DU COMMERCE INTERNATIONAL Développement Durable

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2013
Numéro 2
Développement
durable
INFLUENCER, MAÎTRISER ET STIMULER LE COMMERCE
FORUM
DU COMMERCE INTERNATIONAL
DÉBLOQUER LA
CHAÎNE DE VALEUR
Engendrer la croissance économique
à travers l'Aide à l'investissement
Cultiver la
durabilité
L'Agriculture au cœur
du développement durable
UNE ÉCONOMIE
PLUS VERTE
FORUM
Numéro 2 2013 1
Saisir sa chance
dans
le commerce durable
La revue du Forum du
commerce international
est consacrée à la
promotion des échanges
et au développement
des exportations dans le
cadre des programmes
de coopération technique
de l’ITC avec les pays en
développement et les
économies en transition.
Editeur
Jarle Hetland
Elle paraît tous les trois
mois depuis 1964 en
français, anglais et
espagnol.
Traduction
Denise Nopper
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la version en ligne
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en développement)
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Centre du commerce
international
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1211 Genève 10
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f +41 22 733 4439
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'Forum du commerce
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international (ITC)
Avertissement
Les opinions exprimées
dans le Forum du
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aux auteurs des articles
et ne coïncident pas
forcément avec celles
de l’ITC, de l’ONU ou de
l’OMC. Les désignations
employées ne reflètent
pas l’expression d’un
quelconque jugement
de la part de l’ITC en ce
qui concerne le statut
juridique d’un pays, d’un
territoire, d’une ville,
d’une zone ou de leurs
autorités, les délimitations
des frontières ou limites
entre pays et territoire,
ou l’approbation d’une
société commerciale ou
d’un produit.
Éditeur
Le Centre du commerce
international est
l’agence conjointe de
l’Organisation mondiale
du commerce et des
Nations Unies.
06
Engendrer
la croissance à travers
l' Aide pour le commerce
26
Sensibilisation durable
à travers les arts
créatifs
LE MONDE EN BREF
L'ACTUALITÉ.................................................................................................................................................. 05
Engendrer la croissance à travers l' Aide pour le commerce....................................... 06
Pascal Lamy, Directeur général, Organisation mondiale du commerce
PLEINS FEUX SUR LES ENTREPRISES
autonomisation biologique dans une communauté zambienne ...................................28
Susanna Pak, ITC
L’ITC EN ACTION
Centre
du commerce
international
Trouver des solutions pour le climat dans les usines à thé au Kenya .................... 30
Aaban Ali Butt, ITC
La couture comme billet de sortie de la pauvreté pour les femmes ........................31
Nicki Chadwick, ITC
TRAVAILLER À L’ITC
L’ITC recrute des professionnels qualifiés dans
différents domaines de compétence.
Si vous souhaitez mettre vos compétences au
service de l’amélioration de la compétitivité à
l’exportation des économies en développement
et êtes motivés pour travailler au sein d’un
environnement international qui promeut la
diversité, veuillez consulter notre site d’offres
d’emploi qui est mis à jour chaque semaine:
www.intracen.org/about/jobs
2 FORUM Numéro 2 2013
NORMES DE DURABILITÉ DANS LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT .................................... 33
Oliver von Hagen, ITC
Stimuler les communautés à travers les possibilités d'exportation ....................... 36
Lilia Naas, Martin Labbe, Mehdi Chaker, Olivier Naray, ITC
Outils en ligne
OPPORTUNITÉS D'EXPORTATION DANS LE commerce durable ................................................ 38
Helen Lassen, ITC
06
De l'Aide pour le commerce à l'investissement
pour le commerce
Le Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, fait une
rétrospective du travail accompli et des défis qui se posent
pour le programme APC à l'avenir. © OMC/CIR
Engendrer la
croissance à travers
l' Aide pour le
commerce
14
UN commerce
durable pour une
économie verte
24
AGRICULTURE:
SEMER LES GRAINES
D'UN AVENIR DURABLE
30
Trouver des solutions
pour le climat dans les
usines à thé au Kenya
CHRONIQUES
Développement économique, réduction de la pauvreté et conservation de la biodiversité................................................................ 09
Dr Supachai Panitchpakdi, Secretaire général, CNUCED
FAVORISER le type approprié de commerce et d'investissement.............................................................................................................................. 12
Yurendra Basnett et Pedro Martins, Institut de développement d'Outre-mer
UN commerce durable pour une économie verte............................................................................................................................................................14
Achim Steiner, Programme des Nations Unies pour l’environnement
Le commerce et les défis du développement durable – Priorités en 2013 ...........................................................................................................16
Ricardo Meléndez-Ortiz, Centre international pour le commerce et le développement durable
Le VÉRITABLE marché mondial des capitaux........................................................................................................................................................................19
Peter Bakker, Conseil mondial des entreprises pour le développement durable
Le commerce peut-il changer les choses en Afrique? ............................................................................................................................................... 20
Carlos Lopes, Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique
Promouvoir l'esprit d'entreprise auprès des petits exploitants ougandais ................................................................................................. 22
Sean Paavo Krepp, Laboratoire d'applications de la Fondation Grameen
Préserver l'Afrique à travers le développement du leadership............................................................................................................................ 23
Ndidi Nwuneli, LEAP Africa
AGRICULTURE: SEMER les graines d'un avenir durable .................................................................................................................................................. 24
José Graziano da Silva, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Sensibilisation durable à travers les arts créatifs ................................................................................................................................................... 26
Nisha Agrawal, Oxfam Inde
CRÉER un tourisme durable à partir de la beauté naturelle infinie ................................................................................................................... 27
Sandra Elena Abreu Ortiz, Avia Export
FORUM Numéro 2 2013 3
message de
PATRICIA FRANCIS
Directrice exécutive, ITC
Au cours des sept dernières années, j'ai eu le privilège,
en tant que Directrice exécutive du Centre du commerce
international (ITC), de voyager dans le monde pour
promouvoir le commerce et le développement. J'ai vu des
pays, des entreprises et des personnes améliorer leur
compréhension du système de commerce mondial et
tirer parti des possibilités d'exportation. En Afrique, en
Asie et en Amérique latine, davantage de personnes sont
impliquées dans des chaînes de valeur mondiales qu'en
2006. Cela a été possible malgré la crise économique
mondiale qui a débuté en 2008 dans de nombreuses
régions dans le monde. Cependant, il est indéniable
qu'un grand nombre d'économies mettent plus d'accent
sur la création d'un commerce durable, alors que
nombreuses sont celles qui semblent ne pas se soucier
de l'empreinte laissée par le commerce dans leurs
sociétés.
Le développement durable en matière de commerce
reste un combat difficile qui n'est pas gagné d'avance.
Peu importe l'angle sous lequel on le regarde, le
commerce – et ses effets – laisseront inévitablement une
empreinte sur l'environnement. Et même si le commerce
a contribué à sortir des millions de personnes de la
pauvreté, il ne fait aucun doute qu'il y a eu également des
conséquences sur le plan social.
Bien sûr, cela ne signifie pas qu'il faille adopter une
approche 'laissez-faire' et ne rien faire au sujet des
effets négatifs du commerce. En fait, il est possible
d'atteindre une croissance du commerce dans les PED
(à l'instar des pays développés) tout en minimisant son
impact environnemental et social. Cela nous amène
au cœur de ce que nous faisons à l'ITC, et ce numéro
du Forum du commerce international présente une
partie de ce travail. Ces objectifs sont soutenus par le
Programme des Nations Unies pour l’environnement
(p. 14), la Commission économique des Nations Unies
pour l'Afrique (p. 20) et la Conférence des Nations Unies
sur le commerce et le développement (p. 9). Comme
l'a souligné Pascal Lamy, Directeur général de l'OMC,
le programme de l'Aide pour le commerce (APC) est
un autre outil dont l'objectif premier est d'atteindre un
développement durable (p. 6).
Or, nous avons pu observer dans les discussions au sujet
du climat et de l'environnement au cours des 10 dernières
années qu'un effort considérable a été fait pour défendre
des intérêts nationaux égoïstes. Et ce autant par les pays
développés que par les PED. De fait, la plupart des
citoyens à travers le monde voient ou expérimentent les
effets du changement climatique et reconnaissent qu'il
y a vraisemblablement un lien avec l'activité humaine.
Cependant, de nombreux dirigeants ne réussissent hélas
pas à résoudre ce problème grandissant.
Cela est déplorable, car ce sont eux qui détiennent la
clé d'un avenir beaucoup plus vert, un avenir durable
et qui voit évoluer main dans la main le commerce et le
développement.
Patricia Francis
Au moment où vous lirez ce numéro de Forum du commerce international, j'aurai quitté mes fonctions en tant
que Directrice exécutive du Centre du commerce international. Pendant les sept dernières années beaucoup de
choses ont été réalisées, et ce malgré les défis supplémentaires imposés à l'ITC et ses partenaires par la crise
économique mondiale. Alors que beaucoup reste à faire en matière de commerce et de développement, je suis
persuadée que nous sommes mieux préparés qu'il y a sept ans.
Je tiens à remercier toutes les personnes avec lesquelles j'ai travaillé durant mon mandat en tant que
Directrice exécutive pour le soutien que vous avez témoigné à l'ITC et pour votre aide afin de s'assurer que l'ITC
soit maintenant mieux positionné pour atteindre l'objectif des exportations pour un développement durable.
4 FORUM
4 2011
4 FORUM ISSUE
Numéro
2 2013
LE MONDE EN BREF
L’ACTUALITÉ
L'OMC désigne son prochain
Directeur général
Le Conseil général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a approuvé la désignation de M. l'Ambassadeur Roberto Carvalho
de Azevêdo (Brésil) comme prochain Directeur
général de l'organisation. Il prendra ses fonctions le 1er septembre 2013.
L'ambassadeur Azevêdo, diplomate brésilien, est le représentant permanent du Brésil
auprès de l'OMC et d'autres organisations internationales à Genève depuis 2008.
Après l'annonce, M. l'Ambassadeur Azevêdo a déclaré qu'il travaillerait avec les États
membres afin de rétablir le standing de l'OMC.
‘Je travaille avec cette organisation de manière
continue depuis 15 ans. Je l'ai vue dans de bien
meilleur jours. Je m'engage auprès de tous les
membres à travailler avec eux avec une détermination inébranlable et inconditionnelle en
vue de redonner à l'OMC le rôle et la prééminence qu'elle mérite et doit avoir.'
Le Directeur général de l'OMC, Pascal
Lamy, s’est engagé à travailler en étroite collaboration avec M. l’Ambassadeur Azevêdo pour
assurer une transition en douceur: 'J'aimerais
également féliciter chaleureusement M. l'Ambassadeur Azevêdo pour sa nomination et je lui
souhaite tout le meilleur dans sa préparation à
assumer ce poste. Il peut compter sur mon soutien ainsi que sur celui du Secrétariat... afin qu'il
puisse être opérationnel dès son entrée en fonction le 1er septembre.’
qualité. Dans six des dix pays considérés, plus de
60% des jeunes sont sans emploi ou ont des emplois de faible qualité, irréguliers ou mal payés,
souvent dans le secteur de l'économie informelle,
ou ne sont pas inclus dans la force de travail ni
dans l'éducation ou la formation. Au Libéria, au
Malawi et au Togo, ce chiffre dépasse 70%.
'Le gaspillage de potentiel économique
dans les PED est effarant. Pour un nombre
impressionnant de jeunes, cela consiste à dire
qu'un emploi n'est pas forcément un moyen de
subsistance', a déclaré Sara Elder, co-auteure
du rapport et chargée de recherche auprès du
Programme d'emploi des jeunes de l'OIT.
Le rapport traite des emplois atypiques,
de la sous-utilisation de la main-d'œuvre, de la
qualité de l'emploi, de la satisfaction de l'emploi
et de la transition des jeunes vers le marché de
l'emploi, entre autres.
Les donateurs s'engagent
à financer l'ITC à hauteur
de $E.-U. 35 millions
Les délégués participant à la 47ème réunion
annuelle du Groupe consultatif commun (GCC)
de l'ITC ont exprimé leur soutien au travail de
l'ITC en acceptant le Rapport annuel 2012 et en
s'engageant à verser plus de $E.-U. 35 millions
de fonds. La réunion du GCC s'est tenue les 6 et
7 mai 2013, sous la direction de S.E. Mme Karen
Pierce, Ambassadrice et représentante permanente du Royaume-Uni auprès de l'ONU et
d'autres organisations internationales à Genève.
‘Nous sommes heureux que les membres
soutiennent notre travail et le considèrent pertinent pour le développement de leurs propres
objectifs et pour leurs besoins. Avoir des informations précises de la part des membres sur
la stratégie et la mise en œuvre de notre programme de travail est essentiel pour le succès
du travail de l'ITC', a déclaré Mme Patricia
Francis, Directrice exécutive de l'ITC
L'Allemagne, l'Australie, le Canada, la
Chine, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la
Suède et la Suisse, pays donateurs, ont confirmé
leur contribution volontaire au fonds d'affectation
spéciale de l'ITC pour la période 2013 à 2017.
invités à répondre. L'exercice de suivi à l'échelle
mondiale a été lancé en octobre 2012.
Le 4ème Examen global a aussi traité des
réponses à une enquête effectuée auprès du
secteur privé, en particulier de sociétés engagées dans des chaînes de valeur de cinq secteurs spécifiques: agro-alimentaire, technologie
de l'information et de la communication, textile
et vêtement, tourisme et transport et logistique.
L'enquête vise à collecter des points de vue sur
les obstacles qui empêchent les sociétés de
certains PED d'intégrer les chaînes de valeur,
les actions qui pourraient aider ces entreprises
à intégrer les chaînes de valeur, évoluer au sein
de ces dernières et/ou les établir, et les mesures
que ces entreprises pourraient déjà avoir prises
afin de gérer ces contraintes.
L'initiative APC menée par l'OMC, lancée
en 2005, aide les PED, et particulièrement les
PMA, en matière de commerce. Elle encourage
les gouvernements des PED et les donateurs à
reconnaître le rôle que le commerce peut jouer
dans le développement. Elle cherche plus particulièrement à mobiliser les ressources afin
de gérer les contraintes relatives au commerce
identifiées par les PED et les PMA.
La Session de fond ECOSOC
2013 a eu lieu à Genève
La session de fond de l'ECOSOC a eu
lieu du 1er au 25 juillet au siège de l'ONU à
Genève. Les représentants des 54 gouvernements membres ont abordé des sujets tels que
la science, la technologie et l'innovation, ainsi
que le potentiel de la culture dans la promotion
du développement durable et dans l'accomplissement des OMD, l'état de l'économie mondiale
et ses répercussions sur l'accomplissement
du programme de développement de l'ONU;
emploi et travail décent; et l'avenir des affaires
humanitaires en termes d'une plus grande intégration, coordination et efficacité.
Le segment de haut niveau d'ECOSOC a
eu lieu au siège des Nations Unies à Genève du
1er au 4 juillet et était axé sur une large palette
Le rapport de l'OIT souligne
de thèmes au cœur du programme de déveles sombres perspectives
loppement de l'ONU. Parmi les participants se
pour les jeunes des PED
trouvent des responsables d'organisations de
l'ONU ainsi que d'autres organisations internaLes jeunes des PED sont plus susceptibles
tionales, chefs d’État, ministres, chefs d'entred'obtenir des emplois de faible qualité dans L'Examen global de l'APC
prise et experts techniques. Institué en 1946 aux
l'économie informelle que des emplois payant
a eu lieu à Genève
termes de la Charte fondatrice de l'ONU, l'ECOdes salaires corrects et offrant des avantages,
selon le rapport de OIT Tendances mondiales
Le 4ème Examen global de l'APC, ‘Relier les SOC se préoccupe des défis économiques, sodu marché de l'emploi des jeunes 2013 lequel chaînes de valeur', s'est tenu au siège de l'OMC ciaux et environnementaux auxquels le monde
montre que l'accès à l'éducation et à la forma- à Genève du 8 au 10 juillet 2013. L'accent a été est confronté. Le Conseil est responsable de
tion représentent les plus grands obstacles.
mis sur les résultats d'un exercice de suivi sur plus de 70% des ressources humaines et finanLe rapport montre que deux tiers des jeunes la base de questionnaires d'auto-évaluation cières de l'ensemble du système de l'ONU, dont
en âge de travailler dans certains PED sont soit au auxquels les Membres, gouvernements obser- 14 institutions spécialisées, neuf commissions
chômage soit coincés dans des emplois de faible vateurs et organisations observatrices ont été techniques et cinq commissions régionales.
FORUM Numéro 2 2013 5
LE MONDE EN BREF
ENGENDRER LA CROISSANCE
à travers l' Aide pour le commerce
Du 8 au 10 juillet, l'OMC a accueilli le 4ème Examen global de l'APC. En amont de ce qui sera son
dernier examen en tant que Directeur général de l'OMC avant de quitter ses fonctions au mois
d'août, Pascal Lamy fait une rétrospective du travail accompli et des défis qui se posent pour le
programme d''APC à l'avenir.
Pascal Lamy
Directeur général
Organisation mondiale du commerce
L
' ors de la Conférence ministérielle de
l'OMC qui s'est tenue à Hong Kong en
2005, une initiative avait été lancée en
vue de mettre en lumière le rôle essentiel que peuvent jouer l'assistance technique en
matière de commerce et la création de capacités pour le soutien à la croissance économique
dans les PED. Cette initiative était censée fournir également un forum dans lequel des sujets
liés au commerce et au développement pourraient être traités.
Ce qui finalement est devenu l'initiative APC
est né de la reconnaissante collective du fait que
les opportunités d'accès au marché pourraient
être plus efficaces dans les PED, en particulier
les plus pauvres, et qu'elles pourraient créer les
capacités en matière d'offre et d'infrastructure
liée au commerce nécessaires pour bénéficier
de ces opportunités de commerce. Il a été collectivement reconnu qu'en traitant des éléments
plus structurels à l'origine des capacités productives limitées, l'accès aux marchés pourrait être
économiquement plus significatif.
En 2006, un groupe de travail a été créé
afin d'élaborer des recommandations sur la
mise en œuvre de l'APC. Le rapport publié
par ce groupe de travail en 2006 inscrit l'APC
6 FORUM Numéro 2 2013
L' Aide pour le commerce facilite les affaires.
© OMC/CIR
PMA a augmenté de 94% par rapport aux bases exemple, comment une intervention particude référence, atteignant un total de $E.-U. 13,4 lière a mené à un impact précis. Cependant, les
nombreux témoignages ainsi que la recherche
milliards en 2011.
Depuis 2005, l'OMC s'efforce de renforcer connexe nous ont permis de monter un dossier
ses partenariats avec des banques multilaté- solide démontrant l'effet positif que l'APC peut
rales de développement, des agences de l'ONU, avoir sur le terrain dans les PED en rendant
des communautés économiques régionales et les affaires plus faciles à mener, en particudes gouvernements nationaux en vue de mobi- lier les affaires transfrontalières, ainsi que les
liser des ressources. À compter de 2007, plu- bénéfices économiques associés en matière
sieurs examens régionaux et sous-régionaux de de création d'emplois et de réduction de la paul'APC ont été effectués en Afrique, en Amérique vreté.
Lorsque l'ouverture au commerce a eu
dans un vaste programme de développement latine et dans les Caraïbes, au Moyen-Orient et
et établit une série de recommandations. Ces en Asie-Pacifique afin d'établir le bien-fondé de lieu, associée à des réformes réglementaires et
dernières comprennent le renforcement de l'intégration du commerce dans les stratégies de au soutien de l'APC, celle-ci a favorisé les invesl'évaluation des besoins à l'échelle nationale développement sur le plan national et régional. tissements internes et étrangers et stimulé la
et régionale, la garantie d'une réponse signifiUn exemple particulier et pratique d'APC croissance économique, ce qui a eu pour effet
cative des donateurs, la construction de 'ponts' est la COMESA, la CAE, la SADC, Corridor de réduire la pauvreté. L'exercice a démontré
entre les besoins et les réponses, et la garantie Nord-Sud qui s'est tenue à Lusaka, en Zambie, une corrélation positive entre l'APC et l'améliod'un suivi et d'une évaluation solides.
en 2009. La conférence a engendré plus de ration de la performance des exportations; il a
L'initiative APC s'est différenciée d'autres $E.-U. 1 milliard en promesses de financement également souligné l'importance de la propriémodèles internationaux en ce sens qu'elle par des partenaires de développement destinés té nationale pour atteindre des résultats.
Au cœur de ce progrès se trouve une meils'écarte du modèle classique de mobilisation à l'amélioration des infrastructures routières,
de ressources à travers un fonds centralisé, ferroviaires et maritimes ainsi qu'au soutien à leure intégration du commerce dans les strapour adopter une approche globale en s'ap- la mise en œuvre d'instruments de facilitation tégies de développement nationales et régiopuyant sur des cadres déjà existants et en les du commerce. Depuis, ces promesses ont été nales. Le contrôle par l'OCDE-OMC a montré
améliorant. L'OMC s'est employée à ajouter de traduites en actions; en 2011, les membres du que les pays partenaires ont plus de facilité à
la valeur à travers sa capacité de convocation, Corridor Nord-Sud étaient engagés dans la pré- énoncer, intégrer et communiquer leurs objecpermettant à des institutions bilatérales réu- paration, le financement et la construction de tifs et stratégies en lien avec le commerce.
