Mode de recrutement et valeur client: le cas du parrainage

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Mode de recrutement et valeur client: le cas du parrainage
Yves Riquet*
Doctorant
Université Lille Nord de France – SKEMA - MERCUR
[email protected]
Pauline de Pechpeyrou
Maître de conférences
Université Paris Ouest Nanterre la Défense - CEROS
[email protected]
Patrick Nicholson
Professeur des Universités
Université Lille Nord de France – SKEMA - MERCUR
[email protected]
* E.T.O. -- 62, Avenue Jean Batiste Lebas ; 59100 – Roubaix ; Tél : 06 76 75 29 93
Mode recrutement et valeur client: le cas du parrainage
Résumé :
L’exploitation d’une base de données vise à sélectionner les meilleurs des clients, c’est-à-dire
ceux présentant une valeur à vie la plus élevée. L’analyse de cohortes de clients d’une
entreprise de vente de produits culturels en multi-canal confirme la supériorité du parrainage
comme mode de recrutement. Toutefois, cette valeur supérieure des filleuls ne se transmet que
partiellement à la génération suivante. De plus, le moment où le parrain décide de
recommander influence la qualité des filleuls qu’il recrute. Ces résultats conduisent à analyser
plus finement le phénomène de parrainage, le choix des modes d’activation des clients existants
et le déroulement des campagnes de recrutement de nouveaux clients.
Mots-clés : recrutement, valeur de recommandation, valeur à vie du client, récompenses.
Customer Value: A Focus on Referral Programs
Abstract:
Customer database management typically relies on selecting the best customers, i.e. those with
the highest customer lifetime value. A cohort analysis on customers from a cultural products
French company confirms that referral programs are effective to recruit high-potential customers. However, the higher value of referred customers translates only partially to the next generation. The timing of the referral also affects the value of the referred customer. These results
suggest more conceptual investigations about the referral process and point out that referral
programs must be carefully designed in terms of incentives, timing and seeding strategies.
Key-words: Customer acquisition, Customer referral value, Customer Lifetime Value, incentives
Mode de recrutement et valeur client: le cas du parrainage
Introduction
L’abondance de la littérature récemment consacrée aux recommandations inter-personnelles
(Marsden, Samson et Upton, 2006 ; Kumar, Petersen et Leone, 2010 ; Schmitt, Skiera et Van
den Bulte, 2011) confirme le regain d’intérêt accordé à ce phénomène. Au-delà du fait que le
bouche-à-oreille est souvent présenté comme le plus vieux média du monde, il constitue aujourd’hui un mode de prospection de plus en plus utilisé et complémentaire aux moyens
d’action marketing traditionnels dans le recrutement de nouveaux clients.
Le travail présenté dans cet article aborde le problème de la qualité de nouveaux clients recrutés par le biais du parrainage. Considéré en tant que mode particulier d’acquisition de clientèle,
un tel dispositif n’a fait l’objet que de peu de travaux de recherche en France (Reniou, 2007). Il
repose sur deux intervenants spécifiques : un « parrain » qui assure la fonction de recruteur et
un « filleul », nouveau client, acquis grâce à l’intervention de son parrain. Offrant un degré
d’interactivité important, ce dispositif de recrutement s’intègre parfaitement à une démarche de
marketing relationnel et présente à cet égard l’intérêt d’être quantifiable en termes de coûts et
de retour sur investissement. Les travaux de recherche menés dans le contexte Nord-Américain
s’accordent pour lui reconnaître la capacité à générer de nouveaux clients de meilleure qualité
que ceux acquis par d’autres modes de recrutement (Villanueva, Yoo et Hanssens, 2008), et
ce, à moindre coût.
Malgré ces deux principaux avantages, les travaux académiques soulèvent plusieurs questions.
A l’opposé de phénomènes de diffusion d’information et d’influence inter-individuelle librement initiés par les individus, par exemple au travers des réseaux sociaux, les mécanismes de
parrainage étudiés ici sont initiés et pilotés par l’entreprise au travers de dispositifs de récompenses. Ces récompenses peuvent favoriser l’apparition de comportements opportunistes po1
tentiellement moins rentables (Ryu et Feick, 2007) et même affecter l’image du parrain chez le
filleul (Helm & al., 2011).
Notre contribution au regard de la littérature existante porte sur trois principaux aspects :
-
Confirmer la supériorité de ce mode de recrutement par rapport aux autres tout en
complétant les analyses existantes en prenant en compte, en plus des traditionnels indicateurs quantitatifs, des indicateurs plus qualitatifs permettant d’évaluer les comportements des nouveaux clients (filleuls)
-
Couvrir un nouveau champ d’investigation n’ayant pas à notre connaissance été abordé, à savoir l’évolution des comportements des filleuls devenant à leur tour parrains.
