L`athéisme dans Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche

Travail de maturité - philosophie
L’athéisme dans
Ainsi parlait Zarathoustra
de Nietzsche
Melody Magnenat 3M5
Suivi par Guido Albertelli
Gymnase Auguste Piccard
Lausanne
Novembre 2006
L’athéisme dans « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche
1
Table des matières
Introduction (problématique) p.2
La mort de Dieu p.3
Présentation des concepts nietzschéens : p.7
-le nihilisme p.7
-la volonté de puissance p.8
-la transmutation des valeurs p.10
Analyse d’un chapitre « aux îles fortunées » p.12
L’homme dans le nihilisme : p.17
-le dernier homme p.17
-l’homme « humain trop humain » p.18
-l’homme supérieur p.19
-le surhomme p.22
Conclusion : p.24
-dans la société actuelle, quels types d’hommes trouve-t-on ?
Bibliographie p.26
L’athéisme dans « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche
2
Introduction
Etant donné que le thème du travail de maturité est l’athéisme, j’ai choisi de m’intéresser à
celui-ci à travers une œuvre de Nietzsche : « Ainsi parlait Zarathoustra » dans laquelle il en
est question.
Le but de ce travail est de parvenir à comprendre et à expliquer la place de l’athéisme dans ce
livre ainsi que le rôle qu’il joue. Mais pourquoi le sujet de l’athéisme est-il intéressant ?
De nos jours, beaucoup de personnes se revendiquent athées ou sans religion ou croyance
particulière. Ces personnes entendent par qu’elles ne croient pas en une divinité supérieure
ou un quelconque être transcendantal. Cette définition de l’athéisme reste très simpliste alors
que de nombreux courants ont émergé et que le sens de ce concept a souvent changé au fil du
temps. Ce travail vous présentera le point de vue de Nietzsche sur l’athéisme, philosophe qui
est généralement très connu mais fréquemment mal compris.
Avant de parler d’athéisme, il nous faudra déjà parler de religion et surtout de valeurs morales
et voire ce que celles-ci apportent aux hommes. En effet, les valeurs morales ont ceci
d’intéressant ; elles concernent tout le monde et cela depuis toujours tout comme ce qui
appartient au domaine de la croyance.
Ce qui nous préoccupera par la suite, c’est de découvrir pourquoi elles se sont modifiées avec
le temps, et pourquoi, selon Nietzsche, ces valeurs déclinent ? Si le sujet de la morale est si
important, c’est parce que Nietzsche considère que les valeurs sont ce qui est le plus
important pour nous et qu’elles donnent un sens à notre vie.
En outre il sera intéressant de découvrir leur évolution. Ensuite, on pourra s’intéresser plus
vigoureusement à l’athéisme nietzschéen et au fameux « Dieu est mort » afin de saisir le sens
de cette déclaration. La suite de ce travail se concentrera sur la situation des hommes, la
répercussion que cette « mort de Dieu » a sur eux et sur leurs valeurs ainsi que leur réaction
face à cet événement.
Finalement, je tenterai de voir si les hommes dont parle Nietzsche se trouvent aujourd’hui
dans la société ou si sa philosophie n’est qu’une théorie. Bien sur ce travail ne prétend
aucunement expliquer toute la philosophie de Nietzsche mais essaie de la clarifier et d’en
apporter une interprétation possible car comme dirait Nietzsche : « tout n’est
qu’interprétations ».
L’athéisme dans « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche
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La mort de Dieu
Selon Nietzsche, la mort de Dieu est « le plus grand évènement récent »1, et « Il n’y eut
jamais d’action plus grande »2
La mort de Dieu est, tout d’abord, à comprendre comme un grand bouleversement de la
morale. Les valeurs qui la composent sont ce que l’homme s’est créé pour que le monde qui
l’entoure ait un sens. « Nos valeurs sont ce qu’il y a de plus important dans notre existence. »3
De plus elle nous sont enseignées dès la naissance : « C’est presque dès le berceau qu’on nous
dote de paroles pesantes appelées « bien » et « mal ». »4
Les hommes ont en premier lieu eu des valeurs instinctives qui se sont affermies par la Raison
pour devenir plus stables. Cette Raison est perçue comme étant ce qui nous conduit à la Vérité
(sciences) parce que, selon Nietzsche, la majorité est en accord avec elle bien qu’il existe
aussi des personnes sceptiques qui doutent de tout mais qui ont tout de même des valeurs
morales. La Vérité dépend d’un ensemble de personnes (communauté, pays, culture) et par
conséquent n’est donc pas universelle. Chaque peuple a une autre façon de percevoir cette
Vérité, c'est-à-dire que la morale n’est pas partout la même. Zarathoustra dit : « J’ai vu
souvent appeler mauvaises des choses qu’ailleurs on drapait de la pourpre des honneurs. »5
L’ensemble des valeurs qui composent la morale d’un peuple est ce que Nietzsche
nomme une table des valeurs. Zarathoustra le dit lui-même : « une table des valeurs est
inscrite au dessus de chaque peuple »6. Ce qui signifie que la recherche d’une morale unique
et universelle est sans issue.