C'est particulièrement le cas des PMA, qui
nissant donateurs et institutions financières de 1 295 km de routes.
ont fait des progrès mesurables avec l'aide du
mieux reconnaître le rôle joué par le commerce
Cadre intégré renforcé (CIR) – l'outil spécifique
dans les stratégies de développement. À travers Suivre la performance et montrer
de l'APC pour les PMA. Cela a un effet positif
le G8 et plus tard le G20, nous avons réguliè- des résultats
rement démontré le bien-fondé d'une APC plus L'OMC s'est associée à l'OCDE afin de contrô- sur l'adéquation de l'aide au développement
développée et mieux ciblée.
ler et évaluer les résultats, ce qui a permis aux besoins à l'échelle nationale. Depuis 2005
d'accorder une plus grande attention aux résul- une augmentation des stratégies nationales et
tats et aux répercussions. Montrer les résultats régionales d'APC a également été enregistrée,
Importante mobilisation de ressources
La mobilisation des ressources pour l'APC était le thème du 3ème Examen global de l'APC notamment dans les Caraïbes, le Pacifique et
depuis 2005. Les engagements ont atteint $E.- de 2011, lequel a été enrichi par un recueil de certaines régions d'Afrique. Ce mouvement
U. 48 milliards en 2010, une augmentation de témoignages soulignant le travail accompli par vers une meilleure identification et énonciation
des besoins et des priorités, y compris d'un
82% par rapport aux bases de référence de la l'APC et ce qui pourrait encore être amélioré.
période 2002-2005. Il est important de souligner
Une des difficultés dans l'évaluation des point de vue régional, est une des nombreuses
que l'augmentation de l'APC a un caractère ad- résultats consistait à démontrer l'attribution: par réussites du travail collectif entrepris par l'APC.
ditionnel et que la croissance de l'assistance au
commerce n'a pas été accomplie au détriment
d'autres secteurs. Le pourcentage de l'APC L'impact de l'APC sur la facilitation du commerce
alloué à des secteurs spécifiques demeure
constant depuis 2006, autour de 32%.
La crise financière mondiale a com- • En Éthiopie, grâce aux réformes en matière de douane, les importations et les exportations ont augmenté
d'environ 200% et les revenus de plus de 51%.
mencé à deployer ses effets négatifs sur les
ressources pour l'APC en 2011. Des chiffres • Au Burundi, les recettes fiscales ont augmenté d'un quart entre 2009 et 2010 en raison de l'aide à la
facilitation du commerce.
préliminaires montrent que les engagements
•
E
n Tunisie, les retards des cargos ont diminué d'une moyenne de 10 jours en 2003 à 3,3 jours en 2010, et
pour 2011 s'élèvent à $E.-U. 41,5 milliards, $E.-U.
50 000 emplois à plein-temps et 50 000 emplois à mi-temps ont été créés dans les entreprises participantes.
6,6 milliards de moins qu'en 2010. Cependant,
ces chiffres représentent une augmentation de • Au Cameroun, le délai entre l'enregistrement par les courtiers et l'évaluation par un agent a diminué
d'environ 75%, et les recettes par container ont augmenté de 11,7% en 2010, par rapport à 2009.
56% par rapport aux bases de référence de la
période 2002-2005.
• En Haïti, le délai pour les formalités douanières est passé de quatre jours à deux heures pour certains
produits qui remplissent les conditions du canal vert.
Depuis 2005, l'Afrique et l'Asie ont reçu environ 75% des flux de l'APC. Les engagements • Au Kirghizistan et au Tadjikistan, le nombre de formulaires d'exportation a été réduit de 60% depuis 2007.
Cela a réduit d'un jour le temps nécessaire pour faire venir un container de 20 pieds au port le plus proche.
pour d'autres régions ont aussi fortement augmenté au fil des ans. 30 % sont consacrés aux
pays à revenu faible. Le financement pour les Source: OCDE-OMC Aide pour le commerce en action (à paraître)
Nous devons trouver des nouvelles
manières de mieux intégrer
l'intervention du secteur privé dans le
programme de l'APC. En effet, le temps
est peut-être venu de se départir de
l'axe 'Aide pour le commerce' et
d'envisager plutôt un 'Investissement
pour le commerce'.
FORUM Numéro 2 2013 7
01Les petits
commerçants
participent de plus en
plus aux chaînes de
valeur mondiales.
© OMC/CIR
Regarder en avant
Au cours des derniers sept ans et demi, le programme de l'APC a revendiqué une place visible
dans le paysage commercial. Reste maintenant
à s'assurer qu'il s'adapte aux changements intervenus dans le contexte global de l'APC.
Demeure cependant un défi de taille: tirer
meilleur parti de l'assistance grandissante en
matière de commerce Sud-Sud. Nous devons
trouver des nouvelles manières de mieux intégrer l'intervention du secteur privé dans le programme de l'APC. Le temps est peut-être venu
de se départir de l'axe 'Aide pour le commerce'
et d'envisager plutôt un 'Investissement pour le
commerce'.
L'accent sur l'investissement se reflète
dans le dernier sondage effectué pour le 4ème
Examen global de l'APC qui aura lieu en juillet
2013. Une de ses principales conclusions est
que les PED, notamment les PMA, voient les
investissements étrangers et internes comme
une source importante de financement pour
le développement futur. Cela est confirmé par
le fait que les économies en développement
constituent plus de la moitié des flux d'investissement étranger direct et, en 2011, l'investissement étranger direct était plus important que le
flux de l'APC dans plus de 20 PMA. Grâce à ses
liens avec les PME, l'ITC a un rôle important
à jouer dans la promotion de l"Investissement
pour le commerce'.
Le commerce mondial se caractérise de
plus en plus par des transactions avec des
chaînes de valeur complexes et géographiquement dispersées, dont un grand nombre
est de nature intra-entreprise. L'expansion des
chaînes de valeur offre de nouvelles opportuni8 FORUM Numéro 2 2013
02Vers plus de
commerce de
meilleure qualité.
© OMC/CIR
01
02
tés à plusieurs PED, vu qu'ils se focalisent sur
la manière de tirer un profit équivalent d'une ou
plusieurs tâches dans la chaîne de valeur.
L'APC peut faciliter ce processus en gérant
les principales contraintes auxquelles les entreprises doivent faire face. C'est pourquoi l'Examen global de l'APC de 2013 sera axé sur 'Relier
les chaînes de valeur mondiales' et sur comment débloquer leur potentiel en tant qu'instruments de développement. Il sera important de
tirer des leçons de l'examen pour le prochain
programme de l'APC, en particulier en vue de
la Conférence ministérielle de l'OMC qui aura
lieu en décembre, à Bali, en Indonésie.
Le dernier exercice de suivi et évaluation
de l'OMC-OCDE, effectué en amont de l'Examen global, a enquêté auprès d'environ 700
entreprises et associations dans 120 pays et a
souligné plusieurs difficultés rencontrées par
les entreprises, en particulier les PME, pour intégrer les chaînes de valeur, évoluer au sein de
ces dernières, ou les établir. L'accès au financement du commerce, l'environnement réglementaire et commercial, les coûts de transport et
d'expédition – notamment ceux liés aux formalités douanières et aux infrastructures de transport et d'énergie – ainsi que les compétences et
la formation de la main-d’œuvre sont quelquesunes des difficultés identifiées.
L'intégration des objectifs du développement durable dans l'aide officielle au développement pourrait aussi demander une attention
particulière. Les 43 donateurs ayant participé
au sondage du dernier exercice de suivi de
l'OCDE s'attendent à ce qu'une plus grande attention soit accordée au changement climatique
et à une croissance verte. Le débat en cours sur
le programme de développement de l'après
2015 devrait stimuler ce processus.
Il en va de même pour le besoin de continuer à intégrer le développement axé sur l'égalité hommes-femmes dans les programmes et
projets de l'APC. Le Programme sur les femmes
et le commerce de l'ITC est un exemple concret
de la manière dont cet objectif peut être atteint.
Beaucoup a été fait depuis le lancement de
l'initiative APC en 2005. Plus de $E.-U. 200 milliards ont été mobilisés dans des engagements
et quelques $E.-U. 170 milliards ont été dépensés. Les PED intègrent de mieux en mieux le
commerce dans leurs stratégies de développement, l'APC les soutenant dans l'intégration
de leurs économies dans les chaînes de valeur
qui maintenant caractérisent le système mondial du commerce. L'APC a un rôle à jouer afin
d'atteindre ces objectifs; mais, elle aura un plus
grand impact si elle adopte un modèle axé plutôt sur ‘L'investissement pour le commerce' qui
cherche à déjouer les difficultés rencontrées
par les PED en relation aux les chaînes de valeur, et qui met l'accent sur les gains en matière
de développement durable et soutenu.
L'initiative APC a créé un Forum où commerce et développement peuvent se rencontrer.
Elle a placé la propriété, l'alignement et l'intégration comme les principes de l'assistance relative au commerce et a souligné le rôle à jouer
par le secteur privé en tant que partenaire clé.
APC – ou Investissement pour le commerce –
est une initiative menée par les PED et détenue
par les PED. J'espère qu'elle continuera à remplir son mandat à l'avenir en restant fermement
ancrée dans l'OMC tout en bénéficiant du soutien inestimable de l'ITC.
CHRONIQUE
développement économique,
réduction de la pauvreté
et conservation
de la biodiversité
conduire le commerce international peut favo- loppement centré sur l'humain, inclusif et duriser un processus de transformation écono- rable. La contribution potentielle du commerce
mique – à travers la production, la consomma- international au développement durable a égation et le commerce – socialement inclusive et lement été soulignée dans plusieurs accords
équitable, respectueuse de l'environnement et environnementaux multilatéraux et dans des
Dr Supachai Panitchpakdi
Secrétaire général
économiquement durable. En effet, les chiffres conventions sur les droits de l'homme.
de la CNUCED montrent que le commerce inConférence des Nations Unies sur le commerce
ternational est déjà responsable d'une grande Changements présents et futurs
et le développement
partie des revenus économiques des pays: il re- Les deux dernières décennies ont vu s'opérer
présente environ un cinquième de revenus dans des changements radicaux dans les secteurs
social, économique et environnemental. L'éconon 1987, la Commission mondiale sur les pays développés, et un tiers dans les PED.
l'environnement et le développement
Le rôle joué par le commerce international mie mondiale a connu une croissance d'environ
(Commission Brundtland) a défini le dans le développement a été reconnu par la 170%, la population de la planète est passé de 5 à
développement durable comme 'un CNUCED depuis sa création en 1964; il a été 7 milliards et le produit intérieur brut (PIB) par hadéveloppement qui répond aux besoins du réaffirmé plus récemment lors de la CNUCED bitant a doublé, passant de $E.-U. 4 500 à plus de
présent sans compromettre la capacité des gé- XIII (tenue en 2012), où les États membres ont $E.-U. 9 000. Tous ces changements ont conduit à
nérations futures de répondre à leurs propres adopté le mandat de Doha, lequel souligne que une augmentation dans la consommation par les
besoins'. Cependant, ce n'est qu'en 1992, lors la transformation économique initiée par la entreprises et la population, exerçant une presde la Conférence des Nations Unies sur l'envi- mondialisation devrait être axée sur un déve- sion supplémentaire sur l'environnement.
ronnement et le développement qui s'est tenue
à Rio de Janeiro, que cette définition a été introIntroduction au programme BioTrade de la CNUCED. © CNUCED
duite et partagée en tant que vision mondiale
du développement. Vingt ans après, lors de la
Conférence Rio+20, la communauté mondiale
a réaffirmé son engagement envers cette vision,
lequel a été traduit dans un document intitulé
L'avenir que nous voulons.
Le développement durable concerne avant
tout le développement humain pour la génération actuelle et pour les générations futures, à
travers un processus de transformation économique basé sur l'utilisation durable de l'environnement naturel. Le développement durable
repose sur trois dimensions inter liées – économique, sociale et environnementale – qui
devraient être promues de manière équilibrée.
Le commerce international et le développement durable sont intimement liés. Le commerce international sert de lien entre la production et la consommation aux niveaux local,
national, régional et mondial. La manière de
E
FORUM Numéro 2 2013 9
03
01Une approche
pratique de BioTrade.
© CNUCED
04Plannifier le prochain
produit BioTrade.
© CNUCED
02Un produit BioTrade
sent meilleur qu'un
autre produit?
© CNUCED
05Les activités
de BioTrade
ont bénéficié à
des milliers de
producteurs.
© CNUCED
03Le Dr Supachai
mène un débat sur
BioTrade. © CNUCED
01
02
Un défi majeur en termes de commerce serait donc la création de marchés
plus verts et durables, capables d'engendrer des revenus et des emplois et
d'améliorer la qualité et la disponibilité des services sociaux et d'infrastructure
tout en réorientant les activités économiques dans le but de réduire
l'épuisement des ressources naturelles et d'augmenter le niveau de confiance
dans des sources d'énergie à plus faible intensité en carbone.
Le changement climatique est une menace majeure qui devrait aggraver les problèmes déjà existants, tels que la désertification et la perte de la biodiversité. L'activité
humaine a augmenté la concentration de gaz à
effet de serre, ce qui a déjà provoqué un changement dans le climat. Selon les institutions
de recherche de pointe telles que le Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution
du climat, la température pourrait augmenter
de 2°C à 6°C d'ici à 2100. Le changement climatique aura un impact considérable sur l'environnement, l'économie et la société. La pénurie
grandissante de ressources naturelles – eau,
biodiversité, forêts tropicales, poissons, terres
cultivées ainsi que plusieurs métaux et minéraux – demande qu'une attention particulière
soit portée à une utilisation durable de ces
dernières. L'émission de polluants nocifs et persistants par l'activité minière, la production, les
travaux d'assainissement, l'énergie, les transports et l'agriculture reste un problème pour les
écosystèmes et la santé humaine.
10 FORUM Numéro 2 2013
Plus d'un milliard de personnes vivent encore dans une pauvreté extrême. Au vu de ces
défis sociaux persistants, l'accès à des services
de base tels qu'énergie, eau, logement, transports, communication, soins de santé et éducation doit être amélioré:
• Plus de 800 millions de personnes dans le
monde n'ont pas accès à de l'eau potable;
• Plus de 2,6 milliards de personnes manquent
d'installations sanitaires de base;
• Environ 70 millions d'enfants d'âge scolaire
ne sont pas scolarisés;
• Seulement 23% de la population des PMA ont
accès à l'électricité;
• Selon les estimations, seulement 31% de la
population des PED avaient accès à internet
en 2011.
La crise financière et économique de 2008
a mis en lumière le degré de la vulnérabilité économique à laquelle les pays sont exposés dans
une économie mondiale de plus en plus interdé-
04
pendante. La crise a provoqué la perte de huit
millions d'emplois dans le monde. Les prix des
matières premières – pétrole, denrées alimentaires et métaux – est devenu extrêmement volatile. Les mauvaises conditions économiques ont
augmenté le risque de troubles sociaux, tandis
que l'augmentation de la dette des pays développés a compromis le redressement économique.
Entre-temps, l'aide publique au développement
s'élève à 0,31% des revenus nationaux combinés
des pays développés, loin derrière l'objectif de
0,7% fixé par les Nations Unies; seulement cinq
pays donateurs ont atteint ou dépassé cet objectif. Les flux d'échanges commerciaux à l'échelle
internationale, qui avaient connu une croissance
constante depuis 2000, se sont réduits de plus
de 11% en termes de volume en 2009 en raison
du ralentissement de l'économie mondiale. Le
commerce mondial s'est redressé depuis, mais
l'inquiétude subsiste quand à la durabilité de ce
redressement, en particulier au vu des difficultés économiques de la zone euro.
Si l'on regarde en avant, la population mondiale devrait dépasser les 7 milliards actuels
pour atteindre 9 milliards en 2050. Près de 8
milliards de personnes vivront dans des pays
qui sont aujourd'hui en développement. La
croissance économique est donc nécessaire
afin d'atteindre un niveau plus élevé de production mondiale et répondre ainsi aux besoins
d'une population grandissante. En effet, le PIB
mondial devra s'accroître pour atteindre jusqu'à
trois fois les taux actuels en 2050, dont plus de
la moitié généré par les PED.
Cependant, la simple intensification des
méthodes de production actuelles pour faire
face à la croissance économique continue
n'est pas envisageable. Cette option ne ferait
qu'épuiser les ressources naturelles, détériorer
les écosystèmes naturels et accélérer le changement climatique. L'intensité de la croissance
économique en termes de combustibles fossiles et ressources naturelles doit être considérablement réduite afin de maintenir la viabilité
des systèmes naturels et environnementaux. Un
défi majeur en termes de commerce consisterait donc en la création de marchés plus verts
et durables, capables d'engendrer des revenus
et des emplois et d'améliorer la qualité et la
disponibilité des services sociaux et d'infrastructure tout en réorientant les activités économiques dans le but de réduire l'épuisement des
ressources naturelles et d'augmenter le niveau
de confiance dans des sources d'énergie à plus
faible intensité en carbone.
Le développement durable est une condition sine qua non. Or, il ne va pas de soi; il doit
être nourri, encouragé et règlementé. L'Initiative
BioTrade de la CNUCED (voir à droite) est un
exemple frappant d'initiatives qui peuvent être
créées pour aider les PED à atteindre deux
objectifs complémentaires: le commerce et le
développement durable. Le commerce peut
clairement jouer un rôle dans cette transformation, étant donné que les marchés sont de plus
en plus verts et favorisent des méthodes de production et de consommation basées sur la durabilité écologique et l'inclusion sociale.
Initiative BioTrade de la CNUCED
Depuis plusieurs années maintenant, la CNUCED
travaille dans le but de favoriser le développement
durable et le commerce. L'Initiative BioTrade en est
une illustration. BioTrade consiste en la collecte, la
production, la transformation et la commercialisation
de biens et services dérivés de la biodiversité
indigène (espèces et écosystèmes) conformément
aux critères de durabilité environnementale, sociale
et économique définis lors de la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le
développement de 1992.
La CNUCED a lancé l'Initiative BioTrade en 1996; elle
a reçu depuis le soutien des Gouvernements de la
Suisse (à travers le Secrétariat d’État à l’économie),
de l'Espagne, des Pays-Bas, de la Norvège, ainsi
que de la Fondation pour les Nations Unies (FNU)
à travers le Fonds des Nations Unies pour les
partenariats internationaux (FNUPI). L'Initiative
promeut l'usage commercial de la biodiversité selon
des critères de durabilité, contribuant ainsi à la
conservation des écosystèmes et à l'amélioration
des moyens de subsistance, surtout dans les PED.
Elle conjugue la conservation de la biodiversité
indigène dans les pays riches en biodiversité, d'une
part, et leur utilisation durable pour le commerce
international, d'autre part, sur la base de principes
et critères de BioTrade, établis conjointement
par la CNUCED et les partenaires et praticiens à
l'échelle nationale. Ces principes offrent un cadre
intégré pour atteindre les objectifs de conservation,
utilisation durable et partage juste et équitable des
profits, tels que reflétés dans la Convention sur le
commerce international des espèces de faune et
de flore sauvages menacées d'extinction (CITES),
résultat de Rio+20 et dans d'autres conventions
multilatérales en matière d'environnement relatives à
la biodiversité.
• Ingrédients et produits naturels pour produits
pharmaceutiques – extraits et infusions de plantes
médicinales, capsules de médicaments naturels;
• Espèces sauvages pour le commerce – à titre
d'exemple: espèces annexes II et III de la CITES,
y compris les produits à base de crocodile et
serpents, ainsi que les papillons;
• Fleurs et feuillages – heliconias et autres fleurs
tropicales;
• Artisanat – meubles, objets de décoration, bijoux
et vêtements;
• Tourisme durable – écotourisme, tourisme axé sur
la nature, observation d'oiseaux.
Dix-huit pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine
ont tiré profit des opportunités de commerce et
d'investissement offertes par l'Initiative BioTrade
de la CNUCED. Ces opportunités sont une source
potentielle d'emplois et de revenus, de diversification
des exportations et de développement rural
pour la population, les PME et les organisations
multinationales engagées dans ce secteur. En
2010, les activités de BioTrade ont bénéficié
directement à 38 000 collectionneurs, éleveurs,
chasseurs, agriculteurs et producteurs. Et plus
de 20 millions d'hectares étaient gérés par
des organisations bénéficiares travaillant dans
BioTrade. Le montant des ventes effectuées par les
organisations bénéficiaires de BioTrade s'élevait à
$E.-U. 2,3 milliards en 2011, montrant un taux de
croissance annuel de 14% par rapport à l'année
précédente. L'Initiative a travaillé en Europe et aux
États-Unis afin de faciliter l'importation de produits
et services BioTrade des PED. Depuis près de 20
ans, l'Initiative BioTrade améliore les moyens de
subsistance des communautés locales et rurales
des PED en générant des bénéfices non seulement
économiques, mais aussi environnementaux et
sociaux.
