COMMUNICATION INFIRMIÈRE - N° 115 - SEPTEMBRE - OCTOBRE 2012
4COMMUNICATION INFIRMIÈRE - N° 115 - SEPTEMBRE - OCTOBRE 2012 5
i n f o s s y n d i c a l e s & p r o f e s s i o n n e l l e s
Le 5 septembre 2012, un premier pas a, en effet,
été franchi conjointement par le Sniil et l’UNA. Une
rencontre qui a permis de dresser un constat : le rôle de
coordination de l’infirmière libérale à domicile est tota-
lement méconnu. Ou ignoré… Conséquence directe :
la majoration MCI s’appuyant sur la notion mal définie
de « coordination » (mais dont certains volets appar-
tiennent bien aux Ssiad et HAD), les structures n’ont
pas fait dans le détail. Réfutant tout en bloc. Refusant
de payer pour ce qu’ils revendiquent être les seuls à
faire. Et obtenant, par-dessus le marché, l’appui des
pouvoirs publics… puisque leur autorité de tutelle,
la Direction Générale de la Cohésion Sociale aurait
décidé de laisser traiter les dossiers litigieux au cas par
cas par les Agences Régionales de Santé. Bref, en clair,
demander un arbitrage ministériel, comme certains
l’ont fait, ne servira à rien… Mieux vaut continuer à se
battre pour faire reconnaître le travail de coordination
des infirmières libérales.
Et c’est ce que le Sniil fait et fera en participant au
groupe de travail constitué avec l’UNA sur le seul sujet
de la coordination infirmière (aussi bien en SSIAD/
HAD qu’en libéral). Un travail de fond, mais qui devra
être rapide car les infirmières libérales attendent. Une
action qui, toutefois, n’empêche pas de continuer à
constituer de solides dossiers juridiques sur les litiges
en cours. On ne sait jamais…
(1) L’UNA rassemble plus de 1200 structures (association loi 1901, Centres
Communaux ou intercommunaux d’Action Sociale, organismes mutualistes,
comités Croix Rouge) gérant elles-mêmes plusieurs types de services (aide à
domicile, aide aux familles, SSIAD, HAD…)
(2) Majoration de Coordination Infirmière, prévue dans l’avenant n°3 de la
nomenclature
(3) Cf. Communiqué de presse « Refus de paiement des nouvelles majorations
aux infirmières libérales : quand HAD et SSIAD rompent unilatéralement les
accords signés…. » du 28 juin 2012
Coordination : le mot est, aujourd’hui, au
cœur d’un conflit entre infirmières libérales et
structures de type Ssiad ou HAD. Mais aussi
au centre des discussions entamées en ce début du
mois de septembre 2012 entre le Sniil et l’UNA (Union
Nationale de l’Aide, des Soins, et des Services aux
Domiciles), premier acteur de l’aide à domicile en
France1. But : débloquer, au plus vite, une situation
devenue explosive…
Juin 2012, à Nontron, en Dordogne. Mais aussi
Dunkerque, dans le Pas-de-Calais, Besançon, dans
le Doubs. Ainsi qu’en Guadeloupe, Loire-Atlantique,
Hautes-Pyrénées… Bref, partout, en France. Les infir-
mières et infirmiers libéraux reçoivent coup de télé-
phone ou lettre des Ssiad ou HAD pour lesquels ils
interviennent. A chaque fois, la même rengaine :
« La MCI2, issue de l’avenant n°3, vise à mieux rému-
nérer le rôle des infirmières libérales dans certaines
prises en charge spécifiques, notamment en matière
de coordination. Dans la mesure où la coordination
est une des fonctions obligatoirement assumée par
l’HAD par le biais d’un personnel salarié dédié »…
« il n’est pas justifié de rémunérer en sus les infirmières
libérales intervenant dans ces structures pour cette
activité ». Bref, en trois phrases, sans débat ni informa-
tion préalable, les Idels sont mis devant le fait accom-
pli : aucun des Ssiad ou HAD ne paiera de Majoration
de Coordination Infirmière aux libéraux.
Aussitôt, le ton monte. Averti par ses adhérents et
cadres dès juin 2012, le Sniil réagit donc immédia-
tement3. Se sentant bien seul puisqu’aucun autre
syndicat infirmier libéral ne s’intéresse à la question...
Mais qu’importe ! Le Sniil a l’habitude des combats
d’avant-garde.
