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23.03.2011 N° 1116
+ d’infos sur www.intermedia.fr
ISSN : 0249-1575
15€
MARKETING / COMMUNICATION / MÉDIAS EN RHÔNE-ALPES M A G A Z I N E
DOSSIER Surprendre, conseiller, promouvoir, fidéliser, dialoguer, théâtraliser…
Comment choper le shopper
SPÉCIAL
Points
devente
GRAND TÉMOIN
« Le point de vente sera de plus en plus
à l’intersection du multicanal »
Frank Rosenthal, expert en marketing du commerce
ENQUÊTE L’architecture commerciale
pour séduire de nouveaux clients
Le prospectus est-il toujours efficace à l’ère d’internet ?
ÉDITO
Par Michel Texier
Le point de vente
ne craint pas internet,
il en a fait son allié
2, rue Commandant-Dubois BP 3130 - 69406 Lyon cedex 03
Tél. 04 72 84 45 55.
Fax : 04 72 84 45 50.
Mail : [email protected]
Éditeur : InterMédia Sarl au
capital de 37 579 euros. Siren :
325 694 909. Directeur de la
publication : Jacques Simonet.
Rédacteur en chef adjoint :
Michel Texier. Rédaction : Jérôme
Desruy, Stéphanie Pioud, Jérémy
Chauche, Camille Nagyos,
Charlotte Vincent. Service
commercial : Pascal Leby et
Delphine Haméon-Taton. Agence
photo : Eric Soudan /
Alpaca (Lyon).
Maquette : ProEdito (Paris).
Mise en page : mfred.pao!
Frédéric Morel (Villeurbanne).
Impression : Dugas Offset
(Villeurbanne). Dépôt légal : à
parution.
Abonnement : voir p. 43
www.intermedia.fr
C
eux qui prédisaient que le boom
d’internet allait sinistrer le commerce
traditionnel en seront pour leurs frais.
Les enseignes à réseaux n’ont jamais
autant ouvert de magasins tandis que
la grande distribution alimentaire réinvente le
commerce de proximité.
De nouveaux concepts s’imposent comme les
magasins éphémères de l’entreprise lyonnaise
Chronostock qui, après avoir discrètement inauguré sa première boutique voici trois ans et demi,
prévoit d’atteindre 100 ouvertures en 2011 (p. 10).
Cette chasse au client, c’est le thème du dossier
de ce magazine (p. 22 à 32). Où l’on découvre
que les deux armes principales des points de
vente sont l’animation-promotion (c’est dans les
vieilles casseroles qu’on fait les meilleurs plats !)
et la fidélisation, qui, elle, s’appuie de plus en
plus sur le digital.
On y apprend aussi comment internet est devenu
l’indispensable allié du commerce dont il pousse
le chiffre d’affaires avec, par exemple, l’essor des
« drive in ».
Des lieux de plaisir.
Un consommateur
intelligent. Pour autant,
Le point de vente revient
à ses fondamentaux en
misant sur l’accueil, l’expérientiel et les services.
« Le magasin doit être un
lieu de plaisir, un lieu de
contacts humains où l’on
va trouver du conseil »,
résume notre Grand Témoin, Frank Rosenthal, un
expert de référence en marketing du commerce
(p. 34).
Ce numéro fait aussi le point sur l’architecture
commerciale et comment, dans la foulée des enseignes à réseaux, les commerçants indépendants
font appel aux designers pour différencier leurs
boutiques et séduire de nouveaux clients (p. 20).
Bref, le magasin, que d’aucuns jugeaient
condamné, affiche toujours une belle santé. v
« Les enseignes à réseaux
n’ont jamais autant ouvert
de magasins, tandis que
la grande distribution
alimentaire réinvente le
commerce de proximité »
internet a quand même
secoué un secteur économique qui ronronnait.
En contribuant à mieux
informer un consommateur
qui en France est devenu
« le champion de la consultation des sites comparateurs de prix », comme le souligne Philippe Moati.
Directeur de recherche au Crédoc, il nous dévoile
les multiples facettes, parfois paradoxales, de ce
consommateur nouveau, intelligent, individualiste
et infidèle à qui le web a donné beaucoup de
pouvoir, grâce aux réseaux sociaux (p. 26).
La nouvelle donne consumériste révolutionne
le marketing du point de vente, plus que jamais
en recherche de martingales pour « choper le
shopper. »
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 3
SPÉCIAL POINTS DE VENTE
SOMMAIRE
REPÈRES
06. EN MOTS
Petites et grandes phrases de quelques
observateurs avertis.
08. EN TÊTES
Olivier Bourgeois prêche le e-commerce
auprès de la grande distribution.
Réussite durable
Bruno Poncet et Édouard de Jandin
ont surpris quand ils ont lancé leurs
magasins éphémères à l’enseigne
Chronostock. Trois ans après c’est
devenu un business tout à fait durable.
10. ENTREPRISES
Chronostock Des magasins éphémères
au succès durable. 12. ANALYSE « L’Europe
bouleverse le droit de la promotion des
ventes ». 13. La galaxie de… KORUS
14. EN SUITE
Le lancement lyonnais de Carrefour Planet.
16. TRIBUNE Jean-Michel Silberstein « La conception
d’un centre commercial est une science ».
17. IL L’A DIT IL L’A FAIT Guillaume Chollet « Je voulais
concevoir un prospectus intelligent qui
s’adapterait à chaque point de vente
d’un réseau ».
18. EN CHIFFRES
Franchises Paris, Marseille et Lyon très recherchées.
20. ENQUÊTE
Les commerçants
parient sur le retail design
Pour se démarquer des enseignes en réseau, les petits
commerçants découvrent à leur tour le design commercial.
Voici quatre stratégies gagnantes à Lyon.
4 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Flop intégral
À Lyon, quelques-unes des plus
belles artères de la Presqu’île sont
devenues un désert commercial.
Un incroyable gâchis.
DOSSIER
22. Comment
choper
le shopper ?
Le client devient « intelligent ».
Hyper sollicité, hyperinformé
et hyper sceptique, le
consommateur a inversé le
rapport de force qui le lie au
commerçant.
26 [ REPORTAGE ] « La
fidélisation du client est un
enjeu stratégique ».
28 [ FOCUS ] Animation : l’arme
fatale des marques.
30 [ ANALYSE ] Vitrine Jamais
sans son site. 32 [ POUR/
CONTRE ] Le prospectus est-il
toujours efficace à l’ère
d’internet ?
Retail pour tous
Le design commercial
n’est plus réservé aux
grandes enseignes.
500 commerçants
indépendants ont déjà
adopté cette démarche à
Lyon, comme RBC Mobilier.
INDEX DES MARQUES
LE CLIENT EN MOTS
Client
intelligent
Consommateur hyperinformé qui a préparé son achat
sur internet. Les Canadiens l’appellent client 3.0.
CRM
Ensemble des outils destinés à
recueillir un maximum d’informations sur le client
pour mieux le servir et le fidéliser.
Résistance
Les nouvelles
technologies de
communication comme
cette vitrine interactive
n’ont pas tué le
prospectus. S’il est rejeté
par les uns, il est toujours
encensé par les autres.
Expérientiel
Opération transformant l’acte d’achat en expérience ludique procurant
du plaisir et des sensations.
Marketing
sensoriel
Stimulation d’un ou plusieurs des 5 sens du client
pour favoriser l’achat.
Retail
design Démarche marketing appliquée à l’architecture commerciale pour
affirmer une identité et un positionnement.
HORIZONS
34. GRAND TÉMOIN
Frank Rosenthal « Le point de vente sera de
plus en plus à l’intersection du multicanal ».
38. + ET Banc d’essai le Cyclopolitain est-il efficace en
street-marketing.
40. Initiatives commerciales : tops et flops de
l’année écoulée.
42. MÉTIERS
Retailtainment
Transformation d’un point de vente ou d’un centre commercial
en lieu de divertissement avec salle de spectacle,
aquarium, patinoire…
Shopper
Cauchemar des marketers.
Client potentiel dont il faut cerner le comportement
pour le conduire à acheter.
Street-marketing
Opération de promotion dans les lieux publics combinant
la distribution d’échantillons et de flyers à plus ou
moins d’événementiel.
Merchandiser, le stratège de la vente.
Théâtralisation
Mise en
scène de l’offre commerciale d’une enseigne, pour
44. IDÉES
créer une ambiance favorable à l’achat
Cegid teste le magasin du futur.
Zone
froide Espace d’un point
de vente avec peu de circulation où sont placés les
46. DÉBLOQUE-NOTES
Des notes sur tout ce qui débloque.
produits ne figurant pas dans le panier type.
A 2 Pas .......................................37
AchatVille ......................................... 8
Adidas ............................................. 37
Adréa Mutuelle.............................. 38
Afflelou ........................................... 44
Amazon .......................................... 27
Aoste.................................................10
Apple .....................................8, 16, 36
Armani ............................................ 36
Auchan ........................................... 37
Aviva..........................................18, 30
Bjorg................................................ 28
Blédina.............................................10
BMW................................... 34, 35, 36
Bongrain ...................................28, 40
Calor ................................................10
Candia.......................................10, 40
Carré de Soie ..................................14
Carrefour.............6, 8, 14, 18, 23, 24,
30, 37, 40, 44
Caserne de Bonne .........................14
Casino ............................8, 27, 30, 34
Coopérative de Sain-Bel ................ 8
Cegid ............................................... 44
Celio ................................................ 44
Cerise et potiron............................ 30
CFTIL ................................................18
Champion...................................8, 34
Chronostock.......................10, 22, 24
Converse ......................................... 36
Cora ................................................. 34
Côte d’Or ........................................ 36
Crédoc .........................22, 24, 26, 27
CUT ...................................................21
Danone........................................... 36
Darty ................................................ 27
DDB ................................................. 34
Décathlon ........................................16
Decitre............................................. 32
Distriborg ..................................10, 28
Docks Lyonnais ............................. 40
Easy Cash ........................................14
ED ..............................................10, 34
Efféa..................................................18
Émile Henry....................................10
Espace Textile .................................. 8
Eternity ............................................ 24
ETO .................................................. 34
Euromaster ......................................18
Façonnable.....................................10
Fermob.............................................. 8
Ferrero............................................. 28
Feu Vert .....................................18, 27
Fidal..................................................12
Fnac...........................................16, 37
Forever21......................................... 35
France Loisirs................................. 34
Gitem .............................................. 34
Go Sport...........................................18
Granini .............................................10
Groupon ......................................... 22
H&M.................................................. 6
Ice Watch ........................................14
Impex .............................................. 42
Intermarché ........................ 8, 30, 37
Intersport ........................................ 32
Jack Holt ........................................18
Kadossimo ....................................... 8
Kayak .............................................. 30
King jouet ........................................18
Kléber...............................................10
Krups ................................................10
La Halle aux chaussures ............. 34
La Vie Claire ...................................18
Leader Price................................... 34
Leclerc ...........................8, 30, 34, 44
Le petit Marseillais ..................23, 34
Leroy Merlin.............................34, 37
Lesieur............................................. 34
Marionnaud................................... 34
Mathilde M ....................................... 8
Microsoft ......................................... 24
Mister Piscine................................... 8
Mobalpa...................................... 8, 18
Moulinex..........................................10
Nestlé France ................................. 34
Nivea ............................................... 28
Olly boutique ................................ 30
Orange ............................... 23, 24, 28
Oxybul ............................................ 24
Part-Dieu ....................................8, 24
Pérène ............................................... 8
Point S ..............................................18
Prada ............................................... 36
Printemps ....................................... 26
Provencia........................................ 40
R3AP.................................................. 8
Renault.............................................12
Rivétoile ............................................ 8
Samsung......................................... 35
Saturn .............................................. 22
Saupiquet ........................................10
Seb ....................................................10
Sébastien Bouillet ......................... 20
SFR................................................... 35
Sherpa ............................................. 24
SOcoo’c ............................................ 8
Somfy ...............................................10
Starbucks ..................................16, 36
Système U....................................... 34
Tefal ................................................ 40
The Container Store ..................... 37
Timberland..................................... 38
Total ...........................................14, 34
Toys’R Us ........................................ 36
Twinner ............................................18
Unibail Rodamco ........................... 8
Uniqlo ............................................. 36
V33 ...................................................10
Valrhona............................................ 8
Vuitton............................................. 36
Wagons Lits ................................... 34
Yves Rocher .................................. 24
Zara ................................................. 22
Zolpan ............................................... 8
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 5
MOTS
MUSIQUE
Petites et grandes phrases de quelques observateurs avertis
des espaces commerciaux
et des techniques de séduction des clients.
HYPERS
« Auchan estime que l’âge d’or
des hypermarchés est certes révolu,
mais que le modèle fonctionne
encore, alors que Carrefour diagnostique une crise aiguë du format et
essaie de changer son ADN. »
« Un fond sonore discret
©François Maréchal
et adapté à la clientèle en
fonction des produits et des
horaires va devenir indispensable. Selon une récente étude,
la musique augmenterait de
17 % les ventes d’une boutique. »
Cédric Ducrocq, président du cabinet Dia-Mart
(Stratégies de septembre 2010).
Claude Nahon, DG de l’agence de marketing sensoriel Mood Media France
(Commerce Magazine, décembre 2010).
VITRINE
BAZAR
« Au contraire d’internet
qui vient répondre à un besoin immédiat, le magasin est
un fabuleux lieu de vie où
l’on vient farfouiller, flâner... »
« Aujourd’hui, le consommateur ne marche plus, il court. Une
devanture doit donc être réalisée
de façon à capter son attention en
cinq secondes. »
Morgane Cordillot, directrice de Tendance déco by M&O (Commerce
Magazine, décembre 2010).
Georges Olivereau, directeur de création chez Dragon Rouge
(Marketing Magazine, avril 2010).
COHÉRENCE
CHALEUR
« La relation établie par
internet est froide, celle avec le
magasin reste chaude et
émotionnelle, c’est l’endroit où
l’on touche les produits. [...]
Les magasins qui marchent sont
ceux qui font comprendre
l’utilité de leurs produits tout en
instaurant une relation forte
avec l’art de vivre et les services.»
Olivier Saguez, président de l’agence Saguez & Partners
(JDD du 31 janvier 2010).
« Le parcours client
doit être le même sur le site
d’e-commerce et sur le lieu
de vente. Pour montrer son
offre, il faut parler de la
même manière sur tous
les canaux. »
Cécile Poujade, directrice conseil chez Saguez &
Partners (Marketing Magazine, avril 2010).
GÉOLOCALISATION
« Les points de vente vont
devenir des lieux extrêmement
axés sur le service. Les clients
viennent chercher sur les points
de vente tout ce qu’ils n’ont pu
avoir sur internet : la qualité du
conseiller de vente, toucher le
produit... »
« H&M vient d’inaugurer à New
York un service pour ses
clients internautes mobiles.
Dès que l’un d’eux rentre
dans un magasin de la
chaîne, il reçoit des offres de
promotion immédiate sur
son smartphone, via l’application Facebook Places. »
Martin Piot, DG du design chez W&Cie (Marketing
Magazine, avril 2010).
Henri Kaufman, président du cabinet Hip ip ip
(InterMédia du 8 décembre 2010).
SERVICE
6 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 7
PROMOTION
Marianne Baudat
manage le
centre-ville
de Lyon.
Depuis 2007, elle
pilote la promotion
des commerces de la
Presqu’île. Elle s’appuie sur l’association
Tendance Presqu’île
(3 permanents) qui
réunit 160 commerçants. Elle gère
la communication
(campagnes, site
web), fait de la
formation, anime
le réseau, édite
un guide annuel
(60 000 ex.) et
promeut le marketing
mobile auprès de ses
adhérents.