En tant que parties prenantes de cette initiative, la
CNUCED et ses partenaires, présentent des études,
préparent des lignes directrices et entreprennent
des activités de renforcement des capacités dans les
pays concernés. L'Initiative a élaboré des matériels
de formation ainsi qu'un cours d'enseignement
à distance sur BioTrade et la création de chaînes
de valeur. Elle a également organisé les Congrès
BioTrade International, plate-formes permettant aux
parties prenantes de BioTrade de partager leurs
expériences et établir une coopération dans la mise
en œuvre de pratiques durables en vue du 'passage
au vert' des secteurs de la biodiversité. La première a
eu lieu dans le cadre de Rio+20. L'Initiative BioTrade
a concentré ses efforts sur des biens et services
spécifiques à la biodiversité, notamment:
• Ingrédients et produits naturels pour cosmétiques – huiles essentielles, teintures naturelles,
savons, crèmes et beurres, hydratants;
• Ingrédients et produits naturels pour aliments –
fruits, céréales, tubercules, noix, cacao, produits à
base de poisson, confitures, sucreries et collations,
gelées, pulpes et jus, épices et sauces, thés et
infusions, compléments alimentaires;
05
FORUM Numéro 2 2013 11
CHRONIQUE
favoriser le type approprié
de commerce et d'investissement
de développement, L'après-2015: Une action
globale pour un avenir inclusif et durable,
Assistant de recherche
Assistant de recherche
souligne deux des principales faiblesses du
Institut de développement d'Outre-mer
cadre actuel, les Objectifs du Millénaire pour
le développement (OMD): (1) les instruments
(OMD 8) pour obtenir les résultats clé (OMD 1
à 7) restent largement insatisfaisants – certains
es expériences passées et présentes à la transformation structurelle de l'économie pourraient même être inappropriés – et, (2) en
montrent que le commerce internatio- interne. Parmi ces dernières se trouvent des po- mettant en avant les secteurs sociaux, le cadre
nal peut jouer un rôle clé dans l'accélé- litiques visant à augmenter le niveau de produc- néglige l'importance fondamentale d'améliorer
ration du développement économique tivité des économies (tout en créant des emplois les capacités productives des sociétés – un
et social. Le bilan des économies de l'Asie productifs), ce qui à son tour contribue à une impératif pour rehausser les niveaux de biende l'Est, en particulier, souligne l'importance augmentation durable du niveau de vie. L'im- être. Par conséquent, l'on peut contester la
de sa contribution à l'accomplissement d'une portance de ce processus de transformation durabilité des accomplissements des OMD.
croissance économique importante et durable. ne peut pas être surestimée, étant donné que Le dialogue mondial émergeant dans le cadre
Plusieurs de ces pays, auparavant des pays les pays les plus pauvres se caractérisent sou- de l'après-2015 devrait donc tirer des leçons de
pauvres en développement, sont devenus des vent par une dépendance à plusieurs niveaux: l'expérience des OMD tout en prenant en consipays à haut revenu en une seule génération. La matières premières, marchés d'exportation limi- dération le contexte économique et politique
rapide croissance économique stimulée par tés, aide extérieure et technologies. Surmonter mondial en constante évolution. Le futur cadre
le commerce dans les économies émergentes ces défis requiert d'importants changements devrait se fonder sur une vision transformatrice
telles que la Chine, le Brésil et l'Inde, vient aussi structuraux. Le commerce et l'investissement du développement – caractérisée par la nécesen appui à l'argument selon lequel le com- augmentent les opportunités commerciales, site de transformer les structures économiques
merce peut stimuler la croissance économique, poussent les processus de production à deve- et sociales – en vue d'assurer la voie du dévegénérer des emplois productifs et réduire les nir plus efficaces et fournissent des ressources loppement inclusif et durable.
Que peut-on faire alors pour augmenter le
niveaux de pauvreté. Même des PED plus financières et technologiques susceptibles
pauvres comme le Bangladesh, l’Éthiopie, Le d'augmenter les capacités productives. Or, les potentiel du commerce international et de l'inGhana et le Viet Nam ont enregistré récemment politiques en matière de commerce et d'inves- vestissement étranger?
de meilleurs résultats commerciaux.
tissement seules n'encouragent pas forcément
Ces expériences mettent également en évi- une transformation structurelle. Leur rôle doit Le rôle de l’État
dence une autre leçon importante: les politiques s'inscrire dans le cadre d'une stratégie de déve- Les capacités productives des économies
en matière de commerce (et d'investissement) loppement axée sur les transformations inter et pauvres restent faibles et sous-développées, ce
les plus efficaces sont celles qui ont contribué intrastructurelles de l'économie.
qui restreint leur capacité à bénéficier d'un marEn préparation du programme de déve- ché mondial en pleine expansion. La plupart
loppement de l'après-2015, le Rapport européen des politiques récentes sont axées sur une plus
Le futur cadre devrait se fonder sur
sur le développement 2013 a mis l'accent sur grande capacitation de ces économies en maune vision transformatrice du
trois moteurs internationaux du développement: tière d'offre, ce qui signifie en général produire
développement – caractérisée par la
le commerce et l'investissement, le financement les mêmes produits en plus grande quantité.
nécessite de transformer les
du développement et la migration. Le rapport L'on ne peut pas considérer cela comme étant
structures économiques et sociales –
de l'Institut de développement d'Outre-mer, du développement. Ce qu'il faudrait, c'est un
en vue d'assurer la voie du
du Centre européen de gestion des politiques changement dans le sens d'une augmentation
développement inclusif et durable.
de développement et de l'Institut allemand de la capacité de production, en particulier la
Yurendra Basnett
L
12 FORUM Numéro 2 2013
Pedro Martins
productivité, de ces économies. Cela comprendrait une transformation dynamique des avantages comparables existants.
L’État, avec ses nombreuses limites et ses
nombreux échecs, doit faire partie de la solution.
Des investissements publics stratégiques dans
l'infrastructure économique et dans les capacités de développement sont fondamentaux pour
nourrir un secteur privé en plein essor. De plus,
la technologie est essentielle afin d'augmenter
la productivité et d'assurer un environnement
durable. L'accent mis sur l'augmentation des
capacités de production, le rôle de l’État et de
la technologie sont largement absents du programme mondial de développement.
Gouvernance mondiale
La gouvernance des échanges commerciaux
mondiaux reste un monde hobbesien (anarchique), du moins vu depuis, disons, Kathmandu ou Maputo. Les Accords de l'OMC,
nonobstant leurs limitations, commençaient
à offrir une structure à ce chaos. Mais le processus est dans une impasse. Un monde sans
un cadre pragmatique multilatéral est susceptible de nuire aux économies les plus pauvres
et de les marginaliser davantage. Comparé
à des approches bilatérales et régionales, un
processus multilatéral peut être plus inclusif et
diluer les hiérarchies de pouvoir, tandis que ses
résultats présentent moins de risques de marginalisation des intérêts des économies petites et
vulnérables. Mais la valeur du multilatéralisme
réside davantage dans les problèmes qu'il résout que dans son discours. Ici, en raison de
la croyance dogmatique dans la 'libéralisation'
(qui peut être parfois instrumentale, mais pas
toujours), le multilatéralisme a souvent été incapable de résoudre des problèmes et de provoquer un changement.
Le monde dans lequel nous nous apprêtons à entrer sera défini par des changements
permanents dans l'économie mondiale. Ce qui
aura pour effet de réorienter le flux de biens et
services, que ce soit vers la production ou vers
la consommation. Au vu des constants changements, il serait futile de prédire à quoi il ressemblera. Ce qui est sûr, c'est que la plupart
des économies, au lieu de produire et vendre
les produits finaux comme par le passé, se
trouveront impliquées dans une chaîne de production. C'est peut-être une progression naturelle de la division mondiale des processus de
production, facilitée par la spécialisation et la
technologie.
Éléments clé de l'agenda de l'après-2015
Dans le Rapport européen sur le développement 2013, nous traitons de certains aspects
pratiques qui pourraient être pris en compte
dans le cadre de développement de l'après2015, dans le but de soutenir la diversification
économique et la transformation structurelle
dans les économies les plus pauvres. Parmi les
mesures clé que la communauté internationale
devrait envisager se trouvent:
• la promotion de secteurs d'exportation modernes en rendant les préférences commerciales plus efficaces – p. ex. en reformant les
règles d'origine, en s'attaquant aux obstacles
non tarifaires, et en dopant l'APC;
• la réduction de la vulnérabilité aux chocs
externes en développant des mécanismes
de réponse plus efficaces, par exemple en
réduisant la volatilité des prix des matières
premières et les facilités compensatoires afin
de minimiser les chocs de revenu;
• l'augmentation de l'impact de l'investissement
étranger à travers des politiques encourageant l'investissement dans les secteurs à
haut potentiel d'emplois et de croissance de
la production.
L'on ne peut pas attendre des successeurs
des OMD qu'ils résolvent tous les problèmes
de l'économie mondiale. Cependant, sans un
progrès considérable dans les domaines clé
de la coopération internationale – y compris le
commerce et l'investissement – la vision inclusive et durable adoptée par la Déclaration du
Millénaire resterait un rêve inatteignable. Ce
qui peut être fait concrètement dans le cadre
du débat sur l'après-2015, c'est stimuler un dialogue constructif en matière de politiques et
favoriser l'accomplissement d'un accord sur les
domaines essentiels. Entre le monde chaotique
hobbesien des intérêts égocentriques et le puissant Léviathan, il y a suffisamment de place
pour une action collective mondiale.
FORUM Numéro 2 2013 13
CHRONIQUE
nales devraient passer de $E.-U. 110 millions
en 2009 à $E.-U. 2,7 milliards vers 2020. Cette
augmentation annuelle pourrait créer plus de
250 000 nouveaux emplois au cours de la prochaine décennie, en particulier dans les régions les plus pauvres du pays.
Tandis que les plateaux andins affichent
les taux de pauvreté les plus élevés du pays, ils
possèdent certaines des plus importantes ressources fondées sur la biodiversité. Huancavelica, la région ayant le taux de pauvreté le plus
élevé du Pérou (77,9%), produit des ressources
toujours plus demandées dans les marchés
internationaux, telles que le kiwicha, le quinoa
et le tara. Les communautés d'Ayacucho, Puno
et Huánuco, possèdent des ressources fondées
sur la biodiversité présentant un potentiel pour
le développement du commerce biologique.
Cependant, l'extension des chaînes de valeur
mondiales à des zones rurales pauvres peut
être un moteur pour l'amélioration des moyens
de subsistance.
Afin d'aider le Pérou à atteindre ces objectifs, le PNUE procédera à une étude de son
secteur du commerce biologique en 2013-2014,
à la promotion du commerce de ces produits, le axée sur des chaînes de valeur spécifiques
Pérou a pu accéder à 2,3 milliards de consom- susceptibles d'être développées, la simplificamateurs dans plusieurs marchés importants tion réglementaire et la demande internationale
inexploitée dans des marchés clé d'exportation;
d'exportation.
Selon notre étude, près de 90% des entre- elle visera à rationaliser et à aider à prioriser
prises péruviennes orientées vers l'exportation l'intervention publique en soutien à ce secteur.
L'exportation de biens et services commerdans le secteur du commerce biologique sont
certifiées 'bio' ou 'commerce équitable', ou les ciaux a augmenté globalement en moyenne de
deux. Cela illustre bien la contribution du com- 5% par année entre 2000 et 2010 (OMC, Rapport
merce à l'économie verte. Dans un scénario sur le commerce mondial 2012). Dans les PED,
modèle où la production biologique péruvienne la contribution des exportations au PIB a été
orientée vers l'exportation augmenterait de 40% de plus en plus importante, alors que selon la
par année jusqu'en 2020, les ventes internatio- Banque mondiale, le commerce Sud-Sud à lui
UN COMMERCE
DURABLE
pour une
économie verte
Achim Steiner
Secrétaire général adjoint des Nations Unies
et Directeur exécutif
Programme des Nations Unies pour l’environnement
L
' initiative Pour une économie verte du
Programme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE) a travaillé
pendant plusieurs années avec plus
de 30 PED et PMA en les aidant à formuler et
mettre en œuvre des réformes en matière de
politiques et d'investissements qui catalysent la
transition vers une économie verte.
Nous avons constaté que tous les pays, peu
importe à quel niveau ils se trouvent sur l'échelle
de développement, sont capables de revigorer
des secteurs stratégiques de leurs économies
en 'verdissant' leurs processus de production et
en saisissant des opportunités commerciales
avec des produits et services conçus, produits,
livrés et consommés de manière durable. Cela
est particulièrement important pour les PED,
qui s'intègrent davantage dans le commerce international, en particulier à travers l'expansion
des chaînes de valeur mondiales.
Le biocommerce en est un exemple. Au
Pérou, le PNUE a montré en 2012 que les politiques de libéralisation du commerce mises en
œuvre dans un contexte plus élargi de stabilité
macroéconomique peuvent être associées à
l'élargissement de l'accès au marché pour les
228 entreprises exportatrices de produits issus
de la biodiversité locale. Grâce à la facilitation et
01
14 FORUM Numéro 2 2013
02
03
01La récolte du thé
au Népal.
© Himadri Palikhe
02La pêche artisanale
est plus durable
que le chalutage.
© Shutterstock
03Le secteur
manufacturier peut
aussi être vert.
© Shutterstock
04L'infrastructure
doit devenir plus
durable.
© Shutterstock
04
seul est responsable de 50% des exportations
des PED en 2010.
Or, la corrélation entre le développement
commercial, économique et social et la protection de l'environnement est extrêmement complexe, en particulier dans les PED et les économies émergentes. Cette complexité résulte en
partie du fait que ces pays exportent surtout des
produits issus de ressources naturelles et des
matières premières; il est donc urgent de diversifier leurs économies et adopter des pratiques
commerciales plus durables.
À cet effet, le PNUE a lancé le Projet sur
l'économie verte et sur les opportunités commerciales (GE-TOP). Ce projet a un triple objectif: (1) identifier les opportunités de commerce
associées à la transition vers une économie
verte; (2) identifier les politiques et mesures
pouvant servir de facilitateurs et permettre de
surmonter les difficultés de saisir les opportunités de commerce offertes par la transition
vers une économie verte; et (3) aider les gouvernements, le secteur privé et les autres parties
prenantes à renforcer la capacité de saisir des
opportunités de commerce durables au niveau
national, régional et international.
Le premier résultat clé du GE-TOP est le
rapport Économie verte et commerce – tendances, défis et opportunités, qui analyse le
rôle du commerce vis-à-vis de l'économie verte
et du développement durable. Ce rapport analyse les opportunités de commerce dans six
secteurs économiques – l’agriculture, la pêche
et l'aquaculture, les forêts, le secteur manufacturier, celui des énergies renouvelables et le
tourisme – où le commerce durable peut avoir
un effet positif sur la compétitivité économique,
l'efficacité des ressources et la durabilité dans
les domaines social et environnemental.
Le rapport souligne que l'intégration de
produits et services verts dans les marchés
internationaux peut fortement inciter les producteurs et fournisseurs de services à passer
au vert, alors que des politiques et stratégies en
faveur d'une économie verte peuvent générer
de nouveaux marchés pour des biens et services durables.
Il confirme en outre qu'en termes absolus,
le commerce de produits certifiés en matière de
durabilité tels que les biens et services environnementaux est en augmentation. Alors que ce
commerce ne représente qu'une petite partie du
commerce mondial, ces marchés évoluent plus
rapidement que les marchés conventionnels.
Grâce à une plus grande sensibilisation des
consommateurs et à des modèles de production
et de consommation respectueux de l'environnement, les pratiques commerciales durables
ont le potentiel d'améliorer les problèmes environnementaux et sociaux les plus urgents et,
dans certains cas, offrent aux PED un avantage
compétitif en termes de gains économiques.
Le rapport du PNUE montre que la création
d'incitatifs économiques pour la mise en œuvre
de normes en matière de durabilité et de traçabilité qui permettra le suivi des produits depuis
la source jusqu'au consommateur favorise le
commerce durable. Permettre un partenariat
effectif entre les chaînes d'approvisionnement
et les exportateurs internationaux peut bénéficier particulièrement aux petits producteurs et
favoriser le développement d'une chaîne d'approvisionnement durable, comprenant le stockage, l'emballage et le transport. En outre, le
renforcement des institutions nationales et des
cadres réglementaires peut aider à soutenir ces
activités de l'économie verte et stimuler d'autres
initiatives.
Au vu de l'intensification du commerce
international au cours des 20 dernières années,
le travail entrepris par le PNUE afin d'identifier
les tendances, les défis et les opportunités associés au commerce durable est essentiel pour
aider les pays à améliorer leur bien-être économique, social et environnemental et à les placer
dans une position plus avantageuse en vue de
la transition vers une économie verte.
Pour plus d'informations sur GE-TOP ou pour télécharger le
rapport, allez sur www.unep.org/french/greeneconomy/
FORUM Numéro 2 2013 15
CHRONIQUE
LE COMMERCE ET LES DÉFIS
du développement durable
Ricardo Meléndez-Ortiz
Directeur exécutif
Centre international pour le commerce
et le développement durable (CICDD)
Toute discussion autour de cadres
politiques en matière d'économie
mondiale, que ce soit pour
l'investissement ou le commerce,
devrait avoir pour priorité la
recherche d'une économie prospère et
à faible émission de carbone.
16 FORUM Numéro 2 2013
L
e monde se dirige vers un nouveau
cadre global pour le développement durable: une nouvelle série d'objectifs en
matière de développement durable ont
été établis lors de la Conférence de l'ONU sur le
développement durable (Rio+20) en juin 2012.
La convention est basée sur la vision pour 'L'avenir que nous voulons'. Sa viabilité comporte la
recherche d'un niveau plus élevé de bien-être à
travers la réduction de la pauvreté tout en évitant de compromettre les systèmes de survie de
la Terre. Dans ce but, elle doit être fondée sur
les OMD de l'ONU, censés être atteints avant
2015. Cependant, le développement durable
de l'après-2015 devrait également viser des
domaines tels que le climat, la biodiversité terrestre et maritime, les cycles de nitrogène et de
phosphore, la couche d'ozone stratosphérique,
l'eau potable, les terres saines et productives et
l'évitement de la pollution chimique, l'acidification des océans et la concentration excessive
d'aérosols dans l'atmosphère.
Afin de répondre de manière efficace à ce
défi, un monde interdépendant nécessite une
compréhension approfondie du rôle joué par le
commerce en tant que connecteur et catalyseur
de l'économie mondiale et du développement
durable dans les différents pays. Nous savons
que l'intégration dans les marchés mondiaux
à travers les chaînes de valeur n'est pas suffisante pour susciter des opportunités de développement.
Pour que le commerce mène à l'équité et
à la durabilité, il est impératif que les politiques
nationales et les cadres internationaux sensibles soit cojugués avec les dimensions inter
liées de la croissance économique, du bien-être
social et de la durabilité environnementale.
Cela peut paraître inatteignable, mais en
fait le monde a déjà commencé à construire
les échafaudages réglementaires et la compréhension scientifique nécessaires à rendre
cela possible. De nombreux efforts sont faits
en vue de surmonter les obstacles environnementaux et de rendre les chaînes de valeur
plus durables et respectueuses des ressources
dans le domaine de l'agriculture, de la production de biens de consommation et de produits
provenant de ressources naturelles. C'est une
bonne nouvelle, mais encore largement insuffisante; les efforts fournis doivent être priorisés.
Martin Wolf, commentateur économique en
chef du Financial Times, écrivait le 14 mai 2013:
'Léguer une planète en plein chaos climatique
est une inquiétude majeure. Il n'y a pas d'autres
endroits où aller et il n'est pas possible de redémarrer le système climatique de la planète. Si
nous devions examiner les finances publiques
d'un point de vue prudentiel, il faudrait sûrement
examiner d'un point de vue prudentiel quelque
chose d'irréversible et nettement plus coûteux.'
En fait, nous approchons l'irréversible. En
mai 2013, pour la première fois en cinq millions
d'années, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère a dépassé les
400 parts par million (ppm), niveau considéré
par les scientifiques comme critique par rapport au maintien de la température globale à
des niveaux nécessaires au maintien de la vie.
Cela devrait servir de signal d'alarme pour
nous tous. Toute discussion autour de cadres
politiques en matière d'économie mondiale,
que ce soit pour l'investissement ou le commerce, devrait avoir pour priorité la recherche
d'une économie prospère et à faible émission
de carbone. Pour ce faire, l'accent doit être mis
pétition et la consolidation agressives typiques
de toute nouvelle industrie, la surproduction,
les tensions commerciales et les changements
de politiques; tout cela en plein boom de l'extraction de gaz et de pétrole de sources non
conventionnelles. Or, jusqu'à 70% du nouveau
potentiel énergétique devrait provenir des énergies renouvelables d'ici à 2030.
Afin de stabiliser l'augmentation des températures d'ici à 2020, les émissions doivent être
limitées. Selon les dernières analyses figurant
dans le rapport Combler l'écart en matière de
réduction des émissions du PNUE, l'on estime
qu'il y aurait un écart considérable de l'équivalent de 5 à 9 gigatonnes de CO2 (GtCO2e) entre
les promesses les plus ambitieuses de réduction et les objectifs fixés par les scientifiques.