-
Lier la qualité du filleul à la période à laquelle son parrain exerce son potentiel de recommandation.
L’un des intérêts du parrainage est de concourir à l’homogénéisation du profil d’une clientèle
par le recrutement de nouveaux clients ayant un profil proche de celui de leur parrain et meilleur que les clients issus d’autres modes de recrutement. On peut s’interroger sur une éventuelle transmission intergénérationnelle de ce processus aux générations suivantes. Si de bons
filleuls font à leur tour de bons parrains, cela confirmerait l’intérêt d’intégrer dans les modes
traditionnels d’évaluation de la qualité d’un client par sa CLV (Customer Lifetime Value) sa
capacité de recommandation ou CRV (Customer Referral Value).
Les données utilisées dans cette recherche proviennent de l’extraction d’une large base de données de l’un des leaders de la vente de produits culturels en France. Plusieurs cohortes de
clients sont suivies sur une durée de dix trimestres. Avant de présenter le cadre méthodologique mobilisé, cet article dresse un état des principaux travaux antérieurs permettant une meilleure compréhension des comportements de recommandation. Le test des hypothèses donne
ensuite lieu à une discussion mettant en perspective la portée théorique et managériale des résultats obtenus.
2
1. Vers une intégration de la capacité de recommandation au calcul de la valeur d’un
client.
S’intéresser à la valeur d’un client, ou mieux encore d’une clientèle, impose de structurer une
revue de la littérature ayant pour thème la gestion de la relation clients. Un tel exercice
apparaît rapidement relever de la gageure. En effet, ce domaine est caractéristique de ceux où
les pratiques commerciales souvent anciennes, comme la vente à domicile ou la vente par
correspondance, ont longtemps pris le pas et devancé la réflexion académique.
Dans un contexte mouvant, mêlant à la fois de profondes modifications de la structure de la
distribution, des modes de communication et du comportement des consommateurs, ce sont
sans doute les réflexions menées autour du concept de fidélité qui ont été les plus marquantes.
Elles ont permis de mettre en lumière, malgré leur efficacité opérationnelle globale, les limites
d’approches purement mécaniques et ouvert la voie à des considérations mettant en relief
l’importance de la dimension attitudinale de la fidélité (Frisou, 2005). Certaines entreprises, à
l’instar d’American Express et de ses clients « ambassadeurs », ont rapidement pris conscience
qu’au-delà de la répétition de leurs comportements, leurs clients pouvaient exprimer une autre
forme de leur valeur en activant leur potentiel de recommandation.
Sans remonter jusqu’à Aristote qui fut sans doute le premier à formaliser l’importance des
phénomènes d’influence interpersonnelle (Buttle, 1998), faire état de l’ensemble des travaux
pouvant être reliés aux phénomènes d’influence, comme ceux de leadership ou d’expertise
perçue (Vernette et Giannelloni, 2004 ; Vernette, 2007) est hors de portée de cette
contribution. Notre approche de la valeur de la recommandation s’articulera en deux temps :
tout d’abord l’intégration de la recommandation comme composante additionnelle de la valeur
client (CLV), puis l’analyse de l’impact du mode de recrutement sur la qualité des clients.
3
1.1. Le client et ses relations, sources de valeur pour l’entreprise
Les modes de gestion de clientèles les plus largement répandus au sein des entreprises de vente
à distance sont exclusivement basés sur la prise en compte de données comportementales. Audelà du traditionnel modèle R.F.M basé sur la Récence, la Fréquence et le Montant des achats,
la segmentation des clients des entreprises disposant d’une base de données clients, repose de
plus en plus souvent sur le calcul de leur valeur à long terme (CLV). Bien que principalement
évaluée sur des métriques transactionnelles, la CLV s’est imposée comme l’élément central des
méthodes de gestion de portefeuille de clients (Borle et Sing, 2008). Le mode de calcul de cet
indicateur a fait l’objet de nombreuses contributions scientifiques et de débats portant sur la
meilleure façon d’augmenter les profits et la valeur d’une entreprise (Gupta et Lehmann, 2003,
2006 ; Stahl, Matzler et Hinterhuber, 2003 ; Haenlein et Libai, 2012). Les travaux de Kumar
ont fortement marqué ce domaine en proposant que l’objectif ultime d’un dispositif de gestion
d’une clientèle ne doit pas être de maximiser le flux de nouveaux clients mais avant tout de sélectionner les meilleurs (Kumar et Rajan, 2009).
Le développement des supports d’échange électronique et en particulier celui des réseaux sociaux a remis en lumière les phénomènes d’influence entre les individus et l’intérêt de les intégrer aux modes d’activation commerciale et aux modèles d’estimation de la valeur des clients.