Voici quelques professionnels de la distribution
classique et du commerce en ligne
dont on devrait reparler avant longtemps.
CENTRES COMMERCIAUX
TÊTES
Olivier Bourgeois,
50 ans, est président
fondateur de la société
grenobloise
Proxi-Business
Nelly Sitbon
traque les
tendances.
CONCEPT
Chrystelle Gachon
lance Bionutiz.
Ancienne directrice
marketing et créatrice de Kadossimo,
cette Lyonnaise vient
d’ouvrir un magasin
pilote de produits bio
à services ajoutés.
On y trouve les
conseils d’une biologiste et d’une diététicienne, une large
plage d’ouverture et
surtout des services
de conciergerie
(pressing, cordonnerie, couture...)
pour une clientèle
de proximité. Sans
oublier une boutique
en ligne.
Dieu haut de gamme
L’HOMME DE L’ANNÉE
STYLES
Elle a créé Chasseurs d’influences,
il y a 8 ans à Lyon.
C’est l’un des rares
bureaux de style
hors Paris. Son
business ? Du
conseil stratégique,
des prestations en
design d’espace et
communication et de
la formation (écoles,
CCI...). Ses clients :
Valrhona, l’Espace
Textile, R3AP, des
associations de
commerçants...
Elle travaille sur le
merchandising de
magasins grand
public pour Zolpan.
Jean-Philippe PelouDaniel veut une Part-
Proxi-Business
Création : 2003.
Activité : création de
sites marchands pour
le grand commerce.
Implantations :
Voreppe (siège),
Madrid et Marrakech
(bureaux).
Effectif : 16.
CA 2009 : 543 K€.
CA 2010 : 1,2 M€.
CA 2011 : 1,9 M€
(prévision).
Âgé de 42 ans, ce Lyonnais d’origine
a fait toute sa carrière dans l’hôtellerie
avant qu’Unibail Rodamco ne lui confie
les rênes du centre commercial Rivétoile
à Strasbourg, voici 3 ans.
Avec succès, puisqu’Unibail l’a promu en
février directeur de la Part-Dieu. Il a pour
mission d’en faire « l’un des plus beaux
centres de France ». Un important lifting
est en cours pour 15 M€. D’ici septembre,
tout sera revu du sol au plafond.
Cette montée en gamme s’accompagne
d’une qualité d’offre plus sélective.
Jean-Philippe Pelou-Daniel mise sur
des enseignes locomotives type Applestore dont l’ouverture serait imminente.
L’objectif étant de pousser une fréquentation qui atteint déjà 32 millions de
visiteurs annuels. v
ARCHITECTURE COMMERCIALE
Olivier Bourgeois
prêche le e-commerce auprès
de la grande distribution
PIONNIER C’est l’homme qui convertit
les grandes enseignes au commerce
électronique. Et se trouve aux
premières loges pour toucher les
dividendes de ce déploiement qui
promet d’être massif.
Sa société Proxi-Business a triplé
son chiffre d’affaires en 3 ans et
vise plus de 50 % de progression
en 2011. Juste retour des choses,
car Olivier Bourgeois est un pionnier
du e-commerce.
En 1998, alors directeur de la filiale
multimédia du Dauphiné Libéré, il
avait lancé, pour la CCI de Grenoble,
AchatVille, une plate-forme d’accompagnement du petit commerce sur
internet. Et créé pour l’Intermarché
de Seyssins (38) le premier site
marchand pour un supermarché
français.
FORMULE GAGNANTE En lançant ProxiBusiness en 2003, il voulait décliner
son modèle sur le grand commerce.
8 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Il a inventé la formule gagnante : un
site marchand par magasin, pour
simplifier les problèmes logistiques
posés par les grandes plates-formes.
Le succès commence à se dessiner
depuis 4 ans. La société a accumulé
les références chez Casino, Leclerc,
Champion, Intermarché... et même
hors alimentaire.
JACKPOT Aujourd’hui, le marché
explose. Ainsi, Proxi-Business va
déployer des sites chez les 500
franchisés de Carrefour Market.
« Et tous les secteurs s’y mettent »,
se réjouit le PDG. En effet, sa société
touche 1 € sur chaque commande
d’internaute, pour assurer la maintenance et l’évolution des sites. Mais
elle mise aussi sur des développements commerciaux à l’étranger,
notamment en Espagne.
Olivier Bourgeois table sur un doublement de son business chaque année
à partir de 2012. v
Denis Capitan fait
communiquer les
espaces commerciaux
Depuis 2009, il a créé Cap-D, une agence
d’architecture commerciale, installée à
Saint-Martin-la-Plaine (Loire).
C’est elle qui a conçu l’an dernier les
restaurants Poivre Rouge de la chaîne
Restaumarché, en collaboration avec Good
and Food Ideas.
Ancien de l’École Boulle, Denis Capitan,
39 ans, a longtemps travaillé chez Jump,
où il était l’un des responsables du pôle
d’architecture commerciale Marques en
scène. Il a ainsi œuvré sur les concepts de
magasins Mobalpa, Pérène et SOcoo’c.
Cap-D vient de créer un magasin pilote
pour Mister Piscine et des éléments pour
les shopping corners de Fermob.
Chantiers en cours : un show room pour
Mathilde M et un complexe commercial pour
la cave coopérative de Sain-Bel (69). v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 9
MARKETING
L’agence Fantastic
joue dans
la cour des
grands.
En 5 ans, l’agence
lyonnaise s’est imposée dans le marketing opérationnel
et annonce un CA
2010 de 1,4 M€
avec 12 permanents. Sa spécialité ? Les opérations
en magasins et les
jeux-concours. Parmi ses gros clients,
elle compte le
groupe Seb (Calor,
Krups, Moulinex...)
qui pèse 30 % de
son activité. Mais
aussi Aoste, Candia,
Granini, Saupiquet
ou encore Blédina.
TREPRISES
Le secteur commercial est riche
d’initiatives et d’innovations.
En voici quelques-unes marquantes.
DIGITAL
HiLabs révolutionne les vitrines
Transformer les vitrines en iPad géant,
c’est l’idée des Grenoblois d’HiLabs. Ils
installent des capteurs qui reconnaissent
la position des doigts sur le verre. HiLabs
a développé une offre dédiée aux agences
immobilières (Ubicity) qui équipe déjà
115 vitrines en France dont 25 en RhôneAlpes. Ainsi, les clients peuvent consulter
les annonces sur la vitrine et les recevoir
aussitôt sur leurs téléphones. En 2011, HiLabs (6 salariés et 600 K€ de CA en 2010)
veut séduire le secteur de la mode. Des
vitrines interactives sont testées dans deux
boutiques Façonnable à Nice et Paris. v
AFFICHAGE
IPso TV cible
les boutiques.
L’entreprise annecienne spécialisée
dans les solutions
logicielles pour l’affichage dynamique
propose « Corpanine ». Cette solution destinée aux
entreprises s’adapte
aux points de vente
pour leur permettre
de communiquer
sur des écrans. En
attendant de se
développer dans les
rayons, IPso TV a
déjà convaincu les
fromages Entremont qui ont équipé
leur siège et leurs
bureaux d’écrans
dynamiques.
SON & LUMIÈRE
Cardvox fait
parler les PLV.
Basée à Crolles
(38), Cardvox réalise des systèmes
sonores et lumineux
pour attirer les
chalands dans les
GMS et les boutiques spécialisées.
Résultat : les rayons
s’animent grâce à
des PLV qui parlent
ou qui s’allument.
Très discrète sur ses
références, Cardvox
travaille surtout
dans l’alimentaire et
la parfumerie depuis
1992. CA annoncé :
250 K€.
MARKETING OPÉRATIONNEL
Empreinte Conseil se dope au vert
Créée voici 4 ans sur les bases d’une charte éthique, l’agence lyonnaise
privilégie les outils de théâtralisation en magasin utilisant le carton, les
imprimeurs labellisés Imprim’vert, le mailing adressé plutôt que l’imprimé
sans adresse... Thierry Tunesi a persuadé diverses entreprises de compenser leur bilan carbone ou d’optimiser les transports pour leurs opérations
promotionnelles : Distriborg, Somfy, V33, Kléber... C’est un créneau porteur : le CA a bondi de 65 % à 1,3 M€ en 2011. v
ELECTROMÉNAGER
La Rose des Sables
crée des boutiques
Lagostina
L’agence de design lyonnaise a conçu
deux points de vente, actuellement
en test en Italie et au Japon, pour la
marque d’autocuiseurs haut de gamme
du groupe Seb. Fondée en 2006 par
Patrick Rischette, la Rose des Sables
(1,21 M€ de CA, 9 permanents) est
l’une des rares agences régionales très
branchées architecture commerciale.
Elle a notamment beaucoup travaillé
pour l’enseigne ED. Lors du dernier Bocuse d’Or, elle a réalisé une boutique
éphémère à Lyon pour le créateur
de vaisselle Émile Henry et prépare
plusieurs événements pour d’autres
marques. v
LA SURPRISE
Chronostock : des
magasins éphémères
au succès durable
CROISSANCE RECORD. En 3 ans, l’entreprise basée à Décines
(69) a réussi l’exploit de s’imposer comme un champion de
l’électroménager low-cost. Avec des magasins qui ouvrent,
ferment et changent d’adresse tous les 3 mois.
En France, son activité double chaque année pour atteindre
en 2011 la barre symbolique des 100 ouvertures. Croissance
aussi en Belgique où Chronostock est présent par le biais de
franchises. Une dizaine de boutiques vont être implantées
dans les régions de Bruxelles et de Liège.
LE BON MIX. « Nous apportons les prix cassés du web au
commerce de centre-ville », explique Bruno Poncet, l’un des
cofondateurs. Chronostock reprend le principe des ventes
flash en « one shot » du e-commerce pour écouler les invendus et les fins de série de grandes marques. Les arrivages
sont permanents pour créer l’événement.
10 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Bruno Poncet
(à gauche) et Édouard
de Jandin (à droite),
cofondateurs de
Chronostock, se sont
lancés en 2007.
Un principe renforcé par le concept même du magasin éphémère.
Juste un coup de peinture, quelques rayonnages basiques et
en trois jours un magasin est implanté. Il faut deux jours pour le
démonter. En installant ses boutiques dans des locaux vacants
ou en attente de travaux, l’enseigne s’exonère du pas-de-porte
et profite de loyers souvent bas. Source d’économie supplémentaire : les vendeurs qui sont exclusivement en CDD. v
Chronostock CA 2010 : 3,4 M€. CA 2011 : 8 M€ (prév.)
Effectif : 14 permanents et 3,5 CDD par magasin. Budget
communication : 4 % du CA (site, PQR, print boîtes aux lettres).
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 11
TREPRISES
Elvire Mazet est avocat au sein du département droit économique de Fidal. Le cabinet lyonnais regroupe une quinzaine
de spécialistes du droit des contrats, de la concurrence, de la propriété intellectuelle, des technologies de l’information...
LES FAITS
Le cadre juridique
de la promotion
des ventes
évolue. Il offre
de nouvelles
opportunités dans
les opérations
commerciales,
comme la
possibilité
d’utiliser
des loteries
publicitaires.
C’est le résultat
de la transposition
d’une directive
européenne
qui risque en
revanche de
bannir quelques
pratiques ancrées
dans les habitudes
des distributeurs.
« L’Europe bouleverse le droit de la promotion des ventes »
INTERMÉDIA. Quoi de neuf dans le droit de
la promotion des ventes ?
EM
Une vraie révolution, qui résulte d’un
arrêt de la Cour de justice de l’Union
européenne. Laquelle enjoint aux États
qui jusqu’alors avaient traîné les pieds
— dont la France — de transposer les dispositions d’une directive de 2005 relative
aux pratiques commerciales déloyales,
et qui a pour objet d’encadrer les opérations promotionnelles et commerciales.
Or, dans cette directive, certaines dispositions nationales ont été jugées
contraires au droit communautaire. Du
coup, des pratiques autrefois interdites
par le droit français sont désormais autorisées, sous conditions. Il s’agit notamment des ventes liées, des ventes avec
prime et des loteries publicitaires.
INTERMÉDIA.
Comment a été accueillie
cette décision par les annonceurs ?
EM On observe une certaine frilosité
à profiter de cette réglementation. Le
même phénomène avait été constaté
12 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
lorsque la publicité comparative avait été
libéralisée : peu utilisée, elle constitue
pourtant un outil performant, à en croire
le succès des sites comparateurs de prix.
Quelques annonceurs en ont quand
même tiré profit : pendant le mois de
septembre 2009, tout acheteur d’un
véhicule du réseau Renault a eu une
chance sur 300 de se faire rembourser
son véhicule. Qualifiée de loterie, cette
opération était auparavant prohibée par
le droit français.
INTERMÉDIA. Le droit européen ne prime-til pas sur le droit français ?
EM
Absolument. Cette réglementation
européenne est obligatoire. Sa maîtrise
représente un atout concurrentiel indéniable au vu des opportunités qu’elle
offre. Mais la réforme est encore au
milieu du gué. En attendant la transposition complète, des règlements français
et européens se juxtaposent.
Difficulté supplémentaire, certaines
opérations autorisées en droit français
pourraient être qualifiées de déloyales
au regard du droit communautaire. Car,
si la directive a concédé plus de liberté,
c’est en contrepartie d’une meilleure protection du consommateur.
INTERMÉDIA . Quelles opérations pourraient être visées ?
EM Citons la technique de la prime autopayante (« pour 1 euro de plus ») qui
permet de contourner l’interdiction de
la vente avec prime.
Exemple : un opérateur de téléphonie
propose, pour toute souscription à un
abonnement, un ordinateur portable
(valeur 399 €) pour 1 € seulement.
Cette prime, jusqu’ici autorisée, peut
devenir répréhensible, si l’on considère
que sa valeur commerciale influence
de façon déloyale le comportement du
consommateur.
Il est donc indispensable pour les annonceurs d’intégrer le plus tôt possible
ce nouveau cadre juridique dans leur
stratégie promotionnelle. v
LA GALAXIE DE… KORUS
Samir Meznad
Muriel Michallet
Fabrizio Penasso
CHARLES
MARCOLIN
Muriel Blanc Duret
Spécialisé dans l’aménagement d’espaces de vente et de
travail, Korus est l’un des poids lourds du secteur. Organisé
autour de trois activités, le groupe emploie plus de 300
collaborateurs en France et dans trois pays européens. Il a
enregistré un CA de 95 M€ l’an dernier.
est en 1991 que Charles Marcolin
fonde Korus. L’entreprise iséroise
cible dans un premier temps les
agences bancaires à qui elle offre des
méthodes d’installation de distributeurs
automatiques de billets.
Mais très vite, le dirigeant décide
d’étendre ses services en proposant de
l’aménagement intérieur. Il crée pour cela
l’activité « réalisation » dès 1998. Celle-ci
emploie aujourd’hui plus de 200 chefs de
projet. Organisés autour de sept directions
C’
régionales (Paris, Rennes, Bordeaux, Grenoble, Aix-en-Provence, Strasbourg, Lille),
ils interviennent comme maître d’œuvre
sur les chantiers. Quinze d’entre eux sont
dédiés aux grands comptes sous la houlette de Muriel Michallet.
En 2003, Charles Marcolin s’adjoint les
services d’agences de design qui interviennent dans les stratégies de développement de ses clients (franchises, réseaux
intégrés…). Celles-ci sont pilotées par une
dizaine de chefs de projet rattachés à
Muriel Blanc Duret, directrice de l’activité internationale « conseil et concept ».
Dans le même temps, Korus développe
des prestations de maintenance pour
l’ensemble de ses sites. Dirigée par Samir
Meznad, l’activité emploie 70 personnes
qui pilotent les chantiers et occupent le
centre d’appels téléphoniques.