Le tableau (ci-dessous) illustre le potentiel
de réduction des émissions de gaz à travers des
réductions dans plusieurs secteurs liées à l'activité économique et au commerce. L'importance
de remplacer les sources d'énergie à haute
teneur en carbone par des sources à faible
consommation de carbone dans les secteurs
de l'énergie, industrie, transports, gestion des
déchets et construction est indéniable.
Croissance et développement
axés sur l'énergie
Le défi en termes d'atténuation du changement
climatique est de taille, vu le niveau de consommation d'énergie fossile par habitant dans les
pays membres de l'OCDE. Ce défi devient d'autant plus intimidant lorsqu'il est doublé d'une
augmentation rapide de la demande en énergie, résultat de l'augmentation des modèles de
Potentiel de réduction des 'émissions' par secteur
richesse et de consommation dans les économies en croissance rapide telles que la Chine et
l'Inde. En même temps, le monde est confronté Total mondial des émissions de gaz à effet de serre (GtCO2/année)
à un besoin impératif de fournir l'accès à l'énergie à des millions de personnes dans les zones
pauvres, principalement en Afrique et en Asie
Statu quo «business as usual»
du Sud-Est, afin de combler les besoins essen56 GtCO2 (55 – 59)
tiels à la survie tels que la cuisine et l'éclairage. 55
Combler ces besoins d'une manière qui
ne porte pas atteinte au climat de la planète
demande une réorientation des combustibles
fossiles vers des sources d'énergie propres, tout
en rendant plus efficace l'utilisation des combustibles fossiles. Actuellement, la combustion de
combustibles fossiles représente 90% des émissions totales de CO2 (à l'exception des feux de
forêt et de l'utilisation de bois de chauffe).
Le Rapport 2012 sur les tendances des 50
émissions de CO2 à l'échelle mondiale de
l'Agence nééerlandaise d'évaluation environnementale montre qu'en 2011 la demande en
énergie au niveau mondial a augmenté de 2,5%,
ce qui correspond à la croissance moyenne
de la dernière décennie. La consommation de
combustibles fossiles tels que le pétrole, le
charbon et le gaz naturel a continué de croître,
enregistrant une augmentation de 2,9% pour le
pétrole, 5,4% pour le charbon et 2,2% pour le 45
gaz naturel en 2011. Seule la consommation de
charbon a représenté 30,3% de la consommation mondiale d'énergie, le pourcentage le plus
Estimation moyenne du niveau
élevé depuis 1969. Alors que l'on enregistre une
compatible avec 2°C:
évolution rapide des investissements en éner44 GtCO2 (41 – 46)
gies renouvelables, celles-ci ne représentent
encore qu'une petite portion de l'ensemble
des énergies. Selon Bloomberg New Energy
Finance, qui surveille de près les investisse40
ments dans ce secteur, les énergies renouvelables ont rencontré récemment des difficultés
2010
2020
Temps (années)
dues à un ensemble de facteurs dont la com-
Barre des 2°C
Secteur énergétique
(2,2 – 3,9 GtCO2)
Industrie
(1,5 – 4,6 GtCO2)
17 GtCO2e (14-20)
sur le besoin de s'attaquer à la plus importante
source d'émission de gaz à effet de serre – l'approvisionnement énergétique – d'autant plus
que l'énergie est le principal moteur de l'activité
économique dans le monde.
Transports terrestres
(1,4 – 2,0 GtCO2)
Transports aériens et maritimes
(0,3 – 0,5 GtCO2)
Construction
(1,4 – 2,9 GtCO2)
Traitement des déchets
(environ 0,8 GtCO2)
Industrie forestière
(1,3 – 4,2 GtCO2)
Agriculture
(1,1 – 4,3 GtCO2)
Source: Combler l'écart en matière de
réduction des émissions. Programme des
Nations Unies pour l’environnement (2011)
FORUM Numéro 2 2013 17
Le commerce dans une économie à faible
consommation de carbone
La transition vers un avenir sobre en carbone
ne se fera pas sans la construction d'un cadre
solide et l'adoption de politiques réglementaires
à l'échelle nationale et internationale. Cela influencera les prix, l'allocation des ressources
dans les secteurs privé et public ainsi que les
décisions en matière de consommation. L'innovation et le déploiement de technologies à haut
rendement basées sur les énergies propres seraient donc encouragés, en lieu et place de l'utilisation de combustibles fossiles. Un cadre réglementaire idéal comprendrait la réforme des
subsides pour les combustibles fossiles, qui
représentent des dépenses considérables pour
réduire artificiellement le prix du charbon, du kérosène et de l'essence fixant ainsi des règles de
jeu non équitables pour les énergies de sources
propres telles que l'énergie solaire et éolienne.
Selon les chiffres de l'OCDE et de l'Initiative
mondiale sur les subventions (GSI), le montant
des subsides pour les combustibles fossiles,
qui servent de mesure contraire à l'incitation
aux réformes, demeurent autour de $E.-U. 600
milliards chaque année, trois fois le montant alloué aux solutions énergétiques propres.
Les politiques et le cadre réglementaire en
matière de commerce auront un rôle important
à jouer dans toutes les politiques et cadres pour
l'atténuation des changements climatiques.
D'une part, l'énergie revêt une importance
spéciale. Tout en étant un produit commercialisable comme d'autres produits et services,
l'énergie est essentielle aux produits et services
agricoles et industriels. Compte tenu du caractère transfrontalier des politiques commerciales, celles-ci agissent autant comme barrières que comme moteurs pour les produits,
technologies et services à base d'énergies
propres. Les biens destinés à l'énergie propre
(par exemple les pièces et composants d'installations éoliennes ou solaires) sont produits de
plus en plus fréquemment à travers des accords
complexes régissant les tâches, les services,
les produits intermédiaires, les investissements
et la propriété intellectuelle conclus entre les
entreprises situées dans différentes juridictions et organisées autour de chaînes de valeur
régionales ou mondiales. S'attaquer aux barrières au commerce – des droits aux normes ou
politiques au-délà des frontières (par exemple
les subsides ou exigences de contenu local) –
permettrait aux entreprises d'optimiser la rentabilité de leurs chaînes de valeur mondiales,
contribuant ainsi de manière considérable à
encourager le besoin d'augmenter l'utilisation
d'énergies propres à l'échelle mondiale.
Des règles bien charpentées et transparentes en matière de commerce, en particulier
les règles multilatérales adoptées dans des
18 FORUM Numéro 2 2013
accords de l'OMC devraient aussi fournir une
plus grande prévisibilité aux acteurs du secteur privé des énergies propres, encouragent
des investissements plus importants. Cela est
essentiel, vu qu'il est largement reconnu que la
plupart des ressources et investissements nécessaires à faciliter la transition vers un avenir
énergique propre devraient provenir des marchés. Des règles plus transparentes permettront également aux gouvernements de décider
jusqu'où ils peuvent aller sur leurs fronts politiques pour favoriser l'utilisation des énergies
propres. Ces politiques peuvent être introduites
en vue de répondre au changement climatique,
et d'atteindre d'autres objectifs internes, tels
qu'assurer la croissance économique, augmenter la compétitivité, favoriser le développement
industriel, créer des emplois et augmenter la
sécurité énergétique. Ces objectifs sont parfois
en concurrence avec le besoin, et souvent l'exigence d'accords commerciaux garantissant
l'accès non discriminatoire à l'importation de
technologies énergétiques propres de partenaires commerciaux d'un pays donné.
D'un autre côté, un manque de clarté dans
les règles commerciales pourrait provoquer
des tensions entre les politiques internes en
matière d'énergies propres et les obligations
découlant de la loi sur le commerce. Un tel
manque de clarté peut provoquer des tensions
commerciales entre pays, comme dans les cas
soumis à l'Organe de règlement des différends
de l'OMC, tels que l'affaire de l'Ontario sur le
tarif de subventionnement (Canada contre le
Japon et l'UE); la plainte de la Chine contre des
incitatifs aux solaires photovoltaïques à contenu local et les mesures y relatives dans l'UE;
et la plainte des États-Unis d'Amérique contre
les mesures de contenu local prises par l'Inde
dans le secteur solaire photovoltaïque. Des frictions commerciales ont également poussé certains pays à envisager de prendre des mesures
antidumping et compensatoires, comme par
exemple les États-Unis et l'UE contre les panneaux solaires chinois, et la Chine au sujet des
importations de polysillicium par l'UE.
Dans la perspective de l'OMC, le système
commercial multilatéral pourrait jouer un rôle
plus important en vue de faciliter une utilisation
à plus grande échelle des technologies énergétiques propres:
• Définir des mesures qui limitent le commerce
des biens et services nécessaires à l’approvisionnement en énergies propres tout en
gardant à l’esprit les problèmes de développement cruciaux.
• Permettre une plus grande transparence
autour des mesures et politiques visant à promouvoir les énergies propres mais pourraient
en même temps restreindre le commerce.
•A
méliorer la clarté des règles commerciales
existantes pouvant affecter le déploiement de
technologies énergétiques propres et explorer le besoin de reformuler ces règles et les
nouvelles dispositions à travers des nouvelles
négociations – bilatérales, plurilatérales et
avec l’OMC dans le but d’assurer une plus
grande prévisibilité pour les décideurs politiques ainsi que pour le secteur privé, et de
réduire la probabilité de futurs différends en
matière de commerce.
Les instruments et cadres politiques
concernés devraient comprendre des révisions
des droits, incitatifs et subsides aux énergies
propres, exigences de contenu local, commerce des services, politiques gouvernementales en matière de passation des marchés,
normes et certifications en matière de matériel
lié à l’énergie propre.
La transition vers une économie prospère
à faible consommation en carbone s’inscrira
dans un changement plus large vers une économie durable, à haut rendement en matière
de ressources et plus verte. Une telle transformation requiert une adaptation active des politiques concernant l’ensemble de l’activité économique, de l’agriculture à la production et aux
services. À cette fin, des efforts ont été déployés
et des instruments politiques ont été conçus de
manière créative et mis en place avec succès
au cours des 20 dernières années; ces derniers
comprennent frais, impôts, normes, certifications et incitatifs à un changement de comportement. Or, l’ampleur du changement obtenu est
encore loin d’être optimal et des programmes
méritants tels que ceux concernant le commerce équitable, pêcheries et scieries – certes
très sophistiqués – continuent à toucher un
segment modeste mais important des marchés
mondiaux ou internes. À l’avenir, des politiques
en matière de commerce durable devront atteindre un niveau susceptible de provoquer une
véritable transformation des marchés.
CHRONIQUE
le véritable marché mondial
des capitaux
Peter Bakker
Président
Conseil mondial des entreprises pour le
développement durable
Q
uel est le plus grand marché de capitaux sur Terre? Ce n’est pas la bourse
de valeurs de New York, ni l’Euronext, ni même toutes les bourses
de valeurs du monde réunies. Les marchés
mondiaux des dettes sont certes beaucoup
plus grands que tous les marchés de titres du
monde, mais ce n’est pas encore cela.
Non. Le plus grand marché de capitaux sur
Terre, c'est la Terre elle-même. Nous commercialisions ses valeurs avant même d'avoir compris le concept de l’argent, mais nous n’avons
toujours pas appris comment la valoriser. Cependant, nous reconnaissons qu’elle vaut plus
que les $E.-U. 225 trillions en avoirs sur tous les
marchés financiers du monde confondus.
Nous gérons nos actifs financiers en vue
d’une croissance, mais les actifs de capital
naturel sont en diminution. Le taux d’extinction
des espèces et de 100 à 1 000 fois plus grand
que le taux normal habituel – un niveau jamais
atteint depuis l’extinction majeure des espèces
il y a 66 millions d’années. En 2050, plus de 40%
de la population vivra dans des bassins hydrographiques dans une grave pénurie d’eau. L’on
estime qu’il y ait environ 400 zones mortes dans
nos océans, où nous avons épuisé l’oxygène nécessaire au soutien de la vie maritime, et nous
surexploitons 80% des pêches maritimes.
La dégradation d’écosystèmes critiques
et la perte de la biodiversité terrestre qui en
résulte compromettent ce marché naturel de
capitaux. Plus qu’une simple écriture comptable, la nature fournit avantages et services
essentiels – pas seulement les ressources que
nous extrayons et consommons, comme les
minéraux, l’eau et l’air. Les lits des rivières et
les marais filtrent et nettoient l’eau; les bactéries transforment le nitrogène de l’air en nitrogène qui nourrit les plantes, et les abeilles
fournissent les services de pollinisation afin
que nous puissions cultiver nos aliments. Nous
dégradons ces services à nos propres dépens
– nous obligeant à nous tourner vers des substituts tels que les usines de traitement des eaux
et les fertilisants.
Lorsque la dégradation des écosystèmes
atteint une échelle mondiale il n’y a plus de
substitut possible. Le cadre Frontières planétaires a été publié en 2009 par un groupe de
28 scientifiques renommés avec le soutien de
milliers de chercheurs; il définit neuf domaines
clé (tels que la perte de la biodiversité, l’acidification des océans et le changement climatique)
où les limites de sécurité sont proches ou ont
déjà été dépassées. Franchir ces frontières
pourrait provoquer des changements environnementaux abrupts voire irréversibles.
Les frontières planétaires représentent
également un obstacle au commerce. Les commerces peuvent-ils survivre sans le droit à de
l’eau potable? Si les cycles de nitrogène et de
phosphore cessent de déployer leurs activités
gratuites, si les conflits autour de la disponibilité des terres cultivables, devenues rares
en raison des changements climatiques liés à
notre bouquet énergétique, étaient élevés au
rang d’importantes stratégies géopolitiques?
Plus la planète s’approche de ces frontières,
moins il y aura de marge de manœuvre pour le
commerce. La communauté internationale des
affaires ne doit pas être paralysée par de telles
questions; certes, les risques sont réels, mais
les opportunités aussi. Quand les dirigeants
commenceront à envisager la Terre en termes
de capital naturel, ils commenceront à com-
prendre sur quoi le secteur privé peut et doit
agir. Les chefs d'entreprises peuvent:
•M
esurer l’impact. Même si la règle n'est pas
encore le système métrique, nombreux sont
les instruments disponibles pour mesurer,
gérer et minimiser l’impact des affaires sur
le capital naturel p. ex. dans les émissions,
l’utilisation de l’eau, l’approvisionnement en
produits forestiers et l’impact, la dépendance
et l’évaluation des écosystèmes.
•R
evoir l'établissement des rapports. Les
marchés de capitaux se basent sur les rapports. Le lancement du projet de Cadre
international de reporting intégré est est un
premier pas vers la transformation de la transparence dans les rapports d’entreprise.
•T
ravailler avec des investisseurs financiers. Les communautés financière et des
affaires doivent travailler ensemble afin de
comprendre comment mesurer, superviser,
tenir compte et rapporter les impacts, les
risques et les opportunités des capitaux naturel et social dans les affaires.
•T
ravailler avec les décideurs politiques.
Des marchés de capitaux viables à long terme
nécessitent un soutien politique à long terme.
L’industrie doit avoir son mot à dire dans les
domaines du choix des objectifs, l'allocation
des ressources et mécanismes de financement afin d’encourager des politiques protectrices de la biodiversité et des écosystèmes.
•C
hercher des opportunités de développement auprès de ses pairs. La collaboration
autour des leçons apprises peut créer de nouvelles opportunités. Nous luttons encore pour
nous remettre de la crise des marchés financiers mondiaux de 2008 et de ses dommages
collatéraux. Le marché des capitaux naturels
et plus grand – et il est en crise aussi. Nous ne
pouvons simplement pas nous permettre de
le laisser s’écrouler.
FORUM Numéro 2 2013 19
CHRONIQUE
Le commerce peut-il
changer les choses
en Afrique?
I
Carlos Lopes
Secrétaire exécutif
Commission économique des Nations Unies
pour l'Afrique
Durant plusieurs années, l'Afrique n'a
été qu'un simple preneur de prix dans
les relations commerciales mondiales,
n'ayant que peu ou pas d'influence sur
les marchés. Elle a maintenant
la possibilité de devenir un faiseur
de prix.
20 FORUM Numéro 2 2013
l ne fait aucun doute que l'Afrique est sur
une pente ascendante, tendance qui se
vérifie dans toutes les économies émergentes du 'Sud'. Malgré le ralentissement
de l'économie mondiale ces dernières années,
ce continent présente une croissance sans précédent. Même s'il est parfois irrégulier, l'on vérifie un progrès dans la réduction de la pauvreté,
et l'amélioration de la qualité de vie a offert des
opportunités économiques à un grand nombre
d'Africains.
Le commerce représente un potentiel
important d'aide au développement durable;
il a joué un rôle de plus en plus un important
dans la performance des économies africaines
durant les 10 dernières années. En effet, la performance des échanges commerciaux a fait
preuve d'une grande résilience face à la crise
économique.
Cependant, l'Afrique doit regarder sa
croissance économique régulière à la lumière
des trois piliers du développement durable –
économique, environnemental et social – et
déterminer si son 'développement répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs
propres besoins’, comme défini par la Commission Brundtland dans son rapport Notre avenir
à tous. L'année dernière, la Conférence des
Nations Unies sur le Développement durable,
Rio+20, a donné l'élan pour la facilitation d'une
économie verte en Afrique, et il est essentiel
que le continent dirige son programme de
transformation vers la voie du développement
durable.
Comment augmenter la compétitivité
de l'Afrique?
Les échanges commerciaux intra-régionaux
formels en Afrique ont atteint un niveau historique de 10% à 12%, même si ce taux aurait
pu être beaucoup plus élevé. Ces chiffres ne
tiennent pas compte des lacunes statistiques
ni du commerce informel. Cependant, le commerce au sein des communautés économiques
régionales croît plus rapidement que les exportations africaines vers le reste de l'Afrique
et le reste du monde. Le Marché commun de
l'Afrique orientale et australe seul a vu son
commerce intra-africain augmenter de cinq
fois depuis le lancement de la convention de
libre-échange en 2000. Les échanges commerciaux de la Communauté de développement de
l’Afrique australe ont plus que triplé et le commerce de la Communauté d'Afrique de l'Est a
plus que doublé.
Les chaînes de valeur régionales, correctement exploitées, pourraient aider l'Afrique à
atteindre la capacité critique nécessaire pour
devenir compétitive, tandis que le continent
se tourne vers la chaîne de valeur mondiale,
encourageant les opportunités transfrontalières qui permettent aux pays d'apporter leur
contribution à la production de produits intermédiaires et finis. Ceci pourrait avoir une série
d'effets positifs tels que la création d'emplois,
les gains en productivité, la création de revenus
et des liaisons en amont vers l'économie qui
pourraient sortir des millions de personnes de
la pauvreté. Le commerce doit encore accomplir un processus transformationnel en faveur
du développement humain en Afrique comme
il l'a fait dans d'autres économies en développement, et c'est à travers un lien positif avec le
développement que le commerce peut jouer un
rôle central.
Le développement des capacités et
l'amélioration de la qualité de ses ressources
humaines pourraient également contribuer à
rendre l'Afrique plus compétitive. Selon le Panel
sur les progrès en Afrique, présidé par Kofi Annan, ex-Secrétaire général des Nations Unies,
l'Afrique est au bord d'un dividende démographique en raison de la moyenne d'âge actuelle
sur le continent, de 18 ans. Au cours des 10 dernières années, le nombre de jeunes âgés de 15
à 24 ans en Afrique est passé de 133 millions à
172 millions. En 2020 ce chiffre devrait atteindre
246 millions. Cette 'explosion démographique
des jeunes' pourrait considérablement changer
la dynamique sociale – positivement ou négativement – comme le montrent les récents soulèvements en Afrique du Nord. L'investissement
dans le développement des compétences, dans
la formation technique et vocationnelle, ainsi
que dans une meilleure éducation universitaire
est nécessaire pour que tout le continent puisse
bénéficier de cette ressource naturelle.
Nous ne devons pas perdre de vue les
bénéfices de l'industrialisation basée sur les
matières premières ni ceux de l'amélioration
de la performance du secteur agricole, qui
emploie une majorité d'Africains. Les gouvernements doivent jouer un meilleur rôle à travers
une réglementation appropriée de la production
et de la mise en place d'un mélange adéquat
de politiques commerciales et industrielles
nécessaires au soutien des industries manufacturières locales qui offrent des débouchés et
créent des emplois.
sources pour le développement et la transformation de l'Afrique est nécessaire. Conformément au Cadre institutionnel du développement
durable établi à Rio, l'Afrique doit faire meilleur
usage de ses ressources naturelles et s'assurer
en même temps que les bénéfices soient transmis au générations futures. C'est exactement
ce que cherche à faire la Vision pour l'industrie
minière en Afrique adoptée par les Chefs d’État
africains en 2009, à travers un cadre intégrant
les trois objectifs de durabilité: économique,
social et environnemental.
