Auparavant, les hommes célébraient la dimension tragique de la vie c'est-à-dire le va et vient
des phénomènes, la réalité du bien et du mal sur terre et des contraires en général (ce que
Nietzsche tenta de réinstaurer). Mais la philosophie de Platon change cela et marque le début
de la métaphysique (méta qui signifie au-dessus). Il sépare donc la physique de ce qui est au-
dessus, la métaphysique. Un dualisme s’instaure. Celui-ci est caractérisé par la séparation des
contraires et par conséquent l’apparition de deux types d’étant. Platon valorise le monde
intelligible ce qu’il appelle « le monde des idées » où réside le savoir au détriment du monde
d’ici bas, imparfait, le monde sensible, matériel et illusoire. Dès lors, la seule façon d’accéder
au savoir et à la Vérité est par la réflexion de l’intellect. Celui-ci nous octroie une
connaissance qui ne peut pas être contestée car elle provient du monde où dominent le Bien,
le Beau et le Vrai, ce qui est fixe, immuable et par conséquent sur quoi on peut compter alors
que sur terre, la vie se déroule souvent dans le Mal, le Laid et le Faux c'est-à-dire la
variabilité, l’incertitude. Depuis Platon, les hommes aspirent donc aux valeurs du monde d’en
haut et dévalorisent le monde d’ici bas. Platon, par la suite, a influencé toute la philosophie
jusqu’à Nietzsche. C'est-à-dire que la séparation de ces deux mondes est toujours présente au
cours de l’histoire. Le christianisme a repris cette distinction, et l’on pourrait dire sans faute
que le monde des idées est ce qui correspond au paradis, au royaume de Dieu.
L’apparition du christianisme a encore plus affaibli les valeurs des hommes ainsi qu’eux
même car le Christ, représentant de Dieu sur terre, à moitié humain et à moitié divin, leur
apporte une preuve de l’existence de Dieu. Désormais, les hommes n’eurent plus besoin de
déployer un effort pour accéder à ce monde des idées où réside la Vérité mais pouvaient se
contenter d’y croire. En effet, les hommes se sont vite rendu compte que la «Vérité absolue »,
ce dont s’inspire la morale, était impossible à véritablement connaître par soi même. C’est
pour cette raison qu’ils s’en sont remis à Dieu et se sont soulagés du poids de cette recherche
de la Vérité en y croyant. Dieu est devenu le maître du monde des idées et le Diable le
corrupteur du monde d’ici bas. Dieu dictait la morale et les hommes s’en remettaient à lui
pour apaiser leur mauvaise conscience. Les hommes se sont déresponsabilisés et ont placé
leur confiance totale en Dieu et dans l’Eglise. Le christianisme est donc la continuation
logique du dualisme platonicien avec sa séparation des deux mondes du Bien et du Mal…
Nietzsche le dit très bien lui-même :« le christianisme n’est qu’un platonisme pour le
peuple »1. Nietzsche critique avec virulence le culte de l’idéal ainsi que la croyance aveugle
1 Friedrich NIETZSCHE, Par delà Bien et Mal, préface