Le groupe est également présent en Italie,
en Espagne et en Allemagne où il a ouvert
deux autres filiales. Toutes sont encadrées
par Fabrizio Penasso. Tout comme les
bureaux commerciaux au Maroc et en
Roumanie.
Encore très présent dans le secteur
bancaire (70 % du CA) avec des clients
comme La Poste, la Caisse d’Épargne, la
Banque Populaire ou le Crédit Agricole,
Korus souhaite désormais se développer
auprès des entreprises et du commerce
de détail.
Autogrill, Mezzo di Pasta, Decitre, Groupama ou le Savour Club figurent déjà
parmi sa clientèle. v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 13
DÉPLOIEMENT
Carrefour Planet
ouvre à Givors.
Les tests des
magasins pilotes
d’Écully et Vénissieux ouverts l’été
dernier ayant permis
d’affiner le nouveau
concept d’hypermarché, le groupe le
déploie désormais
en commençant par
Givors (12 000 m2).
Carrefour compte
23 hyper en RhôneAlpes - Bourgogne.
SUITE
Retour sur quelques événements
qui ont marqué le monde des points de
vente et de ses prestataires.
JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID
JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID
Le Village des marques de Bellegarde
reprend des couleurs
Olfact’Air invente la
borne multifonction
ANNIVERSAIRE
Carré de Soie fête
ses deux ans.
Ouvert en 2009, le
centre commercial
de Vaulx-en-Velin
(69) est encore en
phase de lancement.
Il investit 720 K€ en
communication et
prend la parole tous
les mois en média
et hors-média pour
faire connaître son
positionnement
de centre de loisirs
et de commerce
outdoor. En 2010, il
a accueilli 4 millions de clients et
annonce un CA de
92 M€.
PROXIMITÉ
Easy Cash
La Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC) avait
donné son feu vert voici un an au
programme présenté par le promoteur hollandais MAB dévelopment et
l’opérateur espagnol Neinver.
Pour autant, le projet reste encore
bloqué par des recours d’associations de petits commerçants devant
le tribunal administratif. Mais les
constructeurs se montrent confiants
(l’avis de la CNAC est souvent pré-
pondérant) et espèrent voir lever les
obstacles d’ici la fin de l’année.
Baptisé « Village des Alpes » et installé à Bellegarde-sur-Valserine (Ain),
cet ensemble prévoit une centaine
de boutiques sur 20 000 m2 et la
création de 500 emplois directs.
Lancé en 2002 par le groupe anglais
Bergerac Outlets, ce projet de village
de marques avait été recalé plusieurs
fois et racheté en 2009 par MAB Development. v
s’installe en
centre-ville
L’enseigne
d’achat-vente de
produits d’occasion
vient d’ouvrir son
premier magasin
de centre-ville à
Lyon. Jusqu’ici, ses
60 points de vente
étaient cantonnés
dans les zones
commerciales
périphériques des
grandes villes.
RETOUR SUR IMAGE
L’entreprise lyonnaise
spécialisée dans l’odorisation de lieux publics a
mis au point une borne
de 1,5 m de haut qui,
tout à la fois, diffuse des
odeurs et communique.
Aux couleurs de la
marque, elle peut servir de rangement ou
accueillir d’autres technologies (envoi de SMS,
messages sonores...).
Total a équipé cinq stations-service en France
avec cette colonne.
De leur côté, les montres
Ice Watch, très mode,
en ont commandé huit.
Chaque borne diffuse
trois odeurs différentes mises au point
par Olfact’Air pour les femmes, les
hommes et les enfants qui sont les trois
cibles d’Ice Watch. v
JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID
La Caserne de Bonne
fait rimer écologie
et shopping
Au cœur de l’écoquartier de Grenoble,
le nouveau centre commercial de
l’agglomération a ouvert ses portes en
septembre 2010.
Prouesse écologique et architecturale,
il accueille 27 enseignes sur 17 300 m2,
dont Monoprix, le Vieux Campeur...
En huit mois, la Caserne de Bonne a
déjà accueilli 1,9 million de visiteurs.
« Nous avons une grande saisonnalité
dans ce centre qui est à ciel ouvert.
NAMING
Publicis Activ
Design devient
Carré Noir
L’agence lyonnaise
(ex-O de Formes)
s’est rebaptisée en
février à l’enseigne
Carré Noir, devenue
la marque unique de
design du groupe
Publicis. L’équipe
lyonnaise est dirigée
par Blandine Dubois
du Bellay.
LE LANCEMENT LYONNAIS de Carrefour Planet
Pour le lancement de son nouveau concept d’hypermarché en août dernier, le
distributeur s’est offert des animations à la gare de la Part-Dieu et divers lieux
du Grand Lyon pendant cinq jours. Conçu par BleuVert et Publicis Events Lyon,
le dispositif comportait des totems symbolisant les nouveaux pôles de Carrefour Planet (marché, beauté....), des attractions animées par des comédiens
sur échasses et des distributions de tracts. v
14 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
La saison estivale est attendue avec
impatience ! », confie Patrick Rolland,
le directeur de la Caserne de Bonne.
En effet, les clients allieront shopping et
détente en profitant du parc de cinq hectares qui jouxte le centre commercial. v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 15
SUITE
Jean-Michel Silberstein est délégué général du Conseil national des centres commerciaux
La conception d’un centre commercial est une science ”
LES FAITS
La conception
d’un centre
commercial
relève d’une
subtile alchimie.
Un savant
dosage entre les
différents types
d’enseignes, l’art
du merchandising
et de plus en plus
d’activités hors
shopping qui
concourent aussi
au trafic.
INTERMÉDIA. Comment
réussir un centre
commercial ?
JMS Un centre commercial doit proposer
une offre variée et diversifiée. Pour cela,
il faut réaliser un savant dosage entre les
différents types d’enseignes.
Généralement, un centre commercial est
composé, pour 40 % de sa surface, par
l’équipement de la personne, pour 20 %
par la santé-beauté et pour 15 % par les
enseignes de culture, loisirs, services et
cadeaux. Le reste étant dévolu à la « locomotive », la grande surface qui peut être
un hypermarché alimentaire mais aussi et
de plus en plus, une enseigne thématique
comme Décathlon ou la Fnac.
La répartition des types de points de vente
dans l’espace est également cruciale pour
réussir la bonne alchimie.
INTERMÉDIA. Comment répartir les points
de vente ?
JMS
C’est une véritable science. Puisqu’il
faut à la fois inciter le consommateur à
16 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
parcourir l’ensemble du centre commercial, mais aussi lui permettre de trouver
rapidement ce qu’il cherche.
Ainsi, les enseignes d’un secteur d’activité constituant un objectif de visite sont
toujours regroupées dans un même périmètre (équipement bébé, loisirs, services,
restauration), alors que les activités générant des achats d’impulsion et propices
à la flânerie sont dispersées (vêtements
femme, beauté).
Enfin, la locomotive, qui est le principal
motif de visite de la plupart des clients,
est placée dans l’endroit le plus éloigné
des entrées. Pour là encore favoriser le
cheminement du client dans l’ensemble
du centre.
INTERMÉDIA.
Comment choisir les en-
seignes ?
JMS Un centre commercial doit tout faire
pour renouveler l’offre qu’il propose. Et
surtout rester dans la tendance.
En ce moment par exemple tout le monde
voudrait un Apple Store. Une enseigne
moderne, high-tech, vecteur d’une image
positive et dynamique. Les Starbucks café
sont aussi très courtisés.
Globalement, le centre commercial doit
créer l’événement pour attirer les consommateurs et transformer la corvée des
courses en plaisir. Cela passe par la multiplication d’animations, comme les expositions, les stands à thèmes pour écouter
de la musique par exemple. Ils deviennent
des lieux de vie agréables et modernes.
INTERMÉDIA. Les centres commerciaux sont
traités comme des objets marketing ?
JMS Absolument, finies les boites fermées,
la tendance est au bâtiment design et ouvert, aux quartiers reconstitués avec des
rues et des places comme Les Allées provençales à Aix-en-Provence, et proposant
toutes sortes d’activités. À Montpellier, par
exemple, le centre commercial Odysseum
intègre un immense aquarium, une patinoire et un cinéma multiplexe. v
”
IL L’A DIT IL L’A FAIT
Guillaume Chollet, 44 ans, est le fondateur de l’agence de marketing relationnel Loyalty Expert.
Je voulais concevoir un prospectus intelligent qui s’adapterait
à chaque point de vente d’un réseau ”
”
LES FAITS
En 2004,
Guillaume Chollet
a lancé Loyalty
Expert à Lyon.
Une agence
de marketing
relationnel BtoB
d’un nouveau
type : l’exploitation des données
commerciales des
réseaux de distribution lui permet
de proposer un
ciblage marketing
de « sniper » sur
chaque point de
vente.
INTERMÉDIA. Qu’est-ce qui vous a poussé
à créer votre agence ?
G.C. Une expérience et un constat. Je venais de passer 12 ans chez Kronenbourg
à des postes de responsabilité : gestion
d’entrepôt, direction commerciale et
patron du marketing client. Le constat,
c’était que les gens du marketing ont du
mal à parler avec ceux du commercial
et ceux de l’informatique.
Mon idée était de créer une agence où
tout fonctionnerait harmonieusement. Je
me suis lancé en 2004 avec le soutien de
Kronenbourg.
INTERMÉDIA. Qu’a apporté Loyalty Expert ?
G.C. Le « marketing intelligent », qui com-
bine expertises marketing et commerciale, intelligence de la donnée client
et nouvelles technologies de personnalisation des imprimés.
C’est ainsi qu’est né le « prospectus intelligent » qui permet aux distributeurs et
industriels d’adapter automatiquement
son édition à chaque point de vente. Prenez deux cafetiers lyonnais, qui vendent
l’un plus de Coca Cola que la moyenne
et l’autre plus de bière : le prospectus
publicitaire de chacun fera des offres
promotionnelles tenant compte de cette
différence. C’est le média « One to me. »
Nos serveurs informatiques traitent
chaque mois plus de 50 millions de
lignes de factures et gèrent 6 millions
d’offres personnalisées.
INTERMÉDIA. Qui sont vos clients ?
G.C. Des grands comptes comme
Kronenbourg pour qui nous gérons le plus
important programme de fidélisation
du secteur CHR. Comme Brake, Distriboissons, Promocash (Carrefour),
Wurth, Baccardi-Martini, Butagaz ou
Electrolux.
INTERMÉDIA . Comment se porte votre
agence ?
G.C. Elle est en plein boom. Le démar-
rage a été lent, parce qu’il n’est pas
évident, pour un réseau, de confier
ses comptes clients à un tiers. Mais nos
clients ont vite été convaincus des retours sur investissements.
Et comme nous sommes les seuls aujourd’hui en Europe à faire une telle
offre...
Nous ne publions pas nos comptes. Ce
n’est pas par goût du secret, mais rassurez-vous, nos clients les ont en mains.
Sinon, vous n’imaginez pas que nous
puissions travailler pour Carrefour !
Aujourd’hui, Loyalty Expert cartonne. En
2011, nous tablons sur une croissance
de 30 % autour de 13 M€ et nous visons
20 M€ pour fêter nos 10 ans. v
Loyalty Expert • Création : 2004 • Siège : Champagne-au-Mont-d’Or • Effectif :
70 permanents • CA 2010 annoncé : 10 M€ • CA prév. 2011 : environ 13 M€.
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 17
68 %. C’est la part
de fruits et légumes
achetés en grandes
et moyennes
surfaces en France
se décomposant
en : 32 % en
hypermarchés, 14
en supermarchés et
12 % en magasins
hard discount. À
noter que le rayon
fruits et légumes
constitue 5 à 10 %
du CA des hyper
et super (Source :
CFTIL).
COURSES
C’est la durée moyenne des courses en hypermarché,
du trajet aller de 30 minutes jusqu’au passage en caisse,
selon une enquête Ifop/Wincor Nixdorf réalisée en
septembre dernier.
L’enquête montre que ce temps diminue avec la taille
des différents formats de magasins. En supermarché, le
consommateur gagne presque une demi-heure avec des
emplettes qui ne durent que 1 h 28 en moyenne. Dans
les enseignes de hard discount, cette moyenne tombe à
1 h 06. Enfin, les supérettes, plutôt réservées aux achats
d’appoint, captent encore moins longtemps le client,
puisqu’il ne lui faut que 50 mn pour remplir son cabas. v
C’est le pourcentage de Français favorables au paiement
de leurs achats en utilisant un téléphone mobile, d’après
un sondage IFOP d’octobre 2010. Un taux qui monte à 57 %
chez les cadres supérieurs et les professions libérales.
À noter que les femmes sont légèrement plus nombreuses
(51 %) à préférer cet outil de paiement. Globalement, c’est
sa simplicité qui est plébiscitée par 82 % des personnes
favorables tandis que 51 % louent sa rapidité.
Enfin, seulement 19 % des Français se déclarent « très
opposés » à ce moyen de paiement. Motif principal : 79 % des
opposants doutent de la fiabilité des systèmes de sécurité. v
Quelques données utiles
pour se répérer
dans le monde de la distribution
CHIFFRES
30 % de réfractaires. C’est le
CAISSES (BIS)
70 % de « scanneurs ». Toujours
d’après la même
étude, c’est le
pourcentage des
clients des grandes
surfaces qui sont
favorables à la mise
en place d’un dispositif pour scanner
les articles au fur
et à mesure du
remplissage de leur
chariot pour ne pas
avoir à le vider lors
de l’encaissement.
PROMOTIONS
GRANDE DISTRIBUTION
L’Isère championne des hypermarchés
S
elon le dernier Atlas LSA 2011,
le département de l’Isère est
celui de Rhône-Alpes où l’on
décompte le plus grand nombre d’hypermarchés (surface > 2 500 m2).
Avec 26 magasins, il devance les
départements du Rhône (22) et de
l’Ain (19).
Une suprématie que tempère cependant Michel Polski, professeur
de marketing à Grenoble École de
Management qui pointe un problème
de taille : « Il faut noter qu’ici, on ne
fait pas la distinction entre les grands
et les petits hypermarchés. Du coup,
leur nombre total ne correspond pas
exactement au dynamisme commercial du département. »
Il y a en réalité de plus petits hypers
Hyper
Super
HD
Supérettes
Loire
17
51
51
31
Rhône
22
94
76
64
Ain
19
44
39
21
Haute-Savoie
18
78
34
49
Savoie
12
39
28
64
Isère
26
74
62
46
Drôme
16
29
43
28
Ardèche
5
30
24
11
en Isère que dans le Rhône. Le
plus grand isérois est le Carrefour
de Meylan qui aligne 8 000 m2 de
surface, presque deux fois moins
que celui de Vénissieux (15 000 m2).
Cependant, selon Linéaires, l’hyper
de Meylan demeure le plus productif de France. Il rapporte 26 K€ de
chiffre d’affaires par mètre carré. v
FRANCHISES PARIS, MARSEILLE ET LYON TRÈS RECHERCHÉES
2 800 opérations
par an. Les opérations nationales
de promotion ont
reculé de près de
5 % en 2010 dans
les enseignes de la
grande distribution,
passant de 719
à 684 (source :
Promoflash annuel
A3 Distrib / Éditions
Dauvers). En
revanche, les opérations régionales ont
progressé de 3 %
avec 2 093 actions
contre 2 033.
pour
le mobile
1h57 en hyper 41%
CAISSES
pourcentage de
clients d’hypermarchés qui ont déjà
renoncé à un achat
pour cause d’attente trop longue
en caisse selon une
étude Ifop/Wincor
Nixdorf de 2010.