La possibilité d'investir simultanément
dans l'infrastructure et l'exploitation minière, par
exemple en créant des corridors de développement axé sur les ressources naturelles, offre
une approche pragmatique pour débloquer non
seulement des projets en matière d'exploitation
minière et d'infrastructure, mais aussi d'autres
opportunités collatérales économiques et sociales, et ce au-delà des frontières nationales.
Ce concept a fait ses preuves au Botswana, qui a
créé une politique de valorisation, et en Afrique
du Sud, qui a créé des politiques en matière
d'exploitation minière pour établir de liaisons en
amont vers son économie avec une dimension
de développement durable et équitable.
Il existe aussi de nombreuses opportunités de croissance pour une économie verte à
travers diverses initiatives en cours à l'échelle
régionale et nationale, axées sur l'atténuation
des impacts négatifs du changement climatique. Par ailleurs, des efforts sont faits en vue
de développer des stratégies sous-régionales
pour la croissance d'une économie à faible
consommation de carbone. Lorsque ces efforts
auront abouti, ils pourraient aider le continent à
faire des pas de géant vers des solutions pour
des énergies durables.
De meilleurs échanges commerciaux
Durant plusieurs années, l'Afrique n'a été qu'un
simple preneur de prix dans les relations commerciales mondiales, n'ayant que peu ou pas
d'influence sur les marchés. Elle a maintenant la
possibilité de devenir un faiseur de prix. L'élargissement des pistes de collaboration Sud-Sud,
notamment le commerce intra-africain, à travers la proposition de la zone de libre-échange,
rompent le monopole des pays développés
en offrant un meilleur environnement pour les
décideurs politiques et un meilleur choix en
termes de partenariats commerciaux. Les facteurs fondamentaux en matière d'élaboration de
politiques, d'infrastructures, de financement et
de maintien des liens entre le commerce et les
autres secteurs de l'économie doivent être travaillés afin de rendre cela possible.
Contraintes sociales et environnementales
Par ailleurs, les dirigeants Africains doivent
mettre en place des politiques garantissant
l'accès au capital, technologie et main-d’œuvre.
Des mesures doivent être mises en place pour
créer l'égalité dans les négociations commerciales à l'échelle internationale, garantissant ainsi au secteur industriel grandissant
du continent des échanges commerciaux et
des régimes tarifaires en matière d'exportation équitables. Jusqu'à 90% du revenu total de
l'Afrique provenant du café, calculé comme le
prix moyen au détail d'une livre de café torréfié et moulu, va vers des pays consommateurs.
Cela souligne clairement les bénéfices qui
pourraient être réalisés par les pays africains et
profiter à ces derniers s'ils devaient augmenter
les processus de création de valeur ajoutée.
L'approvisionnement régulier, accessible
et fiable des industries en énergie doit aussi
être assuré. Les normes minimales de durabilité doivent également être adoptées dans
l'exploration des minéraux et des ressources
naturelles.
Quels sont les options durables disponibles?
Le secteur des minéraux en Afrique a connu
un essor des matières premières ces dernières
années, mais hélas cela ne s'est pas traduit en
retours sur investissements plus importants.
dans les pays africains. Une vision claire de
l'utilisation inclusive et de la gestion des resFORUM Numéro 2 2013 21
CHRONIQUE
promouvoir l'esprit d'entreprise
auprès des petits exploitants ougandais
Au moyen d'une application sur leur
smartphone, ils fournissent des informations
essentielles sur l’agriculture à leurs communautés, contribuant à une augmentation des
revenus des agriculteurs et à l’amélioration de
leurs moyens de subsistance. Les principales
Sean Paavo Krepp
informations sont celles contribuant à augmenDirecteur pour l'Ouganda
ter la productivité (meilleures pratiques agriAppLab de la Fondation Grameen
coles, méthodes de traitement des maladies
et parasites, et prévisions météorologiques,
ne chaîne d’informations en temps etc.) et celles permettant aux agriculteurs de
réel accessible sur un smartphone, se connecter aux marchés et de s’engager de
une plate-forme technologique sur manière effective dans les chaînes de valeur
internet (cloud) et un réseau d’intermé- agricoles (y compris la mise à jour des prix
diaires désignés par les pairs: voilà comment la du marché et les répertoires des fournisseurs
Fondation Grameen cherche à changer les vies et acheteurs). Cette double approche permet
des petits exploitants en Ouganda. Avec plus aux petits exploitants d’augmenter leur producde 1 100 travailleurs du savoir communautaire tion et de maximiser les retours sur des ventes
(CKW) déployés dans tout le pays, l’entreprise supplémentaires. Cela permet aux agriculteurs
sociale connue comme l’Initiative CKW n’est d’augmenter leurs revenus de manière expopas prête de ralentir le rythme. En effet, la Fon- nentielle et leur apporte le soutien entrepreneudation Grameen envisage de doubler ta taille de rial nécessaire pour passer d’une agriculture
son réseau CKW en Ouganda cette année; elle a de subsistance (culture de consommation) à
déjà dirigé une opération similaire en Amérique une agriculture commerciale (lucrative).
latine et envisage de reproduire ce modèle dans
D'autres moyens de communication tels
d’autres marchés dans un proche avenir.
que les SMS et le Farmer Call Center, assuré par
une équipe de spécialistes en agriculture parlant neuf des langues locales, viennent compléComment cela fonctionne
Les CKW sont désignés par leurs communau- ter la palette d’activités des CKW et améliorent
tés sur la base de critères tels que des expé- l’accès aux connaissances offertes par la base
riences précédentes de leadership et le souhait de données agricole de la Fondation Grameen.
de rendre service à la communauté. Les CKW
reçoivent en prêt un 'kit entreprise', qui com- Flux d’informations bilatéral et en temps réel
prend un smartphone, une station de recharge La force des technologies modernes réside en
à énergie solaire, une balance et du matériel leur nature interactive, exploitée par la Fondation
publicitaire.
Grameen de différentes façons. L’information est
divulguée aux communautés rurales à travers les
Information en temps réel sur la culture et la cueillette. CKW, mais aussi collectée et renvoyée à la base
© Grameen Foundation
de données de la Fondation Grameen, rendant
l’opération hautement réactive. La Fondation Grameen utilise ces informations afin de superviser
et évaluer les activités des CKW, perfectionnant
en permanence tous les aspects du programme,
y compris la divulgation de son contenu, le fonctionnement de sa technologie et la manière dont
les CKW reçoivent les incitations.
La Fondation Grameen n’est pas la seule
organisation à bénéficier de cette capacité de
collecte d’informations du dernier kilomètre
pour les sociétés rurales. CKW conduit égale-
U
22 FORUM Numéro 2 2013
ment des enquêtes sur les téléphones mobiles
auprès de leurs communautés au nom des partenaires de la Fondation Grameen, dont des
organisations non gouvernementales, agences
de développement, organisations gouvernementales et entreprises du secteur privé.
Impact
Depuis sa conception en 2010, l’Initiative CKW
a déployé plus de 1 100 CKW à travers 18 320
villages dans 36 districts de l’Ouganda. Elle a
fourni à plus de 176 000 petits exploitants les informations essentielles contenues dans la base
de données agricole de la Fondation Grameen,
et l’on estime à 880 000 le nombre de ses bénéficiaires. 1,2 million d’interactions directes avec
les agriculteurs ont déjà eu lieu, et ce chiffre ne
cesse d’augmenter.
Une évaluation indépendante sur l’Initiative CKW, conduite par l'Institut international de
recherche sur les politiques alimentaires, qui a
comparé un groupe de petits exploitants ayant
accès aux services d’information des CKW à un
groupe de contrôle qui n’avait pas encore accès
à ces services. Elle a montré que les agriculteurs ayant accès aux services d’information des
CKW ont augmenté de 34% l’accès aux services
de promotion agricole, et de 17% leurs connaissances en matière d'agriculture; de plus, leurs
connaissances sur les prix de marché ont augmenté de 45%; 92% d'entre eux ont déclaré agir
sur la base des informations reçues.
L'avenir
Compte tenu de l’impact positif de l’Initiative
CKW sur la recherche ainsi qu’à travers un
nombre grandissant d’investissements par les
partenaires de la Fondation Grameen, l’Initiative CKW continuera de grandir. Le monde est
de plus en plus connecté à la technologie, et le
secteur du développement peut sans doute en
bénéficier. L’Initiative Grameen autonomise en
créant le contact: elle permet à des organisations de mieux servir les communautés rurales
en les mettant en relation avec ceux qu’ils
cherchent à servir, et aux petits exploitants agricoles d’améliorer leurs moyens de subsistance
en les mettant en relation avec des connaissances vitales et avec un nombre illimité d’opportunités entrepreneuriales.
CHRONIQUE
Préserver l'Afrique à travers
le développement du leadership
Niddi Nwuneli
Fondatrice
LEAP Afrique
L
a durabilité: une question de préservation et de perpétuité. Elle inspire un
engagement envers l'intendance: la
responsabilité de la gestion d'une ressource confiée à la garde de quelqu'un pour la
prochaine génération. C'est aussi ce qui se passe
chez LEAP Africa, et la ressource clé qu'elle essaie de préserver, c'est le continent africain.
Créée en 2002, sur la base de la prémisse
que le manque de leadership est un facteur
déterminant qui limite le développement dans
le continent, LEAP Africa correspond à Leadership, Efficacité, Responsabilité (Accountability) et Professionnalisme. Organisation à but non
lucratif ayant son siège au Nigéria, LEAP cherche
à permettre aux jeunes, chefs d'entreprise, entrepreneurs sociaux et titulaires d'emplois dans les
secteurs privé et public de se développer à travers une formation en leadership. L'organisation
leur permet d'acquérir des capacités en vue de
leur développement personnel et au sein des
organisations et de leur communauté.
Grâce au Programme Leadership, Éthique
et Civilité, intégré dans les écoles publiques
du Nigéria, les adolescents développent des
aptitudes à la vie et sont appelés à répondre aux
besoins pour le bien commun de leurs communautés locales. 'Retrouver mon environnement'
est l'un des 500 projets communautaires mis
en place par les adolescents dans le cadre du
programme.
Dans le cadre de ce projet, un groupe
d'élèves de l'École secondaire communautaire
Umuokpu ont identifié un problème d'érosion
du sol dans leur communauté, Anambra, située
à l'est du Nigéria. Avec le soutien de la communauté locale et du Département d'État pour
l'environnement, les élèves ont planté une série
d'arbres, dont des palmiers et des arbres à pain.
Ces arbres devraient non seulement résoudre
le problème de l'érosion, mais aussi fournir des
fruits comestibles et des abris à la communauté. Plus significatif peut-être, ces jeunes, en
prenant l'initiative et en dirigeant les efforts coopératifs, ont développé leur confiance en leur
capacité créatrice et en l'impact positif qu'ils
peuvent avoir sur leurs communautés.
Segun Shetan, bénéficiaire du Programme
sur le Leadership des Jeunes piloté par LEAP,
a débuté son incursion dans les entreprises
sociales en 2004. Touché par la pauvreté, la
violence, la prostitution et d'autres crimes qui
caractérisent Ajegunle, bidonville de Lagos,
Segun a créé la Bright Youth Organization,
initiative qui encourage les élèves des écoles
secondaires et les soutient dans l'accomplissement de leur potentiel. Il a organisé des ateliers
de deux jours présentant des modèles de comportement populaires pour motiver ces jeunes.
Afin d'assurer la continuité de la Bright
Youth Organization, il a créé une blanchisserie
qui emploie les jeunes et dont les bénéfices sont
utilisés pour financer les programmes de l'organisation. Il a également organisé une troupe de
danse composée de jeunes intéressés au monde
artistique, créant ainsi un catalyseur positif de
leur énergie. En 2010, Segun a créé Bravehearts
Entertainment Kulture, qui œuvre à la promotion
des talents créatifs des jeunes défavorisés.
Création d'entreprises durables
LEAP a lancé le Programme de leadership en
entreprise en 2003 pour soutenir les chefs d'entreprise dans la création d'entreprises durables.
À travers ce programme, LEAP fournit les
connaissances, les compétences et les instruments nécessaires pour diriger et repositionner
une entreprise pour une période de 20 ans ou
plus. Tara Fela-Durotoye, propriétaire d'un institut de beauté, élue cette année Jeune leader mondiale par le Forum économique mondial, est une
élève de ce programme. Elle parle de son expérience: 'Ce programme m’a rendue consciente
de l’importance des valeurs fondamentales et
m’a appris comment rendre mon affaire plus
durable. Plus important encore, j’ai appris que
la structure organisationnelle est un outil pour la
réussite de la création d’une entreprise. Maintenant, je gère mon entreprise sur la base de ces
principes et gardant à l’esprit ceux qui vont me
succéder.'
Outre les programmes de formation, LEAP
investit en permanence dans la recherche pour
soutenir les chefs d’entreprise à affronter des
défis toujours plus importants. LEAP a aussi publié huit livres traitant de sujets liés à l’éthique, à
la gouvernance, à la planification de la succession, à la gestion des talents et de l’organisation,
sur la base des meilleures pratiques internationales appliquées dans un contexte local.
LEAP a déjà touché 250 000 personnes à
travers ses programmes et ses activités. Parmi
ces personnes se trouvent 20 000 jeunes qui ont
créé plus de 500 projets de changement dans
leurs communautés locales. Que ce soit en permettant à des jeunes et à des entrepreneurs de
se développer ou en conduisant et en publiant
des recherches pour soutenir la longévité des entreprises, LEAD Africa est déterminée à contribuer à la construction d’un avenir durable pour
tous les Africains.
01Discussions autour de l'avenir de l'entrepreneuriat
en Afrique. © LEAP Africa
02Élèves du programme de leadership en
entreprises de LEAP. © LEAP Africa
01
02
FORUM Numéro 2 2013 23
CHRONIQUE
AGRICULTURE:
SEMER LES GRAINES
d'un avenir durable
vaises herbes. Les premiers essais montrent
que les agriculteurs peuvent baisser de jusqu’à
Directeur général
30% leurs besoins en eau et de jusqu’à 60% les
coûts énergétiques de production. Cependant,
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture
ces économies ne seront atteintes que s’ils
reçoivent un soutien solide et consistant en vue
d’améliorer le bien-être social et économique
des agriculteurs et des autres petits exploitants
agriculture
est
une
source
directe
d’em'
plois et de revenus pour des millions de qui constituent plus de 70% des personnes
personnes – et une source d’aliments touchées par l’insécurité alimentaire dans le
pour nous tous. Avec une population monde vivant dans les zones rurales des PED.
La clé, c’est l’investissement. Les agriculmondiale devant atteindre 9 milliards d’ici à
2050, nous n’avons pas d’autre choix que de teurs à revenu faible et intermédiaire invesmettre l’agriculture au centre des efforts en vue
du développement durable.
L’agriculture utilise déjà 11% de la surface
de la terre pour les cultures et elle est responsable de 70% de la consommation d’eau et
de 14% des émissions de gaz à effet de serre.
Maintenir la même utilisation intensive des ressources naturelles et de produits chimiques
pour augmenter la production constituerait un
lourd tribut à être payé par l’environnement.
Nous devons trouver d’autres manières de produire ce dont nous avons besoin.
En 2011, l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié le guide Produire plus avec moins afin d’aider la plupart des producteurs pauvres dans
le monde à utiliser des moyens plus durables
pour augmenter la production d’aliments et la
productivité agricole. Cette approche a permis
à des agriculteurs dans les PED de s’adapter
au changement climatique et de minimiser
ses effets, de conserver et de restaurer des
nutriments dans le sol et d’utiliser davantage
de méthodes naturelles ou à faible utilisation
de produits chimiques pour des procédés tels
que la lutte contre les parasites et les mauJosé Graziano da Silva
L
tissent déjà plus de $E.-U. 170 milliards chaque
année dans leurs fermes, ce qui correspond à
environ $E.-U. 150 par agriculteur. Cela représente trois fois le montant de toutes les autres
sources d’investissement réunies, quatre fois
plus que les contributions par le secteur public
et plus de 50 fois plus que l’assistance officielle
au développement accordée à ces pays.
Mais le niveau d’investissement actuel
n’est pas suffisant. En effet, des familles pauvres
qui dépendent directement de l’agriculture, de
la pêche ou des forêts pour leur subsistance et
leur revenu sont souvent les plus vulnérables.
01
24 FORUM Numéro 2 2013
02
03
04
Ils manquent d’accès approprié aux marchés,
aux infrastructures, aux services financiers, aux
ressources telles que la terre et l’eau et aux politiques d’éducation et de soutien. Un développement véritablement durable doit s’attaquer
à toutes ces questions, y compris au besoin
d’opportunités d’échanges commerciaux inclusifs et de soutien aux petits exploitants désirant
explorer ces opportunités.
À titre d’exemple, la FAO a récemment
publié une série de guides de marketing pour
l’exportation en partenariat avec Pacific Island
Trade and Invest, agence régionale active
dans la promotion du tourisme. Ces guides
accompagnent les petits exploitants à travers
des questions telles que la conformité aux
réglementations gouvernementales en matière
de marchés cible, la conformité aux normes
industrielles et l’évaluation de la demande et la
compétitivité de produits tels que la noix de
coco, le café et les piments.
La FAO coopère également avec les gouvernements des pays émergents afin d’aider
leurs producteurs à obtenir de meilleures informations sur le commerce des produits forestiers et sur les questions de marketing. Dans
le secteur de la pêche, nous aidons les pays à
01Une agricultrice consulte un
instructeur à Rumonge, au
Burundi. © FAO/Giulio Napolitano
02Des pêcheurs vendent le poisson
pêché sur les rives du Lac Victoria,
au Kenya. © FAO/Ami Vitale
03Un facilitateur commente les
résultats des améliorations d'une
culture de cacahuètes avec des
agriculteurs locaux à Dangala, en
République Centrafricaine.
© FAO/Riccardo Gangale
04Un spécialiste de la FAO apprend
aux agriculteurs locaux à JalalAbad Oblast, au Kirghizistan,
de nouvelles méthodes.
© FAO/Sergey Kozmin
freiner les pratiques économiquement injustes
et irrespectueuses de l’environnement.
Nous nous réjouissons que les gouvernements s’attaquent de plus en plus à ces
questions dans leurs programmes nationaux
et utilisent des mécanismes et organisations
régionales et internationales qui soutiennent
ces processus.
En Afrique, la FAO offre soutient et conseil
dans le cadre des efforts déployés dans le
sens de favoriser le commerce intra-régional
de matières premières stratégiques telles que
céréales, huiles et graisses, produits laitiers,
viande et produits à base de viande, sucre
et boissons. Aujourd’hui, le commerce intraafricain rencontre une série d'obstacles; les
importations d’origine non-africaine comblent
les lacunes entre la production interne et la demande, alors que ces lacunes pourraient être
comblées par des surplus commercialisables
existant dans le continent.
À l’échelle régionale et internationale, une
plus grande attention devrait être portée à assurer l’inclusion des pays dans les processus
touchant les échanges commerciaux mondiaux
et la reconnaissance des intérêts des petits
producteurs dans ces processus. Les PED ont
également besoin d’espace pour articuler des
politiques commerciales compatibles avec le
développement rural national et les objectifs
en matière de sécurité alimentaire. Sans un
soutien adéquat pour l’accès aux marchés internes, régionaux ou internationaux, les familles
pauvres risquent de demeurer dans l’insécurité
alimentaire.
La dernière Conférence sur le développement durable, Rio+20, a envoyé un message
très clair concernant le lien entre sécurité alimentaire et durabilité: nous n’atteindrons pas
l’avenir que nous voulons si des millions de
personnes sont laissées pour compte, souffrant
de la faim et vivant dans une pauvreté extrême.
Cette idée a aussi été soulignée par Défi Faim
Zéro, initiative lancée par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lors de
Rio+20.
Les graines pour un avenir durable sont
semées non seulement sur le terrain, mais
aussi à travers l’information, les politiques, les
conventions commerciales et l’action à l’échelle
locale, régionale et internationale. Les fruits
de ces efforts permettront d’améliorer les vies
des plus vulnérables, puisqu’ils seraient bénéfiques à nous tous.
FORUM Numéro 2 2013 25
CHRONIQUE
Sensibilisation durable
à travers les arts créatifs
des jeunes et l’expertise de Nokia dans les nés – qui ont participé activement à plusieurs
technologies durables, les bourses visent des initiatives et ont déjà laissé leurs marques dans
jeunes artistes dans les domaines suivants: arti- leurs communautés.
Ce programme met l'accent sur la création
sanat, musique, danse, cinéma, photographie,
design, technologie et médias sociaux pour le d'une conscience et de connaissances, et endéveloppement de projets mettant leurs talents gage les jeunes dans des discussions avec les
créatifs au profit de la gestion de l’eau, de l'éner- experts sur la consommation durable. Divers
Nisha Agrawal
gie, du transport et des déchets électriques programmes de formation sont en cours avec
Directrice générale
et électroniques. Ces projets ont pour but de la collaboration d'organisations et institutions
provoquer des discussions afin de redéfinir la réputées telles que WWF India, Energy and
Oxfam Inde
vision des villes sur la consommation durable et Resource Institute et Development Alternative.
la manière dont la population peut adopter des Ils offrent aux candidats l'opportunité d'acquérir
et de développer une meilleur compréhension
es jeunes sont les véritables agents du styles de vie durables.