Le potentiel d’influence qu’un individu peut exercer sur son environnement (dont l’indicateur
Klout, par exemple, permet une estimation au sein d’un réseau social) est de plus en plus considéré par les entreprises comme une alternative ou un complément à la communication publicitaire traditionnelle. Les pratiques qualifiées de marketing viral se sont ainsi multipliées, avec
des résultats parfois spectaculaires mais dont la quantification au niveau individuel est rarement
possible.
Dans le contexte français, les opérations de parrainage se multiplient et concernent de nombreux domaines d’activité, comme celui des services (banque, finance, tourisme, télécommuni4
cations, chaines et bouquets T.V …). Si les dispositifs de parrainage reposent sur les mêmes
fondements que le marketing viral, ils offrent le grand avantage de pouvoir être quantifiés au
niveau individuel. On peut dès lors concevoir des modèles de gestion d’une clientèle qui ne se
limitent pas à la seule activité des clients mais qui intègrent leur capacité d’influence ou « Customer Referral Value » (Kumar, Petersen et Leone, 2007 ; Lee, Lee et Feick, 2006).
1.2. L’impact du mode de recrutement sur la valeur à vie du client
De nombreux travaux de recherche ont mis en évidence l’influence du mode de recrutement
sur la qualité future d’un client (Villanueva, Yoo et Hanssens, 2008). Les clients acquis par des
techniques promotionnelles ont un taux de ré-achat moins important et une durée de vie plus
courte que les autres (Lewis, 2006). L’analyse des différentes méthodes d’acquisition a par ailleurs souligné l’efficacité spécifique de différents canaux et l’importance de leur optimisation
(Reinartz, Thomas et Kumar, 2005).
L’analyse des programmes de parrainage démontre leur impact de persuasion sur les consommateurs à moindre coût pour l’entreprise (Biyalogorsky, Gerstner et Libai, 2001 ; Ryu et
Feick, 2007). De plus, les informations issues du bouche-à-oreille sont considérée comme étant
plus crédibles que celles issues des modes traditionnels de communication marketing (Brown et
Reingen, 1987 ; Herr, Kardes et Kim, 1991).
Le tableau de l’annexe 1 présente une actualisation d’une synthèse des travaux directement liés
à la problématique de la recommandation (Kumar, Pertersen et Leone, 2010). La plupart de
ces travaux possèdent une validité externe relativement faible et se concentrent sur des domaines d’investigation relevant de l’expérimentation ou encore d’activités spécifiques comme
le milieu bancaire ou la téléphonie mobile ; des contextes où l’accès à des’historiques de comportements est très aisé. Ils mettent tout autant en lumière l’influence et l’importance de la répartition des récompenses associées à la recommandation que celle de dimensions plus nova5
trices telles que la modification de l’image de celui qui recommande auprès de son entourage
ainsi que la nature des liens unissant parrain et filleul(s). Globalement, l’ensemble de ces travaux conduit à conclure à la supériorité du parrainage sur les autres formes de recrutement issues de pratiques commerciales plus traditionnelles.
1.3. Les hypothèses de recherche
Selon la littérature, les clients recrutés par bouche-à-oreille sont plus intéressants que ceux recrutés par les techniques traditionnelles de marketing : leur valeur à vie est plus élevée et ils
diffusent à leur tour un bouche-à-oreille positif important (Villanueva, Yoo et Hanssens,
2008). Cette situation peut être expliquée par le fait que les parrains sélectionnent dans leur
entourage des proches dont le profil offre une bonne correspondance avec l’offre de
l’entreprise. De plus, le parrain peut jouer le rôle de conseiller auprès de son filleul en accélérant son apprentissage vis-à-vis des modes de relations avec l’entreprise (mode de commande,
service clients, etc.). Nous poserons donc comme première hypothèse :
H1 : La valeur des filleuls pour l’entreprise est supérieure à celle des nouveaux
clients recrutés par les canaux traditionnels.
La littérature s’est rarement penchée sur l’impact du mode de recrutement des parrains sur la
qualité des filleuls. Pourtant, les recherches issues de la sociologie démontrent que parrains et
filleuls sont susceptibles, par homophilie, de partager les mêmes valeurs et les mêmes comportements (McPherson, Smith-Lovin et Cook, 2001 ; Haenlein et Libai, 2012). La supériorité
d’un client recruté par parrainage (H1) pourrait se transmettre à la génération suivante, générant ainsi des « filleuls de filleuls » plus intéressants que des filleuls de première génération.
Cette perspective sociologique permet de proposer une seconde hypothèse :
6
H2 : La valeur pour l’entreprise des filleuls de parrains eux-mêmes recrutés par
parrainage est supérieure à celle des filleuls dont les parrains ont été recrutés par
les canaux traditionnels.