Deux tiers des personnes interrogées
déplorent faire la
queue en caisse
plus de 10 minutes.
PAIEMENT
Source : Atlas LSA 2011
GMS
55 871
Nb de franchisés*
51 619
Nb de franchiseurs
49 094
45 996
1 369
43 690
1 141
39 510
36 773
32 240
33 268
653
34 745
719
765
835
929
1 472
1 234
1 037
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
*Ces chiffres se rapportent au nombre de magasins ou points de vente en franchise, et
non au nombre réel de franchisés. Source : données FFF.
18 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
EN 10 ANS, LE NOMBRE D’ENSEIGNES QUI DÉVELOPPENT DES MAGASINS
FRANCHISÉS A PLUS QUE DOUBLÉ. Cette formule a le vent en poupe et
résiste bien à la crise. « Les franchisés ont bien sûr souffert de la
crise, notamment dans l’immobilier et le prêt-à-porter, mais bien
moins que des commerçants isolés », explique Chantal Zimmer,
déléguée générale de la Fédération française de la franchise
(FFF).
Dans ce concert, Lyon et Rhône-Alpes sont aux premières loges.
L’agglomération lyonnaise est classée dans le trio de tête des
100 villes françaises les plus recherchées par les franchiseurs,
derrière Paris et Marseille. Elle accueille même plus d’une centaine
de sièges de franchiseurs, dont quelques fleurons de leur secteur
comme Point S, Feu Vert, La Vie Claire, Efféa, Jack Holt, Aviva...
Rhône-Alpes affiche aussi nombre de têtes de réseaux comme
Mobalpa, Go Sport, Euromaster, King jouet ou Twinner.
En septembre 2010, l’Observatoire de la Franchise dénombrait
en région 3 715 points de vente franchisés dont 1 689 dans le
département du Rhône. v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 19
QUÊTE
Donner du
plaisir d’achat :
un chocolatier
Les commerçants
parient sur
le retail design
Pour se démarquer des enseignes en réseau,
les petits commerçants découvrent à leur tour
le design commercial. Voici quatre stratégies
gagnantes à Lyon. JÉRÔME DESRUY
LA GRANDE TENDANCE du moment est le
marketing expérientiel. Il s’agit de
« ré-enchanter » l’expérience désormais désenchantée du shopping. Les
magasins veulent devenir des lieux
procurant plaisir et sensation au visiteur. Évidemment, c’est très cher. Pour
l’instant, le domaine est réservé aux
riches et grandes marques. Ce qui
n’empêche pas les indépendants de
s’en inspirer. Souvent pour asseoir leur
notoriété dans leur bassin d’origine. À
la Croix-Rousse, le chocolatier Sébastien Bouillet (3 points de vente à Lyon,
1 à Tokyo) vient d’ouvrir une boutiqueatelier tendance loft new-yorkais.
Investissement : 120 K€. « J’ai voulu
reproduire l’ambiance de Charlie et la
chocolaterie », explique Richard Bagur.
L’architecte a réalisé un gros travail de
mise en scène pour donner au client
l’impression d’accéder aux coulisses,
presque à l’intimité du chocolatier. Au
travers d’une verrière, le visiteur peut
s’amuser à regarder la fabrication du
produit qu’il achètera ensuite. En tout
cas, c’est l’objectif. v
Se distinguer :
une bijouterie
« NOTRE FRÉQUENTATION A DOUBLÉ, elle est
de plus en plus internationale ». Cette
bijoutière de la rue Édouard-Herriot
à Lyon s’étonne encore des conséquences positives du réaménagement
de sa bijouterie. L’ambiance chic et
branchée n’est pas d’une audace
folle. Mais ça fonctionne. Sa bijouterie affirme sa singularité. Elle existe
à nouveau dans une artère saturée
d’enseignes à réseau.
C’est le b.a.-ba du design commercial. Qui n’est rien d’autre qu’une
approche marketing du point de
vente. « On n’est plus au XIXe siècle !
Un magasin c’est un outil de communication, les franchises l’ont compris il
20 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
y a 30 ans », insiste Jean-Claude Prinz,
l’un des pontes du design commercial
en France. Même si la grande majorité
des indépendants font encore avec
les moyens du bord et les goûts de la
patronne pour l’aménagement de leur
boutique, beaucoup ne se contentent plus d’un coup de peinture pour
séduire un consommateur blasé et
zappeur qui a l’embarras du choix. v
Créer un
univers :
un lunetier
LYON, QUARTIER DES ANTIQUAIRES. Entre
deux galeries d’art : un salon boudoir style baroque. Un décor inattendu pour un opticien. Mais Olivier
Caton vend uniquement des lunettes
de créateurs et « pour ces produits
à forte personnalité, il fallait absolument imaginer un lieu atypique
et exceptionnel ». Alors, il a mis le
paquet. Très loin des codes « cliniques » de ses confrères. Fauteuils
en cuir d’autruche, murs de miroirs
dorés et lustres en velours pourpre.
Examen de design-commercial réussi
selon Jean-Claude Prinz de l’agence
AKDV. Puisque la règle numéro un
c’est « de penser le magasin comme
un univers cohérent entre l’image
SOPHIE BILLA
« Le CA peut
grimper
de 20 % »
Sophie Billa est
créatrice du
concours Lyon
Shop Design (CCI
de Lyon).
que la marque veut donner d’ellemême et la nature des produits ».
En clair, le point de vente est une
carte de visite en 3D. De la vitrine à
l’agencement intérieur, tout passe à
la moulinette des études marketing.
En un clin d’œil, le consommateur
doit comprendre le positionnement
du commerce, la cible visée et les
valeurs que la marque veut incarner. Et « surtout il faut renoncer à
vouloir plaire à tout le monde. C’est
impossible ». Les spécialistes sont
unanimes. v
Cibler une clientèle : un coiffeur
MARC TAVOUKDJIAN voulait faire de
son deuxième salon le repère de la
jeunesse dorée. Un positionnement
porteur, mais une mission difficile.
« Cette clientèle urbaine, ultra-branchée est très exigeante et plus rien
ne l’étonne », précise-t-il pour justifier son choix d’en faire un lieu très
graphique inspiré des mangas japo-
nais. La scénographie mise sur l’esprit de tribu et les codes de la cible
visée. Cet investissement de 200 K€
répond à deux objectifs pour le coiffeur. D’abord, conquérir la clientèle
jeune qu’il ne touchait pas avec son
salon haut de gamme, et surtout
développer sa marque. Ce concept
baptisé CUT a été déposé dans l’idée
d’ouvrir d’autres magasins. Mais il va
falloir faire vite. Marc Tavoukdjian
sait bien que la mode se démode.
Plus un concept est tendance plus il
s’essouffle vite. D’ailleurs, 36 % des
commerçants ayant refait leur point
de vente pensent que leur concept
durera moins de 5 ans. v
INTERMEDIA.
Un beau magasin
est-il rentable ?
Oui en termes
d’image et surtout
en termes de
fréquentation et de
vente. 65 % des
commerçants qui
se sont lancés dans
le design commercial affirment que
leur CA a grimpé
dès la première
année qui a suivi
les travaux. Et pour
la moitié d’entre
eux, cette hausse
est supérieure à
20 %. Mais l’effet
s’estompe au fil
des années.
INTERMEDIA.
Le design est-il
réservé aux plus
riches ?
En moyenne,
l’investissement est
de 2 000 € /m2.
Mais le phénomène
se démocratise. Au
début, les magasins
concernés étaient
des restaurants ou
des boutiques de
mode. Aujourd’hui,
les pâtissiers, les
sandwicheries et
même les pressings
s’y mettent. En
7 ans, plus de
500 commerces
ont adopté cette
démarche. Les
architectes d’intérieur se lancent
dans le design
commercial au côté
des agences (Carré
Noir, Alice dans
les villes) et des
designers généralistes indépendants.
n°
n°1116
1116II23
23mars
mars 2011 I InterMédia Magazine I 21
DOSSIER SHOPPER
26 [ SYNTHÈSE ] « La fidélisation du client est un enjeu stratégique ».
28 [ FOCUS ] Animation : l’arme fatale des marques.
30 [ ANALYSE ] Vitrine : jamais sans son site.
32 [ POUR/CONTRE ] Le prospectus est-il toujours efficace à l’ère d’internet ?
La grande
obsession
Comment
choper
le shopper ?
Le client devient « intelligent ». Hyper sollicité, hyper
informé et hyper sceptique, le consommateur a inversé
le rapport de force qui le lie au commerçant.
D
ans 6 cas sur 10, le consommateur prend
sa décision d’achat au sein du point de
vente et au dernier moment. De plus en
plus difficile à cerner, il demande à être
surpris mais aussi mieux conseillé.
Crise ou pas crise, le prix inscrit sur l’étiquette reste le meilleur effet de surprise. Cela reste
le premier argument pour déclencher l’achat chez
un consommateur zappeur au comportement plus
mature.
Surprendre pour vendre
e consommateur surfe sur la vague de
l’achat malin pour ne pas avoir l’impression de se faire avoir », explique Philippe
Moati, directeur de recherche au Crédoc.
Dans un contexte de guerre des prix permanente, il
compte les points en essayant d’en tirer parti. Selon
une étude sur la distribution réalisée par l’agence
Dezinéo, « 50 % des personnes interrogées font leurs
courses dans plusieurs magasins pour bénéficier du
meilleur prix ».
«L
22 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Christophe Ravelet,
cogérant de
Strada-marketing
« L’effet de surprise
décuple les émotions.
Une mise en scène
originale peut amplifier
le désir d’achat ».
Certaines enseignes ont fait de cette chasse aux
bonnes affaires un positionnement assumé. Saturn
avec sa base-line « plus radin, plus malin » en est le
plus bel exemple. Sans compter le succès phénoménal de l’achat groupé popularisé par Groupon. Succès
qui se retourne parfois contre ses partenaires envahis
par des clients peu rentables.
« Le consommateur veut avoir le sentiment de faire
des affaires en permanence », renchérit Bruno Poncet,
cofondateur de Chronostock. Son concept de magasins éphémères d’électroménager surfe au maximum
sur cette tendance. L’entreprise lyonnaise double son
activité chaque année et prévoit d’ouvrir 100 magasins
en 2011. Implantés quelques semaines dans des locaux
vacants, ils écoulent à prix cassés les fins de série des
grandes marques.
« Mais pour garder l’attention du consommateur, nous
devons le surprendre sans cesse par l’offre », précise
Bruno Poncet qui mise sur des arrivages réguliers de
produits en faible quantité. « Comme chez Zara, le
client trouve toujours une bonne raison de craquer »,
plaisante-t-il.
Rester dans le top of mind du shopper, c’est l’obses-
© Eric Soudan / Alpaca
TRÈS GRANDE BOUTIQUE ORANGE
Trois raisons d’y entrer
3
1
2
MANIPULER
COMPARER
DÉCOUVRIR
100 modèles de
téléphones sont
présentés sur
un pied d’égalité.
Un écran tactile
permet de tout savoir
sur le produit et de
le comparer aux autres.
Le visiteur peut
expérimenter de nouvelles
technologies comme
la télévision en relief.
sion des marketers. Surtout quand celui-la est soumis
à 200 expositions publicitaires par jour. L’animation
et la PLV restent les armes favorites.
Mais que ce soit dans un hyper pour assurer la visibilité d’un produit au milieu de 18 000 références ou en
street-marketing pour séduire de nouveaux clients :
« il faut surprendre ».
Signe des temps, la tendance est à la théâtralisation.
« L’effet de surprise décuple les émotions. En surprenant positivement le consommateur par des mises
en scène originales, nous pouvons amplifier son
désir pour le produit », explique Christophe Ravelet,
cogérant de Strada-marketing. « Il est important de
créer une relation sensorielle et émotionnelle avec
le produit », ajoute celui qui a installé un TUB (petit
camion Citroën) en plein milieu des Carrefour Planet
lyonnais fin 2010. Une ambiance de marché provençal
d’antan avec chants de cigales, pelouse synthétique
et hôtesses en chapeaux de paille pour promouvoir
les savons Le petit Marseillais.
La première TGB a
été ouverte à Lyon
Les Très Grandes
Boutiques Orange
privilégient le conseil
et le service et leur
consacrent les deux
tiers de leur surface.
Rue la République,
les visiteurs peuvent
arpenter un espace
de 400 m2 divisé
en pôles (cinéma,
musique, sport…)
avec un bar offrant
un accès wi-fi.
Le lieu comporte
un espace de
confidentialité où
un vendeur peut
recevoir ses clients
dans le calme.
Pour quel objectif ? Faire acheter deux fois plus de
produits que prévu à une majorité de clients, d’après
les spécialistes.
La valeur ajoutée du conseil
i le consommateur peut succomber aux animations-promotions, en revanche il n’aime pas
vraiment les vendeurs. 86 % des personnes interrogées les trouvent mal informés sur les produits qu’ils
sont censés vendre selon une étude IFOP/Elyon.
« Attendre 10 minutes, pour qu’un vendeur hautain
me relise l’étiquette que je viens de lire, ça ne sert
à rien », s’agace ce client rencontré au rayon informatique d’une grande enseigne. « Le consommateur
vient en magasin pour y trouver ce que n’offre pas le
e-commerce : du conseil et du dialogue », confirment
les auteurs de cette enquête.
Il faut apporter plus de service pour exister face à
S
...
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 23
DOSSIER SHOPPER
PRESSE GRATUITE
...
internet. Une tendance lourde qui se dessine. « Le
commerce sera plus serviciel », prévoit la dernière
étude du Crédoc publiée fin 2010.
La structure du point de vente est en pleine mutation pour répondre à ce besoin. Il devient une vaste
agence de conseil avec une partie show-room.
Comme les TGB d’Orange (Très Grandes Boutiques)
dont la première a ouvert à Lyon fin 2010. Ici, les deux
tiers de l’espace sont dévolus aux services et le reste
à la vente. L’idée est de mettre en avant la valeur
d’usage par rapport à la valeur d’achat. « Nos clients
ont besoin d’un accompagnement sur mesure pour
comprendre la technologie galopante qui les entoure
et parfois les dépasse », explique Delphine Ernotte,
directrice exécutive d’Orange. Une démarche poussée
à l’extrême avec de véritables cours particuliers de
30 minutes proposés au client pour lui apprendre à
se servir de son nouvel appareil.
Rassurer le client par le service pour l’aider à justifier
son achat. C’est une exigence même pour le low-cost.
« Tous nos produits bénéficient d’une garantie de 1 à
2 ans, les magasins sont éphémères, pas le service »,
insiste Bruno Poncet de Chronostock.
Ce besoin de service et de conseil s’accompagne
d’une plongée dans la technologie. On trouve maintenant des flashcodes dans les foires au vin des hyper
pour tout connaître du producteur, des étiquettes électroniques pour détailler les caractéristiques du produit
et le comparer aux autres, ou encore des tablettes
tactiles.
Voici un outil développé par l’entreprise lyonnaise
After-Mouse.com avec Microsoft : une sorte d’iPad
géant qui est notamment utilisé par l’enseigne de téléphonie Eternity dans son magasin de la Part-Dieu à
Lyon. Les produits apparaissent en 3D accompagnés
de fiches très détaillées. « L’avantage de cette technologie se matérialise par son aspect participatif qui
permet à plusieurs personnes en même temps, vendeur et client, de se réunir pour s’informer et échanger
ensemble », explique Olivier Bessières, directeur (zone
EMEA) du développement commercial de Microsoft
Surface.
