79 Journal de l’Ordre des dentistes du Québec Volume 45 Février 2008
C’est en vertu de l’article 74.01 que des entreprises
sont condamnées chaque année pour avoir tenté
d’induire en erreur les consommateurs quant aux prix
auxquels elles offraient des marchandises.
Il est à noter qu’au paragraphe 6 de cet article
apparaît la prise en compte de l’impression générale :
«(6) Dans toute poursuite intentée en vertu du
présent article, pour déterminer si les indications
sont fausses ou trompeuses sur un point
important, il est tenu compte de l’impression
générale qu’elles donnent ainsi que leur sens
littéral»
Déjà en 1978, Québec s’était muni d’une Loi sur la
protection du consommateur46visant à protéger le
consommateur de telles fourberies. L’article 219
précise :
«Aucun commerçant, fabriquant ou publicitaire
ne peut, par quelque moyen que se soit, faire une
représentation fausse ou trompeuse à un
consommateur […] »
Il faut donc en déduire qu’un annonceur ne peut pas
faire de la publicité pour un produit s’il ne peut pas
le fournir aux conditions annoncées.
Visant à corriger l’impression que la publicité était
mensongère, le Code de déontologie des publi-
citaires canadiens mettait l’accent sur la véracité dès
l’article premier, qui est intitulé Véracité, Clarté et
Exactitude.47
C’est Ramonet qui disait dans le monde diploma-
tique en parlant de la publicité qu’elle était,
«Tentaculaire, étouffante, oppressive […] elle est
parvenue à investir […] l’art, la culture, la
science, l’éducation […] la recherche et
l’enseignement» 48
Aux États-Unis plus qu’ailleurs, les marchands
investissent en publicité pour décupler le désir chez
les pauvres comme chezles riches. Aussi, les
entrepreneurs nord-américains ne se privent-ils pas
pour stimuler les désirs : l’Amérique du Nord
dépense deux fois plus en publicité par habitant que
l’Europe : aux États-Unis, on investit près de 400$ par
habitant par année; en France, 160$ par habitant.49
La désuétude des objets est un autre aspect que la
publicité sait exploiter en convainquant le
consommateur que les objets ne sont plus adéquats,
qu’ils sont dépassés. Ils ne sont pas écartés parce
qu’ils sont usés ou brisés ; ils souffrent de
vieillissement psychologique, ne répondant tout
simplement plus à l’image que les consommateurs
se font d’eux-mêmes. Renouveler la valeur
symbolique des objets, c’est aussi à quoi sert la
publicité.50Cet avancé contribue à susciter un désir
bien que ce ne soit pas un besoin.
Àtitre d’exemple, touchant la médecine dentaire, il
faut voir l’appât que ce vieillissement psychologique
crée avec la publicité concernant le blanchiment des
dents.
•Motulsky
Comme deuxième consultant dans ce domaine de la
publicité, nous retrouverons le professeur Bernard
Motulsky51,qui s’empresse de nous dire que la
publicité est un processus de communication qui
englobe la formalisation et la transmission de
messages. Le processus publicitaire est étroitement
lié à l’acheminement de messages commandités et
il conclut que :
«Le coût de fabrication et de transport du
message publicitaire est en effet payé par
l’émetteur de ce message»52
La publicité est donc décrite comme une industrie
autonome de communication. Certains points ont
capté particulièrement notre attention dans le
contexte de cette présentation. En premier lieu,
certaines caractéristiques du produit annoncé
peuvent avoir un impact plus considérable chez le
consommateur.Les cosmétiques, parmi lesquels la
dentisterie cosmétique pourrait être classée, font la
preuve de l’efficacité de la publicité.
Motulsky prête beaucoup d’importance sur
l’information trompeuse qui est interdite par le
législateur; le problème fondamental repose sur sa
définition :
«Étant donné dit-il «[…] que la tromperie peut être
démontrée seulement dans une information
factuelle et univoque, il faut y reconnaître la
frontière entre les méthodes licites de persuasion
et les méthodes illicites. A partir du moment où le
message publicitaire ne contient pas
d’informations mensongères, il franchit déjà une
première étape dans son acceptation par la
collectivité. Les messages, pour être acceptables,
doivent donc éviter les énoncés manifestement
trompeurs […]»53
Dossier
La publicité professionnelle