Après un processus de sélection rigou- des modèles de consommation et des défis auxchangement de demain, et leur participation active est nécessaire pour abou- reux, 200 candidats ayant une expérience dans quels leur environnement local est confronté.
tir à un changement social radical dans les arts créatifs ont été choisis dans les deux Dans les ateliers ludiques, par exemple, ils se
nos sociétés. Dans le cadre de son programme villes. Outre leurs portfolios, ils ont dû démon- focalisent sur des éléments et stratégies pour
de citoyenneté active, Oxfam India œuvre trer leur motivation et leurs connaissances sur favoriser l'engagement du public et la sensien vue de la protection, de la promotion et de la consommation et le développement durables. bilisation à un produit, et sur la promotion des
Les candidats choisis ont ensuite été ad- changements de comportement dans leurs
l’avancement des droits humains des jeunes
afin de construire un monde durable pour eux mis, informés de leur mission, partagés en 27 communautés locales.
Lors de l'événement de clôture du proéquipes, encadrés par des experts en induset pour leurs sociétés.
gramme, chaque équipe présente ses produits
Dans un effort innovateur pour créer un tries créatives, environnement et durabilité.
Le processus d'encadrement constitue créatifs portant un message en faveur de la
réseau mondial de jeunes informés et remarquables en Inde, qui comprennent l’urgence la particularité de ce programme de bourses. durabilité. Ils s'adresseront ensuite au public
des 'droits des consommateurs' et sont désireux Les participants reçoivent une formation dans en général, à travers le contact avec des écoles,
de sensibiliser aux questions de consommation leur domaine d'intérêt et sont encadrés par des universités, associations pour le bien être des
durable, Oxfam India s’est associée à Nokia mentors dans leurs domaines de création. Ces résidents et institutions culturelles, les arts
afin de développer un programme de bourses mentors sont non seulement des professionnels créatifs pour montrer le potentiel de la redéfiniappelé Créer pour inspirer. Il s’agit d’un défi de la photographie, de la musique, du cinéma tion de la consommation de ressources rares.
créatif appelant les jeunes à sensibiliser la et des arts, entre autres, mais aussi des entrepopulation à la nécessité d’une consommation preneurs innovateurs et des jeunes acteurs du Pour en savoir plus, veuillez visiter:
effective et judicieuse et d'une gestion de l’eau, changement social – et des individus passion- www.nokia.com/in-en/createtoinspire/
de l’énergie, du transport et des déchets à travers des moyens créatifs.
Vers une plus grande sensibilisation à la durabilité à travers la danse. © Oxfam India
Lancée le 12 août 2012 pour coïncider avec
la Journée internationale de la jeunesse, le projet
Créer pour inspirer a réuni des jeunes de 18 à
23 ans venant de Dheli et d’Hyderabad pour se
pencher sur des questions relatives à la consommation durable dans leurs villes respectives. Le
programme offre aux jeunes une plate-forme
dans laquelle ils peuvent utiliser les arts créatifs
pour créer des projets d’action social innovateurs qui provoquent des discussions drôles et
surprenantes sur la consommation durable.
En ligne avec le mandat d’Oxfam India en
vue de la création de capacités et compétences
L
26 FORUM Numéro 2 2013
CHRONIQUE
CRÉER UN TOURISME DURABLE
à partir de la beauté naturelle infinie
du tourisme et soutient maintenant son développement – même s'il n'est pas leur activité principale; il a également reconnu l'impact de l'industrie sur l'économie nationale. En effet, selon
le Conseil mondial du voyage et du tourisme, le
tourisme aurait été responsable de 5% du PIB
Sandra Elena Abreu Ortiz
de la Colombie et créé plus de 400 000 emplois.
Administratrice
Même si ces chiffres sont modestes comparés
Avia Export
à ceux d'autres pays, l'industrie du tourisme de
la Colombie connaît une croissance annuelle
de près de 5%.
Et il y a des raisons de croire qu'elle n'a pas
a Colombie compte actuellement parmi
les économies qui connaissent le plus fini de se développer. C'est un pays magnifique
fort taux de croissance d'Amérique du avec un grand nombre de destinations offertes
Sud. Malgré les turbulences dans l'éco- aux visiteurs: au nord, la mer des Caraïbes et à
nomie mondiale, elle a atteint en 2012 un taux de l'ouest, l'Océan pacifique. Il possède une forêt
croissance de 5,3%, et a été placée par l'Econo- tropicale au sud, et à l'est le fleuve Orénoque
mist Intelligence Unit sur la liste des marchés et aussi l'impressionnante cordillère des Andes.
émergents les plus attractifs, connus comme Grâce à son abondant environnement tropical,
les CIVETS (Colombie, Indonésie, Viet Nam, la Colombie est classée au deuxième rang des
Égypte, Turquie, Afrique du Sud). La réputa- pays ayant la plus grande diversité en termes de
tion de la Colombie comme étant un pays dan- flore et faune. Les villes colombiennes attirent
gereux disparaît rapidement à mesure que les également les touristes: la vibrante capitale,
conditions de sécurité s'améliorent. Son écono- Bogota, Medellín, considérée comme la ville la
mie est considérée comme stable, propice aux
affaires. C'est également une destination qui
figure de plus en plus sur la liste d'incontour© istock
nables des touristes étrangers.
L'industrie du tourisme en Colombie fleurit
en partie grâce à l'engagement du gouvernement, qui a reconnu l'importance de ce secteur pour le développement de l'économie. Les
communautés locales ont été impliquées dans
le processus de développement de l'industrie
du tourisme du pays, et les entrepreneurs ont
été encouragés à améliorer leurs normes de
qualité, le niveau des services offerts et des
infrastructures pour faire du patrimoine naturel
et culturel de la Colombie une expérience inoubliable pour ses visiteurs.
L'expansion de l'industrie du tourisme
a également été possible grâce à une série
de facteurs, parmi lesquels les programmes
éducatifs visant à renforcer le rôle des communautés locales. Pour les visiteurs, l'accès au
pays a été facilité avec près de 900 vols internationaux par semaine. Partout dans le pays, le
secteur privé a saisi le potentiel de l'industrie
L
plus innovatrice du monde, Cali, la capital du
monde de la salsa et Barranquilla, le berceau
du fameux carnaval colombien.
Sans oublier le produit d'exportation le
plus connu du pays: les visiteurs ont aussi la
possibilité d'apprendre tout ce qu'il y a à savoir
sur le café colombien, considéré comme l'un
des meilleurs cafés du monde.
Cependant, pour attirer les touristes en
Colombie, les secteurs privé et public doivent
réunir leurs efforts. C'est pourquoi depuis plusieurs années déjà, Avia Export travaille en
partenariat avec le Ministère du commerce,
de l’industrie et du tourisme afin de fournir un
cadre pour le secteur du tourisme. Dans un effort conjoint public-privé, Avia Export organise
et promeut un pays qui, malgré sa beauté et ses
infinies ressources naturelles et culturelles, a
encore un long chemin à parcourir avant d'exploiter son potentiel et se positionner comme
une destination de première classe et assurer
ainsi une durabilité économique, environnementale et sociale. Mais la Colombie y arrive –
lentement mais sûrement.
© David Otalora
© David Otalora
FORUM Numéro 2 2013 27
PLEINS FEUX SUR LES ENTREPRISES
Autonomisation biologique
dans une communauté zambienne
techniques pour demander une certification entreprise de transformation d'aliments de cette
ou pour exploiter une usine de transformation manière. 'Depuis le départ, mon mari et moi
Susanna Pak
d'aliments.
avons compris que nous devions faire quelque
Rédactrice junior
'En Zambie, nous partons du principe que chose pour la communauté,' dit Eriksson.
Centre du commerce international
nos cultures sont biologiques car les mangues
poussent sans aucune aide,' dit Eriksson. 'Nous Des champs aux usines
orothy Eriksson et son époux Rolf sont avons compris que pour être bio, il faut être cer- Redonner à la communauté signifiait offrir
co-propriétaires de la ferme Chan- tifié. Il faut une traçabilité.' Les Eriksson ont tout aux agriculteurs locaux des emplois durables.
kwakwa à Kabwe, en Zambie, depuis appris sur la certification à travers la formation Chankwakwa a organisé les familles d'agri40 ans. Au cours des années, ils ont et le soutien de diverses organisations, dont le culteurs en coopératives et les a formées pour
atteint plusieurs objectifs, mais un évènement Centre du commerce international (ITC). Outre la culture de mangues, goyaves, bananes et
en particulier reste gravé dans leur mémoire: le la certification HACCP, Chankwakwa a aussi tomates. Ce faisant, Chankwakwa a exploité ce
jour où leur entreprise de transformation de pro- été certifiée par la Fondation Fairtrade, qui s'as- qu'Eriksson décrit comme un nouveau marché
duits naturels a reçu son certificat analyse des sure que les agriculteurs reçoivent au moins le dans le pays.
risques − points critiques pour leur maîtrise prix du marché pour leurs produits, et Ecocert,
'Les manguiers étaient plantés pour qu'on
(HACCP), atteignant les normes internationales norme internationale pour produits biologiques. puisse s'asseoir dessous et recevoir nos invités.
Les Eriksson avaient une raison pour créer leur On n'avait jamais regardé la mangue comme un
de sécurité alimentaire.
'Je me souviens des cris des filles quand je
leur ai dit: 'on l'a eu!'. Nous étions en délire car 01Mangue mûre pour les exportations biologiques. © Chankwakwa
nous savions qu'une porte avait été ouverte', a
dit Dorothy Eriksson.
Le certificat HACCP a ouvert la voie pour
que Chankwakwa tente ses chances s'ouvrant
à l'étranger. L'entreprise a commencé à envoyer
de mangues séchées à Hansen’s Ice Cream au
Danemark au printemps 2011 et elle exporte
maintenant 300 kg de mangues à Hansen's
chaque année. Chankwakwa est bien établie
au niveau local, avec des produits tels que
confitures, fruits secs et sauces tomate vendus
dans les plus grandes chaînes de supermarchés: Pick n Pay, SPAR et le groupe Shoprite.
Selon Eriksson, Chankwakwa est en train
de devenir une marque connue en Zambie. Depuis qu'elle est passé en 2000 d'une exploitation
uniquement agricole à une société de transformation d'aliments, ses recettes ont augmenté
d'environ 200%. Mais cela n'a pas été sans difficultés.
D
La certification
Les affaires ont été 'très stagnantes' durant les
cinq premières années, se souvient Eriksson.
En tant qu'agriculteurs commerciaux, les Eriksson ne possédaient pas les connaissances
28 FORUM Numéro 2 2013
05
03
02
fruit qui pouvait rapporter de l'argent', dit Eriksson. 'C'est incroyable, nos agriculteurs sont si
enthousiastes maintenant qu'ils commencent à
récupérer leur graines et faire d'autres semis.'
Des gens qui jetaient des fruits frais parce
qu'ils n'arrivaient pas à les vendre avaient alors
la possibilité de les vendre à un prix équitable.
Chankwakwa emploie aujourd'hui 232 agriculteurs pour cueillir des fruits et légumes, avec
un groupe travaillant vers l'usine de transformation à Kabwe et un autre dans la province
de Luapula, a environ 700 km de distance.
Eriksson dit que les agriculteurs bénéficiaires
de l'ITC à Luapula reçoivent une formation sur
la certification biologique et sur la gestion des
manguiers, ce qui a permis une plus grande
récolte de fruits et la prolongation de la saison
de transformation de la mangue.
En conformité avec son but de fonctionner
comme une entreprise durable et respectueuse
de l'environnement, Chankwakwa utilise six séchoirs à énergie solaire et un séchoir électrique
pour traiter les fruits et les légumes. Une fois
transformés, ils sont utilisés pour des confitures
ou sauces, ou emballés comme fruits secs pour
être vendus dans les marchés à travers le pays.
04
Trouver des nouveaux partenaires à
l'étranger pourrait permettre une croissance
considérable de l'entreprise, car les produits
seraient envoyés par dizaines de kilos, plutôt
que par 10 ou 20 kg à la fois, comme c'est le cas
pour les envois aux supermarchés locaux.
Plus que de trouver de nouveaux acheteurs,
le coût de la livraison des produits demeure le
plus grand défi. Selon Eriksson, l'envoi d'un kilo
de mangues séchées au Danemark coûte environ $E.-U. 5.
'La Zambie n'a pas de litoral, et pour envoyer les produits en Europe, les frais de port
sont si élevés que le prix de nos mangues
n'est pas si compétitif', dit Eriksson. Malgré le
'fantastique' retour sur le goût et la qualité des
mangues, à la fin, c'est toujours une question
de prix. Afin de rendre leurs produits attractifs
pour les acheteurs à l'échelle mondiale, Eriksson est d'avis que Chankwakwa devra envoyer
des plus grandes quantités à plus d'acheteurs
à la fois.
02Plus de 230
agriculteurs employés
pour la récolte de
fruits et légumes.
© Chankwakwa
04Mangue séchée prête
à être utilisée pour de
la confiture ou des
sauces.
© Chankwakwa
03Les manguiers
protègent aussi
du soleil.
© Chankwakwa
05Famillles et
communautés
bénéficient des
nouvelles opportunités
d'exportation.
© Chankwakwa
menter le nombre d'agriculteurs qu'elle emploie
de 200 à 500 pour répondre à une demande
grandissante. Chankwakwa est en pourparlers avec de nouveaux clients intéressés par la
livraison de mangues, ce qui pourrait augmenter les exportations à trois ou quatre tonnes de
mangues par année, au lieu des 300 ou 400 kg
actuels.
L'expansion de l'entreprise pourrait aussi
comprendre le travail avec les agriculteurs de
la province occidentale de la Zambie, puisque
selon Eriksson 'il n'y a pas assez de mangues'
dans la province centrale. Bien qu'axé actuellement sur les mangues, à mesure que l'entreprise grandit, son attention sera aussi portée
'Grands espoir' en l'avenir
Les fondateurs de Chankwakwa dirigent leur vers d'autres fruits et légumes.
Chankwakwa a fait beaucoup de chemin
entreprise avec quatre objectifs en tête: fabriquer des produits de haute qualité, autonomiser depuis ses débuts en 1973, quand les Eriksson
la population des zones rurales, devenir le plus se sont donné pour mission de redonner à leurs
Le défi d'explorer les marchés mondiaux
Même si le marché local pour ses produits grand producteur de fruits séchés au soleil du voisins.
'Nous ne voyions pas cela comme une
continue de s'agrandir et si les agriculteurs pays et exporter vers les marchés régionaux et
entreprise, nous n'avions même pas envisagé
trouvent plus d'opportunités d'emploi, Chan- étrangers.
Eriksson dit avoir de 'très grands espoirs' qu'elle serait exportable un jour', dit elle. 'Nous
kwakwa manque d'acheteurs dans le marché
mondial. Hansen’s Ice Cream, au Danemark, d'atteindre le quatrième but. Durant les deux nous sommes d'abord identifiés à la commuprochaines années, l'entreprise envisage d'aug- nauté.'
est encore le seul acheteur étranger.
FORUM Numéro 2 2013 29
L’ITC EN ACTION
TROUVER DES SOLUTIONS POUR LE CLIMAT
dans les usines à thé au Kenya
plus vulnérables au changement climatique.
Les températures plus élevées, les variations
dans les schémas des précipitations et d'autres
événements plus fréquents menacent leurs
moyens de subsistance. Les producteurs de
thé au Kenya se trouvent donc dans une course
pour s'adapter au changement climatique. Mais
Aaban Ali Butt
Consultante
malgré leurs efforts, selon les experts les températures de plus en plus hautes rendront pluCentre du commerce international
sieurs zones de culture de thé traditionnelles
impropres à la production.
Ces mêmes agriculteurs subissent aussi
argret Ochieng est une petite exploitante agricole à Chinga, ville pitto- une pression de la part des acheteurs qui doivent
resque des hauts plateaux centraux prouver aux intermédiaires que le produit est
du Kenya. Pendant qu'elle remplit 'respectueux du climat'. Cela signifie adapter
son panier avec des feuilles de thé, debout dans leur processus de production afin de se conforsa modeste plantation, elle peut voir l'impact du mer à certaines normes telles que la mesure de
changement climatique dans sa vie. Beaucoup l'empreinte carbone. Même si ces exigences
de feuilles ont les bords bruns et flétris et doivent peuvent offrir une occasion de réduire les coûts
donc être jetées. D'autres présentent des signes en énergie de la chaîne d'approvisionnement,
évidents d'infection par des parasites. La cha- elles peuvent en même temps représenter un
leur étouffante et la sécheresse persistante se fardeau malvenu pour les producteurs de thé
font remarquer autant dans la qualité que dans comme Margret, car la mise en conformité est
souvent coûteuse et techniquement complexe.
la quantité de la récolte de cette année.
Afin de s'attaquer à ces défis, l'ITC a créé
Soixante pour cent des 900 millions de
personnes qui vivent en Afrique subsaharienne un partenariat public-privé avec le Partenariat
dépendent de l'agriculture pour leur subsis- éthique pour le thé (ETP) et deux organismes
tance, comme Margret. Au Kenya, le secteur du de normalisation, Rainforest Alliance et FLOthé emploie plus de 3 millions de personnes, et CERT. Le project offrira aux agriculteurs et
les petits exploitants sont responsables de 62% au personnel d'encadrement des usines à thé
une formation sur la conformité aux normes en
de la production du thé dans le pays.
Bien qu'ils aient le taux d'émission de gaz carbone et l'adaptation au changement climaà effet de serre par personne le plus bas du tique. L'Agence kényane de développement du
monde, les agriculteurs africains sont parmi les thé (KTDA), qui supervise la production de thé
M
01
30 FORUM Numéro 2 2013
02
par plus de 560 000 petits exploitants agricoles
au Kenya, en est le partenaire national. Cette
approche collaborative devrait aider à assurer
l'adhésion totale du gouvernement et du secteur
privé ainsi que la durabilité de l'impact du projet une fois qu'il sera fini.
Une usine KTDA à Chinga, où vit Margret,
est la première à piloter le programme de formation. Sur place, l'ITC et ses partenaires travaillent avec le personnel encadrant de l'usine
afin de préparer des stratégies pour diminuer
les émissions et accroître leur efficacité énergétique. Le projet finance également la mise en
œuvre de ces stratégies d'atténuation. Dans des
écoles sur le terrain, les producteurs de thé reçoivent une formation sur l'adaptation des techniques telles que la gestion de l'eau et du sol,
le choix des variétés de plantes et l'utilisation
efficace d'énergie. Et à travers un programme
'Former des formateurs', plusieurs participants
sont également préparés à transmettre leurs
compétences à d'autres.
À travers cette approche diversifiée, le
projet est à même d'atteindre Margret ainsi que
d'autres 10 000 petits exploitants agricoles pour
approvisionner l'usine Chinga – les préparant et
leur donnant l'opportunité de surmonter les obstacles causés par le changement climatique.
01Les températures
élevées menacent les
zones de production
de thé au Kenya.
© ITC
02Se préparer à
affronter les défis
du changement
climatique.
© ITC
L’ITC EN ACTION
La couture
comme billet de sortie de
la pauvreté pour les femmes
L
Nicki Chadwick
Consultante
Centre du commerce international
01
es textiles tissés à la main et les colorants naturels du Ghana, du Mali et du
Burkina Faso, trois des pays les plus
pauvres du monde, commencent à
être introduits dans l’industrie mondiale de la
mode grâce à l’Initiative Mode éthique (EFI)
du Centre international du commerce (ITC).
L’Initiative vient juste de s’étendre à l’Afrique
Occidentale, reliant les micros producteurs et
les acheteurs du secteur de la mode en Europe.
L’EFI œuvre dans le but d’améliorer les
moyens de subsistance des micro entrepreneurs et des groupes de communautés marginalisés en Afrique Orientale, en Afrique Occidentale et en Haïti en les mettant en relation avec
des grandes maisons de la mode et en offrant
son assistance pour la création de trésors d’artisanat dont les consommateurs sont très friands.
Certains des plus importants créateurs de
mode du monde comme Stella McCartney, Vivienne Westwood, Ilaria Venturini Fendi et Sass
& Bide soutiennent l’initiative, qui à son apogée
a réuni plus de 7 000 artisans, dont la plupart
étaient des femmes. L’EFI a débuté comme
projet pilote en 2007 au Kenya et en Ouganda.
Alors que le Kenya est un pays industriellement
avancé, plus de la moitié de sa population vit
en dessous du seuil de pauvreté. L’on estime
que le 'secteur informel' – qui comprend les
personnes exclues de l'économie principale et
qui n'on pas accès à des services bancaires ou
d'épargne – est responsable de plus d’un tiers
du produit intérieur brut du Kenya.
Depuis ses débuts, l'EFI aide les artisans
à assurer un revenu et à avoir accès aux services bancaires, permettant ainsi à ceux dont
les ressources sont limitées de planifier mais
aussi d’économiser. Le noyau africain de l’Initiative se trouve à Nairobi, ville de plus de 3 millions d’habitants, où le contraste entre riches et
pauvres est saisissant. Le noyau de Nairobi, et
un site à Gilgil, dans la Vallée du Rift, offrent des
lieux de travail sûrs où des femmes de divers
horizons sont encouragées à collaborer.