Réinventer le shopping plaisir
e consommateur consacre de moins en
moins de temps à ses courses, c’est pour
lui une corvée », constate Jean-Michel
Silberstein, délégué général du Centre national des
centres commerciaux (CNCC). Pour « ré-enchanter le
shopping », les centres commerciaux aspirent à devenir de véritables lieux de vie, modernes et agréables,
à forte dimension de loisir.
Du coup, Orange ne vend plus de téléphones ; il propose « une immersion dans l’univers numérique ».
C’est la mode de l’expérientiel. Toucher n’est plus
défendu et tester les produits est très bienvenu.
Dans ses TGB, l’opérateur expose toute sa gamme en
libre-service, au travers de pôles identifiés. Le client
peut regarder la télé en 3D, pianoter sur les smartphones, et faire glisser ses doigts sur un iPad. C’est un
concept imaginé par Malherbe design, l’agence qui a
également conçu les Carrefour Planet. Dans les deux
cas, on retrouve les mêmes ambitions : « Donner de
l’humanité et de la modernité, en créant des univers
thématiques différents », expliquait récemment Hubert
de Malherbe à propos de Carrefour.
«L
24 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Coulisses Sherpa a refondu
son concept de magasin
Fin 2009, l’enseigne d’alimentation
de montagne a inauguré un nouveau
concept d’aménagement pour ses
magasins.
Imaginé par Publicis Alpes et mis en
œuvre par ABC Concept, il privilégie des
matériaux qui évoquent la montagne.
On retrouve ainsi la présence du bois
pour l’habillage des caisses, des têtes de
gondoles ou des montants des rayons.
Au sol, le revêtement synthétique
rappelle l’ardoise, une roche que l’on
trouve d’abondance en Savoie. Idem pour
les façades extérieures qui favorisent
la pierre.
Évalué à 300 € du m2, le nouveau
dispositif accueille des écrans plats
diffusant des informations personnalisées selon l’implantation géographique
des magasins (météo de la station,
promotions…). « L’hiver prochain, nous
nous appuierons sur une régie pour
commercialiser des espaces publicitaires », assure Michel Albert, directeur
de la communication de l’enseigne hautsavoyarde.
SHERPA. 100 magasins dans les Alpes, le
Jura et les Pyrénées. 850 collaborateurs.
CA 2010 : 70 M€ (-7 %). Surface moyenne
d’un magasin : 180 m2. L’hiver représente
81 % du CA. Panier moyen : 14,50 €.
RADIO PERSO. Autre nouveauté, l’enseigne
vient de créer une store-radio pour
l’ensemble de ses 100 magasins. Elle a
confié la conception de ses programmes
musicaux à MusicMatic. La société
parisienne a élaboré deux playlists
différentes selon l’orientation de la
clientèle — plus familiale ou plus jeune.
Principal avantage, Sherpa peut intercaler ses propres messages publicitaires et
commercialiser les espaces restants.
Pour accompagner le nouveau concept,
le chemin de conduite des clients a
également été revu. Il est désormais
centré autour des produits frais. Ce
choix s’explique par le positionnement de
l’enseigne qui a souhaité se différencier
des hypermarchés. « En station, les
clients ont pour habitude de se fournir
en frais dans les commerces de proximité, ce qui n’est pas le cas des autres
produits qui sont souvent achetés en
hyper », constate Michel Albert.
Difficile toutefois de connaître précisément l’impact d’un tel réaménagement
sur les ventes. Le CA a baissé en 2010,
mais « les ventes en magasin sont
avant tout tributaires de la météo, des
vacances scolaires et du pouvoir d’achat
des touristes », souligne le dircom. D’ailleurs, Sherpa préfère communiquer sur
la promotion de ses nombreux services
(remboursement des produits non
consommés, prêt d’appareils à raclette,
consoles de jeux, pelles à neige…) plutôt
que sur ses magasins. v
En effet, plus un client se sent bien, plus il reste et plus
il consomme. Et pour prolonger l’acte d’achat, certains
versent dans le marketing sensoriel. Oxybul (ex-FNAC
éveil & jeux) diffuse en boucle des contines pour
enfants. Chez Yves Rocher, l’ambiance sonore censée
relaxer les clientes repose sur de discrets chuchotements de femmes. « Aiguiser les sens aide à identifier
la marque et à fidéliser les consommateurs », d’après
les spécialistes de ce secteur.
Même si l’impact sur les ventes reste difficile à évaluer. v
DOSSIER SHOPPER
© Xavier Chabert
Chaque année,
le Printemps
Lyon organise
deux défilés pour
ses meilleurs
clients (septembre et mars).
Autour d’un
cocktail, une
centaine de personnes découvre
les must-have de
la saison à venir.
Philippe Moati
« La fidélisation du client est
un enjeu stratégique »
Comment fidéliser un consommateur zappeur et très averti,
c’est l’enjeu prioritaire des enseignes.
Philippe Moati
est professeur
d’économie à
l’université Paris
Diderot et directeur
de recherche au
Crédoc, Centre
de recherche
pour l’étude et
l’observation des
conditions de vie.
INTERMÉDIA. Qu’est-ce qui a le plus changé dans le comportement du consommateur depuis 10 ans ?
P.M. Il y a plusieurs tendances lourdes. D’abord l’éclate-
INTERMÉDIA. Le consommateur n’est-il pas devenu plus
mature ?
P.M. Tout à fait. Il est de mieux en mieux informé grâce
ment ou l’épuisement des modèles de consommation
de masse comme celui de la ménagère bien connue. La
consommation est de plus en plus individuelle.
Le consommateur est devenu plus infidèle, plus exigeant, plus incompréhensible. Il est capable de « zapper » entre différentes formes de commerce selon les
opportunités.
Cette poussée d’individualisme est le reflet d’une tendance sociétale forte qui se traduit par un renforcement
des facteurs sociopsychologiques comme ressorts de la
consommation.
à internet. Le consommateur français est champion de
la consultation des sites comparateurs de prix. Il surfe
sur la vague de l’achat malin avec le sentiment qu’il faut
profiter des promotions pour ne pas « se faire avoir. »
Bref, le consommateur s’est éduqué. Il a appris à vivre
dans la société de consommation. Son niveau culturel s’est beaucoup développé depuis l’apparition des
hypermarchés.
Il est donc beaucoup plus compliqué de répondre aux
besoins de ce consommateur « intelligent. » D’autant
qu’il prétend tout régenter désormais.
INTERMÉDIA. Quels facteurs influent la consommation ?
P.M. Avant, le client recherchait la fonctionnalité d’un
INTERMÉDIA. Comment peut-il tout régenter ?
P.M. Il veut maîtriser le cours des choses, mener la danse.
produit. Aujourd’hui, celui-ci doit, bien sûr, toujours être
utile, mais il véhicule de plus en plus une image, qui
sert à identifier le consommateur, à dire qui il est.
L’acte d’achat est rattaché à des valeurs qui vont déterminer le prix à payer. Ce sont des facteurs plus immatériels qui génèrent un sentiment d’appartenance qui
passe par la marque. Laquelle conforte une identité en
donnant un signe de reconnaissance.
Ces facteurs sociopsychologiques rendent les rapports
aux marques plus complexes.
Là aussi, on est dans une tendance lourde : le pouvoir
passe du côté du consommateur, notamment grâce à
internet et aux réseaux sociaux.
Du coup les services marketing des entreprises montent
en puissance. Ils se sont lancés dans le relationnel et
ne font plus que ça à plein temps. On assiste même à
un certain rééquilibrage du marché. Si vous avez un
conflit avec votre opérateur téléphonique, voyez qui
a le pouvoir !
26 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Feu Vert (69 Écully)
détient 664 centres
auto en Europe,
306 en France. Il
est leader sur son
secteur. CA 2009 :
496 M€ HT (France).
Stratégie CRM
confiée à Atos
Worldline.
INTERMÉDIA. Le consommateur n’est-il pas devenu plus res-
ponsable ?
P.M.
C’est certain. D’un côté, l’on assiste à une surenchère des promotions des enseignes, aiguillonnée par
les problèmes de pouvoir d’achat, et le consommateur
veut en profiter.
De l’autre, on observe une certaine prise de distance à
l’égard du modèle actuel de consommation. L’écologie
gagne du terrain, tout comme les tenants d’une décroissance salutaire.
Les enseignes affichent aussi des préoccupations environnementales : Casino avec son bilan carbone, Intermarché avec des produits écologiques sans emballage…
On entre dans l’ère d’une relation juste et équitable.
Bien sûr, le gros des troupes des consommateurs n’aspire pas encore à une « déconsommation » et réclame
au contraire plus de pouvoir d’achat pour pouvoir
consommer plus. Mais on voit poindre aussi un désir
de consommer mieux.
INTERMÉDIA. Que recouvre cette notion de consommer
mieux ?
P.M. Une double réalité. D’une part, un désir de consom-
mer responsable et de manière plus éthique. Chacun
peut améliorer son comportement, mais aussi être exigeant sur celui des marques, notamment sur le traitement social des salariés.
D’autre part, cette notion recouvre aussi un désir de
consommer utile, mais surtout dans le sens de consommer pour se faire du bien. La crise économique, celle
de la vache folle et autres péripéties ont généré un
climat de défiance.
Les gens veulent des cosmétiques sans parabens et sont
prêts à payer plus cher pour s’assurer d’une meilleure
qualité. C’est la clé du succès d’une marque comme
Apple dont les produits conjuguent innovation, utilité,
usage facile, design…
C’est l’une des rares marques capables de créer une
émotion et de provoquer des queues sur les trottoirs des
magasins à chaque lancement de produit.
INTERMÉDIA. Quel commerce demain ?
P.M. La dernière étude du Crédoc, publiée
fin 2010, met
en évidence que les distributeurs sont en train de tourner la page de la grande distribution discount de masse.
Ils paraissent convaincus que le commerce de détail
sera orienté client et sera de plus en plus diversifié pour
épouser la diversité des consommateurs.
Le commerce sera plus « serviciel ». Il se pensera moins
comme vendeur de produits que comme apporteur de
solutions, adaptées à chaque cas. La nouvelle base-line
de Darty met en exergue les 36 000 solutions proposées
par l’enseigne.
Le magasin a tendance à devenir une agence-conseil
avec un show-room pour faire vivre des expériences
aux clients.
Avec l’intensification de la concurrence, la conquête de
nouveaux clients façon « Far West » disparaît. Le premier
souci d’une enseigne, c’est moins d’en recruter que de
conserver ceux qu’elle a déjà.
INTERMÉDIA. La fidélisation devient plus que jamais stratégique ?
P.M. Absolument. C’est un enjeu de plus en plus priori-
taire. Et au-delà des avantages offerts (bons de réduction, etc.), cette fidélisation doit s’inscrire dans une relation de service de grande qualité. Grâce au traitement
des bases de données clients.
Feu Vert suit 5 millions
de clients à la carte
L’
arme fatale de Feu Vert, c’est
d’avoir accès aux cartes grises
de ses clients. Dès le premier
passage en atelier, toutes les données
qu’elles contiennent sont intégrées
à la data-base du groupe. Type et
millésime du véhicule ; sexe, âge et
coordonnées du propriétaire, Feu Vert
sait presque tout.
4.8 millions de conducteurs sont
fichés. Une véritable mine d’or. C’est
la pièce maîtresse d’une stratégie
de fidélisation classée « secret
défense ».
Pascal Fraumont, directeur marketing
du groupe lyonnais, justifie cette
discrétion : « Nous investissons 6 M€
dans nos programmes de fidélisation,
20 % du budget publicité du groupe,
c’est le nerf de la guerre ! »
Des clients classés en six catégories. Sa stratégie repose essentiellement sur le profilage des clients.
Grâce au datamining (exploration
des données), ils sont classés
en six catégories allant de VIP à
One shoppeur en fonction de leur
récence, du montant de leurs achats
et de la fréquence de leurs visites.
S’enclenche alors un dispositif de
fidélisation multicanal adapté à
chacun des profils.
De loin le plus efficace avec 10 %
de retours, le mailing est utilisé pour
les quatre promotions saisonnières.
Il est complété par l’e-mailing et les
SMS pour les relances et les actions
ponctuelles. Un dispositif renforcé
depuis deux ans par une carte de
fidélité délivrée au-delà de 200 €
d’achat. Le nombre d’exemplaires en
circulation est top secret.
C’est la deuxième arme redoutable
de Feu Vert. Le formulaire d’adhésion
qui l’accompagne permet d’affiner
le profilage du client grâce à des
données plus personnelles.
C’est l’outil parfait pour un ciblage
de haute précision, reconnaît Pascal
Fraumont : « Nous établissons ainsi
un plan de vie du consommateur,
et nous collons au plus près de ses
besoins, de ses envies ». Tous les
achats sont tracés. Voilà pourquoi un
client Feu Vert fana de ski recevra dès
septembre un mailing ou des SMS
pour l’inciter à commander des pneus
neige.
40 % du CA avec 16 % de clients.
La fidélisation répond à deux objectifs : augmenter le panier moyen et le
taux de nourriture de l’enseigne, en
clair que le client venu à l’atelier pour
une réparation achète aussi dans la
boutique et vice-versa. « Et nous y
parvenons ! », se félicite le directeur
marketing du groupe qui réalise 40 %
de son CA avec seulement 16 % de
ses clients.
Nouvelle étape dans la stratégie de
fidélisation des centres-auto : la carte
de fidélité multi-enseigne. Désormais,
les 17 millions de clients Carrefour
porteurs d’une carte de fidélité
peuvent l’utiliser chez Feu Vert avec
des avantages particuliers.
Un excellent moyen pour le groupe
lyonnais de féminiser sa clientèle,
lorsque 38 % des propriétaires de
voitures sont des femmes. v JD
Par exemple, j’achète régulièrement des livres
sur Amazon. Du coup, le site me fait des propositions très personnalisées pour des ouvrages qui
m’intéressent vraiment. Partant, j’ai intérêt à rester fidèle, car le service que me rend le vendeur
est de plus en plus riche et précieux. v
PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL TEXIER
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 27
DOSSIER SHOPPER
PRESSE GRATUITE
Dans l’incessante guerre des prix que se mènent les distributeurs,
l’animation en magasins offre aux grandes marques une meilleure
visibilité et la possibilité de séduire les consommateurs.
TROIS FORMULES
EFFICACES
Animation :
l’arme fatale
des marques
D
1. Théâtralisation avec Distriborg
Connu pour ses produits diététiques, le groupe
alimentaire lyonnais distribue aussi de nombreuses
spécialités culinaires du monde entier, notamment
asiatiques. Une occasion pour lui de fêter le Nouvel An
chinois en convertissant de nouveaux clients. Réalisée
par Empreinte Conseil, la structure en forme de pagode
ne passe pas inaperçue.
2. Espace découverte avec Nivea
Pour faire découvrir sa ligne Nivea for men aux
hommes et les conseiller sur le produit le plus adapté
à leur type de peau, la marque s’est offert une tournée
dans 8 centres commerciaux, une opération pilotée par
Strada Marketing. Le dispositif reposait sur un salon
beauté, avec diagnostic de peau, une borne interactive
pour un bon de réduction immédiat sur mesure, un
jeu-concours… Bilan : 2 500 diagnostics, 8 500 participants au concours et 100 000 échantillons offerts.
3. Street-marketing avec Orange
Pour booster le trafic
en boutiques, l’opérateur a fait appel aux
Cyklop, une nouvelle
race d’hommessandwichs digitalisés
par Cübb (Paris). Une
première opération
trafic orchestrée par
l’agence Malls dans
quelques grandes
villes s’était révélée
des plus positives
(+ 30 % de visites).
Du coup, Orange
devrait déployer largement les Cyklop cette
année.
