Universit´e de Tours Ann´ee 2016-2017
Licence L1 de Math´ematiques, Informatique, Physique et Chimie - S1
CHAPITRE 3
Logique, Ensembles et Applications
1 Langage math´ematique et logique
1.1 Ensembles
Un ensemble est une collection d’objets distincts ; ces objets s’appellent les ´el´ements de cet
ensemble.
Notations :
xEsignifie xappartient `a l’ensemble E(ou xest ´el´ement de E).
x /Esignifie xn’appartient pas `a l’ensemble E.
AEsignifie que Aest une partie (ou un sous-ensemble) de E, c’est-`a-dire que tout ´el´ement
de Aappartient `a E.
On note l’ensemble vide. Pour tout ensemble E,∅ ⊂ E.
A={xE|xv´erifie P}signifie que Aest l’ensemble de tous les ´el´ements de Eayant la
propri´et´e P.
L’ensemble P(E) = {A|AE}est l’ensemble des parties de E.
D´efinitions. Soient Aet Bdes parties d’un ensemble E.
L’intersection des ensembles Aet Best AB={x|xAet xB}. Les ensembles Aet B
sont disjoints si AB=.
L’union des ensembles Aet Best AB={x|xAou xB}(Attention le ou est non
exclusif !).
A\B={x|xAet x /B}est l’ensemble Apriv´e de B, ´egalement not´e CA(B) (compl´ementaire
de Bdans A).
Si AEau lieu de CE(A), on ´ecrira Acet on lira compl´ementaire de A.
L’ensemble A×B={(a, b)|aAet bB}est le produit cart´esien de Aet B.
Le produit cart´esien d’une suite d’ensembles E1,E2,. . . ,Enest l’ensemble
E1×E2× · · · × En={(x1, x2, . . . , xn)|x1E1, x2E2, . . . , xnEn}.
Dans le cas o`u tous les ensembles E1, E2, . . . , Ensont ´egaux `a E, le produit cart´esien E1×E2×
· · · × Ense note En.
Proposition 1.1 Soient A, B, C des parties d’un ensemble E.
(i) Commutativit´e :
AB=BAet AB=BA.
(ii) Associativit´e :
ABC=ABC=ABCet ABC=ABC=ABC.
(iii) Distributivit´e :
A(BC)=(AB)(AC)et A(BC) = (AB)(AC).
(iv) Lois de Morgan :
(AB)c=AcBcet (AB)c=AcBc.
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1.2 Assertions, Pr´edicats
Une assertion Pest un ´enonc´e auquel on peut attribuer l’une des deux valeurs de v´erit´e :
Vrai ou Faux.
Par exemple :
- “3 est un entier pair” est une assertion fausse.
- “Pour tout nombre r´eel x,x2est un nombre r´eel positif” est une assertion vraie.
Couramment, affirmer Psignifie que l’assertion Pest vraie.
Un ´enonc´e du type “l’entier naturel xest pair” n’est pas une assertion car on ne peut pas
lui donner de valeur de v´erit´e tant qu’on ne connaˆıt pas l’entier naturel x. On parlera alors de
pr´edicat sur N. De mani`ere g´en´erale, on dira que P(x) est un pr´edicat sur un ensemble Esi
lorsque l’´el´ement xEest sp´ecifi´e, P(x) est une assertion.
Par exemple, si P(x) est le pr´edicat “l’entier xest pair”, alors P(2) est une assertion vraie, P(3)
est une assertion fausse.
On dira que deux assertions Pet Qsont ´equivalentes si elles ont la mˆeme valeur de v´erit´e et
on notera PQ. On dira que deux pr´edicats sur Esont ´equivalents s’ils donnent pour chaque
´el´ement de Edeux assertions ´equivalentes.
1.3 Connecteurs logiques
En utilisant des connecteurs logiques, on peut, `a l’aide d’assertions (ou de pr´edicats), fabri-
quer de nouvelles assertions (resp. pr´edicats).
Si Pet Qsont deux assertions, on d´efinit les assertions (Pet Q), (Pou Q) et la n´egation
de P, NON(P) par :
- (Pet Q) qui est vraie si et seulement si les deux assertions sont vraies,
- (Pou Q) qui est vraie si et seulement si au moins l’une des deux assertions est vraie,
- NON(P) qui est vraie si et seulement si Pest fausse.
Propri´et´es. NON(NON(P)) P,
NON(Pet Q)(NON(P) ou NON(Q)),
NON(Pou Q)(NON(P) et NON(Q)).
On d´efinit aussi l’assertion PQ(lire Pimplique Q) par (NON(P) ou Q). Remarquons
que PQn’est fausse que lorsque Pest vraie et Qfausse.
On appelle implication r´eciproque l’assertion QP.
Propri´et´es. (PQ)(NON(Q)NON(P)) (contrapos´ee),
NON(PQ)(Pet NON(Q)),
en g´en´eral, PQet sa r´eciproque QPne sont pas ´equivalentes,
(PQ)((PQ) et (QP)).
