Forum Autres voix…autres choix 24 février 2011 Fiche #5 Bâtir des alternatives DOIT-ON FAVORISER LA TARIFICATION ET LES TAXES PLUTÔT QUE L’IMPÔT SUR LE REVENU? Discours dominant Les Québécois sont les contribuables les plus imposés en Amérique du Nord. Pour de ne pas hypothéquer la compétitivité, la croissance économique et la création d’emplois, il n’y a d’autres choix que de se retourner vers les tarifs et les taxes à la consommation pour financer les services publics. L’impôt décourage le travail. Proposition Favoriser une fiscalité progressive basée principalement sur l’impôt sur le revenu, plutôt que sur des taxes et des tarifs régressifs. Éliminer la « taxe santé » et créer un 4 e palier d’imposition pour les revenus les plus élevés constituent des exemples de mesures fiscales visant à réduire les inégalités socioéconomiques, tout en assurant un financement adéquat des services publics et des programmes sociaux. n’ont aucunement réussi à renverser les inégalités. Les réductions d’impôts et les redressements des transferts fiscaux qui ont été décrétés dans la dernière décennie ont d’abord profité aux jeunes familles et aux citoyens les plus pauvres. Les contribuables les plus riches (ménages gagnant plus de 150 000 $) en ont aussi grandement profité, avec une baisse de plus de 7,5 points de leur contribution fiscale. Les contribuables de la classe moyenne (sans jeunes enfants) ont vu leur contribution fiscale réduite de façon moindre, soit de 5,7 %. Avec sa « révolution tarifaire », le gouvernement du 1- L’impôt sur le revenu favorise la répartition Québec veut encore faire porter le poids des prélève- de la richesse ments fiscaux sur la classe moyenne et les familles dont les revenus dépassent légèrement le seuil de la Dans les trente dernières années, le Québec a vu pauvreté. s’étendre le fossé entre les plus riches et la classe moyenne1. L’impôt sur le revenu a pu réduire cet écart Ainsi, quel serait le niveau de contribution sup- en partie. Mais depuis 1999, les réformes fiscales plémentaire pour une famille ayant un enfant à Forum Autres voix…autres choix l’université si le gouvernement ajustait les tarifs parmi les pays du G7. Au contraire, dans tous d’électricité et d’université à la moyenne cana- les cas présentés, si l’on tient compte de l’en- dienne et maintenait sa « taxe santé » ? semble des contributions fiscales et des trans- Famille gagnant 40 000$ par année: 11% de leurs revenus Famille gagnant plus de 195 000$ par année : 3,4% de leurs revenus.2 La « taxe santé » introduit une fiscalité à palier unique. Certains contribuables à très faibles revenus seront exemptés. Pour les autres, la con- ferts, la charge fiscale nette est invariablement sous la moyenne des pays du G7 et de l’OCDE.3 Les Québécois reçoivent pour 17,5 G$ de plus en services que les Ontariens pour seulement 7 G$ supplémentaires en impôts. C’est donc dire que le Québec offre, à relativement bas prix, plus de services à sa population. tribution demeure la même, peu importent les Le Québec se tire bien d’affaire dans le domaine revenus. de la compétitivité fiscale. Il applique un taux Opter pour la fiscalité progressive apparaît donc comme l’option la plus équitable pour financer les services publics et les programmes sociaux. 2- Rien ne prouve les effets négatifs des impôts sur l’économie d’imposition aux entreprises plus bas que celui des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni ainsi que du reste du Canada. Avec l’élimination de la taxe sur le capital et les baisses d’impôts octroyées par le gouvernement fédéral, le Québec peut récupérer des sommes importantes du côté de la fiscalité des entreprises. Invariablement, les promoteurs des augmentations de taxes et de tarifs répondent qu’elles constituent les ponctions fiscales les moins dommageables pour l’emploi et la croissance de l’économie. Pourtant, le débat entre spécialistes est loin d'être épuisé. L’Organisation de coopération et de développe- 1- Couturier, Eve-Lyne et Bertrand Schepper, Qui s’enrichit, qui s’appauvrit – 1976-2006, Montréal : IRIS, 2010. 2- Hurteau, Philippe et al. La révolution tarifaire au Québec, IRIS, Montréal, 2010. ment économique (OCDE) admet, après revue de la 3- Godbout, Luc, Suzy St-Cerny et Chantal Amiot. Année d’im- littérature, que les impacts négatifs des impôts sur position 2008 : Une charge fiscale nette plus faible et des im- l’emploi et sur l’investissement n’ont pas été claire- pôts sur le revenu plus élevés qu’ailleurs, est-ce possible?, ment démontrés. 3- Nous ne payons pas trop d’impôt Même si le Québec utilise davantage l’impôt sur le revenu que les autres pays du G7, sa charge fiscale nette en 2008 n’est jamais la plus élevée Université de Sherbrooke, 2010, p. 24.