28 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
eux produits pour le prix d’un, réductions en
chaîne, multiplications d’opérations discount…
La promotion des ventes reste plus que jamais
l’artillerie lourde des distributeurs pour attirer
dans leurs magasins des chalands soucieux de
faire de bonnes affaires. Selon l’étude Promoflash, la pression promotionnelle a bondi de 7,4 % en 2010
dans l’Hexagone.
Mais il n’y a pas que les catalogues et les prospectus qui
prolifèrent. L’animation des dites promotions a aussi de plus
en plus le vent en poupe. « Le seul argument du prix ne suffit
plus à attirer en magasin face à la boutique internet. Le point
de vente a besoin de théâtralisation, d’animation et de serviceconseil », analyse Frédéric Giraud, codirigeant de Malls, une
agence lyonnaise de marketing opérationnel.
« La promotion-animation, c’est un peu l’arme fatale, car c’est
l’ensemble des techniques qui permettent à une marque de
se faire voir et de donner envie d’acheter à un consommateur dans un magasin », détaille Véronique Favrin, directrice
générale de l’agence BleuVert (Publicis Lyon). Et d’enfoncer
le clou : « Il y va de la survie des grandes marques : c’est
une façon de montrer leurs valeurs par rapport aux MDD qui
deviennent de plus en plus performantes. »
Véronique Favrin,
directrice générale de
l’agence BleuVert
« La promotion-animation, c’est un peu
l’arme fatale, car c’est
l’ensemble des techniques qui permettent
à une marque de se
faire voir et de donner
envie d’acheter à un
consommateur dans
un magasin »
Visibilité. Bref, il est impératif pour elles d’être vues dans
l’océan de produits que propose un hypermarché.
La PLV se sophistique et se théâtralise avec l’habillage de
gondoles à l’occasion d’événements créés par les marques.
Ainsi en mai Bjorg organise-t-elle son « Printemps du bio » en
installant, dans les grandes enseignes, un espace spécifique
pour présenter ses gammes, avec l’agence Empreinte Conseil
(Lyon). Bongrain, avec BleuVert, multiplie les mises en valeur
de ses nombreux fromages, pour les fêtes ou les foires aux
vins. Une surexposition payante, qui peut booster les ventes
par trois ou quatre sur la période de promotion et générer
une certaine récurrence.
Le must, c’est l’espace expérientiel où la marque propose
au consommateur de découvrir des produits, de les tester.
Kinder (Ferrero) a fait ainsi un tabac avec son Choco’Lab,
une animation sensorielle conçue par Strada Marketing. Et le
Reblochon a fait une tournée remarquée des grandes villes
via un roadshow organisé par Malls.
Mais les agences travaillent de plus en plus en multicanal.
« Les opérations en magasins se conjuguent avec des jeuxconcours (sur place ou sur le web), parfois un site internet dédié, du street-marketing et des SMS », résume Thierry Tunesi, le
patron d’Empreinte Conseil. Bref, le marché reste très actif. v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 29
DOSSIER SHOPPER
PRESSE GRATUITE
Le web est devenu un canal complémentaire mais indispensable
à tout point de vente. Encore faut-il se donner les moyens
de sa réussite.
Vitrine Jamais sans son site
L
e site vitrine reste la formule préférée des
commerçants. « Ils veulent accroître leur
notoriété, c’est 90 % de nos commandes »,
constate Maxime Baffert, DG de Webformance-Publicis à Lyon, le spécialiste des
sites vite faits-pas chers.
Ce simple outil de présentation permet de faire
connaître ses produits et ses promotions. Même les commerces de quartier s’y mettent. Brigitte est coiffeuse à
Perrache (Lyon). Sa motivation est claire : « Je veux que
l’employé de bureau alentour tombe sur moi quand il
cherche un coiffeur dans Google ».
Shaerazade Harzallah, Responsable communication
d’Olly boutique (love shop à Lyon)
INTERMÉDIA. Quel est l’impact de votre
site ?
Le web offre une visibilité exceptionnelle.
Il nous permet d’élargir la zone de chalandise de notre unique point de vente.
20 % de nos clients en magasin
proviennent du site, et un grand nombre
est domicilié dans d’autres régions de
France. Certains font même une étape à
Lyon sur la route des vacances pour venir
nous voir.
Le design soigné du site confère à la
boutique une image sexy-chic-glamour,
c’est primordial pour nous en termes de
positionnement.
Internet est aussi un formidable outil de
recrutement pour notre activité de vente
à domicile. 80 % des « ambassadrices »
qui organisent des réunions chez elles
postulent via le site.
INTERMÉDIA. Mais vous renforcez les
ventes en ligne ?
Nous répondons en fait à la demande.
30 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
©Noëlle Khélifi
“ Le design soigné du site
confère une image glamour
au love shop ”
Même si cela reste encore marginal, nos
ventes en ligne progressent sans arrêt.
Nous avons donc choisi d’étoffer notre
catalogue, pour que le site reflète parfaitement l’offre proposée en boutique. Le
but est bien sûr de séduire de nouveaux
clients qui viendront ensuite en magasin,
ou qui commanderont en ligne. v
Des carottes gratuites.
Mais quel est l’impact
réel d’internet sur le trafic en point de vente ? Cela
dépend du secteur d’activité. Mais aussi de l’intérêt que
l’enseigne porte à sa présence sur le web.
Cas d’école éloquent : fin avril, le site des magasins
« Cerise et potiron » annonce des promos ahurissantes.
Les carottes sont affichées à 0 €/kg, même tarif pour
les pommes de terre. Des légumes gratuits ? Pas exactement. Plutôt un site laissé à l’abandon et jamais actualisé. L’enseigne le reconnaît à demi-mot. L’audience
« ridiculement faible » du site en serait la raison.
À l’inverse, avec un minimum d’implication, un simple
site vitrine peut sérieusement booster le trafic d’un point
de vente. Kayak est spécialisé dans les vêtements pour
hommes costauds ou grands. La boutique est sur le web
depuis 10 ans. Le gérant est ravi : « 80 % des nouveaux
clients m’ont connu grâce au site ». Il se félicite aussi
d’avoir élargi sa zone de chalandise à toute la moitié
sud de la France et à la Suisse.
Du coup, il stoppe la publicité presse qui lui coûte
« 4 fois plus cher pour moins de résultats ».
L’effet ROPO. Le rôle d’internet dans la préparation
de l’acte d’achat n’est plus à démontrer. Il concernerait 80 % des achats supérieurs à 100 €. Sur la toile, le
consommateur s’informe et sélectionne. Les enseignes
répondent à ce nouveau réflexe par des sites très interactifs. De véritables outils d’aide à l’achat. Le cuisiniste
low-cost Aviva vient d’investir 35 K€ pour moderniser le
sien. En mai, le client pourra créer lui-même sa cuisine
en ligne. Il ne viendra en magasin que pour signer le bon
de commande. « On vise un taux de transformation de
15 % dans un premier temps », explique Nathalie Garel,
directrice du marketing d’Aviva.
Loin de cannibaliser le point de vente, le site dope
souvent son chiffre d’affaires. Même s’il s’agit d’un site
de e-commerce. C’est l’effet ROPO (Research Online,
Purchase Offline). Il se mesure en quantifiant les actes
d’achat qui s’initient sur internet et se finalisent en magasin, un ratio qui varie d’une catégorie de produit à l’autre.
Ainsi, lorsqu’un client achète sur le site d’une enseigne
de bricolage, 6 clients viennent acheter en magasin ce
qu’ils ont repéré sur ce site. Un ratio qui tombe à 1 pour
2 dans l’informatique (source : TNS Sofres/Google).
Cette complémentarité entre le web et le point de vente,
est renforcée par le boum du « drive shopping ». Carrefour, Intermarché, Leclerc, Casino, tous se lancent dans
la bataille. Le client fait ses courses sur le net et vient
les chercher en magasin. Pas de surcoût de livraison
pour le consommateur. Pas de surcoût d’exploitation
pour le distributeur. Tout le monde y trouve son compte.
Au point qu’« en 2015 les drive devraient représenter
3 % de la distribution alimentaire en France », estimait
récemment Yannick Franc, senior consultant chez Kurt
Salmon Associates. v
RETROUVEZ ANTOINE
SUR VOTRE IPHONE
avec l’application Sydo
Vous pourrez
retrouver à tout
moment les
aventures du
jeune stagiaire
en agence de
communication.
La série « Brèves
de Sydo » est une
collaboration entre
Intermédia, le
dessinateur Jibé
et l’agence Sydo.
La version iPhone,
gratuite sur l’Apple Store
a été réalisée
par la société xRef.
DOSSIER SHOPPER
[ POUR/CONTRE ] Alors que les e-mailings, les SMS et Facebook sont
en plein essor, on peut se demander si le bon vieux prospectus
publicitaire distribué en boîte aux lettres a toujours son utilité.
Le prospectus est-il toujours
efficace à l’ère d’internet ?
« Pour moi le prospectus reste tout
simplement indispensable. C’est mon
principal outil de communication.
J’utilise ce support sept fois par an pour mes opérations promotionnelles. J’inonde littéralement les
boîtes aux lettres de ma zone de chalandise avec
150 000 exemplaires à chaque campagne.
Bien sûr, tout ciblage est impossible.
Mais ce n’est pas ce que je cherche
puisque c’est un média de mass-market.
C’est d’ailleurs le seul véritable moyen
de toucher tout le monde, pour un commerçant indépendant comme moi.
Et contrairement aux idées reçues,
les gens lisent les prospectus qu’ils reçoivent ! Le taux de retour est très bon,
généralement entre 7 et 8 %. Souvent,
les clients viennent en magasin avec le
dépliant et me disent « je veux ça ! ».
Stéphane
Je considère le prospectus comme un
Combaz est
excellent moyen de publicité de proxile gérant du
mité. Et un outil sans équivalent pour
générer du trafic. Chaque année, je magasin Intersport
de Craponne (69)
consacre 3 % de mon chiffre d’affaires
à ce type de communication.
À mon sens, le rapport efficacité/prix
est très compétitif. Si l’on compare son
impact à Facebook ou à l’e-newsletter que j’utilise
également, il n’y a pas photo. Le prospectus a nettement plus d’impact sur la fréquentation de ma boutique. Y compris sur les clients fidélisés qui reçoivent
pourtant nos promotions par mail.
Mais c’est vrai que le prospectus n’est pas bloqué
par les systèmes antispam… et c’est un atout considérable ! Plus sérieusement, je constate que les clients
ne sont pas encore réellement prêts pour ces nouveaux outils.
Pour beaucoup de gens, le prospectus est le principal moyen de s’informer des promotions et des
nouvelles collections proposées par les commerces
situés près de chez eux. Et ce, quel que soit leur âge.
Le prospectus reste le meilleur outil pour doper le
trafic d’un point de vente. Cela changera sûrement
un jour. Mais pour l’instant, il a toujours une longueur d’avance ». v
OUI
32 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
« Je n’ai jamais utilisé le prospectus et je n’ai aucune intention de le
faire. D’abord parce que je doute
sérieusement de son efficacité. Inonder à l’aveugle
les boîtes aux lettres de quartiers entiers me paraît
sans intérêt. Dans le lot, il y aura bien sûr notre cible,
mais dans quelle proportion ? Et sera-t-elle réceptive
au message ?
Pour moi, une campagne de communication réussie passe par un ciblage très
précis. Or le prospectus ne permet absolument pas d’obtenir ce résultat. Et quand
je vois les quantités de papier mis à la
poubelle dans les halls d’immeubles, souvent sans avoir été dépliés, ou jetées par
terre lors de distributions dans la rue, je ne
pense pas avoir tort. C’est même destructeur pour l’annonceur en termes d’image.
D’autre part, ce n’est absolument pas un
Catherine Giraud mode de communication « durable ».
est la directrice de
Depuis quelques années, Decitre adopte
la communication
une démarche éthique, de protection de
des librairies
l’environnement. Nous avons réalisé un
Decitre
bilan carbone. Puis nous avons changé
l’éclairage de l’ensemble de nos points
de vente pour qu’il soit moins gourmand.
Nous avons même déménagé notre siège
du 8e arrondissement de Lyon dans des locaux moins
énergivores. Il est donc évident que l’utilisation du
prospectus comme outil de promotion publicitaire
est en inadéquation totale avec la philosophie de
l’entreprise.
Pour nos trois grandes campagnes : rentrées scolaire,
universitaire et littéraire, nous préférons utiliser l’achat
d’espace dans la presse, PQR et éditions régionales
des titres nationaux (ex. : Elle). Cela nous permet de
réaliser une campagne grand public efficace en touchant une cible identifiée.
Pour ce qui est des actions promotionnelles, nous
utilisons l’e-newsletter. Grâce à notre base de données sur nos clients collectées via des jeux-concours
en magasin ou par notre site internet, nous touchons précisément la cible souhaitée. En plus, c’est
écolo ! Bref, tout l’opposé du prospectus distribué
en masse. » v
NON
Le Magazine
Chaque numéro développe un thème en traitant le sujet sous différents angles :
les hommes, les entreprises, les événements de l’année écoulée,
les chiffres de référence, les développements futurs, etc.
Analyses, commentaires, interviews, points de vue… et un peu d’humour pour terminer.
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 33
T MOIN
Frank Rosenthal
est dirigeant
fondateur du
cabinet de
marketing
éponyme qu’il a
créé en 2007,
après un brillant
parcours dans de
grandes agences
parisiennes.
Un expert en marketing du commerce
D’ARDISSON A LA DISTRIBUTION Il a démarré en 1987 chez Thierry
Ardisson. Pendant 2 ans, il fut commercial de sa société
de production, Ardisson et Lumières.
Il garde un « excellent souvenir » de cette période et notamment des émissions branchées que concoctait l’animateur,
comme Bains de minuit ou Lunettes noires pour nuits
blanches. « J’y ai appris à marketer et à formater. Mais la
télévision ne m’intéressait pas vraiment, alors je suis parti
pour une agence de communication. »
Une orientation plus naturelle pour ce diplômé de l’Institut
européen des affaires, auteur d’une thèse sur la communication des PME. En 18 ans de carrière, il se forgera un beau
palmarès : directeur associé de Tequila, vice-président de
K Agency, directeur de marque chez TBWA Paris. Et une
solide expérience dans la gestion de marques (BMW, Le
Petit Marseillais, Wagons Lits…), et surtout dans le secteur
de la distribution où il a œuvré pour Géant Casino, Leroy
Merlin, Leclerc, ED, Champion, Gitem ou La Halle aux
chaussures…
34 IIInterMédia
InterMédiaMagazine
MagazineIIn°
n°1116
1116II23
23mars
mars2011
2011
UN CONSULTANT PROLIXE Fin 2007, lassé de la « vie compliquée des
grandes agences », il quitte TBWA Paris, où il s’occupait de
Système U, pour créer un cabinet de consulting, Frank Rosenthal Conseils. Une affaire qui roule. Ses clients ? Des grands
noms de l’industrie comme IBM France, Total Raffinage
Marketing, Nestlé France, Lesieur… Des enseignes à réseau
comme Cora, Leader Price, France Loisirs, Marionnaud… Des
agences de communication enfin comme DDB ou ETO.
À 45 ans, il est du genre hyperactif. Il tient un blog de
référence (Retal-Distribution) dans le monde du commerce,
écrit des livres qui font autorité (« Value for money »,
« Image-prix, mode d’emploi », « Mieux piloter sa relation
client ») et court la planète pour dénicher les innovations
commerciales (il a une photothèque de plus de 30 000
clichés de magasins d’une vingtaine de pays). Pour le reste,
il confesse trois passions boulimiques : la presse (il dévore
4 quotidiens par jour et moult magazines), le cinéma (une
dizaine de films par mois) et le football (il ne rate pas un
match du PSG). v
Le magasin doit être un lieu de différenciation de la marque et
d’expériences pour le client. C’est le credo de Frank Rosenthal qui
court le monde pour découvrir les nouveaux concepts commerciaux.
