Le système fiscal marocain : une contrainte majeure à l’équilibre des finances publiques
ISSN : 2028-9324 Vol. 14 No. 3, Feb. 2016 826
2.1
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C’est un constat universel: dans les pays développés comme dans les PED, l’augmentation des dépenses publiques
s’explique par l’accroissement des dépenses sociales telles que dans les domaines de la santé, l’enseignement, le logement,
les infrastructures… Cet accroissement peut être dû aussi, comme l’avait expliqué, l’économiste Allemand Wagner à la
croissance du revenu national. Selon Wargner « l’intervention grandissante de l’Etat pour gérer organiser et promouvoir
l’activité économique, caractéristique d’un mouvement d’industrialisation et d’urbanisation s’est traduite par une
augmentation particulièrement rapide des dépenses publiques, parallèlement à l’accroissement du revenu national »
1
.
Quant à Peacock et Wiseman
2
, cet accroissement des dépenses publiques s’explique par les bouleversements
sociopolitiques, telles que les guerres qui facilitent l’acceptation par l’opinion publique de la création de nouvelles ressources
fiscales considérées auparavant comme intolérables. En effet, en temps de guerre par exemple, les contribuables se
soumettent plus facilement à une pression fiscale plus élevée qu’en période normale.
Pour les économistes de l’OCDE, les finances publiques connaissent par contre une expansion rapide même en temps de
paix.
En ce qui concerne les PED, comme l’explique Abderrafie HALONI
3
, à la suite d’une expansion des exportations, les
gouvernements sont tentés, par une politique d’investissement massif, afin de promouvoir le développement économique,
ce qui augmente le rythme de l’accroissement des dépenses publiques. Au cas où faute de débouchés, les recettes
d’exportations diminuent, les dépenses publiques continuent leur progression. Il faut dire que quelque soient les causes, les
différentes études s’accordent sur une croissance régulière et soutenue des dépenses publiques.
Au Maroc en particulier, l’analyse de la structure détaillée des dépenses publiques indique que ce sont surtout les
dépenses courantes qui constituent un enjeu majeur pour le budget marocain. Comme le montre le tableau 1, la masse
salariale et les dépenses de subventions aux produits de base (énergie et produits alimentaires) ont vu leur poids s’accroître
au cours des dernières années pour atteindre respectivement 13 % et 6,6 % du PIB en 2012.
Tableau 1 : évolution des dépenses publiques totales (en % du PIB)
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dépenses courantes 24,2 25,4 23,2 23,8 27,5 29,1 27, 3
Salaires et pensions 10,7 10,2 10,3 11,6 12,4 13,1 12,8
Biens et services et transferts 7,7 8,0 8,7 6,3 6,7 7,0 7,3
Paiements d’intérêts 3,1 2,6 2,4 2,3 2,3 2,4 2,5
Subventions 2,7 4,6 1,8 3,6 6,1 6,6 4,7
Dépenses en capital et acquisition
nette d’actifs non financiers
4,6 5,5 6,3 8,2 7,1 6,7 5,7
Dépenses totales 28,8 30,9 29,5 32,0 34,6 35,8 33,0
Source : Ministère de l’économie et des finances- FMI et élaboration de l’auteur
Aussi, d’après les analyses du FMI pour l’année 2014 « le Maroc affiche la masse salariale la plus élevée de la région
MENA ». A l’inverse, les dépenses en capital accusent un certain recul depuis 2010.
1
BIRD M.R. (1971). “Wargner’s law” of Expanding and state activity public finance.
2
Peacock A.T et Wiseman J. (1967). “The Grouth of public expenditure in United Kingdom” London ALLEN and UNIWIN.
3
HALONI Abderrafie (1986-1987). «Tendances à long terme de l’accroissement des dépenses publiques dans les PED », R.M.F.P.E n°2, Page
85.