Tous les pays sont en voie de développement…durable ! Qu’est ce que la durabilité pour une nation ? N’est pas sa capacité à répondre aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des futures à répondre à leurs propres besoins ? Certes, la définition du développement durable s’applique fort bien à la notion de pays, mais comment pourrait-on mesurer concrètement cette durabilité ? Une manière élégante de résoudre cette énigme est de mettre côte à côte les performances économique, sociale, et environnementale du pays, à savoir les trois dimensions principales du développement durable, et d’examiner si elles atteignent des niveaux « acceptables ». Ce fut en substance l’idée simple mais géniale d’un chercheur français, Aurélien Boutaud. Si on combine, s’est-il dit, l’indicateur de développement humain (IDH) avec l’empreinte écologique d’un pays, le résultat devrait exprimer grosso modo la durabilité d’une nation. Le premier indicateur, développé par le PNUD est composé du PNB par habitant, du taux d’alphabétisation des adultes, du niveau moyen d’éducation et de l’espérance de vie d’une population. Il contient donc bien des performances économiques et sociales d’un pays. Le second indicateur permet d’évaluer la consommation des ressources et les besoins d’absorption des déchets d’une population humaine ou d’une économie données, en terme de la superficie correspondante de sol productif. Il mesure donc la performance environnementale d’un pays. 1 La lecture du graphique nous amène à localiser la zone de développement durable « acceptable » dans le coin supérieur droit, justement là où aucun pays ne se situe… Si le modèle proposé n’est pas exempt de critiques, il permet néanmoins de tirer deux conclusions majeures. La première nous fait découvrir la courbe du développement « classique ». Celle-ci part des pays pauvres dont l’indice de développement humain est très faible et la ponction sur l’environnement bien en dessous du quota universel des 1,8 hectares globaux par habitant. La courbe s’élève ensuite rapidement démontrant par là que les premiers et principaux gains de développement humain ne se concrétisent pas au détriment de l’environnement. Enfin, elle a tendance à s’aplatir pour finir totalement horizontale comme pour nous dire que tout développement humain supplémentaire (qui est déjà « acceptable » à ce stade-ci) s’appuie sur une forte dégradation de l’environnement. On ne s’étonnera pas de retrouver dans cette zone les pays dits les plus avancés. La deuxième conclusion tient à la distance qui sépare tous les pays du carré du développement durable. Pays ultra avancés ou pays pauvres, tous sont en voie de développement durable, car aussi loin de cet objectif l’un comme l’autre. Il existe donc une multitude de chemins pour arriver à la durabilité, ce qui bouscule solidement les théories classiques du développement prônant une voie unique. Du sud ou du Nord, pauvre ou riche, nous avons tous un pavé à poser sur la voie du développement durable ! 2 Plus d’infos : Fracture sociale, fracture écologique : la Terre est malade… et si on changeait de thermomètre ? http://www.empreinteecologique.com/Resources/Thermometre.pdf Source : Gaëtan Dartevelle www.info-durable.be 3