Frank Rosenthal
“ Le point de vente
sera de plus en plus
à l’intersection du
multicanal ”
INTERMÉDIA. Qu’est-ce qui a changé pour les
INTERMÉDIA. Qu’est-ce qu’une expérience de
points de vente en dix ans ?
marque ?
FR Le principal bouleversement est venu de
l’internet qui a beaucoup changé le comportement des consommateurs et leurs habitudes d’achat. Ils sont maintenant plus avertis, mieux renseignés, plus matures. Ils vont
massivement sur Facebook et autres réseaux
sociaux chercher des avis et recommandations, ou en donner. 45 % des Français utilisent
des comparateurs de prix. C’est le plus fort
taux d’Europe.
Les enseignes bougent aussi. Mais comme le
point de vente n’est jamais qu’un des multiples points de contact avec le client, il faut
absolument en faire un lieu de différenciation
dans un univers très concurrentiel qui devient
de plus en plus multicanal.
FR
INTERMÉDIA. Quelle est la recette pour moderni-
ser un point de vente ?
Le but est de créer et de tisser des liens.
Sur Times Square par exemple, on privilégie
le mode ludique : le commerce, c’est du fun !
Le flagship de la chaîne de vêtements American Eagle Oufitters s’est équipé d’un studio
où les gens peuvent se faire tirer le portrait.
Lequel va passer ensuite sur la façade lumineuse du magasin. Après quoi, le grand jeu,
pour les badauds, consiste à photographier
leur portrait qui défile et de mettre l’œuvre
sur Facebook !
Chez Forever21, une marque textile pour préadolescents, il y a en façade des caméras qui
filment les gens qui sont sur le trottoir. Le film
est projeté sur un grand écran, où une main
géante, façon King Kong, vient régulièrement
saisir une silhouette dans la foule. Le but est
de créer un contact avec des clients potentiels !
FR
Elle nous vient des États-Unis, où elle est
déjà bien rodée. Elle consiste d’une part à
développer des lieux dédiés aux savoir-faire
des marques et d’autre part à faire vivre aux
consommateurs des expériences plutôt incomparables.
C’est la fonction du flagship, qui est un peu le
navire amiral d’un réseau de magasins. Il peut
être soit son plus grand point de vente, soit un
magasin unique, non reproductible.
À New York, Times Square, qui est l’un des
principaux centres d’animation de la ville, est
devenu l’un des lieux de prédilection de ces
flagships.
INTERMÉDIA. Cela se passe toujours sur les
trottoirs ?
FR Bien sûr que non. Toujours à New York, chez
Samsung, tout se passe à l’intérieur du Samsung
Experience, qui est un show room des innovations de la marque dans tous les domaines.
Ici, rien n’est à vendre. Le visiteur est invité à
un voyage des sens et de l’imagination dans
l’univers digital.
À Paris, cette fois, dans le quartier de la Madeleine, le Studio SFR est une vitrine singulière,
un subtil dosage entre point de vente ultra-innovant, espace d’expérimentation et d’explorations numériques. Mais aussi un lieu de vie et
de divertissement avec une salle de concert, un
restaurant, un bar... Sur 3 500 m2, qui en font le
plus grand magasin de téléphonie en Europe,
c’est un lieu unique permettant une vraie différenciation et une expérience avec le client.
C’est aussi le cas du BMW Welt de Munich.
INTERMÉDIA. En quoi le BMW Welt est-il
exemplaire ?
FR
Voisin du siège et du musée de la firme,
c’est un vaste bâtiment de verre et d’acier, à
l’architecture étonnante, très moderne, qui sert
de centre expérimental de la marque et de site
événementiel. C’est aussi une grosse concession où les clients peuvent venir récupérer la
voiture qu’ils ont achetée dans le réseau. C’est
l’occasion pour eux de passer une journée
inoubliable au cœur de l’univers de la marque,
entre musée, bibliothèque, boutiques, restaurants... La remise des clés est théâtralisée sur
un podium ; le client teste sa voiture sur la
piste d’essai du site ; un technicien le briefe
Soyons humains “ Le magasin doit être un lieu
de plaisir, un lieu de contacts humains
où l’on va trouver du conseil ”
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 35
...
GRANDTÉMOI
...
Frank Rosenthal
longuement sur l’entretien...
BMW livre ainsi plus de 20 000 véhicules par
an, majoritairement à des acheteurs allemands,
mais 20 % à des étrangers, parfois même américains ou japonais, qui viennent prendre symboliquement « livraison » (avant expédition)
de leur voiture, tout en effectuant un vrai pèlerinage.
La marque a ainsi créé un moment exceptionnel de relation client.
INTERMÉDIA. Mais il n’y a pas que les flagships
pour vivre des expériences de marques ?
FR
Naturellement, même si ceux-ci ont un côté
emblématique. C’est dans chaque point de
vente que les enseignes ont besoin de tisser
des relations.
À l’instar de Starbucks qui a fait de ses « salons
de café » un lieu de mise en scène de son
savoir-faire. D’une part, dans la valorisation très
pédagogique de ses choix de cafés 100 % commerce équitable. D’autre part, en permettant
au consommateur de choisir par exemple la
température de sa boisson. Ce qui correspond
à une implication dans une expérience personnelle.
Le succès des Apple Stores (qui réalisent 20 %
du chiffre d’affaires de la marque aux ÉtatsUnis) tient à la richesse de l’expérience client.
On peut y tester les produits, poser facilement
toutes les questions d’usage et obtenir des
réponses, des trucs et des astuces.
36 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
INTERMÉDIA. Les boutiques modestes peuvent-
elles faire de même ?
FR
Cette notion d’expérience n’a rien à voir
avec la taille d’un point de vente ou son secteur d’activité.
Même le chocolat a son concept-store à Paris ! En l’occurrence, un espace baptisé « Un
dimanche à Paris » et dédié au chocolat et
au cacao. Outre la boutique, le lieu abrite un
bar à chocolat, un restaurant proposant des
plats avec du cacao, un chocolate-lounge et
un espace pour cours de cuisine au chocolat
et atelier de pâtisserie. Le tout dans une délicieuse odeur de chocolat fondu.
Encore une preuve qu’au-delà du produit, l’expérience client occupe désormais une place
majeure, et cela dans tous les secteurs. In fine,
n’importe quelle boutique peut devenir un
concept-store.
INTERMÉDIA. Quel rôle joue l’événementiel dans
la nouvelle relation avec le client ?
FR Créer des événements est très important pour
mettre en scène le savoir-faire des marques et
des enseignes. Et naturellement générer du
trafic.
Le magasin éphémère est par exemple un bon
outil événementiel.
En prélude à l’ouverture de son premier magasin parisien de vêtements, l’enseigne japonaise
Uniqlo avait lancé une boutique éphémère
qui, entre relations presse et buzz, avait généré
une heure de queue par jour pendant plusieurs
semaines. Et mis sur orbite les ventes de son
futur magasin.
Mais le concept souffre un peu aujourd’hui
d’un effet mode. Toys’R Us, Danone, Converse,
Côte d’Or, Prada... tout le monde s’y est mis.
Bref, même si elle marche plutôt bien, cette
formule dont les communicants commencent
à abuser devient du coup moins différenciante.
INTERMÉDIA. Quel rôle joue l’architecture
commerciale ?
FR
Un rôle crucial. Elle permet de créer une
identité de marque en véhiculant ses valeurs.
Par exemple, le cube de verre qui barre l’entrée
de l’Apple Store de la 5e avenue à New York
joue sur le parti pris de transparence que revendique le constructeur.
En général, un concept de magasin répond à des normes et des codes (couleurs,
matériaux...) très précis. Ce sont de vraies
contraintes architecturales, qui génèrent l’identité de marque. Tous les magasins Vuitton dans
le monde sont organisés à l’identique, avec le
même mobilier, les produits, l’emplacement
des vendeurs...
Les boutiques Armani au contraire sont toutes
très différentes. La marque recherche prioritairement des lieux étonnants qu’elle aménage en
s’adaptant aux contraintes de l’espace choisi.
L’architecture commerciale a du sens quand
elle crée une expérience client.
INTERMÉDIA. Quelles sont les vertus d’un bon
point de vente ?
FR La principale, c’est que le client s’y sente
bien. L’architecture est au service du client.
Elle peut rendre son parcours plus fluide, plus
valorisant...
Le magasin doit être un lieu de plaisir — on
peut lire dans les rayons de la Fnac — et un
lieu de contacts humain où l’on va trouver du
conseil.
Même la grande distribution s’y met. Carrefour
Planet veut réinventer et réenchanter l’hypermarché avec la création d’espaces dédiés et
des espaces d’expériences : on peut s’y faire
masser, se maquiller, suivre des cours de cuisine... Ce faisant, l’enseigne casse le code de
l’hyper (« Tout sous le même toit ») en supprimant des rayons (sports, accessoires auto,
électroménager...).
INTERMÉDIA. La grande distribution innove sur le
commerce de proximité ?
FR
C’est une grande tendance. À 2 Pas (Auchan), Intermarché Express, Carrefour City...,
tout le monde s’y met. C’est moderne, pratique, plein de nouveaux services. Ce redéveloppement du commerce de centre-ville sied
au consommateur parce qu’il répond à ses
besoins. Quant aux enseignes, elles ont trouvé
là un nouveau marché de croissance.
L’autre grande tendance, c’est le développement du e-commerce dans ces grandes en-
Restons lucides “ Le point de vente ne peut se
passer d’internet mais il n’est pas forcément
indispensable d’avoir un magasin en ligne ”
seignes alimentaires. D’autant que l’essor des
magasins « drive », où le client vient récupérer
sa commande, offre enfin un modèle économique équilibré.
INTERMÉDIA. Le point de vente peut-il se passer
d’internet ?
FR C’est quasiment impossible, ne serait-ce qu’à
cause de l’influence du web sur les achats.
Près de 40 % des achats sont influencés par
internet selon une récente enquête de eMarketer aux États-Unis. Par ailleurs, le social média
se répand dans le monde réel. Il est déjà dans
tous les magasins pour incarner une relation
client ininterrompue.
En revanche, je pense qu’il n’est pas forcément
indispensable d’avoir un magasin en ligne.
C’est ce que démontre par exemple LeroyMerlin qui prodigue beaucoup de conseils
aux bricoleurs sur son site, mais n’a pas de
e-boutique. Cela provient sûrement du fait que
les travaux de la maison génèrent beaucoup
d’achats impliquants, pour lesquels les gens
préfèrent se déplacer en magasin.
INTERMÉDIA. Comment voyez-vous le magasin
de demain ?
FR
Pas radicalement différent. Il évolue par
touches successives. Le magasin est réel. Stock
et présentation sont virtuels. Tout est connecté,
le digital est partout.
À l’occasion du salon Big Retail de New York,
Intel vient de dévoiler un mural de chaussures
Adidas — une vitrine tactile capable de présenter 8 000 références — qui préfigure vraiment le
commerce du futur. Lequel sera de plus en plus
impacté par les smarphones qui serviront d’outil de promotion (grâce à la géolocalisation),
de carte de fidélité, de moyen de paiement....
Je pense surtout que le point de vente sera
de plus en plus à l’intersection du multicanal.
Comme l’est déjà la chaîne américaine The
Container Store (meubles et accessoires de
rangement). On peut venir acheter en magasin, emporter ou se faire livrer. Commander
au téléphone ou sur internet, se faire livrer ou
récupérer ses achats en drive. Comme dit sa
publicité : « The way you like. »
Le shopping comme je veux ! v
PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL TEXIER
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 37
Banc d’essai : le Cyclopolitain est-il efficace en street-marketing ?
+ET–
Les tricycles publicitaires fleurissent dans les villes où ils sont utilisés pour
générer du trafic dans les enseignes. Mais sont-ils vraiment efficaces ?
+++
Thibault
Durand est
marketing
manager de
Timberland
France.
ous avons expérimenté
les cyclo-taxis lors de
la réouverture de notre
boutique à Lyon. Nous souhaitions
aller à la rencontre des clients de
la marque pour les informer de
notre retour dans leur ville.
Deux samedis de suite, une dizaine
de triporteurs à nos couleurs ont
sillonné les rues de Lyon. Les
pilotes préalablement briefés
distribuaient nos catalogues aux
«N
passants en les incitant à visiter
la boutique. Il y avait un bonus
pour renforcer la proximité de
la marque avec ses clients : une
course en cyclo-taxi offerte vers la
destination de leur choix, à partir
de 150 € d’achats.
Les consommateurs ont apprécié l’initiative. Globalement, les
retours de l’opération ont été très
bons. Notre boutique a connu une
affluence record sur cette période.
–––
« Je déconseille les triporteurs le samedi
dans les rues bondées »
e cyclo n’est pas adapté
à toutes les opérations de
street-marketing. Son principal atout est de véhiculer notre
message en circulant dans la zone
de chalandise et, accessoirement,
de promener les gens. Je déconseille
vraiment son utilisation dans les
rues piétonnes bondées les samedis
après-midi.
Quand cela se produit, les véhicules
sont bloqués, on ne divertit plus per-
«L
Françoise
RichaudTourneux est
responsable
communication
d’Adréa Mutuelle.
« Excellent pour générer du trafic en boutique »
38 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
sonne et on agace tout le monde.
Parce qu’un cyclo c’est assez imposant avec son carénage. Son rayon
de braquage est également important. Dans ce genre de configuration,
nous allons préférer le Segway, plus
maniable et mieux visible dans la
foule.
En revanche dans un endroit dégagé
comme une place, le cyclo est parfait. En moyenne, nous utilisons ce
dispositif une dizaine de fois par an,
Je pense que le cyclo est un excellent moyen de communication
local. Il permet de toucher directement le client final de façon amusante et décontractée. Sa dimension écologique nous plaît aussi
beaucoup. Elle est en totale adéquation avec les valeurs de notre
entreprise et donc de notre cible.
Nous comptons utiliser à nouveau
ce média pour d’autres ouvertures
de magasins. » v
comme nous l’avons fait récemment
pour l’ouverture d’agences à Annecy, Chambéry et Thonon-les-Bains.
Les gens trouvent ce moyen de
locomotion ludique et innovant.
Pour la notoriété, c’est un bon outil. Du coup, nous l’utilisons plus
souvent pour de l’affichage longue
durée que pour du street-marketing.
D’ailleurs, pour les opérations ponctuelles, j’ai du mal à évaluer l’impact
du cyclo. » v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 39
Tops et flops des initiatives commerciales
+++
Bongrain met ses fromages au comptoir des vins
En septembre, le fromager s’est glissé dans les foires aux vins des Carrefour Planet Écully et
Vénissieux.
L’agence BleuVert (Lyon) avait conçu un espace Comptoir des fromages, pour présenter et faire
déguster la vingtaine de spécialités du groupe laitier en conseillant les vins pouvant les accompagner. Quelque 6 000 personnes ont bénéficié de la dégustation et plus de 5 000 ont joué sur une
borne à jeu instantané.
Côté business, près de 8 000 bons de réduction ont été diffusés, générant un turn-over exceptionnel
des références présentes dans les bacs installés dans l’espace théâtralisé v
+ET–
Quelques opérations ou campagnes
qui se sont distinguées (en bien ou en mal)
depuis un an.
–––
LE QUARTIER GROLÉE n’attire
toujours pas les commerçants
Les rues du quartier Grolée, en cœur de presqu’île lyonnaise, sont désertées depuis le rachat des espaces commerciaux par les Docks Lyonnais à la faveur de la vente
des principaux immeubles.