Pour comprendre pourquoi la recherche de la Vérité est un problème, examinons tout d’abord
son histoire ainsi que celle des valeurs.
Les valeurs ont été créées par les hommes il y a très longtemps. Seulement, elles n’ont que
très peu changé depuis Platon. Elles ont affaibli les hommes qui les ont eux-mêmes affaiblies
comme Nietzsche essaie de nous faire comprendre dans son livre : « la généalogie de la
morale ».
1 Friedrich NIETZSCHE, le Gai Savoir, Fragment 343
2 Friedrich NIETZSCHE, le Gai Savoir, Fragment 125
3 Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, p.29
4 Ibidem p.245
5 Ibid p.97
6 Ibid p.98
L’athéisme dans « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche
4
Auparavant, les hommes célébraient la dimension tragique de la vie c'est-à-dire le va et vient
des phénomènes, la réalité du bien et du mal sur terre et des contraires en général (ce que
Nietzsche tenta de réinstaurer). Mais la philosophie de Platon change cela et marque le début
de la métaphysique (méta qui signifie au-dessus). Il sépare donc la physique de ce qui est au-
dessus, la métaphysique. Un dualisme s’instaure. Celui-ci est caractérisé par la séparation des
contraires et par conséquent l’apparition de deux types d’étant. Platon valorise le monde
intelligible ce qu’il appelle « le monde des idées » où réside le savoir au détriment du monde
d’ici bas, imparfait, le monde sensible, matériel et illusoire. Dès lors, la seule façon d’accéder
au savoir et à la Vérité est par la réflexion de l’intellect. Celui-ci nous octroie une
connaissance qui ne peut pas être contestée car elle provient du monde dominent le Bien,
le Beau et le Vrai, ce qui est fixe, immuable et par conséquent sur quoi on peut compter alors
que sur terre, la vie se déroule souvent dans le Mal, le Laid et le Faux c'est-à-dire la
variabilité, l’incertitude. Depuis Platon, les hommes aspirent donc aux valeurs du monde d’en
haut et dévalorisent le monde d’ici bas. Platon, par la suite, a influencé toute la philosophie
jusqu’à Nietzsche. C'est-à-dire que la séparation de ces deux mondes est toujours présente au
cours de l’histoire. Le christianisme a repris cette distinction, et l’on pourrait dire sans faute
que le monde des idées est ce qui correspond au paradis, au royaume de Dieu.
L’apparition du christianisme a encore plus affaibli les valeurs des hommes ainsi qu’eux
même car le Christ, représentant de Dieu sur terre, à moitié humain et à moitié divin, leur
apporte une preuve de l’existence de Dieu. Désormais, les hommes n’eurent plus besoin de
déployer un effort pour accéder à ce monde des idées réside la Vérité mais pouvaient se
contenter d’y croire. En effet, les hommes se sont vite rendu compte que la «Vérité absolue »,
ce dont s’inspire la morale, était impossible à véritablement connaître par soi même. C’est
pour cette raison qu’ils s’en sont remis à Dieu et se sont soulagés du poids de cette recherche
de la Vérité en y croyant. Dieu est devenu le maître du monde des idées et le Diable le
corrupteur du monde d’ici bas. Dieu dictait la morale et les hommes s’en remettaient à lui
pour apaiser leur mauvaise conscience. Les hommes se sont déresponsabilisés et ont placé
leur confiance totale en Dieu et dans l’Eglise. Le christianisme est donc la continuation
logique du dualisme platonicien avec sa séparation des deux mondes du Bien et du Mal…
Nietzsche le dit très bien lui-même le christianisme n’est qu’un platonisme pour le
peuple »1. Nietzsche critique avec virulence le culte de l’idéal ainsi que la croyance aveugle
1 Friedrich NIETZSCHE, Par delà Bien et Mal, préface
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