Un parrain pouvant avoir, au cours du temps, plusieurs filleuls, on peut s’interroger sur la qualité progressive de ces filleuls. Les travaux de Ryu et Feick (2007) ont montré que les systèmes
de récompense conduisaient les parrains à élargir leur périmètre d’influence et à solliciter des
personnes moins proches d’elles (liens faibles) et dont l’affinité avec l’offre de l’entreprise peut
donc être moins forte. De manière similaire, on peut penser que plus un client parraine tardivement, moins cette décision soit motivée par des raisons intrinsèques. Un parrainage tardif
pourrait conduire au recrutement de filleuls présentant une plus faible valeur à vie. Cette perspective conduit à proposer une troisième hypothèse :
H3 : La valeur pour l’entreprise des filleuls de parrains ayant parrainé de façon
précoce (i.e. à une date proche de leur propre date de recrutement) est supérieure
à celle des filleuls dont les parrains ont parrainé plus tard au cours de leur historique.
2. Les données utilisées
Les contextes de parrainage se distinguent en fonction du niveau d’engagement exigé et de la
mise en œuvre ou non de récompenses. Certains dispositifs (non-contractuels) ne supposent
aucun engagement ni même parfois de récompense (vente-privee.com, labaronnie.fr) alors que
d’autres dispositifs (contractuels) nécessitent un engagement initial, comme l’ouverture d’un
compte et un dépôt minimum de fonds (pour une durée minimum) et sont accompagnés de récompenses concernant le parrain et/ou le filleul (cas de la plupart des opérateurs téléphoniques). Toutefois, même les formes non-contractuelles, comme celles souvent offertes dans le
7
secteur bancaire, présentent en réalité un engagement « psychologique » de la part du client, lié
notamment à la difficulté de changer d’établissement (Reniou, 2007).
Les données utilisées dans cette étude proviennent d’une société fonctionnant sous la forme
d’un club proposant chaque trimestre à ses adhérents un catalogue de produits culturels. Lors
de son adhésion, l’adhérent souscrit à une obligation d’achat d’un livre par trimestre pour une
période de deux ans. Cette adhésion peut se faire soit spontanément dans l’un des points de
vente de la société ou via le site internet, soit suite à un démarchage à domicile et bien entendu
par parrainage. Selon le fonctionnement traditionnel d’un tel dispositif de club, si, à une date
donnée (figurant sur le catalogue), l’adhérent ne transmet pas de commande, il reçoit automatiquement, après avertissement, « la sélection du trimestre », en l’occurrence un livre choisi par
l’entreprise.
Le catalogue reçu chaque trimestre par les adhérents contient un bulletin de parrainage.
L’éventuel parrain est conduit à aider son filleul à passer sa première commande et après conformation de celle-ci, il reçoit un cadeau qu’il a sélectionné. Le filleul ne reçoit aucune prime
particulière. Au second semestre 2009, l’entreprise considérée a recruté plus de 164 553 nouveaux clients. Parmi eux, 11 306 sont issus du parrainage, soit 6,87%.
Le cadre contractuel dans lequel nous nous situons correspond à la situation où l’estimation de
la valeur à long terme d’un client est la plus aisée puisqu’on y connaît la date d’entrée et de
sortie de chacun des clients (ou de la très grande majorité). Cette valeur peut être considérée
comme le coût d’acquisition maximal que peut s’autoriser l’entreprise. Nous ne reviendrons
pas sur le mode de calcul de cet indicateur largement étudié dans la littérature (Malthouse et
Blattberg, 2005 ; Calciu, 2009) et utiliserons l’indicateur calculé par l’entreprise.
Les cohortes ou sous-populations retenues concernent des clients recrutés entre le second
trimestre 2009 (T2 2009) et le troisième trimestre 2011 (T3 2011). Trois populations seront
comparées :
8

Filleuls 1 : 914 adhérents dont les parrains ont été recrutés par parrainage au T2 2009
(« filleuls de filleuls »)

Filleuls 2 : 1224 adhérents dont les parrains ont été recrutés au T2 2009 par un autre
mode de recrutement que le parrainage (filleuls de première génération)

Echantillon témoin (représentatif de la base de données) : 31964 adhérents recrutés par
d’autres modes que le parrainage et ayant souscrit au T2 2009
Nous disposons pour chaque trimestre de l’historique de chaque client des populations
étudiées. Il est possible de les caractériser par deux ensembles de variables :
- Des variables comportementales traditionnelles (chiffre d’affaires total, chiffre d’affaires
livres, nombre de commandes, CLV)
- Des variables plus qualitatives et spécifiques à l’activité d’un club (délai d’activation, envoi
de la sélection du trimestre, échange, retour, taux de résiliation). Le délai d’activation, compris
entre 1 et 90 jours, correspond au nombre de jours qui s’écoulent entre le moment où un client
reçoit le catalogue du trimestre et la date à laquelle il passe commande. Lorsque l’adhérent ne
s’est pas manifesté dans les délais impartis, il reçoit, après avertissement par courrier ou e-mail,
la sélection du trimestre, qu’il peut éventuellement refuser et renvoyer.
