appelées à la mise à niveau
de leurs capacités compétitives notamment à travers l’utilisation du marketing territorial. Cela
pourra leur apporter de précieuses informations sur le profil et le comportement de leurs
clients ainsi qu’un bon ciblage de leurs offres.
Du côté public, le Royaume a inauguré une nouvelle politique de régionalisation axée
sur l’émergence de pôles économiques dédiés au rôle de locomotive tractant la région vers la
création de richesses. Cette politique inaugure une nouvelle ère car elle responsabilise les
élites locales et les hisse au rang d’acteurs locaux du développement des services publics. A
l’intérieur de la région, chaque province est invitée à prendre son destin en main à travers une
vision cohérente de l’avenir de leurs citoyens et entités économiques. Ses opérateurs publics
doivent chercher à préserver les potentialités de son territoire, à améliorer son image de
22
marque et acquérir un positionnement stratégique durable. C’est dans cet esprit que s’inscrit
ce plan de développement de la Province de Khouribga, dont le géomarketing constitue, à
notre sens, un outil stratégique indispensable pour détecter les besoins et pour promouvoir ses
potentialités auprès des différents partenaires nationaux et étrangers. Nous invitons dans cette
logique, chaque établissement public à adopter un état d’esprit marketing en proposant dans
son offre, un produit attrayant, avec un prix convenable, véhiculant une image de marque
favorable et la diffusant dans des canaux efficaces que ce soit à l’échelle nationale
qu’internationale.
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE:
Ouvrages :
- Jean-Pierre DOUARD et Michèle HEITZ, « Le géomarketing : au service de la démarche
marketing. », Edition DUNOD 2004
- Philippe LATOUR et Jacques LE FLOC’H, « Géomarketing : principes, méthodes et
applications. », Editions d’organisation 2001.
Revues et journaux :
- Racha Kissa entretien avec M. Olivier Lamy, le DG d' Almageo, Le Journal Le Matin du 23
Juin 2010, «Le géomarketing évolue effectivement très vite est systématise la réflexion des
responsables de l'économie».
Siteweb :
- B. MERENNE-SCHOUMAKER,« Le géomarketing : introduction critique. »,
http://hdl.handle.net/2268/72247
- http://www.slideshare.net/Articque/philippe-latour-géomarketing
- http://www.master-geomarketing.com
- http://www.tiznit.org/carte_maroc.htm
23
Annexe 1 : GUIDE D’ENTRETIEN
Nous vous remercions de nous avoir reçu aujourd’hui et de nous consacrer un moment
de votre précieux temps.
En quelques mots, notre entretien fait partie d’une étude sur la perception de certaines
entités publiques du« Marketing Territorial » ou « Géomarketing ». Nous souhaitons avoir des
informations sur votre stratégie poursuivie pour promouvoir la province de Khouribga auprès
des investisseurs ou des touristes ou des différents opérateurs économiques que vous ciblez.
1. Quels sont les techniques du géomarketing que vous utilisées pour votre prise de décision?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
2. A votre avis, quelle est la stratégie à adopter pour rendre la ville de Khouribga, une ville
plus attrayante par rapport aux autres villes du Royaume au niveau d’investissement et de
tourisme?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
3. Quelles sont les infrastructures qui permettent de faire valoriser l’image de la ville au
niveau national et international ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
4. Quels sont les projets actuels et futurs et leurs calendriers de réalisation afin d’aménager
la Province ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
5. Quels sont les budgets prévisionnels consacrés pour ces projets?
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….
6. Comment choisissez-vous la localisation des projets et les extensions de la ville ?
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………….
Nous tenons à vous remercier infiniment pour votre patience et votre précieuse aide.
24
Annexe 2 : Quelques informations concernant la Province de Khouribga (source : Préfecture
de la province)
Population :
Découpage administratif :
Nombre de Communes urbaines ou municipalités......: 5
Cercles.........................................................................: 3
Caïdats.........................................................................: 7
Communes rurales.......................................................: 26
25
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