Le Rachis - N° 2 - Mars-Avril 2012 5
Les tumeurs métastatiques de
la charnière cervico-thora-
cique peuvent être abordées
par des voies d’abord antérieure,
postérieure ou combinée.
Le choix de la technique est géné-
ralement déterminé par l’expé-
rience du chirurgien et ses préfé-
rences.
Il n’y a pas d’argument absolu
permettant de choisir la meil-
leure voie d’abord chirurgicale
dans chaque cas particulier.
Les facteurs qui permettent le
choix de la voie d’abord sont les
suivants : stabilité biomécanique
et équilibre rachidien ; facteurs
neurologiques, localisation de la
compression médullaire, type de
tumeur et objectif oncologique
(résection en bloc ou réduction
tumorale), expérience des chirur-
giens, pronostic de la pathologie
et préférence du patient.
D’une façon générale, les abords
antérieurs sont préférables si la
tumeur concerne principalement
les niveaux C6 C7, et si la position
du sternum permet la visualisation
de T1. De T1 à T3, les tumeurs
peuvent être abordées par voie
antérieure mais nécessité généra-
lement une section du sternum.
T2 à T4 sont facilement accessi-
bles par voie postérieure, en par-
ticulier si on réalise une résection
en bloc.
De façon habituelle, un abord
combiné antérieur et postérieur
est nécessaire pour les tumeurs de
la jonction cervico-dorsale, en
particulier si une laminectomie
doit être effectuée ou s’il y a plus
d’une localisation métastatique.
Nous traiterons des indications
des différentes voies d’abord pour
les tumeurs métastatiques de la
charnière cervico-dorsale, et des
critères décisionnels généraux.
moyenne de 78 mois post-opéra-
toires (46 à 144 mois).
Bien que le choix des patients
soit essentiel, et qu’il existe
incontestablement une courbe
d’apprentissage de ces techniques
de chirurgie très complexe, les
résultats positifs confirment la
faisabilité de la résection en bloc
de tumeurs jusque-là considérées
comme inextirpables.
Résultats du traitement
chirurgical des métastases
Le GSTSG est un groupe interna-
tional de chirurgiens de 6 centres
basés au Danemark, en France,
en Allemagne, en Italie, au Japon
et au Royaume-Uni. Le GSTSG a
mené une étude prospective sur
223 patients sur une période de
deux ans. Tous les patients ont été
traités chirurgicalement, les tech-
niques chirurgicales ont été clas-
sées en agressives ou palliatives.
Le diagnostic histologique de
métastase, d’origine épithéliale, a
été posé, et en post-opératoire les
oncologues ont traité médicale-
ment les patients avec des théra-
pies adjuvantes.
L’âge moyen était de 61 ans. 74%
des patients ont bénéficié d’une
chirurgie agressive (excision en
boc ou DEBULKING complet) ;
les autres patients ont eu une chi-
rurgie de décompression pallia-
tive a minima. En pré-opératoire,
92% des patients présentaient des
douleurs, 24% une paraparésie,
22% des troubles urinaires (50%
étaient incontinents).
Le cancer du sein, du rein, du
poumon et de la prostate repré-
sentait 75% des cancers en cause ;
dans 60% des cas, il existait des
métastases rachidiennes multiples
(TOMITA 6 ou 7).
La mortalité péri-opératoire (dans
les 30 jours suivants l’interven-
tion) a été de 5,8%.
En post-opératoire, pour l’ensem-
ble des patients, la douleur avait
été améliorée dans 72% des cas,
53% ont récupéré ou maintenu
une autonomie leur assurant l’in-
dépendance, 39% ont récupéré
des fonctions urinaires.
La moyenne de survie de la
cohorte était de 352 jours (11,7
mois) ; les patients ayant bénéficié
d’une chirurgie agressive ont sur-
vécu significativement plus long-
temps que les patients du groupe
palliatif (P = 0,003). De même,
l’amélioration fonctionnelle a été
plus importante chez les patients
ayant bénéficié d’une chirurgie
agressive. Le traitement chirurgi-
cal amélioré la qualité de vie, fai-
sant diminuer les douleurs, et en
maintenant ou améliorant l’auto-
nomie des patients, ainsi qu’en
améliorant le contrôle sphincté-
rien.
Ces données permettent de met-
tre en évidence l’amélioration de
la qualité de vie et la faible mor-
talité et morbidité de la chirurgie.
Conclusion
La résection des tumeurs métasta-
tiques ou des tumeurs du médias-
tin postérieur avec extension ver-
tébrale de la charnière cervico-
thoracique constitue une chirurgie
difficile, mais dont les résultats
sont très positifs chez la plupart
des patients lorsque la sélection
est faite de façon appropriée et la
technique chirurgicale adaptée.
De la sorte, les complications sont
limitées, de même que le risque
de récidive tumorale. Le résultat
pour la qualité de vie et l’espé-
rance de vie est très significatif.
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L’ABORD POSTÉRIEUR EST-IL LE GOLD STANDARD OU LA
RÉFÉRENCE DANS LE TRAITEMENT DES MÉTASTASES
CERVICO-DORSALES ?
POURQUOI ET QUAND EST-IL LE MIEUX INDIQUÉ ?
D. CHOI
THE NATIONAL HOSPITAL FOR NEUROLOGY AND NEUROSURGERY,
LONDON, UK
David Choi
Le traitement chirurgical de
l’instabilité du rachis cervi-
cal chez l’enfant est diffi-
cile, tant pour ce qui concerne
les indications que la technique
(taille corporelle), la résistance
de l’os et le choix du type d’os-
téosynthèse.
L’arthrodèse cervico-occipitale
chez l’enfant peut être indiquée
en cas de tumeur, de trauma-
tisme, de malformation cervicale
(syndrome de MORQUIO, syn-
drome de DOWN, dysplasie
osseuse).
Cas cliniques
Nous présentons 4 cas d’instabi-
lité occipito-cervicale traités
avec instrumentation.
CAS N° 1 : fillette de 7 ans, syn-
drome de DOWN, grave instabi-
lité cervicale avec signes neuro-
logiques,
CAS N° 2 : fillette de 11 ans,
invagination avec platybasie et
impression basilaire.
CAS N° 3 : fillette, dysplasie
spondylo-épiphysaire, sténose
cervicale et instabilité.
ARTHRODÈSE CERVICO-OCCIPITALE CHEZ L’ENFANT.
4 CAS DIFFICILES
G. PIATTELLI, A. ANDALORO
GASLINI CHILDREN HOSPITAL, GENOVA, ITALY
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Mazel C, Grunenwald D, Laudrin P, et
al. (2003) Radical excision in the mana-
gement of thoracic and cervicothoracic
tumours involving the spine results in a
series of 36 cases. Spine 28:782-92.