3. Résultats obtenus
Comme en témoignent les histogrammes de nombre de commandes et de nombre d’articles sur
un trimestre donné (Annexe 2) l’engagement requis de l’adhérent par le modèle de club
influence fortement le rythme observé des achats,. Le tableau 1 présente les indicateurs
commerciaux (chiffres d’affaires et comportements spécifiques au club de livres) au T3 2011
pour les trois populations considérées.
9
Filleuls 1
Filleuls 2
Témoin
(N=914)
(N=1224)
(N=31964)
659 (72,1%)
781 (63,8%)
5815 (18,2%)
Chiffre d’affaires par acheteur actif
22,8€
25,5€
27,2€
Nombre de commandes par acheteur
1,22
1,18
1,18
CLV
173€
183€
188€
37
40
43
Envoi de la sélection du trimestre
108 (11,8%)
214 (17,5%)
1751 (5,4%)
Paiement de la sélection automatique
34 (31,5%)
90 (42,1%)
7 (0,4%)
Echange de la sélection du trimestre
24 (22,2%)
25 (11,7%)
12 (0,7%)
Retour de la sélection du trimestre
22 (20,4%)
43 (20,1%)
0 (0%)
42,3
41,3
Non renseigné
Acheteurs actifs
Délai d’activation
Age moyen au T3 2009
Tableau 1. Indicateurs commerciaux au T3 2011 pour les trois populations
Ces indicateurs permettent de décrire les populations étudiées en termes de comportement. Les
groupes recrutés par parrainage sont globalement plus actifs en termes de commandes.
Toutefois, les adhérents au sein des échantillons Filleuls1 et Filleuls2 ayant souscrit à des
trimestres différents, ces statistiques descriptives masquent l’hétérogénéité et ne permettent pas
de tester directement nos hypothèses de recherche. Pour ce faire, nous allons raisonner en
cohortes et comparer la valeur de clients ayant adhéré à une même période.
Nous avons postulé que des filleuls issus de filleuls étaient meilleurs que des filleuls de
première génération (H2), et que les filleuls étaient de manière générale meilleurs que des
10
adhérents recrutés par les canaux traditionnels (H1). L’échantillon témoin étant composé de
clients recrutés au T2 2009 par des canaux traditionnels, nous comparons les indicateurs de
valeur du client pour les clients recrutés sur ce trimestre (tableau 2).
Filleuls 1
Filleuls 2
Témoin
recrutés au T2
recrutés au T2
(N=31964)
2009 (N=113)
2009 (N=293)
67 (59,2%)
189 (64,5%)
5815 (18,2%)
sig.=0,000
24,37€
23,87€
27,2€
sig.=0,121
Commandes par acheteur
1,22
1,14
1,18
sig.=0,431
CLV
197€
207€
188€
sig.=0,081
Délai d’activation
38,5
44,4
42,8
sig.=0,262
Envoi de la sélection
24
56
1751
sig.=0,000
Paiement de la sélection
10
26
7
sig.=0,000
Echange de la sélection
2
9
12
sig.=0,000
Retour de la sélection
6
9
0
sig.=0,000
Acheteurs actifs
Chiffre d’affaires par acheteur
Test
Tableau 2. Impact du mode de recrutement au T2 2009 sur la valeur clients au T3 2011
Le mode de recrutement des clients a un impact très significatif sur leur activité. Les filleuls
sont beaucoup plus nombreux que les clients recrutés par marketing à passer au moins une
commande dans le trimestre (p=0,000). En revanche, les chiffres d’affaires réalisés par les
acheteurs actifs ne diffèrent pas en fonction de leur mode de recrutement (p=0,121). L’envoi de
la sélection est plus fréquent parmi les filleuls (p=0,000), sans doute parce que la plupart
11
d’entre eux procèdent au paiement de ce livre, contrairement aux autres adhérents qui
majoritairement ne paient pas cet ouvrage et ne prennent la peine ni de l’échanger ni de le
retourner (p=0,000). Ces résultats permettent d’accepter la première hypothèse relative à la
supériorité du recrutement par parrainage. Les tests post-hoc de Bonferroni qui permettent de
comparer les comportements des Filleuls1 et ceux des Filleuls2 ne révèlent pas de différence
significative entre ces groupes en termes de comportements, conduisant à rejeter notre
deuxième hypothèse.
Enfin, la troisième hypothèse formulée proposait que la valeur des filleuls issus de parrains
ayant parrainé de façon précoce serait supérieure à celle des filleuls dont les parrains ont
parrainé plus tardivement. La variable qui nous intéresse pour tester cette hypothèse est le délai
de parrainage, exprimé en mois. Les adhérents étudiés ayant souscrit à partir du T2 2009 et
l’historique de filleuls allant jusqu’au T3 2011, ce délai varie entre 0 et 27 mois.
