Notons qu’un corps de caractéristique pest un espace vectoriel sur Fp, et
s’il est fini il doit être de dimension finie, donc isomorphe à (Fp)ret d’ordre pr.
On a donc décrit tous les corps finis. Notons aussi :
Lemme 1.1.2. Un corps fini n’est jamais algébriquement clos.
Démonstration. Si K={x1, . . . , xm}alors le polynôme
P= (X−x1)· · · (X−xm)+1
n’a pas de racines dans K.
On notera Fpla clôture algébrique de Fp. On sait qu’elle existe et qu’elle
est unique à isomorphisme près. Lorsque x∈Fp, le corps Fp(x)est de di-
mension finie sur Fp, donc il est fini et c’est l’un des Fprpour un certain r.
On peut donc penser à Fpcomme à la réunion de tous les Fpr.
Voici enfin un petit résultat sur le groupe des matrices inversibles à coef-
ficients dans Fq, où q=pr.
Lemme 1.1.3. Le groupe GLn(Fq)est d’ordre (qn−1)(qn−q)(qn−q2)· · · (qn−
qn−1). Le sous-groupe des matrices triangulaires supérieures avec uniquement
des 1sur la diagonale est un p-sous-groupe de Sylow.
Démonstration. Voici une méthode pour construire une matrice inversible à
coefficients dans Fq: vous vérifierez que l’on obtient chaque matrice une fois
et une seule de cette façon.
On choisit d’abord le vecteur v1dont les coordonnées dans la base cano-
nique de Fn
qvont former la première ligne de la matrice. On le prend quel-
conque mais non-nul (sinon le déterminant s’annulerait), ce qui laisse qn−1
choix.
Puis on choisit v2tel que v1, v2soit libre, c’est-à-dire que v2ne doit pas
être sur la droite engendrée par v1qui comporte qéléments. Ceci laisse qn−q
choix.
Ainsi de suite, si v1, . . . , vkon été choisis, on prend vk+1 de sorte qu’il
n’appartienne pas à l’espace engendré par les autres vi, qui est de dimension k
par construction et possède donc qkéléments : qn−qkchoix s’offrent à nous.
On continue jusqu’à net le nombre de choix que l’on a eus est bien celui
annoncé.
Écrivons qn−qk=qk(qn−k−1) et remarquons que (qn−k−1) est premier
àp. On en déduit que l’ordre de GLn(Fq)est de la forme
q1+2+···+(n−1)m=qn(n−1)
2m
où mest premier à p. Un p-groupe de Sylow de ce groupe est alors un sous-
groupe d’ordre qn(n−1)
2.
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