On utilise les mˆemes connecteurs logiques `a partir de pr´edicats.
1.4 Quantificateurs
Si Eest un ensemble et P(x) un pr´edicat sur E, `a l’aide des quantificateurs (pour tout)
et (il existe), on d´efinit les assertions suivantes :
- (xE, P (x)) qui est vraie si et seulement si tous les ´el´ements ede Edonnent une assertion
P(e) vraie.
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- (xE, P (x)) qui est vraie si et seulement si au moins un ´el´ement ede Edonne une assertion
P(e) vraie.
Attention, en pr´esence de plusieurs quantificateurs, l’ordre compte !
Par exemple, les assertions
xN,yN, x < y et yN,xN, x < y
ne sont pas ´equivalentes. La premi`ere est vraie tandis que la seconde est fausse.
En revanche, en ´echangeant deux quantificateurs identiques, on obtient toujours deux assertions
´equivalentes.
1.5 N´egations et quantificateurs
La n´egation op`ere de la fa¸con suivante :
NON( xE, P (x) ) (xE, NON(P(x)) )
NON( xE, P (x) ) (xE, NON(P(x)) )
2 Applications
2.1 D´efinitions
Une application est la donn´ee d’un triplet (f, E, F ) tel qu’`a tout ´el´ement xde Eest associ´e
un unique ´el´ement de F, not´e f(x). On note f:EF.
L’ensemble Es’appelle ensemble de epart de fet l’ensemble Fs’appelle ensemble d’ar-
riv´ee de f.
Si y=f(x), l’´el´ement yFest appel´e image de xpar f, l’´el´ement xEest appel´e anec´edent
de ypar f.
L’application IdE:EEest d´efinie par IdE(x) = xpour tout xE; elle s’appelle identit´e
de E.
Soient E, F et Gtrois ensembles et f:EF, g :FGdes applications. L’application
gf:EGd´efinie par gf(x) = g(f(x)) pour tout xE, s’appelle la compos´ee de get f.
Attention : l’application gfpeut avoir un sens sans que fgn’en ait un. De plus, en g´en´eral
gf6=fg. En revanche on a toujours f(gh)=(fg)hquand les deux applications en
question sont d´efinies.
2.2 Injection, surjection, bijection
D´efinition. Une application f:EFest dite injective si tout ´el´ement de Fposs`ede au
plus un ant´ecedent par f; c’est-`a-dire si pour tout yF, l’´equation y=f(x) poss`ede au plus
une solution xdans E.
En langage math´ematique,
l’application fest injective si : x1E, x2E, f(x1) = f(x2)x1=x2;
l’application fn’est pas injective si : x1E, x2E, x16=x2et f(x1) = f(x2).
D´efinition. Une application f:EFest dite surjective si tout ´el´ement de Fposs`ede au
moins un ant´ec´edent par f; c’est-`a-dire si pour tout yF, l’´equation y=f(x) poss`ede au
moins une solution xdans E.
En langage math´ematique,
l’application fest surjective si : yF, xE, f(x) = y;
l’application fn’est pas surjective si : yF, xE, f(x)6=y.
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D´efinition. Une application f:EFest dite bijective si elle est injective et surjective ;
c’est-`a-dire si tout ´el´ement de Fposs`ede exactement un anec´edent par f; ou encore si pour
tout yF, l’´equation y=f(x) poss`ede exactement une solution xdans E.
Si fest une bijection de Esur F, on appelle bijection eciproque de f, l’application f1:
FEqui `a tout yFassocie son unique ant´ec´edent xde E. On a ff1=IdFet
f1f=IdE.
Proposition 2.1 Deux bijections f:EFet g:FEsont r´eciproques l’une de l’autre si
et seulement si fg=IdFet gf=IdE.
Proposition 2.2 Soient f:EFet g:FGdeux bijections. L’application gfest une
bijection de Esur Get (gf)1=f1g1.
2.3 Image directe, image r´eciproque
Soit f:EFune application. Pour toute partie Ade E, on note
f(A) = {f(x)|xA};
l’ensemble f(A) est appel´e image de Apar f. Pour tout yF, on a :
yf(A)⇔ ∃xA, f(x) = y.
Pour toute partie Bde Fon note
f1(B) = {xE|f(x)B};
l’ensemble f1(B) est appel´e image r´eciproque de Bpar f(Attention : la notation f1(B)
ne suppose pas que fsoit bijective !). Pour tout xE, on a :
xf1(B)f(x)B.
Proposition 2.3 Soient f:EFune application de Edans F,A1et A2deux parties de E
et B1et B2deux parties de F. On a :
si A1A2alors f(A1)f(A2)et si B1B2alors f1(B1)f1(B2)
f(A1A2) = f(A1)f(A2)et f1(B1B2) = f1(B1)f1(B2)
f(A1A2)f(A1)f(A2)et f1(B1B2) = f1(B1)f1(B2)
Af1(f(A)) et f(f1(B)) B.
Attention : toutes les inclusions ci-dessus peuvent ˆetre strictes.
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