La flambée des loyers et le non-renouvellement des baux
ont fait partir les commerçants historiques du quartier et
provoqué la grogne des habitants. Pourtant, l’objectif de
l’opérateur est d’en faire le nouveau quartier du luxe de
Lyon en attirant de grandes enseignes prestigieuses comme
Chanel. Raté, car pour l’instant, seul Sephora s’est installé.
Depuis bientôt deux ans, les vitrines vides ont été recouvertes de visuels pour masquer la vacuité des lieux (réalisation : Sienne Design). Et les Docks lyonnais viennent
d’ouvrir au cœur de ce quartier haussmannien une agence
commerciale pour accueillir les futurs locataires... Ou
pas ! v
+++
Tefal lance la Chandeleur des voisins
Le roi des poêles et crêpières a réalisé une opération (durable) originale sur une idée de l’agence
lyonnaise Les Envahisseurs.
En partenariat avec l’association Voisins solidaires, Tefal a lancé la 1ère Chandeleur des voisins, qui
a été célébrée un peu partout en
France le 2 février. Plus de 3 100
fêtes ont ainsi été recensées.
À Paris, un événement a même eu
lieu avec les élus du 17e et Rama
Yade. Et à bord d’une crêperie ambulante, Tefal a organisé 2 jours de
dégustation gratuite dans les rues
de la capitale.
Le buzz de l’événement a été
organisé par l’agence de RP Cinquième pouvoir. Des crêpières ont
récompensé les photos des fêtes
les plus conviviales. v
40 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
+++
Provencia soigne
son image
« terroir »
C’est devenu une marque de
fabrique. Les produits régionaux s’affichent partout dans
les 34 hyper et supermarchés
(franchisés Carrefour) du
groupe de distribution annécien.
Têtes de gondoles, linéaires
personnalisés, stop rayons,
opérations marketing… Provencia renforce cette année
son dispositif et martèle à qui
veut l’entendre : « Les produits
régionaux, c’est ici ».
Parmi ses dernières innovations, l’enseigne a implanté au
sol des autocollants marquant
l’emplacement des produits
locaux. Et fait appel pour ses
campagnes à Jean-Michel
Mattei, un humoriste et imitateur qui s’est glissé dans la
peau d’un paysan savoyard.
Agence : Texto. v
+++
Candia communique sur ses
trois marques
À l’été 2010, l’Agence Fantastic a mené une opération
dans tout l’Hexagone pour
affirmer le positionnement
de Candia : la première coopérative laitière de France !
L’agence lyonnaise a imaginé trois visuels axés sur
le savoir-faire, l’origine et la
qualité mettant en scène des
« girls next-door » : une petite
fille, une personne âgée et
un exploitant agricole. Dans
300 magasins, la campagne
s’est déclinée en PLV, tracts
et un jeu-concours national
relayé par un site internet.
290 000 visiteurs se sont
connectés sur ce dernier. v
n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 41
A LIRE
Le guide du category management
Se différencier en examinant
la gestion des catégories
EN VITRINE
Concept développé par la distribution, le category management vise
à élaborer une politique commerciale et marketing non pas produit
par produit, mais par famille ou univers de produits.
La consultante Cristina Lopes expose les grands principes du category management dans ce livre destiné à la fois aux distributeurs
et aux industriels.
À travers des fiches pratiques et des exemples concrets (merchandising, assortiment, comportement d’achats...), elle explique comment
structurer son offre pour mieux répondre aux besoins du client et
se démarquer de la concurrence. v
Éditions Eyrolles, collection Marketing, 270 pages, 39 €.
MÉTIERS
POSTE TRANSVERSAL
3.10.2011
« Valoriser
sa marque,
améliorer
l’expérience
client »
Journée de formation
organisée par Benchmark Group à Paris.
Au programme :
concevoir un parcours
client, inscrire le point
de vente dans le mix
communication…
avec les cofondateurs
du bureau de créativité Flower. Prix :
950 € HT.
3-4.11.2011
« Points de
vente et
merchandising »
Formation organisée
par Comundi à Lyon.
Sébastien Tourné,
directeur associé de
MathemaPartners,
expliquera comment
faire du point de
vente un lieu de vie.
Prix : 1 645 € HT.
Merchandiser, le stratège
de la vente
es distributeurs font de plus
en plus appel aux merchandisers pour optimiser les ventes.
Leur rôle est en effet stratégique
puisque leur mission est de proposer une mise en avant optimale
des produits dans un magasin pour
accroître leurs ventes.
« C’est un poste transversal : pour
pouvoir établir la bonne stratégie,
nous devons travailler avec les
services marketing, commercial
et logistique. Cela permet d’avoir
une vision globale du produit »,
explique Bernard Dalban-Moreynas, responsable du merchandising
chez Impex, distributeur d’accessoires pour automobiles.
L
Pour optimiser les ventes de produits, le merchandiser doit organiser les rayons en fonction des besoins
du consommateur, mais aussi en prenant en compte
des éléments techniques comme la taille et l’emplacement des linéaires. Il planifie ainsi les futures implantations de magasins sur son ordinateur grâce à un
logiciel spécifique.
Enfin, le merchandiser est aussi responsable de « l’animation de ses produits » dans le magasin. Il pilote le
suivi des ventes et supervise le réassort et le renouvellement des collections dans les points de vente.
Aujourd’hui, peu d’écoles forment à ce métier qui
s’apprend surtout sur le terrain. v
42 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Visual merchandiser :
ne l’appelez plus
étalagiste
Appelé autrefois étalagiste, le visual
merchandiser est chargé de mettre en
scène les produits d’une marque dans
la vitrine ou à l’intérieur d’un magasin. L’objectif est d’attirer l’attention du
client et de susciter l’acte d’achat.
« Le métier a évolué. Dans les années
80, on privilégiait seulement l’aspect
esthétique. Alors qu’aujourd’hui, on
doit en plus apporter du sens à la scénographie. Car elle doit refléter l’esprit
et l’univers de la marque. Le visual merchandiser doit donc avoir une double
compétence », explique Jean-Christophe
Bouvier, gérant du bureau de style Alice
dans les villes (69).
Pour créer un univers propre à la
marque, le visual merchandiser peut
jouer sur des associations de couleurs,
sur du mobilier ou des accessoires.
Côté statut social, le visual merchandiser travaille souvent en freelance, mais
il peut être intégré à une agence, ou
une chaîne de magasins. La formation
royale reste celle des arts déco ou arts
appliqués (BTS, brevets...). v
EN RAYON
Chef de rayon est une
fonction de plus en
plus managériale
Bernard
Dalban-Moreynas
est responsable
du merchandising France
depuis 11 ans
chez Impex,
(accessoires
pour automobiles). En
parallèle, il
donne des cours
de merchandising à l’IAE de
Lyon 3 et à
Grenoble II.
En poste dans une grande surface ou
un magasin, le chef de rayon est responsable d’un espace de vente (textile,
épicerie…) qu’il doit gérer et organiser.
Responsable du compte d’exploitation
de son secteur, il est tenu d’optimiser
au maximum le chiffre d’affaires. Pour
atteindre cet objectif, il doit s’assurer
que les rayons de son secteur sont
achalandés de façon continue. Il gère
ainsi les ruptures de stock et exécute les
plans d’implantation que lui envoie le
merchandiser. Il met quotidiennement
les produits en rayon avec une équipe
qu’il encadre.
« Ses fonctions sont aujourd’hui surtout managériales, car on lui demande
de gérer des plannings, encadrer des
hommes.... Alors qu’auparavant, son
champ d’action était plus vaste, car il
pouvait intervenir sur le merchandising ou la logistique », explique Philippe Claveau, directeur de la licence
pro commerce et grande distribution de
Distech à Grenoble. v
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n° 1116 I 23 mars 2011 I InterMédia Magazine I 43
IDÉES
FIDÉLISATION
Les vitrines draguent le chaland
À New York, les vitrines débordent d’affichettes signalant les magasins recommandés par Foursquare, Facebook, Twitter...
Quand il passe devant l’une d’elles, le chaland qui a branché son smartphone se voit proposer de bonnes affaires (rien que
pour lui !).
Pour son service Google Places, le moteur de recherche vient de lancer la première vitrophanie
interactive. En test à Portland, elle est équipée d’une
puce électronique (RFID) qui envoie aux clients du
magasin (déjà répertoriés) des offres personnalisées.
Ceux qui ne sont pas encore clients reçoivent eux des
informations et photos plus générales sur la boutique.
« On rentre vraiment dans une nouvelle ère du marketing de fidélisation. Grâce à ces innovations, les
campagnes des points de vente seront beaucoup plus
attractives », analyse le spécialiste Henri Kaufman,
président de l’agence Hip ip ip. v
PROSPECTIVE
13.05.2011
« Quel commerce pour
demain ? »
Réunion-débat
organisée par le club
Distribution de
l’Adetem à Paris.
Philippe Moati,
directeur de
recherche au Crédoc
explique la vision
prospective des
acteurs de la
distribution.
8-9.6.2011 Salon
Buzzness
mobile.
2e édition du salon
des acteurs du
marketing mobile,
du commerce et du
paiement mobile.
40 conférences et
ateliers sont prévus.
Paris - Espace
Pierre Cardin.
Cegid teste le magasin du futur
egid a ouvert l’an dernier
un « innovation store » au
cœur de son siège lyon-
C
nais.
Il s’agit d’un magasin du futur
de 40 m2 dans lequel l’éditeur
de logiciels de gestion présente
les dernières innovations technologiques et marketing destinées à la distribution spécialisée. Un marché important pour
Cegid qui compte pour clients
1 000 enseignes dans le monde
entier.
« Notre objectif est de montrer
à nos clients que Cegid et ses partenaires peuvent leur
apporter des solutions innovantes destinées à améliorer
la performance de leurs points de vente. L’atout pour
eux, c’est qu’ils peuvent les tester ici. D’ailleurs, ce store
nous sert aussi de laboratoire, car il nous permet d’analyser leurs réactions en temps réel », explique Sébastien
Weill, chef de produit de l’offre Retail chez Cegid.
Le magasin présente ainsi une vingtaine d’innovations
créées par les seize partenaires de Cegid (HP, IBM, HiLabs...). Les solutions et produits devraient être renouvelés chaque année. Ce magasin à la déco ludique a
été divisé en quatre zones.
Une partie est consacrée à la mobilité pour améliorer
le service client (paiement sans contact...), une autre
au shopping intelligent (mesure de l’attractivité des
vitrines...), une troisième à la RFID (PLV dynamique...)
et la dernière enfin au multitouch (vente interactive...).
À noter que Cegid présente aussi des mini « innovation
store » sur des salons professionnels pour toucher un
plus large public. v
44 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
SIGNALÉTIQUE
FloorWindo suit vos pas
Après la publicité murale, place à la
publicité au sol. L’agence dijonnaise
Nexis relance une vieille idée : la
publicité au sol.
Le FloorWindo utilise des pochettes
plastiques transparentes dans lesquelles
on peut placer tous types de messages
publicitaires. Totalement antidérapantes,
ces pochettes se fixent au sol sans adhésif et peuvent être repositionnées à différents endroits du point de vente.
« Quand on se promène dans un magasin, on regarde plus ses pieds que le
plafond. D’où l’intérêt d’utiliser ces
pochettes pour attirer l’attention des
clients. De plus, c’est un support économique, car on peut les réutiliser plusieurs fois », analyse Amotz Cohen-Paz,
directeur de Nexis.
Cet outil de signalétique est destiné à
la grande distribution, mais aussi à des
enseignes spécialisées. Des magasins
comme Carrefour, Leclerc, Celio et Afflelou l’utilisent déjà pour annoncer leurs
promotions ou diffuser des informations
techniques sur un produit. v
DO IT YOURSELF
Le self scanning,
nouvelle arme des
grandes surfaces
Sébastien Weill
est chef de
produit de l’offre
Retail chez Cegid.
Les caissières ont raison de craindre
l’arrivée du self scanning en grande
distribution. Car de plus en plus de
grandes surfaces proposent ce nouveau service à leurs clients.
À Lyon, des enseignes comme Carrefour Planet l’ont déjà adopté. « C’est un
gain de temps pour nos clients, car ils
n’ont plus besoin de sortir leur courses
de leur caddie. Autre atout : ils peuvent
suivre le montant de leurs achats au fur
et à mesure qu’ils font leurs courses et
contrôler ainsi leur budget », explique
Christophe Benoit, directeur de Carrefour Planet Vénissieux.
Le concept est simple. À l’aide d’une
scannette située dans des bornes à l’entrée du magasin, on pointe les codesbarres de chaque article. Puis on paye
à la sortie aux bornes de paiement
électronique.
Gare aux étourdis qui auront oublié de
scanner un article. Une assistante de
caisse peut effectuer des contrôles. v
-NOTES
DÉBLOQUE
Jacques Simonet,
rédacteur en chef
d’InterMédia
Cher client passez au bar !
Il n’y aura bientôt plus de commerce sans bar. C’est une
tendance lourde, paraît-il. En fait rien de bien nouveau sous le
soleil : les charbougnats avaient déjà popularisé le concept à
Paris au XIXe.
Heureusement, le progrès est passé par là : dans ces bars d’un
nouveau genre non seulement on ne peut plus fumer, mais... il
n’y a rien à boire non plus.
La nouvelle boutique de l’opticien lyonnais Entre[vues].
Du bar, il ne reste que le comptoir. Un espace convivial où des
vendeurs devenus conseillers — c’est moins vulgaire — peuvent
rencontrer des clients en quête d’un peu d’humanité.
On sait le succès des Apple Stores et de leurs Genius Bars (bars
des petits génies de l’informatique). Succès que tout le monde
essaie de reprendre à son compte : rue de la République
à Lyon, la TGB d’Orange a le sien. Et même les petits
commerçants s’y mettent (photo).
46 I InterMédia Magazine I n° 1116 I 23 mars 2011
Accessoirement, cette disposition occupe moins de place et
permet de caser plus de clients. L’humanité a ses limites.
Cher commerçant passez
à la boutique !
En quelques années Lyon a multiplié ses lieux de loisirs
nocturnes aux quatre coins de l’agglomération : Cité
internationale, Quartier des Docks, Berges du Rhône,
Confluence, Carré de Soie... À croire que les Lyonnais ne
cherchent plus qu’à s’amuser et que la municipalité veut
transformer sa ville en nouvelles Sodome et Gomorrhe.
Avant c’était simple: pour sortir, on allait dans le Vieux Lyon.
Maintenant cela devient un vrai travail de choisir ses lieux de
plaisir.
Tous ces gens qui s’amusent n’ont sans doute plus le temps (ou
les moyens) de faire les courses, car, en ce qui concerne les
commerces, les initiatives municipales sont moins glorieuses.
On sait que le centre commercial du Carré de Soie a du mal à
décoller. Mais ce n’est rien à côté du quartier Grolée qui rouille
en bout de piste.
En plein cœur du Lyon haussmannien, voici un incroyable
quartier fantôme dont les rues sont aussi vides que celles de la
ville de Poussière dans Rango. Il vaudra bientôt le détour (trois
« sacs à dos » dans le Routard du business).
Heureusement, le progrès est passé par là : pour cacher la
misère, on a remplacé les sinistres palissades d’antan par de
féeriques images (voir p. 40).
Mais comme les habitants du quartier commencent à se
lasser d’habiter une galerie de photos à ciel ouvert, le groupe
propriétaire de tous ces pas-de-porte dont personne ne
pousse plus la porte s’active. Il vient de redécouvrir une règle
ancestrale : pour vendre, rien ne vaut un commerce. Il vient
donc d’inaugurer une boutique de boutiques. (Pourvu qu’ils
aient pensé au bar.) v
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