Nous comparons la valeur des filleuls après un même nombre de trimestres au sein du club, afin
de ne pas confondre l’effet du délai de parrainage et l’effet du nombre de trimestres
d’adhésion. Si le chiffre d’affaires réalisé par un client actif ne varie pas (24€) en fonction du
délai de parrainage, la probabilité pour un filleul d’être actif lors d’un trimestre donnée est plus
grande lorsque le parrain a recruté rapidement son filleul. Elle est ainsi de 73,4% lorsque le
parrain a parrainé immédiatement, de 71,1% lorsqu’il a attendu un trimestre pour parrainer et
de 64,7% lorsqu’il a attendu deux trimestres. Les différences de taux d’acheteurs actifs sont
significatives entre les groupes (p=0,040), ce qui conduit à accepter l’hypothèse H3.
4. Discussion, implications et prolongements de la recherche
L’analyse du profil de plusieurs sous-populations de clients a conduit à valider l’importance du
mode de recrutement sur leur valeur à vie ainsi que la nécessité d’en affiner la compréhension.
Travaillant sur des données comportementales réelles, au niveau individuel, ce premier travail
12
ouvre de nombreuses voies de recherche, à la fois conceptuelles, méthodologiques et managériales.
4.1. Rappel des principaux résultats
Le travail engagé fait tout d’abord apparaître un premier résultat important conforme aux travaux antérieurs : le recrutement par parrainage constitue une source de recrutement de nouveaux clients dont la qualité est supérieure à celle des clients issus des canaux de recrutement
traditionnels. L’hypothèse de l’existence potentielle d’un cercle vertueux selon lequel les filleuls de filleuls seraient de qualité croissante ne peut pour autant être totalement validée. Cette
deuxième génération de filleuls présente bien les caractéristiques d’une meilleure assimilation
des règles de fonctionnement du club mais sans se traduire par une meilleure qualité financière.
Enfin, il apparaît que les filleuls sont meilleurs lorsqu’ils sont issus de parrains ayant exercé rapidement leur potentiel de recommandation.
4.2. Implications et voies de recherche
Sur le plan théorique, ces résultats mettent en lumière l’intérêt de mieux mobiliser dans un
cadre fédérateur les développements théoriques consacrés aux phénomènes d’influence interpersonnelle, de leadership, d’expertise perçue ou encore d’image de soi. On ne peut douter d’y
trouver des sources potentielles d’explication aux comportements de recommandation observés et une meilleure compréhension de leurs conséquences. Nos résultats laissent imaginer que
la qualité de recrutement d’un parrain s’altère au cours du temps. La recommandation toucherait d’abord des relations proches (liens forts) pour s’adresser ensuite à des individus périphériques de la sphère d’influence d’un individu.
Le choix des individus auprès desquels s’exerce l’activité de parrainage a fait l’objet de résultats contrastés dans les recherches passées (Hinz & al., 2011). Les résultats obtenus sur la base
13
d’une campagne de marketing viral menée par un opérateur de téléphonie mobile établissent
que les individus au centre d’un réseau dense de relations (« hubs ») sont les plus susceptibles
d’activer leurs contacts et de générer de ce fait un grand nombre de filleuls. Toutefois, en prenant en compte les générations suivantes, il apparaît que ces individus « centraux » génèrent
une chaîne courte de recommandations et ont donc un domaine d’influence moins important
que des individus plus isolés et initialement jugés moins intéressants. Ce résultat souligne la
complexité liée au choix des individus à cibler dans le cadre d’une opération de parrainage,
puisqu’il conviendrait de prendre en compte le potentiel des individus mais également leur position dans leurs réseaux.
Sur le plan managérial, le coût d’acquisition d’un nouveau client est de plus en plus élevé et on
observe un net regain d’intérêt de la part des entreprises pour les modes de recrutement basés
sur la recommandation. C’est le cas pour certains secteurs, comme celui de la banque en ligne,
où ce mode de recrutement représente le premier canal d’acquisition de nouveaux clients. Il
constitue un moyen d’auto-sélection, sous-traité de fait, par les clients actuels. Les conséquences d’un tel phénomène peuvent être positives si on considère l’apprentissage et
l’appropriation entre pairs des règles de fonctionnement d’une proposition de service. Mais
elles peuvent être plus risquées pour l’entreprise du fait d’une homogénéisation croissante de la
clientèle et d’un épuisement du capital de recrutement à long terme. Enfin, les primes offertes
aux parrains (de l’ordre de 100 à 150 euros dans des dispositifs contractuels) témoignent du
fait que les entreprises y voient un moyen de recruter de « bons » clients. Ces dispositifs peuvent pourtant encourager des comportements opportunistes dont témoigne l’apparition du site
« lesparrains.com » qui propose à tout un chacun de trouver des parrains ou des filleuls.
