Analyse et prévention des surdosages et/ou des effets indésirables hémorragiques sous antivitamine-K (AVK) en milieu hospitalier en Alsace Groupe de travail de la région Alsace concernant la pharmacovigilance des AVK Coordination : Centre régional de pharmacovigilance de Strasbourg - Dr TEBACHER-ALT Objectifs L'objectif primaire de cette étude prospective de pharmacovigilance intensive est l’analyse étiologique des augmentations d'INR (INR > 3.5) et/ou des effets indésirables hémorragiques chez des patients sous AVK en milieu hospitalier ou dont c’est le motif d’hospitalisation. Les objectifs secondaires sont la gestion de ces situations ainsi que l’éducation thérapeutique du patient. Méthodes Cette étude, réalisée entre juin 2006 et septembre 2008 dans divers établissements hospitaliers publics et privés de la région Alsace fait intervenir, au sein de chaque établissement, un groupe de gestion pluridisciplinaire de professionnels de santé associant médecins, biologistes, pharmaciens, infirmiers et étudiants. Ont été recueillies les données démographiques, l’indication et la date d’introduction de l’AVK, les co-morbidités, les médicaments associés, la possession d’un carnet de surveillance AVK. Résultats 451 patients d’âge moyen de 78 ans (34-100 ans) ont été inclus.. 50,66% avaient plus de 80 ans. L’indication de l’AVK était les ACFA (301 cas), l'embolie pulmonaire (35 cas), la TVP (22 cas), une valve mécanique cardiaque (20 cas), un IDM (19 cas), une thrombophilie (10 cas). Les étiologies des augmentations d'INR étaient essentiellement les interactions médicamenteuses (38.1 %), l'insuffisance rénale d’apparition récente ou l’aggravation d’une insuffisance rénale préexistante (29 %), l'adaptation posologique à l’instauration du traitement (14,6 %) et la posologie trop élevée chez le sujet âgé (14 %). L’augmentation de l’INR était asymptomatique dans 418 cas ; 33 observations d’effets indésirables (EI) hémorragiques ont été relevés (parmi eux 5 EI avec un 2<INR<3) ; ils sont classés comme graves dans 27 cas (critères OMS). 2 décès sont survenus : l’un dans les suites d’un AVC hémorragique (INR 4,09) le second dans les suites d’un hématome de la paroi abdominale (2<INR<3). Un retour d’information a été effectué vers le prescripteur notamment pour les interactions médicamenteuses, les posologies trop élevées chez la personne âgée et les adaptations posologiques. Parallèlement, l'éducation thérapeutique du patient a été menée via un diaporama au lit du malade par des étudiants hospitaliers ou un programme d'éducation réalisé par des infirmières. Concernant le carnet de surveillance AVK : 35,7 % des patients voire plus n’en possédaient pas. Conclusion Ce travail prospectif confirme la prépondérance des interactions médicamenteuses et des insuffisances rénales dans la survenue d’augmentation de l’INR chez les patients en milieu hospitalier. Un renforcement de l’information des professionnels de santé et de l’éducation thérapeutique des patients, une utilisation du carnet de surveillance AVK à optimiser doivent être des objectifs de qualité de tout établissement de santé.