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Notice bibliographique
par Françoise Morvan
La pièce a été écrite à la fin de l’année 1886 ou au tout début de l’année 1887, à partir
d’une nouvelle intitulée Calchas, publiée le 10 novembre 1886. Dans une lettre à M. V.
Kissielova, Tchekhov annonce, le 14 janvier 1887 : « J’ai écrit une pièce en quatre
petits quarts. Elle se jouera en 15-20 minutes. Le plus petit drame au monde… En
général, c’est beaucoup mieux d’écrire des petites choses que des grandes : peu de
prétention et succès assuré. Que demander de plus ? Ce drame, j’ai mis une heure et
cinq minutes à l’écrire. » La première version, publiée en janvier 1887, était très
courte mais, à la fin de l’année 1887 déjà, la pièce devant être jouée, Tchekhov
entreprit de la revoir et de l’augmenter. La première représentation eut lieu à
Moscou, au théâtre de Korch où l’on avait déjà joué Ivanov, le 19 février 1888, le rôle
principal étant joué par V. Davydov, acteur alors très célèbre. Le succès fut tel que le
théâtre Maly voulut à son tour la représenter et Tchekhov, ayant repris son
manuscrit, présenta au comité de lecture du théâtre une troisième version qui fut
acceptée (mais, en fin de compte, non jouée). En 1889, la revue L’Artiste la publia avec
des illustrations de Leonid Pasternak quelque peu infidèles au détail mais qui
plurent tellement à Tchekhov qu’il modifia le texte pour le faire correspondre à
l’image. La version définitive parut en 1897 dans le recueil intitulé Pièces, avec
quelques changements notables (Svetlovidov n’a plus cinquante-huit mais soixante-
huit ans, et l’on ne souhaite plus son trente-cinquième anniversaire mais son
quarante-cinquième anniversaire de scène ; Tchekhov a ajouté le monologue de
Tchatski, inscrivant ainsi la pièce dans l’histoire du théâtre russe et reprenant un
thème qui est déjà celui de sa première pièce, Platonov).
Tchekhov et le vaudeville
Une étude des pièces en un acte de Tchekhov (extrait)
par Vera Gottlieb
Le Chant du cygne (Calchas) (1887-1888)
Dans Une banale histoire, fragments du journal d’un vieil homme, écrite en 1889,
Tchekhov relate un échange de lettres entre un vieux professeur de médecine et sa
jeune pupille, partie travailler avec une compagnie de théâtre, pleine d’enthousiasme
pour la scène et son nouveau métier d’actrice. Comme Nina dans La Mouette,
l’idéalisme de Katia est rapidement modéré par la réalité :
« Katia m’écrivait que ses camarades ne venaient pas aux répétitions et ne savaient jamais
leur rôle ; que, dans le choix qu’ils faisaient de pièces absurdes, dans leur manière de se tenir
en scène, on sentait chez chacun d’eux un complet mépris du public ; que, pour accroître les
recettes, unique sujet de leur conversation, les tragédiennes s’abaissaient à chanter des