Plusieurs pistes de recherche sont engagées afin de prolonger ce premier travail. Tout d’abord,
pour parvenir à une réelle intégration de la CRV à la valeur client, il est nécessaire de pouvoir
associer à chacun des clients l’historique commercial de ses éventuels filleuls. Ce chaînage in14
formatique engendre pour la plupart des entreprises des difficultés méthodologiques ainsi que
des complexités de calcul. Néanmoins, lorsque les bases filleuls et parrains peuvent être rapprochées, il convient d’analyser la valeur des filleuls au regard de celle des parrains, mais également le renforcement potentiel du comportement du parrain après son acte de parrainage.
L’analyse de l’historique d’achat des parrains ayant généré des filleuls étudiés est en cours.
Cette étude est l’occasion sur le plan méthodologique de compléter l’approche de la valeur
clients par d’autres métriques que la CLV en complément à celles utilisées pour cette recherche. Ensuite, il s’agirait de répliquer nos investigations dans un contexte non contractuel,
afin de pouvoir observer l’effet de ce mode de recrutement sur la propension à rester actif au
sein de l’entreprise, mais aussi sur les montants dépensés et la diversité des produits/services
achetés. Enfin, la prise en compte de données issues de mesures qualitatives permettrait de
mieux situer la portée de l’influence des mécaniques de parrainage par rapport à d’autres
sources d’influence (réseaux sociaux, communication TV…). Il s’agirait d’interroger les filleuls, par le biais d’entretiens ou de questionnaires, sur leur processus d’adhésion ainsi que sur
la relation qu’ils entretiennent avec leur parrain. Les travaux d’Helm & al. (2011) ouvrent des
pistes intéressantes en proposant d’intégrer le concept de sincérité perçue de la démarche dans
la mesure de l’efficacité des tels mécanismes. Nul doute qu’une phase d’analyse qualitative auprès d’adhérents du club étudié éclairera les résultats quantitatifs obtenus.
Bibliographie
Biyalogorsky E., Gerstner E. et Libai B. (2001), Customer referral management: optimal reward programs, Marketing Science, 20, 1, 82-95.
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18
Annexe 1. Bilan actualisé des recherches sur la recommandation et le parrainage (sur la base de celui de Kumar, Petersen et Leone,
2010)
Critères
1. Méthode de
calcul de la
CRV
2. Objectif de
l’article
3. Contribution
pour
la
recherche
en
marketing
Helm (2003)
Non applicable
Passage en revue de
trois
approches
pour calculer la
valeur
de
recommandation
Une
revue
de
littérature
exhaustive
4. Application
empirique
Non applicable
5.
Résultatsclés
Les trois modèles
discutés proposent
un ensemble de
déterminants et de
conséquences
du
BAO
Hogan, Lemon et
Libai (2003)
Hogan, Lemon et Libai
(2004)
Ryu et Feick (2007)
Kumar, Petersen et
Leone (2007)
Villanueva, Yoo et Hanssens
(2008)
Valeur perdue associée à l’attrition
d’un client
Proposer une méthode pour intégrer
les effets sociaux
dans la gestion de
clientèle
La valeur client ne
peut être calculée
de manière isolée
du fait des effets de
BAO
Une simulation sur
des données collectées sur le marché
de la banque en
ligne
Multiplication
de
l’efficacité publicitaire en
intégrant le BAO
Quantifier l’effet « cascade » de la publicité
Probabilité de recommander en fonction des
récompenses
Déterminer
l’efficacité
des récompenses dans
une stratégie de recrutement par parrainage
Valeur actualisée des
recommandations passées
Modèle VAR reliant le marketing,
le BAO et la CLV
Comparer les segmentations de clients basées sur
la CLV et sur la CRV
Etudier
l’impact
du
mode
d’acqusition (marketing vs. BAO)
sur la CLV du client
Les managers doivent
prendre en compte les
phénomènes de BAO
dans leur stratégie publicitaire.
Une
enquête
auprès
d’étudiants pour mesurer
la quantité de BAO après
leur dernière coupe de
cheveux
Montrer comment les
motivations extrinsèques
affectent le comportement
de recommandation
Calculer la CRV pour
chaque client
Proposer une approche permettant
de calculer les effets à court et long
terme du mode de recrutement
Une série de 4 expérimentations en laboratoire
étudie les effets de différentes récompenses sur
différents
types
de
clients.
Etude terrain auprès d’une société
Internet offrant un hébergement
gratuit (et se rémunérant essentiellement au travers de la publicité)
Mode de recrutement déclaré et
données de connexion des utilisateurs sur une période de 70 semaines
La valeur d’un
client perdu dépend
de l’étape dans le
cycle de vie du produit.