Avant l’été, il arrête donc sa position. Premier acte :
dénoncer la situation via un communiqué de presse.
Le ton est donné dès le titre : « Refus de paiement des
nouvelles majorations aux infirmières libérales : quand
HAD et SSIAD rompent unilatéralement les accords
signés…. ». Car oui, c’est bien de cela qu’il s’agit : les
relations entre Ssiad-HAD et Idels étant régies par des
conventions de droit privé stipulant, généralement,
que la rémunération des libérales s’effectue selon
la nomenclature des actes professionnels, les deux
majorations tarifaires MCI et MAU inscrites dans la
NGAP depuis le 27 mai 2012 doivent être appliquées.
Sinon, il y a rupture unilatéral de contrat...
Dans la foulée, le Sniil se met en ordre de bataille.
Appelant ses adhérents, mais également l’ensemble
des infirmières et infirmiers libéraux à suivre une ligne
de conduite précise : facturer l’ensemble des presta-
tions réalisées pour ces structures (MCI comprises) ;
puis, à réception de la lettre de refus de paiement des
MCI, mettre l’impayé en dette ; relancer, et se réserver
pour une action juridique. Enfin, envoyer une copie de
l’ensemble des documents (convention liant l’Idel au
Ssiad ou à l’HAD comprise) au siège du Sniil.
Mais ceci ne suffit pas. D’autant plus que l’Assurance
Maladie, pourtant totalement étrangère à ce conflit de
droit privé opposant infirmière libérales et structures,
prend, quand même, position. Affirmant dans un
courrier que « dans la mesure où les modalités
d’organisation de l’HAD et des Ssiad prévoient déjà
une coordination »… « il ne va pas de soi de rémuné-
rer en sus les infirmières libérales intervenant pour le
compte de ces structures »…
Loin de se décourager, le Sniil continue. Fidèle à son
éthique et conscient que le dialogue peut se révéler
aussi efficace (et surtout plus rapide !) que la tenue
d’actions en justice, le Sniil entame donc simultanément
une autre démarche : prendre contact avec différentes
fédérations ou instances nationales regroupant
Ssiad et/ou HAD (FNEHAD, FEHAP, UNA…).
But : obtenir des explications, comprendre la situation
et essayer de la débloquer.
Septembre 2012. L’été est fini. Mais le conflit entre
infirmières libérales et Ssiad-HAD à propos du refus
de paiement des MCI perdure. Pour autant, le dossier
avance. Non pas parce qu’un autre syndicat infirmier
libéral, la Fni, s’est, enfin !, réveillé, calquant son
opinion sur celle du Sniil… mais parce que le dialogue
n’est plus rompu entre représentant des Idels et des
structures.
Conflit Idel-Ssiad/HAD :
La MCI impayée… pour des questions de sémantique !
Premier syndicat à s’être mobilisé sur la question, le Sniil se prépare à agir en justice
tout en privilégiant le dialogue… généralement plus efficace et rapide !
COORDINATION : UN SEUL MOT, PLUSIEURS DÉFINITIONS…
Médico-sociale, de terrain, d’appui logistique, voire même verticale ou horizontale : la notion
de coordination est multiple. Profitant de ce flou artistique, les Ssiad et HAD ont tiré la
couverture à eux. Car, effectivement, ces structures font bien de la coordination : essentielle-
ment de management (ou verticale). Visant à gérer les interventions des différentes équipes
de professionnels autour du patient, mais aussi l’aspect médico-social, cette coordination
verticale se complète parfois d’une autre coordination, d’appui logistique celle-là : lors, par
exemple, des retours à domicile (commande et installation du lit médicalisé par exemple),
ou pour les prises de sang (transport des tubes vers le laboratoire d’analyse).
Reste que, pour le Sniil, l’infirmière libérale à domicile est aussi une professionnelle de la
coordination : clinique, cette fois, et qui s’effectue au chevet du patient. Une coordination
dite aussi « horizontale » qui vise alors à adapter le soin au domicile, dans l’environnement
familial, selon l’évolution de l’état du patient, en toute sécurité, de façon continue, et pour un
soin de qualité optimale. Un travail qui mérite reconnaissance… et qui, d’ailleurs, est reconnu
via la MCI. Cat cette majoration s’applique, selon l’avenant n°3, pour « valoriser le rôle dévolu
à l’infirmière en matière de coordination, de continuité, et l’environnement des soins »…