Session 13 - 38
Nous proposons de mener une étude qualitative exploratoire en interrogeant quatorze
consommatrice des marques SR et/ou H&M. Pour ce faire, une revue de littérature s’intéresse
aux stratégies d’extension mises en place par les marques. Nous nous intéressons également
au concept de résistance et d’adhésion du consommateur afin de procéder, dans un second
temps, à l’étude qualitative et ainsi, identifier si le consommateur résiste ou adhère à la
nouvelle offre qui lui est faite. Enfin, nous discuterons les résultats de cette recherche.
1. Revue de littérature : des stratégies d’extension à la résistance du consommateur
1.1. Les stratégies d’extension
Si le but principal des producteurs est d’accroître les ventes, les consommateurs se trouvent
face à des marques inhabituelles dans les enseignes qu’ils fréquentent. Il en est ainsi des
marques de luxe ou haut de gamme qui n’hésitent pas à créer des gammes moins chères,
adaptées à des clients moins aisés. Certaines marques s’associent même avec des enseignes de
grande distribution spécialisées dans le textile pour lancer des gammes spécifiques et
éphémères et ce, afin d’augmenter les ventes et d’élargir la clientèle (Aaker, 1997). H&M
propose ainsi régulièrement des collections spécifiques signées Karl Lagerfeld ou, plus
récemment SR. Ces collections sont alors griffées « Lagerfeld for H and M » ou « Sonia
Rykiel pour H&M ». Les analystes anglo-saxons parlent de « Masstige » pour qualifier le fait
qu’une marque de prestige s’adresse à un plus grand nombre de consommateurs (Danziger,
2005). Les produits sont plus chers que les premiers prix de leur catégorie distribués dans les
circuits de distribution, mais moins chers que les produits de luxe ou semi-luxe, « Masstige »
étant la contraction de « Mass » et de « Prestige ». Il s’agit d’un moyen de démocratiser les
marques de luxe. La tendance du « cheap and chic » est ici approchée et consiste à proposer
des produits ou des services à bas prix, mais en veillant à la qualité ou au design.
Dans un contexte de préoccupation croissant de pouvoir d’achat et face au développement des
stratégies d’extension de circuit de distribution, la présente recherche s’enquiert de savoir si
les consommatrices de marque de luxe mettent en place une stratégie de résistance à la
banalisation des marques de luxe. Selon Dimitriadis (1993), « à partir du moment où le
consommateur tient compte de la marque pour faire son évaluation et que cette même marque
se retrouve sur deux (ou plusieurs) produits, il faut étudier les liens que le consommateur fera
entre ces produits du fait de la présence de la marque commune. »
Différentes stratégies d’extension existent. Il convient tout d’abord de préciser les stratégies
d’extension de gamme et d’extension de marque. Si ces deux stratégies disposent de
caractéristiques distinctes, elles apparaissent très liées, notamment dans la littérature.
Parmi les stratégies de marque (extension de gamme, marques multiples, extension de
marque, nouvelle marque) que l’entreprise emploie, se trouve l’extension de marque (Tauber,
1981). Apparue au cours des années soixante, cette stratégie s’est développée durant les
années quatre-vingt, notamment face au coût, particulièrement élevé, de développement des
nouvelles marques, encourageant ainsi l’exploitation de marques existantes.
L’extension de marque est définie comme l’utilisation d’une marque existante pour
commercialiser une catégorie de produits différente de la catégorie de produits dans laquelle
la marque est initialement présente. Cette définition, utilisée dans la littérature (Tauber, 1981 ;
Aaker et Keller, 1990), tend à confondre extension de gamme et de marque, soulevant ainsi
des ambiguïtés. Pour éclaircir ces dernières, Cegarra et Merunka (1993) proposent de qualifier
l’extension de marque sur la base de la fonction et de la nature du produit envisagé en
extension. Ainsi, l’extension de marque est identifiée lorsque la fonction (valeur d’usage du
produit et bénéfices consommateurs) et la nature (ensemble des éléments tangibles) du produit