Le BAO généré après un
achat induit par la publicité peut être significatif
Offrir une récompense
augmente la probabilité
de recommandation, mais
le montant de celle-ci n’a
pas d’effet significatif.
Etude terrain auprès d’un
opérateur télécoms pour
calculer la CLV et la
CRV.
Expérimentation (campagnes marketing pendant une année) pour
mesurer
l’effet
d’incitations monétaires
sur la CLV et la CRV des
quatre groupes identifiés.
Les clients à CLV élevée
ne sont pas les mêmes
que ceux à CRV élevée.
Les contributions des clients diffèrent selon l’horizon temporel : si
les clients recrutés par marketing
sont plus rentables à court terme,
ce sont les clients recrutés par
BAO qui présentent la plus grande
CLV à long terme, puisqu’ils restent actifs plus longtemps
19
BAO = bouche-à-oreille, CLV = customer lifetime value, CRV = customer referral value
Critères
Kumar, Petersen et Leone (2010)
Hinz, Skiera, Barrot et
Becker (2011)
Schmitt, Skiera et Van
den Bulte (2011)
Helm, Garnefeld,
Kurze et Willach (2011)
1. Méthode de
calcul de la CRV
Prédire le comportement futur de recommandation
Non applicable
de
Ciblage optimal des clients dans le
cadre de campagnes de parrainage
Comparer l’efficacité de
différentes mécaniques de
parrainage
Comparer la CLV des clients selon
leur mode de recrutement et celui
de leur parrain
3.
Contribution
pour la recherche
en marketing
Déterminer les leviers comportementaux de la valeur de recommandation
Comparaison de la CLV
en fonction du mode de
recrutement
Comparer dans le temps
la marge et le taux de
rétention
de
clients
recrutés par marketing ou
par parrainage
Démontrer la valeur
supérieure des clients
recrutés par parrainage
Non applicable
2.
Objectif
l’article
Nombre
de
recommandations
réussies
Identifier la meilleure
stratégie
d’essaimage
pour engendrer de la
recommandation
Contribution
théorique
sur la perception du
parrain par le filleul
Tester
l’hypothèse
d’un
transmission « générationnelle » de
la qualité supérieure des filleuls
Identifier le meilleur moment de
parrainage dans le cycle de vie du
parrain
4.
Application
empirique
Une série d’expérimentations terrain
auprès d’une société de services financiers met en évidence la meilleure manière de cibler des clients pour des
campagnes de parrainage et de cross et
up-selling, ainsi que l’efficacité de
recourir aux déterminants de la CRV
dans le cadre de sélection de clients et
d’allocation de ressources
Sélectionner pour des campagnes de
parrainage des clients de CLV et CRV
variées en intégrant les leviers de la
CRV (ciblage dynamique)
Observation sur 33 mois
de la marge sur deux
ensembles de 10000
clients d’une banque,
recrutés pour moitié par
parrainage
Deux expérimentations
en laboratoire faisant
varier le montant de la
récompense, la force du
lien et l’expertise perçue
du parrain
Analyse
sur
dix
trimestres
d’activité de cohortes d’adhérents
d’un club de livres (N=34102)
Données quantitatives (chiffres
d’affaires et articles commandés) et
qualitatives (délai d’activation,
échange, paiement de la sélection
du trimestre)
La marge individuelle, la
rétention et la valeur
client sont supérieures
chez les clients recrutés
par parrainage.
Cet effet n’est pas uniforme pour tous les
clients.
Récompenser le parrain
de sa recommandation
réduit la sincérité perçue
de celui-ci, et ce, quelle
que soit la force du lien.
La sincérité perçue est un
médiateur important entre
les caractéristiques du
parrain et l’intention
d’achat du filleul.
Les filleuls de filleuls ne
présentent pas de CLV supérieure à
celle des filleuls issus de parrains
recrutés
par
les
approches
marketing classique. En revanche,
ces
deux
populations
sont
meilleures que des adhérents
recrutés par marketing.
Un parrainage précoce conduit à
recruter des filleuls plus actifs.
5. Résultats-clés
Recensement
des
résultats conflictuels sur
la meilleure stratégie
d’essaimage
Comparaison
par
expérimentation
des
différentes stratégies
Deux
études
terrain
auprès
d’étudiants
membres d’un réseau
social
Une étude terrain de
grande ampleur auprès
d’un
opérateur
de
téléphonie mobile
Cibler les "hubs" multiplie par deux la performance par rapport à un
envoi en aléatoire.
Notre étude
BAO = bouche-à-oreille, CLV = customer lifetime value, CRV = customer referral value
20
Annexe 2. Comportement d’achat au T3 2011 sur l’ensemble des populations étudiées
(N=34 102)
21
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