Au Kenya, les femmes impliquées dans
l’EFI produisent des accessoires, en général
des sacs, ainsi que des bijoux et des chaussures. La fabrication d’un simple sac peut
comprendre une dizaine de techniques artisanales différentes à travers l’utilisation des compétences du plus grand nombre de groupes
communautaires possible.
Au Burkina Faso, où la plupart de la population pratique une agriculture de subsistance, ou
peu s'en faut, l’initiative a créé un noyau régional à Ouagadougou, la capital du pays, qui sert
aussi aux bénéficiaires de l’EFI au Mali. Les
deux pays sont connus pour leurs techniques
01/02 T
issage du tissu qui donnera la touche finale
à une robe. © Chloe Mukai/ITC
03À la planche à dessin, lors d’un atelier EFI
au Ghana. © Chloe Mukai/ITC
02
03
FORUM Numéro 2 2013 31
et leur expertise dans le traitement, la teinture
et le tissage du coton pour la fabrication de
beaux tissus qui atteignent des prix élevés sur
les marchés internationaux et constituent la plus
grande fierté de ceux qui les fabriquent.
Stylistes et autres acteurs de l’industrie de
la mode obtiennent ces tissus à travers l'EFI en
Afrique Occidentale. Le projet a déjà laissé une
trace sur le monde international de la mode.
En effet, un sac de week-end – fabriqué avec
du textile tissé au Burkina Faso – a été présenté
à Londres lors du défilé de mode de Vivienne
Westwood en février 2013.
Au Ghana, où près de 30% de la population
survit avec moins de $E.-U. 1,25 par jour, il y a un
grand respect pour l’artisanat traditionnel, ainsi
qu’un goût prononcé pour la mode et un savoirfaire croissant en matière de fabrication. L’EFI
travaille avec des talents en herbe de la création
de mode et les aide à créer leurs marques et
leurs entreprises, offrant des places de travail à
plusieurs personnes, des couturières aux comptables. L’EFI, financé par le Secrétariat d’État à
l’économie de la Suisse (SECO) ainsi que par
l’Allemagne, la Norvège et le Japon, utilise la
mode comme porte de sortie de la pauvreté,
mettant en relation les communautés marginalisées, organisées en sociétés coopératives, et
les chaînes de valeur internationales de l’industrie de la mode. Elle répond également au désir
grandissant de plusieurs acteurs de l’industrie
de la mode de travailler avec des artisans qui
reçoivent un salaire décent, ont des conditions
de travail équitables et utilisent des matériaux
produits de manière éthique. L’Initiative autonomise les femmes, leur permettant d’assurer un
revenu régulier et d’améliorer les conditions de
vie de leurs familles et de leurs communautés,
et de gagner confiance et respect.
par AltaRomAltaModa et réunit des stylistes du
monde entier. La collection de mode africaine
est co-pilotée par l'EFI et comprend des collections créées par l’étoile montante italienne, la
styliste Stella Jean, et le duo de stylistes suisses
PortenierRoth, avec des textiles tissés à la main
au Burkina Faso et au Mali. Elle présentera également des créations de marques ghanéennes
Kiki et Christie Brown.
Stella Jean
Stella Jean est une jeune créatrice de mode née
à Rome avec des origines caribéennes. Elle a
présenté sa première collection en juillet 2011 et
a gagné le concours 'Who is on Next', sponsorisé par Vogue Italia et AltaRoma. Stella Jean, ancienne mannequin, conjugue motifs africains et
éléments modernes pour refléter ses origines
italiennes et haïtiennes. Ses collections sont
des 'reflets de la vie inspirés d’expériences
multidimensionnelles'. Stella Jean soutient l’Initiative Fashion-Able Haïti, qui œuvre pour la
création d’emplois durables en Haïti à travers
des sites de production manufacturière pour le
marché américain.
PortenierRoth
Sabine Portenier et Evelyne Roth sont deux
créatrices suisses qui ont lancé leur marque en
2007. Leur concept est unique: elles n’ont pas
de collections saisonnières, mais elles créent
une collection par an avec un accent différent
sur chaque saison. Ces deux stylistes sont
passionnées par le mélange entre mode et art
05La créatrice ghanéenne Aisha Obuobi,
Fondatrice de Christie Brown.
© Chloe Mukai/ITC
contemporain dans leurs présentations, pour
lesquelles elles ont reçu de nombreux prix.
Kiki Clothing
Kiki Clothing est une marque ghanéenne
de vêtements et chaussures pour femmes et
enfants créée par Titi Ademola, créatrice de
mode ghanéenne-nigériane. Les collections
Kiki Clothing arborent des couleurs vives et des
motifs africains, le tout dans un style décontracté. Pour ses collections, Titi Ademola s’inspire tout d’abord de ses origines ghanéennes et
nigériane et de la vie de tous les jours, en plus
d’autres cultures. Tous les produits sont fabriqués au Ghana avec des tissus du Mali et du
Ghana afin de permettre aux pays africains de
bénéficier du monde de la mode.
Christie Brown
Christie Brown est une marque de vêtements
féminins de luxe basée au Ghana. Elle a été
créée en 2008 par Aisha Obuobi, qui l'a appelée comme sa grand-mère, source d’inspiration
initiale de sa carrière dans la mode. En 2009,
Aisha Obuobi a gagné le prix 'Emerging Designer of the Year' lors de la Semaine de la mode
à Arise, en Afrique du Sud, et elle a été la seule
styliste ghanéenne à présenter sa collection
lors de la Semaine de la mode à Paris. En utilisant des styles modernes et des motifs africains
dans ses collections, Aisha Obuobi espère offrir un véritable goût pour l'Afrique aux femmes
élégantes et modernes.
07Sabine Portenier et Evelyne Roth parlent de leur
nouvelle collection avec une collaboratrice au
Burkina Faso. © Chloe Mukai/ITC
La mode africaine sur les podiums à Rome
Des stylistes en herbe présenteront en juillet
2013 une collection africaine produite dans le
cadre de l’Initiative Mode éthique de l’ITC lors
de la Semaine de la mode à Rome. L’événement, qui a lieu tous les deux ans, est organisé
04/06 L es méthodes traditionnelles sont associées à
la création moderne au Burkina Faso.
© Chloe Mukai/ITC
04
32 FORUM Numéro 2 2013
05
05
07
L’ITC EN ACTION
Normes de durabilité
dans le commerce et le développement
Oliver von Hagen
Analyste de marché
Centre du commerce international
L
' évolution rapide des normes volontaires de durabilité a eu un impact
considérable sur les PED ces dernières
années. Cela est dû en partie au nouveau rôle joué par les normes dans la gestion
de la chaîne d'approvisionnement, mais aussi à
l’impact potentiel qu’elles pourraient avoir sur
l’élaboration de politiques.
L'augmentation actuelle de la demande
en matière de normes de durabilité a eu une
influence directe sur des questions telles que
les coûts environnementaux et sociaux et la promotion de la durabilité de la production et des
modes de consommation, mais aussi sur la compétitivité sur les marchés en croissance. Cependant, les exigences souvent strictes rattachées
à ces normes inquiètent les producteurs et exportateurs des PED. Le plus souvent, le respect
de ces exigences demande connaissances et
compétences, équipements et investissements,
créant ainsi des barrières à la mise des produits
sur les marchés. De plus, en raison du manque
d'harmonisation entre les normes volontaires de
durabilité un seul produit doit souvent respecter
de multiples normes au lieu d'une seule.
Historiquement, les normes volontaires de
durabilité étaient mises en place pour mettre en
relation les activités agricoles durables et les
consommateurs demandeurs de produits durables dans les pays développés. Cependant,
ces normes ont récemment gagné de l'importance dans les marchés internes des PED.
Cela est dû en partie au fait que les supermarchés des PED ont commencé à établir leurs
propres normes de durabilité ou demandent
que leurs fournisseurs respectent les normes
internationales. Les consommateurs des pays
développés aussi sont devenus plus attentifs à
la manière dont les produits qu'ils achètent sont
cultivés, transformés et transportés.
Dans le domaine agricole, par exemple,
les normes visaient au départ des aspects tech-
Guide pratique pour l'approvisionnement durable en matières premières agricoles
En mars, l'ITC a publié un Guide pratique pour l’approvisionnement durable en
matières premières agricoles en partenariat avec sept organisations mondiales.
Parmi ses principaux partenaires se trouvent la plateforme de l'Initiative pour le
développement durable dans l'agriculture (SAI), la plateforme d'apprentissage CSL du
Centre mondial pour le leadership en matière de durabilité de l'IMD et l'Initiative pour
le Commerce durable. Approvisionnement durable en matières premières agricoles
– un guide pratique est un outil-libre innovateur qui réunit les meilleures pratiques et
l'expérience d'entreprises mondiales dans un cadre stratégique axé sur une logique
commerciale. Il permet une plus grande autonomie du personnel d'encadrement en leur
fournissant une feuille de route détaillée et conviviale pour la construction et la mise en
place de stratégies durables d'approvisionnement agricole de manière efficace.
Le guide peut être téléchargé sur: www.intracen.org/Sustainable-Sourcing-Guide
niques tels que la réduction des coûts de transaction et la rationalisation de la coordination et
de la communication entre les divers acteurs
de la chaîne d'approvisionnement. De nos
jours, l'utilisation des normes dans la plupart
de secteurs comprend également la différenciation des produits, la pénétration de marché
et le partenariat entre la norme de durabilité et
la marque. Cependant, d'autres éléments moins
tangibles tels que l'autonomisation progressive
entre producteurs et l'amélioration des capacités organisationnelles sont de plus en plus
associés aux normes volontaires de durablité.
Des normes pour bénéficier aux grands
et puissants?
Les normes mettent-elles la barre trop haut pour
les petits exploitants et les empêchent-elles
d'entrer dans le marché? Ou les relient-elles
vraiment aux chaînes de valeur mondiales?
Selon un rapport de l'Institut de développement d'Outre-mer de mai 2013 Leaping and
Learning: Linking smallholders to markets in
Africa confirme les conclusions antérieures
selon lesquelles des exigences strictes sur la
qualité et la sécurité des produits limitent la
participation des petits exploitants dans les
chaînes de valeur mondiales. Pour les multinationales, s'approvisionner auprès de plusieurs
petits exploitants est aussi plus compliqué que
compter sur quelques fournisseurs avec une
plus grande capacité.
Or, selon d'autres études, les normes
volontaires de durabilité pourraient bénéficier
aux petits producteurs en augmentant leurs
revenus, leur productivité et la qualité de leurs
produits et en leur offrant une garantie des prix
et des ventes. Ils pourraient également gagner
l'accès au capital. Des programmes d'assistance, par exemple, peuvent offrir aux agriculteurs les capacités nécessaires à la réduction
des coûts de transaction lorsqu'ils appliquent
FORUM Numéro 2 2013 33
les normes de durabilité. En effet, une production à forte intensité de main-d’œuvre avec
des faibles économies d'échelle pourrait faire
gagner aux petits exploitants un avantage en
terme de coûts.
Même si les normes de durabilité visent
à améliorer la situation des producteurs défavorisés, plusieurs chercheurs avancent que
le résultat serait l'opposé, et que ces normes
favorisent ceux qui sont les mieux lotis plutôt que ceux qui ont le plus besoin d'aide.
À titre d'exemple: une étude documentaire
menée par la FAO a démontré la corrélation
positive entre les avoirs de départ, la taille
de la ferme et le statut de certification. Cela
suggère un biais de sélection dans la participation dans les systèmes de normes. Cette
étude souligne en outre les conditions inégales
rencontrées par les producteurs lorsqu'ils
doivent décider de leur participation à un
Partenariat BSR et Walmart Chine
Le projet The Green Farmer training
mis en place par Business for Social
Responsibility (BSR) en partenariat
avec Walmart Chine vise à contribuer
à atteindre l'objectif de Walmart de
former un million d'agriculteurs de sa
chaîne d'approvisionnement à l'échelle
mondiale sur la sécurité alimentaire
et le développement durable. Afin de
concevoir un projet de formation efficace,
BSR et Walmart Chine sont partis du
terrain, se rendant sur place, des fermes
productrices de pomelo à Fujian aux
maraîchers de la province de Guangdong.
Lors de chaque visite, les groupes ont eu
des conversations approfondies avec le
personnel d'encadrement, les techniciens
et les agriculteurs sur ce qu'ils voulaient
apprendre et comment ils voulaient
apprendre. Même si chaque agriculteur
a ses propres difficultés liées à la culture,
au type de sol, au système de production
et au niveau de connaissances techniques
exigées, la plupart des agriculteurs se
sont montrés relativement sophistiqués et
modernes.
Pour plus d'informations, allez sur:
http://goo.gl/mN25B
34 FORUM Numéro 2 2013
système, ce qui dépend de leur niveau de préparation à affronter les conditions imposées
par les normes volontaires de durabilité.
Mieux lotis dans un système de normes
Les effets du respect des normes volontaires de
durabilité sur la rentabilité d'une ferme sont difficiles à attribuer à l'adoption des normes, étant
donné que la rentabilité dépend d'une série de
facteurs tels que le rendement, la qualité, le
volume et l'efficacité. Selon Vers un développement durable: les rôles et les limites de la certification, une étude menée en 2012 par le Comité
de pilotage de l’État de connaissances de l'évaluation des normes et de la certification, la participation dans des systèmes de normes peut
faire augmenter les prix et doper les bénéfices
des producteurs. Mais tout impact positif reste
modeste lorsque l'augmentation des revenus
compense à peine les coûts supplémentaires et
le surplus de travail requis pour le respect des
dispositions relatives aux normes.
Or, les autres avantages économiques –
tels que de meilleures relations commerciales
ou la garantie de vente des produits certifiés –
pouvant être considérablement augmentés par
le respect des normes volontaires de durabilité,
peuvent être plus importants que les avantages
financiers immédiats.
Normes et règlements
Tandis que le cadre réglementaire des systèmes de normes est établi par les organes gouvernementaux ou inter-gouvernementaux, les
relations dynamiques entre les normes volontaires de durabilité et les réglementations sont
en augmentation. Le renforcement des règlements comprend des principes et dispositions
établis par les normes de durabilité, lesquelles
à leur tour requièrent une conformité aux lois et
réglementations locales, nationales ou internationales, par exemple les lois sur le travail et sur
l'environnement.
Le développement d'un système commun
et efficace de règlements et normes est plus
avancé en matière de qualité et sécurité alimentaire, alors qu'il y a peu de progrès concrets en
matière de normes sociales et environnementales.
Des organisations du secteur privé, pour
leur part, ont développé des normes collectives
pour répondre aux coûts de transaction élevés occasionnés si elles avaient leurs propres
normes en matière de chaînes d'approvisionnement. Des organisations nationales et internationales ont été créées par les entreprises
pour traiter des questions relatives aux normes
touchant leur industrie, notamment l'Initiative
mondiale de la sécurité alimentaire (GFSI),
Nouveau Forum des Nations Unies sur les normes volontaires de durabilité
Le Forum des Nations Unies sur les normes volontaires de durabilité a été créé pour
répondre à l'évolution rapide des marchés et des tendances. Il vise à faciliter et à
renforcer la participation des PED dans le dialogue international sur les normes
volontaires de durabilité. Ce dialogue informera les principaux décideurs au sein
des gouvernements, du secteur privé et de la société civile dans les PED sur les
enjeux stratégiques et les exigences politiques des principales normes.
Pour plus d'informations, allez sur: http://unfss.org/
et les mécanismes de chaque ensemble de
normes ou de chaque système.
Il ne fait aucun doute que l'adoption de
normes est souvent favorisée dans les contextes
suivants: produits avec des exigences de traçabilité; secteur de l'extraction; produits finaux
avec des matières premières identifiables;
chaînes d'approvisionnement plus courtes avec
un nombre réduit d'acteurs.
L'ITC a constaté que les systèmes de
normes tendent à être plus viables dans des
Global GAP et le Consortium britannique de la Quand est-ce que les systèmes de normes
contextes où les producteurs et les institutions
fonctionnent?
vente au détail.
Les gouvernements restent des parties Il est important de comprendre les circons- sont mieux préparés. L'état de préparation des
prenantes importantes qui ont une influence sur tances dans lesquelles les normes volontaires institutions est souvent lié au soutien du secteur
la légitimité des normes volontaires de durabi- de durabilité peuvent être un instrument effi- public ou des donateurs aux services et aux
lité. Cependant, la légitimité peut être accordée cace pour promouvoir le développement du- systèmes de contrôle alimentaire.
à différents degrés en fonction des rôles des rable. À titre d'exemple: comment le respect
Les normes volontaires de durabilité doivent
autorités publiques.
d'une ou plusieurs normes peut bénéficier à aussi être reconnues et légitimées par leurs parCette multitude de normes entraîne tou- tous les acteurs de la chaîne d'approvision- ties prenantes, surtout en ce qui concerne l'intefois des inefficacités dans le système com- nement? Et si ces groupes ne bénéficient pas clusivité et la transparence des processus d'étamercial. Les normes nombreuses et souvent de la mise en œuvre d'une norme, quels sont blissement des normes. Par ailleurs, les parties
strictes en matière de durabilité, de sécurité et les facteurs pouvant produire des effets posi- prenantes doivent se mettre d'accord sur l'efficade qualité peuvent décourager les producteurs tifs? Comment apporter un soutien pour faire cité de l'initiative d'établissement des normes et
de se lancer dans l'exportation. Les inefficaci- en sorte que les systèmes de normes œuvrent de ses mécanismes de mise en œuvre.
tés surviennent lorsque les acteurs du marché dans le sens d'une production et d'un dévelopAlors que la réussite de la mise en œuvre
doivent se conformer à plusieurs normes, ce qui pement durables?
de systèmes de normes demande un équilibre
entraîne des redondances et des frais adminisEn réponse à ces questions, les recherches entre leur portée globale et leur adaptation aux
tratifs. Par conséquent, il est indispensable de menées par l'ITC indiquent que les effets des conditions locales, leur mise en œuvre est amétravailler à une harmonisation entre les règle- normes volontaires de durabilité doivent être liorée lorsqu'il y a des incitatifs clairs et visibles
ments et les normes ainsi qu'entre les différents analysés dans un système plus large prenant pour que les acteurs des chaînes d'approvisionsystèmes de normes.
en considération le contexte, les instruments nement les adoptent.
Cependant, le succès des systèmes de
normes repose sur l'acheteur final, qui crée un
partenariat avec les fournisseurs, offre la possiLe Fonds Knorr pour un partenariat durable
bilité de préfinancement et soutient les fournisseurs dans le respect des exigences en matière
de qualité.
Unilever Knorr a mis en place le Fonds Knorr pour un partenariat durable afin
d'aider les producteurs et fournisseurs impliqués dans des projets agricoles durables
complexes qu'ils ne parviendraient pas à gérer seuls. Knorr investit 50% du budget
établi pour un projet donné assorti d'un investissement équivalent de la part du
fournisseur ou du producteur. Cela permet au fournisseur d'expérimenter de nouvelles
idées et d'accélérer la mise en œuvre de pratiques agricoles durables.
Knorr s'est engagé à co-investir 1 million d'euros avec ses fournisseurs et agriculteurs
en connaissances et équipement pour accélérer la mise en œuvre de pratiques
agricoles durables. Les fournisseurs directs d'Unilever remplissent des demandes, mais
ils peuvent le faire au nom d'un producteur ou d'un groupe de producteurs travaillant
pour le fournisseur.
Pour plus d'informations, allez sur:
www.unilever.com/aboutus/supplier/sustainablesourcing/
Cet article est basé sur une série d'études
documentaires en quatre parties menées par
l'ITC.
•
•
•
•
I mpact des normes privées sur les chaînes
de valeur mondiales.
es impacts des normes privées sur
L
les producteurs dans les pays en
développement.
'intéraction entre les normes publiques et
L
privées.
uand et comment les normes privées
Q
fonctionnent-elles? (en anglais)
Ces publications sont disponibles sur:
http://www.standardsmap.org/publications-list-en/
FORUM Numéro 2 2013 35
L’ITC EN ACTION
STIMULER LES COMMUNAUTÉS
à travers les opportunités d'exportations
Lilia Naas
Martin Labbe
Mehdi Chaker
OlivIer Naray
Centre du commerce international
ITC
ITC
ITC
Responsable du programme
NTF II
Conseiller, Marketing électronique Gestionnaire du projet NTF II
et réseaux numériques
L
es producteurs de mangue du Sénégal,
les producteurs de café de l'Ouganda et
les sociétés de technologie de l'information (TI) du Bangladesh bénéficient d'un
projet mené par le Centre du commerce international (ITC) et le Centre néerlandais pour la
promotion des importations en provenance des
pays en développement (CBI) créé pour améliorer la compétitivité des exportateurs des PED.
La deuxième phase du Fonds d’affectation
spéciale des Pays-Bas (NTF II) a été lancée en
avril 2009 dans des industries sélectionnées au
Bangladesh, Kenya, Sénégal, Afrique du Sud et
Ouganda. NTF II était la continuation d'une collaboration entre l'ITC et le CBI qui remonte à 2005
et qui cherchait à stimuler la croissance axée sur
le commerce et à promouvoir la participation des
PED dans les chaînes de valeur mondiales.
Développer les exportations
Au Sénégal et en Ouganda, NTF II et ses partenaires ont étendu la formation et l'assistance
technique à 1 000 producteurs de mangue et à
5 000 producteurs de café qui ont pu assurer un
À titre d'exemple: la main-d'œuvre d'une
société bangladaise a passé de sept
à plus de 100 personnes en 2012. Ce
chiffre peut paraître insignifiant, mais
pour les personnes qui bénéficient
de ces opportunités d'emploi – ainsi
que pour leurs familles et leurs
communautés – c'est un pas de plus vers
l'accomplissement de leur potentiel dans
les chaînes de valeur mondiales.
36 FORUM Numéro 2 2013
travail régulier grâce à l'amélioration des procédés. Le lancement de plans d'action pour des
entreprises de matières premières au Kenya
devrait bénéficier à des milliers de producteurs
en les mettant en relation avec des chaînes
d'approvisionnement axées sur l'exportation.
Dans le secteur automobile de l'Afrique du
Sud, le projet a aidé à augmenter les profits des
entreprises, ce qui à son tour a permis une plus
grande stabilité dans le secteur et, dans certains cas, la création d'emplois. Au Bangladesh,
avec l'augmentation de la demande, les TI et les
services informatiques ont réussi à se placer
dans une meilleure position leur permettant de
créer des emplois. Les femmes ont également
participé activement aux projets NTF II au
Bangladesh, au Sénégal et en Ouganda et ont
acquis une meilleure compréhension de la gestion de la qualité et des exigences des marchés
d'exportations.
En mettant l'accent sur les secteurs les
plus susceptibles de créer des emplois et en
facilitant ainsi la réduction de la pauvreté, NTF
II a été un véritable succès. À titre d'exemple:
la main-d’œuvre d'une société bangladaise a
passé de sept à plus de 100 personnes en 2012.
Responsable de projet NTF II
Ce chiffre peut paraître insignifiant, mais pour
les personnes qui bénéficient de ces opportunités d'emploi – ainsi que pour leurs familles et
leurs communautés – c'est un pas de plus vers
l'accomplissement de leur potentiel dans les
chaînes de valeur mondiales.
Le programme NTF II, créé par le Gouvernement néerlandais, était conçu pour augmenter
le revenu de la population et réduire la pauvreté
en améliorant la compétitivité en matière d'exportations à court terme et en créant l'infrastructure nécessaire à la promotion durable de la
compétitivité à moyen terme. Dans ce contexte,
NTF II visait à combler les lacunes dans les
chaînes de valeur sélectionnées où la perte de
valeur était plus importante. Ces pertes étaient
en grande partie dues aux contraintes posées
par les ruptures dans la chaîne de valeur, depuis
la production jusqu'à la livraison au consommateur. Résultat: la production ne répondait pas à la
demande, les coûts étaient excessifs, la qualité
ne correspondait pas vraiment aux normes internationales, et les services clé tels que la logistique et le marketing étaient inadéquats.
NTF II visait également à combler les
lacunes dans les institutions d'appui au com-
Pays et secteurs du NTF II
Bangladesh
Technologie de
l’information
et services
informatiques
Kenya
Fruits du verger,
y compris avocat,
manque et fruit de
la passion
Sénégal
Afrique du Sud
Mangue
Thé Rooibos
et pièces
automobilies
Ouganda
Café
merce. Très souvent, les services d'aide au
commerce dans les PED n'offrent pas aux exportateurs l'avantage nécessaire pour atteindre
les marchés internationaux. Pour compenser
cela, NTF II a cherché à augmenter les capacités des organisations sélectionnées fournissant
ainsi des services plus efficaces et à mettre
en œuvre des mécanismes de suivi rigoureux
pour les aider à mesurer l'impact de leur travail.
des exportations des PME. Le programme a
renforcé les services existants ou a développé
de nouveaux services pour les exportateurs,
a amélioré les processus de suivi et d'évaluation et a dopé la compétitivité des entreprises.
Un goût de succès en Ouganda
les femmes et leur a permis d'améliorer leur niveau
de vie tout en s'assurant que leurs enfants aillent à
l'école plutôt que dans les champs. Le programme
a encouragé les associations d'agriculteurs à
s'enregistrer, créer des structures organisationnelles
et augmenter leurs ventes de grains de café traités
et classés.
Renforcer la compétitivité
NTF II a aidé à offrir une meilleure compréhension de la performance des chaînes de valeur
et de la manière d'augmenter la compétitivité
IDENTIFIER LES OBSTACLES, TROUVER
DES SOLUTIONS
OlivIer Naray
Responsable de projet NTF II
Centre du commerce international
•A
u Bangladesh, l'Association bangladaise des
services de logiciels et l'information (BASIS) et
la Chambre du commerce et de l'industrie de
Dhaka (DCCI) ont reconnu que le secteur de la
technologie de l’information (TI) et des services
informatiques avait des liens faibles avec les
entreprises de sous-traitance et manquait d'une
image de marque solide à l'étranger. Ils ont
remédié à ces lacunes en augmentant leur soutien
pour la création d'une image de marque et pour
établir la confiance en cette marque auprès des
marchés-cible, et en modifiant leurs services.
BASIS et DCCI ont aussi développé un service de
jumelage afin de mettre en relation des entreprises
bangladaises avec des partenaires européens,
ce qui a déjà généré 147 contacts et a abouti à de
nouveaux contrats de sous-traitance.
•A
u Sénégal et en Ouganda, les secteurs de la
mangue et du café se heurtaient à des liens
faibles ou brisés le long de la chaîne de valeur,
en particulier entre producteurs, exportateurs et
importateurs. Les associations de secteur ont été
encouragées à travailler main dans la main avec
des organisations de promotion du commerce
pour fournir des services de soutien aux acteurs
du secteur, en aidant à améliorer la gestion des
procédés de récolte et post-récolte, assurant
une meilleure qualité des produits et le respect
de exigences en matière d'emballage, et en
mettant en place des initiatives de marketing et
promotion pour bénéficier à l'ensemble du secteur.
L'amélioration des procédés qualitatifs, la gestion
post-récolte, l'emballage pour l'exportation et le
marketing au Sénégal ont suscité l'intérêt des
importateurs européens, qui ont créé des liens
commerciaux avec les exportateurs de mangue et
les coopératives.
•A
u Kenya et en Afrique du Sud, des institutions
partenaires ont adopté une approche globale
de l'industrie pour promouvoir les exportations
de produits à valeur ajoutée dans les marchés
existants et dans les nouveaux marchés.
L’Association kényane des exportateurs de produits
frais, forte de l'expérience réussie des ventes de
légumes et fleurs à l'étranger, a mis en place une
équipe chargée de promouvoir les exportations de
fruits de verger et d'augmenter la part des marchés
internationaux du pays.
Ces efforts combinés ont eu pour résultat une
meilleure production, qualité et marketing des
produits d'exportation ainsi que de meilleures
relations avec les acheteurs et les signataires
de nouveaux contrats.
En Ouganda, la deuxième phase du projet du Fonds
d’affectation spéciale des Pays-Bas (NTF II) a aidé
les producteurs de café du pays à mieux comprendre
leur produit et leurs marchés. Il leur a également
permis d'assurer qu'ils soient mieux payés pour leurs
récoltes.
Le projet du NTF II en Ouganda visait à rendre
l'industrie caféière du pays plus compétitive et
durable pour l'environnement ainsi que pour les
communautés locales. Pour y parvenir, NTF II a
cherché à renforcer les capacités institutionnelles
d’organisations faitières telles que l'Union nationale
des agroentreprises et entreprises caféicoles
(NUCAFE), et à promouvoir un modèle de propriété
foncière parmi les petits producteurs. Le projet
a contribué aux objectifs du Millénaire pour le
développement des Nations Unies en s'appuyant
sur le potentiel du secteur du café pour améliorer les
moyens de subsistance en augmentant la production
et en renforçant l'efficacité des chaînes de valeur.
En créant des liens commerciaux, en améliorant
leurs connaissances en agriculture et leurs
compétences en marketing pour l'exportation et
le code de conduite 4C (norme de référence pour
la durabilité dans le secteur caféier), davantage
de producteurs de café en Ouganda ont décidé
de participer à des hauts niveaux de la chaîne de
valeur des exportations, attirant une moyenne de
$E.-U. 2,30 par kilo. Durant le projet, les producteurs
de café ont expédié plus de 14 000 sacs de café
d'une valeur de plus de $E.-U. 2,5 millions en
Europe à travers les associations d'agriculteurs.
Le soutien apporté par NTF II a aussi renforcé les
relations commerciales lors des nombreuses foires
commerciales internationales et visites d'acheteurs
dans le pays. Des liens commerciaux ont été établis
en Italie, Chine, Japon, Canada, Belgique et ÉtatsUnis, et la base de marché a été élargie pour inclure
les marchés intérieurs et internationaux, avec plus de
15 acheteurs dans le secteur marché spécialisé.
'Le projet nous a aidés avec des connaissances
sur le café', a dit Charles Lubumbira, producteur de
café dans le district de Mukono. 'Aujourd'hui nous
pouvons produire un meilleur café et obtenir de
meilleurs prix.'
L'un des aspects les plus innovateurs du projet
était la participation de partenaires publics et
privés dans la gestion et le suivi. Deux agences
gouvernementales – le Conseil ougandais de
promotion des exportations et l'Autorité pour le
développement du café – ainsi que NUCAFE, pilotée
par le secteur privé, qui représente 155 associations
d'agriculteurs dans tout le pays, y ont participé
activement.
'Pour la première fois, nous avons vu un changement
d'approche en relation avec la mise en œuvre de
projets de caféiculture en Ouganda', a déclaré le
Directeur exécutif de NUCAFE, Joseph Nkandu.
'Cette fois, le projet NTF II a été beaucoup plus loin
en impliquant une organisation comme NUCAFE
qui entretien des liens solides avec les agriculteurs
sur le terrain et en ofrant directement la création de
capacités à l'échelle de la ferme.’
En complément à d'autres programmes d'assistance
technique gérés par NUCAFE, en particulier les
efforts pour la parité homme-femme, NTF II a
contribué à soutenir la capacité de membres de la
famille à participer à la prise de décision au sein de
leurs fermes et à utiliser les ressources générées
de manière équitable. Cela a aidé à autonomiser
FORUM Numéro 2 2013 37
OUTILS DE L'ITC
OPPORTUNITÉS D'EXPORTATION
dans le commerce durable
tifications. Ces outils fournissent également les
coordonnées des sociétés actives dans l'importation, l'exportation, la production et la distribution.
Prenons par exemple une productrice
argentine de miel organique à la recherche de
marchés pour l'exportation. En cherchant les
Helen Lassen
tendances en matière de commerce de miel sur
Analyste principale de marché
Trade Map, elle voit que les États-Unis d'Amérique (EUA) importent 25% du miel naturel du
Centre du commerce international
monde, un marché évalué à plus de $E.-U. 400
millions.
Trade Map lui montre aussi que la de' accès aux informations concernant les mande annuelle de miel aux EUA a augmenté
opportunités sur le marché internatio- de 20% ces cinq dernières années, bien au-desnal et les importateurs et exportateurs sus de la moyenne mondiale de 9%. Ensuite,
de miel produit de manière durable est elle voit que les EUA ont inclut le commerce de
essentiel pour augmenter les échanges com- miel bio dans leur classification de produits en
merciaux et permettre la réussite des produc- 2012.
teurs de miel.
Il s'agit du premier pays dans le monde à
Les outils gratuits d'analyse de marchés l'avoir fait, ce qui pourrait présager des changede l'ITC permettent aux exportateurs des PED ments à venir dans d'autres marchés. En 2012,
(pas seulement de miel) de trouver ces oppor- leurs importations de miel bio ont représenté
tunités en fournissant des informations sur les 3% des importations de miel dans le monde, un
dernières tendances en matière de dimension créneau évalué à $E.-U. 11,4 millions par année.
et dynamique de marchés, de performance des
En cherchant des informations plus réconcurrents, de tendances sur les prix, de régle- centes, cette productrice voit que la demande
mentations des marchés, de normes et de cer- pour du miel bio aux EUA a même augmenté
L
Liste des importateurs du produit sélectionné en 2012
Produit: 040900 Miel, naturel
États-Unis d’Amérique
Valeur des importations: $E.-U. 429 millions
2 000
25
20
15
États-Unis d’Amérique
Taux de croissance annuel de la valeur: 20%
1 000
10
500
0
5
MONDE
ÉTATS-UNIS
D’AMERIQUE
ALLEMAGNE
VALEUR DES IMPORTATIONS: $E.-U. MILLIONS
38 FORUM Numéro 2 2013
ROYAUME-UNI
JAPON
FRANCE
0
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DE LA VALEUR, %
Pourcentage
$E.-U. millions
1 500
plus rapidement que la demande pour du miel
naturel et qu'en janvier 2013, ce pays a importé du miel bio de l'Argentine; elle a donc ses
chances en abordant ce marché. Les données
montrent que les EUA importent du miel bio
argentin au prix de $E.-U. 6,67 par kilo, bien audessus du prix moyen d'importation sur le marché américain de $E.-U. 3,68 par kg, qui a son
tour est plus élevé que le prix d'importation du
kg de miel normal, de $E.-U. 3,36.
Sur Market Access Map, elle voit que l'Argentine paie 1% de droits de douane aux EUA
et que même si certains pays fournisseurs bénéficient d'une exemption tarifaire, leurs avantages sont réduits; elle est rassurée de voir que
d'autres pays tels que le Brésil, exportent aussi
avec succès vers les EUA.
Ensuite, elle fait une recherche sur la législation en matière de santé et de sécurité des
produits aux EUA, ainsi que sur d'autres exigences réglementaires auxquelles elle devra
se conformer. Sur Market Access Map, elle
trouve des liens vers des sites web des autorités
américaines contenant les informations sur la
réglementation du marché.
La productrice trouve sur Trade Map les
coordonnées de sociétés importatrices de miel
bio dans le marché américain. Avant de les
contacter, elle cherche sur Standards Map les
normes les plus pertinentes pour les acheteurs
aux EUA et elle compare ses certifications aux
exigences normatives en vigueur aux EUA.
Sa recherche ne fait que commencer, mais
grâce aux outils de l'ITC, elle est plus proche de
réussir ses objectifs en matière d'exportation.
Outils de l'ITC
Pour s'inscrire et utiliser les outils de l'ITC, allez sur:
www.intracen.org/marketanalysis
Pour en savoir plus sur comment l'ITC renforce les
capacités des producteurs de produits bios, allez sur:
www.intracen.org/projects/tccep/sustainableagriculture-biodiversity/projects
Pour comprendre comment l'ITC met en relation les
acheteurs et les exportateurs de produits bio, allez sur:
www.intracen.org/exportateurs/produits-organiques/
RÉPERTOIRE
Publications de l'ITC
Ressources relatives
au développement
du commerce et des
exportations destinées
aux exportateurs, aux
institutions d'appui au
commerce et aux décideurs
politiques
POUR COMMANDER
les publications de l’ITC
Pour commander les publications en ligne
La liste des publications et leurs prix sont disponibles
en ligne et elles peuvent être commandées à
l'adresse www.intracen.org/a-propos/e-boutique
et via le National Book Network (NBN) à
https://unp.un.org/Browse.aspx?publisher=9
Pour acheter les publications par courriel
United Nations Publications Customer Service
c/o National Book Network
PO Box 190
Blue Ridge Summit, PA 17214
États-Unis
courriel: [email protected]
Nouveaux documents
techniques
Commonwealth Trade: Prospects
for Stronger Cooperation
Pour les télécharger gratuitement, consulter le site
www.intracen.org/publications
01
Sustainable Sourcing of
Agricultural Raw MATERIALS:
A Practitioner’s Guide
Ce guide aborde les questions devant être prises en
compte par les entreprises à l'heure d'élaborer et de mettre
en œuvre une stratégie d'approvisionnement durable,
en insistant plus particulièrement sur l'établissement
d'une chaîne d'approvisionnement durable. Illustrant les
principales difficultés inhérentes à l'établissement de
chaînes d'approvisionnement durables, il propose un
ensemble de mesures et de réponses stratégiques pour
aider les entreprises à traiter les questions de durabilité
tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
Ont collaboré à l'élaboration de cette publication
conjointe: le Centre du commerce international, la
Plateforme Initiative pour une agriculture durable (SAI),
la CSL Learning Platform de la IMD Global Center for
Sustainability Leadership (CSL), et l'Initiative pour le
commerce durable.
Business for Social Responsibility, le système
d'échange d'informations Sedex et le Laboratoire pour une
alimentation durable ont aussi contribué à l'élaboration de
ce guide et en appuient la diffusion.
www.intracen.org/Sustainable-Sourcing-Guide/
Les publications sont disponibles gratuitement en nombre
limité pour les institutions à vocation commerciale
officielles. Pour recevoir des exemplaires papier, contacter
les publications de l’ITC, courriel: [email protected]
02
Cette étude de l'ITC des exportateurs et des importateurs
du Malawi traite des préoccupations des entreprises liées
aux mesures non tarifaires. Elle constate que de nombreux
obstacles au commerce peuvent être surmontés au plan
national.
Elle révèle que les principales difficultés pour
accéder aux marchés étrangers et liées aux mesures non
tarifaires se divisent en deux catégories. Premièrement,
la certification des produits est problématique:
les entreprises ont du mal à respecter les normes
internationales et le Malawi ne dispose pas de laboratoires
accrédités à l'échelle internationale pour certifier les
produits. Deuxièmement, les licences à l'exportation sont
un réel problème du fait des nombreuses institutions
impliquées, ce qui complique la délivrance des licences.
Ce document présente et analyse les résultats
de l'étude, y compris les incidences au plan de la
politique commerciale du Malawi. Elle présente aussi les
recommandations élaborées dans le cadre d'un dialogue
public-privé sur les résultats de l'étude.
www.intracen.org/Malawi-Entreprise-perspectives---An-ITCseries-on-non-tariff-measures/
01
02
03
04
Le renforcement de la coopération économique entre
les États du Commonwealth pourrait doper l'intégration
commerciale en dépit des différences géographiques et
de développement économique. Ce document analyse
la performance à l'exportation des États membres du
Commonwealth, reconnaissant leurs différences en
termes de niveau de développement et de climat d'affaires.
Sur la base d'une évaluation des conditions actuelles
d'accès au marché, il recense les différentes possibilités
de renforcer au plan politique la coopération économique
au sein du Commonwealth.
www.intracen.org/Commonwealth-Trade-Prospects-forStronger-Cooperation/
The Trade in South-East Asian
04
Python Skins
Étude des flux commerciaux, de la chaîne de valeur, de la
durabilité, du commerce illicite et du bien-être animal dans
le commerce des peaux de python en Asie de l'Est.
Le document analyse les échanges déclarés de peaux
de python, la valeur ajoutée à chaque étape, depuis la
capture jusqu'à la vente de détail, ainsi que les pratiques
illicites (contrebande, fausses déclarations de permis
CITES). Il contient des informations sur la réglementation
CITES, passe en revue les menaces qui pèsent sur la
durabilité de l'approvisionnement et aborde les pratiques
liées au bien-être animal. Le document contient des
recommandations à l'intention des décideurs politiques et
de l'industrie du cuir/de la mode.
www.intracen.org/The-Trade-in-South-East-Asian-Python-Skin/
Malawi: Company perspectives An ITC series on non-tariff measures
En Europe, en Afrique, et au Moyen-Orient:
Turpin Distribution
Pegasus Drive
Stratton Business Park
Biggleswade SG18 8TQ
Royaume Uni
courriel: [email protected]
03
Nouvelles publications
Pour commander en ligne:
www.intracen.org/a-propos/e-boutique/
Lutter contre les pratiques
anticoncurrentielles - Guide
à l'intention des exportateurs
des économies en développement
05
Les pratiques anticoncurrentielles peuvent nuire aux
entreprises des PED. Cette publication se concentre sur
les monopoles d'État et les abus de position dominante
sur les marchés d'infrastructures, sur les pratiques
anticoncurrentielles dans le secteur de la distribution
internationale et de la vente de détail, ainsi que sur les
cartels internationaux. Le rôle et l'action du secteur privé
sont abordés, ainsi que les possibilités d'améliorer la
coopération internationale pour faire face à ce problème.
En s'attaquant aux pratiques anticoncurrentielles et aux
structures de marché, les entreprises des PED verront leur
potentiel à l'exportation augmenter.
www.intracen.org/a-propos/e-boutique/
05
FORUM Numéro 2 2013 39
dans notre prochain numéro:
AIDE POUR LE COMMERCE UNE PERSPECTIVE RÉGIONALE
Abonnements:
[email protected]
ABONNEMENTS PAPIER:
$E.-U. 60/an
(gratuit pour les institutions d'appui au commerce
et les entreprises de pays en développement)
Centre
du commerce
40 FORUMinternational
Numéro 2 2013
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